Quelques rappels sur la fumure phospho

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Quelques rappels sur la fumure phospho
Quelques rappels sur la fumure phospho-potassique : prix élevés,
mais impasses parfois dangereuses !
Daniel RYCKMANS
Tout en sachant, d’une part, que la pomme de terre est une plante exigeante en éléments nutritifs
et que son système racinaire est peu développé et d’autre part, qu’il ne faut pas négliger la fumure
phospho-potassique, on constate qu’un certain nombre de producteurs sont tentés de faire
l’impasse sur la fumure phosphorée, voire même sur celle apportant de la potasse… La tentation
est d’autant plus grande que les prix des engrais ont fortement augmenté ces dernières années.
Voir à ce sujet le graphique 1 avec l’évolution des prix des quelques engrais, le tableau 1 avec
quelques prix « cultures » en mars 2008 et enfin le tableau 1 bis qui montre combien il faut de
rendement en plus afin de payer l’unité de potasse, et ce en fonction du prix de la pomme de terre.
Graphique 1: Evolution du prix (départ port / usine) de quelques engrais ces dernières années.
TSP
KCL 60%
NA 27%
évolution des prix N-P-K janv. '07 à déc. '08
prix négoce départ usine €/t
800
700
600
500
400
300
200
100
44
49
s
s
39
s
29
24
34
s
s
s
19
s
9
4
14
s
s
s
46
41
51
s
s
s
36
s
26
31
s
s
21
s
11
6
s
16
s
s
Se
m
.1
20
07
0
Source : « Fertilizer Europe »
Outre les hausses spectaculaires observées au
fil du temps (particulièrement au cours des 3
premiers mois de 2008), on observe également à partir de juillet 2008 une stabilisation
des prix « négoce, départ usine ou port »
pour les 3 engrais de référence que sont le
nitrate d’ammoniaque (à 365 €/t), le chlorure
de potasse 60% (à 615 €/t) et le triple super-
phosphate (à 715 €/t). A noter qu’une baisse
est observée pour le phosphate à partir de la
mi-octobre 2008.
Entre début 2007 et fin 2008, les prix du NA
27% s’est apprécié de 119 % (fois 2,2), celui
du KCl 60% de 243% (fois 3,4) et celui du
TSP 45% de 242 % (fois 3,4 également).
Tableau 1:
Evolution de quelques prix « culture » mars 2006 - mars 2008
élément engrais
N
Nit. d’amm. 27%
Sol. azotée 39%
P 2 O5
Triple Super Phosphate
TSP 45%
K2 O
Chlorure de potasse
KCl 60%
KCl 40% (kornkali)
Patentkali
Haspargit 25%
Sulfate de potasse 50%
Sources : divers contacts Fiwap
Coût culture à la tonne (€/t)
Mars 2006 Mars 2007 Mars 2008
158
179
280
130
142
240
180
230
470
Evol. €/t
+ 122
+ 110
+ 290
Evol %.
+ 77
+ 84,5
+ 161
180
225
620
+ 440
+ 244,5
130
176
265
155
64
280
450
390
95
530
+320
+214
+ 246
+ 121,5
+ 265
+ 100
Par rapport à mars 2008, les prix « culture »
des différents engrais ont varié assez fortement. En fin d’été et en automne 2008 il y a
encore eu certaines envolées (700 €/t pour du
TSP par exemple, qui est maintenant retombé
à +/- 405 €/). Pour les engrais azotés, la situation
est
contrastée:
le
nitrate
d’ammoniaque a continué sa progression à
+/- 385 €/t, alors que l’azote liquide a baissé:
195 € contre 240 € en mars 2008. Les engrais
potassiques ont encore augmenté: début fé-
vrier 2009 on parlait de prix « culture » pour
le Patentkali entre 530 et 550 €/t, et de prix
tournant autour de 200 €/t pour l’Haspargit et
de 800 €/t pour le sulfate de potasse.
En janvier – février le marché était très
calme. De nombreux producteurs attendaient
avant de se décider, alors que les négociants
savent que s’il y a un « coup de feu » en
mars-avril, les stocks ne suffiront pas et les
délais de livraison seront parfois impossibles
à tenir…
Tableau 1 bis: Production supplémentaire de pomme de terre (kg) nécessaire afin de payer le
kg de potasse, et ce en fonction du prix de l’unité de potasse et le prix de la
pomme de terre.
Prix de la pomme de terre
Prix de la potasse
(en € / 100 kg)
(K2O) en €/kg
6
8
10
12
14
7,5
6,0
5,0
4,3
0,6
10
13,3
8,0
6,7
5,7
0,8
10,0
16,7
12,5
8,3
7,1
1,0
10,0
20,0
15,0
12,0
8,6
1,2
10,0
23,3
17,5
14,0
11,7
1,4
10,0
26,7
20,0
16,0
13,3
11,4
1,6
Source : Service Pédologique de Belgique (SPB / BDB)
réserve suffisante (attention, un manque peut
Il fallait ainsi, lorsque le prix de l’unité de
réduire le rendement de plus de 10%), une
potasse était de 0,6 €/kg, et que le prix de la
impasse en potasse (K2O) n’est pas du tout
pomme de terre est de 10,00 €/qt, 6,0 kg de
pommes de terre pour payer l’unité de porecommandable car elle peut conduire à des
tasse. Avec un prix de la potasse entre 1,4 et
pertes de production allant jusqu’à 40 % dans
1,6 €/kg, et avec un prix de la pomme de
le cas où le sol n’est pas bien pourvu.
terre au producteur toujours de 10,00 €/qt, il
Les tableaux 2 et 2 bis rappellent les exportafaut entre 14,0 et 16,0 kg de pommes de terre
tions et les besoins de la pomme de terre
pour la même unité de K2O…
pour
différents éléments fertilisants.
Si l’impasse pour la fumure phosphorée peut
être justifiée si l’analyse de sol montre une
Tableau 2: Exportations et besoins de la pomme de terre en éléments fertilisants
Eléments nutritifs
Azote (N)
Acide phosphorique* (P2O5)
Potasse ** (K2O)
Chaux (CaO)
Magnésium (MgO)
Souffre (SO3)
Exportations en kg par tonne
de tubercules
3,20
1,60
6,00
0,20
0,10
0,08
Besoins en kg par tonne de
production (tubercules + fanes)
4,50 à 5,90
1,50 à 2,00
8,50 à 10,00
2,70 à 4,70
-
* Anhydride phosphorique
** Oxyde de potassium
Sources: « La Pomme de terre française » (sept/oct. 1987) et « La pomme de terre » (édition
INRA, 1996 Paris)
Une disponibilité rapide en potasse est importante, à la fois due aux besoins importants
ainsi qu’à l’efficience limitée du système
radiculaire de la pomme de terre, mais aussi
au fait que la culture peut absorber jusqu’à 6
kg de K2O par ha et par jour !
parfois parce qu’en cas d’utilisation de chlorure de potasse, il était plutôt recommandé
d’épandre le chlorure avant (ou pendant)
l’hiver pour éviter les problèmes liés à
l’utilisation de chlorure (notamment lorsqu’on travaille en sols légers).
Tableau 2bis: Besoins de la pomme de terre
(kg)
Tonnes / ha
K2O
Fanes
20
138
Tubercules
50
290
Total
428
Sources: Service Pédologique de Belgique
(SPB / BDB)
Le tableau 3 précise, par type de spéculation
(plants, hâtives, pommes de terre de conservation, pommes de terre pour fécule), les
fumures phospho-potassiques moyennes indicatives.
Tableau 3: Fumures phospho-potassiques
moyennes d’entretien indicatives (kg/ha)
Acide phosPotasse
Type production
phorique
(K2O)
(P2O5)
Plants
60 – 100
100 – 200
Primeurs (hâtives)
100 – 150
200 – 250
Pdt conservation
80 – 110
300 – 400
Pdt fécule
80 – 120
250 – 300
Source : « La Pomme de terre française »
(mai/juin 1995)
Par le passé (même si c’est encore parfois le
cas), la fumure phospho-potassique était souvent apportée en fin d’été (après la moisson)
ou encore en automne ou au début de l’hiver.
Dans le premier cas, c’était le plus souvent
pour l’organisation du temps de travail, dans
le second cela l’était également, mais aussi
Photo 1: La potasse est extraite de mines de sel
dans lesquels on exploite des veines de sels de
potasse et de magnésium (photo : JF / Sillon
Belge)
Plus récemment, on constate ces dernières
années qu’il y a un glissement dans le temps :
la potasse est le plus souvent appliquée soit en
hiver, soit au début du printemps, soit carrément lors de la plantation. Ce choix de retarder
l’application peut-être justifié par plusieurs
raisons (organisations des travaux tout au long
de l’année, alors qu’entre la moisson et les
arrachages d’automne il y a parfois trop de
travail, crainte du lessivage, envie de faire un
apport de « potasse fraîche » peu de temps
avant la plantation, fertilisation sur des terres
louées,…). A noter que la crainte du lessivage
est justifiée dans les sols légers (sables, limons
sableux) puisqu’il peut y avoir jusqu’à 50% de
la potasse lessivée, mais beaucoup moins dans
les sols plus lourds.
Photo 2: Différents procédés sont utilisés pour
transformer le minerai de potasse, entre autre
la flottation (photo : DR / Fiwap)
Dans les limons lourds, les limons argileux et
les argiles, on estime qu’un maximum de
10% peut-être lessivé.
Le fractionnement est de plus en plus pratiqué, la moitié de la potasse étant appliquée
entre janvier et mars, l’autre moitié l’étant à
la plantation. Dans certains cas (encore peu
usité, mais en hausse) une fraction complémentaire est appliquée après le buttage, voir
même lors de la tubérisation.
En ce qui concerne le phosphore, pour
l’application d’automne on peut craindre une
rétrogradation de celui-ci (insolubilisation
par absorption sur les ions Al, Fe ou Ca)
mais celle-ci n’a de conséquences réelles
qu’en sol présentant un déficit avéré en
phosphore ou une capacité de fixation impor-
tante (cas des sols crayeux
en Champagne par exemple).
Pour éviter ces problèmes
(risque de rétrogradation,
lessivage) on conseille
parfois d’apporter ces 2
éléments à la plantation
(ou peu avant), voire
même dans certains cas
lors du buttage.
Dans certains sols (légers)
ou pour certaines spéculations, on propose également de fractionner les
apports et/ou de faire une
(des) application(s) dans la
ligne ou en foliaire.
En phosphore, outre une éventuelle fumure
organique en automne, l’engrais est apporté à
la plantation (en plein champ ou en localisé
dans la butte ou même sous le plant), le dernier apport pouvant être foliaire peu avant
l’initialisation de la tubérisation.
Pour la potasse, on peut imaginer un premier
apport (sous forme organique ou minérale)
en automne, un second à la sortie d’hiver peu
avant la plantation, une dernière fraction
étant éventuellement appliquée quelques
jours avant la fermeture des lignes.
Pour situer le niveau de fumure minérale,
tant P2O5 que K2O, il faut déduire des besoins la fourniture par les fumures organiques diverses (voir le tableau 4) ce qui peut
parfois limiter très fort l’emploi d’engrais
minéral qui sera dans ce cas souvent appliqué
au printemps.
Tableau 4: Composition moyenne des écumes et engrais de ferme (en kg/tonne).
Type
N total N ammon. P2O5 K2O Mg
Ecumes de sucrerie
3,4*
9,0
Lisier bovin
4,5
2,0
1,7
5,5
1,0
Lisier porcin
5,5
3,6
4,7
3,3
1,0
Fumier bovin
5,1
0,9
2,2
7,2
1,5
Fumier bovin composté 6,5
0,3
3,7
9,0
1,8
Fientes de volaille
27
7,3
21,5 21
3,7
Source : « Caractérisation et méthodes d’échantillonnage des engrais de ferme » Destain et al,
CRAGx 2000. * azote organique
Rôles et influences du P2O5 et du K2O
Le tableau 5 indique la tendance générale des effets de l’azote, du phosphore et de la potasse sur la
qualité.
Tableau 5: Tendance générale des effets de N, P et K sur la qualité (+ : augmentation, - : diminution, 0 : pas d’effet)
Critères de qualité
N
P
K
Forme de K
K2SO4 → KCl
Augmentation résistance à la sécheresse
0
0
+
Augmentation rendement et qualité
variable
variable
+
Proportion de tubercules commercialisa+
0
+
bles
Endommagements
Variable
Noircissement interne
Variable
Teneur en matière sèche
0 (+)
Teneur en protéines
+
Variable
Tenue à la cuisson
+ (variable)
+
+
Farinosité de la chair
Teneur en sucres réducteurs
Noircissement après cuisson
+ (0)
0 (-)
- (0)
Brunissement à la friture
+
+
Goût
(-)
0
+*
Pertes en conservation
+
Sources diverses : compilation Fiwap * forme sulfates
C’est avant tout la quantité de potasse avant
le type de potasse qui a une influence (en
générale positive !) sur le rendement ainsi
que sur divers éléments qualitatifs du tubercule (PSE, indice de brunissement, sensibilité
aux coups,…).
Néanmoins, selon le type de potasse utilisé
(et parfois son moment d’application, les
variétés et les types de production de pommes de terre – voir en fin d’article) le choix
de l’une ou l’autre forme influencera plus ou
moins l’un ou l’autre critère qualitatif.
Quelques exemples :
- la plupart des essais montrent que le
chlorure (KCl) est la forme de potasse
qui influence de manière la plus déterminante (et positivement !) les couleurs de
cuisson ou indice de brunissement friture
(notamment pour les longues conservations). C’est aussi la forme la plus intéressante quand on cherche à éviter que
les poids sous eau (PSE) ne montent pas
trop. Par contre, le KCl peut provoquer
un petit peu plus de noircissement après
épluchage / cuisson (particulièrement sur
variétés sensibles).
- Les différentes formules apportant des
sulfates (K2SO4, Patentkali,…) seront
préférées quand il y a un risque de PSE
-
trop bas, en terres calcaires et pour les
variétés sensibles aux fractures et aux
coups d’ongles.
le Patentkali est à recommander (par
rapport au KCl) quand on cherche à diminuer le noircissement après cuisson.
Le phosphore (P2O5)
L’absorption de cet élément commence environ 30 jours après la levée. Les engrais peu
solubles seront plutôt épandus avant l’hiver
et/ou en sols acides, les engrais solubles (superphosphates) sont à recommander dans le
cas de sols présentant des teneurs basses en
phosphore assimilable ainsi que dans le cas
des sols calcaires. Généralement cependant,
tous les types de phosphore étant utilisables,
les formules présentant le coût de l’unité de
P2O5 le plus bas doivent être préférées. Il n’y
a pas lieu par ailleurs de considérer des coefficients
d’efficacité
différents
pour
l’ensemble des sources de phosphore (amendements divers, matières organiques, engrais
minéraux).
Le phosphore favorise la croissance et facilite le développement racinaire. Il accélère
ainsi la maturation de la plante. C’est une des
raisons pour lesquelles on en met plus en
culture de hâtives (voir tableau 3).
Cet élément favorise également le nombre de
tubercules, d’où son importance en culture de
plants et dans une moindre mesure en variétés à chair ferme où l’on cherche plus de tubercules (que pour une production de « frites »).
Traditionnellement, le phosphore était appliqué sur les chaumes et/ou en automne.
L’élément étant peu mobile, on a plutôt tendance actuellement à recommander son application (en tout cas pour les formes les plus
solubles) juste avant la plantation ou au buttage, et même parfois en localisé.
Des essais réalisés par le « Comité Nord »
(en France) en culture de plants montrent que
dans plus de la moitié des cas (50 à 60%), le
superphosphate ou le phosphate diammonique appliqué en localisé sous le tubercule
augmente le nombre de tubercules de 5 à 6%.
La potasse (K2O)
La potasse joue des rôles variés dans la
plante, notamment celui de régulateur des
fonctions vitales de la croissance végétale.
La potasse :
- intervient dans la photosynthèse, favorisant la synthèse dans la feuille de glucides, puis leur migration et leur accumulation dans les tubercules.
-
diminue la transpiration de la plante et de
ce fait permet une économie en eau dans
les tissus : elle permet ainsi une meilleure
résistance à la sécheresse.
L’absorption de cet élément par la plante est
possible dès la levée. 40% des besoins de la
plante sont absorbés entre 10 et 50 jours
après l’émergence.
La potasse a une influence positive sur la
taille des tubercules et le pourcentage de calibre commercial. Il empêche les PSE (poids
sous eau) d’augmenter trop fort (et peut
même les faire diminuer dans certains cas !)
et a donc une influence positive sur la sensibilité aux coups. Quand le pourcentage de K
dans le tubercule est inférieur à 2% sur la
matière sèche, on constate une plus grande
sensibilité aux coups. A l’inverse, quand le
pourcentage de K est supérieur à 2%, cette
sensibilité diminue.
Le K2O diminue la teneur en sucres, réduit
les problèmes de brunissement enzymatique
(après épluchage) et de noircissement après
cuisson (cuisson vapeur). Il a une influence
positive sur la coloration à la friture. Avec
des teneurs en potasse qui augmentent, on
peut espérer moins de délitement après cuisson et une diminution de la farinosité.
Le tableau 6 rappelle les caractéristiques de
quelques engrais potassiques.
Tableau 6 : principaux engrais potassique et leurs caractéristiques
Nom de l’engrais
Chlorure de potasse (anciennement appelé muriate de potasse) 60
Chlorure de potasse 40 ou Korn-Kali ®
Sulfate de potasse*
Patentkali ® *
Haspargit ® * (sel double précipité de
sulfate de potassium et de sulfate de
calcium)
* agréé en Agriculture Biologique
formule
K2O
MgO SO3
Présence
CaO de chlorure
oui
KCl
60%
/
/
KCl
K2SO4
40%
48 à 50%
30%
25 à 28%
6%
/
10%
/
12%
45%
42%
30% 10%
Selon qu’on utilise la potasse sous forme de
chlorure ou de sulfate, ces influences sont
plus ou moins accentuées. Pendant des années, on a répété que les chlorures avaient un
effet négatif sur la culture (diminution de
rendement*) s’ils étaient appliqués après
l’hiver. De nombreux spécialistes estiment
qu’on a exagéré quelque peu et qu’en prenant
certaines précautions (sols : attention surtout
en sols légers, variétés : attention surtout aux
oui
non
non
non
variétés hâtives et/ou mi-hâtives particulièrement celles avec peu de fanes), les chlorures peuvent aussi être utilisés après l’hiver et
même jusqu’à la plantation.
Le tableau 7 compare les effets positifs et/ou
négatifs des chlorures et des sulfates.
Tableau 7: Effets des chlorures et des sulfates de potasse. Comparaison à doses égales.
Chlorure de potasse (KCl)
Sulfate de potasse (K2SO4)
- Prix en général plus bas. L’unité de potasse - Prix en général plus élevé
la moins chère est quasi toujours celle provenant du KCl – 60%
- Rendement plus bas (accentué sur variétés
- Rendement plus élevé
hâtives et/ou à fanes peu développées)
- PSE plus bas
- PSE moins haut
- Tubercules moins sensibles aux coups (sur- - Diminution moins importante de la sensibilitout si application au printemps)
té aux coups
- Augmentation de la proportion de 50 mm +
- Diminution plus importante :
- Diminution plus importante du noircisse* de l’apparition du noircissement interne
ment après cuisson
* du brunissement enzymatique
* de la coloration à la friture
* des teneurs en sucres réducteurs
Sources diverses : compilation Fiwap
* Concernant les « chlorures »:
− Les précipitations de l’hiver permettent de lessiver le chlore (qui a un effet toxique sur certaines bactéries du sol) ; en cas de sécheresse et/ou en cas d’application tardive non suivi de
pluies, certains auteurs parlent de toxicité dans la butte.
− Attention à leur emploi, particulièrement après l’hiver, dans des terres limoneuses contenant
peu d’argile : il y a des risques de glaçage des sols.
− Attention à l’antagonisme entre Cl- et NO3- et donc au risque de diminution de rendement (par
manque d’azote).
Choix du type de potasse, en fonction du
type de production et / ou de la variété.
En culture de pomme de terre de table /
consommation, on préférera parfois un apport de potasse par les chlorures afin d’avoir
des PSE suffisamment bas. On peut appliquer 30 à 40 kg (valeur indicative) en plus
que pour une culture destinée à la production
de frites.
De même, pour une culture de hâtives (destinées au marché du frais) et/ou de variétés à
chair ferme, l’emploi du chlorure de potasse
(appliqué peu avant la plantation) empêchera
la pomme de terre de devenir trop farineuse.
Pour une culture de frites / chips, on préférera un apport de potasse avec du Patentkali
(sulfate de potasse et de magnésium) ou de
l’Haspargit afin de diminuer la sensibilité
aux coups bleus sans (trop) diminuer le PSE.
Mais pour certaines variétés comme Astérix
les chlorures sont recommandés afin de freiner un peu le développement végétatif ainsi
que pour réduire quelque peu les PSE (poids
sous eau) ainsi que la sensibilité aux coups.
Inversément, pour des variétés ayant tendance à être parfois un peu limite en PSE
comme Agria et Victoria (et Bintje certaines
années !), on évitera les chlorures, et on préfèrera des sulfates.
Photo 3: L’haspargit doit être stocké au sec
avant son épandage (photo : DR / Fiwap)
Pour une culture de hâtives destinées à
l’industrie de la frite (par exemple Première
ou Frieslander), on préférera l’utilisation de
sulfate de potasse ou de Patentkali afin
d’atteindre des PSE suffisamment élevés tout
en réduisant le risque de coups.
Concernant les types de sols, plus ceux-ci
sont lourds et moins le risque lié à
l’utilisation des chlorures est élevé. En sol
lourd, et pour peu qu’on ne travaille pas avec
des variétés avec très peu de fanes (Felsina
par exemple), les chlorures peuvent être utilisés jusque quasi la plantation. Pour des variétés tardives, particulièrement pour celles mûrissant lentement (Markies par exemple), on
évitera les chlorures qui retardent la maturité.
Enfin, une (trop) forte fumure potassique
peut aller de pair avec une carence en Mg
(c’est ce qu’on appelle les carences induites).
Une manière d’éviter cela est bien entendu
l’analyse de sol qui indique l’état des réserves des différents éléments ; s’il le faut,
l’utilisation du Patentkali apporte outre 30%
de K2O, 10% de magnésie (ainsi que du soufre).
Et en culture bio ?
Généralités
L’approche de la fumure en culture bio est essentiellement axée sur le principe que « on
nourrit le sol qui nourrira la plante… ». Outre
les rotations longues (jusqu’à 10 ans !) avec une
utilisation importante d’engrais verts et de légumineuses (trèfle en tête de rotation par exemple), on privilégie les apports de matières organiques (fumiers, souvent compostés ; composts (de fumier, de broyat de taille / broussailles,…) ; résidus de récolte,…). Divers fertilisants organiques (poudre de sang, d’os, de cornes ; guanos divers) pauvres en carbone et riches en azote peuvent également être utilisés.
Une fertilisation minérale est possible (càd autorisée d’après le cahier de charge bio) mais pas
nécessairement utilisée, recommandée ou admise suivant les « écoles » (Biodynamie, méthode
Lemaire-Boucher, méthode Müller,…). La règle générale c’est que les produits utilisés (et
agréés !) n’ont pas subi de traitement chimique et sont le plus souvent utilisés finement moulus.
Divers fertilisants / amendements sont utilisables, que ce soit divers calcaires d’origine naturelle
(craies, marnes,…) ou les maërl ou le lithothamme des côtes atlantiques françaises.
Divers fertilisants « agréés culture biologique » à dominante phosphatée (phosphates naturels
d’Afrique du nord ou du Sénégal) ou potassique (poudres de roches siliceuses, Patentkali, Haspargit,…) sont également utilisés.
En culture de la pomme de terre
En culture bio la fumure se raisonne à l’échelle de la rotation et non pas de la culture. C’est pourquoi il est un peu malaisé de parler de la « fumure pomme de terre en culture bio ». Quelques
points peuvent néanmoins être alignés sur le sujet. Les éléments suivants proviennent tant de la
littérature que d’une petite enquête menée auprès de quelques agriculteurs bios par le nouveau
coordinateur du Centre Essai Bio (CEB asbl) Eddy Montignies (téléphone: 081/625 036 – portable: 0473/370 642 - courriel : [email protected])
- la pomme de terre est idéalement implantée après 1 ou 2 ans d’engrais vert, précédée d’une céréale (cas idéal) ou directement après une céréale et sera suivie d’une céréale;
- le fumier, ou encore mieux le fumier composté, sera apporté à raison de 10 à 30 t/ha, idéalement
avant l’engrais vert (fumier) ou avant le labour d’hiver (compost);
- les besoins en phosphore sont généralement couverts par les apports de fumiers et composts (parfois complétés par des phosphates naturels);
- les besoins en potasse (outre ceux provenant des fumiers et composts) sont parfois complétés par
des engrais types Haspargit ou Patentkali;
- certains producteurs utilisent aussi différentes formules d’engrais composés agréés en bio, et
appliqués au printemps.