le Pavillon de Mademoiselle, son Histoire

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le Pavillon de Mademoiselle, son Histoire
le Pavillon de Mademoiselle, son Histoire
Commencé en 1828, le pavillon de Mademoiselle, Louise d’Artois, est achevé en avril 1829 sur le
coteau du jardin de Montretout. Il s’agit d’une construction en bois de plan octogonal, prévu pour être
démontable. Sous les ordres de l’architecte des bâtiments du Roi, Eugène Dubreuil, plusieurs artistes
participent à l’édification de ce pavillon :
- Mathieu pour les jardins
- Sinaud pour la maçonnerie
- Amable Boichard pour la sculpture et la réalisation des châpiteaux
- Julien-Antoine Duprey pour la serrurerie
- Charles-Victoire-Frédéric Moench pour le décor
- Pierre Maximilien de Lafontaine pour la dorure…
Mais le concepteur principal reste le menuisier Anselme Poncet, installé à Paris (8 rue Coquenard). Cet
artisan réalisera de nombreux travaux pour le Roi, aussi bien au domaine national de Saint-Cloud qu’à
Fontainebleau.
L’élévation extérieure est proche d’autres pavillons turcs : le plan octogonal sur deux niveaux se terminant
par un clocheton(2). A l’intérieur, le décor est très riche. En effet, d’après les archives techniques du
domaine de Saint-Cloud, des colonnes, des glaces, une cheminée ornaient l’architecture. Les plafonds
étaient bleus, les murs étaient peints de jaune, de vermillon et de filets verts. La cheminée serait dorée sur
fonds bleus, et les frises de couleur brune. Le faste de l’ornement est confirmé par la diversité des
matériaux : sapin, marbre, dorure…
La révolution de 1830 oblige la famille d’Artois à l’exil. Le pavillon est donc utilisé pour sa fonction
première, l’étude, pendant seulement un an. En 1833, l’architecte Eugène Dubreuil décide de déplacer la
construction vers le jardin du Trocadéro. Anselme Poncet est alors chargé de démonter l’édifice, de le
transporter à l’épaule et de le réinstaller de manière identique. La construction se voit alors attribuée
diverses appellations : pavillon turc, pavillon mauresque ou encore pavillon gothique. Sous le Second
Empire, le pavillon devient le kiosque du Prince Impérial. Lors de rencontres politiques, ce dernier sert de
havre de paix. Ainsi, le roi de Hanovre aime à se balader dans le jardin du Trocadéro. Un fauteuil lui a
même été amené pour qu’il puisse se reposer dans le kiosque (3).
Fin 1890, le kiosque, ou pavillon turc, est loué par Monsieur Ouradou. Il l’emploie comme buvette pour les
promeneurs. Il a alors la charge de restaurer à ses frais le pavillon qui se trouve déjà en très mauvais état.
En 1945, l’édifice disparaît du jardin suite à un incendie : il est de nos jours matérialisé par des bancs
disposés en cercle face au bassin aménagé en 1858. Un projet de reconstruction est envisagé pour le futur,
et fait l’objet d’un accord-cadre entre les Monuments Nationaux et l’association Valeur et Respect du
Patrimoine.
Louise-Marie-Thérèse d’Artois, dite Mademoiselle
Petite-fille de France, elle naît le 21 septembre 1819 à Paris. Elle est la seule enfant que connaîtra son père
de son vivant, le duc de Berry, Charles Ferdinand d’Artois(4), fils du futur Charles X(5). Sa mère, Caroline de
Bourbon, aura un héritier masculin posthume à son époux, le duc de Bordeaux Henri, futur Comte de
Chambord, né le 29 septembre 1820.
En 1824, son grand-père, Charles, devient roi de France. La révolution de 1830 contraint la famille royale à
l’exil, d’abord en Angleterre puis en Autriche dès 1832, où, avec son frère, ils sont confiés à leur tante la
duchesse d’Angoulême, Marie-Thérèse-Charlotte de France, dite Madame Royale(6). C’est là qu’en 1845
Louise d’Artois épouse à 26 ans son cousin, Charles III, futur duc de Parme, Plaisance et Guastalla, avec
lequel elle aura quatre enfants.
Elle devient en 1849 duchesse de Parme, mais son mari est à son tour assassiné en 1854. Elle est alors
duchesse régente pour son fils Robert Ier de Parme. La famille est chassée par le roi Victor-Emmanuel II de
Sardaigne et leurs duchés rattachés au nouveau royaume d’Italie.
Le jardin du Trocadéro
Histoire et aménagement
A l’origine « Jardin de Montretout (7)», il est rebaptisé Jardin du Trocadéro suite à la victoire remportée en
août 1823 dans cette ville espagnole par le duc d’Angoulême.
Dès 1823, l’architecte du roi Louis XVIII, Maximilien Joseph-Hurtault, auteur du jardin à l’anglaise de
Fontainebleau (1811-1812), a pour mission de créer un jardin privé destiné aux Enfants de France, ses
petits neveu et nièce, Henri Dieudonné d’Artois duc de Bordeaux et sa soeur Louise Marie d’Artois, à qui
sera dédié le pavillon de Mademoiselle.
Malheureusement, Maximilien Joseph Hurtault décède en 1824, et la charge de réaliser le « nouveau jardin
pittoresque » revient à Eugène Dubreuil, nouvel architecte du Roi.
La gouvernante des Enfants de France, la duchesse de Gontault, procède à de multiples recommandations
pour assurer le bien-être des futurs héritiers du trône. Elle viendra d’ailleurs régulièrement se promener
avec ses protégés dans le jardin du Trocadéro(8).
Des aménagements sont progressivement conçus pour accentuer le confort d’Henri et de Louise d’Artois.
En 1825-1826, une passerelle relie l’appartement des Enfants au jardin. Un gymnase et u stand de tir sont
créés en 1829 pour le duc de Bordeaux. La même année est édifié le Pavillon d’étude destiné à
Mademoiselle, sur un pan de coteau devenu le jardin particulier de Louise d’Artois depuis 1828.
Lorsque l’on parle du jardin du Trocadéro, l’on évoque souvent le jardin dit à l’anglais, en contrepoint du
jardin dit à la française, également présent dans le domaine national de Saint-Cloud, avec les jardins
conçus par Le Nôtre(9) au XVIIe siècle.
Le jardin à la française, dit également jardin classique, se matérialise par des pelouses et des bassins très
géométriques, le long d’allées sablonneuses qui imposent la symétrie. L’alignement des arbres caractérise
aussi ce type de jardin dont le but est l‘harmonie, la proportion, la recherche de perspectives. Les
exemples les plus frappants restent les jardins réalisés par Le Nôtre à Vaux-le-Vicomte, aux Tuileries ou
encore à Versailles.
Le jardin anglais, ou jardin irrégulier, est strictement l’inverse du précédent. Il prend son essor au XVIIIe
siècle. Son objectif est d’organiser le paysage selon un schéma a priori aléatoire, pour donner l’impression
d’une nature laissée à l’état sauvage. Les chemins sont sinueux et les grandes perspectives n’existent pas.
Cela a pour effet de renforcer le caractère romantique et pittoresque(10) du jardin.
Le jardin du Trocadéro : le reflet d’une société
Ce jardin à l’anglaise est tracé selon les principes énoncés par Gabriel Thouin de son ouvrage : Plans
raisonnés de toutes sortes de jardins publié en 1819-1820. En effet, plusieurs recueils concernent les parcs
et jardins sont édités au XIXe siècle. Deux grandes théories de composition régissent alors les jardins dits
irréguliers :
- Le mouvement : obtenu par la variété de points de vue, et la taille des arbres et buissons qui se côtoient
- La couleur par les différentes teintes des végétaux et fleurs
Le jardin du Trocadéro est d’ailleurs conçu comme l’espace d’initiation à la botanique réunissent
différentes espèces exotiques et jouant sur les effets chromatiques. Cette volonté de réunir diverses
variétés de végétaux n’est sans doute pas un hasard car il s’agit d’un goût pour la nature et la biologie. La
première société d’horticulture est créée en 1827, des revues spécialisées font leur apparition, et les
premiers marchés à fleurs se développent, comme le Marché de la Madeleine en 1834.
D’autres jardins à la même époque que le Trocadéro
- Jardin de Soulange-Bodin à Froment, réalisé entre 1814 et 1830
- Parc de Bagatelle, réalisé en deux mois en 1775, surnommé «la folie d’Artois»
- Jardin de Rosny, propriété de la duchesse de Barry, mère des Enfants de France, depuis 1818
Dossier réalisé par ©PhartConsulting

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