FORTIS, une banque publique? La chance à saisir ! Le ROUGE est

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FORTIS, une banque publique? La chance à saisir ! Le ROUGE est
TRIBUNE
POSTE
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des Editeurs de
la Presse Périodique
Bureau de dépôt
CHARLEROI X
BelgiqueBelgïe
PP-PB
B386
MENSUEL - 65e ANNEE - N° 2 - 23 FÉVRIER 2009
En cas de non distribution, prière de bien vouloir renvoyer à l’adresse ci-dessus.
Éditeur responsable : F. WÉGIMONT Place Fontainas 9/11 - 1000 Bruxelles
P402047
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FORTIS,
une banque publique ?
La chance à saisir !
Le ROUGE est mis…
Forum social
l’Appel de Belém
Charleroi
Brabant wallon
Huy
Le Comité régional intersectoriel
des pensionné(e)s et prépensionné(e)s de la CGSP de Charleroi
organise une
À l’avenir, les permanences de la
CGSP intersectorielle se tiendront
le 4e vendredi du mois, de 10h à 12h
(sauf durant les mois de juillet,
août et décembre), dans les locaux
de la régionale FGTB du Brabant
wallon -rue du Géant, 4 à Nivelles.
Permanences de Waremme dans les
bureaux de la FGTB, rue du Baloir, 5.
Changement d’horaire à partir de
mars 2009 : 2e et 4e mercredis de
chaque mois de 9h30 à 11h.
visite à Achouffe
le mardi 28 avril
8h30, départ de l’autocar rue
de la Villette, derrière la Gare de
Charleroi-Sud (coin de la rue
Libioule).
10h, visite du Musée du grès
et du jambon à La Roche-enArdenne.
Le repas de midi sera pris au
Centre Nature de Borzée.
Après-midi visite de la Brasserie
d’Achouffe. Retour vers 18h15.
Réservation :
le plus tôt possible et au plus tard
mardi 7 avril par tél. 071 797 111.
Coût :
35 € tout compris, à verser au
compte n°877-2028501-50 de la
CGSP de Charleroi avec la mention
« visite 28 avril ».
LA FINANCE
ET LE CITOYEN
OFFRE D’EMPLOI La FGTB de Namur cherche
pour son service chômage :
un(e) employé(e) sous contrat
de formation PFI à temps plein.
Conditions d’accès : chômeur
complet indemnisé ou jeune
en stage d’attente ; minimum
requis graduat ; excellente connaissance écrite et orale de
la langue française ; permis de
conduire B.
Envoyer candidature
manuscrite et CV à :
Michel Jaumain, chef de service
chômage - rue Dewez, 40 5000 Namur - pour le 13 mars
au plus tard. Infos : 081 649 900
Cycle de conférences
Organisé par ATTAC (Association pour la taxation des
transactions financières pour
l’aide aux citoyens).
Crise, devoirs d’État
et finance
jeudi 12 mars - 19h30 - salle
Gothot (ULg) • Invité : Benoît
Dejemeppe • Conseiller à la Cour
de cassation, maître de conférences aux
facultés universitaires Saint-Louis et
coauteur de l’Appel de Genève pour
un espace judiciaire européen.
Pour plus d’infos
• ATTAC LiègeASBL • rue du Beau Mur,48 •
• 4030 Liège • Tél.04 349 19 02 • [email protected] •
• www.local.attac.org/liege •
EXPOSITION
du samedi 7 mars 2009
au dimanche 5 avril 2009
tous les jours de 10 à 20 heures
les jeudis jusqu’à 22 heures
Une histoire sociale
de la Belgique à l’occasion du
100e anniversaire de la
Centrale Générale de la FGTB
Atelier des Tanneurs
Rue des Tanneurs 58 • 1000 Bruxelles
ENTRÉE
3 € – gratuit pour les -18, les +60, les étudiants
et les demandeurs d’emploi. Visite guidée : 50 €.
Plus d’infos : www.accg.be, www.pac-g.be, www.amsab.be.
Info et réservation visites de groupes et guides : PAC,
Nathalie Misson : 02 545 79 18 ou Franck Roland : 02 545 79 19
[email protected]
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GENERALE
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Éditeur responsable : Francis WÉGIMONT - Place Fontainas, 9/11 - 1000 Bruxelles - tél. 02 508 58 11
FORTIS,
une banque publique ?
La chance à saisir !
Le fiasco du dossier Fortis est
aussi une belle occasion pour
l’État belge. Celle de prendre
ses responsabilités en matière
de politique économique ; celle
aussi d’offrir aux petits épargnants la sécurité financière
qu’ils méritent, via une grande
banque publique.
F
ortis, mais aussi Dexia, Ethias ou
encore KBC, ce sont plus de 20 milliards d’euros que nos gouvernements
ont mis sur la table pour sauver les
banques de la déroute. Chez nous,
comme partout dans le monde, on
assiste à la mise sous perfusion d’un
système capitaliste à bout de souffle !
Sans même s’interroger sur l’opportunité de sauver le capitalisme (rappelons-le quand même, cette doctrine
impose à tous les mêmes lois que
la guerre : chacun pour soi et que le
plus fort - le plus riche - gagne ; tout
va s’autoréguler), les gouvernements
ouvrent largement les bourses publiques. Par contre, ces mêmes gouvernements invoquent les « nécessaires
équilibres budgétaires » lorsqu’il s’agit
de venir en aide aux plus démunis...
Et quand l’État met la main au portefeuille, qui doit se serrer la ceinture
in fine ? Les services publics, bien
sûr ! Tant les agents que les usagers.
Des usagers des services publics qui
sont généralement déjà parmi les
plus faibles au sein de notre société.
Autrement dit, une fois de plus,
Reynders, l’homme qui continue à
parler à l’oreille des riches, affaiblit
encore les plus démunis pour renforcer les mieux nantis parmi les nantis !
Car c’est bien le contribuable qui paie
la facture de la faillite de la sacro-
sainte « autorégulation des marchés »
chère au néolibéralisme. Alors que les
banques continuent à frauder le fisc
sans vergogne par le biais des paradis
fiscaux pour assurer leur sauvetage,
l’État n’a pas hésité à s’endetter lourdement. Résultat, toujours pas de lutte
contre la grande fraude fiscale et l’augmentation de la charge de la dette
publique est passée à 450 millions d’euros, soit un coût annuel de 100 euros
par ménage (selon le bureau fédéral
du plan) ! Merci Didier Reynders.Alors
nous pensons que, puisque le contribuable paie, il doit en bénéficier :
l’État est aujourd’hui propriétaire de
Fortis à 100%, et bien qu’il le reste !
Pourquoi une banque publique ?
L’État pourra ainsi en maîtriser les
flux financiers, participer aux bénéfices et les réinvestir dans des projets
éthiques, utiles sur le plan social et
en faire profiter les citoyens et les
travailleurs.
Pour justifier les milliards injectés dans
les banques, notre libéral ministre des
finances a expliqué vouloir avant tout
protéger les épargnants. Peut-être.
Mais en cédant ensuite cette banque
après l’avoir assainie à BNP Paribas,
il privatise une fois de plus une entreprise après en avoir collectivisé les
pertes ! Protéger les petits épargnants,
ce serait plutôt leur offrir la sécurité et
la solidité d’une vraie banque publique. Le « non » des actionnaires de
Fortis à BNP Paribas nous en donne
l’occasion. En devenant une banque
publique, Fortis devrait aussi se recentrer sur les missions essentielles d’une
banque : récolter l’argent sous forme
de dépôts et le transformer en crédits,
afin d’encourager les investissements
dans des projets éthiques de développement durable qui, à leur tour,
viendront soutenir l’emploi.
Épargner, en toute sécurité...
En tant qu’organisme public, Fortis
banque pourrait être gérée sans impératifs de profits à court terme.Elle pourrait alors bannir de ses préoccupations
toute activité spéculative et ainsi
éviter de faire courir à ses clients des
risques qu’ils n’ont pas choisis. Souvenons-nous du temps où la loi belge
distinguait clairement épargne et
finance,interdisant même aux banques
de mélanger les genres.Les épargnants
avaient alors le choix de prendre des
risques ou non avec leurs économies en
choisissant les banques où les déposer.
Aujourd’hui, ils n’ont plus le choix
puisque la loi permet aux banques
d’épargne de se lancer dans les spéculations financières sans aucun gardefou. Et elles ne s’en privent pas.Ainsi,
même si les petits épargnants ne veulent pas spéculer, les banques le font
avec leur argent mais certes pas pour
eux : le but est bien de maximiser les
profits de la banque, pas de l’épargnant. On a vu le résultat !
Une banque publique fonctionne avec
une tout autre approche.
À chacun son métier...
Ce n’est pas le métier des pouvoirs
publics, rétorqueront certains. Mais
ce n’est pas ce qu’on leur demande
répondrons-nous. L’Autorité publique
n’est là que pour baliser les objectifs
de l’institution bancaire : priorité aux
projets économiques et sociaux et non
à la réalisation de bénéfices à court
terme. Les parlementaires auront un
rôle primordial à jouer en exerçant un
contrôle démocratique sur la banque
publique qui doit rester au service de
l’intérêt général, d’une économie
durable et de l’emploi. Garder Fortis
aux mains de l’État, ce serait aussi la
garantie de maintenir le centre de
décision en Belgique.
Loin d’un retour en arrière, la création
d’une banque publique se justifie
aujourd’hui plus que jamais. Les banques privées viennent elles-mêmes
d’en faire la preuve ! La crise actuelle,
véritable faillite du système capitaliste et de son dogme du marché autorégulé,fait elle-même la démonstration
que les pouvoirs publics doivent, plus
que jamais, maîtriser l’organisation de
la société. Elle nous offre par là même
une formidable occasion de réaffirmer
haut et fort la légitimité des services
publics en réponse aux besoins sociaux.
Ne la manquons pas !
Alain Lambert,
Vice-président de la CGSP fédérale.
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3
GENERALE
Droits syndicaux?
Attention danger!
Chaque année, la Confédération syndicale internationale
(CSI) publie son « Rapport annuel sur la violation des droits
syndicaux ». Par ce biais, la CSI entend présenter une vue
d’ensemble des principales violations commises et dont,
précise-t-elle, « les conséquences se sont avérées fatales dans
de nombreux cas ».
E
nlèvements, intimidations,emprisonnements, assassinats... La liste
des méthodes de répression contre les
syndicats est bien connue. Cependant, la CSI déplore que le nombre
de pays réprimant le plus fortement
l’activité syndicale soit en hausse
constante. Dans cette catégorie peu
reluisante, le Zimbabwe, la Guinée,
le Pakistan, le Népal et le Honduras
ont rejoint la Colombie, la Birmanie,
la Biélorussie,le Soudan,le Swaziland
et les Philippines. Le record le plus
déplorable continue d’être détenu
par la Colombie où 39 syndicalistes
ont été assassinés en 2007, en toute
impunité.
Il serait faux de croire que l’activité
syndicale n’est compromise que
dans ces pays, ce ne sont là que les
exemples les plus intolérables.
Nombreux sont les États qui interdisent, purement et simplement,
la constitution de syndicats ou en
limitent très fortement la capacité
d’action. Ainsi le rapport de la
CSI démontre que « le concept de
“services essentiels” est abusivement
utilisé par les gouvernements pour
priver des catégories de travailleurs
du droit de grève, de négociation collective, voire du droit d’organisation ».
Ces droits sont pourtant reconnus
par plusieurs conventions internationales.
Ajoutons à cela, la problématique
des zones franches d’exportation
qui sont, pour les travailleurs, de
véritables zones franches d’exploitation où les syndicats sont interdits
et les droits fondamentaux systématiquement bafoués.
GENERALE
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FEVRIER 2009
L’énumération de ces lointaines
contrées ne doit pas nous donner
l’illusion qu’ici,en Europe,tout va pour
le mieux. Bien au contraire, le rapport de la CSI souligne combien les
droits syndicaux ne peuvent, dans
aucune partie du globe, être considérés comme acquis. Cette remarque
s’applique également « à un grand
nombre des bastions traditionnels du
syndicalisme ». Il cible ainsi la jurisprudence récente de la Cour de
Justice des Communautés européennes dans les arrêts Laval et
Viking, en vertu de laquelle « lorsque
les intérêts commerciaux et sociaux
entrent en conflit, l’interprétation de la
loi a peu de chances de favoriser la protection des droits des travailleurs et des
droits syndicaux ». La CSI considère
que ces « jugements rendus [...] ont
sérieusement remis en cause des droits
qui étaient jusque-là considérés comme
acquis » dans nos régions.
En ce qui concerne plus particulièrement la Belgique, la CSI note
que, malgré les protections légales,
l’activité syndicale est fortement
malmenée. Son rapport condamne
le recours accru aux astreintes qui
« pénalise lourdement le droit de
grève » et fait état des tentatives
d’instauration d’un service minimum.
En conclusion, la CSI déplore une
recrudescence des mesures antisyndicales et, parmi celles-ci, elle
épingle le recours accru à la flexibilisation du travail « forçant les
travailleuses et travailleurs à accepter
des contrats temporaires et à temps
partiel ».Voilà pourquoi nous n’avons
de cesse de dénoncer les initiatives européennes prônant la flexicurité ou le démantèlement du droit
du travail.
Dans ce monde où domine le
pouvoir de la finance et où la
maximisation du profit est devenue
la règle, les travailleurs n’ont que
leur solidarité pour se défendre et
revendiquer de nouveaux droits.
L’organisation syndicale est le lieu
où s’organise cette solidarité, elle
est donc en mesure d’exiger une
répartition des richesses plus juste
au profit de l’ensemble de la population et cette possibilité effraie
certains qui s’emploient dès lors
à remettre en cause son action
par tous les moyens juridiques et
politiques.
La FGTB ne s’y est pas trompée
lorsqu’elle a choisi pour nouveau
slogan « Ensemble on est plus forts »
et c’est cette Solidarité, qu’il nous
appartient de construire et de renforcer au quotidien !
Laurent Pirnay
Secrétaire général adjoint
Soutenez-les !
Le monde universitaire a lancé une pétition en ligne qui dénonce
l’immobilisme gouvernemental face à la situation de désespoir dans
laquelle sont plongés les sans-papiers. Le monde syndical ne peut
rester à l’écart de cette importante initiative et tient à manifester son
soutien aux sans-papiers sur leur chemin vers la dignité.
En signant la pétition, vous montrez votre indignation par rapport à
l’attitude du gouvernement dans ce dossier et vous réclamez la mise
en place de critères clairs pour la régularisation des sans-papiers avec
notamment la prise en compte de l’ancrage local durable.
Rendez-vous sur : www.sans-papiers.be
Le rouge
Camarades,
est mis...
Voici quelques mois déjà,
je vous faisais part des difficultés que rencontraient
plusieurs de nos secteurs dans le cadre de leurs négociations avec le gouvernement wallon de centregauche.
Nous commencions fortement à douter de la fameuse
théorie des couleurs.
L’orange foncé semblait se rapprocher de plus en plus
du bleu ; le rouge était-il devenu une couleur passée,
lessivée par les affres du néolibéralisme et de la pensée unique dominante ?
De réelles avancées en termes
d’évolution de carrière ont été
engrangées ; pour la première
fois dans la fonction publique
wallonne, des promotions
dites « automatiques » vont être instaurées à tous
niveaux (du A jusqu’au D).
Concrètement en 2009, ce seront plus de 1000 promotions, et ainsi des améliorations de pouvoir d’achat,
qui seront accordées.
De plus, une des principales revendications de
la CGSP a également été rencontrée, à savoir la
« statutarisation » du personnel contractuel lauréat
d’un concours SELOR.
En effet, tant à la Société régionale wallonne des
transports (SRWT) que dans des organismes d’intérêt
public wallons ou encore au tout nouveau Service
public de Wallonie, on avait la désagréable impression que la concertation sociale n’était plus le modèle
de dialogue qui avait prévalu jusqu’alors, que les
projets de réforme des services publics wallons
n’étaient plus négociés, mais imposés !
Il n’était, en effet, plus concevable de maintenir dans
un lien contractuel des agents qui, pour certains,
avaient réussi voici déjà près de neuf ans des concours
de recrutement pour la fonction publique wallonne.
De plus, l’esprit des ces réformes ne rencontrait ni
l’intérêt des travailleurs ni celui des usagers des services publics.
Certes, cet accord n’a pas rencontré toutes nos revendications mais la balance a clairement penché du côté
de celles-ci.
Face à ces attaques en règle, la CGSP a réagi. Elle a
tout d’abord eu à cœur de maintenir le dialogue avec
l’autorité politique ; elle a ensuite fait des contrepropositions en vue d’infléchir la logique bleue que
l’on s’étonnait de retrouver au sein d’une majorité
orangée.
Subsiste encore le dossier du statut spécifique des
OIP wallons que nous ne désespérons pas de voir
aboutir dans les prochains mois.
La balle était désormais dans le camp de nos ministres.
Allaient-ils s’engager dans la voie de l’amélioration des conditions de travail et d’un meilleur
service au public ? Étaient-ils prêts à avancer dans
l’esprit qui devait être celui d’une coalition rouge clair
ou orange foncé ?
Une première réponse nous a été fournie début
décembre 2008 avec la signature d’un protocole
d’accord sur la réforme de l’administration wallonne
(ministère et organismes d’intérêt public, OIP).
Cette mesure dont les effets s’étendront jusqu’à
fin 2010 suscite un réel espoir de nomination pour
des centaines de contractuels de l’administration
wallonne, ministère et OIP confondus.
Nous espérons maintenant que l’effet d’émulation
s’étendra aux autres secteurs toujours en phase de
négociation avec le pouvoir politique wallon.
Chers camarades, l’arrivée prochaine du printemps
sonnera-t-elle le glas du bleu tristounet qui commençait insidieusement à s’installer ?
On ne peut que l’espérer ! Quant au rouge, couleur
des cerises, il semble bien être de retour.
Francis WÉGIMONT
Secrétaire général
IRW/CGSP
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GENERALE
Les clivages idéologiques
au Parlement européen
Ce 7 juin 2009, nous élisons 24 eurodéputés pour nous représenter au Parlement européen. Les députés ainsi élus sont censés représenter l’intérêt de tous les citoyens européens. C’est
pourquoi ils ne siègent pas par délégations nationales mais
se regroupent suivant leurs affinités idéologiques en groupes
politiques transnationaux.
A
u Parlement européen (PE),
nos élus rejoignent, pour la
plupart, un des sept groupes
politiques qui structurent cette
assemblée selon les résultats
électoraux et organisent tout le
travail parlementaire. Bien qu’il
existe des partis politiques transnationaux à l’échelle européenne1,
(par ex. le Parti Socialiste Européen), il faut constater que les
élections européennes sont organisées par pays et sur base de
listes nationales (à l’exception
du Parti Vert Européen qui a
décidé de mettre sur pied une
campagne commune paneuropéenne pour ces élections). Difficile
dans ces conditions de favoriser
une représentation démocratique
européenne !
Une fois élu, le parlementaire
européen rejoint le groupe politique
dont il se sent le plus proche, souvent aidé en cela par les instances
dirigeantes de son parti national
qui a adhéré à l’un ou l’autre parti
politique européen en lien avec
l’un des sept groupes politiques.
Il est cependant possible pour un
parlementaire de siéger en tant
que « non-inscrit » ; cela signifie
qu’il n’appartient à aucun groupe
politique. C’est dans cette catégorie que se retrouve une grande
partie des élus d’extrême droite.
Or, il est important pour les eurodéputés de se réunir au sein
d’un groupe politique. Car, plus
un groupe est imposant, plus il
reçoit de fonds européens, plus il
obtient des postes clés dans les
GENERALE
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FEVRIER 2009
commissions parlementaires (qui
discutent les textes législatifs
européens) et plus il a de temps
de parole lors des débats. Il est
donc nécessaire de connaître les
positions idéologiques de chaque
groupe politique afin d’apprécier
à leur juste valeur le futur rattachement européen de nos élus
partisans belges.
Dans l’ordre de majorité actuelle,
voici les positions idéologiques
au sein du Parlement européen :
■ le centre-droit : le groupe du
Parti Populaire Européen (démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens (PPE-DE) ;
■ les socialistes : le groupe Socialiste
au Parlement Européen (PSE) ;
■ les «libéraux» et «démocrates» :
le groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) ;
■ les verts et régionalistes/nationalistes : le groupeVerts-Alliance
Libre Européenne (V-ALE) ;
■ les anti-fédéralistes de droite :
le groupe Union pour l’Europe des
Nations (UEN) ;
■ les (ex-)communistes : le groupe
confédéral de la Gauche Unitaire
Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE-NGL) ;
■ les eurosceptiques : le groupe
Indépendance-Démocratie (ID).
Au Parlement européen, le clivage
traditionnel gauche/droite se double d’un clivage européen opposant les fédéralistes 2 aux souverainistes 3 (voire franchement
eurosceptiques4). De ce fait, certaines alliances européennes
peuvent paraître incongrues aux
yeux de l’électeur belge.
Du côté des forces de gauche,
le rassemblement ne semble pas
à l’ordre du jour. Le groupe socialiste est écartelé entre les partisans d’une alliance « rouge-verte »
et ceux qui, majoritaires au sein du
PSE, favorisent une traditionnelle
cogestion du Parlement avec le
groupe démocrate-chrétien ; mais
il n’envisage pas un rapprochement avec les (ex-)communistes,
malgré la crise économique et
l’appel français à un front des
forces de gauche.
Cette brève description montre
à quel point la structuration
du PE est complexe et nuit à la
constitution d’une véritable force
de gauche en son sein. C’est pourquoi l’IRW-CGSP plaide pour
une transformation profonde des
partis politiques de gauche qui
doivent (re)devenir des structures
de transformation sociale !
Comment créer un groupe
politique au PE ?
Depuis l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007,
le nombre minimum requis pour
constituer un groupe politique
est fixé à 20 députés, issus d’au
moins un cinquième des États
membres de l’UE, c’est-à-dire
d’au moins six États membres.
1
Les partis politiques européens sont
différents des groupes politiques au
Parlement européen ; cependant, ils sont
souvent affiliés à ces groupes (qui peuvent être des alliances de plus d’un parti
politique européen, ou éventuellement
des alliances entre des partis et des indépendants).
2
En faveur d’un renforcement de l’intégration européenne.
3
Contre un renforcement de l’intégration européenne.
4
Contre l’intégration européenne.
Appel de Belém
Pour un nouveau système
économique et social
Un contrôle public des mouvements de capitaux, une fiscalité juste
et progressive au service d’un nouveau système de répartition
égalitaire des richesses : ce sont quelques-unes des propositions
de « Mettons la finance à sa place », l’un des appels lancés à Belém
(Brésil) en février 2009 par les 130000 participants au 8 e Forum social
mondial (FSM) au rang desquels se trouvait la FGTB.
Mettons la finance
à sa place !
La crise financière est une crise
systémique qui s’inscrit dans le
contexte de crises globales multiples
(climatique, alimentaire, énergétique, sociale...) et d’un nouvel équilibre des puissances.
Cette crise résulte de trente ans de
transferts des revenus du travail vers
Nos revendications :
• Mettre les Nations unies, réformées
et démocratisées, au cœur de la
réforme du système financier, car le
G20 n’est pas un forum légitime
pour apporter les réponses adéquates à cette crise systémique.
• Établir des mécanismes internationaux, permanents et contraignants,
de contrôle des mouvements de
capitaux.
• Mettre en œuvre un système monétaire international fondé sur un nouveau système de réserve et incluant
la création de monnaies de réserve
régionales, afin d’en finir avec la
suprématie du dollar et d’assurer la
stabilité financière internationale.
• Mettre en œuvre un mécanisme global de contrôle public et citoyen des
banques et des institutions financières. L’intermédiation financière
le capital, tendance qu’il faut inverser. Elle est la conséquence d’un
système de production capitaliste
fondé sur le laissez-faire et qui se
nourrit de l’accumulation des profits à court terme par une minorité,
des déséquilibres financiers internationaux, de la répartition inégale
des richesses, d’un système commercial injuste, de la perpétration
et l’accumulation de dettes irresdoit être reconnue comme un service
public garanti à tous les citoyens du
monde et doit être sortie des accords
commerciaux de libre échange.
• Interdire les fonds spéculatifs et les
marchés de gré à gré, sur lesquels
sont échangés les produits dérivés et
autres produits toxiques hors de tout
contrôle public.
• Éradiquer la spéculation sur les
matières premières,à commencer par
les produits alimentaires et énergétiques, par la mise en œuvre de mécanismes publics de stabilisation des prix.
• Démanteler les paradis fiscaux, sanctionner leurs utilisateurs (individus,
compagnies,banques et intermédiaires
financiers) et créer une organisation
fiscale internationale chargée d’enrayer
la concurrence et l’évasion fiscales.
• Annuler la dette insoutenable et illégitime des pays appauvris et établir
ponsables, écologiques et illégitimes, du pillage des ressources
naturelles et de la privatisation des
services publics. Cette crise frappe
l’humanité dans son ensemble, à
commencer par les plus vulnérables
(les travailleurs, les chômeurs, les
paysans, les migrants, les femmes...)
et les pays du Sud, qui sont victimes
d’une crise dont ils ne sont en rien
responsables.
Les moyens utilisés pour sortir de
la crise se limitent à socialiser les
pertes en vue de sauver, sans réelle
contrepartie, le système financier
à l’origine du cataclysme actuel.
Où sont les moyens pour les populations qui sont victimes de la crise ?
Le monde n’a pas seulement besoin
de régulations, mais d’un nouveau
paradigme qui ramène la sphère
financière au service d’un nouveau
système démocratique fondé sur
la satisfaction de tous les droits
humains, le travail décent, la souveraineté alimentaire, le respect
de l’environnement, la diversité
culturelle, l’économie sociale et
solidaire et une nouvelle conception
de la richesse.
un système responsable, démocratique et juste de financement souverain au service du développement
durable et équitable.
• Établir un nouveau système international de répartition des richesses
par la mise en œuvre d’une fiscalité
plus progressive au niveau national
et par la création de taxes globales
(sur les transactions financières, sur
les activités polluantes et sur les
grosses fortunes) pour financer les
biens publics mondiaux.
Nous appelons les associations, les
syndicats et les mouvements sociaux
à converger pour créer un rapport de
force citoyen en faveur de ce nouveau
modèle. Nous les appelons à multiplier
les mobilisations partout dans le
monde, notamment face au G20, dès
le 28 mars 2009.
▲ Pour signer : Via le site : http://www.choike.org/gcrisis • Par e-mail à [email protected]
FEVRIER 2009
7
GENERALE
Quel militant n’a jamais entendu asséner par un représentant de
l’autorité l’argument massue : « c’est une décision de l’Europe ! ».
Et les médias étrangers se plaisent à répéter ces petites phrases :
« Bruxelles a décidé », « les quotas édictés par Bruxelles », ...
« L’Europe », « Bruxelles » : les mots sont lâchés !
t en tant que
E
syndicalistes
bruxellois et en tant
qu’Européens, cela
ne peut que nous
faire bondir !
Bien sûr, ni le gouvernement bruxellois ni les habitants de Bruxelles ne
décident rien pour « l’Europe ». Ce manque de rigueur dans les termes utilisés
est symptomatique d’une méconnaissance des institutions et des processus
de décision européens.
Qui décide ? Sur quelles bases ?
Dans quel but ? Et comment ?
Le 28 janvier dernier, l’Interrégionale
de Bruxelles a organisé une journée
d’information et de sensibilisation aux
questions syndicales européennes.
Une centaine de militants francophones et néerlandophones issus de
tous les secteurs de l’Interrégionale
ont pu assister à cet événement.
Lors de la matinée, le Camarade
Laurent Pirnay, Secrétaire général
adjoint de l’IRW-CGSP, a expliqué de
façon détaillée les arcanes des décisions prises par l’Union européenne.
Il nous a guidé dans le dédale des
institutions européennes (Parlement,
Commission, Conseil, etc.) et expliqué le fonctionnement de celles-ci.
Et force est de constater que l’expression
démocratique de la volonté des citoyens
de l’Union se heurte à bien des obstacles : intérêts nationaux, lobbies...
Un petit exemple : lorsque le commissaire européen en charge de la santé
publique lance sa campagne pour
une alimentation saine, il associe à
la conférence de presse les patrons
de Danone et de Coca-Cola... Ce qui
équivaut, toutes proportions gardées,
à associer les marchands de canons à
des pourparlers de paix !
Quels sont les principes fondamentaux
qui guident les décisions de l’Union ?
L’un d’entre eux prime sur tous les
autres : la libre circulation des perGENERALE
8
FEVRIER 2009
sonnes, des services, des marchandises,
et des capitaux, ainsi que la liberté
d’établissement, sont garanties par
l’Union et à l’intérieur de celle-ci, conformément à la Constitution (sic).
Tout est dit, et le constat n’est guère encourageant.
Ni les droits fondamentaux qui nous
sont chers (santé, enseignement, logement, travail...), ni les libertés garanties par la Constitution belge (presse,
conscience, expression, association)
ne sont les motivations premières de
l’Union européenne.
Encore moins le respect des conquêtes
sociales obtenues de haute lutte par
les travailleurs.
La libre-circulation est un dogme pour
l’Europe, et comme tous les dogmes,
il ne peut souffrir de contradictions.
L’Union européenne et ses supporters
tentent donc de marginaliser les défenseurs des conquis sociaux : si on n’est
pas pour plus de « flexibilité », de « libre
concurrence », on est un dangereux
réactionnaire ! On ne pourrait être
progressiste sans être d’accord avec les
politiques de l’Union européenne...
Alors donnons son vrai nom au « progressisme » de l’UE : l’ultralibéralisme !
Et ce n’est bien évidemment pas là
notre vision du progrès. Ce que nous
voulons, c’est un progrès humain et
solidaire, pour plus de justice sociale...
Heureusement, la riposte s’organise.
Les organisations syndicales ont appris
à connaître leur « ennemi »,et ont appris
comment et où agir : la récente « euromanif » du 16 décembre dernier à Strasbourg a conduit le Parlement européen
a modifier dans le sens que nous souhaitions le projet de directive « temps de
travail ». Un des intérêts de bien comprendre les structures et les processus de
décision de l’UE, c’est aussi de permettre d’agir où il faut quand il le faut.
Lors de l’après-midi du 28 janvier, la
Camarade Carola Fischbach-Pyttel,
Secrétaire générale de la FSESP, nous
a expliqué comment fonctionnait la
Fédération syndicale européenne des
services publics.
Avec plus de 200 organisations membres sur le continent européen, représentant 8 millions de membres, la
FSESP est une organisation pluraliste
avec des syndicats membres marqués
par des cultures très différentes, aussi
au niveau belge. Cette diversité est
un atout, mais en même temps un
défi car il faut fédérer ces différentes
approches du travail syndical.
Ce qui explique pourquoi les positions
de la CGSP, malgré son implication
importante dans la FSESP ne sont
pas toujours celles prises in fine par
la Fédération...
La CGSP doit donc encore renforcer
sa présence et son action sur la scène
syndicale européenne : tous les secteurs
de notre Centrale sont concernés,
à des degrés divers.
Parce que l’Europe sociale, l’Europe
des travailleurs à laquelle nous aspirons, passe par la création d’un contrepouvoir fort pour lutter contre la vision
actuelle de l’Union européenne.
Parce que nous ne voulons pas de cette
Union dirigée par des technocrates,
cette Union qui bafoue la laïcité qui
nous est chère.
Parce que nous ne voulons pas de cette
Union qui limite le rôle de l’État à
des fonctions coercitives au service
du marché, qui proclame que nous
n’avons plus besoin des services publics
car le « marché assure habituellement
la répartition optimale des ressources... ».
Parce que nous voulons une Fédération européenne démocratique et
laïque, au service des travailleurs et
des citoyens.
Parce que nous voulons une Fédération européenne où l’État joue pleinement son rôle de redistributeur des
richesses, de régulateur du marché, et
occupe des terrains stratégiques (eau,
énergie, transports, santé, enseignement...).
Parce que nous voulons une Fédération européenne dotée de services
publics au service de tous les citoyens
garantissant une vraie justice sociale.
Jean-Pierre Knaepenbergh
Secrétaire général
Interrégionale de Bruxelles
Dan Lecocq
Assistant Secrétaire général
Interrégionale de Bruxelles
Retrouvez cet article et les interventions de la journée du 28 janvier
sur www.cgsp-acod-bru.be (rubrique Interrégionale).

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