Voir Tourisme et architectures balnéaires

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Voir Tourisme et architectures balnéaires
Les Jeudis du Cluster
Conférence d’octobre 2013
Villégiature balnéaire et T ourisme
Introduction de Nathalie Fabry
P
our introduire le thème de ce soir, je vais axer ma présentation sur le lien « villégiature
balnéaire et tourisme ». Etymologiquement parlant, la villégiature nous vient de l’italien
villeggiatura qui signifie « séjour à la campagne ». Le verbe qui lui est associé,
villeggiare, signifie « séjourner dans sa maison de campagne pour s'y reposer ou s'y divertir
». Ce que Goldoni résumait en « fanatisme qui fait de la campagne une affaire de luxe plus
qu’une partie de plaisirs ».
Très vite la villégiature ne s’est pas cantonnée à la campagne puisque ses plus belles
conquêtes sont celles des bords de mer. Pour sa part, le tourisme balnéaire est le tourisme
pratiqué au sein des stations balnéaires.
En fait, lorsqu’on parle de tourisme balnéaire, il nous faut distinguer deux types de séjour : le
séjour au bord de la mer qui correspond au couple « mer - villégiature » et le séjour à la
mer qui valorise le couple « mer - plage ».

Commençons par le séjour au bord de la mer ou la villégiature climatique. Entre le
18ème et le milieu du 20ème siècle, les bords de mers étaient fréquentés pour leur climat et
la beauté des lieux sans qu’il soit vraiment question de se baigner dans la mer. La
baignade en « eau vives » était une affaire de soin au sein des établissements
spécifiques « les bains de mer ».
Pourtant si la mer était peu pratiquée, on séjournait longuement au bord de la mer. Il
fallait donc s’occuper : fréquentations des salons mondains et artistiques, courses
hippiques, golf, casinos, restaurants, cafés. La vie en bord de mer était un festival
aristocratique ou mondain quasi-permanent. La plage était une promenade. C’était un
lieu de passage pour voir et être vu. Tristan Bernard n’avait-il pas écrit « J’aime Deauville
parce que c’est loin de la mer et près de Paris » ?
Cette villégiature doit son essor, ne l’oublions pas, aux progrès et avancées de l’époque.
L’arrivée du chemin de fer a facilité la mobilité des aristocrates et des bourgeois mais
aussi celles des écrivains, des musiciens et des peintres. Le développement du système
bancaire a, quant à lui, facilité les montages financiers et le développement des projets
immobiliers. Le développement de l’activité hôtelière et l’apparition d’hôtels de grand
standing ont favorisé la fréquentation des lieux.
Pour les villégiateurs qui ne séjournaient pas à l’hôtel, il s’agissait d’acquérir, ou de bâtir,
une villa qui permettait d’afficher ses goûts et ses moyens financiers grâce au recours à
des architectures osées. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, la villégiature balnéaire est
un état d’esprit, un mode de vie, un petit monde aux codes et pratiques sociales bien
ancrées. C’était l’âge d’or de la villégiature balnéaire.
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Comme Goldoni nous l’a montré dans sa « trilogie de la villégiature », on part en villégiature,
on est en villégiature, on rentre de villégiature. Etre en villégiature signifie que le lieu où l’on
séjourne n’est pas le lieu habituel de résidence. Cela ne signifie pas pour autant que ce
séjour se fait dans le déracinement et le détachement. Au contraire ! Il se fait souvent dans
des conditions matérielles et sociales tout à fait enviables. La villégiature n’est pas du
nomadisme, ni uniquement du tourisme. On est d’abord un villégiateur avant d’être un
touriste.
Les Jeudis du Cluster
Conférence d’octobre 2013

Voyons maintenant les séjours à la mer ou la vie balnéaire. Le développement de la
société des loisirs et du temps libre à engendré une autre relation à la mer. Délestée de
sa dimension curative, la mer devient prétexte à pratiques sportives de plein air. Les
plages deviennent des aires de jeux et de bronzage car priorité est donnée au soleil.
Désormais on se baigne dans la mer, on navigue et on glisse sur la mer, on investi les
bords de mer et les plages deviennent des espaces à vivre.

Et de nos jours ? Les migrations d’agrément ou les villégiatures modernes. Avec la
généralisation des mobilités et la flexibilité des temps de travail, nombre de résidences
secondaires ont tendance à être reconverties en résidences principales. Le temps
d’occupation s’allonge ce qui modifie le modèle économique des stations. Désormais
partiellement peuplées à l’année, la saisonnalité est moins forte et la vie économique se
déploie autour d’activités de services et commerciales permanentes. Le couple « merplage » n’est plus le fixateur des seules pratiques touristiques estivales. C’est un lieu de
vie pour des populations résidentes. Les municipalités doivent répondre aux attentes de
ces nouvelles populations en termes de services publics, de santé, de commerces,
d’environnement, de qualité de vie, de culture et de loisirs.
La villégiature balnéaire est passée, au fil des ans, d’un projet de classe - ostentatoire et
esthétique - à un projet de société - plus fonctionnel et urbain.
Pour conclure et revenir à l’architecture qui a toujours été un levier pour le tourisme
balnéaire, je citerai l’historien Michel Melot pour qui « la villégiature est le lieu de toutes les
audaces, parfois de tous les caprices mais toujours l’expression de la demeure
personnalisée ou de la cité idéale, enfin réalisée ».
Merci !
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Les villégiateurs s’effacent au profit des vacanciers et des touristes, plus nombreux et
plus nomades grâce au développement de l’automobile. Les stations balnéaires
s’organisent en fonction. Elles vont jusqu’à proposer des hébergements et des
équipements spécifiques à vocation loisirs et tourisme quitte à sur-urbaniser les fronts de
mer. Leur activité économique est structurée par et pour le tourisme. On y trouve des
commerces dédiés, des activités ludiques et sportives, des locations de matériels et
équipements, des plages surveillées, etc. Le vocable s’adapte : on parle de résidences
secondaires, de résidences de vacances, moins de villégiature.

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