Le garnissage de siège

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Le garnissage de siège
Garnissage
Amélie Rudowski — 1A Décorateur d’intérieur 2014-2015
Sommaire
Introduction.......................................................................................................... 3
Historique.............................................................................................................. 3
Les outils du tapissier garnisseur.......................................................................... 4
Le matériel............................................................................................................. 5
Les étapes d’un garnissage traditionnel................................................................ 6
Sanglage.......................................................................................................... 7
Pose des ressorts et guindage ........................................................................ 8
Pose de la toile forte....................................................................................... 9
Mise en crin (végétal)..................................................................................... 10
Emballage du crin.......................................................................................... 10
Piquage........................................................................................................... 11
Piqûre (mise en crin animal).......................................................................... 11
Mise en blanc................................................................................................. 12
Pose du tissu et finitions................................................................................. 12
Le dossier....................................................................................................... 13
Le garnissage contemporain................................................................................. 14
Le temps de travail................................................................................................ 14
Les styles............................................................................................................... 15
Le style Art nouveau.............................................................................................. 19
Garnissage de différents supports......................................................................... 21
Porte capitonnée à faire soi-même........................................................................ 22
Lexique.................................................................................................................. 24
Bibliographie......................................................................................................... 25
Le garnissage consiste à poser une garniture sur un siège
ou un meuble tapissé ou garni. Le tapissier garnisseur est l’artisan qui met en place la tapisserie d’ameublement, réalise des
garnitures et des couvertures de sièges ou tout autre meuble recouvert de tissu ou de cuir. Il garnit tous les types de carcasses,
réalise des garnitures dites à pelotes, piquées ou capitonnées.
Un bon garnisseur doit respecter le style du siège, car chaque
époque a sa forme de pelote et son type de recouvrement. Il en
va de même pour la qualité des tissus et de leurs motifs. Il existe
aussi des selliers-garnisseurs, spécialisés dans le garnissage de
sièges automobiles.
Garniture en pelote
© L’atelier Nathe
Introduction
L’histoire du siège est liée à celle de la décoration intérieure, mais également à l’évolution des techniques. Dès l’Antiquité l’on retrouve des traces de garnissage sur des sièges égyptiens. Déjà à cette époque les sièges étaient garnis de sangles
destinées à recevoir un coussin.
À la Renaissance, on voit réapparaître des siège transportables pour lesquels est faite une recherche de confort. Mais ce
confort est relatif car le fond est en bois garnis d’un coussin,
donc beaucoup moins souple que les sangles.
Dès le XVIème siècle la garniture en pelote est utilisée
en Italie, mais elle n’apparaît en France que sous Louis XIII et se
poursuit sous Louis XIV. C’est à cette époque qu’elle gagne en
épaisseur et s’arrondit.
Fauteuil Louis XV
© Charles-Emiles Moinat & Fils
Historique
Fauteuil Louis XVI
Sous la Restauration, l’élastique apparaît. Il offre un nouveau confort qui va évoluer très rapidement. Les tapissiers vont
utiliser ces élastiques pour composer des assises différentes les
unes des autres. L’élastique va évoluer vers le ressort et les anglais inventent le guindage suspendu (plus souple pour les fauteuils clubs par exemple).
De nos jours, la mousse est un élément qui bouleverse le
métier de tapissier. L’évolution continue et elle remplace le crin
et parfois même les ressorts.
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Fauteuil club
© Charles-Emiles Moinat & Fils
Avec l’arrivée du mobilier Louis XVI, les garnitures
prennent un aspect plus ferme, plus net, les contours sont
mieux définis. Les tapissiers commencent à utiliser des méthodes nouvelles en emballant le crin dans de la toile, ce qui
les amènent à piquer l’ensemble pour assurer un bon maintien.
Sous le Directoire et l’Empire, les garnitures sont très élaborées
et très fines, elles deviennent plus fermes et inconfortables.
© Olivier Bauermeister
Début du XVIIIéme siècle la garniture évolue. Sous la
Régence et Louis XV, les assises se composent de gros bourrelets roulés autour de l’assise, que l’on garnis de crin végétal ou
animal, ou encore de laine. Les garnitures sont très arrondies.
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Les outils du tapissier garnisseur
1. Aiguille courbe
2. Carrelet courbe
La différence entre les deux
se situe dans le sens du chas
Houzeaux
Chasse clou
Aiguilles courbes
1. Courbe
2. Droit à une pointe
3. Droit à deux pointes
3
2
Carrelets
Ciseau à bois
1
Mètre pliant, double
1. Ciseaux de garnisseur
2. Ciseaux pour tissu
3. Ciseaux à papier
Paires de ciseaux
Mètre ruban
Ils peuvent être aimantés
pour plus de facilité
Ciseau à dégarnir coudé
Ramponneau
Ce sont de petits clous à tête
plate
Râpes à bois
Pied de biche garnisseur
Semences
Il existe aussi la tenaille à
sangler ou le tendeur de
sangle
Maillet en bois
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Tire-crins
Tire sangle
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Le matériel
Cette corde sert à maintenir les ressorts sur les
sièges.
La sangle est une bande de toile. Pour augmenter sa résistance on doit l’entrecroiser afin d’obtenir un plancher qui soutiendra les différents
éléments de la garniture.
S’utilise en finition de bordure sur les sièges afin
de cacher les semences ou en décoration d’abatjour.
Clous pour tapissier
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Les étapes d’un garnissage traditionnel
Garniture du siège (assise, dossier, manchettes)
- Sanglage : les sangles posées, entrecroisées, constituent le premier plancher du siège.
- Pose des ressorts - Guindage : le nombre, la hauteur
et le positionnement des ressorts se font en fonction de
chaque siège. Le guindage consiste à réduire et maintenir les ressorts dans une position propre à leur fonctionnement, ceci assuré par des cordes.
- Pose de la toile forte, des lacets et du crin végétal :
la toile forte sert à isoler les ressorts du crin. Les lacets
sont des arcs de ficelle, cousus sur la toile forte, destinés à recevoir les poignées de crin, ces dernières étant
liées entre elles pour obtenir un ensemble homogène.
- Emballage de la garniture : la mise en crin étant
faite, on procède à la mise en toile (toile d’embourrure). L’emballage consiste à donner la première forme
au siège qui est dictée par la forme du fût. Les points de
fond sont des piqûres qui ont pour but de maintenir le
crin entre la toile forte et la toile d’embourrure.
- Rabattage : opération délicate dont le but est de clouer
définitivement la toile d’embourrure sur les traverses
de bois et ainsi affiner la forme de la garniture.
-P
iquage : il consiste, au moyen de carrelet et ficelle,
à façonner le travail, c’est-à-dire à lui donner sa forme
définitive et assurer sa solidité.
- Mise en blanc : le piquage terminé, on place une piqûre de crin (fine couche de crin animal) pour obtenir
la surface plus moelleuse puis une couche de ouate et
enfin la première mise en étoffe, avec la toile blanche
qui donnera la forme définitive.
Pose des ressorts Guindage
Pose de la toile forte,
des lacets et du crin
végétal
Emballage de la
garniture
Rabattage & piquage
Couverture du siège
-C
oupe et pose du tissu : mesures et traçage du tissu,
pointage du tissu sur le siège, échancrage du tissu, pose
définitive du tissu
Mise en blanc
- Finition : clous dorés, galons
Coupe, pose du tissu
et finition
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Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Sanglage
La règle : les sangles doivent être jointives et centrées.
Sanglage d’avant en arrière
Les sangles sont fixées en bas de la ceinture du siège, par
Ie dessous (le siège est retourné sur la table couverte d’une toile
pour protéger les accoudoirs des rayures). On repère le milieu
de la ceinture avant du siège et on trace une ligne à 1 cm du
bord extérieur (c’est là que se fixera le tissu de finition). Après
un repli, la première sangle est fixée au centre avant, à l’aide de
semence. Avec le tire sangle, l’autre bout de la sangle est tendu
et celle-ci est fixée. On la coupe à 2 ou 3 cm et on la replie également pour la fixer à nouveau. L’opération est renouvelée sur
toute la largeur de la ceinture.
Position du tire sangle
Sanglage latérale
Il faut sangler le plus possible vers l’avant du siège car
c’est le point le plus sollicité quand on s’assied. Les sangles
passent alternativement dessus puis dessous les sangles d’avant/
arrière. On fait un bord à l’extrémité de la sangle que l’on fixe
avec des semences. On utilise le tire sangle pour tendre et fixer
l’autre extrémité. On recommence ainsi l’opération sur toute la
longueur de la ceinture.
Sangle en tension
Angle
Résultat du sanglage
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Fixation avec des semences
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Pose des ressorts et guindage
La règle : permettre au ressort de travailler droit dans
son axe
Fixation des ressorts
Il faut tracer l’emplacement des ressorts et positionner
les nœuds des ressorts pour qu’ils ne soient jamais vers l’extérieur ni sur les passages des cordes. Les ressorts sont cousus
aux sangles par 4 points avec de la ficelle paraffinée. On tend le
fil par dessous.
Préparation des cordes
Il faut une double corde par alignement de ressorts
(même si il n’y a que un ressort sur une des lignes). On repère
ensuite, à l’arrière et sur un côté, le point d’attache des cordes
(en face du centre des ressorts). Il faut 5 cordes d’avant en arrière et 3 latérales. La longueur de la corde correspond à 3 fois
la distance de bois à bois. Cette corde est pliée en 2 en gardant
15 à 20 cm de plus sur un côté. On plante 2 semences et on y
enroule la corde pliée avant de les enfoncer complètement.
Placement des ressorts
Guindage
Si on guinde trop un ressort, l’assise sera ferme mais le
ressort et la toile se fatigueront plus vite.
Premier passage, avec la corde courte : la corde
passe d’avant en arrière autour de la tête du ressort sauf pour
les bords du côté où la corde est fixée sur la spire du dessous.
On tire bien les ressorts vers l’arrière pour les comprimer. Les
ressorts sont redressés après avoir noué la corde autour d’une
semence à l’avant.
Fixation des ressorts
Deuxième passage, avec la corde longue : les fixations du premier passage sont maintenues par des nœuds. On
tend sur une autre semence à l’avant et on noue les fils vers le
haut.
Cordes latérales : c’est le même travail en croisant. Au
premier passage, on enroule sans nœud ce qui permet de rectifier la position latérale des ressorts. Au deuxième passage, on
fait les nœuds en croisant les cordes.
Préparation des cordes
Résultat du guindage
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Fixation aux semences
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Pose de la toile forte
La règle : fixer (appointer) du centre vers les extrémités
Mise en place
Elle sert à isoler des ressorts du crin et à maintenir les
têtes des ressorts. Pour les dimensions de la toile forte, mesurer
la longueur et la largeur au plus large de l’assise du fauteuil,
ajouter 5 cm. Couper puis placer la toile. Il faut ensuite pointer
une semence de 14 au milieu arrière puis au milieu avant et
continuer en pointant l’arrière sans tendre, puis l’avant en tirant
un peu en commençant toujours par le milieu. Faire de même
pour les côtés. Pour fixer les angles, on plie par dessus puis on
coupe l’angle en laissant 5 mm. Enlever ce qui déborde puis
fixer dans le milieu du taquet de chaque côté de l’angle avec
une semence de 9 mm. On fixe ensuite définitivement la toile
avec des semence de 9 mm. À l’aide du tire-crin, bien placer et
tendre la toile. Couper le surplus de toile aux ciseaux et pour
finir, coudre les ressorts à la toile par quatre points noués avec
un carrelet et une ficelle paraffinée.
Fixation de la toile forte
Préparation de la mise en crin : les lacets
Les lacets sont réalisés au point arrière lâche (largeur et
épaisseur de la main avec un nœud au début) en suivant le tracé
à la craie, bien après les semences et ensuite en escargot pour
couvrir toute la surface. Le point arrière a l’avantage de ne pas
laisser d’espace entre eux.
Découpe d’angle
Fixation d’angle
Les lacets
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Fixation des ressorts à la toile
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Mise en crin (végétal)
Sous chaque lacet, en commençant par le bord, passer
une boulette de crin végétal pliée en deux et tournée d’un quart
de tour. Ensuite, il faut comprimer le crin pour avoir la forme
du siège, regarder à quelle hauteur du dossier arrive le centre
de l’assise, la pente en descendant du centre vers les taquets
(la pente doit être plus faible à l’arrière qu’à l’avant). Pour finir,
on travaille le crin pour l’homogénéiser et réunir des boulettes
entre elles. À cette étape, le crin déborde beaucoup sur les côtés.
Emballage du crin
Mise en crin végétal
La règle : travailler le plus dense possible
Fixation de la deuxième toile forte
Comme pour la première, elle est tendue par des appoints. Au premier passage, ils sont espacés mais plus on tend,
plus il faut les rapprocher. C’est le même travail sur les taquets :
trois appoints pour maintenir sur le taquet et une coupe diagonale pour dégager l’angle. On ne s’occupe pas spécialement des
côtés à cette étape.
Les points de fond
Ils servent à comprimer et à maintenir le crin entre des
deux toiles fortes. Ils sont réalisés avec une très grande aiguille
à double pointe. Dès que l’aiguille sort de la toile forte intérieur,
il faut remonter pour ressortir par la pointe du haut sans que le
fils ne traverse les sangles. Le fils est noué au départ et tendu au
fur et à mesure.
Emballage du crin
Fixation sur les taquets (rabattage)
Il faut surveiller les pentes vers les angles et parfois remettre du crin. Les semences sont rapprochées et reculées le
plus possible, au premier tiers du taquet.
Emballage sur les côtés
C’est le moment où l’on donne sa forme au tour de l’assise. Le tissu est recoupé et enfoncé sous le crin avec la partie
plate du tire-crin. La matière doit être fortement comprimée
pour que l’arrête soit bien dessinée et dense en vue de la couture du boudin. Au fur et à mesure, il faut surveiller la forme
en basculant le fauteuil. L’assise ne doit sortir que de 1 cm de la
ceinture du siège. Il faut tirer la toile vers le bas avec la pointe
du tire-crin et appointer sur le chanfrein. Plusieurs passages
sont nécessaires pour tendre de plus en plus avant d’appointer
définitivement sur le chanfrein.
Point de fond
Rabattage
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Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Piquage
La règle : maintenir la tension à chaque point
Cette étape consiste, à l’aide de divers points (point droit
ou avant, échelle, arrière, perdu, noué) à maintenir la garniture
et à lui donner sa fermeté ainsi que sa forme définitive. La couture commence par un rectangle terminé par un nœud coulant.
Il faut coudre le plus près possible des taquets vers les côtés et
des semences vers le bas. Pour rendre plus dense la garniture et
tendre le fils, il est préférable d’appuyer sur le dessus de l’assise
plutôt que de tirer sur le fil qui risquerait de se casser. Au fur et à
mesure des passages, la couture se rapproche du bord extérieur
et forme un boudin de plus en plus petit mais dense. En même
temps, la longueur des points diminue. Pour les deux premiers
passages, on ressors le plus près possible des semences. Pour le
troisième, la couture est 3 ou 4 cm au dessus des semences. On
surveille toujours la ligne par rapport à la ceinture en renversant le fauteuil.
Les différents points utilisés
Point de fond
Point échelle
Point droit
Point de bourrelet
Piqûre (mise en crin animal)
La règle : bien travailler les bord, pas de crin sur l’arrête
Les lacets
Piquage vu de profil
Les points arrière sont plus tendus car cette galette de crin sera
plus mince que la première.
Mise en crin
Le crin est trié pour enlever tout ce qui est dur et pourrait se
sentir sous la toile. On remet du crin en petites pelotes, sans les
enrouler autour de la ficelle et en veillant bien à ce que ce soit
bien plat sous cette ficelle. Aérer et bien répartir avec les doigts.
La plaque de crin est mince et régulière, elle doit également
compenser les plats ou les creux autour du centre de l’assise,
sur les coutures. Il est important de faire une pente douce vers
les taquets. Il ne faut pas que le crin sorte sur les bords sinon on
le verra sur l’arrête.
Les lacets préparant la piqûre
Piqûre
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Mise en blanc
La mise en blanc consiste à recouvrir l’assise d’une toile
blanche et solide afin d’isoler la garniture du tissu final. Il faut
bien placer la toile blanche en appointant avec des semences de
14 mm, éliminer tous les plis. Pour les angles, tendre le côté du
taquet bien arrondi. Appointer au coin intérieur, couper puis
placer les semences définitives de 7 mm, légèrement en retrait.
S’aider du tire-crin. Pour les angles arrondis de devant, faire un
pli plat ouvert. Remplacer petit à petit les semences de 14 mm
par les semences définitives de 7 mm en continuant de bien
ajuster la toile en suivant la feuillure à quelques millimètres au
dessus. Couper le blanc au ras des semences avec le cutter.
Mise en blanc
Pose du tissu et finitions
C’est la même démarche que pour la toile blanche de
l’assise. On travaille à partir du milieu de chaque côté, d’arrière
en avant puis latéralement. Au fur et à mesure que l’on tend le
tissu, il faut vérifier que les motifs restent bien dans l’axe, sans
déviation latérale. On appointe au bord de la feuillure. Le tissu
doit être bien tendu et sans pli dans les arrondis mais également
dans les coins. Sur les taquets, on travaille le plus près possible
du bois pour que les semences soient cachées par le galon, soit
environ 8 mm. Pour cacher les semences, on peut coller un
galon ou un double passepoil. On peut également utiliser des
clous de tapissier pour une belle finition. Le type de finition
dépend du style et de l’époque du siège.
Pose du tissu & finitions
Résultat final
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Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Le dossier
Fond du dossier
La première étape consiste à fixer le tissu décoratif qui
sera visible à l’arrière du fauteuil. Pour les dimensions, on prend
la distance de feuillure à feuillure et on ajoute 5 cm. On repère le milieu de la pièce de tissu et du dossier. Attention à ne
pas mettre le motif à l’envers. Le tissu est tendu verticalement
puis latéralement en veillant à ne pas faire dévier le motif. Les
pointes sont placées sur le bord intérieur de la feuillure. Une
toile forte est ensuite tendue par dessus et les deux sont rabattues pour dégager la feuillure. Quelques pointes sont utilisées
pour maintenir. Le surplus dans les angles est coupé.
Fond du dossier
Mise en crin
Elle est préparée par des lacets sur la toile forte. Le fil ne
doit pas traverser le tissu décoratif. Le crin est tiré et débarrassé
des morceaux durs. En dosant la quantité de crin, on donne la
forme recherchée.
Emballage, rabattage et piquage
Comme pour l’assise, il faut réaliser plusieurs points différents pour donner la forme que l’on désire au fauteuil.
Piqûre
Le crin animal est trié pour enlever les morceau durs.
On répartit bien le crin pour uniformiser le dossier.
Mise en blanc
Pose de la toile forte
Un molleton synthétique court uniforme la surface, il
est recouvert par la toile blanche tendue à partir des milieux de
chaque côté. À l’aide d’appoints, on tend progressivement (de
haut en bas puis latéralement) en rapprochant petit à petit les
pointes. Avec un cutter, le surplus de toile est arasé au ras des
semences, laissant un petit centimètre de feuillure disponible.
Pose du tissu décoratif et finition
Il est installé de la même manière en veillant au respect
du motif. Les semences les plus fines sont disposées tous les
centimètres. En appuyant le cutter dans l’angle de la feuillure,
on enlève le surplus de tissu. Pour cacher les semences, on peut
coller un galon ou utiliser des clous de tapissier.
Rabattage et piquage
Piqûre du dossier
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Mise en crin et emballage
Résultat de la mise en blanc
Pose du tissu et finition
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De nos jours deux types de mousses restent performantes
quant à leur qualité de fabrication et durée de vie : le latex (très
onéreux) ou la mousse de type bultex. Les autres étant réservés
à un usage industriel et de grande série avec un confort et une
durée de vie moins importante.
Les mousses de type bultex, déclinées avec des densités différentes (plus ou moins d’air insufflé dans le produit) suivant
l’utilisation (coussins de dos ou d’assise, accoudoir, matelas,..)
conviennent admirablement bien pour une production de
sièges contemporains.
Mousse polyuréthane 24Kg/M3
Mousse polyuréthane 28 Kg/M3
http://www.maison-salamandre.com
Après la seconde guerre mondiale, les Américains apportèrent des techniques et matériaux pratiquement ignorés en Europe. Parmi ceux-ci les mousses de garnissage (latex et autres)
déjà présentes sur leurs chaînes de montage automobile pour la
réalisation des sièges. Ces matériaux très valables lorsqu’ils sont
utilisés et façonnés correctement ouvrirent de nouvelles perspectives aux professionnels quant aux choix des formes et volumes de leurs productions (canapés, fauteuils, multiplication
du nombre de coussins, …)
http://www.maison-salamandre.com
Le garnissage contemporain
Le temps de travail
- pas d’interruption par des rendez-vous, des clients qui
passent ou qui appellent.
- fût neuf et donc pas à dégarnir (1h de moins).
-
toiles préalablement découpées aux bonnes dimensions.
- hauteur et nombre de ressorts préalablement choisis.
- agrafeuse à air comprimé à disposition (qui remplace la
fixation à la semence).
Cette chaise à nécessité en tout 20 heures de travail.
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Chaise - 20h de travail
http://ameublin.over-blog.com
Cette chaise a été faite en garniture traditionnelle en
conditions d’examen (tapissier d’ameublement en siège) et donc
dans des conditions idéales :
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Les styles
Moyen-Âge
(XIIème - XIIIème)
Louis XIII (1600-1661)
Louis XIV (1661-1715)
C’est à partir des années 1630
que le mot « fauteuil » fut utilisé
pour la première fois pour désigner la « chaise à bras ». l’assise
s’abaisse et se garnie d’un rembourrage recouvert de tissus, de
tapisseries richement décorées
ou encore de cuir. Elle devient
plus confortable et déplacable.
Le mobilier est de plus en plus
luxueux, mais contrairement aux
styles précédents, il ne s’inspire
presque plus de l’architecture.
Chayère (ou cathèdre)
Bergères style Louis XIV
Renaissance
(1495-1530)
Chaises style Louis XIII
Cabriolets style Louis XIV
Chaise à haut dossier
Henri II (1530-1600)
c’est sur ces sièges qu’apparaissent les premières garnitures
en France (en Italie elles apparaissent plus tôt)
Paire de fauteuils Louis XIII en noyer mouluré
Canapé style Louis XIV
Tapisserie de siège style Louis XIII
Tapisserie de siège style Louis XIV
Chaise style Henri II
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Régence (1715-1730)
Louis XV (1739-1760)
Louis XVI (1765-1790)
Le dossier est de plus en plus
violonné, les accotoirs sont plus
en retrait. Les sièges sont moins
encombrants et les formes s’assouplissent, les fauteuils garnis
voient apparaitre des accotoirs
rembourrés. Le bois n’apparaît ni
au dossier ni à la ceinture.
Le fauteuil cabriolet apparaît
vers 1740. C’est le premier fauteuil dont le dossier s’incurve
pour épouser la forme du dos. La
chaise à la Reine se caractérise
par un dossier plan.
La symétrie absolue est le point
le plus important de l’ornementation su style Louis XVI. Le galbe disparaît, les lignes droites
reviennent en force et sont
adoucies par des motifs à guirlandes. Des ornements sculptés
viennent enrichir les formes et
l’angle droit est parfois garni
d’un bronze, également pour
adoucir sa rigueur.
Fauteuil bas de style Régence
Chaise à la Reine style Louis XV
Chaise à la Reine style Louis XVI
Duchesse style Louis XV
Fauteuil Regence Rosellina Decape
Cabriolets style Louis XVI
Tapisserie de siège style Louis XV
Tapisserie de siège style Régence
Transition (1755-1765)
Le fauteuil perd de sa sinuosité.
Soit les pieds sont droits et le
dossier courbe et concave, soit le
dossier est carré ou en médaillon
et les pieds cambrés.
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Tapisserie de siège style Louis XVI
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Directoire (1790-1800)
et Consultat (1800-1804)
On veut une république idéale
basée sur le modèle Romain.
Les fleurs de Lys sont remplacées par des symboles tels que
la lance, des faisceaux consulaires, l’œil de la raison au milieu
d’un triangle, etc. Le bois peint
imite le bronze, des animaux
fantastiques et des bustes d’égyptiennes sont sculptés.
Empire (1804-1821)
Restauration (1815-1830)
Avec les expéditions en Égypte,
les décors égyptiens se développent. Ils ornementent des
sièges au dossier rectangulaire,
aux lignes géométriques, à la silhouette équilibrée et solennelle.
Des bronzes ciselés et dorés leur
donnent de l’éclat.
Avec le retour des Bourbons
sur le trône de France, les fleurs
de Lys remplacent les aigles et
autres emblèmes de l’Empire. Les
formes s’assouplissent, les bois
clairs remplacent les sombres
acajous.
Bergères à Col de Cygne style Restauration
Bergère d’enfant de style Empire
Siège style Directoire
Canapé à Col de Cygne style Restauration
Méridienne de style Empire
Tapisserie de siège style Restauration
Fauteuil style Directoire
Tapisserie de siège style Empire
Tapisserie de siège style Directoire
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Louis-Philippe (1830-1850)
Napoléon III (1850-1890)
Art nouveau (1890-1910)
Le style Louis-Philippe est animé par un soucis de confort et
d’économie. L’industrialisation
de la fabrication se fait au détriment de l’ornementation et des
motifs. Les seules créations sont
les motifs « cuisse de grenouille »
et « pied parapluie ».
Une extravagante production
« copie/plagiat » des principaux
styles passés offre en quantité des
meubles renaissants « Henri II », des
meubles aux pieds torsadé « Louis
XIII », des salons dorés « Louis XV
et Louis XVI » décoré de scènes
champêtres.
Les thèmes principaux sont
d’inspiration végétale. On utilise
les forme sinueuses des lianes,
du liseron ou des nénuphars. Ces
mouvement ondulants font référence à la souplesse de la chevelure féminine.
Art déco (1910-1940)
Les lignes sont pures et sobres,
les intérieurs chauds et harmonieux. La tapisserie de siège est
moins utilisée, l’art nègre est
à la mode ainsi que les décors
florales. Les tapisseries de siège
sont d’un graphisme et d’une
composition très stylisée.
Fauteuil Crapaud style Napoléon III
Fauteuil Voltaire style Louis-Philippe
Chaises style Art déco
Chaise à la Cathédrale style Napoléon III
Piétement « cuisse de grenouille »
Fauteuil côté garni style Art déco
Tapisserie de siège style Napoléon III
Canapé style Louis-Philippe
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Tapisserie de siège style Art déco
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Le style Art nouveau
L’Art nouveau est un mouvement artistique de la fin du
xix et du début du xxe siècle qui s’appuie sur l’esthétique des
lignes courbes. Ce mouvement est né en réaction contre les
dérives de l’industrialisation à outrance et la reproduction des
grands styles.
e
Cet Art Nouveau affecte presque tous les autres pays européens Angleterre (Modern’Style); Allemagne (Jugendstil); Italie (stile Liberty); Espagne, Belgique, etc. II est caractérisé par :
- le désir d’imaginer des meubles esthétiquement valables,
mais fabriqués au moyen de la machine, c’est-à-dire à prix
de revient permettant à tous de se meubler au goût du jour
- le décor du meuble ne doit pas être plaqué, mais la forme est
en elle-même ornementale. Ces formes simples s’inspirent
de la nature (faune, flore)
S’il comporte des nuances selon les pays, les critères
sont communs : l’Art nouveau se caractérise par l’inventivité,
la présence de rythmes, couleurs, ornementations, inspirés des
arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent
du sensible dans le décor quotidien. C’est aussi un art total en ce
sens qu’il occupe tout l’espace disponible pour mettre en place
un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l’homme moderne à l’aube du xxe siècle.
Art nouveau galerie Samuel Bing Paris 1895
http://commons.wikimedia.org
- la volonté de créer un mobilier contemporain n’adoptant ni
les formes, ni les décors déjà utilisés
Fauteuils bergères Art nouveau
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Haeckel Thalamphora
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Tassel House stairway
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En 1893, Victor Horta construit à Bruxelles l’hôtel Tassel,
considéré comme le tout premier édifice Art nouveau à exploiter la ligne courbe, symbole entre tous de ce mouvement. La
fluidité des espaces fait écho aux courbes végétales qui investissent ferronneries, mosaïques, fresques et vitraux.
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En étant l’un des premiers à dessiner une multitude de
coquillages, fleurs, méduses, dans un but scientifique, Ernst
Haeckel peut être considéré comme un précurseur de l’Art nouveau. Son travail a inspiré les grands lustres en forme de méduse
de Constant Roux pour le musée océanographique de Monaco.
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L’Art nouveau concerne l’architecture et les arts du décor (mobilier, joillerie) mais également la peinture et les arts
graphiques. Des couvertures de livres aux illustrations de revues, des affiches publicitaires aux panneaux décoratifs, de la
typographie de presse aux cartes postales, l’Art nouveau a laissé
sa trace.
Meubles Art nouveau
Les matériaux les plus variés entrent dans la composition du meuble.
Job de Alfons Mucha - 1896
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Des nombreux auteurs qui s’y adonnèrent, le plus influent est sans conteste le Tchèque Alfons Mucha. Ses créations
gagnèrent une renommée internationale, grâce à la délicatesse
de ses dessins qui incluaient le plus souvent la figure féminine
comme figure centrale, enveloppée par des arabesques d’éléments naturels.
- métaux : fer, acier, bronze, fonte travaillés en volutes,
en torsades, en rinceaux, en chutes ils imitent les tiges
souples des fleurs
- le vitrail : verre serti de plomb, il est un élément important du décor, il remplace les panneaux vitrés des
buffets et bibliothèques
- la mouluration : souple, d’inspiration florale elle envahit quelquefois les panneaux
Salon en bois, décor aux clématites - Louis Majorelle
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- bois : noyer, chêne, poirier, résineux de couleurs
claires, bois exotiques
- haut et ajouré (1): Les barreaux ne sont pas droits, Ils
sont formés par des courbes et contre-courbes. La traverse du sommet n’est jamais horizontale, elle dessine
une ligne sinueuse savamment calculée.
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Fauteuils et chaises sont traités exactement de la même manière. Le siège n’est ni carré, ni rond, ni trapézoïdal. De plus,
ce siège n’est pas plan. II épouse la forme du corps. II existe
plusieurs solutions pour les dossiers :
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Les sièges adoptent le plus souvent une ligne très dépouillée et très nouvelle. Leur ornementation ne fait pas appel à la
sculpture, mais à l’incrustation et à la marqueterie. C’est de leur
forme que naît la beauté ornementale.
- mélange entre dossier ajouré et rembourré (3) :
C’est la solution la plus originale et la plus fréquente.
Par exemple, un rectangle rembourré est situé à la hauteur des épaules. II est raccordé au siège par quatre barreaux galbés. La partie rembourrée peut aussi se situer
à la hauteur des reins
Type de meubles Art nouveau
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- rembourré (2) : mais il est séparé du siège et repose sur
deux montants galbés et moulurés
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Garnissage de différents supports
De nos jours, le garnissage a bien évolué. Le crin est remplacé
par de la mousse et les agrafes remplacent les semences. Les
supports ont également évolués : siège, banquette, panneaux de
portes, intérieur complet de voitures mais aussi recouvrement
de scelles et réservoir de moto, sièges de bateaux, yachts, etc.
Sans compter aussi les portes capitonnées, murs, banquettes et
sièges horeca, fauteuils de salon de coiffure et les sièges utilisés
en dentisterie, podologie, etc.
Siège médical
Porte capitonnée
Banquette horeca
Banquette de voiture
Intérieur de voiture
Siège de moto
Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Porte capitonnée à faire soi-même
!
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Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
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Lexique
- Appointer : fixer de façon provisoire une toile ou un tissu à
l’aide, généralement, de semences de 14 mm enfoncées à moitié.
- Assise : partie du siège où l’on s’assied
- Capitonner : couvrir de capiton; Rembourrer un siège, un fauteuil en piquant en plusieurs endroits
- Ceinture : l’ensemble des quatre traverses de l’assise forme la
ceinture
- Chanfrein : biais de 5 à 6 mm de largeur exécuté à la râpe sur
la carre d’une traverse de façon à pouvoir y enfoncer à plat les
semences de 9 mm au moment du rabattage. Inexistant sur les
bois neufs, il n’est pas toujours présent sur les anciens, malgré
la facilité qu’il procure à cette étape
- Feuillure : gorge plus ou moins large et profonde creusée en
façade sur les traverses pour y réaliser les clouages successifs
- Fût : le siège nu
- Galon : on désigne sous cette appellation générale tous les
tissus étroits fabriqués par les passementiers
- Garniture : ensemble des éléments de confort, constitué de
matériaux de rembourrage et de couverture
- Guindage : opération qui consiste à abaisser les ressorts pour
les conduire à la hauteur désirée par de la corde à guinder. Le
premier passage de la corde sert à régler la hauteur des ressorts. Le second passage de cordes est prévu pour solidifier le
tout
- Piquage : le piquage consiste, à l’aide de divers points (point
droit ou avant, échelle, arrière, perdu, noué), à maintenir la
garniture, à lui donner sa fermeté ainsi que sa forme définitive
- Rabattage : c’est le fait de retirer avec soin une garniture (dossier surtout) dans le but de pouvoir la retirer ensuite
- Sanglage : le sanglage est la base d’un siège, composé de
sangles de toile de jute entrecroisées.
- Spire : uns spire est équivalent à un tour de spirale ou un tour
d’un enroulement
- Taquet : petit pièce de bois collée et clouée autour des pieds et des consoles pour fixer la garniture
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Amélie Rudowski — Connaissance des matières textiles
Bibliographie
- Garnier-Audiger, Manuel du Tapissier Décorateur. Librairie encyclopédique de Roret, 1830 (Livre numérique Google)
- http://fr.wikipedia.org (consulté le 26/10/2014)
- http://www.maison-salamandre.com (consulté le 26/10/2014)
- http://www.stage-tapissier.com (consulté le 27/10/2014)
- http://www.splendeurdubois.com (consulté le 29/12/2014)
- http://www.tapisseriedefrance.fr (consulté le 30/12/2014)
- http://www.ameublement.com (consulté le 30/12/2014)
- http://www.swaldeco.com (consulté le 25/01/2015)
Crédit photos
- Isabelle Grosjean
- http://www.artapisserie.fr (consulté le 27/10/2014)
- http://www.stage-tapissier.com (consulté le 27/10/2014)
- http://ameublin.over-blog.com (consulté le 10/11/2014)
- http://nathtapisserie.canalblog.com (consulté le 10/11/2014)
- http://www.lesgarnisseursreunis.sitew.be (consulté le
25/01/2015)
- http://garnissagedesiegeshainaut.be (consulté le 25/01/2015)
- http://www.tapissier-meuble.fr (Consulté le 25/01/2015)
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