Maisons de Dieu - 2 Samuel 7

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Maisons de Dieu - 2 Samuel 7
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MAISONS DE DIEU ?
Conférence sur 2 Samuel 7
A l’occasion des rencontres Juifs-Protestants, Reims, 3 mars 2008
I) Pourquoi un temple ? Pourquoi une synagogue ?
A) 2 Samuel 7,1-17 : « Je n’ai pas habité dans une maison » dit Dieu.
2 Samuel 7,1-17 :
1- Lorsque le roi (David) habita dans sa maison, et que l'Éternel lui eut donné du repos (en le délivrant)
de tous ses ennemis qui l'entouraient,
2- il dit au prophète Nathan : « Vois donc ! C'est moi qui habite dans la maison de cèdre, alors que
l'arche de Dieu habite sous la toile de tente. »
3- Nathan répondit au roi : « Va, fais tout ce que tu as dans le coeur, car l'Éternel est avec toi. »
4- Or, cette nuit-là, la parole de l'Éternel fut (adressée) à Nathan en ces mots :
5- « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle l'Éternel : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour
que j'y habite ?
6- Car je n'ai pas habité dans une maison depuis le jour où j'ai fait monter les Israélites hors d'Égypte
jusqu'à aujourd'hui mais j’ai cheminé sous une tente et dans une demeure.
7- Partout où j’ai cheminé avec tous les Israélites, ai-je dit un mot à quelqu'une des tribus d'Israël à qui
j'avais ordonné de faire paître mon peuple d'Israël, ai-je dit : « Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une
maison de cèdre ? »
8- Maintenant tu parleras ainsi à mon serviteur David : « Ainsi parle l'Éternel des armées : C'est moi
qui t'ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le conducteur de mon peuple d'Israël.
9- J'ai été avec toi partout où tu es allé, j'ai retranché tous tes ennemis devant toi et j'ai rendu ton nom
grand comme le nom des grands qui sont sur la terre ;
10- j'ai attribué une place à mon peuple d'Israël, et je l'ai planté pour qu'il y demeure et ne soit plus
agité, pour que les hommes injustes ne recommencent plus à l'humilier comme autrefois
11- et comme à l'époque où j'avais établi des Juges sur mon peuple d'Israël.
Je t'ai accordé du repos (en te délivrant) de tous tes ennemis. L'Éternel t'annonce qu'il te fera une
maison.
12- Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai ta
descendance après toi - celui qui sera sorti de tes entrailles - et j'affermirai son règne.
13- Ce sera lui qui bâtira une Maison pour mon Nom, et j'affermirai pour toujours son trône royal.
14- Moi-même je serai pour lui un père, et lui, il sera pour moi un fils. S'il commet des fautes, je le
corrigerai avec le bâton des hommes et avec les coups des humains ;
15- mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui, comme je l'ai retirée de Saül, que j'ai écarté devant
toi.
16- Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés devant toi, ton trône pour toujours affermi. »
17- Nathan parla à David conformément à toutes ces paroles et à toute cette vision.
Intro :
La "prophétie de Nathan" est construite à partir d'une double antithèse : David veut bâtir une maison
pour Dieu, mais c'est Dieu qui bâtira une maison à David. De plus, ce n'est pas David qui bâtira le
Temple, mais son fils.
Au final il y aura deux maisons : la dynastie de David et le Temple de Dieu.
On introduit le rôle du Temple en tant que demeure du Nom ainsi que la possibilité d'une installation
du culte, par rapport au nomadisme.
Le personnage de Salomon est introduit dans le récit, lié à une alliance inconditionnelle et à une
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légitimation du Temple.
Et en même temps le texte semble proposer une critique de l’institution du Temple
a) projet de David
La péricope 2 S 7.1-17 fait suite aux événements narrés au ch.6 : à l'initiative de David, l'arche demeure du "Nom de l'Éternel" (v.2) - est apportée à la Cité de David et installée sous une tente. David
manifeste sa dévotion à l'Éternel et, face au mépris de sa femme Mikal, il lui rappelle son élection au
détriment de Saül et de sa maison : l'Éternel a institué David conducteur du peuple (21).
La péricope 7.1-17 se place apparemment dans la continuité narrative du ch.6 (David se préoccupant
de l'arche). Cependant les promesses du ch.7 ouvrent des perspectives théologiques et politiques plus
larges : l'installation officielle du culte à Jérusalem est accolée à l'institution de la dynastie davidique.
La problématique du culte se développe autour de la polémique du Temple, et les oracles sur sa
construction sont mélangés à ceux sur la dynastie de David.
Selon la thèse exégétique la plus classique, la polémique sur la construction du Temple aurait été
ajoutée après coup. Le noyau originel de la péricope serait l'antithèse des maisons (de Dieu et de
David).
David, au v.1, est en situation royale : il a le siège, la maison et la paix. Il va donc, en quelque sorte,
proposer d'équilibrer la situation en offrant une demeure à Dieu.
Au v.2 David expose ce qui lui semble être une contradiction : lui habite dans une maison de cèdre et
l'arche est sous une tente. Ainsi se dégage implicitement son projet (qui ne sera explicité qu'au v.13) de
construire à Dieu une maison.
Au v.3, il n'est pas dit encore si David est soutenu dans son projet ; par contre Nathan approuve son
intention, laissant entendre que la résolution du coeur prime sur l'acte même.
b) réponse de Dieu
Au v.4 commence la réponse de Dieu. Nathan retrouve alors sa fonction de prophète, médiateur de la
parole de Dieu, alors qu'au v.3, il jouait davantage le rôle d'un conseiller royal
La réponse de Dieu débute par une question, au v.5 « Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j'y
habite ? » qui n’est pas complètement claire : on peut se demander si elle vise la validité de l'acte, ou
seulement son agent. L’utilisation du verbe iachav/habiter au v.5 fait écho au v.1 et introduit la
polémique : Dieu peut-il être mis sur le même plan que les humains et habiter dans une maison?
La volonté de sédentariser le culte s’exprime à travers les mots beit/maison et iachav/habiter. Ils sont
mis en opposition en 6-7 avec un temps de demeures légères : ohel/tente et michecan/demeure,
tabernacle ; et un temps de présence de Dieu dans le mouvement : le verbe hithalak/cheminer.
Par contraste avec l'errance exodique rappelée en 6-7, faire demeurer Dieu ou son Nom dans une
maison, place le culte sous contrôle royal
Cette critique de l’existence même d’un temple ne peut provenir du dtr dont on connaît l'attachement
au Temple. Les v.6-7 relèvent du courant prophétique représenté par Nathan, et auraient été conservés
par le dtr, le cours des événements les infirmant : la construction réellement effectuée et la promesse
faite au fils de David.
Ce courant prophétique s'exprime aussi en Es 66.1, et dans le NT en Ac 7.
Es 66.1- Ainsi parle l'Éternel : « Le ciel est mon trône Et la terre mon marchepied. Quelle maison
pourriez-vous me bâtir, et quel lieu serait celui de mon repos ? 66:2a Toutes ces choses, ma main les a
faites, et elles sont toutes venues alors à l'existence - Oracle de l'Éternel. »
Le courant dtr par contre s’exprime ainsi : Dt 12,10-14
Dt 12.10- vous passerez le Jourdain et vous habiterez dans le pays dont l'Éternel, votre Dieu, vous fait
hériter ; il vous donnera du repos (en vous délivrant) de tous les ennemis qui vous entourent, et vous
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habiterez en sécurité. 11- Là sera le lieu que l'Éternel, votre Dieu, choisira pour y faire demeurer son
nom. … 13- Garde-toi d'offrir tes holocaustes dans tous les lieux que tu verras ; 14- mais tu offriras tes
holocaustes au lieu que l'Éternel choisira dans l'une de tes tribus, et c'est là que tu feras tout ce que je
t'ordonne.
Quoique rien n'indique que 6-7 fait allusion à un temps idéal, les faits qu'ils évoquent amènent la
question : Y a-t-il un Dieu nomade, associé à l'arche, pour les nomades ; et un Dieu dans le Temple
pour les sédentaires, c'est-à-dire deux traditions différentes qui s'opposeraient ? Question difficile.
L'intention de David est soutenue par Nathan mais questionnée par Dieu. Il n'est pas dit clairement en
6 si son projet est finalement approuvé.
La construction réalisée par Salomon n’est-elle qu’un pis-aller, comme la royauté de Saul l’était par
rapport à la théocratie ?
David conçoit le Temple comme un relais de l'arche - définie comme le lieu "où on invoque le Nom"
(2 S 6.2).
Le Temple succède à l'arche itinérante, et devient la beit lichemi / maison de mon Nom (v.13), dans la
tradition dtr.
c) la tente de la rencontre et l’idéal nomade
Au v.6, Dieu dit avoir cheminé sous la tente.
Dans la réécriture de 1 Chroniques 17,5 , l’auteur dit même « de tente en tente » (méohèl èl-ohèl) (et
« de demeure en demeure »).
Le terme ohèl renvoie à la tente de la rencontre/ ohèl mohed, dont il nous faut dire un mot à présent. La
tente de la rencontre est évoquée plusieurs fois, mais c’est en Ex 33 qu’on trouver le passage le plus
développé.
En Ex 33, le rapport de Dieu à son peuple est en pleine crise après l’épisode du veau d’or (Ex 32).
Moïse a brisé les tables de la Loi et Dieu a dit : « Monte vers un pays découlant de lait et de miel.
Mais, je ne monterai pas au milieu de toi, de peur de te dévorer en chemin, car tu es un peuple à la
nuque raide » (33,3). La communication semble rompue. Dieu accomplit sa promesse envers les
patriarches, mais il abandonne les Israélites. C’est alors que Moïse va arranger la situation.
Ex 33,7-11 :
7- Moïse prit la tente et la planta pour lui à l’extérieur du camp, loin du camp. Il l’appela Tente de la
Rencontre, et toute personne consultant l'Éternel sortait vers la Tente de la Rencontre qui était hors du
camp.
9- Et quand Moïse entrait dans la Tente, la colonne de nuée descendait et se tenait à l’entrée de la
Tente. Et l'Éternel parlait avec Moïse. 10- Tout le peuple voyait la colonne de nuée se tenant à l’entrée
de la Tente, et tout le peuple se levait et se prosternait, chacun à l’entrée de sa tente.
11- L'Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. Puis il rentrait au camp,
mais son assistant Josué fils de Noun, un jeune homme, ne s’en allait pas du milieu de la Tente.
Plusieurs points : Moïse sert de médiateur entre Dieu et le peuple, il invente un espace où la
communication se rétablit, comme son nom l’indique : un lieu de rencontre.
C’est un lieu où l’on va parler à Dieu (consultant) mais vous notez que la tente est « à l’extérieur du
camp, loin du camp ». Le texte insiste sur l’éloignement : nous ne sommes donc pas dans la
configuration où le temple est au centre de Jérusalem, elle-même centre religieux, symbolique, du
pays.
Seul Moïse rencontre Dieu face à face, dans une parole, un dialogue ; le peuple doit rester à grande
distance.
Enfin et surtout, Dieu ne demeure pas dans la tente ; il vient dans la colonne de nuée jusqu’à l’entrée
de la Tente, il parle, puis il repart. C’est un espace créé en vue d’une fonction, mais Dieu ne peut y être
retenu ; même son Nom n’y demeure pas.
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La tente n’est pas un lieu sacré, puisque quand le dialogue est achevé, elle redevient un lieu profane
qui peut abriter Josué.
Dernier point : la tente se déplace au fil des étapes du peuple dans le désert. On la démonte et on la
remonte un peu plus loin. Pas plus que le peuple en marche, Dieu ne s’installe à aucun endroit.
(Autre mention de la tente avec rétro-projection du Temple et des rites sacerdotaux : Lv 15,25-31)
(parallèle intéressant entre 2 S 7,6 et Jér 30.18-22)
d) L’idéal sédentaire
Un point intéressant est la façon dont le texte évoque l’histoire de David.
Le rappel que David a été choisi par Dieu tandis qu’il était berger au pâturage (v.8), et le fait qu’il
réside maintenant comme roi à Jérusalem, fait de lui un personnage charnière de l’histoire d’Israël. Il
est passé de la vie semi-nomade des bergers à la sédentarisation urbaine. Justement, comme le texte
raconte qu’on passe d’un culte nomade sous la tente, à un culte dans une maison de pierre au cœur de
la ville.
Au v.9, l'affirmation d'une paix obtenue sur les ennemis pose problème si on considère les guerres du
ch.8. On peut voir 2S 7 comme un moment de répit entre deux guerres de David, propice à
l'énonciation des promesses. Ou bien, cette paix est l’allusion à un autre temps qui n’est pas celui de
David.
Le paradoxe semble aller plus loin en ce qui concerne les promesses d'installation pacifique destinées à
Israël (v.10-11). Que signifie l'annonce du don d'un lieu (maqom) alors que l'implantation en Canaan
est déjà faite ? A-t-elle besoin d'être réalisée à nouveau ?
A ceci, je proposerai deux réponses : soit le rédacteur veut insister sur la sédentarisation d'Israël, soit
un contexte rédactionnel exilique ou post-exilique motive une perspective de retour au pays.
L'hypothèse du passage à la sédentarisation s'appuie sur la terminologie employée. On a vu plus haut
l'importance du iachav/habiter de David ou de Dieu lié au vocabulaire des maisons variables.
On a relevé qu'il y avait une tendance à passer du précaire à la demeure solide. Au v.10, on peut dire
qu'Israël en arrive à véritablement "prendre racines": Dieu plante (noun-tet-hain) Israel dans le sol,
comme on plante la vigne.
Le rédacteur présenterait là un tournant historique dans l'évolution sociale et politique d'Israël, qui
trouverait sa plénitude avec les promesses destinées à Salomon (v.12-13). La construction du Temple
scelle cette sédentarisation en installant Dieu, dans une maison, au cœur d'Israël. A la promesse
exodique d'une terre vers laquelle on se dirige, succède l'attribution d'un lieu prédestiné.
L'autre hypothèse serait de concevoir le rédacteur de 2S 7 comme écrivant pendant ou après l'Exil et
venant glisser ses préoccupations propres parmi les thèmes dtr classiques du repos et du Temple. On
constate que des promesses exprimées par des verbes au futur surgissent, parmi des verbes au passé
rappelant les bénédictions déjà survenues. On peut donc avancer que le rédacteur ne tient pas compte
d'un établissement d'Israël déjà réalisé, mais annonce une oppression et un malheur à venir (les
« hommes injustes » du v.10). Le texte viserait donc le retour d'Exil et le rétablissement de la royauté,
David et Salomon étant les figures royales idéales pour un peuple d'Israël réuni autour du Temple
reconstruit.
Il est difficile de trancher entre ces deux hypothèses, et on peut imaginer un apport de thèmes dtr
classiques (le peuple autour du Temple) tissés avec des préoccupations politiques datant de l'Exil.
e) Une maison pour David
Au projet de David, Dieu répond par un autre projet : c’est lui qui bâtira une maison, c’est-à-dire une
dynastie à David. Ce dessein est annoncé au v.11 et se prolonge au v.16 avec la continuité en Salomon.
Ainsi, Dieu reprend la main et de même qu’il a élevé David par un choix gratuit, il décide de prolonger
sa dynastie, par contraste avec Saul qui a été rejeté.
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Cette antithèse développée dans 2S7 se retrouve dans le discours d’inauguration du Temple, prononcé
par Salomon, en 1R 8 :
1 Rois 8 :
10 - Et il arriva que, quand les prêtres sortirent du Saint, la nuée remplit la Maison de l'Éternel.
11 - Et les prêtres ne purent pas se tenir pour faire le service, à cause de la nuée, car la gloire de
l'Éternel remplissait la Maison de l'Éternel.
12 - Alors Salomon dit : « L'Éternel a dit qu’il habitait dans d’épaisses ténèbres. 13 - Je t’ai vraiment
construit une maison somptueuse, un endroit pour que tu t’y reposes à jamais. »
14 - Et le roi tourna son visage et bénit toute l’assemblée d’Israël, et toute l’assemblée d’Israël se
tenait debout. 15 - Et il dit : « Béni soit l'Éternel Dieu d’Israël, qui a parlé de sa bouche à David mon
père et qui a accompli par sa main ce qu’il avait dit :
16 - “Depuis le jour où j’ai fait sortir mon peuple Israël d’Égypte, je n'ai pas choisi de ville parmi
toutes les tribus d'Israël, pour qu'on y construisît une maison pour que mon Nom y soit, mais j’ai choisi
David pour qu’il commandât mon peuple Israël.”
Salomon affirme qu’il a construit « une maison somptueuse » pour que Dieu « s’y repose ». Mais
aussitôt après il admet que ce n’est pas un projet qui vient de Dieu : « je n'ai pas choisi de ville … pour
qu'on y construisît une maison pour que mon Nom y soit ».
Par contre l’élection de la famille de David, pour le bien d’Israël, est le projet de Dieu.
Conclusion :
La dynamique de cette péricope réside dans les glissements de sens et les évolutions qu'elle opère. A
partir d'une situation de départ - David dans sa maison avec un projet de construction – l’auteur
annonce l'établissement de la dynastie davidique et la construction du Temple par Salomon
Dieu affirme qu’il n’a jamais eu besoin d’un lieu précis pour que Israël lui rende un culte. Et on voit à
travers tous les textes de la période de l’Exode, que Dieu n’a jamais demandé autre chose que la foi, la
confiance, et le respect de ses commandements.
La construction d’un lieu en dur a d’autres motivations et d’autres buts, d’ordre politique. Nous
sommes clairement dans un texte idéologique qui vise à légitimer la dynastie de David, la fondation du
Temple, et Jérusalem comme capitale politique et religieuse du pays.
Ceci prend une sonorité particulière si on envisage que le texte est mis en forme pendant l’Exil.
Mais l’originalité du texte est de proposer une critique interne du projet dont il fait l’éloge et de
rappeler qu’il existe d’autres formes de culte que celles rattachées à la royauté.
Au final, au delà du projet humain c’est quand même Dieu qui accomplit le sien : donner des
bénédictions à celui qu’il a choisi, David. Le dessein de Dieu dépasse celui de l’homme.
Christine Prieto
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