Changement de nom, changement de sexe

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Changement de nom, changement de sexe
GÉNÉALOGIE INSOLITE
CHRONIQUE
Louis Richer (4140)
CHANGEMENT DE NOM, CHANGEMENT DE SEXE
Lorsqu’une personne se présentait chez le curé pour
se marier, elle devait démontrer en tout premier lieu
qu’elle avait été baptisée dans la religion catholique. Si
tel était le cas, Séverin Thibault a dû avoir la surprise
de sa vie lorsqu’il s’est rendu chez le curé de SaintJean-Port-Joli pour préparer son mariage prévu pour le
25 février 1840.
Commis marchand, il épousera Henriette Duval,
fille d’Henri Duval et Marie-Louise Gagnon. En effet,
il découvre qu’il a été baptisé le 25 février 1818 par le
curé François Boissonnault sous le nom de « Marie
Vénérande née hier du légitime mariage de Germain
Thibault Agriculteur en cette Paroisse et de Marie
Claire Cloutier… ».
Malgré le fait que le curé de la paroisse ait accepté
de le marier sous le prénom de Séverin, l’époux entreprend les procédures pour faire modifier son acte de
baptême qui, rappelons-le, servait à l’époque de certificat de naissance. Il doit donc s’adresser à la Cour du
banc du roi du district de Québec, dont fait partie SaintJean-Port-Joli, pour obtenir gain de cause.
La Cour rend son jugement le 2 février 1841 et, par
writ de mandamus, ordonne d’une part à François
Boissonnault, prêtre et curé, dépositaire et gardien du
registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Saint-Jean-Port-Joli et, d’autre part à Joseph
François Perrault et Edward Burroughs, protonotaires
de ladite Cour et gardiens de la grosse (copie) … de
faire amender et réformer l’acte de Baptême du dit
Séverin Thibault…».
Une copie du jugement de la Cour est annexée au
registre de 1818 de Saint-Jean-Port-Joli et on peut constater que le nouvel acte de naissance se lit comme suit :
Le vingt-cinq février mil huit cent dix huit, par moi
Prêtre soussigné Curé, a été baptisé Severin, né hier du
légitime mariage de Germain Thibault Agriculteur en
cette Paroisse et de Marie Claire Cloutier; le Parrain a
été Germain Thibault fils, la marraine Genevieve Colins,
qui ont déclaré ne savoir signer. Le père absent.
F. Boissonnault ptre
Même si le père n’assistait pas au baptême, il est
quand même difficile d’expliquer une telle erreur. Le
curé avait certainement préparé l’acte de naissance
avant la cérémonie, mais l’avait-il lu, comme l’enjoignait la procédure, aux personnes présentes dont le
parrain, un parent de l’enfant? On peut en douter.
On rencontre régulièrement des erreurs de noms ou
de prénoms dans les registres mais, cette fois-ci, la
personne concernée, en l’occurrence Séverin Thibault,
n’acceptait certainement pas que son prénom mais également son sexe soient erronés. Peut-être parce qu’il
travaillait dans le domaine du commerce et pensait se
lancer en affaires plus tard, il prit les grands moyens.
À l’époque, on devait donc obtenir un ordre de la Cour
pour faire corriger les registres de baptêmes, mariages
et sépultures. De nos jours, on doit s’adresser au Directeur de l’état civil.
Il semble que Séverin et son épouse Henriette n’ont
pas eu de descendance. Il est décédé le 1er juillet 1890,
et elle, le 18 février 1897, tous les deux à Saint-JeanPort-Joli.
Merci à Claudette Boissonneault qui a attiré mon
attention sur le cas Séverin Thibault.
APPEL À TOUS
Dans notre dernière chronique, après un appel à
tous, nous avons fait état des familles nombreuses.
Cependant, nous avons dû nous limiter aux familles de
21 enfants et plus à cause du nombre important de familles de 15 enfants et plus. Actuellement, la famille
qui remporte la palme est celle de Louis George Galerneau et Marie Philomène Marois, de Charlesbourg, avec 26 enfants.
Nous vous invitons à poursuivre vos recherches et à
nous signaler toute autre famille de 26 enfants et plus
nés du même père et de la même mère. L’existence des
enfants, rappelons-le, doit être prouvée par un document, notamment des actes de baptême ou de sépulture.
Par ailleurs, dans le dernier numéro de L’Ancêtre,
un article traitait des personnes qui avaient contracté le
L’Ancêtre, numéro 288, volume 36, automne 2009
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plus grand nombre de mariages. Le plus grand nombre
d’alliances prouvées est de six. Les meneurs sont JeanBaptiste Lefebvre et Donatien Ouimet. Nous vous
invitons donc à nous faire parvenir les cas de personnes qui ont convolé officiellement au moins six fois ou
plus. Nous en ferons état dans notre prochaine chronique.
Vos connaissances sont également sollicitées sur un
tout autre sujet, celui des patronymes composés. À
quelques exceptions près, dont les Miville-Deschênes,
les Beaugrand-Champagne, l’habitude des noms composés semble s’être perdue, sauf dans la tradition familiale, dans la deuxième partie du XIXe siècle.
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Nous ne reviendrons pas sur l’origine de la tradition
des noms composés, qui vient en grande partie des
nombreux militaires qui sont venus peupler la NouvelleFrance; mais nous aimerions savoir si ce changement
fait suite à une directive de la part des autorités gouvernementales ou religieuses et si oui, laquelle. Nos
recherches à ce sujet sont à ce jour restées infructueuses.
Vous pouvez envoyer vos réponses ou suggestions
à l’adresse courriel suivante :
[email protected] ou encore, à mon attention, au
bureau de la Société de généalogie de Québec situé au
pavillon Louis-Jacques-Casault de l’Université Laval.
L’Ancêtre, numéro 288, volume 36, automne 2009