De l`esclavage à nos jours, le gospel interpelle tous

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De l`esclavage à nos jours, le gospel interpelle tous
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ | LUNDI 24 NOVEMBRE 2014 | 7
GAP
ANIMATION | Semaine de la solidarité internationale
L’ASSOCIATION DE LA SEMAINE | La chorale Pourpre noire
Un mur en clôture
De l’esclavage à nos jours,
le gospel interpelle tous les publics
P
Le mur israélien situé en Palestine a fait débat, en présence
de la réalisatrice du film “Stop the wall”.
L
a soirée de clôture de la
Semaine de solidarité in­
ternationale, tenue vendredi
au Foyer des jeunes tra­
vailleurs, a été marquée par
la diffusion du film “Stop the
Wall­709 km de mur”, en
présence de la réalisatrice,
Muriel Yacoub.
Le documentaire veut
montrerquecemurconstruit
en territoire palestinien est
désastreux sur la vie quoti­
diennedelapopulationloca­
le : difficultés de se déplacer
avec des check­points pour
passer le mur, inaccessibilité
aux terres et impossible ex­
pansionurbainepourdesvil­
les comme Bethléem, coin­
cée par le mur. Les colonies
israéliennes s’implantent à
marche forcée en territoire
palestinien à l’abri d’un mur,
dont la construction a été
condamnée par l’Onu.
Environ 70 personnes ont
participé au débat avec la
réalisatrice Muriel Yacoub.
Ensuite, un repas partagé
et la formation de jazz ma­
nouche Tchava Genza ont
permis de terminer cette se­
maine dans une joie dansan­
te. Une semaine qui aura été
marquée également par le
repas solidaire et par la soi­
rée sur l’immigration.
De nombreuses organisa­
tions participaient à l’organi­
sation : E’changeons le mon­
de, le mouvement de la paix,
le Comité catholique contre
la faim et pour le développe­
ment, l’association France
Palestine solidarité, la Cima­
de, peuples solidaires, etc.
Michel PEAN
Leila Chahed,
militante de la solidarité
L
eila Chahed, 29 ans, est
salariée depuis un an
d’E’changeons le monde,
mais surtout comme elle le
proclame, elle est militante
de la solidarité internatio­
nale. « Je suis chargée de
l’éducation des scolaires au
commerce équitable et à la
solidarité entre les peuples.
J’interviens en milieu sco­
laire, au lycée agricole, à la
maison familiale et rurale
de Ventavon, dans des ly­
cées. Je développe ce que
sont l’agriculture paysanne
et la citoyenneté sous for­
me d’animations ludi­
ques », explique la jeune
femme. Leila Chahed s’est
impliquée dans l’organisa­
tion de la semaine interna­
ourpre noire n'a que qua­
tre ans, et déjà, que de
belles rencontres ! Les pho­
tos de juin 2010, lors de la
création, semblent lointai­
nes : il y avait 14 choristes.
« Aujourd'hui, la barre fati­
dique des 59 est atteinte,
remarque Michel Bouvet, le
secrétaire. Et elle ne sera
pas dépassée. »
Le groupe foisonne d'acti­
vités : 11 concerts cette an­
née, l'organisation de la
4e Fête du gospel et des sta­
ges mémorables. Brian Ta­
te, Latonius, Linda Tillery,
Emmanuel Pi Djob, des
pointures du gospel
d'outre­Atlantique sont ve­
nues à Gap : un éblouisse­
ment pour beaucoup.
Jean­René et Agnès, outre
le poids de l'organisation, se
transforment en interprètes
et guides : les images sont
nombreuses et chargées
d'émotion. « Pourpre Noire
est la seule chorale chantant
des negro­spirituals et du
gospel dans la région de
Gap, explique Philippe
Maire, le nouveau prési­
dent. Elle est née de la forte
motivation de ses membres
de présenter au public des
chants des esclaves noirs­
américains déracinés de
Depuis trois ans, Cyrille
Martial est le chef de chœur.
« Professionnellement,
aujourd'hui, je ne fais que
les choses qui m'intéres­
sent, confie­t­il. Et Pourpre
noire en fait partie. La cho­
régraphie est parfois un peu
difficile, mais les choristes
se motivent et comprennent
que c'est indissociable du
chant. » Son objectif est
simple : ressembler aux
groupes américains pris
pour modèles. « Ils chantent
avec le cœur, poursuit­il, et
on travaille à exprimer ce
que l'on ressent. Je leur ap­
prends le gospel tel que je le
connais. »
Récemment, le mode d'or­
ganisation a été repensé
pour partager les responsa­
bilités. « Nous sommes de­
venus une chorale de bon
niveau dans laquelle nous
nous faisons plaisir, consta­
te Jean­René Legris, l'an­
P
« Je développe ce que sont
l’agriculture paysanne et la
citoyenneté sous forme
d’animations ludiques. »
tionale de solidarité et dans
le festival Alimenterre en
coordonnant les nombreu­
ses organisations qui con­
courent à ces événements.
M.P.
Polline Traore : « Quand on a
du souci à la maison, on vient à
une répétition et on retourne avec
le sourire. »
Latonius au Quattro, en 2013, avec les choristes de Pourpre noire et les autres stagiaires.
cien président. Notre chal­
lenge à porter et à partager
pour les prochaines années
sera “plus et mieux”. » Le
flambeau, repris par l'équi­
pe de Philippe Maire n'est
pas prêt de s'éteindre. Le
gospel, grâce à des ensem­
bles tels que Pourpre noire,
touchera toujours le cœur
du public.
« Pas simple de conjuguer
le chant et la danse »
Gabriel NAL
http://pourpre-noire.fr
olline Traore, soprano,
appartient à la chorale
depuis sa création en 2010.
« Ce qui me plaît, c’est le
rassemblement. On ap­
prend beaucoup de chan­
sons de gospel, c’est très vi­
vant. Quand on a du souci à
la maison, on vient à une
répétition et on retourne
avec le sourire, parce que
chanter, ça fait du bien. Je
faisais déjà partie d’une
chorale d’église et j’ai adhé­
ré à l’association pour chan­
ter du gospel. Ce style de­
mande beaucoup de mou­
vement. Je n’ai pas de souci
avec la chorégraphie. La
culture gospel des origines
ressort, mais moi, franche­
ment, mon but est de chan­
ter du gospel en tant que tel,
je ne tiens pas beaucoup
compte du côté religieux.
C’est un très bon groupe, on
s’entend très bien. Je chan­
te avec le cœur, ce n’est pas
de la musique froide et
quand on chante, on s’écla­
te. Au début, on était stressé
par les concerts. Mainte­
nant, on maîtrise et on
chante sans les partitions. »
« Des valeurs humaines très fortes à partager »
L
Une
quarantaine
de
personnes
présentes à
cette soirée.
a soirée de samedi était
consacrée à l’accapare­
ment des terres. Le film
“Sans terre, c’est la faim” dé­
nonçait ce phénomène et
donnait la parole aux agri­
culteurs touchés, en Ougan­
da, au Mali et au Cambodge.
Chorégraphie soignée
et modèles américains
« Ce n’est pas de la musique froide »
Des terres accaparées
L
leur Afrique natale. Ces
musiques sont empreintes
d'une douleur profonde et
porteuses d'une incroyable
espérance en une vie
meilleure. »
Cécile Leuba, chargée de
mission “souveraineté ali­
mentaire” au sein de l’ONG
Peuples solidaires, a ensuite
animé une conférence­dé­
bat, avec Véronique Du­
bourg, membre de la Confé­
dération paysanne.
aurent Proux chante en
basse. « Je désirais inter­
préter autre chose que du
classique. Le gospel, c’est
une façon de chanter diffé­
rente. Quand je suis soliste,
étant plus en contact avec le
public, je pense davantage à
la signification initiale du
gospel et aux valeurs impor­
tantes qu’il véhicule. J’es­
saye de communiquer
l’émotion, je sens qu’il y a
quelque chose qui se passe,
c’est évident. On garde tou­
jours une part de ces per­
sonnalités qui ont animé nos
stages, Latonius ou Pi Job,
comme chaque fois qu’on
rencontre quelqu’un d’ex­
ceptionnel. Cela permet de
progresser, d’avancer et de
nourrir l’envie et la passion.
Il me semble difficile de
chanter dans une chorale
sans qu’en même temps il
n’y ait pas des valeurs hu­
maines très fortes qui soient
partagées, comme dans
Pourpre noire. »
Laurent Proux : « Le gospel, c’est
une façon de chanter différente. »
Aline Espitallier : « Le concert,
c’est l’explosion, on essaye de
se transcender. »
A
line Espitallier, alto. « Le
gospel, c’est vivant et en­
voûtant. Dans le stage de Pi
Job, j’ai eu l’honneur de
chanter en soliste, avec 90
choristes. C’est un chœur
magique, avec beaucoup de
travail. C’est aussi une gran­
de satisfaction d’avoir pu fai­
re ce concert et d’avoir parta­
gé tous ces moments de bon­
heur. On a été menés de
main de maître par quel­
qu’un qui a le savoir et qui
partage ses valeurs. Il expli­
que les textes et nous entraî­
ne encore plus. La chorégra­
phie, ça se travaille mais ce
n’est pas simple de conju­
guer le chant et la danse. Il y
a beaucoup de combinai­
sons à se souvenir mais c’est
un plaisir de pouvoir donner
notre programme, si bien
qu’on oublie la difficulté. Les
concerts, c’est du bonheur,
c’est la cerise sur le gâteau.
On travaille en répétition, à
la maison et par pupitre. Le
concert, c’est l’explosion, on
essaye de se transcender. »
« Un concert, c’est valorisant »
C
hristian Noël, ténor.
« Dans Pourpre noire,
ce qui me plaît c'est l'am­
biance. De plus, on ap­
prend beaucoup de cho­
ses. J'ai toujours été attiré
par le gospel. Cette culture
est différente de la nôtre et
c'est assez difficile de s'en
imprégner. Chanter en an­
glais, c'est le plus compli­
qué, même si on mange les
mots. Je retiens les mélo­
dies et les phrases princi­
pales, c'est ce qui m'aide à
chanter la chanson entière.
La chorégraphie, c'est très
dur pour moi, c'est vrai­
ment un handicap. En dé­
but de répétition, il y a une
heure de chorégraphie.
On est très fatigué, mais on
progresse. Il y a toujours
des pas difficiles, mais j'ar­
rive à suivre. On chante
Christian Noël : « Chanter
en anglais, c'est le plus
compliqué. »
pour le plaisir. Il y a aussi le
stress avant d'entrer en
scène, mais les concerts, ça
m'attire pour le partage
avec le public. Quand je
vois qu'il applaudit, ça fait
chaud au cœur. Un con­
cert, c'est valorisant. »
MUSIQUE | Les cinq chanteurs des Balladins se sont produits hors des frontières
Ils ont porté la chanson française en Roumanie
L
es Balladins de la chanson
française sont une éma­
nation du groupe Reflux, le­
quel marque une pause cet­
te année. Ce sont donc cinq
chanteurs, accompagnés
d’un ingénieur du son, qui
sont partis en Roumanie du
4 au 12 novembre avec leur
répertoire axé sur l’âge d’or
de la chanson française.
C’est la cinquième tournée
internationale que ce grou­
pe a bouclée. Après la Bul­
garie, la Pologne, la Biélo­
russie, il a retrouvé la Rou­
manie, côté est cette fois­ci.
Ils ont visité Targoviste, Si­
ghisoara et Ciocanesti, don­
nant six concerts, y compris
des prestations dans les éco­
les pour les plus jeunes.
Les Balladins ont réuni un
public passionné par la lan­
gue française. « Ce sont des
choses qui ont du sens, com­
Dans la salle de concert baroque de Sighisoara, Michel Achery, Solange Sansone, Jacques Achery, Camelia
Parchiri, Jean-Pierre Bastit, Joël Brun et Jacky Hosquet.
mente Jacques Achery, le
responsable du groupe. Les
témoignages reçus sont
chaleureux car, dans ces
pays, il n’y a pas souvent des
gens qui viennent chanter
en français. »
La tournée a pu être orga­
nisée grâce aux liens noués
dans ces régions. Et pour
cause : « Je suis allé pour la
première fois en Roumanie,
il y a 25 ans ! » se souvient
Jacques Achery.
G.N.

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