A peine le soleil que des nuages s`interposent ! Et demain la Tunisie

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A peine le soleil que des nuages s`interposent ! Et demain la Tunisie
Chronique : A peine le soleil que des nuages s’interposent ! Et demain la Tunisie ?
Ce matin du dimanche 11 novembre 2012, j’ai voulu croire à une relative détente qui permettrait
une meilleure visibilité de l’avenir et une moins violente gestion des rapports entre les acteurs
politiques et sociaux. C’était après les informations qui me parvenaient sur le déroulement
presque normal du meeting de Nidaa Tounès à l’Ariana, avec une bonne présence des services
de sécurité et une mobilisation très négligeable de ceux qui se disent les « défenseurs de la
révolution ». Une vingtaine à tout casser, paraît-il ! C’est donc que ceux qui les commandaient
ont renoncé à le faire, ce qui est une bonne chose, preuve d’une prise de conscience louable ;
ou que ces gens ne sont plus vraiment mobilisateurs, ce qui serait encore mieux pour une
certaine accalmie à même de laisser les citoyens et les responsables vaquer à quelque chose
d’utile et de constructif.
Il faut préciser que ma foi dans une certaine détente n’est pas dûe au fait qu’il s’agit de Nidaa
Tounès, qui reste jusqu’à présent un mouvement comme tous les autres, avec ses hauts et ses
bas, ses défauts et ses qualités, ses doutes et ses promesses, mais qui n’en bénéficie pas
moins d’un certain accueil favorable auprès d’une masse grandissante de la population ;
peut-être en partie grâce à la diabolisation dont il a été l’objet par la troïka et ses instruments.
Elle est tout simplement due à l’impression que l’Etat a repris au moins une part de ses droits et
qu’il entend se prévaloir de son autorité retrouvée. Car là est en fait la condition majeure d’une
bonne reprise de la dynamique sociale à tous les niveaux, surtout économique, politique et
culturel.
Certes, « un parti-pris d’information biaisée » a été reproché, par certains, à la télévision
nationale qui, à leur avis, aurait gagné à « focaliser sur la réussite du meeting plutôt que sur
quelques badauds contestataires », même pour rendre service au gouvernement ! A moins qu’il
n’y ait d’autres manigances et d’autres intervenants, soulignent ces opinions critiques.
Malheureusement, le même jour, Radio Jawhara nous rapporte le résultat d’un violent conflit
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entre les agriculteurs de deux villes voisines. Un conflit déclenché il y a quelques jours et
tardant à trouver une issue acceptable par toutes les parties en conflit. Résultat : Trente-et-un
blessés, dont plusieurs en état grave, dans un premier bilan et d’un seul côté ! Qu’est-ce qui se
passe donc dans notre pays ? Où allons-nous ? Faut-il qu’à peine une éclaircie nous montre le
soleil de l’espoir qu’un nuage noir et dense couvre le ciel et nous replonge dans l’ombre de
l’incertitude et les ténèbres de la discorde ?
Deux facteurs importants nous semblent présider à cette tension indomptable et cette violence
non maîtrisée :
Il y a d’abord le sentiment d’exaspération qui s’est emparé du citoyen aux conditions précaires,
voyant tous les intérêts pris en compte sauf ses intérêts à lui au nom desquels tout le monde se
prétend LE vrai et unique défenseur de la Révolution.
Il y a ensuite, justement, cette prétention offensante de passer pour les défenseurs de la
révolution, de la part de gens qui n’y sont pas en vérité pour beaucoup, qui n’y ont en tout cas
pas plus de mérite que d’autres.
Les Tunisiens sont pour la plupart des gens simples et modestes ; ils détestent l’arrogance et
c’est contre elle qu’ils se sont surtout révoltés, en plus des conditions difficiles et des injustices
endurées par une partie d’entre eux. Aujourd’hui, ils ont du mal à voir leurs semblables, leurs
frères, se détourner d’eux pour des intérêts personnels ou des calculs politiques étriqués et de
bien courte perspective. Ils se débattent alors de façon anarchique et souvent énergique,
comme ces gens qui se voient se noyer dans la tempête et qui, incapables de voir s’organiser
un bon plan de sauvetage, crédible et efficace, se démènent dans tous les sens provoquant à la
fois leur perdition et celle de ceux qui les entourent.
Ce qu’il faudrait donc, c’est redonner aux Tunisiens le sens de la confiance dans l’avenir et
d’abord la confiance dans ceux qui veillent à leur destinée et décident de leur sort. Ils n’ont
besoin ni de haine ni de revanche ; ils ont besoin de développement durable dans la paix
sociale et la démocratie politique. Celui qui, demain, gagnera leur confiance et leur soutien, ce
sera celui qui sait aujourd’hui les convaincre de sa sincérité à aller dans le sens de leurs
besoins.
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