2007 (Lost) ANDORRE - Centre international d`art et du paysage de
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2007 (Lost) ANDORRE - Centre international d`art et du paysage de
C o m m u n i q u é d e p r e s s e / A t el ier s de s Ar q ue s / M u s é e Z a d k i n e 2007 (Lost) Laurent Grasso, Massimo Grimaldi, Koo Jeong-a, Guillaume Leblon, Claude Lévêque, Federico Nicolao ANDORRE Les glissés. Projet de cafétéria pour le Musée Zadkine Philippe Rahm Commissaire Chiara Parisi Vernissage le 1 er juillet 2007 à 17h30 ouverture au public du 2 juillet au 8 septem bre 2007 Quel rapport peut-on imaginer qu’entretiennent aujourd’hui avec les images les habitants d’un petit village qui assure l’existence d’un centre de résidence d’artistes depuis 1988 ? Depuis 20 ans, les Ate lier s de s Ar que s ont accueilli plus de cent quatre-vingts artistes avec des concepts et des commissariats très différents. Pour cette édition 2007, Ch i ar a P ari si, directrice du Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, a choisi de créer une dynamique et une hétérogénéité au sein des résidences en invitant les artistes L aure nt Gr ass o, Mas si mo Gri maldi, Koo Jeon g- a, Gu il l au me Le blon , Cl au de Lévê qu e, le philosophe et écrivain Fe derico N icol ao et pour le Musée Zadkine l’architecte P hi li ppe Rah m. Les pratiques des artistes invités sont très hétéroclites et leurs façons d’aborder la création sont innombrables. S’appuyant sur le village des Arques au cœur du Lot et sur les spécificités de son paysage, les artistes nous montrent comment chacun habite, questionne et révèle le lieu, comment, bien que de passage, chacun s’y intègre, l’enrichit où se trouve dans l’impossibilité de telles actions. En revisitant les attaches du résident-artiste au sein de ce lieu de transit, 2007 (Lost) met en lumière à la fois les éléments constitutifs des Arques et de ses ateliers et révèle ce qui fait qu’un lieu par son climat, son architecture, ses frontières et ses habitants intervient en nous que ce soit physiologiquement ou de façon plus symbolique. S’attachant à éviter l’élaboration artificielle de concepts mais mettant en place leur projet avec discrétion et fermeté, les artistes ont pris en compte le noyau central de ces résidences : les ateliers et leur cadre de vie. Ainsi, le projet Andorre que l’architecte Ph il ippe Rah m réalise pour le Musée Zadkine interpelle de près la destinée du village et envisage par exemple son existence dans cinquante ans prenant en compte le réchauffement climatique en cours en Europe qui s’opère spatialement par un mouvement de glissement géographique du sud vers le nord. Ce phénomène se traduit par une élévation de la température de quelques degrés et une modification du taux d’humidité relative, transformant doucement la nature du climat. Voici donc Andorre monter aux Arques, une montée de 250 kilomètres vers le Nord mise en place par une augmentation de l’intensité lumineuse créée dans le musée par le biais de tubes fluorescents. Parallèlement, Philippe Rahm propose de produire aux Arques du lait de chèvres nourries avec du fourrage provenant de 250 kilomètres plus au Sud. Ce changement alimentaire modifiera la qualité de leur lait et la perception à la fois gustative et physiologique de celui-ci par le public. Ce lait sera ensuite servi dans le musée Zadkine, dans une cafétéria à l’image de celle proposée dans les lieux d’art. Andorre s’inscrit parfaitement dans les recherches de Philippe Rahm et les prolonge dans un milieu bien défini. Laurent G ras so, Mass i mo Gri mal di, Koo Jeo ng -a, G ui ll au me Leblon, Cl au de Lévêque et Fe derico Nico l ao agissent dans la même ligne. Les uns investissent un lieu ouvert, les autres privilégient une stratégie d'infiltration ou d’égarement des productions dans les lieux plutôt qu'une installation en dehors du village. Les artistes questionnent les lois de l’hospitalité, proposant des instants d’étrangeté capables de bouleverser encore autrement le réel. A ciel ouvert, pas de murs, pas de salles, une véritable sortie des cimaises laissant surgir par ce biais une idée de ‘contre nature’ qui résonne avec le statut de résidence : les œuvres sont confrontées aux outrages du temps - orages, soleil, etc. - mais elles surprennent justement car elles ne sont plus conçues comme des œuvres éphémères, elles constituent plutôt une série d’énigmes, et chaque pièce se livre comme telle dans sa relation précise et troublante avec le lieu où elle est installée. Koo Jeo ng -a photographie des vues du village pour les éditer en cartes postales. C’est l'esprit des chromos, des images en couleur - jugées de mauvais goût mais bien souvent sentimentales - qui surgit et interpelle l’identité du lieu. Le travail de Koo Jeong-a se soucie du quotidien, du banal, de l’anodin qui nous échappe bien souvent mais qui nous plonge dans une douce mélancolie à l’image de celle suscitée par l’installation qu’elle a conçue pour un lieu mystérieux du village. L’écrivain et philosophe Fe deri co N ico lao s’inspire de l’élément premier qui a permis la venue des artistes : l’existence aux Arques d’un rapport privilégié avec l’art contemporain, depuis au moins 1988. Quel lieu peut mieux que celui-ci se prêter à rendre hommage à Ossip Zadkine qui avait choisi les Arques comme lieu de vie ? Les quatre séries de photographies réalisées par Federico Nicolao nous renvoient explicitement à ce rapport très singulier aux habitants. Le philosophe décide ainsi d’offrir une image par maison et mène à partir de là une enquête littéraire dont il ne révèle pas l’objet mais qui durera le temps de l’exposition, donnant rendez-vous à tous le jour du finissage pour des lectures très singulières. De l’image véhiculant une pensée ou de l’image comme un ancien et mystérieux alphabet à décrypter, l’auteur italien oriente sa recherche dans deux directions : d’un côté, il introduit dès le début de sa résidence, des images mystérieuses au sein de la vie quotidienne des villageois, de l’autre, il laisse l’endroit nourrir son imagination d’homo figurans. Que reste-t-il de ces fragiles liens ? Rien d’autre qu’une exposition d’images ? Incommunicables autrement, au cours de l’exposition, elles ne peuvent se regarder que divisées en quatre séries. Y figurent celles choisies par le philosophe pour les habitants, complètement étrangères en apparence à leur réalité, et celles qui lui ont été inspirées par sa vie dans le bourg. L’auteur fait état d’une recherche autour d’un des thèmes contemporains les plus cruciaux, tentant d’élucider quelles sortes d’images pourraient véhiculer toute expérience commune du réel. Une courte série de récits racontera à la fin de l’exposition l’histoire de quelques-unes de ces “lettres” : l’histoire de leur naissance, de leur arrivée ou survie au sein de la commune. Le détournement et le regroupement d’images sont aussi présents dans le travail de Mass i mo Gri mal di. Il examine les processus de l'art et la manière dont il peut être perçu, estimé et compris. Sa recherche se bâtit à l’instar d'une interrogation continue sur le rôle de l'artiste dans la société, sur la puissance et les limites de la spéculation esthétique, sur les critères de la production et la circulation des images. Aux Arques, il a choisi de faire passer deux groupes de diaporamas présentés sur un ordinateur Macintosh dernière génération, venant dicter le temps de la contemporanéité et marquer avec force un hiatus entre le contenu des images et leur lieu de présentation : une grange. A chaque nouveau slideshow, Massimo Grimaldi fait correspondre le choix d’un nouveau modèle d’ordinateur. La time line de l’artiste croise celle impersonnelle et froide du développement industriel et révèle sa rapide obsolescence. Cela lui permet d’implémenter volontairement dans le travail un mécanisme de vieillissement rapide, le rendant paradoxalement positif. Laurent Gr asso travaille à extraire à partir de la réalité ordinaire et familière du quotidien des phénomènes ou des situations potentiellement cinématographiques. Sa production aux Arques ne fait pas exception. Ses œuvres introduisent une part d'étrangeté dans des contextes, des situations qui ne le sont pas a priori. S’il travaille à réduire la frontière entre la réalité documentaire et la fiction, ici avec une sphère géodésique lumineuse, l’artiste génère une installation à la fois imposante et mystérieuse au sein d’une colline en face des Arques. Cette construction faisant référence à une station de surveillance et d’écoutes, qui pourrait se trouver en Amérique comme en France, renvoie également à la commune de Domme en Dordogne qui possède ce type de structures dirigé par la DGSE. S’agissant d’une installation militaire, la reproduction photographique de ces bâtiments et leur publication sont interdites. Aux Arques, de cette architecture high tech très secrète et mystérieuse comme un objet étrange perdu dans une nature libre surgit une sorte de confrontation non violente entre l’espace urbain ou péri-urbain et l’espace rural, champêtre. Dans Mon repos, Claude Lévêque présente, situé au bord du taillis à Truc, un camion, élément principal du dispositif in situ qu’il a conçu aux Arques. Entre la douceur des lumières et la violence de ce camion laissé à l’abandon, Claude Lévêque nous propose ici une installation fragile et mystérieuse, des plus magiques, comme une infiltration dans la nature d’un élément rejeté par l’homme, une vision quelque peu mélancolique de ce que le paysage peut aujourd’hui receler. Mon repos invite le public à une expérience inédite au travers d’un enfouissement géographique et temporel très singulier. Gu ill au me Le blo n aime atteindre l’évidence par la discrétion. C’est le point constant de ses installations toujours en quête d’une justesse et d’un mode sobre d’énonciation. L’argument formel minimaliste n’est qu’un « ressort » qui conduit à la narration. La trace, la mémoire, la présence, l’absence, les pleins et les vides, le rapport à l’architecture chevillent son exploration artistique. Placé au cœur d’un sous-bois, un mur/texte en brique indique : « NOTRE BESOIN DE CONSOLATION EST IMPOSSIBLE A RASSASIER ». Posée au bord d’un précipice, cette phrase qui est également le titre du dernier livre de Stig Dagerman se dessine alors dans le paysage. Et alors qu’elle pourrait décrire une situation triste, c’est bien plutôt le désir impossible de tout artiste d'arriver à une production satisfaisante qui est ici mis en avant. La consolation se situe alors dans l’abandon de la recherche de cette satisfaction, moteur de toute production artistique. Curiosité, amitié, indifférence, résonance, résistance, mémoire et engagement se mêlent dans 2007 (Lost), projet qui s’inscrit avec force mais de façon presque imperceptible au sein du village. Les Arques, terre d’accueil, sont devenues symboliquement ou réellement, selon les interventions des artistes, le lieu privilégié pour un arrêt du temps permettant une plus exacte réception de l’époque et de l’impact sur la réflexion d’une société fondée sur le déplacement et la multiplicité. Les Ateliers des Arques reçoivent le soutien du Ministère de la culture et de la communication / Drac Midi-Pyrénées, de la Région Midi-Pyrénées, du Conseil général du Lot, de la communauté de communes Sud Bouriane et de la commune des Arques. Le Musée Zadkine reçoit le soutien du Conseil général du Lot. Les At eliers d es Ar ques Le Presbytère 46250 Les Arques Martine Cousin tél : (+33) 05 65 22 81 70 e-mail : [email protected] Ouverture au public du 2 juillet 2007 au 8 septembre, du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 17h. Gratuit. Mus é e Za dki ne 46250 Les Arques tél : (+33) 05 65 22 83 37 e-mail : [email protected] Ouverture au public tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 19h. Tarif : 3 euros.