de Mauro Corda - L`Université Paris Descartes
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de Mauro Corda - L`Université Paris Descartes
Sous le patronage de Madame Aurélie Filippetti ministre de la Culture et de la Communication et de Madame Geneviève Fioraso ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche l’Université Paris Descartes présente de Mauro Corda Exposition du 28 janvier au 20 février 2014 Réfectoire des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de Médecine, Paris 6 e Commissaire d’exposition : Yvan Brohard Chargé de mission Art & Science à l’Université Paris Descartes Les insolites de Mauro Corda Réfectoire des Cordeliers Du 28 janvier au 2 0 février 2014 Dans le cadre de son cycle d’expositions sur « L’Homme et son corps » et « Les âges de la vie », initié par Axel Kahn et poursuivi par son actuel président Frédéric Dardel, l’Université Paris Descartes, université de l’Homme et de sa santé, héritière d’une longue tradition chirurgicale et anatomique, site privilégié d’exploration du corps, présente Les insolites de Mauro Corda. « C’est dans le cadre austère et somptueux du Réfectoire de l’ancien Couvent des Cordeliers, haut-lieu de l’Histoire de France, du Moyen Âge à la Révolution, que les sculptures monumentales, éminemment contemporaines, de l’artiste entrent en résonance avec une architecture propre à réveiller en nous la ferveur et le recueillement des siècles passés. Mauro Corda, humaniste au regard acéré est l’héritier d’une tradition classique qu’il revendique avec force, tout en la renouvelant de façon magistrale, croisant avec bonheur une esthétique établie avec sa conception du monde, pertinente, subtile, parfois dérangeante. Au croisement du symbolisme, du naturalisme, du surréalisme, son oeuvre met un doigt (im)pertinent sur les grandes questions de notre temps, qu’il s’agisse d’identité, d’environnement, de génétique, des grands fléaux épidémiques, des progrès de la science... C’est aussi avec beaucoup d’émotion que Mauro Corda nous livre son profond ressenti face à un thème universel dont tous les grands artistes se sont fait l’écho : celui de la vie et de la mort ». Frédéric Dardel Président de l’Université Paris Descartes La colonne-Résine-270 x 50 x 50 cm Mis à disposition depuis 2007 par la Mairie de Paris aux universités de la capitale pour qu’elles développent leurs missions d’information scientifique et la diffusion de la culture, le Réfectoire des Cordeliers fermera ses portes dès le mois d’avril 2014 pour une politique de restauration destinée à embellir encore le joyau patrimonial qu’il représente. Les insolites de Mauro Corda sont donc la dernière manifestation culturelle avant la réouverture du lieu prévue en 2015 ou 2016. Insolite Soliloque Plongé dans la pénombre du Réfectoire des Cordeliers, le visiteur est invité à créer son propre parcours entre les sculptures qui se dressent comme autant de spectacles, de prouesses scéniques allant du grotesque au sublime. Il passe de surprise en surprise, et de cauchemar en cauchemar, pris dans un malaise ambiant nourrit de l'ambivalence diffuse entre beauté de la forme et provocation au fantasme incongru. Certaines découvertes sont d'abord oppressantes, mais très vite la tension se mue en plénitude et la grimace en rire, attestant de la force de ces sculptures et du génie de la mise en scène. Scarabée (détail) – Résine 106x97x93 Mauro Corda ne cesse de parler de nous et de nous parler. Il jette à la face du monde la dualité cruelle, entre bien et mal, inscrite au cœur même de la civilisation. L’homme porte en lui violence et ravage. L'histoire comme l’actualité ne cessent de le prouver. L’effort pour contraindre l’humain à réfréner et sublimer ses instincts et ses passions ne parvient pas à faire taire le monstrueux qui sommeille en chacun, prêt à s’éveiller à la moindre sollicitation. On ne peut que constater la fascination des hommes pour une souffrance existentielle qui ne s’apaise qu’à la mort, mais aussi pour la souffrance qu’ils sont capables d’infliger aux autres, au monde et à la matière dont ils sont faits. L’homme détient un tel pouvoir de destruction et de néantisation qu’il doit s’ingénier à trouver les moyens de le contenir ou de le détourner. Mauro Corda le révèle et le transfigure dans ses créations. Il impose sa perception intime et universelle d’une collusion des traumatismes, des pulsions et des passions dévorantes. Ainsi, il nous aide à faire face aux nôtres. L’artiste n’est pas dans une complaisance malsaine mais il nous demande de saisir, de s’approprier ce qu’il nous jette à la face. L’œuvre agit donc comme catharsis, pour lui comme pour nous, mais elle est d’abord un évènement esthétique qui s’offre dans la sublime beauté de sa forme. Le regard devient alors un acte où les sensations et la pensée s’enrichissent mutuellement. Il s’agit de voir en pensant l’œuvre dans sa technique, son esthétique, sa dimension culturelle et politique mais aussi, paradoxalement, de se laisser voir par l'œuvre, d'être sensible au sens de son regard et à la force de son appel. Ainsi, on peut rentrer pleinement dans le dispositif proposé par l'artiste. Mais il y a toujours un reste, quelque chose qui échappe, et ce reste laisse dans une incertitude agaçante qui nous fait y revenir avec une question : que voulait exprimer l’artiste dans la gestation de son œuvre, quel imaginaire et quelles pensées l’ont traversé ? L'artiste met à l'épreuve nos imaginaires en quête de résonance suggestive. Il y engendre de violentes vibrations et des émotions troubles, mais il donne aussi l’illusion de saisir des cosmogonies exotiques que certains n’hésitent pas à mettre en scène dans des rituels narcissiques. Mais la violence projetée n'est pas une exhibition malsaine de la souffrance humaine ; elle ne peut se réduire à un message ou une dénonciation. Universalisant un propos, elle cherche, au contraire, à extraire une forme dont la beauté se loge là où il serait incongru de l’y voir, aux yeux de certains. La quête du sublime, avec la beauté pour seul bagage, est la voie la plus édifiante pour préserver ou restaurer une once d’humanité là où elle n’a plus cours. Ainsi, afin de transcrire en forme, en rythme et en volume, une perception, une idée, un sentiment, un corps, un état d’être, et afin de rendre avec le plus d’intensité et d’efficacité les secousses qui le traversent dans sa porosité à l’autre et au monde à travers la sculpture, tout en respectant ses contraintes , et si l’on peut dire qu’il y a un style Corda, c’est celui de tout s’autoriser et de tout expérimenter, mais sans jamais transiger sur la forme, les volumes, la qualité et la présence de ses oeuvres. Thierry Delcourt Psychanalyste et critique d’art Gisant (détail)-Bronze, fer, inox-200 x 112 x 100 cm 1 2 Entre doute et espoir : Les fabuleux Insolites de Mauro Corda Mauro Corda est avant tout un homme de son temps, de notre temps ; un temps d’accélération du progrès, d’espoirs révélés par la science, mais aussi fait de violences d’inégalités, de cataclysmes où les valeurs fondamentales qui régissent l’Homme et la Nature sont souvent bafouées. C’est dans cette ambivalence que le sculpteur trouve sa déroutante et prolifique inspiration, à la fois celle d’un sceptique, observateur aiguisé de l’infernale course-poursuite qui risque de mener le monde à un point de non- retour, mais aussi optimiste, confiante dans le pouvoir que nous avons, nous les Hommes, de toujours trouver – l’histoire en témoigne- une source de régénérescence. L’œuvre de Mauro Corda est impressionnante par le naturalisme qu’elle dégage, mais aussi éminemment belle, mêlant des visions de souffrances psychiques, physiques, parfois à la limite de l’insoutenable, aux canons esthétiques des grands maîtres de l’Antiquité et de la Renaissance ; pureté des lignes, harmonie des courbes : un idéal de beauté qu’il n’hésite, pas par défi, à associer à une infirmité, un handicap, réussissant alors dans un incroyable tour de force, à les transcender ! Il y a dans Mauro Corda du Jérôme Bosch, ce questionnement permanent sur l’être humain, sur sa place dans l’univers, sur son devenir après la mort, un être qui à la fin du Moyen Age n’est encore qu’une pièce minuscule et interchangeable sur le vaste échiquier du monde. Il y a aussi dans Mauro Corda du Benvenuto Cellini, du Donatello, une Italie rayonnante qui, à l’image de l’homme de Vitruve, fait la part belle à l’Homme en le plaçant au centre du monde. Pour Mauro Corda, tous les coups sont permis : des sculptures monumentales à la puissance inouïe, parfois dérangeantes ; en contrepoint, des œuvres plus intimistes, dans une symbiose faite pour communiquer aux hommes le reflet de leurs contradictions ; du bronze, du fer, de l’inox, de l’aluminium, de l’étain, de la résine, du marbre, du verre, du plexiglas, de la cire, de l’émail, s’associant dans un ballet de matières brutes ou colorées, avec pour finalité première- au-delà de l’évident choc émotionnel et esthétique suscité- de démontrer à chacun d’entre nous ce que le monde pourrait être s’il n’était le théâtre permanent d’enjeux, de conflits, d’expansions anarchiques, d’ambitions personnelles… Les trente œuvres, réunies dans cet espace chargé de fantômes et d’histoire, auréolées d’une lumière qui leur donne une dimension éternelle, ont pour ambition -la première surprise passée - de souligner à la fois l’incroyable potentiel dont nous disposons, les difficultés que nous avons à l’exploiter et qui à terme peuvent nous condamner. Asepsie - Inox, résine,verre, plexi et fer177 x 90 x 74 cm Le crépuscule – Résine – 47x25x22 cm Memento Corpus - Bronze, plexiglas -160 x 60 x 60 cm L’Internet – Etain – 39x22,5x22 cm Le « meilleur des mondes » est-il possible, envisageable ? N’est-il qu’utopie ? Des questions que semblent marteler avec ostentation ce sculpteur d’exception. Entre doute et espoir, l’œuvre de Mauro Corda s’inscrit, à coup sûr, parmi les plus marquantes et révélatrices de notre époque. Yvan Brohard Chargé de mission Art & Science à l’Université Paris Descartes Commissaire de l’exposition Mauro Corda La Logique du Gros Mauro Corda a choisi la logique du gros plus que la logique du gras. Il lutte ainsi à contre courant, privilégie ce que notre culture ne semble plus percevoir, elle qui stigmatise systématiquement toute épaisseur physique. Il restitue bien au contraire une logique du pesant, distingue ses lignes de force, souligne ses certitudes possibles. Il l’étudie en profondeur, jusqu’à le traiter sur un mode totalement générique : celui même où semble s’effacer la différence entre forme masculine et forme féminine. Le gros comme lieu global de confiance et d’aplomb. Une autre œuvre exploite un versant classique mais oublié du gros, celui de la volupté. C’est le cas de ce corps féminin débordant de grosseur alanguie, censé voué au seul plaisir. Mauro Corda renoue ici avec une tradition oubliée. Nuit blanche (détail) - Résine, fer - D : 203 x 200 x 135 cm L’érotique sait depuis longtemps profiler des infinis de chairs : transposer dans une enveloppe redondante, envahissante, un absolu tactile et sensuel. Brantôme sait, au XVIe siècle, évoquer ces femmes « grosses, grasses et charnues fondrières et grosses tripffières », celles mêmes dont la totale plénitude ferait la totale séduction : la chair rebondie pour mieux matérialiser le sensible, imager sa force, intensifier l’intime. Représentation à coutre courant, ici encore, avec la culture d’aujourd’hui, représentation renouant avec une longue tradition pourtant. Reste le travail sur la franche disharmonie : l’effigie du nain en est l’exemple, avec ses jambes trop courtes pour un tronc trop long, sa tête massive pour un corps trop engoncé. C’est la contrainte des forces qui est ici étudiée, leur contradiction, leur affrontement crispé. La nature aurait aussi ses échecs. Elle aurait aussi ses tensions non résolues. Le nain y résiste sans doute. Sa tenue volontaire le dit. Mais il ne peut tout surmonter. C’est dans ses yeux de bronze, ses yeux étrangement soulignés, ses prunelles sourdement vivantes, qu’il faut lire ici une tragédie à peine dominée. Le nain – Résine – 240 cm Georges Vigarello Membre de l’institut France universitaire de Nuit blanche (détail) - Résine, fer - D : 203 x 200 x 135 cm cminox - 230 x 203 x 90 cm PERFORMEUR - PERFORMEUR - Bronze , fer, inox - 230 x 203 x 90 cmBronze , fer, inox - 230 x 203 x 90 cm Les Insolites de Mauro Corda Réfectoire des Cordeliers 15, rue de l’Ecole de Médecine 75006 Paris du 28 janvier au 20 février 2014 Copyrights photographies : Mauro Corda / Studio Christian Baraja Contacts presse/demande de visuels : [email protected] Commissariat d’exposition : Yvan Brohard, chargé de mission Art & Science Tél. 33(0)6 61 20 86 53 Courriel : [email protected] Site web : www.yvan-brohard.fr