Les deux orphelines

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Les deux orphelines
Les deux orphelines (1921), David W. Griffith. 2h 30min
La variation dans la grosseur des cadrages, qui correspond à la taille des plans, donne
naissance à une autre valeur repère : le visage humain cadré en gros plan. Le désir de capter
les expressions des personnages incite la caméra à se rapprocher, et quand techniquement le
gros plan n’est pas encore possible, le rapprochement se fait en pointant l’expression du
visage grâce à l’utilisation de l’iris : un cercle noir entoure et isole le visage du reste du corps,
signifiant au regard du spectateur ce qu’il est important de remarquer. Le mélodrame de
Griffith utilise ce procédé lorsqu’il importe d’accentuer la tension qui règne dans certaines
scènes à travers les expressions particulières des personnages.
L’avis de Nekochka :
Au cours de cette séquence où Henriette se rend compte qu’elle a été kidnappée et séparée de
sa soeur aveugle, l’emploi à plusieurs reprises de l’iris renforce la tension dramatique. Objet
de curiosité des riches et convoitise du marquis, la pauvre Henriette est encore innocemment
assoupie lorsque déjà un premier effet à l’iris la cerne et l’enferme tel un petit animal en cage.
La succession immédiate de quelques plans encore plus rapprochés de la jeune fille laisse
supposer que ce premier effet n’a pas pour fonction de palier à une impossibilité technique de
se rapprocher du visage endormi, mais bien d’accentuer l’effet d’emprisonnement produit par
ce cadre dans le cadre. Le même effet d’emprise visuelle est repris lorsqu’il s’agit de cadrer le
regard du marquis et suggérer son désir de possession, tel un équivalent de ce qu’on
nommerait un très gros plan. Puis la tension est à son comble lorsque Henriette évoque la
vulnérabilité de sa soeur aveugle et que lui répondent les regards perçants et inquisiteurs des
témoins, cernés par le même effet d’iris. Nous voilà au coeur du mélodrame !
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