Le garnissage de siège
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Le garnissage de siège
Garnissage Amélie Rudowski — 1A Décorateur d’intérieur 2014-2015 Sommaire Introduction.......................................................................................................... 3 Historique.............................................................................................................. 3 Les outils du tapissier garnisseur.......................................................................... 4 Le matériel............................................................................................................. 5 Les étapes d’un garnissage traditionnel................................................................ 6 Sanglage.......................................................................................................... 7 Pose des ressorts et guindage ........................................................................ 8 Pose de la toile forte....................................................................................... 9 Mise en crin (végétal)..................................................................................... 10 Emballage du crin.......................................................................................... 10 Piquage........................................................................................................... 11 Piqûre (mise en crin animal).......................................................................... 11 Mise en blanc................................................................................................. 12 Pose du tissu et finitions................................................................................. 12 Le dossier....................................................................................................... 13 Le garnissage contemporain................................................................................. 14 Le temps de travail................................................................................................ 14 Les styles............................................................................................................... 15 Le style Art nouveau.............................................................................................. 19 Garnissage de différents supports......................................................................... 21 Porte capitonnée à faire soi-même........................................................................ 22 Lexique.................................................................................................................. 24 Bibliographie......................................................................................................... 25 Le garnissage consiste à poser une garniture sur un siège ou un meuble tapissé ou garni. Le tapissier garnisseur est l’artisan qui met en place la tapisserie d’ameublement, réalise des garnitures et des couvertures de sièges ou tout autre meuble recouvert de tissu ou de cuir. Il garnit tous les types de carcasses, réalise des garnitures dites à pelotes, piquées ou capitonnées. Un bon garnisseur doit respecter le style du siège, car chaque époque a sa forme de pelote et son type de recouvrement. Il en va de même pour la qualité des tissus et de leurs motifs. Il existe aussi des selliers-garnisseurs, spécialisés dans le garnissage de sièges automobiles. Garniture en pelote © L’atelier Nathe Introduction L’histoire du siège est liée à celle de la décoration intérieure, mais également à l’évolution des techniques. Dès l’Antiquité l’on retrouve des traces de garnissage sur des sièges égyptiens. Déjà à cette époque les sièges étaient garnis de sangles destinées à recevoir un coussin. À la Renaissance, on voit réapparaître des siège transportables pour lesquels est faite une recherche de confort. Mais ce confort est relatif car le fond est en bois garnis d’un coussin, donc beaucoup moins souple que les sangles. Dès le XVIème siècle la garniture en pelote est utilisée en Italie, mais elle n’apparaît en France que sous Louis XIII et se poursuit sous Louis XIV. C’est à cette époque qu’elle gagne en épaisseur et s’arrondit. Fauteuil Louis XV © Charles-Emiles Moinat & Fils Historique Fauteuil Louis XVI Sous la Restauration, l’élastique apparaît. Il offre un nouveau confort qui va évoluer très rapidement. Les tapissiers vont utiliser ces élastiques pour composer des assises différentes les unes des autres. L’élastique va évoluer vers le ressort et les anglais inventent le guindage suspendu (plus souple pour les fauteuils clubs par exemple). De nos jours, la mousse est un élément qui bouleverse le métier de tapissier. L’évolution continue et elle remplace le crin et parfois même les ressorts. Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Fauteuil club © Charles-Emiles Moinat & Fils Avec l’arrivée du mobilier Louis XVI, les garnitures prennent un aspect plus ferme, plus net, les contours sont mieux définis. Les tapissiers commencent à utiliser des méthodes nouvelles en emballant le crin dans de la toile, ce qui les amènent à piquer l’ensemble pour assurer un bon maintien. Sous le Directoire et l’Empire, les garnitures sont très élaborées et très fines, elles deviennent plus fermes et inconfortables. © Olivier Bauermeister Début du XVIIIéme siècle la garniture évolue. Sous la Régence et Louis XV, les assises se composent de gros bourrelets roulés autour de l’assise, que l’on garnis de crin végétal ou animal, ou encore de laine. Les garnitures sont très arrondies. 3 Les outils du tapissier garnisseur 1. Aiguille courbe 2. Carrelet courbe La différence entre les deux se situe dans le sens du chas Houzeaux Chasse clou Aiguilles courbes 1. Courbe 2. Droit à une pointe 3. Droit à deux pointes 3 2 Carrelets Ciseau à bois 1 Mètre pliant, double 1. Ciseaux de garnisseur 2. Ciseaux pour tissu 3. Ciseaux à papier Paires de ciseaux Mètre ruban Ils peuvent être aimantés pour plus de facilité Ciseau à dégarnir coudé Ramponneau Ce sont de petits clous à tête plate Râpes à bois Pied de biche garnisseur Semences Il existe aussi la tenaille à sangler ou le tendeur de sangle Maillet en bois 4 Tire-crins Tire sangle Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Le matériel Cette corde sert à maintenir les ressorts sur les sièges. La sangle est une bande de toile. Pour augmenter sa résistance on doit l’entrecroiser afin d’obtenir un plancher qui soutiendra les différents éléments de la garniture. S’utilise en finition de bordure sur les sièges afin de cacher les semences ou en décoration d’abatjour. Clous pour tapissier Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 5 Les étapes d’un garnissage traditionnel Garniture du siège (assise, dossier, manchettes) - Sanglage : les sangles posées, entrecroisées, constituent le premier plancher du siège. - Pose des ressorts - Guindage : le nombre, la hauteur et le positionnement des ressorts se font en fonction de chaque siège. Le guindage consiste à réduire et maintenir les ressorts dans une position propre à leur fonctionnement, ceci assuré par des cordes. - Pose de la toile forte, des lacets et du crin végétal : la toile forte sert à isoler les ressorts du crin. Les lacets sont des arcs de ficelle, cousus sur la toile forte, destinés à recevoir les poignées de crin, ces dernières étant liées entre elles pour obtenir un ensemble homogène. - Emballage de la garniture : la mise en crin étant faite, on procède à la mise en toile (toile d’embourrure). L’emballage consiste à donner la première forme au siège qui est dictée par la forme du fût. Les points de fond sont des piqûres qui ont pour but de maintenir le crin entre la toile forte et la toile d’embourrure. - Rabattage : opération délicate dont le but est de clouer définitivement la toile d’embourrure sur les traverses de bois et ainsi affiner la forme de la garniture. -P iquage : il consiste, au moyen de carrelet et ficelle, à façonner le travail, c’est-à-dire à lui donner sa forme définitive et assurer sa solidité. - Mise en blanc : le piquage terminé, on place une piqûre de crin (fine couche de crin animal) pour obtenir la surface plus moelleuse puis une couche de ouate et enfin la première mise en étoffe, avec la toile blanche qui donnera la forme définitive. Pose des ressorts Guindage Pose de la toile forte, des lacets et du crin végétal Emballage de la garniture Rabattage & piquage Couverture du siège -C oupe et pose du tissu : mesures et traçage du tissu, pointage du tissu sur le siège, échancrage du tissu, pose définitive du tissu Mise en blanc - Finition : clous dorés, galons Coupe, pose du tissu et finition 6 Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Sanglage La règle : les sangles doivent être jointives et centrées. Sanglage d’avant en arrière Les sangles sont fixées en bas de la ceinture du siège, par Ie dessous (le siège est retourné sur la table couverte d’une toile pour protéger les accoudoirs des rayures). On repère le milieu de la ceinture avant du siège et on trace une ligne à 1 cm du bord extérieur (c’est là que se fixera le tissu de finition). Après un repli, la première sangle est fixée au centre avant, à l’aide de semence. Avec le tire sangle, l’autre bout de la sangle est tendu et celle-ci est fixée. On la coupe à 2 ou 3 cm et on la replie également pour la fixer à nouveau. L’opération est renouvelée sur toute la largeur de la ceinture. Position du tire sangle Sanglage latérale Il faut sangler le plus possible vers l’avant du siège car c’est le point le plus sollicité quand on s’assied. Les sangles passent alternativement dessus puis dessous les sangles d’avant/ arrière. On fait un bord à l’extrémité de la sangle que l’on fixe avec des semences. On utilise le tire sangle pour tendre et fixer l’autre extrémité. On recommence ainsi l’opération sur toute la longueur de la ceinture. Sangle en tension Angle Résultat du sanglage Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Fixation avec des semences 7 Pose des ressorts et guindage La règle : permettre au ressort de travailler droit dans son axe Fixation des ressorts Il faut tracer l’emplacement des ressorts et positionner les nœuds des ressorts pour qu’ils ne soient jamais vers l’extérieur ni sur les passages des cordes. Les ressorts sont cousus aux sangles par 4 points avec de la ficelle paraffinée. On tend le fil par dessous. Préparation des cordes Il faut une double corde par alignement de ressorts (même si il n’y a que un ressort sur une des lignes). On repère ensuite, à l’arrière et sur un côté, le point d’attache des cordes (en face du centre des ressorts). Il faut 5 cordes d’avant en arrière et 3 latérales. La longueur de la corde correspond à 3 fois la distance de bois à bois. Cette corde est pliée en 2 en gardant 15 à 20 cm de plus sur un côté. On plante 2 semences et on y enroule la corde pliée avant de les enfoncer complètement. Placement des ressorts Guindage Si on guinde trop un ressort, l’assise sera ferme mais le ressort et la toile se fatigueront plus vite. Premier passage, avec la corde courte : la corde passe d’avant en arrière autour de la tête du ressort sauf pour les bords du côté où la corde est fixée sur la spire du dessous. On tire bien les ressorts vers l’arrière pour les comprimer. Les ressorts sont redressés après avoir noué la corde autour d’une semence à l’avant. Fixation des ressorts Deuxième passage, avec la corde longue : les fixations du premier passage sont maintenues par des nœuds. On tend sur une autre semence à l’avant et on noue les fils vers le haut. Cordes latérales : c’est le même travail en croisant. Au premier passage, on enroule sans nœud ce qui permet de rectifier la position latérale des ressorts. Au deuxième passage, on fait les nœuds en croisant les cordes. Préparation des cordes Résultat du guindage 8 Fixation aux semences Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Pose de la toile forte La règle : fixer (appointer) du centre vers les extrémités Mise en place Elle sert à isoler des ressorts du crin et à maintenir les têtes des ressorts. Pour les dimensions de la toile forte, mesurer la longueur et la largeur au plus large de l’assise du fauteuil, ajouter 5 cm. Couper puis placer la toile. Il faut ensuite pointer une semence de 14 au milieu arrière puis au milieu avant et continuer en pointant l’arrière sans tendre, puis l’avant en tirant un peu en commençant toujours par le milieu. Faire de même pour les côtés. Pour fixer les angles, on plie par dessus puis on coupe l’angle en laissant 5 mm. Enlever ce qui déborde puis fixer dans le milieu du taquet de chaque côté de l’angle avec une semence de 9 mm. On fixe ensuite définitivement la toile avec des semence de 9 mm. À l’aide du tire-crin, bien placer et tendre la toile. Couper le surplus de toile aux ciseaux et pour finir, coudre les ressorts à la toile par quatre points noués avec un carrelet et une ficelle paraffinée. Fixation de la toile forte Préparation de la mise en crin : les lacets Les lacets sont réalisés au point arrière lâche (largeur et épaisseur de la main avec un nœud au début) en suivant le tracé à la craie, bien après les semences et ensuite en escargot pour couvrir toute la surface. Le point arrière a l’avantage de ne pas laisser d’espace entre eux. Découpe d’angle Fixation d’angle Les lacets Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Fixation des ressorts à la toile 9 Mise en crin (végétal) Sous chaque lacet, en commençant par le bord, passer une boulette de crin végétal pliée en deux et tournée d’un quart de tour. Ensuite, il faut comprimer le crin pour avoir la forme du siège, regarder à quelle hauteur du dossier arrive le centre de l’assise, la pente en descendant du centre vers les taquets (la pente doit être plus faible à l’arrière qu’à l’avant). Pour finir, on travaille le crin pour l’homogénéiser et réunir des boulettes entre elles. À cette étape, le crin déborde beaucoup sur les côtés. Emballage du crin Mise en crin végétal La règle : travailler le plus dense possible Fixation de la deuxième toile forte Comme pour la première, elle est tendue par des appoints. Au premier passage, ils sont espacés mais plus on tend, plus il faut les rapprocher. C’est le même travail sur les taquets : trois appoints pour maintenir sur le taquet et une coupe diagonale pour dégager l’angle. On ne s’occupe pas spécialement des côtés à cette étape. Les points de fond Ils servent à comprimer et à maintenir le crin entre des deux toiles fortes. Ils sont réalisés avec une très grande aiguille à double pointe. Dès que l’aiguille sort de la toile forte intérieur, il faut remonter pour ressortir par la pointe du haut sans que le fils ne traverse les sangles. Le fils est noué au départ et tendu au fur et à mesure. Emballage du crin Fixation sur les taquets (rabattage) Il faut surveiller les pentes vers les angles et parfois remettre du crin. Les semences sont rapprochées et reculées le plus possible, au premier tiers du taquet. Emballage sur les côtés C’est le moment où l’on donne sa forme au tour de l’assise. Le tissu est recoupé et enfoncé sous le crin avec la partie plate du tire-crin. La matière doit être fortement comprimée pour que l’arrête soit bien dessinée et dense en vue de la couture du boudin. Au fur et à mesure, il faut surveiller la forme en basculant le fauteuil. L’assise ne doit sortir que de 1 cm de la ceinture du siège. Il faut tirer la toile vers le bas avec la pointe du tire-crin et appointer sur le chanfrein. Plusieurs passages sont nécessaires pour tendre de plus en plus avant d’appointer définitivement sur le chanfrein. Point de fond Rabattage 10 Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Piquage La règle : maintenir la tension à chaque point Cette étape consiste, à l’aide de divers points (point droit ou avant, échelle, arrière, perdu, noué) à maintenir la garniture et à lui donner sa fermeté ainsi que sa forme définitive. La couture commence par un rectangle terminé par un nœud coulant. Il faut coudre le plus près possible des taquets vers les côtés et des semences vers le bas. Pour rendre plus dense la garniture et tendre le fils, il est préférable d’appuyer sur le dessus de l’assise plutôt que de tirer sur le fil qui risquerait de se casser. Au fur et à mesure des passages, la couture se rapproche du bord extérieur et forme un boudin de plus en plus petit mais dense. En même temps, la longueur des points diminue. Pour les deux premiers passages, on ressors le plus près possible des semences. Pour le troisième, la couture est 3 ou 4 cm au dessus des semences. On surveille toujours la ligne par rapport à la ceinture en renversant le fauteuil. Les différents points utilisés Point de fond Point échelle Point droit Point de bourrelet Piqûre (mise en crin animal) La règle : bien travailler les bord, pas de crin sur l’arrête Les lacets Piquage vu de profil Les points arrière sont plus tendus car cette galette de crin sera plus mince que la première. Mise en crin Le crin est trié pour enlever tout ce qui est dur et pourrait se sentir sous la toile. On remet du crin en petites pelotes, sans les enrouler autour de la ficelle et en veillant bien à ce que ce soit bien plat sous cette ficelle. Aérer et bien répartir avec les doigts. La plaque de crin est mince et régulière, elle doit également compenser les plats ou les creux autour du centre de l’assise, sur les coutures. Il est important de faire une pente douce vers les taquets. Il ne faut pas que le crin sorte sur les bords sinon on le verra sur l’arrête. Les lacets préparant la piqûre Piqûre Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 11 Mise en blanc La mise en blanc consiste à recouvrir l’assise d’une toile blanche et solide afin d’isoler la garniture du tissu final. Il faut bien placer la toile blanche en appointant avec des semences de 14 mm, éliminer tous les plis. Pour les angles, tendre le côté du taquet bien arrondi. Appointer au coin intérieur, couper puis placer les semences définitives de 7 mm, légèrement en retrait. S’aider du tire-crin. Pour les angles arrondis de devant, faire un pli plat ouvert. Remplacer petit à petit les semences de 14 mm par les semences définitives de 7 mm en continuant de bien ajuster la toile en suivant la feuillure à quelques millimètres au dessus. Couper le blanc au ras des semences avec le cutter. Mise en blanc Pose du tissu et finitions C’est la même démarche que pour la toile blanche de l’assise. On travaille à partir du milieu de chaque côté, d’arrière en avant puis latéralement. Au fur et à mesure que l’on tend le tissu, il faut vérifier que les motifs restent bien dans l’axe, sans déviation latérale. On appointe au bord de la feuillure. Le tissu doit être bien tendu et sans pli dans les arrondis mais également dans les coins. Sur les taquets, on travaille le plus près possible du bois pour que les semences soient cachées par le galon, soit environ 8 mm. Pour cacher les semences, on peut coller un galon ou un double passepoil. On peut également utiliser des clous de tapissier pour une belle finition. Le type de finition dépend du style et de l’époque du siège. Pose du tissu & finitions Résultat final 12 Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Le dossier Fond du dossier La première étape consiste à fixer le tissu décoratif qui sera visible à l’arrière du fauteuil. Pour les dimensions, on prend la distance de feuillure à feuillure et on ajoute 5 cm. On repère le milieu de la pièce de tissu et du dossier. Attention à ne pas mettre le motif à l’envers. Le tissu est tendu verticalement puis latéralement en veillant à ne pas faire dévier le motif. Les pointes sont placées sur le bord intérieur de la feuillure. Une toile forte est ensuite tendue par dessus et les deux sont rabattues pour dégager la feuillure. Quelques pointes sont utilisées pour maintenir. Le surplus dans les angles est coupé. Fond du dossier Mise en crin Elle est préparée par des lacets sur la toile forte. Le fil ne doit pas traverser le tissu décoratif. Le crin est tiré et débarrassé des morceaux durs. En dosant la quantité de crin, on donne la forme recherchée. Emballage, rabattage et piquage Comme pour l’assise, il faut réaliser plusieurs points différents pour donner la forme que l’on désire au fauteuil. Piqûre Le crin animal est trié pour enlever les morceau durs. On répartit bien le crin pour uniformiser le dossier. Mise en blanc Pose de la toile forte Un molleton synthétique court uniforme la surface, il est recouvert par la toile blanche tendue à partir des milieux de chaque côté. À l’aide d’appoints, on tend progressivement (de haut en bas puis latéralement) en rapprochant petit à petit les pointes. Avec un cutter, le surplus de toile est arasé au ras des semences, laissant un petit centimètre de feuillure disponible. Pose du tissu décoratif et finition Il est installé de la même manière en veillant au respect du motif. Les semences les plus fines sont disposées tous les centimètres. En appuyant le cutter dans l’angle de la feuillure, on enlève le surplus de tissu. Pour cacher les semences, on peut coller un galon ou utiliser des clous de tapissier. Rabattage et piquage Piqûre du dossier Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Mise en crin et emballage Résultat de la mise en blanc Pose du tissu et finition 13 De nos jours deux types de mousses restent performantes quant à leur qualité de fabrication et durée de vie : le latex (très onéreux) ou la mousse de type bultex. Les autres étant réservés à un usage industriel et de grande série avec un confort et une durée de vie moins importante. Les mousses de type bultex, déclinées avec des densités différentes (plus ou moins d’air insufflé dans le produit) suivant l’utilisation (coussins de dos ou d’assise, accoudoir, matelas,..) conviennent admirablement bien pour une production de sièges contemporains. Mousse polyuréthane 24Kg/M3 Mousse polyuréthane 28 Kg/M3 http://www.maison-salamandre.com Après la seconde guerre mondiale, les Américains apportèrent des techniques et matériaux pratiquement ignorés en Europe. Parmi ceux-ci les mousses de garnissage (latex et autres) déjà présentes sur leurs chaînes de montage automobile pour la réalisation des sièges. Ces matériaux très valables lorsqu’ils sont utilisés et façonnés correctement ouvrirent de nouvelles perspectives aux professionnels quant aux choix des formes et volumes de leurs productions (canapés, fauteuils, multiplication du nombre de coussins, …) http://www.maison-salamandre.com Le garnissage contemporain Le temps de travail - pas d’interruption par des rendez-vous, des clients qui passent ou qui appellent. - fût neuf et donc pas à dégarnir (1h de moins). - toiles préalablement découpées aux bonnes dimensions. - hauteur et nombre de ressorts préalablement choisis. - agrafeuse à air comprimé à disposition (qui remplace la fixation à la semence). Cette chaise à nécessité en tout 20 heures de travail. 14 Chaise - 20h de travail http://ameublin.over-blog.com Cette chaise a été faite en garniture traditionnelle en conditions d’examen (tapissier d’ameublement en siège) et donc dans des conditions idéales : Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Les styles Moyen-Âge (XIIème - XIIIème) Louis XIII (1600-1661) Louis XIV (1661-1715) C’est à partir des années 1630 que le mot « fauteuil » fut utilisé pour la première fois pour désigner la « chaise à bras ». l’assise s’abaisse et se garnie d’un rembourrage recouvert de tissus, de tapisseries richement décorées ou encore de cuir. Elle devient plus confortable et déplacable. Le mobilier est de plus en plus luxueux, mais contrairement aux styles précédents, il ne s’inspire presque plus de l’architecture. Chayère (ou cathèdre) Bergères style Louis XIV Renaissance (1495-1530) Chaises style Louis XIII Cabriolets style Louis XIV Chaise à haut dossier Henri II (1530-1600) c’est sur ces sièges qu’apparaissent les premières garnitures en France (en Italie elles apparaissent plus tôt) Paire de fauteuils Louis XIII en noyer mouluré Canapé style Louis XIV Tapisserie de siège style Louis XIII Tapisserie de siège style Louis XIV Chaise style Henri II Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 15 Régence (1715-1730) Louis XV (1739-1760) Louis XVI (1765-1790) Le dossier est de plus en plus violonné, les accotoirs sont plus en retrait. Les sièges sont moins encombrants et les formes s’assouplissent, les fauteuils garnis voient apparaitre des accotoirs rembourrés. Le bois n’apparaît ni au dossier ni à la ceinture. Le fauteuil cabriolet apparaît vers 1740. C’est le premier fauteuil dont le dossier s’incurve pour épouser la forme du dos. La chaise à la Reine se caractérise par un dossier plan. La symétrie absolue est le point le plus important de l’ornementation su style Louis XVI. Le galbe disparaît, les lignes droites reviennent en force et sont adoucies par des motifs à guirlandes. Des ornements sculptés viennent enrichir les formes et l’angle droit est parfois garni d’un bronze, également pour adoucir sa rigueur. Fauteuil bas de style Régence Chaise à la Reine style Louis XV Chaise à la Reine style Louis XVI Duchesse style Louis XV Fauteuil Regence Rosellina Decape Cabriolets style Louis XVI Tapisserie de siège style Louis XV Tapisserie de siège style Régence Transition (1755-1765) Le fauteuil perd de sa sinuosité. Soit les pieds sont droits et le dossier courbe et concave, soit le dossier est carré ou en médaillon et les pieds cambrés. 16 Tapisserie de siège style Louis XVI Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Directoire (1790-1800) et Consultat (1800-1804) On veut une république idéale basée sur le modèle Romain. Les fleurs de Lys sont remplacées par des symboles tels que la lance, des faisceaux consulaires, l’œil de la raison au milieu d’un triangle, etc. Le bois peint imite le bronze, des animaux fantastiques et des bustes d’égyptiennes sont sculptés. Empire (1804-1821) Restauration (1815-1830) Avec les expéditions en Égypte, les décors égyptiens se développent. Ils ornementent des sièges au dossier rectangulaire, aux lignes géométriques, à la silhouette équilibrée et solennelle. Des bronzes ciselés et dorés leur donnent de l’éclat. Avec le retour des Bourbons sur le trône de France, les fleurs de Lys remplacent les aigles et autres emblèmes de l’Empire. Les formes s’assouplissent, les bois clairs remplacent les sombres acajous. Bergères à Col de Cygne style Restauration Bergère d’enfant de style Empire Siège style Directoire Canapé à Col de Cygne style Restauration Méridienne de style Empire Tapisserie de siège style Restauration Fauteuil style Directoire Tapisserie de siège style Empire Tapisserie de siège style Directoire Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 17 Louis-Philippe (1830-1850) Napoléon III (1850-1890) Art nouveau (1890-1910) Le style Louis-Philippe est animé par un soucis de confort et d’économie. L’industrialisation de la fabrication se fait au détriment de l’ornementation et des motifs. Les seules créations sont les motifs « cuisse de grenouille » et « pied parapluie ». Une extravagante production « copie/plagiat » des principaux styles passés offre en quantité des meubles renaissants « Henri II », des meubles aux pieds torsadé « Louis XIII », des salons dorés « Louis XV et Louis XVI » décoré de scènes champêtres. Les thèmes principaux sont d’inspiration végétale. On utilise les forme sinueuses des lianes, du liseron ou des nénuphars. Ces mouvement ondulants font référence à la souplesse de la chevelure féminine. Art déco (1910-1940) Les lignes sont pures et sobres, les intérieurs chauds et harmonieux. La tapisserie de siège est moins utilisée, l’art nègre est à la mode ainsi que les décors florales. Les tapisseries de siège sont d’un graphisme et d’une composition très stylisée. Fauteuil Crapaud style Napoléon III Fauteuil Voltaire style Louis-Philippe Chaises style Art déco Chaise à la Cathédrale style Napoléon III Piétement « cuisse de grenouille » Fauteuil côté garni style Art déco Tapisserie de siège style Napoléon III Canapé style Louis-Philippe 18 Tapisserie de siège style Art déco Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Le style Art nouveau L’Art nouveau est un mouvement artistique de la fin du xix et du début du xxe siècle qui s’appuie sur l’esthétique des lignes courbes. Ce mouvement est né en réaction contre les dérives de l’industrialisation à outrance et la reproduction des grands styles. e Cet Art Nouveau affecte presque tous les autres pays européens Angleterre (Modern’Style); Allemagne (Jugendstil); Italie (stile Liberty); Espagne, Belgique, etc. II est caractérisé par : - le désir d’imaginer des meubles esthétiquement valables, mais fabriqués au moyen de la machine, c’est-à-dire à prix de revient permettant à tous de se meubler au goût du jour - le décor du meuble ne doit pas être plaqué, mais la forme est en elle-même ornementale. Ces formes simples s’inspirent de la nature (faune, flore) S’il comporte des nuances selon les pays, les critères sont communs : l’Art nouveau se caractérise par l’inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations, inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien. C’est aussi un art total en ce sens qu’il occupe tout l’espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l’homme moderne à l’aube du xxe siècle. Art nouveau galerie Samuel Bing Paris 1895 http://commons.wikimedia.org - la volonté de créer un mobilier contemporain n’adoptant ni les formes, ni les décors déjà utilisés Fauteuils bergères Art nouveau http://www.proantic.com Haeckel Thalamphora Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Tassel House stairway http://commons.wikimedia.org En 1893, Victor Horta construit à Bruxelles l’hôtel Tassel, considéré comme le tout premier édifice Art nouveau à exploiter la ligne courbe, symbole entre tous de ce mouvement. La fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux. http://commons.wikimedia.org En étant l’un des premiers à dessiner une multitude de coquillages, fleurs, méduses, dans un but scientifique, Ernst Haeckel peut être considéré comme un précurseur de l’Art nouveau. Son travail a inspiré les grands lustres en forme de méduse de Constant Roux pour le musée océanographique de Monaco. 19 L’Art nouveau concerne l’architecture et les arts du décor (mobilier, joillerie) mais également la peinture et les arts graphiques. Des couvertures de livres aux illustrations de revues, des affiches publicitaires aux panneaux décoratifs, de la typographie de presse aux cartes postales, l’Art nouveau a laissé sa trace. Meubles Art nouveau Les matériaux les plus variés entrent dans la composition du meuble. Job de Alfons Mucha - 1896 http://www.wikiart.org Des nombreux auteurs qui s’y adonnèrent, le plus influent est sans conteste le Tchèque Alfons Mucha. Ses créations gagnèrent une renommée internationale, grâce à la délicatesse de ses dessins qui incluaient le plus souvent la figure féminine comme figure centrale, enveloppée par des arabesques d’éléments naturels. - métaux : fer, acier, bronze, fonte travaillés en volutes, en torsades, en rinceaux, en chutes ils imitent les tiges souples des fleurs - le vitrail : verre serti de plomb, il est un élément important du décor, il remplace les panneaux vitrés des buffets et bibliothèques - la mouluration : souple, d’inspiration florale elle envahit quelquefois les panneaux Salon en bois, décor aux clématites - Louis Majorelle http://www.antiqbrocdelatour.com - bois : noyer, chêne, poirier, résineux de couleurs claires, bois exotiques - haut et ajouré (1): Les barreaux ne sont pas droits, Ils sont formés par des courbes et contre-courbes. La traverse du sommet n’est jamais horizontale, elle dessine une ligne sinueuse savamment calculée. http://www.antiqbrocdelatour.com Fauteuils et chaises sont traités exactement de la même manière. Le siège n’est ni carré, ni rond, ni trapézoïdal. De plus, ce siège n’est pas plan. II épouse la forme du corps. II existe plusieurs solutions pour les dossiers : http://www.antiqbrocdelatour.com Les sièges adoptent le plus souvent une ligne très dépouillée et très nouvelle. Leur ornementation ne fait pas appel à la sculpture, mais à l’incrustation et à la marqueterie. C’est de leur forme que naît la beauté ornementale. - mélange entre dossier ajouré et rembourré (3) : C’est la solution la plus originale et la plus fréquente. Par exemple, un rectangle rembourré est situé à la hauteur des épaules. II est raccordé au siège par quatre barreaux galbés. La partie rembourrée peut aussi se situer à la hauteur des reins Type de meubles Art nouveau 20 http://www.ameublement.com - rembourré (2) : mais il est séparé du siège et repose sur deux montants galbés et moulurés Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Garnissage de différents supports De nos jours, le garnissage a bien évolué. Le crin est remplacé par de la mousse et les agrafes remplacent les semences. Les supports ont également évolués : siège, banquette, panneaux de portes, intérieur complet de voitures mais aussi recouvrement de scelles et réservoir de moto, sièges de bateaux, yachts, etc. Sans compter aussi les portes capitonnées, murs, banquettes et sièges horeca, fauteuils de salon de coiffure et les sièges utilisés en dentisterie, podologie, etc. Siège médical Porte capitonnée Banquette horeca Banquette de voiture Intérieur de voiture Siège de moto Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 21 Porte capitonnée à faire soi-même ! ~1 cm AL CO OM 1 3 2 1 ! REF 108 2 3 1 2 2011 © Copyright SwalDeco. All right reserved. www.swaldeco.com 22 Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 3 3 2 1 4 x2 1 2 5 1 2 1 cm 6 U GL E 1 3 2 GL UE GL UE 2011 © Copyright SwalDeco. All right reserved. www.swaldeco.com Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 23 Lexique - Appointer : fixer de façon provisoire une toile ou un tissu à l’aide, généralement, de semences de 14 mm enfoncées à moitié. - Assise : partie du siège où l’on s’assied - Capitonner : couvrir de capiton; Rembourrer un siège, un fauteuil en piquant en plusieurs endroits - Ceinture : l’ensemble des quatre traverses de l’assise forme la ceinture - Chanfrein : biais de 5 à 6 mm de largeur exécuté à la râpe sur la carre d’une traverse de façon à pouvoir y enfoncer à plat les semences de 9 mm au moment du rabattage. Inexistant sur les bois neufs, il n’est pas toujours présent sur les anciens, malgré la facilité qu’il procure à cette étape - Feuillure : gorge plus ou moins large et profonde creusée en façade sur les traverses pour y réaliser les clouages successifs - Fût : le siège nu - Galon : on désigne sous cette appellation générale tous les tissus étroits fabriqués par les passementiers - Garniture : ensemble des éléments de confort, constitué de matériaux de rembourrage et de couverture - Guindage : opération qui consiste à abaisser les ressorts pour les conduire à la hauteur désirée par de la corde à guinder. Le premier passage de la corde sert à régler la hauteur des ressorts. Le second passage de cordes est prévu pour solidifier le tout - Piquage : le piquage consiste, à l’aide de divers points (point droit ou avant, échelle, arrière, perdu, noué), à maintenir la garniture, à lui donner sa fermeté ainsi que sa forme définitive - Rabattage : c’est le fait de retirer avec soin une garniture (dossier surtout) dans le but de pouvoir la retirer ensuite - Sanglage : le sanglage est la base d’un siège, composé de sangles de toile de jute entrecroisées. - Spire : uns spire est équivalent à un tour de spirale ou un tour d’un enroulement - Taquet : petit pièce de bois collée et clouée autour des pieds et des consoles pour fixer la garniture 24 Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles Bibliographie - Garnier-Audiger, Manuel du Tapissier Décorateur. Librairie encyclopédique de Roret, 1830 (Livre numérique Google) - http://fr.wikipedia.org (consulté le 26/10/2014) - http://www.maison-salamandre.com (consulté le 26/10/2014) - http://www.stage-tapissier.com (consulté le 27/10/2014) - http://www.splendeurdubois.com (consulté le 29/12/2014) - http://www.tapisseriedefrance.fr (consulté le 30/12/2014) - http://www.ameublement.com (consulté le 30/12/2014) - http://www.swaldeco.com (consulté le 25/01/2015) Crédit photos - Isabelle Grosjean - http://www.artapisserie.fr (consulté le 27/10/2014) - http://www.stage-tapissier.com (consulté le 27/10/2014) - http://ameublin.over-blog.com (consulté le 10/11/2014) - http://nathtapisserie.canalblog.com (consulté le 10/11/2014) - http://www.lesgarnisseursreunis.sitew.be (consulté le 25/01/2015) - http://garnissagedesiegeshainaut.be (consulté le 25/01/2015) - http://www.tapissier-meuble.fr (Consulté le 25/01/2015) Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles 25