en connivence avec charlotte perriand

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en connivence avec charlotte perriand
EN CONNIVENCE AVEC
CHARLOTTE PERRIAND
Oeuvres de la collection – Jusqu’au 18 août 2013
Ouvert tous les jours
de 10 h à 18 h.
Fermé 14 /07 et 15 /08.
Visites guidées tous
les jours à 14 h 30,
samedi et dimanche
à 14 h 30 et 16 h.
GUIDE
DU
VISITEUR
Charlotte Perriand, née en 1903, est contemporaine des
révolutions esthétiques du XXe siècle. Elle militera pour
la synthèse des arts et c’est ce dont témoigne le titre de
son exposition à Tokyo en 1955 (voir l’exposition Charlotte
Perriand et le Japon, salle centrale du musée).
Si elle n’a pas connu personnellement tous les artistes
présents dans cet accrochage des collections du
Musée d’art moderne de Saint-Étienne Métropole, des
connivences se dévoilent dans la rencontre des œuvres.
Charlotte Perriand est un créateur au cœur de la vie,
aux aguets et imprégné de l’esprit de son temps.
Dupond Durand fait des poèmes de Raoul Hausmann
et Le fiancé de Francis Picabia renvoient à l’article de
Ch. Perriand Wood or metal et à L’équipement intérieur
d’une habitation du salon d’automne de 1929 (salle 3 de
l’exposition Charlotte Perriand et le Japon). Les relations
naturelles entre art, design et sciences s’y manifestent.
La boîte en valise de Marcel Duchamp de 1936, dans
la version qui appartenait à la galeriste Henriette Gomes,
a été conçue comme un condensé de l’œuvre de M. Duchamp.
Les valises de Ch. Perriand pour le Japon en 1939 recèlent
des plans de Pierre Jeanneret et Jean Prouvé, des photos
et cartes postales de Fernand Léger, une documentation
conséquente. Les voyages peuvent devenir des exils
temporaires et la valise avec ses contenants
devient le vecteur qui communique, transmet
à ceux qui vous accueillent. À l’époque ils sont
précieux car sources souvent uniques.
Alberto Magnelli et Zoran Music esquivent la
contrainte de la toile de coton préparée pour
bénéficier de la texture du jute. Ch. Perriand
a « l’œil en éventail » et détourne aussi des
matériaux de leurs usages traditionnels. La
rugosité de la toile de jute se prête bien à cette
interrelation entre support et médium. Pierres
de A. Magnelli, bien que d’esprit, plus structuré,
est un clin d’œil aux promenades de Ch. Perriand,
P. Jeanneret et F. Léger qui ramassent des galets,
les associent à d’autres objets dans des
présentations.
Recto.
Alberto Magnelli, Pierres, 1933.
64,5 × 49,5 cm, Gouache.
Collection MAM St-Étienne
Métropole, © ADAGP, Paris,
2013.
Ci-dessus.
Helen Levitt, New York
(Graffiti, “Kind Birds”), 1940.
Photographie, 25 × 19,9 cm.
Collection MAM St-Étienne
Métropole
Lors de son voyage sur le Hakusan Maru pour se rendre
au Japon, Ch. Perriand photographie un graffiti de marin,
qu’elle transpose sur un tapis dont les motifs blancs se
détachent sur un fond de laine noire (voir l’exposition
Charlotte Perriand et le Japon, salle 7). Jean Dubuffet
emprunte au monde de l’art brut, aux dessins d’enfant avec
Gymnosophie comme Ch. Perriand. En 1941, les Japonais
ne comprennent qu’avec difficulté qu’une entreprise au
service de l’empereur tisse une toile pour y recevoir la
copie d’un dessin d’enfant (voir la tenture dans la salle 7
de l’exposition Charlotte Perriand et le Japon).
Joan Miró, ami de Ch. Perriand, se saisit du
signe – qui plonge dans un lointain passé
hispanique au symbolisme complexe qui fascine
le monde des avant-gardes – pour créer Danse de
personnages et d’oiseaux. Imaginaire et réalisme
tentent de répondre aux difficultés du temps, cela
préside à La Mante de Germaine Richier en 1946,
être hybride pétri, comme Front de Terre de
J. Dubuffet dans une motte de terre. Ch. Perriand,
artiste engagée comme Jean Fautrier l’est avec ses
Otages ou Budapest, si proches de Lignes brisées,
sait aussi dénoncer avec intelligence toute forme
des atteintes du fascisme à la dignité de l’homme.
Maria Elena Viera da Silva suit les cours du
« grand ami Fernand Léger » de Charlotte Perriand.
Certaines de ses structures picturales, ainsi
Sylvestre, ont des résonances architecturales.
Comme André Lanskoy (Signe de vie) elle se prête
à l’expérimentation dans ses livres d’artiste,
ses tapisseries ou ses mosaïques. Techniques
occidentales que Ch. Perriand expose au Japon en
même temps que les jeunes créateurs de la scène
française de l’époque Hans Hartung et Germaine
Richier (voir l’exposition Charlotte Perriand et le
Japon, salle 11).
Serge Poliakoff choisit la musicalité de la couleur
pour s’exprimer. Chez Simon Hantaï, la vigueur
du geste s’exprime à l’aide d’un outil improvisé :
le dos d’un réveil enduit de peinture.
Enfin Bram van Velde est celui qui interroge car,
à l’opposé de l’architecte-designer battante et
optimiste, il est un méditatif et un désespéré mais
son œuvre est aussi un reflet de l’esprit du siècle.
Comme la designer, Helen Levitt et Wols avant et aprèsguerre s’emparent avec leur appareil photographique des
motifs urbains que leur révèlent leurs pérégrinations.
1. Markus F. Strieder
2. Charlotte Perriand et le Japon
3. Collection : En connivence avec Charlotte Perriand
4. Erik Binder, Dominika Horakova, Denisa Lehocka
5. Collection : Le Cortège de l’art