Jocelyne-COMPIL_l - Association Soleil Ailé

Transcription

Jocelyne-COMPIL_l - Association Soleil Ailé
ASA_Compil’triptyque présenté par D. Michaux sur « l’égyptologie orléanaise » oct. / nov. 2015
JKD
1.
Danièle Michaux nous a proposé cette année un triptyque sur l’égyptologie
1
orléanaise, à savoir :
1. « Les égyptologues orléanais du 19e s. », le 1er octobre 2015, à la Médiathèque, pour l’Académie
d’Orléans, Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts.
2. « La collection égyptienne d’Orléans », le 17 octobre 2015, au Musée des Beaux-Arts, pour l’ASA
(Association Soleil Ailé, dont elle est Présidente).
Cette collection se trouve dans les réserves du Musée Historique et Archéologique installé dans
l’Hôtel Cabu et sera présentée au public orléanais en 2017.
3. « Le parcours scientifique des égyptologues orléanais, père et fils, Auguste et Jules Baillet » (fin
19e, début du 20e s.), le 13 novembre 2015, pour la Sté Archéologique et Historique de l’Orléanais
(SAHO).
Deux égyptologues de renom insuffisamment connus, nous dit la conférencière qui souhaite remédier
à cet état de choses.
Quelques notes prises lors des 3 conférences…
L’égyptologie à Orléans
L’égyptologie commence avec l’Expédition de Bonaparte (1798-1801) ; cette campagne a été un fiasco militaire
mais elle a été importante pour la science. En effet, les savants qui l’accompagnaient ont révélé au Monde les
monuments d’Égypte dont on connaissait l’existence mais dont la publication a montré l’importance. L’égyptologie naissante du 19e s. est l’œuvre d’une poignée d’érudits, dont 7 orléanais de souche ou d’adoption.
Doc D. Michaux
Début du 19e siècle
 Louis Ripault (1775-1823)
 Prosper Jollois (1776-1842)
 Pierre Gérard ( ?)
98
Dernier quart du siècle
 Auguste Baillet (1834-1923)
 Jules Baillet (1864-1953)
 L’Abbé François-Edmond Desnoyers
(1806-1902)
 Louis Baillet (1875-1913)
Tous ne sont pas égyptologues c’est-à-dire capables de manier la langue ; il faut attendre que Champollion trouve la clé de lecture des hiéroglyphes et que son annonce soit faite à M. Dacier en 1822, à l’Académie royale des
Inscriptions et Belles Lettres. Cette date correspond à l’An 1 des Égyptologues.
Par contre, l’An 1 de l’égyptologie coïncide avec l’Expédition de Bonaparte à laquelle participent entre 1798 et
1801 : Ripault, Jollois et Gérard.
1
Docteur en égyptologie et assyriologie.
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2.
C’est en 1874 qu’Auguste Baillet, véritable égyptologue, arrive à Orléans. Il s’est formé au Collège de
France et à la Sorbonne. Il est à noter que les cours d’égyptologie n’ont pas été dispensés avant 1860.
À cette période, l’appellation « égyptologue » recouvre ceux qui travaillent à la connaissance de l’Égypte ancienne (archéologues et collectionneurs qui fournissent les musées) ; les égyptophiles sont ceux qui s’y intéressent à des degrés divers.
L’égyptologie est une science française née avec l’Expédition de Bonaparte. L’expédition militaire a été doublée d’une Commission des Sciences et des Arts, chargée de l’inventaire des monuments ; en août 1798, arrivé au Caire, Bonaparte fonde l’Institut d’Égypte. De la compilation des travaux des savants, résulte « la
Description de l’Égypte » (un millier de planches en 20 volumes).
Après l’Expédition d’Égypte et la capitulation devant les Anglais, 3 membres de la Commission des Sciences et des Arts qui était composée de 167 savants et artisans, rejoignent la Sté d’Agriculture, Sciences, BellesLettres et Arts d’Orléans :



Louis Ripault, antiquaire et orléanais de naissance,
Prosper Jollois, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Loiret à partir de 1822,
Pierre Gérard, (zoologue, frère du peintre François Gérard), Directeur des contributions directes du
Loiret vers 1820.
Ces trois « Égyptiens » comme on les appelait, étaient de très jeunes hommes ; Ripault et Jollois ont 23 ans
au moment où ils s’engagent dans l’aventure avec Bonaparte.
L’Expédition d’Égypte par la Commission des Sciences et des Arts est un fait unique dans l’histoire des expéditions européennes et d’Outre-Mer. Elle a donné naissance à la lignée des Champollion, Mariette et
Maspero.
Quelques dates clés pour l’essor de l’égyptologie
et les égyptologues Orléanais

1800, Louis Ripault quitte l’Égypte pour raisons de santé et commence à publier son voyage et ses
idées dans « le Moniteur » ; c’est un précurseur de l’information au public.

1818, Ripault écrit une lettre à M. Dacier (4 ans avant Champollion) pour lui exposer son concept
sur le déchiffrement des hiéroglyphes mais il n’a pas convaincu. Toutefois, déjà un Orléanais s’intéresse à ce décryptage.

1822, lorsque Jollois arrive, Ripault l’intègre dans la Sté d’Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et
Arts d’Orléans.

1860, Auguste Baillet, archiviste à la bibliothèque impériale s’initie à l’égyptologie. Dès 1861, il
commence à publier.

1874, Auguste Baillet s’installe à Orléans.

1888-89, Jules Baillet est en Égypte ; il est membre de l’Institut du Caire sous les ordres de Maspero
dont il a été l’élève. Il reviendra en Égypte en 1910-11 et en 1913-14.
…
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3.
Que se passait-il parallèlement au parcours « des Orléanais » ?

Juillet 1799, découverte de la Pierre de Rosette.

23 août 1799, Bonaparte quitte l’Égypte avec Vivant Denon.

1802, Vivant Denon publie ses carnets de voyage en Haute Égypte.

1809, publication de l’ouvrage scientifique de « la Description de l’Égypte » ; premier ouvrage
scientifique de l’ère moderne.

1822, lettre à M. Dacier de Champollion (valeur phonétique des hiéroglyphes).

1831, création d’une chaire d’égyptologie pour Champollion.

1832, mort de Champollion.

1859, Mariette s’installe au Caire.

1869, inauguration du Canal de Suez.

1881, Maspero succède à Mariette à son décès.

1886, Maspero revient en France ; Auguste Baillet le fait venir à Orléans et il devient membre honoraire de la Sté d’Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans.
I - La commission d’Égypte
ou comment a pu naître l’égyptologie…
Bonaparte était passionné de mathématiques ; il a été l’élève de Monge et pendant toutes les années qu’il a
passé aux commandes du pays il s’est entouré d’hommes de sciences, de savants de l’époque.
Au Musée des Beaux-Arts d’Orléans, une toile de Léon Cogniet illustre l’ambiance de l’Expédition d’Égypte
où l’on reconnaît Bonaparte sous la tente et Vivant Denon avec sa planche à dessins. En effet, L. Cogniet a
fait, sur ce thème, un certain nombre de peintures en modèle réduit, avec de petites différences avant de
réaliser le tableau qui se trouve au Louvre :
http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=15235&langue=fr
Vivant Denon dans le récit de son « Voyage dans la Basse et Haute Égypte » se dessine fréquemment devant
les monuments ; ce travail impressionnant qui fait connaître les richesses de l’Égypte a enthousiasmé Bonaparte.
Cette Commission est allée jusqu’à Philae et plus tard jusqu’en Nubie ; elle a surtout travaillé à Louxor, Karnak et dans le Delta.
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4.
Bataillle d’Aboukir (victorieuse contre les Anglais)
p. 166-167 du « Voyage dans la Basse et la Haute Égypte » Vivant Denon, Éds Pigmalion
QG des scientifiques
p. 164 du « Voyage dans la
Basse et la Haute Égypte »
Vivant Denon, Éds Pigmalion
C’est dans un palais du Caire où se tenait les séances de l’Institut d’Égypte (1798-1801) que la Pierre de Rosette fut transportée après sa découverte.
Palais de Qasim Bey où Jollois était logé.
http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/
files/institut_egypte_travaux.asp
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5.
Edme François Jomard (1777-1862)
Ingénieur-géographe et archéologue
Il fut appelé le dernier « Égyptien ».
Tous ceux qui participèrent à cette Expédition d’Égypte furent
appelés « les Égyptiens » pour plusieurs raisons et principalement
parce qu’ils s’habillaient « à l’égyptienne » ; ils montraient ainsi
qu’ils s’identifiaient à la population et étaient dignes de confiance.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Edme_Fran%C3%A7ois_Jomard
Lors de la première édition de la « Description
de l’Égypte » en 1809, 1 000 exemplaires ont
été tirés. Chacun des 167 membres de la Commission a reçu le sien.
D. Michaux a vu celle de Châtillon-Coligny qui
appartenait à Costaz, membre de l’Expédition.
Il en existe une édition à l’Assemblée nationale,
et une à la Médiathèque d’Orléans, apprenaiton au cours de la conférence…
Ci-contre, celle du Sénat.
« Pour enchâsser cette réalisation pharaonique, un
somptueux écrin s’imposait : l’entreprise, un meuble
à l’antique dans le plus pur style « retour d’Égypte », fut menée à bien par l’ébéniste parisien, Charles
Morel, à partir de décorations conçues par EdmeFrançois Jomard ».
http://gma33.unblog.fr/2012/10/17/le-palais-duluxembourg-devenu-aujourdhui-le-senat/
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6.
« Description de l'Égypte »
Elle fut en partie rédigée par Vivant-Denon
Tous les dessins faits à l’occasion de l’Expédition ont participé à la connaissance de l’Égypte et de ses richesses
dans l’état où les ont vues ces scientifiques. Jollois et de Villiers du Terrage (dit Devilliers) ont contribué
également à ces illustrations qui sont les seuls vestiges des monuments et des tombes disparus. Ils ont dessiné le
Zodiaque de la chapelle de Dendera qui est maintenant au Louvre.
Le Zodiaque de Dendera
15 juin - 15 août 50 av. J.-C.
Grès
l. : 2,55 m ; L. : 2,53 m
Louvre : D 38
Dessin B. Lebthéric, avec l’aimable autorisation de
l’Institut français d’archéologie orientale. Documentation : E. Aubourg, S. Cauville-Colin.
http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&id
Notice=19044&langue=fr
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/le-zodiaque-de-dendera
Antinoé en Moyenne Égypte a également été visitée par l’Expédition de Bonaparte. Le Musée archéologique
d’Orléans détient une très belle collection de tissus d’époque Copte grâce à l’Abbé Desnoyers.
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7.
La Pierre de Rosette a été découverte à Rosette, en
face de la baie d’Aboukir, le 19 juillet 1799.
Le décret qui y est gravé est daté de l’an 9 (- 196) de
Ptolémée 5. Il est en 3 versions :
-
hiéroglyphique, en haut,
démotique, au centre,
grecque, en bas.
C’est le grec qui a permis à J. F. Champollion de
déchiffrer en 1822 les hiéroglyphes à partir des
noms de Ptolémée entourés d’un cartouche et de
montrer leur valeur phonétique.
Sa traduction correcte s’est faite par étapes et a pris
du temps ; J. F. Champollion (1790-1832) est encore très jeune lorsque la Pierre de Rosette est trouvée.
http://www.tresordupatrimoine.fr/content/113-pierre-de-rosette
Les Champollion… indissociables
D’une façon générale on parle des ‘Champollion’, car si Jean-François Champollion a aussi bien réussi c’est
également grâce à son frère aîné, Jacques-Joseph, qui l’a aidé et a fait publier ses travaux après sa mort.
Jean-François
Jacques-Joseph
http://www.museechampollion-isere.fr/1791-jean-francois-champollion-1790-1832-.htm
http://www.museechampollion-isere.fr/1790-jacques-joseph-champollion-figeac.htm
Le 27 septembre 1822, Jean-François Champollion lit devant l'Académie des Inscriptions et BellesLettres sa fameuse "Lettre à M. Dacier", qui marque le début de l'ère du déchiffrement.
https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_%C3%A0_M._Dacier_relative_%C3%A0_l%E2%80%99alphabet_des_hi%C3%A9roglyphes_phon%C3%A
9tiques
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8.
Ci-dessous, Bon-Joseph Dacier, Secrétaire de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres qui a reçu la
« Lettre à M. Dacier » de J. F. Champollion dit Champollion le Jeune.
Bon-Joseph Dacier (1742-1833)
http://www.bib.ens.fr/avril-2015-LaLet.879.0.html
Une ordonnance du 12 mars 1831, crée pour J. F. Champollion une chaire d’enseignement au Collège de
France ; malheureusement il décède en 1832 et il faut attendre 1860 pour que l’égyptologie soit initiée au
Collège de France par Emmanuel de Rougé ; l’un des premiers élèves fut Auguste Baillet alors qu’il
travaillait encore aux archives impériales.
Champollion n’ira en Égypte qu’en 1823, après sa découverte de la signification des hiéroglyphes de la Pierre Rosette ; il a travaillé jusqu’alors sur des copies d’estampes de celle-ci et non sur l’original. Des
crédits débloqués, vont lui permettre d’aller vérifier sur place.
Champollion lui aussi s’est habillé à l’égyptienne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Champollion#/media/File:JeanFrancois_Champollion_1828_29.jpg
Champollion en tenue égyptienne, peinture au pastel de G. Angelelli, 1828
Faute de temps pour développer les circonstances dans lesquelles la Pierre de Rosette a été découverte, ce point sera
traité dans la publication de l’Académie d’Orléans, Agriculture, Belles-Lettres et Arts, annonce la conférencière.
Compléments possibles : http://www.tresordupatrimoine.fr/content/113-pierre-de-rosette
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JKD
9.
e
II - Les égyptologues du début du 19 s.
Louis RIPAULT (1775-1893)
D. Michaux nous signale qu’une partie de ses informations ont pour origine Hélène Richard, auteure de la
notice « Louis Ripault » sur Wikipédia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ripault_%28savant_orientaliste%29
Louis Marie Madeleine Ripault est né en 1775 à Orléans où il fit ses études au Collège des Jésuites. Il
a hérité à 15 ans d’un bénéfice ecclésiastique de son parrain Joseph Louis Ripault. La Révolution fait de lui
un libraire et un rédacteur de la Gazette de France.
À 23 ans, il fait partie des 167 savants qui accompagnent Bonaparte en Égypte en tant qu’antiquaire, c’està-dire quelqu’un « qui s’applique à l’étude de l’Antiquité ».
Ripault est nommé secrétaire de l’Institut d’Égypte créé par Bonaparte au Caire.
En Haute-Égypte, il est témoin à Thèbes (Gournah) de la découverte par Vivant Denon d’un papyrus
funéraire dans la main d’une momie, considéré comme le premier livre égyptien retrouvé. Vraisemblablement un texte du Livre des Morts, nous précise D. Michaux.
Il participe à la commission d’études sur Esna.
On trouvera son nom gravé à Philae.
En mars 1800, il est rapatrié en France pour raisons de santé.
Il est présenté à Bonaparte qui a quitté l’Égypte fin 1799 et celui-ci lui demande des rapports sur la situation présente et passée. Bonaparte très satisfait de ses travaux, prend Ripault comme bibliothécaire.
Dès 1800, Ripault écrit une série d’articles dans « le Moniteur » où il fait une description abrégée des
principaux monuments de la Haute Égypte, soit 2 ans avant la parution de l’ouvrage de Vivant Denon.
Ripault ne participe pas à la « Description de l’Égypte » en 20 volumes ; certains disent qu’il en a été
écarté, d’autres, qu’il a refusé…
Il se retire en 1807 à la Chapelle St Mesmin dans un petit château qui deviendra l’Hôtel de Ville.
Il publie en 1820, une Histoire philosophique de Marc-Aurèle. Il avait auparavant tenté de traduire les hiéroglyphes mais ses travaux n’avaient pas convaincu M. Dacier.
Louis Ripault était un grand dépressif ; en 1823, à la mort de l’un de ses enfants, il se laisse mourir.
Sur sa tombe à la Chapelle St Mesmin (près d’Orléans), figure un disque ailé, symbole de la résurrection du
dieu égyptien Rê. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ripault_%28savant_orientaliste%29#/media/File:Tombe_ripault.JPG
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10.
Prosper JOLLOIS (1776-1842)
Jollois sera introduit sur recommandation de Louis Ripault dans la Sté d’Agriculture, des Sciences et BellesLettres d’Orléans qui a précédé l’Académie actuelle (Académie d’Orléans, Agriculture, Sciences, BellesLettres et Arts).
En tant qu’Ingénieur des Ponts et Chaussées il a été attiré par l’archéologie locale en plus de son intérêt pour
l’Égypte.
Né en 1776 à Brinon-l’Archevêque dans l’Yonne, il a fait ses études à Joigny (Yonne) puis à Sens. Il entre à
l’École Polytechnique en 1794.
Il fait partie de l’Expédition scientifique d’Égypte et passe un examen à l’Institut d’Égypte devant Monge ; il
est nommé Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées.
En mars 1799, il quitte Le Caire pour la Haute Égypte avec d’autres scientifiques. Ils étudient, entre autres,
le régime du Nil depuis la 1re cataracte et le système d’irrigation.
Avec Édouard de Villiers du Terrage (dit Devilliers), ils découvrent la tombe d’Amenhotep 3 dans la Vallée
des Rois (KV 22). Ils dessinent le Zodiaque de Dendera publié dans la « Description de l’Égypte ».
Jollois devient un archéologue de terrain ; il fouille les monuments jusqu’à leur base pour mesurer leur
hauteur.
Il écrit un ‘Journal d’un ingénieur attaché à l’Expédition d’Égypte’, qui est partiellement publié en 1904 avec
d’autres fragments de journaux de scientifiques.
En 1810, Jollois réintègre son corps d’Ingénieur des Ponts et Chaussées.
En 1820, il arrive à Orléans.
En 1821, il fait paraître une histoire de Jeanne d’Arc et est admis à la Sté des Sciences, Belles-Lettres et Arts.
Revenu à Paris, il meurt en 1842.
La plupart du temps, on ignore que c’est Jollois qui a communiqué les estampages de la Pierre de Rosette à
Champollion en juin 1818. Jollois était à Rosette lors de la découverte.
Pierre GÉRARD ( ?)
le zoologiste.
Danièle Michaux nous signale qu’elle a peu d’informations sur lui, hormis ce qu’en a écrit Bernard Pradel.
Pierre Gérard, frère du peintre François Gérard, est à Orléans vers 1820 en tant que Directeur des contributions directes du Loiret ; ce qui n’a pas de rapport direct avec notre sujet. Notre conférencière n’a pas
souvenir qu’il ait publié quelque chose, du moins dans les Mémoires de l’Académie (Sté des Sciences,
Belles-Lettres et Arts, de l’époque).
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11.
Il faut attendre la fin du 19e s. pour qu’Auguste Baillet, archiviste impérial, arrive à Orléans.
Avec l’Abbé Desnoyers et son fils Jules, ils vont poursuivre ‘l’œuvre égyptologique’ orléanaise.
Dom Louis Baillet, dernier des 7 enfants d’Auguste, était un égyptophile. Ordonné prêtre en 1900,
il s’est intéressé à la religion copte (les chrétiens d’Égypte).
L’Abbé Desnoyers (1806-1902)
Il était Vicaire général du diocèse d’Orléans et s’intéressait beaucoup aux activités archéologiques
de la région et à celles d’Égypte. Il avait demandé à Jules Baillet de lui rapporter des objets dignes
d’intérêt, dont des cônes funéraires. Jules lui avait également ramené 4 momies, des vases, des bijoux… En 1848, il a fondé la Sté archéologique orléanaise.
D. Michaux nous le présente comme « un grand érudit, un touche à tout ». Il est difficile de classer
l’Abbé Desnoyers parmi les égyptologues ; toutefois, c’était un égyptophile et un collectionneur
qui était en relation avec un grand nombre d’antiquaires d’Europe et qui se tenait au courant du
marché des antiquités égyptiennes. Cependant, ses publications se concentrent sur l’histoire et
l’archéologie régionales et non sur l’égyptologie.
Pendant tout le 19e s., Orléans était très au courant de ce qui
se passait en Égypte.
L’ouverture du Canal de Suez est très importante pour les
communications mondiales et son grand maître-d’œuvre,
Ferdinand de Lesseps, a encore actuellement de la famille
dans notre région (Indre).
La Cie de Chemins de Fer d’Orléans a participé à la prospection pour l’ouverture de ce canal et a fourni du personnel
à F. de Lesseps pour son creusement.
D. Michaux souligne qu’Orléans a ainsi contribué au percement du Canal de Suez et que vraisemblablement peu d’Or2
léanais d’aujourd’hui, sont au courant .
Ferdinand de Lesseps (1805-1894)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_de_Lesseps
De nombreuses Sociétés savantes se constituent à cette époque. Les 2 principales :
-
la Sté d’Agriculture, des Sciences et Belles-Lettres d’Orléans , surnommée « les fines herbes »,
-
La Sté archéologique et historique de l’Orléansais, surnommée « les pots cassés » fondée par l’Abbé
Desnoyers.
Ce dernier créera également le musée archéologique installé à l’Hôtel Cabu.
2
D. Michaux fait également référence au livre de Marie-Cécile Sainson « La bonne Sté orléanaise (1850-1914) : loisirs et sociabilité ».
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12.
À cette période, l’Égypte est sous le régime des Vice-Rois, les Khédives qui sont les délégués de l’Empire
ottoman. La France est très présente, on se rappelle que l’égyptologie est française. Le Vice-Roi Méhémet
Ali était francophile et s’entendait très bien avec Mariette.
La France est attirée par les activités égyptologiques. Aux deux expositions universelles de Paris en 1867 et
1900, l’Égypte est présente.
Exposition universelle de 1867. Le temple d’Hathor
http://sabix.revues.org/docannexe/image/1108/img-1.jpg
http://sabix.revues.org/1108
L’Égypte, la modernité et les expositions universelles
Christiane Demeulenaere-Douyère
https://scholarship.rice.edu/jsp/xml/1911/9292/229/MarParc.tei-timea.html :
Exposition universelle de 1867. Description du Parc égyptien.
La science égyptologique est dite essentiellement française parce que ce sont des Français qui ont occupé
le poste de Directeur général des fouilles archéologiques au Caire, dès qu’elles ont été organisées. Citons,
Maspero et Daressy qui étaient en relation avec l’Abbé Desnoyers.
En 1886, Maspero est à Orléans à la demande d’Auguste Baillet.
En 1888, Maspero est nommé membre honoraire de la SAHO (Sté Archéologique et Historique de
l’Orléanais).
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13.
illustrant l’ambiance du moment, les Français n’étant pas les seuls en Égypte,
D. Michaux signale qu’il y avait « une sorte de concurrence archéologique au Caire, avec les Anglais ».
Quelques images
Sir John Gardner Wilkinson
(1797–1875)
On le voit ici habillé à l’égyptienne.
Il avait élu domicile dans une tombe de la rive Ouest de
Thèbes ; il est un des premiers à avoir fait un peu d’archéologie scientifique. Ces écrits sont encore utilisés.
http://www.bbc.co.uk/arts/yourpaintings/paintings/sir-johngardner-wilkinson-17971875-aged-46-in-turkish-dr169509
Premier Musée du Caire : le Musée du Boulaq
C’était aussi la maison de Mariette à côté du port du
Caire.
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Le_CaireMusee_de_Boulak,_--Sacorfages_%28Egypte%29_%2816%29_%28n.d.%29_-_front__TIMEA.jpg
À partir de 1830, l’archéologie se développe grâce au daguerréotype, ancêtre de la photographie.
Gaston Maspero (1846-1916)
Pendant tout le 19e s. ce sont les Français qui conduisent les fouilles en Égypte et qui dirigent le service des
Antiquités selon une organisation mise en place par Mariette, et que Maspero a améliorée.
https://en.wikipedia.org/wiki/Gaston_Maspero
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14.
III - Auguste et Jules Baillet
que Danièle Michaux appelle les ‘vrais’ égyptologues orléanais.
Ci-dessous, la famille Baillet ; Auguste Baillet et son épouse Julie-Marie-Pauline Dujoncquoy avec leurs
7 enfants ; Jules, l’aîné, debout à côté de son père et Louis, le dernier, dans les bras de sa mère.
Doc D. Michaux
Biographies croisées d’Auguste & de Jules Baillet
Une première biographie d’Auguste a été faite par son fils Jules, lorsque ce dernier a réédité une partie
des publications égyptologiques de ce père pour lequel il avait une grande admiration (tome 15 de la bibliothèque de Maspero). Ce sont les œuvres principales d’Auguste, en égyptologie, qui portent sur la linguistique. Elles sont précédées d’une note biographique très touchante qui commence par : « Le doyen des
égyptologues français, Auguste Baillet est aussi l’un des moins connus en dehors des spécialistes… » ;
Jules savait qu’on n’avait pas reconnu à son père, la place qui lui revenait dans le milieu scientifique.
Lorsqu’Auguste décède, Jacques Soyer a rédigé sa notice nécrologique dans le bulletin de la S té Archéologique et Historique de l'Orléanais (B. SAHO, t. XX, n° 222, 1923).
D. Michaux a été surprise de constater que dans le livre « Qui était qui en égyptologie » servant de référence, seulement 6 lignes sont consacrées à Auguste et 10 lignes à Jules (principales publications, pas de
biographie...).
Une notice nécrologique est parue en 1954 pour Jules, dans le Bulletin de la SAHO.
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JKD
15.
Yves Lebrec qui travaille au service des archives de l’Institut Catholique de Paris (ICP) a fait une notice
sur le fonds légué par Jules à la ville d’Orléans ; ces documents sont maintenant à la Médiathèque d’Orléans.
Jean Laubin a écrit en 2001, une notice dans le Bulletin de la SAHO : « Auguste Baillet et ses fils Jules
et Louis : deux égyptologues et un bénédictin orléanais » (Nouvelle Série, XVI, 128, p. 3-14, 2001).
Auguste Baillet (1834-1923) - Biographie
27/11/1834, né à Fouilloy (Somme) ; sa famille est picarde, son père, un propriétaire-cultivateur.
Il fit de brillantes études au lycée d’Amiens ; il prépara ensuite polytechnique mais entra à
l’École des Chartes.
1856, il sort Major de l’École des Chartes (thèse sur les divisions politiques de la Gaule au 6e s. et il
publie une "Étude sur la division des Gaules en dix-sept provinces").
http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1858_num_19_1_445581
1857, licencié en Droit.
1858-70, Archives de l’Empire (publication de la correspondance de Napoléon 1er, c’est là qu’il découvre la « Lettre à M. Dacier » de Champollion où ce dernier annonce qu’il a trouvé la clé du
déchiffrement des hiéroglyphes).
1860, inscription au cours d’Emmanuel de Rougé.
1861, première publication en égyptologie sur le déchiffrement des hiéroglyphes de M. Seyffarth.
1863, mariage, 7 enfants (5 garçons, 2 filles ; l’aîné est Jules, né en 1864 et le dernier Louis, né en
1875 à Orléans).
1874, installation à Orléans (commerce en Bonneterie) ; il habite aux Augustins, 13 rue Dauphine.
1875, membre de la Sté d’Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans. Une quinzaine d’an3
nées avant de venir à Orléans, il avait gagné un concours de cette Sté savante.
25 février 1876, membre de la Sté Archéologique et Historique de l’Orléanais (SAHO) ; il en sera trésorier de 1878 à 1880 et plusieurs fois membre de la commission des publications.
1877, perd son épouse lors d’une cure à Cauterets ; Jules à 13 ans et Louis 2 ans. Les enfants sont élevés par sa sœur et la grand-mère maternelle.
1876-1882, délégué aux réunions des Stés savantes à la Sorbonne.
1879-80, mène une Université en chambre à Orléans, 2 fois par semaine.
6 août 1923, décès à Orléans à l’âge de 89 ans.
http://gw.geneanet.org/bardetcaplan?lang=fr;pz=sophie+charlotte;nz=marion;ocz=0;p=auguste+theophile;n=baillet
http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1923_num_84_1_460642
3
Thème : "Histoire du royaume d'Orléans", un fragment de sa thèse.
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16.
Auguste Baillet - Bibliographie
Il a eu une bibliographie très importante de 1858 à 1924.
Dès 1861, soit un an après avoir commencé à suivre les cours d’Emmanuel de Rougé, il écrit un article
sur le déchiffrement des hiéroglyphes de M. Seyffarth. Ce dernier avait critiqué le système de lecture des
hiéroglyphes de Champollion. Auguste Baillet lui démontre point par point que ses extrapolations sont illogiques. Ce que personne n’avait osé faire jusqu’alors. Auguste considérait qu’en science, quand quelqu’un se trompe, il faut le lui dire.
Il fournit des corrections de hiéroglyphes figurant dans les dictionnaires allemands ; elles sont admises.
Après le décès de son épouse, il publie en 1878 son étude sur la collection égyptienne de l’Abbé Desnoyers. Elle comporte un petit traité de civilisation égyptienne, ce qui n’était pas courant à l’époque. Il reçoit des louanges de Maspero (lettre du 12.06.1779) et de Renan dans le rapport annuel de la Sté Asiatique
(28.06.1879).
Il a beaucoup travaillé sur le Copte, démontrant qu’il y avait 3 dialectes coptes ; le copte a contribué à restituer le vocabulaire correspondant à la traduction des hiéroglyphes.
Auguste Baillet a parlé du décret de Memphis qui est une copie de la Pierre de Rosette découverte par hasard pendant la campagne de Bonaparte en Égypte. Cette pierre qui a été la clé du déchiffrement n’a pas
été traduite immédiatement ; il faut attendre 1874 et maints réajustements auxquels Auguste a participés.
Il refusera des chaires d’enseignement et de travailler au Louvre ; Jules, son fils, dira dans la notice biographique qui précède la réédition des œuvres principales de son père : « … il est resté loin des honneurs
académiques… ».
…
Auguste Baillet collabora à l’archéologie locale en déchiffrant des inscriptions tumulaires à St Benoît sur
Loire.
Il passa des mois aux Archives de l’état civil de l’Hôtel de Ville pour établir la généalogie de la vie de
familles orléanaises (artisans, hommes de loi et clergé).
Les Archives municipales d’Orléans (Médiathèque) conservent parmi d’autres :

une lettre de recommandation élogieuse de M. Rapetti (Chef de service d’Auguste Baillet à la Bibliothèque impériale) à M. Dujoncquois, datée du 16 mai 1863, afin qu’il lui succède.

un courrier écrit de Giza par Georges Daressy, le 17 janvier 1892, pour remercier Auguste de l’envoi de copies d’inscriptions de cônes funéraires avec autorisation de les publier… Il le félicite du
travail fondamental qu’il a réalisé.
La collection de cônes d’Orléans avait, à cette époque, une place importante, reconnue par Daressy, nous signale D. Michaux.
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17.
La collection de cônes funéraires d’Orléans
Orléans conserve une collection de 121 cônes funéraires dont la plupart ont été ramenés de la région de
Louxor par Jules Baillet entre 1888 et 1914. L’Abbé Desnoyers en possédait 7 et la famille Baillet, 101.
En 1889, Jules Baillet en a fait don au Musée d’Orléans.
En 1893, Georges Daressy publie le premier « Recueil de cônes funéraires ». Celui-ci répertorie environ
200 cônes dont à peu près la moitié est constituée des cônes de la collection orléanaise. Dans son introduction, Daressy stipule que « ces monuments n’ont guère attiré l’attention jusqu’alors et que les musées
d’Europe n’en exposent que quelques échantillons… » (pratiquement que des cônes entiers). G. Daressy y
exprime également des remerciements destinés à Auguste Baillet qui lui a adressé des copies d’inscriptions de cônes funéraires avec l’autorisation de les publier (voir ci-avant dans la bibliographie d’Auguste).
À l’époque des Baillet, le musée d’Orléans se place en 2e position mondiale avec ses 121 pièces, après le
Caire.
Auguste Baillet a fait une Notice sur cette collection égyptienne où il précisait que 7 cônes appartenaient
à l’Abbé Desnoyers.
Doc D. Michaux
Fiches de travail d’Auguste Baillet
Acheté à Gourna
Daressy
La collection d’Orléans est intéressante précise D. Michaux, car il y a une vingtaine de cônes entiers, ce qui
est très rare. En effet, à la fin du 19e s. les archéologues avaient tendance à couper la tête des cônes pour ne
ramener que la partie inscrite. Ces cônes mesurent entre 20 et 40 cm et pèsent plusieurs kilos. 40 cônes sont
presque entiers. Elle est en train d’en préparer le catalogue.
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18.
Thèbes-Ouest se situe en Haute Égypte, en face de Louxor ; c’est là que se trouvent les tombes des Nobles où
un grand nombre de cônes ont été retrouvés. Notons qu’ils ne sont pas utilisés dans les sépultures royales.
Les cônes d’Orléans, identifiés à des tombes par D. Michaux, viennent de l’Assassif, Gourna, Dra Abou elNagga, Gournet Mourraï. Ci-dessous, les nécropoles de Thèbes-Ouest, dispersées dans la montagne.
Doc D. Michaux
La conférencière nous informe que la plupart datent de la 18e d. (début et fin), qu’il y en a un de la 19e d., une
vingtaine de la 25e d. et un certain nombre du Nouvel Empire de dates indéterminées.
Qu’est-ce qu’un cône funéraire ?
« C’est un élément architectural, fiché dans la maçonnerie et qui décore l’entrée des tombes et quelquefois le
pyramidion, quand il existe. Ce cône porte le nom et les titres du défunt » D. Michaux.
Doc D. Michaux
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JKD
19.
À quoi servaient ces cônes ?
Auguste Baillet, pensait qu’il s’agissait d’offrandes ; il écrit ci-dessous : « Que les cônes soient une offrande
funéraire, c’est ce qui paraît ressortir des formules employées » (« le roi fait offrande de... »).
Doc D. Michaux
En Égypte ancienne, pour survivre dans l’Au-delà, le défunt doit conserver et protéger son corps, mais aussi
faire en sorte de ne pas tomber dans l’oubli. Les cônes funéraires, mentionnant le nom et les titres du mort,
permettent d’attribuer la propriété du monument funéraire et de perpétuer le nom du disparu, ce qui est indispensable pour sa survie.
D. Michaux précise qu’il y a d’autres propositions. En effet, une question peut être posée : pourquoi certaines façades de tombes comportent des cônes et d’autres, pas ? Personne n’a encore proposé d’explication.
D. Michaux dit avoir une petite idée -sans certitude toutefois- à savoir que des détenteurs de cônes étaient
parfois des personnalités étrangères qui avaient été intégrées dans la société égyptienne ; pourquoi certains
défunts ont un double nom, dont un nom égyptien ? Doutaient-ils de leur assimilation dans le système spirituel égyptien ? Aussi, pour éviter la damnatio memoriae, pratique qui consiste à faire disparaître la mémoire
d’un personnage en effaçant son nom et son image, ont-ils pris la précaution d’afficher leur nom ? À suivre…
Dans la collection orléanaise, il y a des cônes ramessides avec des inscriptions circulaires, carrées, en creux
(matrice ?), sous forme de cartouche... Ces cônes étaient faits à la chaîne. Il faut noter qu’on dispose de peu
de cônes uniquement de femme.
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20.
Laurent Bavay, Directeur de l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) du Caire, fouille actuellement
à Gourna la tombe perdue TT C3 et retrouvée en 2009 (près des TT 29 et TT 96). Il y a découvert plus de
300 cônes aux noms d’Amenhotep et Renena. Ils ressemblent à ceux de la collection orléanaise, nous signale
D. Michaux.
Le flanc sud de Cheikh Abd el-Gourna, avec les tombes de :
Sennefer TT 96 (1), d'Amenemopé TT 29 (2) et d'Amenhotep TT C3 (3)
http://crea.ulb.ac.be/Thebes.html
Le dessin de cône ci-contre, de la tombe d’Amenhotep et Renena, est très intéressant à plusieurs titres, souligne D. Michaux. Déjà, il doit être lu horizontalement. L’inscription est très difficile à décrypter, les hiéroglyphes sont quasiment en vrac. La traduction qu’en ont fait P. Tallet et L. Bavay n’est pas absolument certaine.
La tombe d’Amenhotep et Renena a été ensevelie sous des gravats et a servi de
monastère copte (8e s. de notre ère) puis d’habitation. Cette sépulture avait été
ouverte en 1871 puis perdue jusqu’à sa redécouverte en 2009.
http://www.academia.edu/1133379/La_tombe_perdue_du_substitut_du_chancelier_Amenhotep._Donn
%C3%A9es_nouvelles_sur_l_organisation_spatiale_de_la_n%C3%A9cropole_th%C3%A9baine
Cônes funéraires portant les noms
d’Amenhotep et de son épouse Renena.
http://crea.ulb.ac.be/Thebes.html
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JKD
21.
En résumé, qui était Auguste Baillet ?
C’était, nous dit D. Michaux :
« Un passionné de la recherche, un archiviste, un épigraphiste, un philologue-linguiste distingué, un
historien, un érudit accompli, à une époque où la science n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements.
Il ne s’est jamais rendu en Égypte.
Quand il s’exprime, il fait lumière ; toutes ses notes et publications sont reprises et reconnues comme
pertinentes par les éminences égyptologiques de son temps ».
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22.
Jules Baillet (1864-1953) - Biographie
1864, né à Pussay (Essonne) ; c’est le fils aîné d’Auguste ; il est élevé par sa tante après le décès de sa
mère.
1887-90, élève à l’École Normale, professeur agrégé d’université, il enseigne dans différentes villes
dont Orléans.
19 nov. 1887, membre de la mission archéologique française du Caire. Il a été formé à l’égyptologie
par son père et Maspero.
1888-89, mission à Philae (1888) avec Georges Bénédite puis à Assouan en 1889 ; durant cette mission archéologique, il achète des objets : vases, statuettes, pots funéraires, 4 momies… pour le
compte de l’Abbé Desnoyers, Conservateur du musée d’Orléans.
1889, don au musée d’Orléans de 101 cônes funéraires.
1891, mariage sans descendance.
Comme son père, il entra dans les deux Sociétés savantes d'Orléans.
1903, membre de la Sté d’Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans.
1906, membre de la Sté Archéologique et Historique de l’Orléanais (SAHO) dont il deviendra secrétaire en 1914.
1910-11, séjour à Thèbes pour relever les graffiti grecs dans les tombes royales.
1911, nommé attaché de conservation au musée d’Orléans.
1913-14, retour à Thèbes pour poursuivre le relevé des graffiti grecs dans les tombes royales.
1913, soutenance de thèse « Le régime pharaonique dans ses rapports avec l'évolution de la morale en
Égypte ».
1920, publication des inscriptions grecques et latines.
Jules est un helléniste ; il a beaucoup travaillé les inscriptions grecques et latines ; il est le premier à les avoir relevées. Elles seront le sujet d’une sorte de 2e thèse : Inscriptions grecques et
latines des tombeaux des rois ou syringes à Thèbes.
1933, décès de son épouse.
1940-45, repli à Beauval ; déblai de l’Hôtel Cabu. Don de sa collection à la ville.
16 janvier 1953, décès au 35 rue d’Illiers à Orléans.
Il a également été Conseiller municipal, comme son père.
http://gw.geneanet.org/bardetcaplan?lang=fr&pz=sophie+charlotte&nz=marion&ocz=0&p=jules+auguste+constant&n=baillet
Actes du huitième Congrès international d'études coptes: Paris, 28 ..., Partie 1 :
https://books.google.fr/books?id=utAyH2lD-pIC&pg=PA55&lpg=PA55&dq=jules+Baillet+%C3%A9gyptologue&source=bl&ots=H4htY9O_B&sig=rcbVWjpUTnc9rIMuPhE10mtY9A&hl=fr&sa=X&ved=0CD4Q6AEwBWoVChMIzNTQnYXEyAIVBlUUCh14WwYW#v=onepage&q=jules%20Baillet%20%C3%
A9gyptologue&f=false
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23.
Jules Baillet - Bibliographie
Tout comme Auguste, il a publié énormément sur une période de 55 ans.
Son travail principal porte sur la période gréco-romaine en Égypte.
Il a aussi largement publié dans les Mémoires de la SAHO sur l’archéologie régionale.
Jules a participé aux travaux de la SAHO (Sté Archéologique et Historique de l’Orléanais) :
- en 1914, il fait la présentation d’une collection d’objets rapportés d’Égypte et plus particulièrement
de Nubie, pour le musée d’Orléans (vases, palettes à fard, silex prédynastiques, une statue en granit noir de la 12e d…). D. Michaux précise qu’hormis la statue qui a disparu, le reste est toujours
là. À cette époque, la collection égyptienne d’Orléans s’est accrue de 90 objets provenant d’Assouan, Louxor, Edfou et Thèbes.
- en 1915, Jules Baillet voit à Paris la collection égyptienne André composée de scarabées, d’amulettes, d’un portrait à la cire sur planchette de bois, en provenance du Fayoum (époque grécoromaine) ; Jules Baillet montre des ouchebti (serviteurs des morts) de la collection André, inscrits
au nom de l’épouse de Pinedjem 3, roi de la 21e d. La vente aux touristes, du mobilier de cette
reine, éveille la curiosité de Maspero qui fait la découverte des momies royales dans la cachette
de Deir el-Bahari.
- 132 nouveaux objets vont entrer au musée égyptien d’Orléans, dont ceux de la collection André et
cela sur la recommandation de Maspero.
- Jules a parlé également des tapisseries coptes d’Antinoé et en a fait un catalogue en 1907.
L’œuvre de Jules Baillet a été les « Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou syringes,
à Thèbes ». Les syringes sont des galeries de mines et y pénétrer est périlleux en raison des éboulis.
Les conditions de travail de cette période, dans la Vallée des Rois, étaient bien différentes de celles du
21e siècle.
Jules a relevé plus de 2 100 inscriptions.
Il a publié quelques lettres inédites de Napoléon 1er (sans doute récupérées dans les archives de son
père précise D. Michaux).
http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1920_num_64_2_74269
Les graffiti grecs dans les tombeaux des rois à Thèbes d'Égypte [article] Baillet, Jules
Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 1920 Volume 64 Numéro 2 pp. 107-116
http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1927_num_4_1_2788 1er art.
http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1927_num_7_1_2813 3e art.
Georges Seure
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24.
Les tapisseries coptes d’Antinoé
Antinoé est une ville de la Basse Époque, en Moyenne Égypte au Nord d’Assiout. Les dessins de ces tapisseries ont été réalisés lors de la découverte de la ville par l’Expédition de Bonaparte.
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JKD
25.
Doc D. Michaux
Le catalogue que Jules Baillet a constitué en 1907, comprend les relevés de ces broderies sur calques. Ce
sont des broderies réalisées sur une toile de fond et elles correspondent à des morceaux de vêtements, de parements, de linceuls… Les plus belles ont fait l’objet d’une restauration. La collection était plus importante
avant la seconde guerre mondiale mais beaucoup ont brûlé.
En résumé, qui était Jules Baillet ?
C’était un archéologue-épigraphiste, un historien sur les moeurs des anciens Égyptiens, un érudit très
averti des civilisations antiques et du monde gréco-romain, un collectionneur également très averti et bien
renseigné, nous dit D. Michaux.
Il a travaillé sur 3 périodes en Égypte et a ramené des trésors dont Orléans va pouvoir profiter à nouveau
en 2017.
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JKD
26.
Mise en perspective du travail scientifique d’Auguste et de Jules Baillet avec quelques dates…
1797, un an avant l’Expédition de Bonaparte, publication des manuscrits coptes au Vatican par Georg
Zoëga.
1798-1801, Expédition de Bonaparte en Égypte.
1858, le musée du Caire est créé par Auguste Mariette. Mariette avait été chargé d’acquérir des manuscrits coptes pour le Louvre.
1870, découverte de la Vallée des Rois par les frères Abd el-Rassoul.
-
À l’exploitation des documents coptes on peut rattacher Auguste Baillet.
-
À l’exploitation de l’archéologie des tombes royales on peut relier Jules Baillet. En effet,
lorsqu’il va en Égypte, il y a peu de temps que la Vallée des Rois a été découverte.
Entre 1880 et 1914, mise en place de fouilles méthodiques ; jusqu’alors, les objets qui se retrouvaient sur
le marché de l’art, avaient été pillés dans les tombes par les fellahs. L’archéologie n’était pas encore organisée ; cela commence peu de temps avant que Jules arrive en Égypte, envoyé par Maspero.
Auguste et Jules Baillet s’inscrivent à la pointe de la recherche : linguistique pour l’un, et archéologique
pour l’autre.
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JKD
27.
VISITE VIRTUELLE
de la COLLECTION ÉGYPTIENNE d’ORLÉANS
On doit l’actuelle collection égyptienne d’Orléans à la famille Baillet parce qu’il s’agit d’un don, mais
aussi à l’initiative archéologique de l’Abbé Desnoyers.
Les objets les plus anciens de la collection d’Orléans datent de l’époque prédynastique. À cette période
des chefferies se constituent, le désert libyque se dessèche et les populations se concentrent près du Nil.
Vers - 3400, à la fin de l’époque Nagada II, patronyme d’une ville qui a donné son nom à une culture, la
société égyptienne s’organise, se hiérarchise. Orléans possède des vases de cette époque.
La plupart des objets proviennent de la région de Thèbes = Karnak et Louxor, la Vallée des Reines, la
Vallée des Rois et la Vallée des Nobles d’où arrivent les cônes funéraires. Les tissus coptes viennent
d’Antinoé en Moyenne Égypte.
Doc D. Michaux
-
Les vases prédynastiques font 5 à 6 cm. Certains sont peints, comme en haut à droite, où l’on voit un
âne sur un bateau. La céramique est apparue vers - 5000 en Égypte (- 7000/- 6000 en Syrie).
La tête de massue est simple, sans gravure.
Les palettes dites ‘à fard’ sont des objets de culte ; les tombes royales en contenaient également
…
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JKD
28.
Doc D. Michaux
Ce fragment de stèle proviendrait de la collection
de l’Abbé Desnoyers. Le défunt est assis, il est
vêtu d’une robe plissée, ce qui fait dire à D. Michaux que cela ressemble à une tenue ramesside…
Ce très bel ostracon est le seul d’Orléans. C’est
Renenoutet, la déesse serpent des moissons.
Doc D. Michaux
Ci-contre, différentes formes du dieu Horus.
La stèle du milieu est particulièrement belle.
* Basse époque = 26 d. jusqu’à l’époque gréco-romaine.
e
La collection comprend également :
-
3 fragments de sarcophages de la fin du Nouvel Empire ou peut-être de la Basse Époque, signale
D. Michaux ; sur l’un d’eux, un dieu Osiris momiforme.
-
une amulette « deux doigts » dont on ne trouve que peu d’exemplaires dans les objets votifs.
-
3 bouchons de vases canopes pour conserver les viscères : deux couvercles ‘Douamoutef’ et un ‘Amset’.
-
des masques funéraires de Basse Époque, qui étaient placés sur le visage des momies.
…
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29.
Doc D. Michaux
Ces petites statuettes funéraires ou ouchebti
représentent les serviteurs des morts ; on les
trouve en grand nombre dans les tombes.
Celles-ci sont très simples, sans inscription.
Les Égyptiens imaginant la vie dans l’Au-delà
comme sur terre, ils emmenaient avec eux ces
« répondants » (signification du mot ouchebti)
pour travailler à leur place.
Orléans possède 3 ouchebti inscrits.
D. Michaux précise que c’est en général le
chap. 6, du Livre des Morts qui y figure. Le
défunt était également enterré avec un papyrus appelé le « Livre des Morts » contenant des conseils sur ce qu’il faut faire entre
le monde des vivants et le monde des morts
rempli de dangers, afin de ressusciter à l’Est,
comme le soleil.
La collection compte aussi :
-
des statuettes de différentes divinités : Thoth, Osiris, Thoueris
une statuette de Vénus Astarté d’époque gréco-romaine
une statuette de taureau Apis
une petite collection de scarabées, symboles de renaissance
des lampes à huile, Basse Époque et gréco-romaine
D. Michaux précise que « tous ces objets sont petits et proviennent de tombes ; ce sont des objets votifs »
-
un pot à khol, 2 miroirs, un mortier à fard et un pilon
des flacons à parfum
2 amulettes ouadj
des bijoux : boucles d’oreilles, bagues, naos…
des amulettes protectrices contre les maladies : l’œil oudjat (l’œil sain d’Horus)
des amulettes piliers djed, symbolisant la colonne vertébrale dans laquelle revient la vie (résurrection)
des « Isiaca » qui sont de petites divinités reliées au culte d’Isis : bélier d’Amon, Apis, Sobek, Bès…
un siège set d’Isis
des fragments de papyri
etc, etc…
4
Orléans a des caisses pleines d’ostraca , surtout grecs ; quelques-uns en démotique et en copte. Pour écrire, les
Égyptiens n’avaient pas de papier ; ils utilisaient des tessons de poterie ; ce support ne coûtait rien alors que le
papyrus était très onéreux. D. Michaux nous signale que les Égyptiens écrivaient aussi sur des coquilles d’autruche et le terme ostraca vient par extension, de ce matériau.
4
Ostraca = tessons de poterie ou éclats de calcaire ; des ostraca ; un ostracon.
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30.
Conclusion
La collection privée de cônes funéraires de la famille Baillet a été réalisée par l’intermédiaire des pilleurs de
tombes à la fin du 19e et au début du 20e s.
En ce qui concerne la collection des tissus coptes, elle doit être entrée au musée d’Orléans à l’époque des
fouilles d’Albert Gayet (fin du 19e s.).
Les broderies, artefacts, stèles funéraires, papyri, statuettes, ostraca… « sont des trésors de valeur »
nous indique D. Michaux, « même s’ils sont de petites tailles ».
Le reste de la collection : « Isiaca », ouchebti, sont des objets plus courants.
Danièle Michaux considère qu’à Orléans, « nous avons une belle collection ».
L’exposition de « La collection égyptienne orléanaise » aura lieu en 2017.
D. Michaux nous annonce qu’à cette occasion il y aura un colloque sur les cônes funéraires ; elle a déjà contacté les spécialistes de cette nouvelle science à laquelle on s’intéresse vraiment depuis une dizaine d’années.

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