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Connaisseur Les single malts se vendent en supermarchés ; les grands crus, dans les foires aux vins. La banalisation des alcools va bon train. Alors, pour l’amateur d’extravagance, nous avons déniché ce qu’il y a de plus rare en matière d’eaux-de-vie. Des produits réservés aux vrais connaisseurs, hors du commun du fait de leur rareté et de leur goût exceptionnel. Des spiritueux tombés de la lune. Toast d’esthète Au péril de l’eau-de-vie Par Pierre Rival. Photo, Fred Lebain Organic Woska, domaine des Hauts de Glace Monkey 47, Schwarzwald Dry Gin Del Maguey, Mezcal 100% Tóbala Cor Cor, Rhum de l’île d’Okinawa Capovilla, eaude- vie de pomme et de tabac Barrel Aged Cocktail, Negroni Élaborée à 100 % à partir de seigle bio, la woska est l’invention de deux jeunes biochimistes français qui se sont lancés dans toutes les aventures : agriculteurs, ils produisent eux-mêmes et récoltent leur seigle bio ; wine-makers, ils le transforment en vin de céréales qu’ils distillent dans un alambic de montagne situé en haute altitude, en Savoie. Le résultat est un alcool blanc des plus raffinés. Une eau-de-vie à conseiller à ceux qui ne se satisfont plus des vodkas au goût d’alcool ou des ryes au goût de bois, mais cherchent la vérité de la céréale sublimée par la finesse de la distillation. Cette recette artisanale de gin aurait été mise au point par le maréchal Montgomery, alors commandant en chef de la British Army of the Rhine. Le singe aurait été quant à lui un rescapé du zoo de Berlin adopté par le maréchal. On peut y voir aussi une référence au monkey qui ronge le dos de William Burroughs dans ce roman de l’addiction qu’est Le Festin nu… Il s’agit en tout cas d’une véritable bombe de saveurs. Quarante-sept ingrédients dont, bien sûr, les indispensables clous de girofle et l’huile de cannelle de Ceylan, sans oublier le bourgeon de pin pour la touche “forêt noire”. Assemblé à un tonic Fever-Tree à base de quinine d’Afrique et de vrai sucre de canne, le Monkey 47 sort le gin de sa torpeur industrielle. La Tóbala est une variété sauvage d’agaves qu’on trouve dans les sierras d’Oaxaca, au sud du Mexique. C’est de la double distillation de cette pulpe d’agaves ayant mûri au moins six ans, qu’est issu le Mezcal. Del Maguey commercialise ces alcools, produits villageois dont la réputation d’hallucinogènes n’est plus à faire pour qui a lu Au-dessous du volcan de Malcom Lowry. Nez végétal évoquant par certains côtés le tube de colle de notre enfance, bouche brûlante mais sans aucune astringence, avec une finale où dominent les notes poivrées, le Mezcal est un alcool de pure méditation. Mais ce 100 % Tóbala vous propulsera audelà de vous-même. On oublie trop souvent que le Japon, s’étendant sur plus de vingt latitudes, comporte aussi une zone tropicale, l’archipel d’Okinawa, où se pratique notamment la culture de la canne à sucre. Le Cor Cor est un rhum autochtone de mélasse, fabriqué depuis le début du xxe siècle et dont le nez végétal surprend, tout comme les saveurs très âpres et très rêches qui donnent l’impression de boire du jus de racines. Alcool sans concession, le Cor Cor évoque, avec sa finale saline, un vieux marc de derrière les fagots qu’on boirait en compagnie d’un homme des bois, quelque part entre les Vosges et le Jura… Toujours à la recherche de l’excellence, Vittorio Gianni Capovilla, ancien préparateur de l’écurie Ferrari, est devenu par la suite l’un des meilleurs distillateurs au monde. Dans la gamme des eaux-de-vie de Capovilla, nous avouons un faible pour ce Mele e Tobacco. L’alcool de feuilles de tabac est considéré comme un poison toxique, aussi notre aventurier se contente-t-il de faire macérer quelques feuilles dans les fûts où son eau-de-vie de pomme vieillit pendant deux ans. Un nez épicé, où domine le gingembre et des effluves de Tatin, une bouche saline et donc rafraîchissante où le goût du fruit s’impose puissamment en rétronasal, cet alcool n’a rien d’un fruit interdit même s’il donne l’illusion du danger. Le barman londonien Tony Conigliaro du Sixty Nine Colebrooke Row est l’inventeur de ce concept de cocktails vieillis en fût qui a été repris par le barman Jeffrey Morgenthaler de Portland dans l’Oregon, avant de nous parvenir en France grâce à leur confrère Stanislas Jouenne de La Maison du Whisky. Jouenne fait mâturer ses préparations dans de petits fûts de cognac, entre trois semaines et deux mois, de manière à leur ajouter ce moelleux que le bois apporte au plus brûlant des alcools. Son Negroni à base de gin, de bitter et de vermouth rouge y gagne en rondeur sans rien perdre de son amertume en fin de bouche, surtout si l’on a pensé à imbiber le rebord du verre d’un zeste d’orange. Trop classe… (France) (Allemagne) (Mexique) (Japon) (Italie) Tous ces alcools sont disponibles à LMDW Fine Spirits. 6, rue de l’Odéon. Paris vie 2 C I T I Z E N K I N T E R N AT I O N A L (Angleterre / France / États-Unis)