Emouvant Serge Karsfeld, honte pour nous

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Emouvant Serge Karsfeld, honte pour nous
Emouvant Serge Karsfeld, honte pour nous
Emouvant Serge Klarsfeld ! Voilà que ce grand homme, français, pourchasseur de dirigeants
nazis, spécialiste du sort des juifs en Europe durant les douze du IIIe Reich, oppose pour la
seconde fois le fruit de ses travaux à ceux du Rapport Bergier sur les réfugiés. Faut-il qu'il
tienne à la vérité et qu'il aime notre pays pour vouloir redresser une fois encore le tort infligé à
la Suisse par une Commission d'experts prétendument indépendante, mais décidée à la
vilipender !
En 2000 déjà, Klarsfeld avait évalué le nombre total des refoulements à 5000 au maximum
pour toute la Suisse alors que la Commission en retenait cinq fois plus. Deux ans plus tard,
dans la partie de son rapport final consacrée aux réfugiés, la Commission ne pouvait ignorer
les censeurs de sa statistique. Sans discuter leurs travaux, elle signalait leur existence, mais
renvoyait cinquante pages plus loin à une petite note où elle citait leurs titres, notamment ceux
des études publiées par le professeur Jean-Christian Lambelet, par Flückiger-Bagnoud, ainsi
que le livre de Ruth Fivaz-Silbermann et sa préface, signée Serge Klarsfeld, écartée parce
que manquant, prétendument, de «preuves probantes»... J'ai signalé ce sans-gêne dans mon
livre En finir avec le Rapport Bergier, publié aux éditions Slatkine.
Dans son chapitre sur les refoulements, la Commission avouait d'ailleurs s’être contentée
d'une étude préexistante, émanant des Archives fédérales, au lieu de se colleter elle-même
avec la réalité. Quand on en faisait le reproche à Bergier lui-même, il répondait qu'un tel
travail aurait été trop lourd ! Les pages du Rapport sur ce sujet suent la mauvaise conscience,
apaisée à bon marché par l'affirmation que, somme toute, les décisions de principe sont plus
importantes que les chiffres.
Ainsi, une Commission décidée à vilipender la Suisse a-t-elle négligé le fait que, après la
décision du Conseil fédéral sur le rejet des requérants d'asile politiques, en particulier des
juifs, Rothmund, chef de la police des étrangers, avait appelé lui-même celle des frontières
pour lui signifier de ne pas appliquer cet ordre. Ainsi s'explique que jamais le nombre des
fugitifs accueillis n'a été aussi élevé que dans l'automne suivant la décision officielle,
certainement conçue pour éviter un appel d'air sans limite.
Combien de Klarsfeld faudra-t-il encore pour que la Suisse officielle secoue sa veulerie et
reconnaisse enenfin la superficialité, la légèreté et la partialité d'un Rapport dont la conclusion
stigmatise une Suisse accusée d'avoir aidé les nazis à exterminer les juifs?
Frank Bridel
L’Atout, février 2013.