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Cette exposition met en perspective le regard croisé des
liens entre Marseillais et Algériens, entre l'Algérie et
Marseille. Ce sont deux régions miroirs. Elles se font face et
entretiennent depuis longtemps des relations, que ce soit
par la colonisation, par l'immigration, mais aussi par le
commerce et la culture.
Les deux pays ont connu de multiples rendez-vous
manqués, après de multiples malentendus et des années
de silence, d'oubli ou de douleur. Deux pays voisins, deux
pays culturellement et intellectuellement liés, et pourtant
deux pays qu'un affrontement fratricide a opposés et qui se
sont tourné le dos.
A travers des témoignages, à Alger et à Marseille, des
gens de tous horizons donnent leur point de vue sur l'autre
rive de la Méditerranée.
C'est une occasion de rapprochement des deux pays.
C'est aussi une façon de surmonter des points de vue
différents, des dissensions, certains rejets et de considérer
à quel point notre histoire est commune. Notre histoire se
place dans le temps long, sur plusieurs siècles de relations
culturelles et commerciales, en regardant en priorité les
liens avec Marseille. En définitive il s'agit de montrer la vie
des Algériens et des Marseillais avec leur proximité et leurs
différences.
L’entreprise est complexe parce que l'Algérie est un pays
avec lequel nous avons des relations plus étroites qu'avec
un autre pays, une familiarité extrêmement grande du fait
qu'un nombre important d'Algériens vivent en France, que
de nombreux Français sont d'origine algérienne, des
Français qui ont quelque chose à voir avec l'Algérie et pour
qui c'est un tissu de relations singulières.
Le 17 octobre 1961 des dizaines de milliers de
"français algériens" descendent dans les rues de
Paris à l’appel du FLN pour protester
pacifiquement contre le couvre-feu décrété à
leur intention par le préfet de police Maurice
Papon. La police, couverte par ses autorités de
tutelle, se livre à une répression sanglante :
les manifestants jetés dans la Seine, plusieurs
centaines tués, 11 000 interpellations,
des
centaines d’expulsions et autant de plaintes
restées sans suite.
Biologiste, ancien résistant, J. Panijel est
alors secrétaire du comité "Maurice Audin".
Bouleversé par l’ampleur de la répression qu’il
a entrevue, il décide de prendre sa caméra dès
le lendemain. Tourné dans la clandestinité,
Octobre à Paris reconstitue à chaud l'événement.
Il donne la parole à ceux qui organisèrent le
rassemblement, à ceux qui vécurent la répression
sanglante, à ceux qui échappèrent à la mort après
avoir été jetés à la Seine...
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il
faudra attendre 50 ans pour que ce film,
véritable document historique, sorte en salles.
Victime
jusqu'en
1973
de
la
censure
gouvernementale, le film n'est pas davantage
diffusé par la suite, Jacques Panijel s'opposant
à sa sortie tant qu'on lui refusera de lui
adjoindre un préambule mettant en cause un
"crime d'Etat". Il mourra le 10 septembre 2010,
sans avoir la satisfaction d'assister à la
sortie de son film. Ce n’est qu’en octobre 2011
que le film sera enfin distribué désormais
précédé
d'une
préface
qui
éclaire
la
responsabilité de ce massacre programmé.
Sous l'égide de la société des
En partenariat avec
la Municipalité de Sainte-Tulle
avec
du Bassin Manosquin
19h : Présentation
de l’exposition
"l’Algérie et Marseille"
20h : Projection du film de J. Panijel
"Octobre à Paris"
21h15 : Rencontre - débat
Algérie
51 ans après les accords d’Évian
il faut libérer l’histoire !
avec la participation de
Gilles Manceron, Historien, Vice-président
de la Ligue des Droits de l’Homme.
Jacques Roger, Journaliste, Animateur de
l’association "Mémoires vivantes de Marseille"
Mardi 19 Mars
Un peuple sans mémoire
est un peuple sans avenir "
Aimé Césaire
Gilles Manceron, historien, est
chargé en 91 de la mission
scolaire et universitaire à la Ligue
de l’enseignement.
Rédacteur en chef de la revue
"hommes et libertés", il a été
vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme
jusqu’en juin 2011.
Spécialiste du colonialisme français, il est l’auteur
de nombreux ouvrages, tels que "La Triple
occultation d’un massacre", qui accompagne "Le 17
octobre des Algériens", de Marcel et Paulette Péju,
ou "D’une rive à l’autre. La guerre d’Algérie de la
mémoire à l’histoire" (avec Hassan Remaoun,
Syros, 1993) ou encore "Marianne et les colonies.
Une introduction à l'histoire coloniale de la France"
Un numéro d’histoire, d’analyses et d’entretiens sur
la fin de la guerre, jusqu’à l’Algérie d’aujourd’hui,
confrontée au vent des révoltes dans les pays
voisins.
Ce hors-série comprend, également, le DVD du film "Le
Peuple en marche", un documentaire de René Vautier
(réalisateur du film avoir vingt ans dans les Aures"), avec
en bonus les courts-métrages "Techniquement si simple",
"La Caravelle" et la "Loi du silence".
Pour l’État français,
le 17 octobre 1961 n’existait pas*
Extraits d’un entretien de Gilles Manceron réalisé le
17 octobre 2011 par Nolwenn Weiler pour l’agence
Basta !
"Pendant une vingtaine d’années, on n’a pas parlé de
ces événements, malgré la gravité de la répression. Il n’y
a eu ni films, ni livres, ni articles de presse, ni travaux
universitaires. Cela relève d’abord d’une volonté de l’État.
…Au lendemain de cette manifestation, de fausses
informations sont données à la presse. Sur le nombre de
victimes, mais aussi sur le fait que des coups de feu
auraient été tirés par les manifestants. La presse a un peu
tardé à vérifier ces informations. Les journalistes
n’avaient pas accès aux lieux de détention où les
manifestants ont été enfermés pendant plusieurs jours.
Même les parlementaires désireux d’en savoir plus ont
trouvé porte close. Il y a vraiment eu une volonté de
dissimulation...
...(Cette occultation est révélatrice) de la difficulté de la
France à regarder en face son passé colonial. Il y a une
impossibilité à reconnaître que le fait colonial était
contradictoire avec les principes républicains de liberté,
d’égalité et de fraternité. La reconnaissance*, qui pourrait
passer par un geste symbolique comme une
commémoration, serait un signe fort envoyé aux enfants
issus de l’immigration. Ils ont besoin d’être reconnus dans
leur histoire pour pouvoir, en retour, se reconnaître dans
notre société et se sentir membres à part entière de notre
démocratie."
* Il a fallu attendre le 17 octobre 2012 (un an après cet
entretien) pour que l’Élysée (François Hollande) publie
un communiqué : « Le 17 octobre 1961, des Algériens
qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été
tués lors d’une sanglante répression. La République
reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans
après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire
des victimes. »
l'histoire ne vaut d'être
racontée que si elle sert
les combats d¹aujourd'hui
Georges Duby
"Le 17 octobre des Algériens" suivi de
"La triple occultation d'un massacre"
aux éditions "La découverte"
Le 17 octobre 1961, Paris a connu le
plus grand massacre de gens du peuple
depuis la Semaine sanglante de 1871.
Pendant une trentaine d'années, ce
drame a été « oublié ».
Pourtant, dès l'époque, des femmes
et hommes courageux ont tenté de le
faire connaître. En témoigne le texte inédit que Marcel et
Paulette Péju devaient publier en 1962 chez Maspero et
qui n'a jamais paru. Il est publié pour la première fois en
octobre 2011 aux éditions "la découverte". Nourri de
nombreux témoignages d'Algériens recueillis à chaud,
sa lecture ne laisse pas indemne.
Il est complété par La triple occultation d'un massacre
de Gilles Manceron, qui jette une lumière neuve sur cet
événement et éclaire les raisons de la longue occultation
du massacre. .
"Marianne et les colonies"
aux éditions "La découverte"
Dans cet essai, Gilles Manceron
revient sur les crimes massifs et
organisés qui ont accompagné la
colonisation pendant plusieurs siècles,
depuis la traite esclavagiste jusqu'aux
indépendances. Il montre comment, à
partir du XIX siècle, ces crimes ont été
systématiquement déniés, par un
discours officiel.
Cette confrontation entre la réalité de la violence
coloniale et le discours qui la légitimait, confirme que ce
n'est pas par d'hypothétiques procès ou réparations
financières que ces pages noires de l'histoire de France
seront définitivement tournées, mais par un effort de
vérité politique et historique auquel ce livre entend
contribuer.