Droit à l`information ou droit à la consultation
Transcription
Droit à l`information ou droit à la consultation
POINT DE VUE DROIT À L’INFORMATION OU DROIT À LA CONSULTATION Marcelle Monette, inf., Ph. D. Une méprise généralisée Dans le domaine de la santé, il arrive fréquemment que les gens confondent droit à l’information et droit d’être consulté. Pourtant, ce sont deux choses complètement distinctes et seul le droit à l’information est légal. Ce que permet le droit à l’information pour le patient • • • • Savoir ce qui lui arrive. Poser des questions. Attendre des réponses. Connaître le plan thérapeutique proposé. Le droit à l’information est essentiel 1 . S’il s’agit de ma personne, j’ai le droit de savoir ce qui m’arrive, de poser toutes les questions auxquelles les professionnels sont tenus de répondre, de connaître quels sont les examens à subir et quel traitement convient le mieux à mon état de santé. Je peux accepter ou refuser (consentement éclairé) tout cela sans que personne ne puisse m’obliger en rien, quelle que soit ma condition de santé. Si je réponds pour un autre, par exemple un enfant ou une personne qui a perdu son autonomie légale, les mêmes droits s’appliquent, y compris le droit de tout refuser. Le patient n’a pas un droit d’être consulté. C’est lui qui consulte le médecin, l’expert. Le médecin peut consulter un ou d’autres collègues, au besoin. Le droit à l’information fait appel à l’intelligence 2 du patient et à sa capacité de prendre les décisions qui lui conviennent. Donc, on retient qu’il existe un droit à l’information pour le patient largement défendu par les institutions légales et administratives de plusieurs peuples. Me positionner comme infirmière en regard du droit à l’information L’infirmière connaît l’importance de ce droit sur la prise de décision. Elle sait aussi qu’il faut adapter l’information selon l’individu. Les questions du patient sont un bon indice de ce qu’il 1 . Conseil international des infirmières, L’information au patient, Prise de position du CII, 2003, www.icn.ch/psinfopatients03f.htm 2 . Phaneuf, Margot, Le concept d’humanitude, 2007, Infiresources, Carrefour Clinique, section : Soins généraux : http://www.infiressources.ca/MyScriptorWeb/scripto.asp?resultat=784050 1 comprend, a compris ou veut comprendre. Le patient doit sentir que ses questions sont légitimes et qu’on ne cherche pas à les esquiver. Se mettre à la place du patient ou de sa famille est une très mauvaise position. Prendre le patient pour son enfant ou son parent est aussi à proscrire. Une infirmière donne des soins professionnels à des personnes avec qui elle doit rester aussi neutre dans leurs décisions que possible. Rester neutre ne veut pas dire être insensible ou indifférente. Cela signifie ne pas empiéter sur un territoire qui n’est pas le sien et s’en faire un point d’honneur. Sa sensibilité doit être aiguisée pour être à l’écoute de leurs besoins, mais surtout pas pour suggérer ou décider à leur place. Le droit à la consultation n’existe pas pour le patient. Cette position de neutralité demande un effort constant d’attention aux ressentis, émotions et sentiments que l’infirmière éprouve et qui demandent à être reconnus sans quoi elle est portée à aller à la défense du patient contre les décisions médicales. Cette réaction n’est pas souvent consciente. Si elle réalise que le patient ou sa famille est insatisfait(e) des soins médicaux offerts ou reçus, la responsabilité qui lui incombe est de faciliter la communication entre les parties pour qu’ils arrivent à une compréhension mutuelle et de les soutenir dans les étapes de résolution du problème. Les décisions que le patient prend pour lui-même ou que la famille prend pour le patient ou encore que le corps médical prend pour le patient sont personnelles. Certes, l’infirmière a des opinions, mais elle les garde pour ellemême. Les livrer au patient ou à sa famille, même de façon voilée, surtout si elles sont contraires aux opinions médicales, serait semer de la confusion et aggraver leur détresse. À la limite, ce serait agir contre la bienfaisance. Position de l’infirmière En regard du droit a l’information : • rester dans les limites de son territoire, • être attentive aux besoins d’information du malade et de la famille, • soutenir et faciliter la communication entre les parties, • être solidaire du plan thérapeutique établi par l’équipe de soins. À moins de réaliser qu’il y a préjudice et dans un tel cas, au lieu de porter des jugements de valeur, l’infirmière commence par demander des explications au médecin. Le plus souvent, une discussion franche entre les membres de l’équipe de soin à laquelle on invite parfois quelqu’un de la famille du patient, rétablit le consensus sur le plan thérapeutique. Il convient certainement que l’infirmière prenne l’initiative de cette rencontre. Si le doute persiste, elle doit en parler avec son supérieur immédiat. En conséquence, l’infirmière crée une relation thérapeutique avec chacun des patients à qui elle donne de soins et avec les autres membres de l’équipe de qui elle est solidaire en soutenant et facilitant le droit à l’information du patient. 2