Le développement de la socialisation - Logo CCCA-BTP
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Réf. document AT.JA.31.4 Le développement de la socialisation La socialisation, selon la définition qu’en donne le Petit Robert est le fait de développer des relations sociales, de former en un groupe social, en société. A travers lui, l’individu apprend et intériorise les valeurs, les normes, et les codes symboliques de l’environnement social en les intégrant à sa personnalité. Ainsi, les relations d’interactions que l’adolescent entretient avec ses pairs, l’école et sa famille vont lui permettre de se construire : « Individu vulnérable et sensible, l’adolescent dépend à l’extrême de son environnement »1. a. La famille C’est le premier lieu de socialisation. C’est un environnement social structurant dont la qualité dépend des conditions de vie, des valeurs et du système éducatif. L’action de la famille s’avère primordiale pour la structuration de la personnalité de l’adolescent. « Les rapports familiaux sont le prototype des rapports ultérieurs. La façon d’entrer en contact avec autrui, de chercher la présence des autres ou de les fuir, de s’exprimer verbalement ou non, de donner et de recevoir, de gagner et de perdre… sont autant de comportements acquis dans la famille pour être expérimentés et adaptés à l’extérieur du cercle familial »2. Dans l’idéal, l’adolescent sera capable d’accéder à l’autonomie s’il a connu un lien d’attachement avec sa famille, à condition que ce lien lui permette également de se détacher de ses parents. Cependant, ce qui demeure difficile pour les adolescents, c’est que dans leur recherche d’autonomie et d’indépendance, ils ne sont reconnus socialement qu’à travers le statut de leurs parents, car ils vivent sous leur dépendance légale et matérielle. Mais lorsque la famille s’oppose à ce besoin d’émancipation de l’adolescent, alors des conflits peuvent apparaître. Un grand nombre de conflits et de troubles du comportement seraient dus à l’incapacité des parents à renoncer à leur enfant en tant qu’enfant. Pourtant, les parents ne doivent pas oublier qu’éduquer ne consiste pas à maintenir les enfants sous le toit familial, mais à préparer leur sortie dans le monde. Or, aujourd’hui, selon M. Fize : « La famille est en crise, c’est à dire en souffrance. Revisitée, elle nous apparaît incertaine tant dans ses modes de transmission que dans ses contenus de transmission »3. 1 Marcelli D., Braconnier A. « L’Adolescence aux mille visages », Odile Jacob, 1998 Cloutier R. « Psychologie de l’adolescence – 2e édition », Gaëtan Morin éditeur, 1996 3 Fize M. « Adolescence en crise ? », Hachette Education, 1998 2 1 b. L’école Le cheminement scolaire de l’enfance à l’adolescence constitue l’occasion d’une grande diversité des rencontres qui vont aider l’enfant et l’adolescent à se façonner. Le rôle social et éducatif de l’école est aussi important que sa fonction enseignante. Elle transmet aux générations nouvelles l’expérience et le savoir des aînés, les normes et les valeurs qu’ils ont adoptées, les choix qu’ils ont faits et qui constituent notre société. L’école est donc un lieu primordial et privilégié d’éducation au sens large, il est le premier lieu de socialisation autre que la cellule familiale dans l’ébauche d’une reconnaissance sociale. « Au cours de ses études, l’adolescent n’apprend pas que les langues et les sciences ; il assimile aussi tout un ensemble de valeurs, de façons d’interagir avec les autres au contact d’un ensemble considérable de modèles de pairs et d’adultes »4. La scolarité se caractérise par un lieu de vie, ou une succession de lieu de vie, par des rencontres multiples avec des adultes qui sont autant de modèles identificatoires ou contre identificatoires. L’école considérée ici comme un groupe social a donc une influence considérable sur l’évolution et sur l’élaboration des possibilités relationnelles, ainsi que sur la découverte de nouveaux centres d’intérêt. L’émergence de la curiosité intellectuelle et l’acquisition de l’indépendance d’esprit est donc souvent associée à la qualité des relations qu’entretient l’adolescent avec son milieu. c. Le groupe des pairs Le groupe des pairs du même âge assume un rôle prépondérant dans les procédures de socialisation des adolescents, car les interactions avec les partenaires du même sexe, et du sexe différent, offrent un prototype des relations qu’adultes ils réaliseront sur le plan social, professionnel et sexuel : « Le groupe des pairs est nécessaire et indispensable à l’adolescent, à la fois pour prendre une certaine distance vis à vis de ses parents et pour mieux appréhender les relations sociales nécessaires du futur adulte »5. Le groupe assume une fonction centrale auprès d’adolescents vivants une problématique commune sur le plan de l’émancipation de l’autorité parental, de la recherche d’un statut et de l’identification sexuelle. Les relations parentales sont souvent chargées d’émotions conflictuelles au point qu’il devient difficile pour l’adolescent de partager avec ses parents la réalité de ses expériences, de ses émotions. Le groupe des pairs offre des occasions multiples de développer des relations nouvelles avec soi et autrui, en aidant l’adolescent à acquérir une représentation de soi, un sens de sa valeur en lui offrant l’occasion de prendre des risques et de se conforter à des réalités compétitives. 4 5 Cloutier R. « Psychologie de l’adolescence – 2e édition », Gaëtan Morin éditeur, 1996 Marcelli D., Braconnier A. « L’Adolescence aux mille visages », Odile Jacob, 1998 2 Sans cesse en questionnement sur ce qu’il est, sur ce qu’il vaut, c’est en appartenant à un groupe que l’adolescent peut s’évaluer. « La rencontre de l’Autre n’est pas intérêt soudain pour autrui, mais moyen de se trouver soimême. Les autres ne sont que le jeu de miroirs pour se reconnaître comme personne, pour oser s’affirmer »6. Le groupe ou la bande permet à l’adolescent de chercher son indépendance et son autonomie en fuyant l’attachement ou les sentiments excessifs à l’égard de ses parents. Le groupe devient un élément fondamental de l’équilibre de l’adolescent car il va lui offrir la sécurité et lui permettra de rencontrer ses semblables, donc de se sentir moins à part. Car dans un monde où les repères s’amenuisent, où le futur n’est qu’angoisse, le « groupe apparaît alors à la fois comme un refuge individuel contre l’ennui et l’angoisse et une façon de refixer règles et repères pour redonner une orientation à une existence qui n’en a plus »7. 6 et 7 Fize M. « Les bandes », Desclée de Brouwer, 1993 3