Sénégal : un vrai échappement du développement agricole ralenti ?

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Sénégal : un vrai échappement du développement agricole ralenti ?
Sénégal : un vrai échappement
du développement agricole ralenti ?
Peter Rashkov
Colby College
Mai 2001
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© The UWCAd Economics Society, 2001
http://www.uwcades.org/
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Le Sénégal est un pays de l’Afrique de l’Ouest avec PIB de 540 dollars
américains par habitant (Banque Mondiale 1997) et dette extérieure de 3.671 milliards
de dollars en 1997. L’économie est essentiellement agricole (mil, arachides, sorgho,
coton) avec secteurs de pêche le long de la côte atlantique et de tourisme maritime en
train de croître. Pendant longtemps l’exportation principale du pays a été l’arachide et
ses produits secondaires – huile et arachide sans coquille, lui apportant le prestige
d’économie de monoculture. La faillite de l’industrie arachidière est exemple classique
de spécialisation paranormale. Depuis son indépendance le Sénégal essaye diverses
stratégies d’ajustement et de développement pour assurer une croissance du PIB et
réduction du taux de chômage et de pauvreté. Cependant aujourd’hui le taux de
chômage est de 40% et le système bancaire assez faible pour rendre les
investissements effectifs. Depuis 1980 le pays est exposé à diverses stratégies
imposées par le F.M.I. et la Banque mondiale, qui en vérité ont eu peu d’effet.
Cette histoire de mauvaise développement est la conséquence de la conjonction
défavorable de climatologie et gestion coloniale. La France a conduit le pays vers la
dépendance totale des exportations d’arachide et n’a rien fait pour stimuler la
formation des ressources humaines. En conséquence le pays a souffert du poids de la
monoculture et le besoin d’importation des produits alimentaires. La politique de
Senghor1 a contribué à ralentir la diversification de l’agriculture locale. Pourtant
l’introduction du marketing et le désengagement de l’État dans les coopératives (ou la
Nouvelle Politique Agricole d’Abdou Diouf2) ont ouvert l’entrée des éléments privés
et stimulé la commercialisation. Aujourd’hui le président Wade3 est en train de
négocier des crédits internationaux pour moderniser l’économie, l’ouvrir au marché
étranger et aux investissements, et améliorer la vie du peuple.
Cet étude examine les effets du climat et du développement historique sur le
secteur agricole et la situation contemporaine au Sénégal.
La géographie du Sénégal est une géographie des extrémités. Le paysage est
varié dans les régions du pays. Le long de la côte il y a une bande de 50 kilomètres de
largeur. C’est le Sénégal maritime qui inclut aussi la presqu’île du Cap-Vert et les
territoires entre St. Louis et Thiès. L’intérieur du pays, au contraire, est assez divers –
hors de la zone irriguée par les fleuves Sénégal et Casamance, se trouve le Sahel où la
terre cultivable n’est que 27 %. Là-bas, le climat a deux saisons – sèche et humide. Il
ne pleut qu’entre les mois de juin et de septembre, de manière irrégulière. Au Nord,
les pluies valent de 250 à 500 mm, dans la zone centrale de 500 à 800 mm et en Basse
Casamance presque 1000 mm.
La climatologie conduit le type d’agriculture au Sénégal – on cultive des
plantes saisonnées et à irrigation humaine. Dans les territoires plus secs les paysans
cultivent du mil et de la sorgue qui se développent vite et n’ont pas besoin de
beaucoup d’arrosage. L’arachide est cultivée dans la zone centrale et au long de la
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Premier président du Sénégal, 1960 – janvier 1981, qui a conduit le pays vers stabilité politique après
l’indépendance. Chef de l’UPS (Union Progressiste Sénégalais), le seul parti pendant ce temps-là, qui se
transforme après au Parti Socialiste.
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Deuxième président, qui a introduit le système démocratique (1981-1998) – aussi du Parti Socialiste.
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Troisième président, concourrant à Diouf depuis 1983, du parti en opposition PDS (Parti
Démocratique Sénégalais). Wade a gagné les elections en 2000.
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mer, où les pluies sont plus abondantes. Le riz ensuite est cultivé en Basse Casamance,
mais même là-bas il y a une grande probabilité de mauvais climat et la récolte n’est
pas toujours sûre. Voici la dépendance de l’agriculture de la climatologie. Pour
améliorer les récoltes pendant les années 1980 l’État a bâti deux barrages – à Diama et
à Mantali pour minimiser le risque de sécheresse. Cependant peu en a profité parce
que dans les années 1960 a commencé un processus de détérioration des données
naturelles. La population rurale a commencé une déforestation, en ouvrant des
territoires pour cultiver de l’arachide et aussi pour cueillir du bois, qui est encore le
moyen principal énergétique. C’est ainsi que 60 000 hectares de forêt disparaissaient
par an et une baisse des ressources hydrographiques. Les mauvaises techniques et les
traditions primitives d'assolement ont empiré la capacité productive du sol et ont
contribué à l’érosion de la terre. En outre, les clans musulmans (les talibés) auxquels
le gouvernement a donné de propriété, cultivent des arachides et autres légumes sans
aucune responsabilité et négligent la pollution qui y résulte, autrement ils auraient des
dépenses élevées, qui incluraient aussi la pollution.
Quelle est la consommation locale ? La population dont 40 % habite aux villes ne
cesse pas de croître à un taux élevé. Pendant longtemps le taux de croissance agricole
était plus bas et ne suffisait guère à la demande. En particulier, l'offre domestique du
riz, de mil et d'autres légumes ne satisfaisait même pas la demande des paysans. La
production extrême d'arachide a diminué, déplacée par autres variants
d’autosubsistance, ce que serait la solution de long-terme à la crise de malnutrition. Et
en réalité, l'agriculture sénégalaise n'est pas encore capable de porter le marché à
l’équilibre, sans élever les prix à la consommation. L'État s'est orienté vers
l’importation de riz, de tomates et autres légumes nécessaires pour nourrir la
population. En tout cas les paysans souffrent, obligés de travailler de plus en plus aux
champs avec des outils primitifs et le niveau de mortalité enfantine est élevé.
La crise de longue stagnation économique est la conséquence de la politique
économique maladroite, patrimoine du règne français. En général, le pouvoir dans les
colonies à la périphérie servait plus au prestige impérial de la métropole qu’à quelque
besoin de richesses ou de bénéfices économiques. Le pouvoir colonial était un coût
plutôt qu’un revenu ; bien que l’empire français contenait des richesses minérales ou
agricoles, l’économie de la métropole suffirait elle-même à la demande de
consommation, grâce à l’industrialisation dominante les pays européens. Quand même
la traite entre les colonies et la France augmentait, comme le montrent les chiffres : en
1880 4.8% des importations en France provenaient de l’Afrique noire et en 1913, ils
avaient doublé – 9.4%, pendant que les exportations françaises aux colonies au sud de
Sahara ont augmenté de plus de deux fois – de 6.3% jusqu’à 13%, dont la raison est la
croissance de la manufacture française.
Le Sénégal en particulier a attiré l’attention des entrepreneurs français à cause
de l’arachide. Les exportations ont accru de 8.8% par an : de 45 000 tonnes en 1885
jusqu’à 200 000 tonnes en 1914. En même temps la France y exportait des textiles et
autres produits manufacturés. Après la stagnation globale aux années après la guerre,
le Sénégal a continué à produire des arachides et en 1940 il a exporté plus de 60 000
tonnes. Cette monoculture extrême a évolué avec trois facteurs – l’accès libre aux
territoires cultivables, l’offre de main-d’œuvre suffisamment élevée et bonne
infrastructure pour cette époque-là. 93% des arachides ont été cultivées au long des
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chemins de fer Dakar-Niger (direction Tambacounda) et Dakar-St. Louis. Le coût du
transport était bas et a poussé l’industrie vers l’expansion en conséquence vers les
économies d’échelle.
Cependant, cette expansion a supprimé les autres cultures alimentaires comme
le riz et le mil dans les zones arachidières et les a réalloués dans les zones moins
favorables. Avant la première guerre mondiale, cette politique a eu du succès et a
établi la prospérité du Sénégal parmi les autres régions de l’AOF. Vers 1930 deux tiers
de la population s’engageait dans la production arachidière, qui était assez profitable,
puisque les compagnies offraient un prix à la production élevé. Pourquoi ce procédé ?
C’est ainsi que les fermiers, ne possédant autre source d’argent, pouvaient acheter les
produits importés par les mêmes compagnies.
Tout marchait bien à court et à moyen terme, parce que les compagnies et les
banques dominant la traite d’arachides accumulaient des revenus; pourtant la tendance
du déclin de la demande des produits « exotiques » comme l’arachide a réduit le prix à
la consommation en conséquence, ceci à la production. La baisse a frappé les fermiers
auxquels tous les autres prix ont automatiquement augmenté et ils ont accru de la
dette. La deuxième attrape était la mauvaise politique d’investissement : puisque les
paysans suivaient toujours des techniques agraires traditionnelles, ils produisaient de
façon extensive – pour augmenter les rendements, ils utilisaient plus de territoire et
main-d’œuvre ou travail animal au lieu de meilleures semences et techniques (culture
intensive). Surtout la récolte dépendait des conditions climatologiques et de la
pluviométrie. Samin Amir dit que tôt pendant cette expansion il était possible
d’augmenter la production mais dès que les terroirs étaient occupés et l’offre de maind’œuvre à son maximum, la seule possibilité de rendements élevés était l’amélioration
de la productivité. Alors les autres cultures diminuaient et la politique coloniale ne
mettait aucune attention aux zones hors du bassin arachidier, ni aux ressources
humaines – instruction, entraînement, administration, ni à la recherche de meilleures
sortes d’arachide.
Après la deuxième guerre mondiale la France considérait les colonies comme
un appui nécessaire à la guérison économique, surtout, celles d’Afrique du Nord – là il
n’y avait pas de pertes de capital comme en France. Durant la période 1940-1958, la
France y a investi 11.9 millions de francs, presque la moitié de ses investissements
pendant toute la période coloniale. C’est vrai que la majeure partie de ces
investissements rentrait à la métropole, masquée comme des salaires des ingénieurs
français et des autres spécialistes dans les colonies ou bien comme paiements pour les
produits français achetés par la population indigène. Pour la première fois les fonds
gouvernementaux (sous la gestion de FIDES) surpassaient les investissements des
compagnies privées, dont le motif peut être la maximisation de la commercialisation
impériale au temps de déficit de monnaie « dure ». Les exportations françaises ont
augmenté de plus de 100% et aussi les grands projets de modernisation, par exemple,
de la nouvelle infrastructure, de l’électrification, de la mécanisation, des usines.
Pourtant la métropole peu à peu a compris que les territoires d’outre mer étaient en
train de perdre leur contribution à long terme. Là-bas se sentait le manque de capital
humain qui pourrait soutenir une croissance au taux mondial et l’économie était
concentrée au secteur primaire – en tous cas cela provoquait de dépenses et empêchait
la modernisation de la France.
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Un des majeurs problèmes qui ralentit encore le développement au Sénégal,
c’est le manque de changement de mentalité. Les paysans ont continué selon les
techniques primitives d ‘assolement, qui ne seront jamais égales à celles à l’étranger.
Peu de sénégalais sont devenus capitalistes et moins encore savent comment gérer une
usine comme à l’Occident, ou comment administrer la politique. Donc, le pays est
sorti de la colonisation avec une économie très spécialisée en arachides (66% des
exportations en 1960), avec l’indice de consommation d’énergie 76 sur 4 500 pour le
monde industrialisé et des notions d’épargne et de formation de capital pratiquement
illusoires.
Après l’indépendance le Sénégal a profité des conditions favorables – le climat
et l’introduction de nouvelles semences ont augmenté les rendements et l’économie a
poursuivi une croissance de 3% par an. Le commerce agricole est le moteur principal
des autres secteurs – les revenus des produits arachidiers (huile ou coquilles) stimulent
la consommation, qui surpasse vite les dépenses et pose le danger d’inflation. La
politique gouvernementale suivait les intérêts pro-français – le pays est resté dans la
zone franc et lui est garanti un marché en France et des programmes d’aide. En outre,
l’État a influencé directement l’agriculture, en créant un système de coopératives qui
contrôlaient la vente d’arachide et aussi promouvaient des renseignements agrotechniques. L’Office de Commercialisation Agricole (OCA) était monopsoniste et
vendait les productions des coopératives aux compagnies de manufacture ou à
l’étranger. Cependant il y avait trop de bureaucratie et déjà en 1962 les coopératives
ont commencé à vendre leur production et aussi avec des consortiums français et
sénégalais de distribuer les produits alimentaires importés. Cette forme idéaliste a fini
avec la chute de Mamadou Dia4 en 1962. Le publique protestait contre le chaos
bureaucratique et le déficit d’engrais et des produits agricoles.
Alors Léopold Sédar Senghor a imposé des compagnies privées qui n’ont
survécu à leur tour que jusqu’en 1967. En même temps la continuation d’agriculture
extensive a amené les surfaces cultivables à épuisage et à stagnation des rendements.
Il s’agit aussi des mauvaises conditions climatologiques. Depuis 1968 de la sécheresse
répétitive a frappé le pays cinq fois pendant neuf ans. Le soutien français à l’arachide
a terminé en 1967 en conséquence les prix de réalisation ont baissé d’un quart. Le
Sénégal, jusqu’à ce temps-là protégé par la métropole, a dû rencontrer les forces du
marché international et sa compétition. La dégradation du revenu fermier a causé de
réduction de l’utilisation d’engrais, en conséquence la production arachidière a
diminué et perdu de qualité. Le principe de coût d’opportunité est entré en marche et
les paysans ont commencé à chercher des alternatives plus profitables de l’agriculture.
Un processus de migration vers les centres urbains a suivi et aussi une dégradation des
terroirs négligés. À cause des cultures extensives, les rendements ont diminué en
proportion de la surface cultivée. La crise arachidière s’est réfléchie dans l’économie
en général – il y avait croissance d’1% par an et les exportations étaient à faible
niveau. La baisse du revenu par tête a entraîné des protestations et de malaise parmi
les paysans surendettés, auxquels les paiements étaient utilisés pour subventionner les
importations du riz, sucre et légumes qui allaient alimenter les populations urbaines.
L’ONCAD (Office National de Coopération et Assistance au Développement) ainsi
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Premier-ministre de Senghor de 1960-1962, arrêté par l’armée et accusé d’organiser un coup d’état.
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essayait de calmer les villes, mais là il y avait une croissance des immigrés, ce qu’a
tourné la roue du vice.
Caswell propose un paradoxe intéressant – il dit que les producteurs
d’arachides n’ont gagné ni du marketing, ni de la monopolisation de l’industrie. Ils ont
appauvri en tous les cas puisque la « subvention » pendant le règne français avait été
trop longue et après l’indépendance elle a indirectement continué à exister sous la
forme de protection gouvernementale. Pourtant, la stratégie de supporter l’industrie
arachidière sans diversifier l’économie a été incorrecte. L’allocation maladroite des
ressources a porté les agences gouvernementales à la faillite puisque « le
rétrécissement de la valeur relative de la marge de commercialisation par rapport au
prix producteur et de celle des capitaux sociaux par rapport à l’endettement global ont
eu un double effet : celui d’augmenter le risque encouru par les organismes prêteurs et
celui d’aiguiser la tentation des producteurs à ne pas payer leurs dettes. » (Mamadou
Bara Gueye)
Les années 1974-1977 ont été favorables pour l’agriculture, comme pour autres
branches – par exemple, les phosphates. Les prix de l’arachide sur le marché
international ont crû, entraînant une renaissance du secteur ; en outre le recyclage des
pétrodollars a apporté des financements frais. Ces prêts faciles n’ont pas été gérés pour
investir avec sagesse et en effet, ont eu des effets terribles. « Il importe de souligner
qu’à cette période de relative prospérité, plus encore qu’entre 1960 et 1968, une
logique d’enrichissement et de distribution des revenus a prévalu sur une logique
d’accumulation. » (Gilles Duruflé)
Les années 1978-1980 au contraire ont porté la catastrophe au pays. 1978 est
une mauvaise année de faible rendement – 519 000 tonnes, 1979 – une bonne (1 061
000 tonnes) et 1980 – mauvaise (616 000 tonnes.) Non seulement l’industrie marche à
capacité complètement déséquilibrée, mais les prix à l’exportation ont baissé de
nouveau de 25%. La chute de la production agricole engendre une baisse du PIB de
3.3% en 1980 et encore de 1.2% en 1981. Il est finalement évident que l’industrie des
arachides est en stable stagnation et à long terme en déclin et qu’un dynamisme
diversifiant est très nécessaire. En 1980 le F.M.I. a mis à effet un programme de
stabilisation, selon lequel les mesures principales sont : réduire le déficit budgétaire,
relever les prix des produits de base (sucre, riz, farine, mil, huile, pétrole), baisser le
prix d’achat de l’arachide pour décourager sa culture, de relever les prix d’engrais et
d’améliorer les structures de la filière agricole. La Banque mondiale a proposé le
désengagement des sociétés d’encadrement financier et de réévaluer les prix et les
subventions agricoles. Le but poursuivi par les deux institutions est de libéraliser
l’agriculture qui est encore l’engin important pour le PIB – de 1985 jusqu’à 1988 ça se
lève de 10.8% (la majeure partie du PIB comme ailleurs est le secteur de services,
mais les devises ne s’accomplissent qu’à travers l’agriculture ou le pétrole). Ainsi
l’aide gouvernemental serait réduit et l’industrie locale pourrait survivre contre
l’influx d’importations de produits rudimentaires. Une conséquence plus optimiste
serait que le Sénégal devienne capable à la concurrence étrangère et garde sa partie
dans le marché global. 1981 malheureusement a été une année sèche et en 1983 le plan
s’est annulé, sans aucune sortie de la stagnation macro- et microéconomique.
En 1984 la Banque mondiale a reconsidéré son propos de développement et il
y a eu un nouveau scénario, prévoyant une croissance stable de 3.7% par an, soutenue
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par l’intensification du secteur agricole. Comme le montre l’analyse de la F.M.I. il
serait difficile de gérer la croissance du PIB, dont 40% dépendent soit directement,
soit indirectement des arachides et du coton, faible ressource de devises. Le plan
attendait une telle croissance pourvu que la climatologie soit favorable désormais.
L’intensification agricole consiste en une augmentation régulière des activités
maraîchères (tomates, maïs) et de la production céréalière (riz surtout) et arachidière.
Pour l’accomplir, il serait nécessaire d’accroître les surfaces cultivées et d’améliorer
les rendements, c’est-à-dire, investir en recherche et développement de semences
modernisées et plus de protection de l’environnement avec une meilleure exploitation
du terroir. La climatologie et la pollution ont posé deux circuits d’ajustement – à court
et moyen terme les fermiers dépendront des cultures pluviales (qui quand-même sont
en train de décroître sur le plan global) et à long terme – des cultures irriguées sous la
gestion des sociétés réformées. La solution à long terme exige des investissements et
transformation du rôle d’État, posant plus de responsabilité sur le paysan surtout à
propos à l’entreposage des semences et au transport de la récolte. Abdou Diouf a dit :
« moins d’état, mieux d’état ».
À propos des arachides, la tendance à long terme est une baisse des prix à
l’exportation, comme beaucoup de produits rudimentaires agricoles. Alors il n’y a
aucune chance que les revenus des paysans accroissent, sans qu’ils participent à la
commercialisation illégale ou parallèle. « Plusieurs études ont déjà révélé que
l’agriculteur africain est très sensible aux variations des prix. » (Mamadou Bara
Gueye). Donc le plan de la Banque mondiale est raisonnable – son but est de fortifier
la production céréalière locale, empêchée par les importations et les prix relatifs.
La production locale est orientée pour la plus part au consommateur urbain.
Pour inciter les fermiers à la production locale, il y a besoin de baisser le prix à la
production de l’arachide et d’attendre que l’agriculteur réagisse selon le principe de
substitution. On peut aussi attendre la stimulation du côté de l’acheteur, qui doit
choisir le produit local à celui importé. Il apparaît que quelquefois la demande du riz
est assez inélastique par rapport à l’augmentation de son prix et le mil local ne peut le
substituer, donnée la récolte insuffisante. Aux périodes où la production du mil est
bonne, on observe que la demande du riz est beaucoup plus élastique et le
consommateur choisit le mil. (Martin, chez Mamadou Bara Gueye). Cependant la
stagnation économique et les mauvaises structures filières ont découragé le producteur
– en 1984 28% de prix au producteur sont retenus pour payer les semences et les
engrais de l’année suivante. Donc il est évident que le produit se vend par circuits
illégaux, créant moins de revenu pour le marchand d’engrais et ainsi diminuant la
demande d’engrais, qui signifie des rendements empirés à l’avenir.
La transformation du marketing est centrale dans la Nouvelle Politique
Agricole qui inclut – la responsabilité des producteurs par l’achat au comptant des
engrais, la gestion des semences par les coopérations et la commercialisation
libéralisée. Son objectif est d’achever l’autosuffisance du Sénégal et ensuite la
provision d’un surplus exportable. L’efficacité dépend surtout de la restructuration de
la commercialisation.
Le poids du patrimoine des géants OCA et CRAD est le développement-zéro
des ressources humaines au Sénégal. La manque des coopérateurs éduqués et
possédant des qualités administratives est lourde, mais l’idée est de créer un système
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qui satisfait le producteur et le consommateur, en outre, « d’avoir accès aux produits
appropriés, à la place et au temps appropriés » (Branson Nowell). Le marché
compétitif naît avec le concept de la promotion et l’accès à l’information des prix et
des quantités, mais on se demande si ça va élever le prix à la consommation. « La
stratégie marketing consiste à élaborer un plan visant à mettre sur le marché un produit
qui correspond aux besoins du public, à informer ce public de l’existence de cette
offre, […] et à assigner à ce produit un prix » (Mamadou Bara Gueye). En tous cas le
développement des ressources humaines est obligatoire pour obtenir les solutions
désirées à long terme.
Bien que dans les années 1985-1988 le secteur agricole ait contribué pour
10.8% de la croissance du PIB, les reformes agricoles n’ont pas complètement atteint
leur but. Le commerce local a été décentralisé, les prix – libéralisés et les subventions
ont cessé. Les prix de l’arachide et du coton étaient bien en déclin selon le niveau
mondial et la commerce à l’extérieur a décru par 22%. Le plan d’autosuffisance
semblait moins et moins possible à poursuivre et la monnaie surévaluée encourageait
l’importation. Donc les conditions de croissance diversifiée n’ont pas été accomplies
et le développement s’est bloqué encore une fois. En 1992, le ministre Habib Thiam a
déclaré le besoin de subventionner les engrais pour prévenir la baisse des rendements
du mil et de l’arachide (la productivité était tombée de 80% à 60%) et ce geste n’a pas
plu aux agences d’aide comme le F.M.I., qui poursuivent la politique de l’école
néoclassique.
En outre la dévaluation du franc CFA en 1994 n’a pas favorisé la compétition
entre les importations et la production locale des produits alimentaires. Les statistiques
de la F.M.I. montrent les mêmes quantités de mil ou de maïs produit, avec le même
rendement (entre 60 et 80% pour le mil et 110% pour le maïs par hectare). Les
importations des céréales représentent encore un haut pourcentage de la
consommation. Pourtant depuis 1994 les fermiers ont augmenté l’entreposage de
céréales ce que peut donner quelques espoirs à l’avenir. En 2000, la facture annuelle
des importations de riz est estimée à 100 milliards de FCFA.
En 1998 le F.M.I. a approuvé un programme de réduction de la pauvreté et
d'encouragement économique d'un montant de 138 millions de dollars américains et
depuis 1994 le PIB s'est élevé fortement: +2.9% (1994), +4.8% (1995), +5.6% (1996),
+5.2% (1997), +5.7% (1998), et sauf le secteur agricole +1.5, +5.7, +5.1, +7.0, +7.0. Il
est bien évident que les agriculteurs ont raison de protester parce qu’ils ne profitent
pas de leur métier, en outre les montants agricoles ont décru : -2.9% (1995), -10.6%
(1997), -7.9% (1998). Abdou Diouf a fait un bilan positif de son septennat, ayant
amélioré la vie de son peuple et rédynamisé l’économie.
En 1999 le quotidien anglais "The Economist" a classé le Sénégal sur la liste
des vingt premiers pays à forte croissance. En cette année-là la récolte de céréales était
parfaite - 1.5 millions de tonnes grâce à la bonne climatologie. À la fin de 1999 la
Banque mondiale a octroyé un paiement de 28.5 millions de dollars américains pour
un programme de développement. Mais en 2000, les Sénégalais ont élu un autre
président, même si Abdou Diouf utilisait toutes sortes de chiffres positifs pour sa
campagne. Pourtant il a perdu. Quel est le plan de M. Abdoulaye Wade? "Je compte
sur la principale richesse du Sénégal: ses hommes et ses femmes" (entrevue dans Les
Echos) Il souligne l'importance de l'agriculture, la pêche et le tourisme, en sachant
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bien que ses collègues ont épuisé les champs avec l'arachide à technique primitive, ont
mis la pêche et le tourisme aux mains des étrangers.
Le président propose de faire le reboisement et de bâtir des bassins pour capter
la pluie, ainsi que commencer des programmes d'alphabétisation. "Le grand chapitre
des dépenses sera l'équipement technique et technologique." A son avis il n'y a pas
besoin de lever l'aide financière parce que le montant suffit s'il serait utilisé sagement.
En outre, il va lutter contre le secteur informel dont 50% de l'économie et surtout
promouvoir les conditions favorables au pays (le faible coût de la main-d’œuvre) et
engager des investisseurs étrangers. Il prévoit l'amélioration de l'infrastructure et la
construction de routes transafricaines et des chemins de fer a grand écartement selon le
standard moderne qui à long terme réaliseront des économies à échelle. En 2001 le
F.M.I. a annoncé un octroi de crédit de 55 millions de dollars américains pour le
Sénégal
Très tard le pays a réussi à trouver la bonne route de développement. Pendant
100 ans il s’est transformé d'un pays primitif sous le poids des arachides en pays qui
osera s’appeler le centre économique de l’Afrique de l'Ouest. Les bailleurs
internationaux ont tourné leur attention vers le Sénégal et y posent leurs intérêts
financiers. Le nouveau siècle de mondialisation sera certainement un défi pour le
Sénégal et l’Afrique noire, mais les pays africains veulent ce changement et cet
échappement du poids agricole avec l’espoir de développement économique et
humain.
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Bibliographie :
Duruflé, Gilles « L’ajustement structurel en Afrique : Sénégal, Côte d’Ivoire,
Madagascar » Paris : Éditions Karthala, 1988
Mamadou Bara Gueye. « Contexte du désengagement de l’État du secteur rural et
Stratégie de marketing dans les coopératives » dans Cheikh Tijiane Sy, ed. « Crise du
développement rural et désengagement de l’état au Sénégal » Dakar : Nouvelles
Éditions Africaines, 1988
Gellar, Sheldon « Senegal : an African nation between Islam and the West » Boulder :
Westview press, 1995
Fieldhouse, D.K. « Black Africa 1945-80. Economic decolonisation and arrested
development » London : Allen&Unwin, 1986
Chipman, John. « French power in Africa » Oxford : Basil Blackwell, 1989
Tahari, Amor ; Jules de Vrijer ; Manal Fouad « Sénégal 1978-93 » dans Hadjimichael,
Michael, ed. « Adjustment for growth. The African experience » Washington :
International Monetary Fund, 1996
François, C ; P. van den Boogaerde ; M. Henstridge ; etc. « Senegal - Statistical
Appendix » IMF Staff Country Reports No. 99/5