Le dernier des hommes
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Le dernier des hommes
L’été c’est fait pour lire, mais il faut avoir le courage, le culot, l’aplomb, la curiosité, l’envie de lire bien autre chose que les derniers succès de librairie. Tout d’abord, parce que le succès estival n’a jamais donné un label qualitatif à l’ouvrage. Depuis le temps, ça se saurait ! Mais surtout, parce que certains romans ou essais ont des durées de vie bien supérieures à un été… Sinon, que seraient devenus Gargantua, Cinna, Ester, L’éducation sentimentale, Les aventures d’Arthur Gordon Pym (dans une traduction merveilleuse de Charles Baudelaire), et toutes les œuvres qui vous ont marquées durant vos études et votre jeunesse ? Oui, osons lire sans tenir compte des années de parution ! Je voudrais aujourd’hui donner un coup d’éclairage sur l’œuvre de Frédérick Tristan. J’ai toujours beaucoup apprécié son écriture, ses histoires et sa culture. J’ai eu l’occasion de l’interviewer plusieurs fois, et chaque rencontre fut l’occasion d’un partage fort qui aujourd’hui encore me laisse des souvenirs bien agréables… Lors d’une 1ère partie de sa carrière, il va être envoyé en mission en Asie entre 1964 et 1986. De la Chine au Laos, en passant par le Viet Nam, il va rencontrer des cultures très différentes et va se forger un regard merveilleux sur des religions, des mythologies, des histoires éloignées des nôtres. C’est de cette richesse que naitront des romans étonnants, dont un certain La chevauchée du vent, qui reste pour moi un des meilleurs romans d’inspiration asiatique. Mais, dans une 2ème phase de carrière, il va devenir un écrivain à temps plein, et nous fournir des romans passionnants qui méritent quasiment tous d’être découverts, lus, appréciés. Je citerai Stéphanie Phanistée, juste pour vous offrir une piste de découverte… Enfin, je voudrais mettre en valeur Le dernier des hommes, celui que j’ai pris le temps de relire pour préparer cette chronique. C’est un livre exceptionnel, de la littérature contemporaine, et je pense que cet ouvrage restera alors que les apparences sont contre lui… Contre lui, car cette histoire est celle d’un homme au cœur de la Russie, une Russie qui est celle du grand changement, du chambardement, de la fin du communisme d’état… Du coup, on aurait pu penser que le roman était une histoire datée dans le temps, et sans intérêt pour l’homme en général… Si ce roman touche à l’universel, c’est tout simplement parce que Akaki, secrétaire de la section 23 du département 15 de l’agence de l’Etat pour la planification des horaires de l’industrie légère, a été obligé de descendre du train à Sminck en raison d’un petit malaise. Là, il s’est fait voler une chaussure par un chien jaune, puis il a été invité à un repas de mariage, puis… Oh ! Vous n’avez qu’à lire ce roman et vous comprendrez pourquoi j’ai adoré être mené en bateau par Frédérick Tristan. Mais je crois que c’est vraiment à lire !!! ________________________________________________________________________________________ Le dernier des hommes Frédérick Tristan Fayard ISBN : 221362657X