L`affaire Pierre Peyvel - Groupe Information Asiles

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L`affaire Pierre Peyvel - Groupe Information Asiles
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POLITIQUE ET PSYCHIATRIE
Pourquoi Laurent Wauquiez a-t-il peur de Pierre Peyvel
ou comment la psychiatrie permet de se débarrasser d'un empêcheur de gouverner en rond
Pourquoi Laurent Wauquiez, ce « jeune loup à sales pattes mouillées droitier ambidestre
(sic) d'ambition nationale (…) pas encore chef d'Etat mais presque »1 veut-il absolument zombifier
son ancien copain Aurécois de souche Pierre Peyvel, de même pas deux ans son aîné, ce « joggeur
(brun mince de grande taille, vêtu d'un pantalon militaire) accompagné de son chien type
'milou' »2 , avec qui il faisait de longues balades à vélo et dont les enfants jouaient avec les siens ?
En effet, par signalement auprès du préfet de la Haute-Loire, le bras-droit de Nicolas
Sarkozy a fait interner en hôpital psychiatrique, sans son consentement, son co-militant à l’UMP
départementale. Répétons la question : pourquoi ?
Sûrement pas pour le protéger, ni pour protéger ses concitoyens, car Pierre Peyvel n'a jamais
menacé de se suicider et n'a jamais menacé la vie d'autrui, il ne présente pas de dangerosité pour
lui-même ou pour autrui. Ajoutons, pour ceux qui l'ignoreraient encore, que les traitements
médicamenteux administrés en psychiatrie sont particulièrement nuisibles à l'état de santé en
général et, outre leurs autres effets dits ‘secondaires’ souvent redoutables, peuvent tuer par
‘accident’ pneumo-cardio-vasculaire3 même un gars en pleine vigueur… Les proches de Pierre
Peyvel ont de quoi être inquiets : depuis février 2015, aux doses de Loxapac s'ajoute désormais une
injection-retard d'Haldol. Laurent Wauquiez n'a-t-il vraiment aucun scrupule à faire courir ce risque
à son « cher ami » ? Lui qui fréquente depuis son plus jeune âge les ‘hautes sphères’ du pouvoir, des
diplômés et des riches, est-il donc si fragile, tel le colosse aux pieds d'argile évoqué dans la Bible
(Daniel 2/26-46) brisé par une pierre anodine ?
Cette histoire tragico-rocambolesque commence lors des élections locales de 2008, quand
Pierre Peyvel, âgé de 34 ans, décide de présenter sa candidature aux cantonales. Lui et quelquesuns de ses copains, tous membres de l'UMP, dénoncent ce qu'ils estiment être la collusion entre
notables du PS et de l'UMP pour se répartir les postes qui de maire d'Aurec-sur-Loire ou du Puy-enVelay, qui de conseiller général, faussant ainsi le jeu électoral en plaçant comme concurrents à
l'adversaire des personnes de second rang peu susceptibles d'être élues. Les célèbres altiligériens
Jacques Barrot, alors vice-président de la Commission européenne, et Laurent Wauquiez, alors
secrétaire d'Etat et porte-parole du gouvernement Sarkozy, n'apprécient pas cette initiative de
Peyvel et imposent leur candidate Céline Decroix qui ne sera évidemment pas élue (elle récidivera
en posant sa candidature aux élections départementales 2015). C'est le vrai-faux socialiste Guy
Vocanson, pendant dix-neuf ans maire d'Aurec-sur-Loire, qui sera dès lors conseiller général (il
aura la prudence de ne pas se re-présenter aux départementales de 2015, prétextant son âge). Claude
Vial obtiendra la mairie d'Aurec-sur-Loire et Laurent Wauquiez (âgé alors de 32 ans et déjà
plusieurs fois ministre !) la mairie du Puy-en-Velay…
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In Le p'tit républicain d'Aurec, bulletin humoristique de satire politique N°1, janvier 2009, page 1
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Ibidem.
Cf . nos articles in Golias Hebdo N°317, semaine du 26 décembre2013 au 1er janvier 2014, Psychiatrisés d'office : un
scandale méconnu et in Courrier de l’ACAT N° 319 de mars-avril 2013, pages 47-49, Lieux d’enfermement
psychiatrique, lieux d’indignité ?.
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Ces notables auraient pu continuer de faire entre eux leur cuisine de cumulards si Pierre
Peyvel et ses copains n'avaient titillé leur mauvaise conscience d'abord en les apostrophant sur leur
politique, puis en publiant à partir de janvier 2009 un modeste mensuel de deux ou parfois quatre
pages intitulé Le p'tit républicain d'Aurec, bulletin humoristique de satire politique. Fins
connaisseurs de tous les dessous de la vie économique, politique et sociale locale, ils dépeignent les
faits et gestes des élus en termes caustiques qui font rire bien des Aurécois… et grincer des dents les
autres ! Leur feuille de chou tient à la fois (à sa très modeste mesure) de l'hebdomadaire national
bien connu Le Canard Enchaîné et du périodique auvergnat d'information critique La Galipote4 ,
fondé par Marc Gachon il y a plus de trente-cinq ans et toujours édité.
Dès le mois de mars 2009, dans l'éditorial de son bulletin municipal, le nouveau maire
d'Aurec-sur-Loire Claude Vial dénonce « les propos incohérents », les « interprétations
délirantes », les « allégations obscènes et dégradantes », l' « atteinte portée aux personnes »
publiées dans Le p'tit républicain d'Aurec. Pourtant, curieusement, aucune plainte en diffamation ne
sera déposée contre la feuille de chou et son directeur Pierre Peyvel. Plutôt que la voie légale
frontale qui les acculerait à s'expliquer sur leurs actions épinglées dans la feuille de chou satirique,
les élus mis en cause cherchent une voie détournée pour faire taire le trublion qui n'hésite pas non
plus à assister aux séances du conseil municipal, comme la loi l'y autorise.
Le 24 mars 2009, le Tribunal de grande instance du Puy-en-Velay débat en audience
publique d'une plainte déposée contre Pierre Peyvel pour « appels téléphoniques malveillants
réitérés » (concrètement, quelques SMS) par Guy Vocanson et Céline Decroix : ceux-ci sont
déboutés … Le président du tribunal souligne dans sa décision qu'il n'y a rien d'insultant dans ces
SMS et que « l'infraction reprochée s'inscrit dans un contexte post-électoral conflictuel où
manifestement la dimension politique se mélange à une dimension affective compte tenu des liens
anciens qui unissent les familles de l'ancien maire d'Aurec et le prévenu » (délibéré du 28 avril
2009).
Mais la farce tourne au tragique quand, le 6 avril 2009, Ida, la mère de Pierre Peyvel, ex-colistière de Vocanson aux élections municipales, est trouvée morte à son domicile (le père de Pierre
était décédé l'année précédente suite à une longue maladie). La docteure Tomczyk-Ferrero qui
examine le corps décide d'émettre un obstacle médico-légal à l'inhumation, s'interrogeant sur
l'éventualité d'un suicide. La mort est constatée remontant au 4 avril ; or, la veille, selon des
témoins, Ida Peyvel aurait reçu la visite de Guy Vocanson qui s’est refusé à s'expliquer sur le motif
de cette rencontre. De là à établir un lien de cause à effet avec l'acte présumé suicidaire qui
s'ensuivit, il n'y a qu'un pas que le fils franchira d'autant plus facilement qu'il ne pourra jamais
connaître les causes réelles de la mort d'Ida. En effet, Pierre Peyvel qui espérait que la Justice
ordonnerait une autopsie, demandera celle-ci en vain : la crémation sera autorisée par l'adjoint
délégué au maire d'Aurec-sur-Loire dès le 8 avril. Depuis son ministère parisien, Laurent Wauquiez
se fendra d'une lettre de condoléances écrite de sa blanche main à son « cher Pierre ». Le p'tit
républicain d'Aurec évoquera l'affaire dans plusieurs de ses numéros, irritant au plus haut point les
personnes impliquées qui ne présenteront aucune excuse pour cette crémation trop hâtive. Pierre
Peyvel leur reprochera plusieurs années de suite ce déni de son droit à connaître les causes de la
Ce périodique s’est intéressé à plusieurs reprises à l’affaire Peyvel, notamment par les articles de Jean Coulardeau
dans La Galipote N° 123 du printemps-été 2011, pages 22-23, intitulé Cartes biseautées et règlement de compte à
« Aurec-coral » et de Marc Gachon dans La Galipote N°130 de l'été 2014, pages 26-27 intitulé Aurec-sur-Loire (43) –
Affaire Peyvel : La muselière psychiatrique a craqué !
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mort de sa mère et estera en justice à ce sujet. Quatre ans et demi plus tard, le 31 octobre 2013, sera
enfin prononcée et publiée la décision du Tribunal administratif de Clermont-Ferrand d'annuler
l'autorisation de crémation et de condamner la commune d'Aurec-sur-Loire aux dépens et à
dédommager Pierre Peyvel de ses autres frais.
Parallèlement, Pierre Peyvel connaît des difficultés sur le plan professionnel : sa petite
entreprise familiale de grossiste en vins doit déposer le bilan au mois de juillet 2009. Ces difficultés
sont dues en partie au contexte de « crise » économique mondiale qui frappe aussi nombre
d'Aurécois, et en partie à une perte de clients suite au conflit politique local détourné en (fausse)
accusation d'infraction pénale largement étalée dans le journal régional La Gazette de la Loire. En
effet, La Gazette avait exhibé au public, le 12 février 2009, une affiche ainsi libellée « Aurec :
Pierre Peyvel convoqué par la justice pour harcèlement », à propos de l'action en justice tentée par
G. Vocanson et C. Decroix, alors qu'il s'agissait d'une plainte pour trouble à la tranquillité d'autrui
(article 226-16 du code pénal). Il faudra la pugnacité de Pierre pour que La Gazette de la Loire
publie, trois mois plus tard, l'annonce de sa relaxe. En attendant, le mal était fait… L'amuseur
public, jovial commerçant en gros estimé de tous, devenait suspect d'actes malfaisants…
Le terrain sur lequel est toujours situé le local de feue la modeste entreprise Peyvel se trouve
en plein centre d'Aurec-sur-Loire, petite ville certes altiligérienne mais si proche de Saint-Etienne
(Loire) que la spéculation immobilière y est bien tentante. Les gains financiers possibles en ce
domaine suscitent les convoitises. Les ambiguïtés ne manquent pas. Malgré les pressions de Guy
Vocanson, alors maire, et de son adjoint d'alors Louis Gaucher qui lui avaient accordé un permis de
construire en 2007, Pierre Peyvel avait refusé de faire bâtir un immeuble locatif sur son terrain, le
montant des honoraires d'architecte l'ayant intrigué, car resté trop flou à ses yeux. Auparavant, une
grande surface ayant fermé dans cette zone, des Aurécois, dont Pierre Peyvel, s'était associés pour
racheter celle-ci en vue de la transformer en un hall de petits commerces de proximité. Ils
échouèrent, car la mairie avait alors usé de son droit de préemption pour acheter le lieu et le
revendre peu après à un agent immobilier qui y fit construire un immeuble de rapport. Pierre Peyvel
et son voisin et ami le garagiste Vérot résistent jusqu'à ce jour aux sirènes chantant les vertus
spéculatrices que leur procurerait la vente de leurs terrains respectifs.
Tout cela aurait simplement des relents de Clochemerle (quoiqu'en un peu plus grave tout de
même), si, en septembre 2009, un nouveau pas n'avait été franchi par les élus locaux… A la
réunion du conseil municipal de juillet déjà, le nouveau maire et une conseillère avaient apostrophé
Pierre Peyvel par la promesse qu'ils allaient réussir à le faire enfermer en psychiatrie. Comment
mieux neutraliser un gêneur, en effet, qu'en le faisant passer pour malade mental ? La législation
permet au maire d'une commune de prendre un arrêté provisoire d'internement d'office de toute
personne qu'il estime troubler l'ordre public. L'idée trotte dans la tête des élus depuis des mois, il ne
manque plus que mettre en scène l’occasion ! Cela se passera une fois de plus de façon
rocambolesque.
Le 11 septembre 2009, vers 7 heures du matin, Pierre Peyvel boit un café dans un bar PMU
du centre-ville avant de démarrer sa tournée de livraison avec son camion : ayant perdu son
entreprise de grossiste en vin, il avait créé une petite brasserie qui survécut quelques mois à peine,
et pour cause. Arrive Louis Gaucher, conseiller municipal de très longue date, qui achète le journal
et ressort. Pierre le suit, car il a fini son café et veut se mettre au boulot. Soudain, Pierre voit Louis
perdre ses clés de voiture qui tombent à terre devant lui. Pierre les ramasse et les tend à Louis en lui
disant à peu près : « Tiens, tes clés ! Au fait, il faudra bien que vous me disiez un jour ce qui est
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arrivé à ma mère ! » Louis lui rétorque : « Tu vas voir les problèmes qu'on va te faire avec la
gendarmerie ! » et il s'éloigne en hâte vers la mairie proche. Pierre alors, surpris et méfiant, ouvre
la voiture de Louis avec les clés, s'installe au volant et conduit le véhicule jusqu'à la gendarmerie, la
gare et jette les clés dans la boite aux lettres de l'OPJ local, le gendarme Roubin. Puis il s'en
retourne à pied vers le bar où stationne son camion, à peu près à 800 m de la gendarmerie. Il n'a pas
le temps d'arriver jusque là qu'il est interpellé par le gendarme venu en véhicule l'arrêter pour… vol
de voiture ! A la gendarmerie, Pierre a beau montrer la voiture de Louis et où se trouvent les clés,
Roubin le place en cellule. Puis il l'interroge et abandonnant l'accusation de vol, il ne le libère pas
mais au contraire l'embarque et le conduit à la gendarmerie de Monistrol-sur-Loire. En effet,
Roubin n'est pas de permanence ce matin-là… et pourtant, il a obséquieusement répondu au coup de
fil de Louis Gaucher lui demandant d'arrêter Pierre pour vol… Mais il doit le déférer à ses collègues
de Monistrol qui, eux, sont de permanence. Ceux-ci l'interrogent puis font venir un médecin et le
tour est joué ! Le maire de Monistrol-sur-Loire signe un arrêté provisoire d'hospitalisation d'office
et Pierre Peyvel qui vient de fêter ses 36 ans à peine quelques jours avant, le 8 septembre, se
retrouve enfermé sans consentement et médicamenté de force à l'hôpital psychiatrique Sainte-Marie
au Puy-en-Velay. Le préfet de Haute-Loire confirmera par son propre arrêté la mesure provisoire
prise par le maire, comme la loi l'exige. Ce sera le premier d'une longue série d'internements
d'office répétitifs : actuellement, Pierre Peyvel en est à largement plus de trois ans d'enfermement et
de ‘soins’ forcés. Il faut dire qu'à chaque sortie jusqu’au printemps 2015, il interpellait les élus
directement lorsqu'il les croisait dans la rue ou par SMS, ou par graffitis (sur les murs de sa propre
entreprise abandonnée), toujours demandeur d'explications sur les différents litiges qui les opposent.
Les élus évidemment continuent de se dérober.
Citons pour exemple une autre arrestation de Pierre Peyvel, toute aussi rocambolesque mais
avec un aspect tragique, car sa fille et son fils encore petits y sont mêlés. A l'aube de ce 9 mars
2011, les gendarmes de Monistrol-sur-Loire frappent à la porte d'un hôtel d'Orléans (oui, dans le
Loiret !) où dorment Pierre Peyvel et ses enfants. Ils seront embarqués tous les trois, le jeune père
menotté, et ramenés en Haute-Loire où, rebelote !, le préfet signera un arrêté d'hospitalisation sans
consentement. La routine, quoi ! Est-il pensable qu'une telle intervention gendarmesque si loin de sa
base et pour une mission aussi anodine (sans parler du caractère injustifié et de la violence
psychologique faite aux enfants) ait eu lieu sans un feu vert d'un membre de quelque ministère ? Il
est permis de s'interroger… N'ayant jamais pu obtenir de justification d'une telle intervention, Pierre
Peyvel, d'ailleurs, a envoyé en juillet 2014 une lettre recommandée au ministre de l'Intérieur actuel
pour lui demander d'enquêter à ce sujet. Que faisait Pierre Peyvel, lui, à Orléans, cette nuit-là avec
ses enfants ? Tout simplement une halte sur le chemin du retour à son domicile en Normandie. En
effet, lui et son épouse avaient jugé préférable de s'éloigner au moins un temps d'Aurec-sur-Loire.
Dès septembre 2009, Madame Pierre Peyvel avait été convoquée sans motif précis par la
gendarmerie d'Aurec où on lui posa des questions indiscrètes sur sa vie de couple, lui suggérant de
fouiller la maison pour vérifier si son mari ne cachait pas des armes quelque part et même de le
quitter… Finalement, un an et demi plus tard après l'arrestation à Orléans, le couple décidera de
divorcer, Pierre restant seul à Aurec tandis que son épouse et les enfants vivraient là-bas, quelque
part en Normandie, loin des pressions. Le jeune père continuera de voir très souvent ses enfants
(quand il n'est pas enfermé !) et aura un contact téléphonique quasi-quotidien avec eux.
Heureusement, dès septembre 2009, Pierre Peyvel prendra contact avec l'association de
défense des droits et de la dignité des personnes psychiatrisées, le Groupe Information Asiles
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(GIA)5 et son correspondant régional, Georges Hron. Ce dernier l'assistera et rendra possible des
actions en Justice pour contester ces hospitalisations d'office. Cela prend du temps, chacun connaît
la lenteur (savamment orchestrée par privation de moyens et de personnel) de cette institution
française, maintes fois condamnée pour ce motif par la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
Comme tout justiciable, Pierre Peyvel doit faire preuve de persévérance au long des jours, des
semaines, des mois, des années que nécessite la moindre procédure. Les psychiatres traduiront cela
en une pathologie, la quérulence processive : « Tendance pathologique à la revendication, observée
chez des sujets de type paranoïaque ou hypocondriaque et revêtant parfois une forme processive.
La quérulence est une réaction hostile et revendicatrice de certains sujets qui se croient lésés et
considèrent qu'il y a sous-estimation dans l'appréciation du préjudice causé ; de ce fait, ils passent
facilement de la plainte à l'attaque, soit directement, soit en justice (Porot 1960, 1975). »6 Dans le
cas de Peyvel, si quérulence il y a, cela passe par l'action en justice. Son opposition politique à des
élus pas forcément toujours très francs sera traduite en termes médicaux par paranoïa et ses
adversaires requalifiés par les mêmes médecins en persécuteurs. Etonnamment, les psychiatres ne
semblent pas remarquer son sens de l'humour, sa jovialité, sa douceur, sa gentillesse, autant de
qualités qui frappent d'emblée toute personne qui entre en contact avec lui. Il est vrai qu'avec les
doses de psychotropes qu'ils lui font avaler, ces aspects-là de sa personnalité peuvent être sinon
totalement éteints, du moins largement gommés… Quant à se renseigner et enquêter sur les
circonstances objectives des procédures engagées par Pierre Peyvel, n'y comptez pas ! Ces experts
et autres psychiatres savent discerner à coup sûr qui est malade et qui ne l'est pas, qui oserait en
douter serait fou lui-même, n'est-ce pas ? Et puis ne sont-ils pas garants de l'ordre public, eux aussi,
comme les gendarmes ? Qu'on se le dise !
Pourtant, lors de jugements rendus publics les 21 décembre 2011 et 31 octobre 2013, le
Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand a annulé les arrêtés préfectoraux et les arrêtés
municipaux qui ont été la cause des internements successifs de Pierre Peyvel de 2009 à fin 2013.
Les demandes en dommages et intérêts suite à ces annulations sont toujours en cours. Toutefois, le
Tribunal de Grande Instance de Paris a d'ores et déjà condamné en référé par décision du 24 mai
2013 l'agent judiciaire de l'Etat et la commune de Monistrol-sur-Loire aux dépens et à verser des
provisions à Pierre Peyvel « à valoir sur l'indemnisation du préjudice au titre de l'atteinte à la
liberté individuelle dont il a fait l'objet » lors de son premier internement d'office en septembre
2009. Le même Tribunal a rendu le 23 novembre 2015 une autre ordonnance de référé condamnant
dans des termes identiques l’agent judiciaire de l’Etat et, cette fois, la commune d’Aurec-sur-Loire
au titre d’indemnisation du préjudice subi par Pierre Peyvel lors de son hospitalisation d’office
d’avril 2010.
Galvanisé par ces succès, Pierre Peyvel, sorti en décembre 2013 de vingt-huit mois
consécutifs d'hospitalisation sans consentement, a retrouvé au moins en partie sa verve et son
humour. Reprenant sa lutte de pot de terre contre le pot de fer, il décide de se rappeler au bon
souvenir des élus. Outre quelques SMS toujours polis et jamais menaçants à quelques-uns, il
s'adresse à eux par une nouvelle blague : le 2 juin 2014, il va déposer précautionneusement sur les
pelouses respectives de plusieurs de ces messieurs-dames, quoi ?… une caisse de douze bouteilles
vides, étiquetées à l'enseigne de feue l'entreprise familiale : « A votre service depuis 5 générations,
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6
Cf. le site Internet groupeinfoasiles.org.
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/quérulence, le 12 mars 2015.
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PEYVEL, vin de table français » ! Oui, Pierre Peyvel ne peut s'empêcher de faire des pitreries. Estce une pathologie ?! Après plus de deux ans de camisole chimique, osera-t-on le lui reprocher ?
Eh bien, oui ! Les réactions ne se font pas attendre, les plaintes pleuvent… et sont instruites
avec célérité, car chacun sait que la Justice n'a que des babioles de ce genre à réguler ! Le 6 juin
2014, Pierre Peyvel est sommé de se présenter devant le procureur de la République au Puy-enVelay qui lui notifie interdiction de retourner sur le territoire de la commune d'Aurec (il ne peut
même pas rentrer chez lui chercher quelques affaires !) jusqu'à une audience du Tribunal
correctionnel programmée pour le 1er juillet suivant. Ouf ! Soulagement, cette fois il n'est pas
interné d'office, il est considéré comme un citoyen responsable devant assumer ses actes. Il sera
condamné à quatre mois de prison avec sursis et diverses autres exigences telles que se soumettre à
des mesures d'examen médical, s'abstenir d'entrer en relation avec diverses personnes…
Condamnation mais succès quand même, car cette pitrerie était en fait un test de sa part, bien pensé,
pour en avoir le cœur net et pour pouvoir s'exprimer publiquement. En effet, l'audience sera pour
Pierre Peyvel l'occasion de dire au président du tribunal et au procureur de la République du Puyen-Velay qu'ils n'ont jamais voulu instruire ses diverses plaintes, déposées en leur temps, par
exemple celles en faux en écriture concernant les attestations médicale et de gendarmerie qui
servirent à ordonner la crémation de sa mère ou encore demandant une enquête pour provocation au
suicide. Curieusement, suite à cette prise de parole publique, les plaintes en question seront enfin
prises en considération…
Pierre Peyvel n'en a pas fini : il veut que soit dévoilée aux yeux de tous la participation de
Laurent Wauquiez aux événements des cinq années précédentes qui ont amené la perte de
l’entreprise familiale, son divorce, ses hospitalisations… Il va, courant juillet 2014, taguer la
permanence du député à Yssingeaux ! « Voyons, cela ne se fait pas ! » lui dira-t-on lors de
l'audience devant le juge des libertés et de la détention. S'attaquer ainsi de front à « Monseigneur
Wauquié-t-il »7 ne peut que révéler, une fois de plus, aux yeux des bien-pensants, la maladie
mentale de cet Aurécois fougueux. Averti par qui de droit, le 1er août 2014, le préfet de la HauteLoire prend un arrêté d'hospitalisation complète de… à… vous connaissez la ritournelle,
maintenant, inutile de s'appesantir ! Alors qu'il sirote tranquillement son café chez son voisin
garagiste, les gendarmes débarquent et l'embarquent… re-direction l'hôpital psychiatrique SainteMarie au Puy-en-Velay.
Le samedi 8 novembre 2014, alors qu'il sort de l'hôpital quelques heures dans le cadre d'un
programme de soins, Pierre Peyvel envoie à Laurent Wauquiez le SMS suivant depuis son
téléphone portable que les infirmiers lui ont rendu provisoirement :
« Bjr laurant encore 4 mois de psychiatrie suite a ta plainte ki ne sera pa instruite ce k je
regrete nou orion pu nou explikè o tribunal le proc louvier a ouver lenkète pour
provocation o suicide celine decroix è la gazette devron sexplikè è toi ossi par la même
ocasion cordialemen ton ami pierre peyvel… »
Le lecteur peut le constater, rien de menaçant ni d'insultant. De la déception : que la plainte
pour tag ne soit pas jugée en correctionnelle… Pierre Peyvel informe son ami que ses plaintes
anciennes sont enfin en cours d'instruction ; il croit encore, éternel grand naïf qu'il est ! (oh, est-ce
aussi une pathologie, docteur ?), que la Justice fera enfin son travail et donnera suite… Et pire, il
persiste à croire en l'amitié sincère du député et qu'une explication franche est encore possible…
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In Le p'tit républicain d'Aurec, bulletin humoristique de satire politique N°1, janvier 2009, page 1.
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Alors là, ce n'est plus de la naïveté, c'est… quoi, de la folie ? Non, docteur ! C'est de la souffrance,
l'immense souffrance d'un homme simple, gentil, joyeux, généreux, ex-bon époux et bon père, qui a
tout perdu… sauf peut-être encore ses dernières illusions. Mais Laurent Wauquiez ne l'entend pas
de cette oreille et réagit immédiatement en faisant informer de ce SMS le préfet de Haute-Loire qui
fera interrompre le programme de soins et demandera par arrêté du 14 novembre 2014 à nouveau
l'hospitalisation complète de… à… (ritournelle désormais bien connue). Une nouvelle procédure
judiciaire est en cours pour tenter de faire annuler l'arrêté du 1er août 2014.
Après plusieurs refus du préfet malgré l’avis favorable du psychiatre, Pierre Peyvel sort
enfin de cette n’ième hospitalisation complète le 3 avril 2015 mais en se voyant imposé des ‘soins’
en ambulatoire. Sur les murs d’un local et la paroi d’une cuve lui appartenant en pleine ville
d’Aurec-sur-Loire, en mai 2015, il peint quelques phrases interpellant cinq élus sur les affaires qui
le préoccupent. Pour cette action, le 2 juin 2015, il reçoit une convocation du Tribunal correctionnel
du Puy-en-Velay : Laurent Wauquiez est le seul parmi les élus nommés explicitement à porter
plainte en diffamation, en vertu des lois respectivement sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881
et la communication audiovisuelle du 29 juillet 1982. Le procureur du Tribunal du Puy-en-Velay
reçoit sa plainte et s’en saisit. L’audience se tient le 19 janvier 2016. Me Laurent Friouret, avocat de
Pierre Peyvel, plaide la nullité de la plainte car… Laurent Wauquiez a porté plainte par
procuration : il a délégué son assistant parlementaire par un pouvoir général pour porter plainte à sa
place contre Pierre Peyvel ! Malgré cette demande en nullité, le président du Tribunal s’obstine à
tenir l’audience et à faire plaider les parties sur le fond. L’affaire est mise en délibéré au 2 février
2016 et le verdict tombe : relaxe pour Pierre Peyvel, car la plainte de Laurent Wauquiez est
irrecevable pour cause d’irrégularité de son dépôt.
Le joggeur ex-filiforme, toujours soumis à des ‘soins’ sans son consentement, a déjà grossi
de plus de vingt kilos suite à l'ingestion forcée des traitements qui lui sont administrés
périodiquement depuis six ans… Il a de plus en plus de mal à suivre le fil d’une pensée… A quels
dosages de psychotropes les psychiatres et le préfet vont-ils estimer qu’il n’importune plus le
colosse aux pieds d’argile Laurent Wauquiez et ses sous-fifres altiligériens ? Iront-ils jusqu’à la
surdose mortelle (« accident médicamenteux », « il avait le cœur fragile » entendra-t-on alors…) ?
Le droit à manier la satire, l'ironie, la dérision, l’obscénité ne vaut-il que pour les rédacteurs et
caricaturistes de Charlie-Hebdo ? Doit-on continuer de permettre que la psychiatrie soit
instrumentalisée par n'importe quel notable qui se sent importuné ? Quelques-unes parmi les
nombreuses questions suscitées par cette affaire …
Malgré tous ses déboires (euphémisme !), Pierre Peyvel, entre deux séjours en psychiatrie, a
mûri et approfondi sa pensée politique à partir du témoignage de ses amis qui lui seront restés
fidèles jusqu'au bout et attesteront y inclus par écrit de sa bonne santé mentale : Lucien Volle
(décédé en 2012) et son épouse Mélanie Berger, figures altiligériennes reconnues de la résistance au
nazisme. Pierre invoquera même le Conseil National de la Résistance lors de l'audience du 1er
juillet 2014 au Tribunal correctionnel du Puy-en-Velay, pour rappeler l'importance de la séparation
des pouvoirs et de la liberté de la presse. On ne saurait mieux dire…
Nicole Maillard-Déchenans
29 février 2016