Tout sur le Customer Effort Score ou Baromètre d
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Tout sur le Customer Effort Score ou Baromètre d
Tout sur le Customer Effort Score ou Baromètre d’effort client L’essentiel – La bataille de la simplification est engagée – La mesure de l’effort client sert à déterminer et piloter les plans d’action visant à simplifier la vie du client – Une approche simple et opérationnelle qui nécessite un questionnement « à chaud » et une bonne connaissance des parcours client La mesure de l’effort client fournit un nouvel indicateur, amené à fortement se développer dans les tout prochains mois. Plusieurs entreprises l’ont déjà mis en place en France et trouvent là une source d’information précieuse pour travailler sur les parcours, les points de contact (humains ou non) et in fine, améliorer l’expérience client. Cependant, les indicateurs sont désormais une ressource pléthorique. La généralisation des outils de type datamart, additionnée aux modes changeantes Short Track février 2015 - www.colorado-groupe.com en termes d’indicateurs, a abouti à des tableaux de bord kilométriques dont le contenu dépasse nos capacités d’analyse (la culture du chiffre, elle, a plutôt tendance à s’affaiblir). Bilan : beaucoup d’intelligence dans les chiffres, peu d’actions pertinentes. Le défi de ce Short Track est donc de taille : convaincre le lecteur que le Baromètre d’effort client (on s’en tiendra à l’acronyme CES pour Customer Effort Score dans la suite du texte) est un indicateur prioritaire avec un retour sur investissement convaincant. 1 En quoi consiste-t-il ? Pourquoi est-il pertinent ? Le CES est le score moyen obtenu en posant à un échantillon de clients (utilisateurs, prospects…) la question suivante : sur une échelle de 1 à 10 [ou de 1 à 5], à combien évaluez-vous l’effort que vous avez fourni pour [faire affaire avec cette entreprise] (à remplacer par : voyager avec notre compagnie, souscrire votre contrat, etc). L’effort est intrinsèquement lié au parcours du client. Ainsi la mesure s’accompagne de questions plus précises sur chaque étape du parcours client (accéder au service, comprendre le tarif, choisir un vol, payer, etc). De même, la notion d’effort peut reposer sur différentes composantes : – le temps d’attente, – l’effort financier (par exemple, le fait de devoir préalablement acheter un équipement avant de participer à un voyage) – on ne parle pas ici du prix du produit ou du service, – l’effort physique (j’ai dû moi-même porter ma valise de 30 kg dans l’escalier en sortant du métro), – l’effort cognitif (il m’a fallu dix bonnes minutes pour comprendre comment changer mon adresse), – la lourdeur du parcours (après 5 clics, il a encore fallu que je crée un compte client), – l’effort relationnel (le vendeur semblait ne pas me voir). Ainsi le CES global est complété par des mesures sur chaque étape de parcours, étayées de questions optionnelles portant sur la nature de l’effort fourni. On mesure alors les étapes qui nécessitent pour le client un effort nul (fluidité totale), un effort léger, un effort significatif (la « goutte de sueur ») ou un effort important à très important (le casse-tête). La méthodologie de mesure doit être adaptée afin de capter la voix du client peu de temps après son parcours. D’où vient-t-il ? Les travaux de 3 Américains, publiés en 2010 dans la Harvard Business Review sous le titre « Stop trying to delight your customers », ont initié le mouvement. Le succès de cette thèse est venu de ce qu’elle prenait le contrepied de la philosophie générale consistant à vouloir dépasser les attentes du client et créer de l’enchantement afin de le fidéliser. Pour les auteurs, la corrélation entre le CES et la fidélité (captée sinon dans l’acte, du moins dans l’intention de ré-achat) est encore plus forte qu’avec le NPS. 2 L’étude de l’effort client est pertinente à de multiples points de vue : – Elle suit l’ensemble d’un parcours client et n’est pas cantonnée à l’étude d’une seule interaction. – Elle s’intéresse également aux étapes imposées qui ne correspondent à aucune attente client mais peuvent générer un effort (ex : vérification de sécurité). – A l’inverse, elle est axée sur des éléments précis du parcours plutôt que sur une perception globale mesurée à un moment arbitraire. Elle peut ainsi générer des insights précis. – Elle capte, en partie, les dimensions d’expérience client. Plus simple que l’expérience client (qui se mesure sur des axes multiples et complémentaires), l’effort en est une composante clé. – La notion d’effort est parlante et moins abstraite que la notion de satisfaction. En réalité, le score d’effort est pertinent dans la mesure où la satisfaction du besoin de simplicité précède le besoin d’enchantement – au sens où l’enchantement ne peut exister éventuellement que dans une situation où l’effort est faible. Au moment de partir en vacances d’hiver, le café offert sur l’aire d’autoroute ne console pas de la galère du bouchon pour monter en station. Et aujourd’hui, presque partout, les parcours client sont générateurs, ici ou là, d’un effort important, qui en fait l’axe de travail prioritaire. A titre d’exemple, BNPParibas l’inscrit dans les 4 besoins essentiels identifiés dans le programme « Préférence Client » : – Immédiateté des réponses – Prise en charge du besoin et résolution de tout sujet bancaire – Simplification et recherche du « sans effort » pour les clients – Reconnaissance et personnalisation Cette recherche de simplification est devenue une bataille majeure dans la mesure où les innovations se succèdent, qui simplifient les parcours et limitent ainsi l’effort : réservation de taxi sans avoir besoin de donner sa localisation, simplification des courses grâce au drive, paiement de ses impôts en 1 clic, etc. Le référentiel de l’effort s’est ainsi largement re-calibré, notamment sous l’influence des Amazon, Apple, Google et consorts. Un effort minime devient insupportable. Imaginons un instant ce qu’impliquait, dans les années 1980, d’organiser des vacances à l’étranger entre amis : obtenir (en agence) les horaires d’avion, appeler chacun pour se mettre d’accord, organiser un rendez-vous pour décider du programme (chacun ayant préalablement acheté un guide papier), reprogrammer le rendez-vous à cause d’un contretemps de dernière minute (pas de portable pour prévenir), etc ! Ce qui était normal hier est devenu intolérable. Dans chaque secteur, les parcours doivent se réinventer continuellement. La mesure de l’effort permet d’identifier les priorités. Short Track février 2015 - www.colorado-groupe.com Mise en œuvre du CES : – Constitution de l’équipe de pilotage du choc de simplification – Documentation des parcours client – Détermination des points et modalités de mesure (sortie de magasin, après réception du colis…) – Finalisation du questionnaire et lancement de la mesure – Analyse et pilotage à la baisse de l’effort client Peut-on se coMPArer AuX Autres ? Contrairement au NPS, il n’existe pas de norme sectorielle permettant de dire si un score de 7,5 dans la distribution (par exemple) est bon ou non. L’indicateur d’effort doit donc gagner sa place sur l’agenda du président autrement qu’en offrant un benchmark aussi facile à lire… que difficile à transformer en action. Cependant, rien n’empêche de benchmarker l’effort demandé à ses clients avec celui des concurrents. Une comparaison fiable suppose que les parcours et services soient raisonnablement comparables. On peut, par exemple, comparer l’effort engendré par l’achat d’un livre sur Fnac.com et sur Amazon. est-il corrÉlÉ AuX Autres inDicAteurs ? Les études menées par ConsumerLab1 montrent une corrélation positive entre satisfaction, NPS, intention de ré-achat et Customer Effort. Ce n’est pas une surprise. En revanche cela conduit forcément à se demander quel est l’intérêt d’un nouvel indicateur s’il n’apporte pas un regard totalement neuf et des conclusions radicalement différentes. Mais justement, l’intérêt du CES est que, tout en offrant des leviers d’action précis et concrets (qui manquent aux études centrées sur la satisfaction et le NPS), il parvient à être au moins aussi pertinent en termes de ROI. L’étude publiée en 2010 dans la HBR suggère qu’il est encore plus fortement corrélé à l’intention de ré-achat que le NPS. Pour notre part, nous nous en tenons au fait qu’il est très pertinent. quelle est sA PlAce ? Tant que la bataille de l’effort n’est pas terminée, le CES doit tenir une place prioritaire dans les tableaux de bord et dans l’agenda des dirigeants. Qu’il s’agisse d’effectuer un virement bancaire, de réserver une chambre à l’étranger, de retourner un produit non conforme ou de suivre une prescription médicale, la priorité doit être donnée à la simplification de la vie du patient, du voyageur ou du client. A cet égard, le CES est complémentaire du NPS. Contrairement au sempiternel baromètre de satisfaction (qui survit malgré un rôle opérationnel pas toujours convaincant), le CES est axé sur la prise de décision opérationnelle et sur un rôle d’alerte. Ainsi le CES permet : • de nourrir les plans d’action de simplification de la vie du client et d’aider à les prioriser • d’alerter sur un parcours en place, lorsque l’exigence accrue des clients (sous l’effet de la concurrence directe ou indirecte) aura rehaussé la perception relative d’effort • de piloter l’effort engendré par une nouvelle offre ou un nouveau parcours quels sont les PrÉrequis ? Conduire un CES efficace repose sur 3 prérequis essentiels : – La conduite conjointe du projet par des compétences opérationnelles, marketing et étude – La bonne connaissance préalable des parcours client ConsumerLab est l’institut d’études marketing spécialisé en innovation et expérience client du groupe Colorado. 1 Short Track février 2015 - www.colorado-groupe.com – La capacité à interroger les clients durant ou juste après chaque parcours 3 En premier lieu, la conduite du CES doit être conçue comme une « joint-venture » entre opérations, marketing et études. Les résultats du CES doivent être une aide à la stratégie et au pilotage de la transformation des offres, des process, des attitudes… Il faut donc allier la rigueur de l’étude (questionnaires, échantillons, traitement des résultats) à l’implication très en amont des futurs acteurs du changement. L’opérationnalité de l’indicateur étant liée à l’identification du moment et de la nature de l’effort perçu par le client, il est primordial d’administrer le questionnaire de façon précise, proche des parcours client. Par exemple, s’il s’agit pour une chaîne hôtelière de mesurer l’effort requis pour la réservation, le questionnaire devra être décliné et administré pour chacun des principaux parcours de réservation (direct / indirect, par téléphone ou internet) et chaque parcours devra être décomposé en étapes sur lesquelles l’effort sera mesuré (accéder au service, choisir l’hôtel, choisir son tarif, payer, éditer ou stocker les informations relatives à la réservation…). Mesurer le fait que la souscription d’un crédit immobilier est génératrice d’effort n’apporte pas grand-chose, si l’on n’est pas en mesure d’identifier que l’effort vient de la collecte des pièces ou du manque de clarté des explications fournies par le conseiller. La connaissance des parcours est donc essentielle. Elle pourra être obtenue par une étude ad hoc, par observations ou entretiens, en recourant le cas échéant au web analytics, etc. Enfin – mais ce n’est pas propre au CES – la précision des résultats est fortement liée au caractère posttransactionnel de la mesure. Sans quoi le risque est de mesurer une perception globale, sédimentée et dépourvue du relief précis. Or, au moment de ré-acheter, de renouveler l’expérience, c’est bien la répétition de l’étape douloureuse du parcours qui agira comme un répulsif, pas forcément aisé à détecter ultérieurement. On peut garder une bonne image du BHV… et seulement au moment d’y retourner, se rappeler la pénible expérience d’avoir dû chercher 20 minutes une simple boîte de chevilles. La méthodologie de collecte s’axera donc au maximum sur des dispositifs « à chaud ». Conclusion Ne renonçons pas à enchanter le client. Ne renonçons pas à mettre notre « patte » personnalisée dans la relation. Ne renonçons pas à offrir plus. Mais commençons par lui simplifier la vie en reconnaissant que les nouvelles manières de servir le client permettent de réduire son effort et que chacun doit mériter la fidélité des clients. S’il est un code du luxe qui peut s’appliquer à tous, c’est celui-ci. Reste à faire en sorte que la réduction de l’effort client se fasse sans accroître excessivement celui des salariés… Générateur de performance en Relation Client 8-10 rue de la Ferme 92100 BOULOGNE BILLANCOURT [email protected] Tél : 01 46 10 11 00 > Colorado Conseil > ConsumerLab > Colorado formation stratégie, marketing, organisation et transformation digitale de la relation client multicanal études marketing clients et solutions de pilotage de l’expérience client conduite du changement et accompagnement des collaborateurs des Services Clients, des réseaux de service et des points de vente Découvrez toutes les facettes de l’Expérience Client sur www.clientconnection.fr et les idées qui nourrissent le futur sur pleaseforward-afterreading.com 4 Short Track février 2015 - www.colorado-groupe.com