Le 3 février 1915 : la chanson du 8e de ligne

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Le 3 février 1915 : la chanson du 8e de ligne
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Le 3 février 1915 : la chanson du 8e de ligne
Le 3 février 2015
À l’annonce de la mobilisation, le 8e (huitième) RI (régiment d'infanterie) cantonne à Saint-Omer. Prestigieux régiment, décoré à maintes reprises,
il est de toutes les grandes batailles du conflit : Charleroi, Marne (1914), Champagne, Meuse (1915), Verdun (1916), Somme, Aisne, Flandres
(1917), Marne (1918).
Il est aussi connu pour les compositions de son sous-chef de musique, Louis Auguste Santo Pettenati (orthographié aussi Petenatti), né à La
Chiffa (canton de Blida, département d’Alger, Algérie), le 29 janvier 1891. Naturalisé français avec sa famille, originaire de Fornoue en Italie, il
est violoniste, et réside à Paris (10e (dixième) arrondissement) lors du recensement de la classe 1911. Le 4 juin 1913, il souscrit un engagement
volontaire de trois ans à la mairie de Versailles, et est affecté au 11e (onzième) régiment d’artillerie. Il passe au 22e (vingt-deuxième) RI le 1er (
premier) janvier
1914, puis le 28 mai au 8e (huitième) RI, comme sous-chef de musique, et il arrive le même jour à Saint-Omer.
Il est l’auteur des paroles et de la musique de plusieurs pièces, dont les partitions (pour piano et chant) ont été publiées en 1915 et 1916 à
Versailles :
une Lettre du front à sa vieille maman (1915),
Les Enfants de France ! ("créée sur le front le 22 septembre 1915, par G. Hennebel, poilu du Xe (dixième) régiment d’infanterie"), et
Notre Roman ! Valse chantée (1916).
Il est surtout connu pour C’est le huitième, chanson du 8e (huitième) de ligne, dédiée lors de son édition au lieutenant-colonel Roubert,
commandant du régiment à partir de mars 1915, et évoquant la mort de son prédécesseur, le colonel René Louis Doyen (tué en septembre
1914).
La musique du 8e (huitième) fait l’objet d’une citation à l’ordre du régiment, le 21 octobre 1917 :
Sous la direction du sous-chef de musique Pettenati, a assuré, au cours des combats du 8 au 15 octobre 1917, la relève des blessés du régiment,
faisant preuve, dans le périlleux accomplissement de sa mission, d’un dévouement, d’un courage et d’un esprit de sacrifice dignes de tous
éloges, oubliant, malgré des pertes sensibles, tous les dangers et toutes les fatigues, pour ne songer qu’au soulagement de leur camarades
atteints par le feu de l’ennemi () .
Louis Pettenati est tué lors de l’offensive du 29 juin 1918, dans le secteur de la baraque du cantonnier, route de Marizy-Sainte-Geneviève, à
l’est du bois de Saint-Waast (La Ferté-Milon, Aisne) ; il a été décoré de la médaille militaire :
Mort pour la France en assurant au cours du combat du 29 juin 1918 la relève des blessés dans un terrain très battu par le tir continu de
l’artillerie ennemie. Avait montré depuis le début de la campagne un esprit de dévouement et de sacrifice digne de tous les éloges. 5 citations () .
Son corps est rapatrié en Algérie après l’armistice et est inhumé le 25 juillet 1921 à Miliana, commune de résidence de ses parents.
C’est le huitième est publié dès février 1915 par la presse audomaroise, puis par La France du Nord, comme on pourra le lire ci-dessous. Le
succès en a été réel, puisque René-Gustave Nobécourt cite son refrain dans son livre Les Fantassins du Chemin des Dames (Paris, 1965 :
chapitre sur "La tranchée du Balcon") (
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https://books.google.fr/books?id=tUUPAQAAQBAJ&pg=PT191&lpg=PT191&dq=C%E2%80%99est+le+8e+qui+d%C3%A9file+devant+vous&source=bl&ots=lzal3q_B-q&sig=day4B
),
qu’il appartient au répertoire actuel des musiques militaires (dont du Chœur de l’Armée française) et que, plus récemment, la chaîne de radio
France Info lui a dédié une émission le 18 juillet 2014 (
http://www.franceinfo.fr/emission/la-fleur-au-fusil-14-18-en-chansons/2014-ete/la-fleur-au-fusil-14-18-en-chansons-ete-2014-du-18-07-2014-07-18-2014-06) ,
l’interprétation du Chœur de Radio France.
()
La chanson du 8e de ligne
Un de nos confrères audomarois a reçu une missive d’un musicien du 8e (huitième) régiment d’infanterie,
dans laquelle il dit qu’il lui envoie la copie d’une chanson, composée par ce régiment.
Le signataire de cette lettre ajoute :
Maintenant, pour l’air, la Musique du 8e (huitième) vous le jouera à sa rentrée dans sa chère ville de
garnison que nous voudrions revoir au plus tôt () .
Parmi les cinq couplets de cette belle et patriotique chanson, nous avons retenu les deux couplets et le
refrain suivant :
()
Premier couplet
Que dites-vous du régiment qui passe,
Musique en tête et son drapeau flottant,
Regardez donc tous ces gens bien en face,
N’ont-ils pas l’air de braves combattants.
Que dites-vous de ces petits soldats de France,
Marchant joyeux contre les ennemis,
Ils sont pour nous la joie, la délivrance,
Ils sont à nous les enfants, les amis.
Si vous voulez savoir quel est ce régiment
Voyez Solferino, pensez à Friedland,
Vous trouverez encore, même de mémoire rebelle,
Zaatcha, Hohenlinden, nos victoires les plus belles.
À présent que vous savez
Ce régiment vous est sacré.
()
Refrain
C’est le 8e (huitième) qui défile devant vous,
C’est le 8e (huitième) , tous ces petits pioupous.
Ils marchent, ils vont, sans se faire de bile,
Tant ils sont sûrs d’être les plus habiles.
C’est le 8e (huitième) qui passe tout joyeux,
C’est le 8e (huitième) , la gloire de nos aïeux.
Saluons-les, car ce sont tous des braves.
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grâce à
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()
Cinquième couplet
Tout régiment à ses douleurs amères,
Le 8e (huitième) surtout eut sa part du destin,
Le sort cruel frappant nos pauvres frères,
Nous a ravi des chefs tous pleins d’entrain.
Il en est un qui, par la balle du Boche,
Nous fut tué, marchant au premier rang.
C’était un chef sans peur et sans reproche,
C’était le père, l’idole du régiment.
Si vous voulez savoir le nom de ce héros
Demandez à chacun. Tous vous diront ces mots :
C’est l’colonel Doyen, tombé pour la patrie,
Dont la mémoire sacrée sera toujours chérie.
À présent que vous savez,
Ce régiment vous est sacré.
(Au refrain).
()
La France du Nord, mercredi 3 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.
Pour aller plus loin
"C'est le Huitième qui passe tout joyeux", émission du 18 juillet 2014 sur France Info
Fiche matricule de Louis Pettenati, n° 1836, classe 1911, bureau de recrutement d’Alger
Historique du régiment d’infanterie, Paris, Librairie Chapelot, s.d.
Voir la biographie de René-Louis Doyen sur le site Dictionnaire du Chemin des Dames
Partition originale sur le blog Saint-Omer - les 8e et RI
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