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COURAGE ALLEMAND, LÂCHETÉ ITALIENNE Par Claude MONIQUET,Prési dentdel ’ ESI SC L’ ac t ual i t é du t e r r or i s me nousof f r e ,c e sj our s -ci, un contraste assez frappant : confrontées à la même problématique, deux capitales européennes, Berlin et Rome, viennent de réagir de manière diamétralement opposée. Pour obtenir la libération du journaliste Daniele Mastrogiacomo, Rome a manifestement exercé des pressions considérables sur Kaboul pour faire relâcher cinq Talibans. En Irak, deux Allemands ont été enlevés et sont menacés de mort si Berlin ne retire pas ses troupes d’ Af ghani s t an( parai l l e ur s ,c e t t emani pul at i one ndi tbe auc oups url e sl i e nse xi s t ant entre les différents théâtres du djihad). La réponse de Madame Angela Merkel est tombée lundi :l ’ Al l e magnenec é de r apasaut e r r or i s me .Cour aged’ unc ôt é ,hont ede l ’ aut r e . Pire encore, pour Rome : non seulement nos amis italiens se sont compromis mais, de plus, ils ont délibérément abandonné à leur sort les deux assistants afghans duj our na l i s t ee tl ’ und’ e uxaé t éé gorgé. Ce mardi, Monsieur Mastrogiacomo, décrit, dans son quotidien, la mort de son chauffeur : « Le chef (taliban) a rendu la sentence de mort au nom de l'islam. Il disait que nous étions tous des espions et que nous de vi onsmour i r … Let r aduc t e urpl e ur e .Je ne comprends pas. Je lui demande ce qu'ils ont dit et lui, en larmes, me déclare: 'ils vont nous tuer'. Quatre jeunes hommes saisissent le chauffeur et lui mettent le visage dans le sable. Ils lui tranchent la gorge et continuent jusqu'à séparer la tête du corps. Il n'a pu dire un seul mot. Ils nettoient le couteau sur sa tunique et attachent la tête coupée au corps, puis l'emportent à la rivière et l'y jettent ». Ces mots seront, sans doute, la seule épitaphe d’ unhommemode s t equi ,pournour r i rs af a mi l l e ,aac c e pt édec our i rl er i s qued’ ê t r e l ec hauf f e urd’ un«infidèle » et est tombé, pour ce « crime », sous le couteau des bar bar e s .Lej our nal i s t e ,l ui ,di xi tl ’ ambas s ade urd’ I t al i ee nAf ghani s t an«est en très bonne santé, en très bonne condition physique ». On est content pour lui. Et on espère que, si ce récit augmente le tirage de La Repubblica, ce journal aura la décence deve r s e runpe ud’ ar ge ntàl af ami l l edumor t .Ons ’ é t onne r as i mpl e me ntqueLa Repubblica ne nous explique pas comment elle va « dédommager » la famille du c hauf f e ur ,nique l se f f or t se l l edé pl oi e r apourf ai r el i bé r e rl ’ i nt e r pr è t eaf ghan de Daniele Mastrogiacomo, qui est toujours aux mains des tueurs. Mais son sort ne semble pas préoccuper outre mesure ni Rome ni Kaboul. Après tout,c ’ e s ts af aut e ,i l n’ avai tqu’ àê t r ei t al i e n… Lemol l ahDadul l ah,r e s pons abl edel apr i s ed’ ot age s , a déclaré par téléphone que pour prix de la vie de Monsieur Mastrogiacomo, plusieurs Talibans, dont un ancien responsable du régime, avaient été libérés par Kaboul. Cette pénible situation appelle, nous semble-t-il, quelques commentaires. Il faudrait quandmê me ,unj ouroul ’ aut r e–et ceci est dit avec tout le respect dû à la liberté de la presse et aux journalistes qui en sont le garant –que médias et reporters arrêtent de se mettre absurdement dans des situations inextricables, à charge pour l ’ aut or i t épubl i quedel e se ns or t i ràn’ i mpor t eque lpr i x.Lar é gi ond’ He l mandoùM. Mas t r ogi ac omoaé t ée nl e vée s tl ’ unede spl usdange r e us e sdupay s; son inconscience a coûté la vie à au moins un homme. Rome, en cédant au terrorisme, a établi un dangereux précédant qui encouragera les pr i s e sd’ ot age s .Que l l es e r a,dé s or mai s ,l ac r é di bi l i t édel ’ I t al i ee nAf ghani s t an? En négociant la libération de leur seul ressortissant –ou alors ils ont été bernés et en pl usd’ ê t r el âc he ,l adi pl omat i ei t al i e nnee s tpe upr of e s s i onne l l e … - les Italiens ont f ai tpr e uv ed’ uni nc r oy abl emé pr i se nve r sl e sAf ghansqui ,c haquej our ,as s i s t e ntl e s étrangers présents dans le pays et pour lesquels, en définitive, nous sommes sensés nous battre... La France, au moins, confrontée à la même situation en Irak, avait négocié la libération de tous les otages, y compris les Irakiens. Bref, alors que Madame Merkel montre la seule voie à suivre (pas de négociation avec le terrorisme) cette pitoyable affaire laisse un goût de cendres.