MERCI TONTON

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MERCI TONTON
(farce paysanne de René Burnol)
Extrait :
Le rideau s’ouvre, une cuisine paysanne, c’est chez les Péluchon ; Le Jeantou fait une corde avec des ficelles
la Marie balaye, son mari, le Baptiste qui vient de traire les vaches rentre avec un seau de lait à la main.
MARIE - Elles ont t’y eu du lait ce matin les demoiselles ?
BAPTISTE - Elles en ont ben eu un peu mais les veaux y z’y ont presque tout bu.
JEANTOU - Tant mieux.
MARIE - T’as pas voulu m’écouter quand je t’ai dit de les vendre tout petits les veaux.
BAPTISTE - Eh de les vendre tout petits, de les vendre tout petits t’es marrante toi, t’aurais quoi de
plus ?
MARIE - On aurait eu du lait en plus voilà tout !
BAPTISTE - Les veaux ça se vend quand même plus cher quand y sont gros y me semble non ?
JEANTOU - T’as raison Baptiste, plus les veaux sont gros, eh ben heu... plus y sont pas petits !
MARIE - Tais-toi toi, on t’a rien demandé ! En attendant on peut plus faire de beurre, on peut plus
faire de fromage et tout et tout.
BAPTISTE - Écoute on peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et les veaux en même temps !
MARIE - Je risque pas de l’avoir l’argent du beurre, ça fait au moins six mois que j’en ai pas fait du
beurre.
BAPTISTE - Eh ben j’ai choisi de garder les veaux, pour le moment on a moins de lait, c’est
comme ça c’est pas autrement ! LÀ !!!
JEANTOU - Et moi ça m’évite bien de tourner la manivelle de l’écrémeuse. LÀ !!!!
MARIE - Ah toi, moins t’en fais mieux tu te portes. (On frappe à la porte.)
BAPTISTE et MARIE - Entrez que ! (Le facteur Féfé rentre.) Bonjour Féfé!
LE FACTEUR (il a entendu que ça parlait fort) - Bonjour monsieur dame, ça parle fort à la maison,
vous m’avez l’air en forme ce matin !
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JEANTOU - C’est les veaux qui sont pas gros, alors y buvent tout le lait des vaches ........
BAPTISTE (au Jeantou) - Fous-nous la paix toi ! (Au facteur.) Tu sais quand on met les choses au
point du matin ça réchauffe !
MARIE - Oui et puis ça entretient l’amitié.
FÉFÉ (en souriant) - C’est pour ça que vous êtes toujours ensemble après cinquante ans de mariage ?
MARIE - Ah tu sais ça serait à refaire, eh ben j’me demande si......
BAPTISTE - Plains-toi, de toute façon t’es jamais contente !
JEANTOU - Moi je me suis jamais marié pace que je voulais pas m’engueuler avec ma femme,
mais j’aurai pu me marier si j’aurais voulu ! J’ai eu beaucoup de demandes dans le temps.
BAPTISTE - Oui, toi, fais ta corde et ferme-là !
FÉFÉ - Alors voilà le courrier.
MARIE - Qu’est-ce que tu nous apportes aujourd’hui ?
FÉFÉ - Ah aujourd’hui, y’a de la lecture! (Commence à poser le courrier sur la table.)
MARIE - Des factures comme d’habitude ? (Elle regarde le courrier, prend une enveloppe.) Tu vois
j’me suis pas trompée !
FÉFÉ - Ah mais y’a pas que des factures ! (Il détaille le courrier en posant les enveloppes une par une
sur la table.) Péluchon, Péluchon, Péluchon Marie, Péluchon Baptiste etc..... (Au bout d’un moment il
demande à Baptiste.) Y'a une enveloppe c’est écrit chez monsieur et madame Péluchon pour
monsieur Boitrot Jean, qui c’est donc qui s’appelle comme ça chez vous ?
BAPTISTE - Eh ben c’est le Jeantou !
FÉFÉ - Ah c’est le Jeantou ! Eh ben je savais pas qu’il s’appelait comme ça, c’est vrai qu’il porte
bien son nom, Jean Boitrot. (Il donne la lettre au Jeantou.)
BAPTISTE (il regarde les enveloppes, et s’adresse au facteur) - Assois-toi donc cinq minutes, tu vas
ben boire un canon ? (Il verse un verre de vin au facteur et à lui.) Qu’est-ce que c’est que toutes ces
enveloppes ?
FÉFÉ - C’est les votes pour le président ! Je vous dis qu’aujourd’hui, je suis chargé !
JEANTOU (regarde son enveloppe) - Oui, c’est les érections pour les présidents de la France !
BAPTISTE - Eh ben dis donc, cette année y’a le choix.
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JEANTOU - Moi je vais y aller voter, depuis tout petit je vais voter moi, j’y sais moi pour qui je
vais voter.
MARIE - Moi, je me demande si je vais aller voter ; n’importe comment qu’on vote ou qu’on vote
pas y font ben ce qu’y veulent.
BAPTISTE - Ah bougre, bien sûr que si, qu’y faut y aller voter, si t’as besoin de quelque chose
t’iras réclamer après !
MARIE - Qu’est-ce que tu veux réclamer, y te connaissent toujours pas.
JEANTOU - Moi j’ai toujours voté, mais ça fait un sacré moment qu’il est pas sorti celui que je
vote.
BAPTISTE - Et on pourrait savoir pour qui tu votes ?
(...)