Dans le regard du loup

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Dans le regard du loup
SHARON ASHWOOD
DANS LE REGARD
DU LOUP
SHARON ASHWOOD
Dans le regard du loup
Collection : NOCTURNE
Titre original : POSSESSED BY A WOLF
Traduction française de KAREN DEGRAVE
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Un craquement fit tressaillir Lexie.
Un peu désorientée, elle s’écarta de son Nikon placé
sur un trépied. Elle était si absorbée par les photos
de l’alliance d’Amélie qu’elle avait fait abstraction
de son environnement. Elle jeta des regards autour
d’elle, mais ses projecteurs plongeaient le reste de
la salle dans l’obscurité. Au loin, elle vit son reflet
dans l’immense baie vitrée que la nuit avait transformée en miroir.
— Qu’est-ce que c’était ? demanda-t‑elle sans
s’adresser à personne en particulier.
Ne recevant pas de réponse, elle hésita à se remettre
au travail. Il était difficile de prendre de bonnes photos
au milieu d’une telle foule, mais les têtes couronnées
étaient de bons clients. Tout le monde n’approuvait
pas sa présence, pourtant le couple princier l’avait
engagée comme photographe pour le mariage. Elle
était un juste compromis entre une foire d’empoigne
médiatique et pas de photos du tout.
Voilà pourquoi elle se trouvait près de la fontaine
en marbre, au centre de la grande rotonde du palais,
en train de photographier l’alliance que les invités
de cette soirée avaient découverte une demi-heure
plus tôt. Pour faciliter son travail, on avait retiré la
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vitrine qui protégeait la bague, mais des gardes polis
et contrariés la surveillaient de près. Le craquement
les avait fait se raidir comme des chiens à l’arrêt.
Et ils n’étaient pas les seuls à l’avoir entendu.
Les chuchotements se multipliaient autour d’elle.
Subitement, les ambassadeurs et célébrités qu’on
avait jugés dignes d’être invités au palais de Marcari
n’étaient plus que des gens ordinaires apeurés. Seul
le pianiste continuait à jouer comme si de rien n’était
— mais les musiciens étaient entraînés à cela.
Un second craquement, plus fort que le premier,
fit crier une invitée. Lexie s’empressa d’éteindre ses
projecteurs. Trois des murs de la pièce octogonale
étaient des panneaux vitrés qui permettaient de
contempler les jardins. Celui du milieu était craquelé
autour d’un petit trou. Son sang se glaça.
Une balle.
Quelqu’un avait tiré sur la vitre depuis l’extérieur.
Les gardes qui surveillaient l’alliance dégainèrent
et rejoignirent ceux qui protégeaient le couple princier près de la fontaine.
Les invités se précipitèrent vers la sortie mais,
dès que quelqu’un ouvrit la porte, on entendit des
coups de feu dans le couloir. La panique s’accrut.
— Que se passe-t‑il ? demanda sa meilleure amie,
Chloé Anderson, qui venait d’apparaître à côté d’elle.
— Des gens tirent et je crois que nous sommes
coincés dans cette salle, répondit Lexie d’une voix
qui trahissait sa peur.
La pièce lui semblait beaucoup plus petite, tout
à coup.
Chloé écarquilla les yeux. En tant qu’organisatrice
du mariage royal, elle était chargée de s’assurer que
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tout se déroulait sans accroc — et des coups de feu
en pleine mondanité étaient un gros accroc.
— Il doit y avoir une autre issue, balbutia-t‑elle.
Lexie déglutit péniblement et se passa la main sur
le visage. Elle devait garder son sang-froid.
Ressaisis-toi ! s’ordonna-t‑elle.
— Comment faire pour empêcher tous ces gens
de paniquer ? murmura-t‑elle.
Elle n’était qu’une photographe, mais les fonctions importaient peu dans de pareils moments.
Heureusement, elle n’était pas la seule à avoir gardé
son calme. Le prince Kyle agita la main avec impatience pour inciter les gardes qui le protégeaient à
s’occuper des tireurs. Ceux-ci portaient l’uniforme
vert des gardes de Vidon. Ils s’écartèrent de mauvaise
grâce du couple princier. Léo, le frère cadet de Kyle,
semblait aussi contrarié qu’eux.
Un nouveau coup de feu traversa la vitre du
panneau central et fit exploser l’un des chandeliers
en cristal. Un instant plus tard, la vitre elle-même
vola en éclats. La foule se mit à hurler. Lexie saisit
le bras de Chloé et l’attira derrière le présentoir de
l’alliance.
On entendait encore cliqueter les éclats de verre
quand un énorme loup bondit dans la salle. Il atterrit
à une dizaine de mètres d’elle et se retourna pour
fixer en grognant la fenêtre brisée. Il avait des yeux
dorés et un pelage qui présentait toutes les nuances
du noir au blanc.
Il y avait des loups dans les montagnes de Marcari
— ainsi que sur le blason de la famille royale —, mais
un loup aussi gigantesque ne pouvait être qu’un
loup-garou. Inexplicablement, Lexie sut que c’était
Faran Kenyon — son ex-petit ami.
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Un silence horrifié s’abattit sur la salle. Même le
pianiste était pétrifié. Assaillie par ses souvenirs,
Lexie perdit le souffle. Elle avait vu les crocs gigantesques de cette bête arracher le bras de quelqu’un.
Les gardes furent les premiers à réagir. Ils dégainèrent tous et pointèrent leurs armes sur la bête.
— Arrêtez ! s’écria-t‑elle en se redressant d’un
bond.
Tout le monde la regarda avec stupeur. Même le
loup semblait surpris.
A vrai dire, elle l’était aussi.
Qu’est-ce qui me prend ? J’ai changé de continent
pour le fuir.
A son grand désespoir, elle comprit subitement que
toute la distance qu’elle avait mise entre eux n’avait
pas brisé le lien profond qui les unissait.
— Sois prudente ! lui lança Chloé sans qu’elle sache
si c’étaient les revolvers ou le loup qui l’inquiétaient.
— Je sais ce que je fais, répondit sèchement Lexie.
C’était un mensonge. Son cœur battait si vite que
la tête lui tournait, mais cela ne l’empêcha pas de
se placer entre les gardes et Faran pour lui faire un
rempart de son corps. Alors elle se tourna vers lui.
Le loup leva le museau et renifla. Se souvenait-il de
son odeur ? Comment réagirait-il s’il la reconnaissait ? Elle ne savait pas quelle part de son humanité
il conservait sous forme animale — et ils ne s’étaient
pas quittés en très bons termes.
Des éclats de verre s’étaient accrochés à son pelage
et il avait une blessure au flanc. Voilà où l’une des
balles s’était logée…
— Non ! s’écria-t‑elle quand il fit un pas vers elle.
Reste où tu es et assieds-toi !
Faran s’assit, les oreilles collées au crâne pour
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exprimer sa contrariété. Il n’avait jamais aimé qu’on
lui donne des ordres.
C’est bien dommage, songea Lexie avec un plaisir
amer.
Assaillie par ses souvenirs, elle tremblait comme
une feuille. Elle supportait assez bien la vue du sang,
mais elle n’en avait jamais vu autant que ce soir-là.
Et elle n’avait jamais entendu de cris aussi horribles.
Elle n’avait même pas essayé d’accepter ces images.
Il avait été bien plus simple de fuir.
Je savais qu’il risquait d’être à Marcari. Je n’aurais pas
dû accepter ce contrat.
Mais elle avait d’autres souvenirs de Faran Kenyon.
Il lui apportait du champagne au lit et l’écoutait parler
de sa future carrière sans se lasser. Ils s’aimaient…
jusqu’au jour où elle avait découvert ce qu’il était.
Leur histoire était douloureuse et compliquée,
mais cet instant était d’une grande simplicité : elle
ne voulait pas le voir mourir.
— Mademoiselle ! Ecartez-vous, s’il vous plaît,
dit l’un des gardes.
— Sûrement pas, répondit-elle en essuyant ses
mains moites sur son pantalon.
Faran grogna et commença à se redresser. Elle
tendit la main pour lui ordonner de se rasseoir. Elle
le savait capable de tout pour la protéger, mais il ne
ferait qu’aggraver son cas.
Pourquoi était-il entré par la fenêtre ? Et qui avait
essayé de l’abattre ?
— Ne tirez pas sur ce loup tant qu’il n’attaque
pas ! ordonna la princesse Amélie de l’autre bout
de la salle.
— Votre Altesse ! s’écria l’un des gardes en se
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tournant vers le prince Kyle. Vous courez bien assez
de risques sans cela !
— Je vous prie d’obéir à la princesse, répondit
Kyle sur un ton qui ne souffrait pas d’objection.
Le prince et la princesse connaissaient le secret
de Faran.
Des murmures surpris et outragés s’élevèrent
dans la foule. Les invités de cette soirée ne voyaient
qu’un loup.
Lexie déglutit avec peine. Le regard de Faran
était indéchiffrable et les gardes n’attendaient qu’un
prétexte pour tirer. Que devait-elle faire ?
— Je crois que j’entends des chiens, dit Chloé,
toujours accroupie derrière le présentoir.
Lexie les entendait aussi et les aboiements se
rapprochaient. Elle inspira profondément.
— C’est une meute de chiens de chasse. Que faitelle dans l’enceinte du palais ? demanda-t‑elle avec
le plus d’autorité possible.
— Je ne sais pas, mademoiselle, répondit l’un des
gardes en soutenant son regard.
Comme Faran ne bougeait pas, l’homme s’approcha
de la fenêtre avec deux autres gardes. Lexie les
observa avec méfiance.
Qui sont ces gens ? se demanda-t‑elle. Pourquoi
traquent-ils un loup-garou ?
Faran fixait les jardins sans cesser de grogner.
Les invités qui avaient fui par la fenêtre brisée revenaient en courant. Derrière eux, Lexie distingua une
vingtaine de chiens qui tiraient furieusement sur
leur laisse. Les hommes qui les tenaient portaient
l’uniforme vert de Vidon.
— Oh ! murmura-t‑elle.
— Que se passe-t‑il ? lui demanda Chloé.
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Lexie répondit en chuchotant.
— Les Vidonais ont-ils toujours un problème avec
les créatures surnaturelles ?
Chloé hocha la tête et Faran poussa un grognement
qui lui parut sarcastique.
Avant que Faran ne la fasse entrer dans la confidence, sa connaissance du monde surnaturel se
limitait aux films d’horreur. Peu de gens savaient que
le roi de Marcari avait des vampires à son service,
et celui de Vidon une compagnie de chevaliers qui
avaient juré de les exterminer.
Leur guerre, qui avait commencé à l’époque des
croisades, durait encore. Le mariage de Kyle et d’Amélie
était censé y mettre un terme. Voilà pourquoi cette
soirée, cette alliance et les photos de Lexie étaient
si importantes…
Sauf que l’on ne pouvait plus jurer de rien si les
Vidonais chassaient un loup-garou dans le palais
de Marcari.
Quand les chiens apparurent dans l’encadrement
de la fenêtre, Faran se releva d’un bond pour se
placer entre la meute et elle. Les gardes retinrent les
molosses juste avant qu’ils n’entrent dans la pièce,
pour qu’ils ne se blessent pas sur les éclats de verre.
Les aboiements redoublèrent de fureur.
Faran fit face aux chiens et leur montra les crocs.
Il protégeait Lexie.
La tension croissait d’instant en instant. Plusieurs
des gardes semblaient prêts à tirer malgré l’interdiction de la princesse.
— Viens ici, loup ! ordonna-t‑elle avec autant
d’assurance que possible.
Faran lui jeta un regard qui la fit frémir.
— S’il te plaît…, ajouta-t‑elle.
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Il resta résolument où il était, mais il cessa de
grogner.
— Qu’on emmène ces chiens ailleurs ! rugit le
prince Kyle. Vous êtes dans un palais, pas dans un
chenil !
Quand les portes de la salle s’ouvrirent brusquement,
Lexie se rendit compte que les coups de feu avaient
cessé. Un homme brun se planta dans l’embrasure
de la porte, un fusil à la main. Il était calme, professionnel et très élégant dans son smoking noir.
— Sam ! s’écria Chloé.
Lexie réprima un soupir de soulagement. Sam était
le fiancé de Chloé. Comme la plupart des membres de
la Compagnie des morts, c’était un vampire. C’était
aussi un guerrier redoutable sur lequel on pouvait
compter — le genre d’homme qu’on aimait voir
apparaître quand le monde sombrait dans le chaos.
Sam était l’un des gardes du corps de la princesse
Amélie. Lexie fronça les sourcils. Pourquoi n’était-il
pas là depuis le début ? Pourquoi la sécurité de cette
soirée n’était-elle assurée que par des Vidonais ?
Sam s’était battu. Le col de sa veste était déchiré
et il y avait une tache de terre sur sa chemise. Il
entra lentement dans la pièce en observant le loup,
les chiens, le couple princier, puis Chloé derrière le
présentoir. D’autres hommes armés vêtus de noir
apparurent derrière lui. A en juger par leur pâleur
et la fluidité de leurs mouvements, c’étaient aussi
des vampires.
La princesse Amélie les regarda approcher avec
une expression grave que sa lumineuse robe de
soirée jaune rendait encore plus saisissante. Elle
avait de longs cheveux noirs, des yeux violets et
une beauté délicate. Par réflexe protecteur, le prince
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Kyle gardait une main posée sur ses reins depuis le
début de l’incident.
Les maîtres-chiens obéirent au prince et commencèrent à s’éloigner, mais il restait beaucoup d’uniformes verts dans la salle. Ils avancèrent avec des
airs menaçants. Ils étaient moins gracieux que les
vampires, mais nettement plus hostiles. L’un d’eux se
détacha du lot et tendit la main pour ordonner aux
autres de s’arrêter. C’était visiblement leur capitaine.
Son attitude autoritaire n’était pas le seul indice qui
permit à Lexie de le deviner : il avait un emblème
formé d’un serpent et de poignards entrecroisés
brodé au fil d’or sur la manche de sa veste.
Ce ne sont pas des gardes ordinaires, comprit subitement Lexie. Ce sont des chevaliers de Vidon !
Les deux camps qui s’affrontaient depuis des
siècles se défiaient sous ses yeux.
Les chevaliers se trouvaient du côté de Kyle et
de Léo, les vampires du côté d’Amélie. Les deux
groupes semblaient vouloir séparer le couple princier.
L’atmosphère était aussi lourde qu’avant un orage.
Sam s’agenouilla devant la princesse comme un
guerrier d’autrefois — ce qu’il était. Un silence de
mort s’abattit sur la salle.
Faran s’approcha de Lexie au point d’effleurer sa
main. Sa présence la réconforta tant qu’elle cessa
d’avoir peur pendant quelques instants. Elle en oublia
presque qu’elle l’avait fui et pourquoi.
Alors Sam prit la parole.
— Nous avons été trahis, Votre Altesse.
Faran poussa un hurlement qui brisa le cœur de
Lexie.
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SHARON ASHWOOD
DANS LE REGARD
DU LOUP
Dans le palais de Marcari où on se prépare à célébrer un
mariage princier, Lexie, photographe officielle, est en
train de faire du repérage. Soudain, parmi les agents de
protection du couple, elle aperçoit la silhouette familière
d’un homme qui, comme s’il avait senti son regard posé
sur lui, se retourne brusquement. Profondément troublée,
Lexie reconnaît alors Faran. Faran dont elle est tombée
amoureuse cinq ans auparavant et dont le souvenir, depuis,
emplit ses nuits de rêveries sensuelles. Faran qu’elle a fui,
paniquée, alors qu’il venait — pour la protéger — de se
transformer en un loup immense et terrifiant…
1er mai 2016
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2016.05.81.7203.8
ROMAN INÉDIT - 6,95 €

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