FORTIS, une banque publique? La chance à saisir ! Le ROUGE est
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FORTIS, une banque publique? La chance à saisir ! Le ROUGE est
TRIBUNE POSTE Membre de l'Union des Editeurs de la Presse Périodique Bureau de dépôt CHARLEROI X BelgiqueBelgïe PP-PB B386 MENSUEL - 65e ANNEE - N° 2 - 23 FÉVRIER 2009 En cas de non distribution, prière de bien vouloir renvoyer à l’adresse ci-dessus. Éditeur responsable : F. WÉGIMONT Place Fontainas 9/11 - 1000 Bruxelles P402047 Page 3 : Page 5 : Page 7 : FORTIS, une banque publique ? La chance à saisir ! Le ROUGE est mis… Forum social l’Appel de Belém Charleroi Brabant wallon Huy Le Comité régional intersectoriel des pensionné(e)s et prépensionné(e)s de la CGSP de Charleroi organise une À l’avenir, les permanences de la CGSP intersectorielle se tiendront le 4e vendredi du mois, de 10h à 12h (sauf durant les mois de juillet, août et décembre), dans les locaux de la régionale FGTB du Brabant wallon -rue du Géant, 4 à Nivelles. Permanences de Waremme dans les bureaux de la FGTB, rue du Baloir, 5. Changement d’horaire à partir de mars 2009 : 2e et 4e mercredis de chaque mois de 9h30 à 11h. visite à Achouffe le mardi 28 avril 8h30, départ de l’autocar rue de la Villette, derrière la Gare de Charleroi-Sud (coin de la rue Libioule). 10h, visite du Musée du grès et du jambon à La Roche-enArdenne. Le repas de midi sera pris au Centre Nature de Borzée. Après-midi visite de la Brasserie d’Achouffe. Retour vers 18h15. Réservation : le plus tôt possible et au plus tard mardi 7 avril par tél. 071 797 111. Coût : 35 € tout compris, à verser au compte n°877-2028501-50 de la CGSP de Charleroi avec la mention « visite 28 avril ». LA FINANCE ET LE CITOYEN OFFRE D’EMPLOI La FGTB de Namur cherche pour son service chômage : un(e) employé(e) sous contrat de formation PFI à temps plein. Conditions d’accès : chômeur complet indemnisé ou jeune en stage d’attente ; minimum requis graduat ; excellente connaissance écrite et orale de la langue française ; permis de conduire B. Envoyer candidature manuscrite et CV à : Michel Jaumain, chef de service chômage - rue Dewez, 40 5000 Namur - pour le 13 mars au plus tard. Infos : 081 649 900 Cycle de conférences Organisé par ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens). Crise, devoirs d’État et finance jeudi 12 mars - 19h30 - salle Gothot (ULg) • Invité : Benoît Dejemeppe • Conseiller à la Cour de cassation, maître de conférences aux facultés universitaires Saint-Louis et coauteur de l’Appel de Genève pour un espace judiciaire européen. Pour plus d’infos • ATTAC LiègeASBL • rue du Beau Mur,48 • • 4030 Liège • Tél.04 349 19 02 • [email protected] • • www.local.attac.org/liege • EXPOSITION du samedi 7 mars 2009 au dimanche 5 avril 2009 tous les jours de 10 à 20 heures les jeudis jusqu’à 22 heures Une histoire sociale de la Belgique à l’occasion du 100e anniversaire de la Centrale Générale de la FGTB Atelier des Tanneurs Rue des Tanneurs 58 • 1000 Bruxelles ENTRÉE 3 € – gratuit pour les -18, les +60, les étudiants et les demandeurs d’emploi. Visite guidée : 50 €. Plus d’infos : www.accg.be, www.pac-g.be, www.amsab.be. Info et réservation visites de groupes et guides : PAC, Nathalie Misson : 02 545 79 18 ou Franck Roland : 02 545 79 19 [email protected] ✂ ✂ GENERALE 2 Éditeur responsable : Francis WÉGIMONT - Place Fontainas, 9/11 - 1000 Bruxelles - tél. 02 508 58 11 FORTIS, une banque publique ? La chance à saisir ! Le fiasco du dossier Fortis est aussi une belle occasion pour l’État belge. Celle de prendre ses responsabilités en matière de politique économique ; celle aussi d’offrir aux petits épargnants la sécurité financière qu’ils méritent, via une grande banque publique. F ortis, mais aussi Dexia, Ethias ou encore KBC, ce sont plus de 20 milliards d’euros que nos gouvernements ont mis sur la table pour sauver les banques de la déroute. Chez nous, comme partout dans le monde, on assiste à la mise sous perfusion d’un système capitaliste à bout de souffle ! Sans même s’interroger sur l’opportunité de sauver le capitalisme (rappelons-le quand même, cette doctrine impose à tous les mêmes lois que la guerre : chacun pour soi et que le plus fort - le plus riche - gagne ; tout va s’autoréguler), les gouvernements ouvrent largement les bourses publiques. Par contre, ces mêmes gouvernements invoquent les « nécessaires équilibres budgétaires » lorsqu’il s’agit de venir en aide aux plus démunis... Et quand l’État met la main au portefeuille, qui doit se serrer la ceinture in fine ? Les services publics, bien sûr ! Tant les agents que les usagers. Des usagers des services publics qui sont généralement déjà parmi les plus faibles au sein de notre société. Autrement dit, une fois de plus, Reynders, l’homme qui continue à parler à l’oreille des riches, affaiblit encore les plus démunis pour renforcer les mieux nantis parmi les nantis ! Car c’est bien le contribuable qui paie la facture de la faillite de la sacro- sainte « autorégulation des marchés » chère au néolibéralisme. Alors que les banques continuent à frauder le fisc sans vergogne par le biais des paradis fiscaux pour assurer leur sauvetage, l’État n’a pas hésité à s’endetter lourdement. Résultat, toujours pas de lutte contre la grande fraude fiscale et l’augmentation de la charge de la dette publique est passée à 450 millions d’euros, soit un coût annuel de 100 euros par ménage (selon le bureau fédéral du plan) ! Merci Didier Reynders.Alors nous pensons que, puisque le contribuable paie, il doit en bénéficier : l’État est aujourd’hui propriétaire de Fortis à 100%, et bien qu’il le reste ! Pourquoi une banque publique ? L’État pourra ainsi en maîtriser les flux financiers, participer aux bénéfices et les réinvestir dans des projets éthiques, utiles sur le plan social et en faire profiter les citoyens et les travailleurs. Pour justifier les milliards injectés dans les banques, notre libéral ministre des finances a expliqué vouloir avant tout protéger les épargnants. Peut-être. Mais en cédant ensuite cette banque après l’avoir assainie à BNP Paribas, il privatise une fois de plus une entreprise après en avoir collectivisé les pertes ! Protéger les petits épargnants, ce serait plutôt leur offrir la sécurité et la solidité d’une vraie banque publique. Le « non » des actionnaires de Fortis à BNP Paribas nous en donne l’occasion. En devenant une banque publique, Fortis devrait aussi se recentrer sur les missions essentielles d’une banque : récolter l’argent sous forme de dépôts et le transformer en crédits, afin d’encourager les investissements dans des projets éthiques de développement durable qui, à leur tour, viendront soutenir l’emploi. Épargner, en toute sécurité... En tant qu’organisme public, Fortis banque pourrait être gérée sans impératifs de profits à court terme.Elle pourrait alors bannir de ses préoccupations toute activité spéculative et ainsi éviter de faire courir à ses clients des risques qu’ils n’ont pas choisis. Souvenons-nous du temps où la loi belge distinguait clairement épargne et finance,interdisant même aux banques de mélanger les genres.Les épargnants avaient alors le choix de prendre des risques ou non avec leurs économies en choisissant les banques où les déposer. Aujourd’hui, ils n’ont plus le choix puisque la loi permet aux banques d’épargne de se lancer dans les spéculations financières sans aucun gardefou. Et elles ne s’en privent pas.Ainsi, même si les petits épargnants ne veulent pas spéculer, les banques le font avec leur argent mais certes pas pour eux : le but est bien de maximiser les profits de la banque, pas de l’épargnant. On a vu le résultat ! Une banque publique fonctionne avec une tout autre approche. À chacun son métier... Ce n’est pas le métier des pouvoirs publics, rétorqueront certains. Mais ce n’est pas ce qu’on leur demande répondrons-nous. L’Autorité publique n’est là que pour baliser les objectifs de l’institution bancaire : priorité aux projets économiques et sociaux et non à la réalisation de bénéfices à court terme. Les parlementaires auront un rôle primordial à jouer en exerçant un contrôle démocratique sur la banque publique qui doit rester au service de l’intérêt général, d’une économie durable et de l’emploi. Garder Fortis aux mains de l’État, ce serait aussi la garantie de maintenir le centre de décision en Belgique. Loin d’un retour en arrière, la création d’une banque publique se justifie aujourd’hui plus que jamais. Les banques privées viennent elles-mêmes d’en faire la preuve ! La crise actuelle, véritable faillite du système capitaliste et de son dogme du marché autorégulé,fait elle-même la démonstration que les pouvoirs publics doivent, plus que jamais, maîtriser l’organisation de la société. Elle nous offre par là même une formidable occasion de réaffirmer haut et fort la légitimité des services publics en réponse aux besoins sociaux. Ne la manquons pas ! Alain Lambert, Vice-président de la CGSP fédérale. FEVRIER 2009 3 GENERALE Droits syndicaux? Attention danger! Chaque année, la Confédération syndicale internationale (CSI) publie son « Rapport annuel sur la violation des droits syndicaux ». Par ce biais, la CSI entend présenter une vue d’ensemble des principales violations commises et dont, précise-t-elle, « les conséquences se sont avérées fatales dans de nombreux cas ». E nlèvements, intimidations,emprisonnements, assassinats... La liste des méthodes de répression contre les syndicats est bien connue. Cependant, la CSI déplore que le nombre de pays réprimant le plus fortement l’activité syndicale soit en hausse constante. Dans cette catégorie peu reluisante, le Zimbabwe, la Guinée, le Pakistan, le Népal et le Honduras ont rejoint la Colombie, la Birmanie, la Biélorussie,le Soudan,le Swaziland et les Philippines. Le record le plus déplorable continue d’être détenu par la Colombie où 39 syndicalistes ont été assassinés en 2007, en toute impunité. Il serait faux de croire que l’activité syndicale n’est compromise que dans ces pays, ce ne sont là que les exemples les plus intolérables. Nombreux sont les États qui interdisent, purement et simplement, la constitution de syndicats ou en limitent très fortement la capacité d’action. Ainsi le rapport de la CSI démontre que « le concept de “services essentiels” est abusivement utilisé par les gouvernements pour priver des catégories de travailleurs du droit de grève, de négociation collective, voire du droit d’organisation ». Ces droits sont pourtant reconnus par plusieurs conventions internationales. Ajoutons à cela, la problématique des zones franches d’exportation qui sont, pour les travailleurs, de véritables zones franches d’exploitation où les syndicats sont interdits et les droits fondamentaux systématiquement bafoués. GENERALE 4 FEVRIER 2009 L’énumération de ces lointaines contrées ne doit pas nous donner l’illusion qu’ici,en Europe,tout va pour le mieux. Bien au contraire, le rapport de la CSI souligne combien les droits syndicaux ne peuvent, dans aucune partie du globe, être considérés comme acquis. Cette remarque s’applique également « à un grand nombre des bastions traditionnels du syndicalisme ». Il cible ainsi la jurisprudence récente de la Cour de Justice des Communautés européennes dans les arrêts Laval et Viking, en vertu de laquelle « lorsque les intérêts commerciaux et sociaux entrent en conflit, l’interprétation de la loi a peu de chances de favoriser la protection des droits des travailleurs et des droits syndicaux ». La CSI considère que ces « jugements rendus [...] ont sérieusement remis en cause des droits qui étaient jusque-là considérés comme acquis » dans nos régions. En ce qui concerne plus particulièrement la Belgique, la CSI note que, malgré les protections légales, l’activité syndicale est fortement malmenée. Son rapport condamne le recours accru aux astreintes qui « pénalise lourdement le droit de grève » et fait état des tentatives d’instauration d’un service minimum. En conclusion, la CSI déplore une recrudescence des mesures antisyndicales et, parmi celles-ci, elle épingle le recours accru à la flexibilisation du travail « forçant les travailleuses et travailleurs à accepter des contrats temporaires et à temps partiel ».Voilà pourquoi nous n’avons de cesse de dénoncer les initiatives européennes prônant la flexicurité ou le démantèlement du droit du travail. Dans ce monde où domine le pouvoir de la finance et où la maximisation du profit est devenue la règle, les travailleurs n’ont que leur solidarité pour se défendre et revendiquer de nouveaux droits. L’organisation syndicale est le lieu où s’organise cette solidarité, elle est donc en mesure d’exiger une répartition des richesses plus juste au profit de l’ensemble de la population et cette possibilité effraie certains qui s’emploient dès lors à remettre en cause son action par tous les moyens juridiques et politiques. La FGTB ne s’y est pas trompée lorsqu’elle a choisi pour nouveau slogan « Ensemble on est plus forts » et c’est cette Solidarité, qu’il nous appartient de construire et de renforcer au quotidien ! Laurent Pirnay Secrétaire général adjoint Soutenez-les ! Le monde universitaire a lancé une pétition en ligne qui dénonce l’immobilisme gouvernemental face à la situation de désespoir dans laquelle sont plongés les sans-papiers. Le monde syndical ne peut rester à l’écart de cette importante initiative et tient à manifester son soutien aux sans-papiers sur leur chemin vers la dignité. En signant la pétition, vous montrez votre indignation par rapport à l’attitude du gouvernement dans ce dossier et vous réclamez la mise en place de critères clairs pour la régularisation des sans-papiers avec notamment la prise en compte de l’ancrage local durable. Rendez-vous sur : www.sans-papiers.be Le rouge Camarades, est mis... Voici quelques mois déjà, je vous faisais part des difficultés que rencontraient plusieurs de nos secteurs dans le cadre de leurs négociations avec le gouvernement wallon de centregauche. Nous commencions fortement à douter de la fameuse théorie des couleurs. L’orange foncé semblait se rapprocher de plus en plus du bleu ; le rouge était-il devenu une couleur passée, lessivée par les affres du néolibéralisme et de la pensée unique dominante ? De réelles avancées en termes d’évolution de carrière ont été engrangées ; pour la première fois dans la fonction publique wallonne, des promotions dites « automatiques » vont être instaurées à tous niveaux (du A jusqu’au D). Concrètement en 2009, ce seront plus de 1000 promotions, et ainsi des améliorations de pouvoir d’achat, qui seront accordées. De plus, une des principales revendications de la CGSP a également été rencontrée, à savoir la « statutarisation » du personnel contractuel lauréat d’un concours SELOR. En effet, tant à la Société régionale wallonne des transports (SRWT) que dans des organismes d’intérêt public wallons ou encore au tout nouveau Service public de Wallonie, on avait la désagréable impression que la concertation sociale n’était plus le modèle de dialogue qui avait prévalu jusqu’alors, que les projets de réforme des services publics wallons n’étaient plus négociés, mais imposés ! Il n’était, en effet, plus concevable de maintenir dans un lien contractuel des agents qui, pour certains, avaient réussi voici déjà près de neuf ans des concours de recrutement pour la fonction publique wallonne. De plus, l’esprit des ces réformes ne rencontrait ni l’intérêt des travailleurs ni celui des usagers des services publics. Certes, cet accord n’a pas rencontré toutes nos revendications mais la balance a clairement penché du côté de celles-ci. Face à ces attaques en règle, la CGSP a réagi. Elle a tout d’abord eu à cœur de maintenir le dialogue avec l’autorité politique ; elle a ensuite fait des contrepropositions en vue d’infléchir la logique bleue que l’on s’étonnait de retrouver au sein d’une majorité orangée. Subsiste encore le dossier du statut spécifique des OIP wallons que nous ne désespérons pas de voir aboutir dans les prochains mois. La balle était désormais dans le camp de nos ministres. Allaient-ils s’engager dans la voie de l’amélioration des conditions de travail et d’un meilleur service au public ? Étaient-ils prêts à avancer dans l’esprit qui devait être celui d’une coalition rouge clair ou orange foncé ? Une première réponse nous a été fournie début décembre 2008 avec la signature d’un protocole d’accord sur la réforme de l’administration wallonne (ministère et organismes d’intérêt public, OIP). Cette mesure dont les effets s’étendront jusqu’à fin 2010 suscite un réel espoir de nomination pour des centaines de contractuels de l’administration wallonne, ministère et OIP confondus. Nous espérons maintenant que l’effet d’émulation s’étendra aux autres secteurs toujours en phase de négociation avec le pouvoir politique wallon. Chers camarades, l’arrivée prochaine du printemps sonnera-t-elle le glas du bleu tristounet qui commençait insidieusement à s’installer ? On ne peut que l’espérer ! Quant au rouge, couleur des cerises, il semble bien être de retour. Francis WÉGIMONT Secrétaire général IRW/CGSP FEVRIER 2009 5 GENERALE Les clivages idéologiques au Parlement européen Ce 7 juin 2009, nous élisons 24 eurodéputés pour nous représenter au Parlement européen. Les députés ainsi élus sont censés représenter l’intérêt de tous les citoyens européens. C’est pourquoi ils ne siègent pas par délégations nationales mais se regroupent suivant leurs affinités idéologiques en groupes politiques transnationaux. A u Parlement européen (PE), nos élus rejoignent, pour la plupart, un des sept groupes politiques qui structurent cette assemblée selon les résultats électoraux et organisent tout le travail parlementaire. Bien qu’il existe des partis politiques transnationaux à l’échelle européenne1, (par ex. le Parti Socialiste Européen), il faut constater que les élections européennes sont organisées par pays et sur base de listes nationales (à l’exception du Parti Vert Européen qui a décidé de mettre sur pied une campagne commune paneuropéenne pour ces élections). Difficile dans ces conditions de favoriser une représentation démocratique européenne ! Une fois élu, le parlementaire européen rejoint le groupe politique dont il se sent le plus proche, souvent aidé en cela par les instances dirigeantes de son parti national qui a adhéré à l’un ou l’autre parti politique européen en lien avec l’un des sept groupes politiques. Il est cependant possible pour un parlementaire de siéger en tant que « non-inscrit » ; cela signifie qu’il n’appartient à aucun groupe politique. C’est dans cette catégorie que se retrouve une grande partie des élus d’extrême droite. Or, il est important pour les eurodéputés de se réunir au sein d’un groupe politique. Car, plus un groupe est imposant, plus il reçoit de fonds européens, plus il obtient des postes clés dans les GENERALE 6 FEVRIER 2009 commissions parlementaires (qui discutent les textes législatifs européens) et plus il a de temps de parole lors des débats. Il est donc nécessaire de connaître les positions idéologiques de chaque groupe politique afin d’apprécier à leur juste valeur le futur rattachement européen de nos élus partisans belges. Dans l’ordre de majorité actuelle, voici les positions idéologiques au sein du Parlement européen : ■ le centre-droit : le groupe du Parti Populaire Européen (démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens (PPE-DE) ; ■ les socialistes : le groupe Socialiste au Parlement Européen (PSE) ; ■ les «libéraux» et «démocrates» : le groupe Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) ; ■ les verts et régionalistes/nationalistes : le groupeVerts-Alliance Libre Européenne (V-ALE) ; ■ les anti-fédéralistes de droite : le groupe Union pour l’Europe des Nations (UEN) ; ■ les (ex-)communistes : le groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE-NGL) ; ■ les eurosceptiques : le groupe Indépendance-Démocratie (ID). Au Parlement européen, le clivage traditionnel gauche/droite se double d’un clivage européen opposant les fédéralistes 2 aux souverainistes 3 (voire franchement eurosceptiques4). De ce fait, certaines alliances européennes peuvent paraître incongrues aux yeux de l’électeur belge. Du côté des forces de gauche, le rassemblement ne semble pas à l’ordre du jour. Le groupe socialiste est écartelé entre les partisans d’une alliance « rouge-verte » et ceux qui, majoritaires au sein du PSE, favorisent une traditionnelle cogestion du Parlement avec le groupe démocrate-chrétien ; mais il n’envisage pas un rapprochement avec les (ex-)communistes, malgré la crise économique et l’appel français à un front des forces de gauche. Cette brève description montre à quel point la structuration du PE est complexe et nuit à la constitution d’une véritable force de gauche en son sein. C’est pourquoi l’IRW-CGSP plaide pour une transformation profonde des partis politiques de gauche qui doivent (re)devenir des structures de transformation sociale ! Comment créer un groupe politique au PE ? Depuis l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007, le nombre minimum requis pour constituer un groupe politique est fixé à 20 députés, issus d’au moins un cinquième des États membres de l’UE, c’est-à-dire d’au moins six États membres. 1 Les partis politiques européens sont différents des groupes politiques au Parlement européen ; cependant, ils sont souvent affiliés à ces groupes (qui peuvent être des alliances de plus d’un parti politique européen, ou éventuellement des alliances entre des partis et des indépendants). 2 En faveur d’un renforcement de l’intégration européenne. 3 Contre un renforcement de l’intégration européenne. 4 Contre l’intégration européenne. Appel de Belém Pour un nouveau système économique et social Un contrôle public des mouvements de capitaux, une fiscalité juste et progressive au service d’un nouveau système de répartition égalitaire des richesses : ce sont quelques-unes des propositions de « Mettons la finance à sa place », l’un des appels lancés à Belém (Brésil) en février 2009 par les 130000 participants au 8 e Forum social mondial (FSM) au rang desquels se trouvait la FGTB. Mettons la finance à sa place ! La crise financière est une crise systémique qui s’inscrit dans le contexte de crises globales multiples (climatique, alimentaire, énergétique, sociale...) et d’un nouvel équilibre des puissances. Cette crise résulte de trente ans de transferts des revenus du travail vers Nos revendications : • Mettre les Nations unies, réformées et démocratisées, au cœur de la réforme du système financier, car le G20 n’est pas un forum légitime pour apporter les réponses adéquates à cette crise systémique. • Établir des mécanismes internationaux, permanents et contraignants, de contrôle des mouvements de capitaux. • Mettre en œuvre un système monétaire international fondé sur un nouveau système de réserve et incluant la création de monnaies de réserve régionales, afin d’en finir avec la suprématie du dollar et d’assurer la stabilité financière internationale. • Mettre en œuvre un mécanisme global de contrôle public et citoyen des banques et des institutions financières. L’intermédiation financière le capital, tendance qu’il faut inverser. Elle est la conséquence d’un système de production capitaliste fondé sur le laissez-faire et qui se nourrit de l’accumulation des profits à court terme par une minorité, des déséquilibres financiers internationaux, de la répartition inégale des richesses, d’un système commercial injuste, de la perpétration et l’accumulation de dettes irresdoit être reconnue comme un service public garanti à tous les citoyens du monde et doit être sortie des accords commerciaux de libre échange. • Interdire les fonds spéculatifs et les marchés de gré à gré, sur lesquels sont échangés les produits dérivés et autres produits toxiques hors de tout contrôle public. • Éradiquer la spéculation sur les matières premières,à commencer par les produits alimentaires et énergétiques, par la mise en œuvre de mécanismes publics de stabilisation des prix. • Démanteler les paradis fiscaux, sanctionner leurs utilisateurs (individus, compagnies,banques et intermédiaires financiers) et créer une organisation fiscale internationale chargée d’enrayer la concurrence et l’évasion fiscales. • Annuler la dette insoutenable et illégitime des pays appauvris et établir ponsables, écologiques et illégitimes, du pillage des ressources naturelles et de la privatisation des services publics. Cette crise frappe l’humanité dans son ensemble, à commencer par les plus vulnérables (les travailleurs, les chômeurs, les paysans, les migrants, les femmes...) et les pays du Sud, qui sont victimes d’une crise dont ils ne sont en rien responsables. Les moyens utilisés pour sortir de la crise se limitent à socialiser les pertes en vue de sauver, sans réelle contrepartie, le système financier à l’origine du cataclysme actuel. Où sont les moyens pour les populations qui sont victimes de la crise ? Le monde n’a pas seulement besoin de régulations, mais d’un nouveau paradigme qui ramène la sphère financière au service d’un nouveau système démocratique fondé sur la satisfaction de tous les droits humains, le travail décent, la souveraineté alimentaire, le respect de l’environnement, la diversité culturelle, l’économie sociale et solidaire et une nouvelle conception de la richesse. un système responsable, démocratique et juste de financement souverain au service du développement durable et équitable. • Établir un nouveau système international de répartition des richesses par la mise en œuvre d’une fiscalité plus progressive au niveau national et par la création de taxes globales (sur les transactions financières, sur les activités polluantes et sur les grosses fortunes) pour financer les biens publics mondiaux. Nous appelons les associations, les syndicats et les mouvements sociaux à converger pour créer un rapport de force citoyen en faveur de ce nouveau modèle. Nous les appelons à multiplier les mobilisations partout dans le monde, notamment face au G20, dès le 28 mars 2009. ▲ Pour signer : Via le site : http://www.choike.org/gcrisis • Par e-mail à [email protected] FEVRIER 2009 7 GENERALE Quel militant n’a jamais entendu asséner par un représentant de l’autorité l’argument massue : « c’est une décision de l’Europe ! ». Et les médias étrangers se plaisent à répéter ces petites phrases : « Bruxelles a décidé », « les quotas édictés par Bruxelles », ... « L’Europe », « Bruxelles » : les mots sont lâchés ! t en tant que E syndicalistes bruxellois et en tant qu’Européens, cela ne peut que nous faire bondir ! Bien sûr, ni le gouvernement bruxellois ni les habitants de Bruxelles ne décident rien pour « l’Europe ». Ce manque de rigueur dans les termes utilisés est symptomatique d’une méconnaissance des institutions et des processus de décision européens. Qui décide ? Sur quelles bases ? Dans quel but ? Et comment ? Le 28 janvier dernier, l’Interrégionale de Bruxelles a organisé une journée d’information et de sensibilisation aux questions syndicales européennes. Une centaine de militants francophones et néerlandophones issus de tous les secteurs de l’Interrégionale ont pu assister à cet événement. Lors de la matinée, le Camarade Laurent Pirnay, Secrétaire général adjoint de l’IRW-CGSP, a expliqué de façon détaillée les arcanes des décisions prises par l’Union européenne. Il nous a guidé dans le dédale des institutions européennes (Parlement, Commission, Conseil, etc.) et expliqué le fonctionnement de celles-ci. Et force est de constater que l’expression démocratique de la volonté des citoyens de l’Union se heurte à bien des obstacles : intérêts nationaux, lobbies... Un petit exemple : lorsque le commissaire européen en charge de la santé publique lance sa campagne pour une alimentation saine, il associe à la conférence de presse les patrons de Danone et de Coca-Cola... Ce qui équivaut, toutes proportions gardées, à associer les marchands de canons à des pourparlers de paix ! Quels sont les principes fondamentaux qui guident les décisions de l’Union ? L’un d’entre eux prime sur tous les autres : la libre circulation des perGENERALE 8 FEVRIER 2009 sonnes, des services, des marchandises, et des capitaux, ainsi que la liberté d’établissement, sont garanties par l’Union et à l’intérieur de celle-ci, conformément à la Constitution (sic). Tout est dit, et le constat n’est guère encourageant. Ni les droits fondamentaux qui nous sont chers (santé, enseignement, logement, travail...), ni les libertés garanties par la Constitution belge (presse, conscience, expression, association) ne sont les motivations premières de l’Union européenne. Encore moins le respect des conquêtes sociales obtenues de haute lutte par les travailleurs. La libre-circulation est un dogme pour l’Europe, et comme tous les dogmes, il ne peut souffrir de contradictions. L’Union européenne et ses supporters tentent donc de marginaliser les défenseurs des conquis sociaux : si on n’est pas pour plus de « flexibilité », de « libre concurrence », on est un dangereux réactionnaire ! On ne pourrait être progressiste sans être d’accord avec les politiques de l’Union européenne... Alors donnons son vrai nom au « progressisme » de l’UE : l’ultralibéralisme ! Et ce n’est bien évidemment pas là notre vision du progrès. Ce que nous voulons, c’est un progrès humain et solidaire, pour plus de justice sociale... Heureusement, la riposte s’organise. Les organisations syndicales ont appris à connaître leur « ennemi »,et ont appris comment et où agir : la récente « euromanif » du 16 décembre dernier à Strasbourg a conduit le Parlement européen a modifier dans le sens que nous souhaitions le projet de directive « temps de travail ». Un des intérêts de bien comprendre les structures et les processus de décision de l’UE, c’est aussi de permettre d’agir où il faut quand il le faut. Lors de l’après-midi du 28 janvier, la Camarade Carola Fischbach-Pyttel, Secrétaire générale de la FSESP, nous a expliqué comment fonctionnait la Fédération syndicale européenne des services publics. Avec plus de 200 organisations membres sur le continent européen, représentant 8 millions de membres, la FSESP est une organisation pluraliste avec des syndicats membres marqués par des cultures très différentes, aussi au niveau belge. Cette diversité est un atout, mais en même temps un défi car il faut fédérer ces différentes approches du travail syndical. Ce qui explique pourquoi les positions de la CGSP, malgré son implication importante dans la FSESP ne sont pas toujours celles prises in fine par la Fédération... La CGSP doit donc encore renforcer sa présence et son action sur la scène syndicale européenne : tous les secteurs de notre Centrale sont concernés, à des degrés divers. Parce que l’Europe sociale, l’Europe des travailleurs à laquelle nous aspirons, passe par la création d’un contrepouvoir fort pour lutter contre la vision actuelle de l’Union européenne. Parce que nous ne voulons pas de cette Union dirigée par des technocrates, cette Union qui bafoue la laïcité qui nous est chère. Parce que nous ne voulons pas de cette Union qui limite le rôle de l’État à des fonctions coercitives au service du marché, qui proclame que nous n’avons plus besoin des services publics car le « marché assure habituellement la répartition optimale des ressources... ». Parce que nous voulons une Fédération européenne démocratique et laïque, au service des travailleurs et des citoyens. Parce que nous voulons une Fédération européenne où l’État joue pleinement son rôle de redistributeur des richesses, de régulateur du marché, et occupe des terrains stratégiques (eau, énergie, transports, santé, enseignement...). Parce que nous voulons une Fédération européenne dotée de services publics au service de tous les citoyens garantissant une vraie justice sociale. Jean-Pierre Knaepenbergh Secrétaire général Interrégionale de Bruxelles Dan Lecocq Assistant Secrétaire général Interrégionale de Bruxelles Retrouvez cet article et les interventions de la journée du 28 janvier sur www.cgsp-acod-bru.be (rubrique Interrégionale).