Le Larzac, vaste plateau calcaire intrigue par son aspect désertique

Transcription

Le Larzac, vaste plateau calcaire intrigue par son aspect désertique
DOSSIER Le plateau du Larzac < présenté par Guy Cambéssèdes
Un univers
de solitude
Le Larzac, vaste plateau calcaire intrigue par son
aspect désertique, son immensité. Il dévoile une flore
riche et raffinée. Son climat est rude, l’habitat diffus,
une agriculture adaptée à ce biotope particulier y
perdure. La brebis en est devenue l’emblème. L’eau,
peu visible en surface, recèle une grande richesse.
Ici plus qu’ailleurs, car c’est celle venue du ciel qui a
constitué l’unique ressource, et ce, durant des siècles.
SAINT-MARTIN-DU-LARZAC
BRUNAS
LES BASTIDESPRADINES
LE DEVEZ-NOUVEL
ITINÉRAIRE 4
LES LIQUISSES-BASSES
LA CAVALERIE
L’HOSPITALET-DU-LARZAC
LA BLAQUERERIE
VIALA-DU-PAS-DE-JAUX
SAINT-PAUL-DES-FONDS ITINÉRAIRE 3 LA COUVERTOIRADE
SAINTE-EULALIE-DE-CERNON
SAINT-JEAN-D’ALCAS
SAINT-BEAULIZE
CORNUS
LE CAYLAR
LES RIVES
VISSEC
LA BAUME-AURIOL
SORBS
LE CROS ST-MICHELSAINT-MAURICED’ALAJOU
NAVACELLES
ITINÉRAIRE 1
SAINT-PIERRE-DE-LA-FAGE
ITINÉRAIRE 2
LA VACQUERIE-ETST-MARTIN-DE-CASTRIES
SAINT-PRIVAT
LODÈVE
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n° 662 • Novembre 2016
n° 662 • Novembre 2016 29
DOSSIER Le plateau du Larzac
que la pâture cesse. Au nord du plateau,
de grandes étendues quasi désertiques
rappellent quelque peu les « steppes »
d’Asie centrale. Une insignifiante pelouse
disparate et une myriade de pierres
confèrent à ces lieux un profond sentiment
de solitude, d’isolement, voire d’abandon.
Seules quelques profondes dolines à la
terre arable, ensemencées de céréales
ou de fourrage, délimitent l’espace entre
le terrain asservi et cette terre que jamais
personne n’a pu domestiquer. Vierge et
rebelle, elle n’accepte que les caresses
du vent et le délice des providentielles
précipitations célestes, alors que le
généreux soleil du Midi l’inonde, l’irradie,
et ce parfois jusqu’à la brûlure extrême.
Madame la lune, elle, lui offre en toute
discrétion, la sublime lueur bleutée de
l’éternité.
Un pays envoûtant
Une doline en culture.
Causse, et pourtant…
A
Dans le langage courant
des contrées méridionales
ce mot est parfois utilisé
avec une consonance
péjorative. Et ce, afin de
stigmatiser un lieu, un
terroir désolé, sans grande
attractivité. Et pourtant,
c’est exactement l’inverse ;
le causse regorge de
richesses quelquefois
dissimulées, un brin
calfeutrées dans cet
environnement dénudé.
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n° 662 • Novembre 2016
Au XIXe siècle, le célèbre géographe
Élisée Reclus définissait cette région des
grands causses méridionaux (Sauveterre,
Méjean, Larzac, Noir et Comtal) comme :
« de hautes terres dont le pourtour est très
nettement caractérisé par des remparts
abrupts ». Ces plateaux dont l’altitude
varie de 800 à 1 250 m sont entaillés
par de profondes gorges (Jonte, Tarn,
Dourbie et Vis). Le Larzac, lui, ne culmine
qu’à 912 m au pic de la Cougouille.
Façonné par l’eau
et par l’homme
C’est l’action de l’eau qui a profondément
modelé les paysages. Elle a le pouvoir de
dissoudre le calcaire, l’unique roche qui
compose le causse. Au fil des millénaires,
elle a patiemment sculpté les rochers,
creusé des gorges et des grottes habitées
dès la préhistoire. La flore du causse est
d’une richesse insoupçonnée et sa faune
s’adapte à ce climat aux étés brûlants et
aux hivers rigoureux où pluie, neige et
vents unissent cruellement leurs méfaits
afin de rendre la survie pénible et précaire.
L’homme a toujours habité cette terre
pourtant d’apparence inhospitalière.
Cette présence s’explique à chaque
lecture de paysage. La moindre parcelle
de cette immensité a reçu l’emprise de
la main de l’homme. Le premier indice
est bien visible même pour le profane
qui découvre cette contrée. Ce sont les
« clapas », ces tas de pierres qui dominent
pelouses et buissons. Ils résultent d’un
long travail d’épierrement afin de rendre
le sol plus fécond, plus prolifique aux
végétaux qui composent l’alimentation
des brebis.
Une pelouse rase
et des pierres
Le Larzac est une terre à moutons !
Au fil du temps, il s’identifie même à
ce quadrupède qui sait mieux que
quiconque s’adapter à ce milieu difficile.
Le passage régulier du troupeau sous la
conduite du berger permet aux espaces
de rester ouverts. Sinon la forêt regagne
rapidement les terrains délaissés : chênes
blancs, buis et cornouillers colonisent dès
Autre élément indissociable du Larzac,
c’est le silence. Il est présent à chaque
instant, à chaque pas. Il vous envoûte,
vous ensorcelle à un tel point qu’il vous
entoure de murs invisibles. En quelque
sorte, vous en devenez son prisonnier,
son esclave et c’est à ce prix qu’il est
possible d’appréhender ce milieu
minéral, les femmes et les hommes
qui y vivent ainsi que leur langage.
Ce merveilleux Occitan à la chaude
sonorité, aux tournures imagées qui
s’enracine dans cette terre depuis la nuit
des temps…
Mais outre les dolines nourricières et
ces collines pelées comme chien galeux
subsistent aussi des reliefs ruiniformes
et des reculées karstiques qui feront
le bonheur du cyclotouriste. Il faut une
certaine volonté pour découvrir sur
deux roues un tel pays. Aux heures
chaudes de l’été, il conviendra d’être
prudent face à l’astre solaire. Le vent
a aussi ses habitudes sur le plateau, il
saura mettre en péril votre opiniâtreté.
En ces lieux l’humilité est une bonne
conseillère. Mais au cours de ces
interminables échappées visuelles,
il n’est pas rare d’apercevoir un mas,
une ferme fortifiée, un hameau et
même quelques villages. Car malgré
tous ces qualificatifs, ce pays, cette
terre n’est pas un désert ! Sur le Larzac
vous rencontrerez les natifs du plateau
qui de générations en générations y
perpétuent une présence, et puis celles
et ceux qui en ont fait un choix de vie.
Chacun y apporte sa pierre, son labeur,
ses croyances et ses espérances.
Un étonnant sous-sol
Le Larzac n’échappe pas à la règle des
grands causses. Il n’y a pas de rivière,
les eaux venues du ciel s’infiltrent dans
le sol. De nombreuses vallées fertiles
INFOS DIVERSES
À voir, à visiter…
LA CARDABELLE
La carline à feuilles d’acanthe
(Carlina acanthifolia) est une plante
appartenant au genre Carlina et à la
feuille des Astéracées ou Composées.
Mais en terre occitane elle est
appelée « cardabelle ». Elle fleurit en
été. Les causses méridionaux sont
un terrain de prédilection pour cette
plante rasante ; elle en est devenue
le symbole. On la retrouve séchée
et clouée sur les portes des maisons
en décoration, mais aussi comme
baromètre.
Elle est désormais protégée, ne
l’emportez pas si vous la rencontrez.
< Les cités templières et hospitalières
< Le Caylar et son Roc Castel
< Le cirque de Navacelles
< La vallée de la Dourbie (chapelle des
Cuns, moulin de Corps, La Roque-SainteMarguerite)
< La vallée de la Sorgues (Cornus,
Fondamente, Saint-Félix-de-Sorgues)
< L’Abbaye de Sylvanès et les rougiers de
Camarès
< Millau et son viaduc
< Le vélo-rail du Larzac
À goûter, à déguster…
< Les caves de Roquefort
< Marché paysan à Potensac et Montredon
(juillet-août de 18 h à 22 h)
< Les vins de la Vacquerie et de Soubès
< Le marché de Millau (vendredi matin)
< Coopérative fromagère à La Cavalerie
www.bergersdularzac.fr
< La Jasse du Larzac – en bordure RD809
entre Millau et La Cavalerie
< Les aromatiques du Larzac à la ferme des
Homs • www.aromatiques-homs.fr
Animations
Parmi les diverses manifestations
proposées tout au long de la période
estivale, l’une d’entre elles ne peut
échapper à l’œil du cyclotouriste avisé,
c’est le festival du Roc Castel au Caylar.
Organisé fin juillet-début août, il fait l’éloge
du voyage lent.
www.festival-roc-castel.eu
Cartes routières
Michelin n° 339 - Gard-Hérault
IGN – Aveyron (Réf.D721212) - Hérault
(Réf. D721234)
Offices de Tourisme
< O.T. du Lodévois et Larzac
04 67 88 86 44 • [email protected]
< O.T de La Cavalerie • 05 65 62 78 73
www.lacavalerie.fr
< O.T. de Millau • 05 65 60 02 42
www.millau-viaduc-tourisme.fr
Le Caylar, lieu de départ privilégié.
et riantes l’entourent, elles viendront
égayer vos pédalées tout en vous
proposant une alternance paysagère.
Son emprise est d’environ un millier
de kilomètres carrés, elle représente
un des maillons sud du Massif central,
entre les Cévennes et l’Espinouse.
Les départements de l’Hérault et de
l’Aveyron se partagent ce territoire.
Avec une certaine nébulosité, la ligne
de partage des eaux divise le plateau ;
seule la destinée des cours d’eaux
adjacents autorise une réponse.
La richesse des sous-sols a toujours
attiré la curiosité. La spéléologie y a
connu ses heures de gloire, elle est
d’ailleurs toujours bien présente. À ce
titre, Édouard-Alfred Martel, en son
temps, avait qualifié les grands causses
de « causses majeurs ».
Le plateau du Larzac s’offre donc à vos
roues, à votre regard, à votre esprit
vagabond. Que ce soit au cours d’une
prompte traversée ou bien lors d’un
séjour plus approfondi, il ne vous
laissera pas insensible. Sa lumière, sa
rudesse et son histoire parfois violente
et tourmentée, répondront comme un
écho à votre discrète trajectoire. n
< Textes et photos : Guy Cambéssèdes
n° 662 • Novembre 2016 31
DOSSIER Le plateau du Larzac
< Itinéraire 1
< Itinéraire 2
74 km – Dénivelé 676 m
88 km • Dénivelé 1 519 m
LA BAUME-AURIOL
LE CAYLAR
LE CROS ST-MICHELD’ALAJOU
SAINT-MAURICENAVACELLES
LE CAYLAR
VISSEC
SORBS
LE CROS
LES RIVES
LA VACQUERIE-ETST-MARTIN-DE-CASTRIES
SAINT-PIERRE-DE-LA-FAGE
LA VACQUERIE-ETST-MARTIN-DE-CASTRIES
SAINT-PRIVAT
LODÈVE
Saint-Pierre-de-la-Fage, son moulin
à vent et sa superbe croix de pierre.
UNE FENÊTRE SUR LE LANGUEDOC
C’est l’extrémité sud du
plateau qui sera mise en
exergue sur ce parcours
relativement court mais
pourvu de deux sites
touristiques d’exception.
L
Le village de Saint-Michel-d’Alajou vous
propose une première halte. Le point
d’eau central, vestige des temps anciens,
amène à la réflexion. L’eau, cet élément
vital, a toujours reçu tous les égards de
la part des Caussenards. Saint-Pierre-dela-Fage comblera le photographe avec
son moulin à vent et sa superbe croix
de pierre. Les plus curieux pousseront
leur chemin jusqu’au cirque du bout
du monde. Après la Vacquerie, juste
avant le col du Vent, sur la gauche une
minuscule route permet l’accès au mont
Saint-Baudille (847 m) ; les derniers
hectomètres particulièrement ardus
demandent force et ténacité. Mais la
récompense est proportionnelle à l’effort
accompli avec un panorama allant du
mont Ventoux au Canigou. À vos pieds,
c’est l’immense plaine languedocienne
avec son vignoble. Celui-là même qui vit
naître la révolte des vignerons de 1905
mais aussi, toutes les crises viticoles qui
secouent régulièrement la profession.
En Languedoc les hommes, la vigne et le
vin ont écrit au fil des siècles une histoire
d’amour passionnée et tumultueuse.
Prenez le temps de contempler ce large
espace ouvert sur la Méditerranée, Sète
et le mont Saint-Clair sont tout proches.
Et au nord, le Larzac n’en finit pas de
dérouler son décor rocailleux et chaloupé.
Aux abords du Coulet, dolmens et
menhirs de tailles respectables ne
peuvent passer inaperçus. Saint-MauriceNavacelles offrira un temps de repos,
avec la visite du village et de son espace
culturel Paul Dardé.
Quelques menus kilomètres en allerretour suffiront afin d’atteindre l’une des
merveilles des causses méridionaux : le
cirque de Navacelles. Un décor à couper
le souffle, une fois de plus la nature
saura vous éblouir avec cette curiosité
hors du commun. L’eau a patiemment
creusé gorges et méandres. La Vis, après
un parcours souterrain, retrouve en ces
lieux toute sa force et sa splendeur.
Tout en bas, Vissec.
PRIEURÉ, CATHÉDRALE ET TEMPLE
Le belvédère de la Baume Auriol
propose, outre un impressionnant à-pic,
une approche naturaliste de ce site.
La fin de cette randonnée s’effectuera
sur de toutes petites routes bucoliques
et d’un calme absolu. Elles s’ouvrent
sur des horizons cévenols et passent
par les hameaux et villages du Viala, de
Soulagets et de Saint-Michel.
LES LAVAGNES OU LAVOGNES
De forme circulaire, elles sont bâties
par couches de lauzes successives,
liées par de l’argile. Elles reçoivent
les eaux pluviales et de ruissellement,
situées bien souvent proche des
lieux de vie. Créées par la main de
l’homme, elles servent à abreuver les
troupeaux. Elles sont également des
points de fixation de la faune sauvage
qui vient s’y désaltérer. Pendant des
siècles, sur le causse, l’eau n’est venue
que du ciel…
« Il était une fois… le
Larzac. Là passa le
grand vent de Dieu ».
Ces quelques mots
du poète occitan Max
Rouquette reflètent
parfaitement l’esprit
de cette balade dans
l’ombre d’une certaine
spiritualité.
L
Les premières pédalées n’offrent que
peu de résistance. La bourgade de Sorbs
avec son château qui embrasse tout
l’espace ne peut échapper à l’objectif du
randonneur. La dégringolade en fond
de vallée sera rapide. Là, convergent
plusieurs cours d’eau au destin
étrange. Ils ne présentent que des lits
de cailloux asséchés. C’est seulement
après d’abondantes précipitations que
l’eau rejaillit, de façon sporadique. Le
village se nomme Vissec et la rivière,
un temps côtoyée, la Vis. Nul besoin
d’être géographe pour comprendre
cette hydrographie bien particulière !
L’ascension qui suit permet d’observer la
complexité de ce cours d’eau capricieux
mais aussi l’architecture de ce village
construit en retrait de la furie des violentes
crues d’équinoxe. Une fois sur le plateau,
la route file vers La Vacquerie, puis s’élève
un tantinet afin de passer à la Trivalle et au
col du Vent. La descente se fait au travers
d’un couvert végétal méditerranéen,
puis vignes et oliviers apparaissent sur
de larges terrasses soigneusement
entretenues du côté de Saint-Privat. Au
faîte d’une colline un chemin mène au
prieuré Saint-Michel-de-Grandmont, site
du XIIe siècle qui abrita les frères ermites
de cet ordre religieux. L’église, le cloître
et les bâtiments conventuels subsistent
dans leur intégralité et dépouillement
originel. Sur les bords de la Lergue,
Lodève apparaît et la cathédrale SaintFulcran s’impose au regard. Bâtiment
majestueux et austère, typique du
gothique méridional, il présente un
chœur à nef unique, très large, avec une
abside polygonale à neuf pans, éclairé
par neuf fenêtres gothiques dotées de
remarquables vitraux. À voir également à
proximité, le monument aux morts : une
œuvre du sculpteur Paul Dardé. Après
s’être reposé, il convient d’aborder
l’ultime ascension : celle du col du
Perthus sur les flancs du plateau du
Grésac. Aux confins de l’Escandorgue et
du Larzac, quelques drapeaux de prière
hissés vers le ciel, alerteront le voyageur
sur la présence du temple bouddhiste
de Comberedonde. Sa vision, sa taille et
ses couleurs vives peuvent surprendre,
et même interroger. Mais l’espace est
vaste et la parole divine ouverte à l’écho
de tous les vents.
Le village des Rives semble anodin,
pourtant de temps à autre un lac naturel
se forme à ses abords sur plusieurs
hectares, et ce, pendant quelques
semaines. Phénomène étrange dans cet
univers dolomitique. Comme quoi la
nature nous surprendra toujours. Avec
le Roc Castel en point de mire, le retour
sur le Caylar ne sera qu’une formalité
sur une belle chaussée très roulante.
L’ORDRE DES TEMPLIERS ET DES HOSPITALIERS
Après la conquête de Jérusalem en 1099, lors de la première
croisade, les seigneurs ayant participé à celle-ci décidèrent
pour certains d’entre eux de rester à Jérusalem et fondèrent
le royaume de Jérusalem. C’est ainsi que vont être créés ces
deux ordres religieux. Celui des Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem (1113) avec pour mission l’hébergement et le soin
aux pèlerins et plus tard l’ordre du Temple (1120) qui assurera
la sécurité des pèlerins en terre sainte. Accusés d’idolâtrie, de
rites secrets et donc d’hérésie, les Templiers sont arrêtés en
1307, l’ordre aboli en 1312.
Le cirque de Navacelles.
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n° 662 • Novembre 2016
n° 662 • Novembre 2016 33
DOSSIER Le plateau du Larzac
< Itinéraire 3
< Itinéraire 4
90 km – Dénivelé 1 306 m
VIALA-DU-PAS-DE-JAUX
L’HOSPITALET-DU-LARZAC
SAINT-MARTIN DU LARZAC
BRUNAS
LA BLAQUERERIE
SAINT-PAUL-DES-FONDS
SAINT-JEAND’ALCAS
SAINT-BEAULIZE
88 km • Dénivelé 1 025 m
LA COUVERTOIRADE
LE DEVEZ-NOUVEL
LES BASTIDESPRADINES
CORNUS
LES LIQUISSES-BASSES
LA CAVALERIE
SAINTE-EULALIE-DE-CERNON
LE CAYLAR
La cité templière
de La Couvertoirade.
Un troupeau
dans la vallée
CAUSSE ET VALLÉES
Ce tracé déborde du
plateau afin d’aborder
quelques curiosités. Le site
de Roquefort-sur-Soulzon
attirera le collectionneur
de BPF ainsi que le
cyclotouriste avide de
connaissance. Le trésor
du Combalou, ce fromage
de brebis mondialement
connu, mérite une visite,
et bien entendu une
dégustation.
L
L’entame de la randonnée est paisible,
elle serpente avec de belles ouvertures
sur des horizons lointains. De La Pezade
à Cornus la chaussée borde une forêt
de feuillus d’où s’échappent de temps à
autre lièvres et cervidés. La confidentielle
vallée de la Sorgues ne réclame que peu
d’effort, c’est un pur bonheur.
La bourgade de Fondamente rappelle
le cyclotouriste à ses obligations, finie la
rêverie, la route s’élève progressivement
vers Saint-Beaulize. Elle fait parfois
cause commune avec le chemin de fer
qui relie la plaine languedocienne aux
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n° 662 • Novembre 2016
montagnes de l’Auvergne. Niché dans
un cirque rocheux, le coquet village de
Saint-Paul-des-Fonts nécessite un allerretour. Il abrite le petit musée retraçant
l’œuvre de l’abbé Coste.
Saint-Jean-d’Alcas, cité templière très
bien conservée, comblera la curiosité
du randonneur. C’est à cet instant
qu’un petit détour par Roquefort doit
se décider. Par le biais de quelques
pédalées soutenues le causse réapparaît
au Viala-Pas-du-Jaux. Une aire de repos
vous retiendra quelques instants face à
l’imposante tour-grenier.
Ensuite l’itinéraire épouse les vallonnements du terrain l’Hospitalet, la
Blaquèrerie et puis enfin La Couvertoirade. Une pause salvatrice permettra de découvrir la cité templière avec
LES BALCONS DU LARZAC
Les monolytes de La Blaqueterie.
les venelles caladées, les remparts,
l’église et son cimetière parsemé de
stèles discoïdales. Les derniers kilomètres sans difficulté vous ramènent
au Caylar, au pied du Roc Castel.
Celui-ci propose un panorama à 360°,
mais l’ascension se fait uniquement à
pied. Sur la place principale trônent les
vestiges d’un arbre. La main de l’homme
en a fait une monumentale sculpture.
L’ÉPOPÉE BOTANIQUE DE L’ABBÉ COSTE
Hippolyte Jacques Coste a été un curé et un botaniste
français né en 1858 à Balaguier-sur-Rance (Aveyron),
il est décédé en 1924. Passionné par la nature et
particulièrement les plantes, il herborise dès ses jeunes
années. En 1882, il rencontre le chanoine Joseph
Revel de Villefranche-de-Rouergue qui le convainc de
réaliser un herbier de France. C’est l’éditeur genevois
Paul Klincksieck qui fait appel à l’abbé Coste afin de
réaliser ce travail qui deviendra l’œuvre d’une vie. La
« Flore de France » commence à paraître en 1900 et
s’achève en 1906. Elle est illustrée de 4 800 figures
originales d’une très grande précision. Cette flore va
être un ouvrage de référence pour de nombreuses
générations de botanistes et encore de nos jours.
Au départ de La
Cavalerie, la lecture
de carte est peu
engageante : un camp
militaire, une autoroute,
des échangeurs et
une voie rapide… Et
pourtant cet itinéraire
tient toutes ses
promesses.
L
Les tout premiers kilomètres ondulent
sur une route rectiligne faisant face aux
Cévennes. Elle jouxte les installations
militaires qui n’ont rien de bien
esthétique ! Peu après les LiquissesBasses, elle oblique sur la gauche et
s’enfonce dans une forêt où se mêlent
feuillus et résineux, puis le hameau de
Montredon se dévoile. À la rupture de
pente, en surplomb des gorges de la
Dourbie et au terme d’une longue ligne
droite, le village de Pierrefiche donne
une impression de « bout du monde ».
Aux Baumes, l’habitat troglodytique se
fond avec la falaise, il retiendra quelques
instants le regard du promeneur. SaintMartin-du-Larzac, en léger retrait de la
route, mérite une pause. Son architecture
caussenarde massive et trapue sublime
la pierre de calcaire ; c’est aussi un lieu
de mémoire pour tous ceux qui ont
défendu cette terre…
À Potensac, une magnifique « bouissière » rappelle les dures conditions de
vie du temps jadis. Il s’agit de hautes
haies de buis formant un tunnel végétal
protégeant berger et brebis de l’âpreté
des vents dominants. La partie nordouest du Larzac offre l’immensité des
grands espaces avec des paysages de
steppe. La fine ligne d’horizon se fond
dans la douceur des courbures des collines. Elle joue même parfois avec la
course des nuages dans ce ciel pur, immense et lumineux à hauteur de Brunas,
une superbe « lavagne » entourée de
cerisiers attend le passant. Émergeant
d’une herbe folle sous l’ombre protectrice des fruitiers, quelques blocs de
pierre autorisent un temps de méditation. Le modeste chemin bitumé s’élève
encore un peu afin d’admirer le viaduc
de Millau, cette audacieuse prouesse
technologique !
L’itinéraire musarde, Devez-Nouvel
puis Labro qui s’ouvre sur la reculée de
Saint-Geniez-de-Bertrand.
Quelques
sobres pédalées afin de découvrir la
ferme fortifiée de Brouzes, avant de
plonger dans la vallée du Cernon.
La Bastide-Pradines et puis bien sûr,
Sainte- Eulalie-de-Cernon, la cité des
Hospitaliers propose de revisiter un
pan de l’histoire de France. Plaisante
et enrichissante balade dans les ruelles
du bourg fortifié à la découverte d’un
GARDARÈM LO LARZAC
La lutte du Larzac est un mouvement de désobéissance civile non
violente contre l’extension du camp
militaire existant. Elle a duré une
décennie (1971 – 1981). L’opposition
s’est d’abord organisée autour de
cent trois paysans qui se sont soulevés contre l’expropriation de leurs
terres suite à un projet ministériel. Le
camp devait passer de 3 000 à 17 000
hectares, douze communes étaient
concernées. Les étés 73 et 74 ont
vu défiler des dizaines de milliers de
personnes de différents courants sur
le plateau du Larzac pour soutenir les
paysans et former un mouvement hétéroclite qui livrera une guerre d’usure
aux pouvoirs publics. Au bout de dix
ans, ayant tenté tous les recours possibles, et organisé de nombreuses
actions, à bout de souffle, le conflit se
termine, sur un « coup de dés » avec
l’élection présidentielle de 1981.
riche patrimoine. Une route en corniche
permet de s’extraire du vallon afin de
rejoindre La Cavalerie qui présente
aussi une enceinte fortifiée.
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