Laissant tout, ils le suivirent… On a peu de mal, me semble-t

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Laissant tout, ils le suivirent… On a peu de mal, me semble-t
Laissant tout, ils le suivirent…
On a peu de mal, me semble-t-il, à imaginer la scène, particulièrement l’étape
finale, celle de la rencontre entre le maître et ces pêcheurs de Galilée.
Il est vrai que la sobriété du propos, à peine quelques mots pour traduire le
choix radical qui s’opère en chacun d’eux, le basculement de leur vie, nous aide
à mieux le percevoir, à nous en rendre compte.
Peu de mal, même si cela nous interroge et nous questionne de les voir partir,
laissant tout, leur famille, les relations qui sont les leurs, pour mettre leurs pas
dans les siens.
Ces hommes n’ont plus rien.
C’est les mains vides qu’ils prennent la route, qu’ils s’en vont, faisant le choix de
se laisser conduire par celui qui les appelle, les invite même à aller en plein
vent, en plein monde, en pleine mer, à aller au large, là où par définition on n’a
plus pied, où l’on perd ses repères. Et ils acceptent de vivre ainsi, de jeter à
nouveau les filets, il est vrai sur sa parole, alors qu’il fait grand jour.
Ils quittent tout ! Jusqu'à leur métier, et ce qui leur sert pour travailler, je veux
parler de leurs barques.
Les laisser là, sur le bord du rivage, s’en séparer, n’a rien d’anodin, bien au
contraire. C’est mettre l’accent sur leur disponibilité ! Ils sont prêts, en effet, à
suivre cet homme jusqu'à abandonner non seulement ce qu’ils savent faire,
mais aussi à laisser les outils (vous comprendrez volontiers les capacités qui
sont les leurs) pour y parvenir. Ils quittent tout pour suivre le maître et en
quittant tout, ils font le pari que ce dernier saura leur donner ce qui est
nécessaire pour accomplir, mettre en œuvre la mission confiée.
C’est à la même chose que nous sommes appelés, du moins si nous voulons
vivre la mission, si nous acceptons d’être de cette église en sortie, qui n’hésite
pas à aller jusque dans les périphéries du monde, si nous consentons à vivre la
rencontre à la manière de Jésus, acceptant d épouser la soif de nos
contemporains.
C’est à cette même radicalité dans le choix que nous sommes invités pour vivre
aujourd’hui l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Il nous faut être persuadé en effet que nous avons à accomplir la mission
autrement et donc quitter, abandonner, ce que nous avions l’habitude de faire,
sans pour autant vivre la nouveauté pour la nouveauté. C’est tout un travail, un
chemin de conversion, personnel et communautaire, qui s’ouvre devant nous.
Si le lieu de l’annonce ne change pas, c’est toujours au large, vers l’inconnu, les
périphéries si vous préférez, là où quelque fois la tempête fait rage et où
l’homme, pour ne pas dire l’humanité, est malmené. Il n’en demeure pas moins
vrai que nous avons à inventer une nouvelle manière d’être et de faire église,
sans doute moins dans la puissance et la richesse et davantage dans la
pauvreté, la proximité et le dialogue, une église à portée de voix, qui selon la
belle expression du Pape François est :
« Une église qui vit au milieu des maisons de ses fils et des ses filles »
Frères et sœurs sommes nous prêts à laisser nos barques ? Prêts à le suivre ?
Père Bernard Laurent