Valls : Netanyahu devrait faire confiance à l`initiative de paix

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Valls : Netanyahu devrait faire confiance à l`initiative de paix
Valls : Netanyahu devrait faire
confiance à l’initiative de paix
française
Pour le Premier ministre français, l’appel des dirigeants israéliens à des
négociations directes avec les Palestiniens n’a pas marché, le monde doit
jouer son rôle
Le Premier ministre français a déclaré samedi sur la Deuxième chaîne
qu’Israël devrait avoir confiance dans l’initiative de paix menée par la
France, et qu’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens était le
seul moyen d’avancer.
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Le Premier ministre français a entamé un délicat déplacement en Israël et
dans les Territoires palestiniens en inaugurant une grande centrale
photovoltaïque de 50 mégawatts construite par EDF-Energies nouvelles près
d’Ashdod, avant de se rendre à Tel-Aviv pour la première journée de sa
visite.
Relations d’affaires, coopération, culture, religion… Le déplacement de Valls
se veut « global », selon ses services. Dans les faits, il risque d’être
largement dominé par le projet français de réunir une conférence
internationale pour relancer l’effort de paix, moribond depuis l’échec de la
dernière initiative américaine en 2014.
La conférence, qui était à l’origine prévue le 30 mai, a été décalée pour que
le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, John Kerry, puisse y participer.
Le sommet accueillera des représentants de 20 pays, dont l’Egypte, l’Arabie
saoudite et la Jordanie, pour discuter du processus de paix. Israël et les
Palestiniens n’ont pas été invités, mais seront inclus dans une conférence
ultérieure.
Valls a reçu le soutien des Palestiniens mais des objections d’Israël, le
Premier ministre Benjamin Netanyahu questionnant l’ « impartialité »
française après le vote de Paris en faveur d’une résolution de l’UNESCO sur
le mont du Temple qui ne mentionne pas les liens juifs au lieu saint.
Israël a également affirmé que les négociations directes avec les
Palestiniens étaient le seul moyen de progresser.
S’adressant aux ministres au début de la réunion hebdomadaire du cabinet
dimanche dernier, Netanyahu a déclaré que « toute autre tentative ne fait
qu’éloigner la paix et donne aux Palestiniens une issue de secours pour
éviter de se confronter aux racines du conflit. »
Le Premier ministre français Manuel
Valls sur la Deuxième chaîne
israélienne, le 21 mai 2016. (Crédit :
capture d’écran Deuxième chaîne)
Samedi sur la Deuxième chaîne, le Premier ministre français a déclaré que
bien qu’il y ait des accords et des désaccords sur certains sujets, «
Netanyahu doit faire confiance [à la France et à son initiative]. »
Valls a questionné l’insistance de Netanyahu sur les négociations directes
sans conditions préliminaires, qui n’a pas fonctionné, affirmant que « le
dialogue direct aujourd’hui [entre Israéliens et Palestiniens] est très
difficile, la colonisation continue, les tensions continuent d’augmenter et
donc la communauté mondiale doit jouer un rôle », a déclaré Valls.
Répondant à l’une des inquiétudes israéliennes, Valls a, comme Jean-Marc
Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, avant lui, pris ses
distances avec les déclarations faites en janvier par l’ancien chef de la
diplomatie Laurent Fabius selon lesquelles la France reconnaîtrait l’Etat
palestinien en cas d’échec de l’initiative française.
« Dire aujourd’hui quand nous reconnaîtrons l’État palestinien, c’est acter
par avance l’échec de notre initiative », a-t-il dit.
L’Assemblée nationale et le Sénat français ont adopté fin 2014 des
résolutions reconnaissant l’Etat palestinien, mais celles-ci ne sont pas
contraignantes pour la France.
Valls a invoqué le risque d’une nouvelle escalade pour justifier
l’initiative. « Plus le temps passe, plus la viabilité d’un Etat palestinien
s’estompe sous l’effet d’une colonisation qui se développe », a-t-il dit.
Le président français François Hollande
et le Premier ministre Benjamin
Netanyahu à l’Elysée, le 11 janvier
2011. (Crédit : AFP PHOTO/MATTHIEU
ALEXANDRE)
Le Premier ministre français a parlé chaleureusement des relations francoisraéliennes, soulignant que la paix était dans l’intérêt de tous, Israéliens
et Palestiniens, la région, et le monde.
« La
paix
avec
deux
communauté mondiale fait des efforts pour trouver un moyen de faire la
entre Israéliens et Palestiniens sur la base de l’idée de deux états
des frontières claires et viables, et avec Jérusalem comme capitale des
états », a déclaré Valls.
La France cherchera à jeter les bases d’une conférence internationale lors
d’une réunion ministérielle le 3 juin en présence des grandes puissances et
des principaux pays et organisations concernées, mais sans les Israéliens ni
les Palestiniens.
L’objectif est ensuite de réunir la conférence proprement dite avec les deux
parties, à l’automne, avant que ne s’achève le deuxième mandat du président
américain Barack Obama.
Quand il lui a été demandé s’il était convaincu que Netanyahu était intéressé
par une solution à deux états, Valls a répondu : « Pourquoi ne le serais-je
pas ? Pourquoi ne croirais-je pas ses mots ? »
« C’est la meilleure solution. Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? », a-t-il
demandé.
Concernant le rôle de la France, Valls a déclaré que dans un monde qui voit
l’instabilité et le conflit, « Israël a besoin de la France, et a besoin de
sa confiance et de son engagement. »
Le Premier ministre français a exprimé sa profonde admiration d’Israël, un
état innovant et un rempart contre le terrorisme.
« J’ai une admiration énorme pour la manière dont les Israéliens gèrent le
terrorisme, [et] je n’oublie pas qu’il a été victime du terrorisme, comme je
n’oublie pas qu’aujourd’hui, les premières victimes du terrorisme sont les
musulmans, les premières victimes de Daesh [Etat islamique] et d’Al-Qaïda
sont les musulmans. Le terrorisme est un fléau », a déclaré Valls. L’Etat
islamique a revendiqué une série d’attentats coordonnés qui ont tué 130
personnes en novembre dernier à Paris.
L’auteur de l’attentat de janvier 2015 dans un supermarché HyperCacher de
Paris, Amedy Coulibaly, avait affirmé agir au nom du groupe.
Interrogé sur la raison pour laquelle la France voulait tant s’investir pour
essayer de résoudre le conflit israélo-palestinien alors que tant d’autres
conflits, bien plus mortels, font rage dans le monde, Valls a déclaré que «
la France est sur tous les continents du monde. Combattre le terrorisme est
une priorité pour la France. Sans intervention française, le Mali serait
aujourd’hui un état terroriste, sans notre intervention il y aurait eu un
génocide en République Centrafricaine, nous faisons partie de la coalition
contre Daesh. »
Remous politiques
« L’arrêt de la colonisation est un impératif. Car on ne peut pas vouloir à
la fois discuter de la paix, être sincère dans la négociation et continuer
dans le même temps à pratiquer le fait accompli sur le terrain », a-t-il
souligné.
Valls s’est présenté en « ami d’Israël », ce qui l’autorise à dire, selon
lui, « avec encore plus de franchise : oui, la colonisation doit cesser. »
Valls s’est employé à dissiper une autre préoccupation israélienne : « Il ne
s’agit en aucun cas d’imposer quoi que ce soit, de nous substituer aux uns ou
aux autres car ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui devront
négocier eux-mêmes la paix qu’ils souhaitent », a-t-il dit.
La France vient d’obtenir la confirmation – significative – de la présence de
John Kerry le 3 juin à Paris.
Avigdor Liberman (à gauche) et Benjamin
Netanyahu (à droite) (Crédit : Yonatan
Sindel/Flash90)
En revanche, les derniers soubresauts de la politique intérieure israélienne
incitent à la prudence : Valls se trouve en Israël au moment où Netanyahu
semble en passe de faire entrer dans son gouvernement l’ultranationaliste
Avigdor Lieberman, figure détestée des Palestiniens.
L’arrivée à la tête du ministère clé de la Défense de Liberman, qui a accusé
le gouvernement de manquer de fermeté face à la vague actuelle d’attaques
palestiniennes et qui prône la création de nouvelles implantations en
Cisjordanie, cimenterait le gouvernement le plus à droite de l’histoire
d’Israël, selon des commentateurs.
Dimanche après-midi, avant une remise de médaille et un discours à
l’Université de la ville, Valls doit aller fleurir le mémorial Yitzhak Rabin,
sur les lieux de l’assassinat en 1995 du Premier ministre israélien artisan
des accords d’Oslo. Il participera aussi à une émission le soir sur les
chaînes de télévision israélienne i24 et française BFM TV, organisée avec
d’autres médias détenus par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi
(Libération, L’Express…)
D’autre part, Manuel Valls a estimé qu’il n’y avait « aucune raison » pour
que Tariq Ramadan, islamologue controversé de nationalité suisse, obtienne la
nationalité française comme il l’a demandé.
Tariq Ramadan (Crédit : capture d’écran
YouTube)
« Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité
française », a déclaré Valls dans un entretien à la radio juive parisienne
Radio J enregistré samedi avant son départ pour Israël, et qui sera diffusé
dimanche après-midi.
« Quand on aspire à être Français, c’est qu’on aspire à partager des valeurs
». Or le message de Ramadan est « contradictoire » avec les valeurs de la
France, a insisté Valls.
Le Premier ministre français a dénoncé également « l’islamo-gauchisme ».
« Il y a toujours ces capitulations, ces ambiguïtés », a-t-il expliqué,
citant notamment en exemple Tariq Ramadan, « ambiguïtés entretenues qui
forment le terreau de la violence et de la radicalisation. »
Source :© Valls : Netanyahu devrait faire confiance à l’initiative de paix
française | The Times of Israël