Les énergies renouvelables dans les exploitations agricoles
Transcription
Les énergies renouvelables dans les exploitations agricoles
Les énergies renouvelables dans les exploitations agricoles : perspectives de développement La production d'énergies renouvelables progresse depuis 2005, et correspond à 10% de l'énergie finale consommée sur la région en 2011, contre 13% en France (l’objectif français du Paquet Energie Climat européen fixé à 23% à l'horizon 2020). La biomasse représente 87% de la production d'origine renouvelable. Les agro-carburants atteignent 11% de la production régionale (contre 13% pour l’électrique et 76% pour le thermique). C'est un des principaux moteurs de la croissance de la production d'origine renouvelable en Poitou-Charentes. Les exploitations agricoles, parce qu’elles produisent de la biomasse et disposent de surfaces foncières (sols et toitures), sont au cœur de la problématique. Les perspectives de développement dans le secteur agricole Energies thermiques : la diversification des sources s’amorce Le bois bûche est le premier contributeur mais sa part tend à reculer au profit du bois spécifique (plaquettes, granulés, écorces et sciures). Le recours aux ordures ménagères ou autres biomasses organiques est encore limité. Le bois bûche est passé de 96% des énergies renouvelables à moins de 60% aujourd’hui. La croissance de cette source d’énergie passera par le développement du biogaz et du bois énergie (plaquettes, granulés…), ce qui concerne l’agriculture en premier lieu en Poitou-Charentes. Données 2011 Parc régional Bois bûche 231 500 unités Bois autres 1 696 chaudières Production GWh % 2 909 59% 732 15% UVE (incinérateurs) 3 unités 67 1% Biogaz thermique 5 sites 35 1% Solaire thermique 51 960 m² 23 0% 19 sites 9 0% Total thermique 3 775 76% Géothermie Total énergies renouvelables 4 966 100% En MW Photovoltaïque et biogaz en pleine expansion Avec 459 MW de puissance raccordée, la production d’électricité renouvelable a bondi de +70% en 2011, et est 12 fois plus importante qu’en 2006. Les agriculteurs sont bien placés pour s’inscrire dans la forte croissance du photovoltaïque et du biogaz électrique : ils sont d’ailleurs devenus les premiers porteurs des futurs projets. Le développement de l’éolien représente une opportunité financière pour les propriétaires fonciers. Le développement de l’énergie photovoltaïque dans les exploitations agricoles Plus de la moitié de l’énergie photovoltaïque est produite par les agriculteurs La puissance installée continue progression (plus de 30% en 2012 par rapport à 2011, malgré le moratoire). Mais cette progression est plus faible chez les particuliers. Environ 10% des branchements photovoltaïques sont le fait d’agriculteurs, soit un peu plus de 1.000 sites (6% des exploitations professionnelles recensées en 2010 en Poitou-Charentes). Ces exploitations agricoles fournissent plus de la moitié de l’électricité photovoltaïque. Les points de vigilance Les tarifs de rachats et les clauses des contrats (maintenance, remplacement onduleurs…) sont déterminants pour la rentabilité du projet, tout comme la qualité et la provenance des cellules. Les capitaux à engager sont énormes : ils représentent environ trois fois le prix d’un bâtiment d’élevage neuf tout équipé ; 600 €/m² contre environ 200 €/m². Cela soulève le problème de la valeur de transmission et le financement des projets par rapport aux capitaux engagés dans la production agricole proprement dite. Du point de vue des collectivités, une attention particulière est portée à la consommation d’espaces (centrales au sol), notamment dans les zones périurbaines ou naturelles. Les investissements dans le photovoltaïque ne doivent pas pénaliser les investissements courants d’entretien et de développement des réseaux en place. La méthanisation est un véritable gisement pour l’agriculture Un potentiel important … La vingtaine d’installations de méthanisation en cours de réalisation porterait à plus de 15 MW la puissance électrique installée en région, contre 7 MW actuellement. Les potentiels pour la méthanisation sont importants en Nord Deux-Sèvres (élevages et IAA), et entre Confolens et Montmorillon (cheptels importants). Néanmoins, des gisements existent dans de nombreux cantons, ce qui permet de diffuser des projets sur presque tout le territoire régional. … Disponible essentiellement dans les exploitations agricoles Les exploitations agricoles sont susceptibles de fournir plus de 90% du tonnage des matières méthanisables et du potentiel énergétique de biogaz en Poitou-Charentes. La méthanisation, si elle est mise en œuvre par les agriculteurs, fournira une ressource économique non négligeable, avec des retours sur investissements de l’ordre d’une dizaine d’années : son développement sera un des facteurs du maintien des élevages, particulièrement dans la zone centrale de la région. Poitou-Charentes 2010 Tonnages de matières Potentiel énergétique tonnes % tep % Déjections animales 2 800 000 86% 85 000 64% Fumiers 2 000 000 62% 68 500 51% Lisiers 760 000 23% 15 000 11% Fientes 40 000 1% 1 500 1% Résidus de cultures 200 000 6% 35 000 26% Menue paille 180 000 6% 30 000 22% Issues de céréales 20 000 1% 5 000 4% Sous-produits des IAA 220 000 7% 12 500 9% Produits carnés 70 000 2% 10 000 7% 150 000 5% 2 500 2% 20 000 1% 1 200 1% 3 240 000 100% 133 700 100% Lactosérum Déchers ménagers triés TOTAL Position des collectivités locales sur la méthanisation Les collectivités y voient un intérêt pour le territoire : production d’énergie en circuits courts, gestion territoriale de la fertilité et des résidus organiques, création d’emplois (construction, entretien …). Elles envisagent des leviers d’action pour faciliter le développement de la méthanisation : aides foncières (portage, aménagement…) ; participation aux investissements (prises de participation, SEM …) ; travaux d’infrastructures (construction et entretien des chemins ruraux pour des gabarits supérieurs à 20 tonnes) ; participation à l’approvisionnement (déchets organiques) et à la valorisation énergétique (chauffage de bâtiments publics, épandages…) ; adaptation des documents d’urbanisme (Schémas de cohérence territoriaux, plans locaux d’urbanisme…) pour faciliter la circulation des engins agricoles et optimiser les zones d’épandage. Les points de vigilance L’implantation du site est primordiale pour optimiser la circulation des engins de transport et d’épandage (nuisances sonores, poussières et salissures, dégradation des voiries et chemins, bilan carbone). Selon les périodes d’épandage et les besoins agronomiques, une analyse fine des capacités de tockage s’impose, et la qualité du digestat est à établir en cohérence avec le matériel d’épandage de l’exploitation. La valorisation de la chaleur est la principale variable de rentabilité du projet. Le développement de partenariat est indispensable : il s’agit d’une démarche collective de projet à engager avec une multitude d’acteurs (temps passé, négociations, formation …). Des avantages environnementaux indéniables Une gestion de proximité des déchets et sous-produits, principalement de l’agriculture et des industries agro-alimentaires, associée à une valorisation agronomique du digestat se substituant à l’utilisation d’engrais minéraux ; la résorption d’excédents d’effluents d’élevage sur certains territoires, d’où une réduction des risques de pollution associés ; la production décentralisée d’énergie renouvelable, favorisant l’autonomie énergétique des territoires et limitant la dépendance de la France vis-à-vis des énergies fossiles ; la réduction de la production de gaz à effet de serre ; l’amélioration de la gestion de l’azote d’un point de vue agronomique ; l’optimisation du rendement global de production d’électricité renouvelable (à puissance installée égale, le biogaz produit environ 7 fois plus d’électricité que le photovoltaïque, par exemple). Cas de l’injection de biométhane Le coût de ces installations est important : plus de 8 000 € / kW installé + 10% de coûts d’entretien. Le retour sur investissements est de l’ordre de 10 à 12 ans. Le temps de travail est important et exigeant : c’est une astreinte quasi quotidienne, qui peut repésenter plus d’une heure par jour (surveillance, transports et épandages). Les infrastructures de réseaux routiers et de fluides (gaz) doivent se situer à proximité immédiate, c'est-à-dire dans les zones économiques plutôt que les terres agricoles, ce qui soulève le problème de la charge foncière en zone viabilisée (X 100 par rapport au prix des terres agricoles). L’implication des Chambres d’agriculture Les Chambres consulaires sont légitimes pour représenter des professions spécifiques : les Chambres d’agriculture doivent donc défendre les intérêts agricoles dans le développement des énergies renouvelables, mais aussi accompagner leur essor. Les interventions des Chambres d’agriculture peuvent s’envisager sur plusieurs axes : 1) Veille informative et conseils généraux aux différents publics (agriculteurs, opérateurs, étudiants…), formation, animation de groupes, montage des partenariats … 2) Assistance à maîtrise d’ouvrage : phases conception, organisation des transferts de matières organiques (sources, approvisionnements, épandages), études économiques, animation partenariat, montages financiers (subventions, emprunts…) ; 3) Gestion de l’exploitation à long terme : transferts de fertilité, optimisation agronomique, économies d’énergie… Chambre régionale d’agriculture Poitou-Charentes – Décembre 2012 http://www.poitou-charentes.chambagri.fr/ Union européenne