A la mémoire de notre président fondateur et ami

Transcription

A la mémoire de notre président fondateur et ami
Jean-Jacques TAILLENTOU*
A la mémoire de notre président fondateur et ami
Afin de rendre hommage à Michel Mazarico qui nous a quittés brutalement au mois de juin
et sans qui nous nous ne retrouverions pas tous autour de notre passion pour cette région, son
histoire et son patrimoine, nous vous proposons un hommage en trois temps : un rappel de son
rôle essentiel dans la création de l’association, l’hommage rendu lors de ses obsèques et la
présentation du premier texte fondateur qu’il avait publié dans le bulletin pionnier de
l’association en 1991.
Michel, aux origines de l’association Mémoire en Marensin
Comme toute association, Mémoire en Marensin naît de la passion de quelques personnes
partageant un intérêt commun. Elle est aussi le fruit d’heureux concours de circonstances mais
surtout de rencontres initiées par un fédérateur. Dans le cas de Mémoire en Marensin ce rôle
est tenu par Michel Mazarico. Conscient que le Marensin, qui lui est si cher, dispose d’un
patrimoine historique, naturel et archéologique méconnu, et/ou sous-estimé, il s’engage à le
faire découvrir. En 1988, il fait venir à Léon une exposition sur les fours à goudron prêtée par
la Société Historique et Archéologique d’Arcachon dont il est adhérent et avec qui il entretient
d’excellentes relations1.
Cette manifestation est à l’origine de la rencontre avec Gérard Saubion, alors président du
Syndicat intercommunal d’Aménagement et de la Gestion de la réserve du Courant d’Huchet.
Ce dernier lui propose d’intégrer une commission patrimoine qu’il vient de créer dans le cadre
du S.I. de la Réserve du Courant d’Huchet. La même année, Michel Mazarico me contacte. Je
viens d’écrire un petit ouvrage évoquant l’histoire de Lit et Mixe dans lequel je m’attarde sur
l’église disparue de Mixe. Il espère retrouver son emplacement. De cette « quête » commune,
mais vaine à ce jour, germe l’idée de recherches communes ayant pour thème, le Marensin.
En particulier avec Robert Aufan, auteur de l’exposition et pionnier dans l’histoire et l’archéologie des fours à
goudron. Voir en particulier l’ouvrage de référence : Robert Aufan et François Thierry, Histoire des produits
résineux, Arcachon, 1990, 191p.
1
*11, allée des oiseaux – 40220 Tarnos
A la mémoire de notre président fondateur
En 1990, Gérard Saubion reçoit un appel à communication pour un colloque dédié au
« Littoral gascon et son arrière-pays », organisé par la Société Historique et Archéologique
d’Arcachon. Il invite Michel Mazarico à y participer. Michel souhaite aborder le thème de la
fixation des dunes au XIXe siècle et le rôle qu’eut Louis-Mathieu Desbiey dans la genèse de
cette extraordinaire aventure. De ce projet va éclore l’association. En effet, Michel fait appel à
Philippe Soussieux et à moi-même pour
participer à ce colloque arcachonnais et
cerner au mieux le sujet. A l’issue d’une
première réunion préparatoire en mairie de
Moliets2, Michel Mazarico propose de créer
une association s’intéressant au patrimoine
dans un périmètre géographique et historique
correspondant à celui du Marensin. Tout
s’accélère. Le 31 mars 1990, à ce trio
s’ajoutent Colette Lafourcade et Yvonne
Meister, François Defaux, Gilles Granereau,
Jean-Louis Labèque, Gérard Saubion. Réunis
en assemblée constitutive, ils rédigent les
statuts de la future association qu’ils décident
de dénommer « Mémoire en Marensin ».
Michel Mazarico est naturellement désigné
président. Le Journal Officiel du 27 juin 1990
annonce enfin la création de l’association
Mémoire en Marensin. Au cours de l’été, les
premières adhésions sont encourageantes.
Michel Mazarico lors de la première Assemblée générale
à Saint-Girons en 1991. [Photographie Claude Taillentou]
Le 27 et 28 octobre, Michel Mazarico, en collaboration avec Philippe Soussieux, et J.J.
Taillentou participent au colloque évoqué plus haut, catalyseur quelques mois plus tôt de la
décision de création de l’association3. C’est la première « sortie » et prestation officielles de
Michel dans le cadre de ses fonctions de président de Mémoire en Marensin.
2
Le docteur Peyresblanques, alors maire de Moliets, nous avait invités à nous rencontrer afin de finaliser nos
interventions au colloque auquel il allait participer également.
3
Cette intervention fera l’objet de deux articles dans les Actes du colloque publiés en 1991.Michel Mazarico et
J.J. Taillentou, La fixation des dunes et la famille Desbiey, 248-260 ; Philippe Soussieux, La famille Desbiey,
p.261-268.
A la mémoire de notre président fondateur
Michel en septembre 2012, lors d’une balade-découverte autour de l’étang de Moïsan.
[Photographie J.P. Mabille]
Eglise de Vielle, le 26 juin 2014
« Très cher Michel
Voilà à peine une douzaine de jours, à Contis alors que tu assistais à l’une des
manifestations culturelles de Mémoire en Marensin, le hasard, mais est-ce un hasard,
avait réuni à la même table Gérard Saubion, Gilles Granereau, moi-même et toi, Michel,
comme si le destin nous avait accordé un dernier rendez-vous. En effet, se retrouvait là,
le premier carré de cette association que tu portais tant dans ton cœur. Au cours de notre
discussion qui accompagna ce dernier repas, tu restais fidèle à celui que nous
connaissions depuis plus de 25 ans, un homme passionné, perfectionniste, intègre, cultivé,
sachant manier l’art de poser la question permettant d’aller plus loin dans la réflexion
scientifique, tout en n’oubliant pas de distiller ton discours d’un humour très britannique.
A la mémoire de notre président fondateur
De notre ultime conversation, reste très prégnant ton amour incommensurable pour
cette terre du Marensin, amour que tu as voulu absolument partagé en créant
l’association Mémoire en Marensin. A travers le choix de ce nom transparaissait déjà ce
désir chevillé au corps de transmettre et de promouvoir un patrimoine trop longtemps
ignoré ou très largement sous-estimé.
Mais au-delà de cette initiative qui eut le succès que sûrement tu n’imaginais pas, ton
talent fut de savoir fédérer autour de toi des personnalités d’horizons différents et de
donner une âme à cette association. Ta modestie et ton ouverture d’esprit ont largement
favorisé cette harmonie qui perdure encore aujourd’hui.
Mais ton engagement ne se résume pas à celui d’un fédérateur, d’un initiateur de
projets. Il fut aussi celui d’un chercheur infatigable, rigoureux, pointilleux, exigeant
envers lui-même, ayant la faculté, rare, de conjuguer les techniques de recherche en
archives et celles d’un homme de terrain, connaissant parfaitement ce territoire, sachant
déceler les indices d’un passé plus ou moins lointain. Arpentant dunes et forêts du
Marensin, tu as mis en valeur un patrimoine archéologique que personne ne soupçonnait.
Ce fut le cas par exemple avec l’inventaire des fours à goudron anciens qui démontrait
l’importance majeure de cette production typiquement marensinoise. Ton opiniâtreté et
ton sens de l’observation permettaient également de confirmer l’ancienneté de cette
activité par la découverte récente sur la commune de Vielle St Girons d’un site de
production daté de la fin de la période gallo-romaine. Les fouilles menées par la suite
par un archéologue patenté validaient la pertinence de ta découverte qui ouvrait de
nouvelles perspectives à l’histoire ancienne de notre région.
Ton souci constant fut aussi de préserver le patrimoine de ce cher Marensin. Si la plus
ancienne pinasse de la côte aquitaine put rester dans sa région d’origine et put être
accessible ce fut grâce à ta vigilance et ton pouvoir de persuasion. Tu peux te féliciter,
même si ta modestie doit en pâlir, d’avoir dernièrement sauvé un élément du patrimoine
landais en convaincant la commune de Vielle Saint-Girons de conserver l’un des
premiers puits filtrants inventés et installés au XIXe siècle par Henri Crouzet.
Malheureusement ta disparition brutale met fin à cette énumération. Elle met fin
surtout à une amitié fidèle et sans failles, à des discussions passionnées, à des rêves
communs de découvrir les traces d’un passé à recomposer, l’espoir de retrouver l’église
de Mixe qui voilà près de trois décennies nous avait donnait l’opportunité de nous
rencontrer.
Puisse où que tu sois, continuer à nous guider. »
A la mémoire de notre président fondateur
Bibliographie de Michel Mazarico
Louis-Mathieu Desbiey, précurseur de la fixation des dunes, bull. n°1, 1991, p. 41-52.
Le Marensin (aperçu historique et géographique), bull. n°1, 1991, p. 4-10. [avec J.J. Taillentou]
Le sable du Marensin, bull. n°2, 1991, p. 15-28.
La fixation des dunes et la famille Desbiey, Actes du Ier colloque d’Arcachon, 1990, Société
historique et Archéologique d’Arcachon, 1991, p. 248-260. [avec J.J. Taillentou]
Les pinasses de côte du Marensin au XXème siècle, bull. n°3, 1992, p.18-80.
Mémoire : Les pinasses de Vielle Saint-Girons, entretien avec Roger Labatut, bull. n°3, 1992,
p. 95-107. [avec J.J. Taillentou]
Mémoire : Jean-Robert Castaing et les pinasses du Vieux-Boucau, bull. n°3, 1992, p. 108-117.
[avec J.J. Taillentou]
Mémoire : Jean Darmaillacq et la pêche à la pinasse à Vielle Saint-Girons, bull. n°4, 1993, p.
31-48.
La sauveté de Saint-Girons, bull. n°6, p. 1995, p. 36-42. [avec J.J. Taillentou]
Les amas coquillers en Marensin, bull. n°20, 2009, p. 167-171
L’énigmatique pinasse de la route du Cap de l’Homy, bull. n°23, 2012, p. 147-152[avec J.J.
Taillentou]
[Photographies J.J. Taillentou]
Ces photographies ont été prises en 1992 lors d’une
« descente » du courant d’Huchet organisée par
Michel dont le but était d’enregistrer [micro au premier
plan] les commentaires en gascon de Dédé Labadie (à
l’arrière-plan), du docteur Peyresblanques (à droite)
et de Gérard Saubion.
Ceci fut à l’origine d’un article de Philippe
Dubedout : « Passejada suu corrent d’Uishet e sus
l’estanh de leon, dab lo dédé Labadie », bull.
Mémoire en Marensin, n°4, 1993, p. 105-116.
A la mémoire de notre président fondateur
Michel en juillet 2011 (en compagnie de P. Laforie), sur le site de Petre de bin, site archéologique
qu’il avait découvert. [Photographie J.J. Taillentou]

Documents pareils