1962, les premiers succès

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1962, les premiers succès
1962, les premiers succès
Tous les garçons et les filles (extrait 30s), par Franck Monnet
Pour être encore là, quarante-sept ans après, Françoise Hardy a dû commencer très jeune.
Effectivement, elle a débuté en 1962, à 18 ans, sans se douter qu'une carrière de chanteur
pouvait durer aussi longtemps. Née un an après Johnny Hallyday (et dans la même clinique),
Françoise Hardy vient comme tous les artistes populaires d'un milieu modeste, fracturé en tout
cas entre un père directeur d'une fabrique de machines à calculer et une mère aide-comptable.
Ils se séparent vite. Et de ces deux strates sociales, la jeune fille hérite d'un côté un certain
raffinement et de l'autre un goût pour les musiques populaires.
Élevée par sa mère avec sa soeur cadette Michèle, Françoise Hardy, jeune fille tourmentée,
achète à 12 ans des partitions de Jacques Brel (Je ne sais pas) et des disques de Georges
Guétary. Un jour, en tournant le bouton de sa radio, elle découvre sur Radio-Luxembourg le
rock'n'roll et la country : Elvis Presley, Paul Anka, Everly Brothers. Elle revendra tous ses
disques de Georges Guétary pour s'acheter un disque de Paul Anka. Depuis, l'habitude ne l'a
pas quittée. Françoise Hardy est une fan de musique, toujours en alerte sur les dernières
nouveautés.
En lisant France-Soir, la maman de Françoise s'est arrêtée sur une annonce d'une maison
de disques à la recherche de jeunes talents. « Pour moi, ce ne pouvait être que Pathé-Marconi
»
, pense la jeune fille. Elle a raison. Ce n'est pas
là qu'elle va signer son premier contrat, mais c'est là qu'elle va entendre pour la première fois
sa voix enregistrée. Du haut de ses 18 ans, Françoise Hardy a déjà une petite expérience. Sur
la guitare que lui a offerte son père à la demande de sa mère, elle compose des petites
chansons, petites c'est-à-dire avec trois accords. Elle les interprète dans des lieux comme le
Mokka Club et Le Club des mordus. Elle a également passé deux ans au Petit Conservatoire de
Mireille, y glanant ses futurs succès comme Mon amie la rose. C'est là qu'elle fait sa première
apparition télévisée à l'ORTF, le 6 février 1962.
Revenons à France-Soir. Après un rendez-vous chez Philips, Françoise atterrit chez Vogue,
la maison de disques de Johnny, qui a signé aussi un autre jeune talent, Jacques Dutronc,
futur compagnon de la chanteuse. également du square de la Trinité, il signera une des
musiques du premier 45 tours de la chanteuse. C'est le showbiz dans un mouchoir de poche.
Le directeur artistique lui propose de venir à la fin d'une séance d'enregistrement de
l'accordéoniste Aimable. Elle présente deux chansons de Johnny : Oui mon cher et 24 000
baisers
.«
J'ai alors réalisé qu'il fallait chanter en mesure, ce que j'ignorais complètement »
, resituera-t-elle. à l'issue de cette séance, Serge Goron, directeur artistique, lui conseille de
poursuivre ses études — après un bac à 16 ans, elle est à la Sorbonne en Lettres et en
Allemand. à son retour de vacances, la maison Vogue rappelle. Sa voix a touché un autre
directeur artistique. Jacques Wolfsohn lui redonne une chance avec une chanson d'Elvis
Presley,
I gotta know
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1962, les premiers succès
, qu'Eddy Mitchell a francisé sous le nom de
Je t'aime trop
. En quelques jours, l'affaire est entendue. Françoise Hardy enregistre son premier EP, quatre
chansons en direct, dans l'après-midi.
Et le 28 octobre 1962, en attendant les résultats de l'élection au suffrage universel du
président de la République, la France découvre une jeune chanteuse dans l'un des intermèdes
musicaux de la première chaîne de l'ORTF : Françoise Hardy, dans un scopitone de Claude
Lelouch.
Il se vendra un million d'exemplaires de Tous les garçons et les filles. D'abord fixée sur le
choix du single
J'suis
d'accord
, Europe 1 a suivi l'avis de la chanteuse. Ce n'est pas une adaptation comme le yéyé en
refourgue, mais un titre original paroles et musique F. Hardy.
Jean-Marie Périer, son compagnon de l'époque, la photographie. Elle a le physique
androgyne des mannequins à venir. Bientôt, Courrèges, Yves Saint Laurent et Paco Rabanne,
dans sa fameuse robe en métal et diamants pesant plus de huit kilos, l'habilleront. Bientôt, les
cinéastes la feront tourner, Roger Vadim dans Un Château en Suède, Jean-Daniel Pollet dans
Une Balle au coeur (tournage en Grèce avec Sami Frey), John Frankenheimer dans Grand Prix
(avec Yves Montand) et Clive Donner dans What's New Pussycat ? Même si pour l'heure, elle
habite un petit studio près de la gare Saint-Lazare.
Comment te dire adieu (extrait 30s), par Franck Monnet
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