Planter un arbres d`avenir

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Planter un arbres d`avenir
Fiche technique : Planter un arbre d’avenir
• Choisir l’arbre
Par rapport à sa fonction :
Un arbre n’est pas l’autre. Pourquoi telle espèce et pourquoi à cet endroit plutôt qu’ailleurs ?
Est-ce pour renforcer la valeur patrimoniale d’un bâtiment ou d’un parc, pour structurer un
point de vue, pour créer un point d’appel dans le paysage, pour marquer un lieu historique ou
pour localiser une particularité topographique ou géographique, pour compléter des
plantations existantes, pour devenir un lieu de rencontres ou d’activités sociales… ?
Selon chaque cas il s’agira de choisir une espèce, ou sa variété, en s’interrogeant sur sa forme,
sa taille, son encombrement, son degré d’opacité, la période et la durée de sa floraison,
l’intérêt esthétique de sa fructification et de son feuillage caduque ou persistant, les éventuels
désagréments lors de la chute des fruits et des feuilles, son ou ses parfums, sa possible toxicité
ou son impact allergisant, sa résistance au vent, ses besoins en lumière et en eau, ses
exigences pédologiques …, tant dans le jeune âge que lorsqu’ elle atteindra son plein
développement.
Aujourd’hui les pépiniéristes proposent une gamme extrêmement variée d’arbres indigènes ou
« horticoles » qui répondent aux attentes de la clientèle. Par ailleurs, un conseil peut toujours
être obtenu auprès des cellules des arbres et haies remarquables de la DGO3 ou de la DGO4.
En vue de renforcer le succès de la plantation, la participation du public ne doit pas être
ignorée. Les riverains ont peut-être certaines attentes qu’il sera possible de prendre en compte.
Les informer des actions de la commune en expliquant les raisons de la plantation permettra
de lever bien des incompréhensions. Pour ce faire, plutôt que de prévoir une réunion publique
ouverte à tous, il est préférable d’identifier les groupes d’usagers (associations, personnes
âgées, jeunes, commerçants…) et d’organiser une concertation avec chacun de ces groupes.
A partir de l’ensemble des informations récoltées il devient possible de proposer un projet
cohérent.
Le bon arbre au bon endroit :
Cette règle est le B.A-BA à respecter pour éviter de devoir, dans le futur, procéder à des
interventions coûteuses de nature à « maîtriser » l’arbre qui deviendrait « envahissant ».
Un arbre n’a pas besoin d’être taillé. Il perd de lui-même les branches qui ne lui sont plus
utiles sans attendre qu’elles atteignent des dimensions importantes. Sauf si l’intention est de
lui donner un port architecturé (ce qui exige des tailles régulières sur des branches de petit
diamètre), l’arbre développe sans intervention humaine sa silhouette et trouve son équilibre.
L’arbre n’est pas dangereux en soi. Par contre il le deviendra certainement après des
interventions malheureuses qui ne respecteraient pas sa physiologie !
Tenir ses distances :
Allez-vous installer un arbre à couronne colonnaire ou ovale globuleuse ou globuleuse aplatie,
ou encore conique élancée ou pyramidale, ovoïde ou ovoïde étalée, évasée élancée ou
obovale, en éventail ou évasée, à port pleureur étroit ou étalé, … ? Quel que soit votre choix,
Fiche technique – Les Arbres d’avenir
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il conviendra de tenir compte des distances à respecter à la fois pour l’arbre mais aussi, bien
évidemment, pour son entourage.
L’éloignement à deux mètres de l’« héritage voisin », fixé légalement par l’art. 35 du Code
rural pour planter un arbre « haute-tige », ne vous mettra pas à l’abri des problèmes de
voisinage. L’encombrement des arbres, sauf ceux à port fortement fastigié, dépasse
allègrement cette mesure. A titre indicatif, voici 3 exemples :
Nom vernaculaire
Charme commun
Châtaignier
Chêne pédonculé
Nom scientifique
Carpinus betulus
Castanea sativa
Quercus robur
Diamètre de la couronne en mètres
20
20
35
Outre le fait que le voisin peut vous contraindre à couper les branches débordant sur son
terrain, il aura le droit de couper lui-même les racines dont ont sait qu’elles s’écartent de
plusieurs mètres à partir du tronc. Quant au risque d’abattage, un juge pourrait parfaitement
l’autoriser s’il considère que l’arbre gêne manifestement le voisinage, même en cas de
plantation à la distance règlementaire.
Le désagrément de l’ombre créée à la suite de la présence d’un arbre est un motif de gêne
souvent invoqué.
Le tableau ci-dessous donne le facteur multiplicateur à appliquer pour connaître la longueur
de l’ombre sous notre latitude (+/-50° Nord) générée par la présence d’un arbre à 14 heures,
heure solaire (soit 15h00 en hiver et 16h00 en été) ainsi que la direction de cette ombre le 21
de chaque mois.
Considérant que c’est en hiver que la lumière nous manque le plus, on constate que le 21
novembre à 15h un arbre de 20 mètres de haut produit une ombre de 73,8 mètres ! Si le terrain
est en pente, la longueur de l’ombre en aval sera encore augmentée !
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
3.62
2.24
1.49
1.02
0.78
0.70
0.77
1.01
1.47
2.28
3.69
4.79
Fiche technique – Les Arbres d’avenir
NE
E-NE
E-NE
E
E
E
E
E-NE
E-NE
NE
NE
N-NE
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Pour faire une recherche plus fine selon votre localisation, à n’importe quelle date il convient:
1°) de déterminer la latitude de votre localisation en degré/minute/seconde. Par ex. via le site
http://www.getty.edu/research/tools/vocabularies/tgn/
2°) de porter ensuite cette latitude dans le programme « info solaire disponible sur le site
http://audience.cerma.archi.fr/cerma/pageweb/outils/info_solaire.html et de cliquer
ensuite sur les boutons « ombre1 » ou « ombre2 »
• Planter
Un arbre développe ses racines en profondeur et en largeur. Le système racinaire est constitué
des racines d’ancrage, assurant sa stabilité, et d’un réseau de racines fines qui permettent de
capter les éléments nutritifs utiles à son développement.
L’ancrage dépasse rarement 1.5m de profondeur. Concentrées au départ du collet, ces racines
de plus fort diamètre peuvent ensuite se diviser et s’étaler latéralement sur une grande
longueur. Quant aux racines fines, à partir de cet étalement, elles explorent principalement les
30 cm des couches supérieures du sol sur une surface très importante, là où se trouvent les
ressources minérales.
Ces constatations vont nous guider pour procéder à la plantation.
La fosse :
Idéalement, il s’agit de creuser la fosse de plantation à une profondeur comprise entre 1 m et
1,5 m sous une surface de 12 m² pour arbres à grand développement et de 9 m² pour les plus
petits. Lors du creusement il faudra impérativement éviter le lissage du fond de fosse et des
parois afin de faciliter aux racines la pénétration du sol jouxtant la fosse. De l’eau stagnante
en fond de fosse laisse supposer un problème de drainage pour lequel une solution devra être
trouvée (empierrement en fond de fosse surcreusée, drain…). Jeter quelques seaux d’eau
permet de vérifier la perméabilité du sol.
En général, il est préférable de préparer la fosse à la fin de l’été, lorsque le sol n’est pas trop
humide ce qui évite les phénomènes de tassement du sol créés par les engins de chantier dans
la zone qui sera plus tard explorée par les racines. Le remplissage se fera en ajoutant une
dizaine de centimètres de hauteur par rapport aux bords de la fosse (c’est le foisonnement) car
la terre rapportée se tassera sous son poids et sous l’action des agents climatiques. Elle aura
donc pris sa place correcte au moment de la plantation, en novembre.
La terre :
La terre utilisée sera une terre franche. L’apport d’une part de compost pour 4 parts de terre
dans les 60 centimètres supérieurs de la fosse profitera avantageusement à la reprise du plant.
En cas d’hésitation les stations provinciales d’analyses agricoles peuvent procéder à l’examen
de l’échantillon de terre qui sera prélevé selon leurs consignes. Outre l’analyse physicochimique elles donnent des conseils d’apports d’engrais et d’amendements. A ce propos,
rappelons qu’il faut absolument éviter de mettre les engrais en contact direct avec les racines.
Des « brûlures » et des assèchements de racines sont à craindre.
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La réception du plant :
Le plant aura été adopté par vos soins dans la pépinière de production. Vous aurez vérifié son
état sanitaire, l’absence de blessure, l’équilibre de la couronne, la qualité de la flèche et du
bourgeon terminal et le pépiniériste vous aura informé des transplantations successives qui
auront permis à l’arbre d’avoir un système racinaire harmonieux et fourni. Le sujet choisi sera
réservé par le placement d’un bracelet inviolable autour du tronc.
Il n’est pas utile de choisir des arbres à trop fort développement qui coûtent cher et dont la
reprise est plus aléatoire. Les catégories 12-14 voire 16-18 (circonférence à 1 m du sol, en
centimètres), à racines nues, sont à privilégier pour les feuillus en sachant que le système de
tuteurage permettra de les protéger dans les premières années. Le choix des racines nues
permet une meilleure vérification de l’état sanitaire. Les résineux sont définis par une
catégorie de hauteur et sont livrés en motte.
Ces caractéristiques seront ré-examinées lors de la livraison. Dans le cas d’un plant livré avec
motte, cette dernière devra être formée lors de l’arrachage en pépinière avec la terre adhérente
aux racines. Une motte reconstituée ne doit pas être acceptée. Le grillage qui l’enserre devra
être dégradable dans l’année suivant la plantation.
Il faudra s’assurer de la fraîcheur du plant qui aura été transporté protégé du vent et du gel
dans les jours qui suivent de près l’arrachage en pépinière. Le trou de plantation, ouvert à la
bêche ou à la machine, devra avoir un volume supérieur à 1/3 de la dimension du système
racinaire qui sera conservé sans être taillé. Les racines ne peuvent pas remonter le long des
parois du trou ! Préalablement à la mise en place, leur plongement dans une solution liquide
de pralin (1/3 de terre, 1/3 de bouse de vache, 1/3 d’eau) sera la bienvenue.
La mise en place :
Elle aura lieu en période hors gel et hors fortes pluies. En toute circonstance les racines
resteront emballées dans un sachet ou dans de la toile de teinte claire dans l’attente de la
préparation du trou. Le vent et le soleil sont les ennemis mortels du chevelu formé par les
fines racines.
Le plant sera disposé en manière telle que son collet (jonction entre le tronc et le système
racinaire qui présente souvent une différence de coloration localisant le niveau du sol avant
arrachage) ne soit surtout pas enterré. Un enfouissement trop profond asphyxie le système
racinaire et provoque le dépérissement rapide de l’arbre. Le placement temporaire d’une latte
posant sur les bords du trou permet de vérifier le niveau de placement du collet.
Avant de combler le trou, les tuteurs seront enfoncés sans risques pour l’arbre. Un triangle,
formé par trois tuteurs ne dépassant pas le tiers de la hauteur de l’arbre, est conseillé. Cette
disposition garanti à l’arbre une certaine liberté de mouvement qui renforce son ancrage
racinaire.
La terre émiettée sera répandue autour de l’arbre en le secouant légèrement pour favoriser au
maximum le contact avec les racines. Un léger tassement peut se faire avec un manche
d’outil. Pour les plants en motte, cette dernière sera enterrée sur le tiers de sa hauteur avant de
dégager le collet en étalant le grillage et la toile. Le comblement se fait alors sans plus bouger
au plant et en pratiquant un léger tassement.
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Si la fosse n’a pas été préparée à l’avance il faudra tenir compte du tassement futur des terres
et donc respecter un foisonnement en conséquence. Dans la cas contraire un léger
foisonnement de 2 à 3 cm est suffisant. La terre en surface sera disposée de façon a créer une
cuvette entourant le pied de l’arbre pour favoriser la captation des eaux pluviales et celles
d’arrosage. Quel que soit le temps, un arrosage copieux de 50 litres sera apporté de façon à
augmenter au maximum l’adhérence entre la terre et les racines.
L’arbre sera enfin rattaché au tuteur avec des liens en corde dégradable, sans trop serrer car
l’arbre doit pouvoir accompagner le tassement naturel des terres. Après deux à trois ans
l’arbre pourra se passer de cet attachement. Par contre les tuteurs resteront en place pour
maintenir la protection autour du tronc. Ils pourront être recoupés sur une plus faible hauteur
et reliés entre eux par des planchettes en bois.
Un mulch pourra enfin être placé au pied de l’arbre de façon à réduite les opérations de
désherbage et surtout d’éviter le passage des débroussailleuses qui sont une des premières
causes de dégâts au pied des arbres. La pose d’un manchon de protection en polyéthylène
perforé et fendu longitudinalement autour du collet s’avère de ce point de vue très efficace et
est à encourager.
• Et après…
Sauf accident imprévu, l’arbre planté dans ces conditions devrait avoir de bonnes chances
pour vivre longtemps et pour jouer le rôle qu’il lui fut assigné.
Un entretien régulier (arrosages, surveillance des liens et de l’efficacité du mulch, taille légère
de formation, maintien des protections vis-à-vis des agressions externes…) est évidemment à
prévoir, et ce dès la décision de plantation afin d’intégrer ces opérations dans un calendrier
d’intervention et de gestion.
Pour la suite, il conviendra surtout de maintenir un périmètre qui garantira à l’arbre de bonnes
conditions de développement et qui permettra au voisinage d’en profiter généreusement, sans
désagréments.
Certains arboriculteurs considèrent que la distance idéale pour assurer de bonnes relations
entre l’arbre et son voisinage consiste à maintenir autour de son tronc un cercle de rayon
équivalent à la hauteur de l’arbre. Sachant qu’un arbre remarquable se caractérise par son
impact paysager -ce qui implique qu’il soit aisément accessible au regard- cette prescription
mérite d’être prise en considération. Dans le cas où ce n’est pas possible il convient, au
minimum, de respecter à l’abri de toute construction, creusement ou passage fréquents, une
surface formée par la projection verticale au sol de la couronne de l’arbre à son plein
développement.
Fiche technique – Les Arbres d’avenir
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