Compte rendu 28 mars 2015 - Société de Psychanalyse Freudienne

Transcription

Compte rendu 28 mars 2015 - Société de Psychanalyse Freudienne
Paris-Berlin/ psychanalyse
Berlin-Paris/ psychanalyse
La solitude des psychanalystes
Paris, 28 mars 2015
A l’initiative de Marcus Coelen, Monique David-Ménard, Claire Nioche
Dans le sillage de la réunion qui s’est tenue à Berlin le 20 février 2015 autour de La
Question de l’analyse profane (Die Frage der Laienanalyse, 1926), Paris-Berlin psychanalyse
s’est réuni à Paris le 28 mars 2015, dans les locaux de la SPF, rue Campagne Première. La
réunion nombreuse et vive, invitée sur le motif de la solitude des psychanalystes, a permis le
détachement de questions qui sont et seront plus particulièrement celles mises au travail par
Paris-Berlin/ Berlin-Paris psychanalyse.
Au commencement, il y a la solitude de Freud, qu’il appelle son « indépendance de
jugement ». Il y a aussi celle de Lacan (celle du « moment » 1963-1964), et cette ritournelle
pas intégralement élucidable : « s’autoriser de soi-même et de quelques autres », ou cette
formule de l’acte de 1964 : « … aussi seul que je l’ai toujours été dans ma relation à la cause
psychanalytique ». Formules qui ne font que souligner le paradoxe de la solitude de Lacan
puisqu’il fondait en se séparant, et non pas dans un désert, ce qui s’appela l’Ecole française
de psychanalyse puis (en 1964) l'Ecole freudienne de Paris.
Ce 28 mars, il a donc été question de la formation des uns et des autres dans le paysage
analytique d’après-guerre, des années 1955 aux années 1980 et après (bien après), dans de
fréquents va-et-vient entre la France et l’Allemagne. Les traumatismes de l’Histoire et des
crises du mouvement analytique ont été évoqués, et surtout leurs répercussions quotidiennes
et toujours actuelles dans le champ même de la cure : ces traumatismes, suspens, refoulements
et silences dans la cure, qui sont aussi ceux de l’Histoire, nous les tenons pour présupposés de
notre initiative.
Avec Berlin-Paris psychanalyse, il s’agit plus exactement de relancer la réflexion sur la
pratique de la psychanalyse aujourd’hui, de part et d’autre du Rhin, en tenant à distance tant
l’idéalisation (de la psychanalyse, de l’institution comme de la solitude) que la référence
nécessairement interminable aux événements traumatiques et déchirures de l’Histoire et de la
psychanalyse. Ainsi, nous ne partons pas tant du trauma que de notre désir, à Paris, à Berlin,
entre deux langues, dans les textes de Freud et de Lacan – mais aussi de quelques autres qui
n’ont pas manqué d’être nommés à l’occasion (Ferenczi, Winnicott, Granoff...). Et nous
héritons, pour cela, des initiatives prises au fil des années par les psychanalystes allemands.
Quand la question a surgi : « y a-t-il une histoire de la psychanalyse en Allemagne ? », la
discussion s’est poursuivie sur l’historicité de la psychanalyse et la spécificité de la scène
allemande, les différentes histoires de « réception », la question des « générations », celle –
différemment située encore – de la « filiation », et de la « transmission », dans ce qu’elle a de
non-délibéré et de sauvage, car aussi bien cette transmission est-elle pour part inconsciente.
La solitude du « métier » d’analyste est le jeu d’un écart dans lequel on choisit d’inscrire sa
propre pratique. Tout « grand psychanalyste » produit un écart. Ecart qui emporte avec lui
aussitôt et la question des institutions, de la profession d’analyste, de la communauté de
travail des analystes – et aussi, en chacun, celle du Surmoi. « Ecart », « nouveau », sont les
mots qui ont insisté pour nommer ce que nous commençons à chercher.
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De fait, le « métier » de l’analyste, sa formation en tant que profane, se laisse, par le prisme
Paris-Berlin/psychanalyse, imaginer de nouveau (ainsi la référence à la formation du
Bauhaus) – à égale distance, là encore, de l’accumulation de connaissances, de la norme
seulement réglementaire et légaliste (« la tutelle policière », dit Freud), et de la norme
nationale. Dans une lettre à Eitingon, Freud rappelle l’importance décisive à ce qu’il nomme
« le droit d’émigrer comme nous l’entendons ».
La scène analytique est portative ; elle est d’autant plus vivante et alimentée de
mouvements transférentiels qu’elle n’oublie pas son caractère (sa fragilité) d’être située,
situation dont la subversion ne peut être que le départ à la rencontre d’une autre histoire,
d’une autre situation : Paris-Berlin/ Psychanalyse, c’est un voyage en ce sens. La pratique et
la pensée psychanalytiques sont d’autant plus vivantes qu’elles n’interrompent pas leur
circulation dans les langues, le français, l’allemand. De l’un à l’autre, sans cesse. C’est une
autre dimension essentielle, indissociable, de la création de ce tiers lieu, à cheval sur deux
langues (et plus), et pour ainsi dire dis-loqué.
La solitude elle-même est bilingue, se pense à travers les deux langues. La réunion a mis en
lumière qu’être dans les deux langues à la fois, étonnamment, les dé-nationalise
profondément. La pratique analytique exclut d’enfermer les langues dans leur nationalité, et
dans leur histoire – alors même que nous ne saurions oublier à quel point nationalité et
histoire les saturent. Langues, lalangue, traductibilité (et mots « intraductibles »), sont autant
de fils à dérouler à quelques-uns, le long de voyages qui sont aussi des mouvements
transférentiels nouveaux. A partir de rencontres au présent, à partir de la dis-location et du
tiers lieu de cet insituable Paris-Berlin, nous entendons à quelques-uns reparcourir des textes
et des questions de la pratique analytique. Nous vous invitons à nous rejoindre, dans cette
initiative qui ne se découpe pas (ou elle n’existerait pas) selon les frontières des sociétés
analytiques existantes.
Faut-il encore préciser que le train Paris-Berlin/Psychanalyse peut être pris en route ? Fautil enfin redire que Paris-Berlin, c’est aussi Dijon, Besançon, Lille, Hambourg, Munich, etc. ?
Certains textes de la réunion du 28 mars 2015 sont déjà, ou seront bientôt, disponibles
par écrit sur demande.
La prochaine réunion de Berlin-Paris/Psychanalyse se tiendra le 23 mai 2015 à Berlin
de 15 h à 18 heures. Le lieu : Institute for Cultural Inquiry (ICI), Christinenstr. 18-19,
10 119 BERLIN. www.ici-berlin.org
Voici l’adresse d’un hôtel tout proche de ICI-Berlin : Schoenhouse-Apartments,
Schönhauser Allee 185 10119 Berlin tel : 49 30 47373970. www.schoenhouse.de
Pour regrouper les réservations, écrire par e-mail à Monique David-Ménard
Contacts :
Marcus Coelen, [email protected]
Monique David-Ménard, [email protected]
Claire Nioche, [email protected]
Karl Joseph Pazzini, [email protected]
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