LA REVUE DE PRESSE LA MALADIE DE LA MORT - ZEF

Transcription

LA REVUE DE PRESSE LA MALADIE DE LA MORT - ZEF
LA MALADIE DE LA MORT
LA REVUE DE PRESSE
REVUE DE PRESSE / lA MALADIE DE LA MORT
DU 24 Avril 2014, par Marie.
Du 8 Mars 2014, par Bribes N Trib.
(...) Plus qu’un spectacle, c’est un magnifique
voyage, en dehors de tout temps, dans l’univers
durassien, que
nous propose le collectif Or Normes (...).
(…) une oeuvre magnifique par sa beauté, sa mise
en scène, en sons et en images.(…)Plongée dans
l’obscurité du bleu nuit, je fus – dès les
premières paroles – transportée(…)
Du 24 avril 2014, par Ricardo Abdahllah
Du 6 mars 2014, par Simone Alexandre
(…) Cette sensation d’une temporalité cassée,
et ces personnages qui nous parlent comme
dans une rêverie au point de nous faire
douter de son existence nous emballent dans
un questionnement très poétique construite à
partir de la sexualité et de l’amour même. (…)
(…) Il fallait beaucoup d’habillage pour encadrer
cette nudité indiscrète et force est de reconnaître
que l’entreprise est réussie. Tous les arts de la
scène sont ici utilisés : lumières, sons, vidéo,
chorégraphie et pour conclure, j’ajouterai que
la profondeur de certain silence constitue un
sublime hommage à ce qui l’a précédé.
Maintenant,
que vous soyez ou non, fan de
Marguerite Duras, auteur autant adulé que détesté,
je ne puis que vous inciter à aller assister à
cette aventure scénique qui ne saurait laisser
quiconque indifférent (…)
Du 24 mars 2014, par Isabelle Bournat
(…)Chorégraphie et musique participent à la grande
délicatesse de ce spectacle, où tous les éléments
s’imbriquent au texte avec une rare et sensuelle
esthétique.(…)
(…)La performance de ce spectacle tient à une
grande intensité qui se tient sur une zone fine,
une puissante sensualité en équilibre subtil sur
une bande étroite. Et tout se tient là, menu et
fascinant, désespérant et haletant. Le texte est
rehaussé dans une clarté envoûtante qui restitue
l’univers de Duras à la lettre(…)
Du 10 Mars 2014, par Nicoles Bourbon
(…)Le collectif "Or normes" nous donne ici à voir
un spectacle d’une fulgurante beauté, transcendant
cet étonnant huis-clos, danse claustrophobe entre
des personnages en quête d’authenticité, de
communication humaine impossible, jeux de pouvoir
aussi entre deux êtres qui ne font presque rien,
au rythme lent et régulier de la mer.(…)
Du 9 Mars 2014, par Ariane Charton
(…) Christelle Derré, qui a mis en scène l’œuvre,
a choisi de mêler au texte, la danse, la musique
et la création vidéo. L’ensemble pour un spectacle
d’une heure peut sembler beaucoup. Or, tout
fonctionne avec fluidité et sans lourdeur. On reste
en permanence dans cette impression de poésie à la
fois irréelle mais aussi en prise avec la chair et
le poids du désir.(…)
Du 6 mars 2014, par Thomas Ngohong
(…)cette
mouture
frénético-résignée
de
La
Maladie de la mort a su déjouer les difficultés
d’adaptation d’un texte peu évident à mettre
en scène. Christelle Derré s’empare de cette
course désespérée de l’amour avec modernité
et innovations technologiques. Cette pièce du
manque d’aimer et de l’incompréhension de la «
nuit noire », pléonasme de l’orgasme féminin,
se révèle brillamment interprétée par un duo
complémentaire oscillant entre logorrhée et danse
extatique. N’hésitez pas à vous rendre au Théâtre
de Belleville pour contempler cette réflexion
poignante sur l’incommunicabilité entre un homme
et une femme.(…)
Du 22 janvier 2014, par Sandrine Gaillard
(…)Comment ne pas superposer "le Déjeuner sur
l’herbe" d’Edouard Manet où une grisette nous
regarde au milieu de ces hommes habillés. Comment
ne pas penser à Aphrodite sortie des eaux de
Botticelli quand elle le rejoint dans la chambre,
trempée. Ou encore à la Liberté guidant le peuple
de Delacroix, le sein dénudé. L’érotisme du texte
ne vire jamais à la vulgarité: la nudité de la
femme renvoie à celle des modèles des peintres.
(…)
Du 21 Janvier 2014, par Edith Rappoport
(…)Elle se dénude lentement, totalement à plusieurs
reprises, puis se rhabille avec une grâce et une
sensualité étonnantes pendant de longues nuits.
Elle se rendort toujours au terme de relations
érotiques. Les projections sur les transparents
troublent ses contorsions amoureuses, toujours
étrangement pudiques.(…)
SOMMAIRE
Du 24 Avril 2014, par Marie
La Revue bancal
Page 4
Du 24 avril 2014, par Ricardo Abdahllah
www.lacoulisse.com
Page 5
Du 24 mars 2014, par Isabelle Bournat
artistikrezo.com
Page 6
Du 10 Mars 2014, par Nicoles Bourbon
regarts.org
Page 7
Du 9 Mars 2014, par Ariane Charton
Les Âmes Sensibles
Page 8
Du 8 Mars 2014, par Bribes N Trib.
Bribes N Trib
Page 9
Du 6 mars 2014, par Simone Alexandre
http://www.theatrauteurs.com
Page 10
Du 6 mars 2014, par Thomas Ngohong
http://hierautheatre.wordpress.com
Page 11
Du 22 janvier 2014, par Sandrine
Gaillard
http://www.froggydelight.com
Page 12
Du 21 Janvier 2014, par Edith Rappoport
http://journaldebordduneaccro.wordpress.com/
Page 13
Du 21 Avril 2014, par Marie.
Adaptation du roman Lama
l
a
d
i
ed
el
amo
r
tau théâtre de Belleville.
En cette année, centenaire de la naissance de Marguerite Duras, les mises en scènes de ses
écrits feurissent dans les théâtres. Parmi elles, se distingue celle du collectif Or Normes qui
propose une magnifque interprétation de Lama
l
a
di
edel
amo
r
tet une performance électrothéâtrale qui sublime l’œuvre de Duras.
Ce qui fait tout l’intérêt et la force de ce spectacle, outre la grande qualité du texte, c’est la mise en scène
pluridisciplinaire de Christelle Derré qui a fait le choix de mêler la danse, la musique, le théâtre et arts
numériques. Ce décloisonnement universalise et intemporalise sans jamais le dénaturer, le texte de
Duras. Et libère, de ce fait, la question de genre. Il n’est question ici ni d’homosexualité, ni
d’hétérosexualité mais d’un homme et d’une femme. Ca pourrez être vous, ça pourrait être moi, c’était
hier, c’est aujourd’hui, ça arrivera demain.
Tout en respectant les indications de mise en scène de l’auteure : « La maladie de la mort pourrait être
représentée au théâtre (…). Seule la femme dirait son rôle de mémoire. L’homme jamais. L’homme lirait,
soit arrêté, soit en marchant autour de la jeune femme. », le collectif Or Normes a réussi à mettre ses
multiples talents en résonance pour qu’émerge une rencontre entre le spectateur et l’univers Durassien.
Ça passe par la musique électronique de David Couturier qui épouse à la perfection l’atmosphère de la
pièce et vient nous toucher au plus intime. On se laisse alors emporter par le mouvement qui se met en
branle sur la scène. Celui, lent, de l’homme, qui tourne autour de la femme. Et celui vibrant, vivant,
sensuel et gracieux de la femme, incarnée par Lydie O’Krongley, qui tour à tour, dévoile un corps mis à
nu ou le cache derrière des panneaux transparents, dans un manteau de mer…
Il est ensuite facile de se laisser embarquer en écoutant Bertrand Farge qui, de sa puissante et belle voix
grave, déverse en nous, par vague, les mots de Duras, avant de s’éteindre sur ce constat : « Ainsi vous
avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant même qu’il
soit advenu.»
Plus qu’un spectacle, c’est un magnifique voyage, en dehors de tout temps, dans l’univers durassien, que
nous propose le collectif Or Normes.
Marie.
4
Du 4 Avril 2014, par Ricardo Abdahllah
Les hommes qui n’aiment pas (les femmes)
Qu’y a-t-il dans La maladie de la mort qui attire tellement les metteurs en scène vers ce texte si risqué, si plein d’ambiguïtés, si intraduisible et en
apparence impossible à visualiser sur les planches? Ce sont peut-être les portes qui ouvre le côté durasien de ce roman où un texte plus classique
obligerait à la fidélité?
Et c’est à ouvrir des portes ou plutôt à casser des murs, que s’attelle le collectif Or Normes, avec leur création (« adaptation » nous semble trop restreint
par rapport à leur exploit) très réussie qui vient d’obtenir un grand succès au Théâtre de Belleville.
Pourtant le défi pour ces jeunes artistes n’était pas des moindres. La liste de ceux qui ont entamé auparavant le challenge de mettre en scène La maladie
compte parmi d’autres Muriel Mayette-Holtz pour la Comédie Française, Sandrine Gironde avec Fanny Ardant seule sur scène, Christelle Derré en Avignon
en 2012 et Robert Wilson à deux reprises. Chacun a essayé de puiser plus profond dans l’idée de cette incapacité d’aimer, cette « maladie » dont une
jeune femme accuse sans pitié l’homme qui la paie pour venir nuit après nuit s’allonger toute nue à ses côtés.
L’action, dans un huis clos malgré quelques pas à l’extérieur , se déroule dans la chambre à côté d’une mer aussi tourmentée et impassible que le fil des
paroles des personnages. Duras la situe près de la Mer Noire, mais elle parlait plutôt d’une mer noire, celle qu’elle regardait depuis l’appartement 105 d’un
hôtel sur les pages de Trouville.
Si bien il serait un peu poussé d’affirmer que celui avec qui elle a partagé cette chambre, le journaliste Yann Andréa, de 40 ans son cadet, est le
protagoniste du roman, son rôle comme inspirateur est indéniable. Non seulement il existe une lettre écrite deux ans avant la parution dans laquelle elle lui
dit « Tout serait possible, tout si tu étais capable d’aimer », mais plusieurs passages du texte signalent que l’incapacité, la « maladie », est une sort de
métaphore de la homosexualité masculine. En effet, Yann était homosexuel. Il était donc incapable « d’aimer » physiquement, c’est à dire d’aimer
« complètement » une femme.
Cette posture a attiré en son moment beaucoup de critiques vis-à-vis de l’écrivaine, mais il serait juste de dire que plutôt que condamner l’homosexualité
des hommes, Duras l’a soufferte, avant de plus au moins l’accepter vers la fin de sa vie. L’amour qu’elle a ressenti pour Yann, qu’elle a aussi nommé son
exécuteur littéraire, en semble être la preuve.
Mais si l’homosexualité masculine a été le point de départ de l’écriture de La Maladie il faut dire que la création du Collectif Or Normes part dans une
exploration poétique, profonde et sublime de l’incapacité d’aimer non comme une caractéristique liée à quelconque orientation sexuelle, mais comme une
espèce d’infirmité de notre temps, dont nous serons tous porteurs en quelque sorte.
Dépassant les conventions théâtrales et explorant dans le multimédia, ou plutôt dans le transmedia comme préfère le définir la metteuse en scène
Christelle Derré, le collectif nous joue en superposition plusieurs moyens d’expression. Il y a de la lecture dramatique, menée avec une précision
impeccable par Bertrand Farge qui incarne un lui, qui, tout en restant souvent en bord de scène et bien habillé, se dévoile devant nous et nous livre ses
peurs et ses tourments avec une conviction effrayante. En contraste, Lydie O’Krongley est une elle qui, même si elle dénude son corps au début du
spectacle, reste mystérieuse et comme protégée par les mouvements que pour elle a conçus la chorégraphe Odile Azagury. Son et vidéo étant créés sur
place, en live, les comédiens semblent se fondre puis réapparaitre dans l’expérience musicale de David Couturier, une techno douce et souffrante, et le
travail de vidéo et de lumières de Martin Rossi..
Toutes les performances s’accordent à la perfection, mais en même temps, elles démultiplient l’expérience. Cette sensation d’une temporalité cassée, et
ces personnages qui nous parlent comme dans une rêverie au point de nous faire douter de son existence nous emballent dans un questionnement très
poétique construite à partir de la sexualité et de l’amour même. Les vidéos faites pendant
chaque présentation sont rejouées sur internet et les personnages reproduisent leur conversation sur un mur Facebook, étendant le spectacle sur encore
un autre support et le continuant au-delà de la tombée du rideau.
Mais nous utilisons ici l’expression de façon complétement métaphorique vu que dans cette re-création de La Maladie il n’y pas de rideau. D’ailleurs vers la
fin du spectacle, O’Krongley s’est déjà refait une robe AVEC le plateau, dans une des séquences de beauté pure qu’abondent tout au long du spectacle.
5
La maladie de la mort, envoûtement durassien - Théâtre de Belleville
Cho régraphie et musique participent à la grande délicatesse de ce spectacle, où
tous les éléments s’imb riquent au texte avec une ra re et sensuelle esthétique.
Christelle Derré est une jeune metteur en scène dont le Collectif Or Normes affirme une démarche théâtrale
intégrant les nouvelles technologies. Créé et très bien reçu à Avignon en 2012, La maladie de la mort est un
spectacle multimédia qui trouve un bel écrin au Théâtre de Belleville, avant de poursuivre sans aucun doute
son chemin en d’autres scènes. Le texte dense de Marguerite Duras met en scène un homme et une femme
dans une chambre d’hôtel. Lui, en quête du sentiment amoureux, impose une relation sexuelle tarifée à une
femme pour plusieurs nuits. Elle accepte et se livre sans mesures. Ils répètent au fil des jours leur
cérémonial érotique dans une chambre d’hôtel au bord de mer. Christelle Derré a installé la chambre sur
une estrade surélevée et vide où la femme nue évolue, danse, se donne et se montre sans mesures, tout en
interrogeant parfois son amant de passage dont elle a accepté le pacte. Lui, tel que Marguerite Duras l’a
voulu, lit son texte. Il déambule avec régularité, il marche avec entêtement autour de l’espace des corps. De
temps à autre, il en franchit la limite et se mêle à la femme, mais sa temporalité demeure décalée, toute
entière dans sa lecture en mouvements où le « Je » est au cœur de sa trame narrative. Autour des deux
protagonistes de la pièce, la metteur en scène a choisi de faire apparaître deux hommes qui gèrent sous nos
yeux l’univers sonore et visuel de la pièce. Ils sont donc eux-mêmes simultanément acteurs et spectateurs,
incluant ainsi la dimension de voyeurisme dont ils nous déchargent en partie sans la gommer.
Su r un fl
La performance de ce spectacle tient à une grande intensité qui se tient sur une zone fine, une puissante
sensualité en équilibre subtil sur une bande étroite. Et tout se tient là, menu et fascinant, désespérant et
haletant. Le texte est rehaussé dans une clarté envoûtante qui restitue l’univers de Duras à la lettre. Le
corps de la femme nue, juste parfois recouverte de sa robe blanche, est offert dans une chorégraphie
magnétique d’Odile Azagury. Comme un archétype féminin, une Aphrodite au milieu du bruit des vagues, la
comédienne Lydie O’Krongley réussit une performance dans l’érotisme retenu et la sensualité pudique. A
travers chacun de ses pas, chacun de ses gestes et chacune de ses figures corporelles enchainées, elle
garde une maîtrise du détail, une lenteur méticuleuse qui permet de ne jamais quitter cette part étrange et
infinie, ce lieu du corps qui échappe toujours en se donnant sans fin, cette extase charnelle qui ouvre à
l’insaisissable sans jamais trouver son terme. Autour d’elle, sobre et vêtu de noir, l’homme est interprété par
le comédien Bertrand Farge. Il tient le livre, il marche, il parle. Et à l’inverse de la femme en offrande
charnelle, il se donne par les mots et la voix. On ne verra rien de sa peau ni de son corps, juste son visage.
Cette opposition harmonieuse où achoppe et s’étire le désir devient quasi-vertigineuse. Il n’y a pourtant sur
le plateau aucune passion bruyante aucun cri ni déplacement furieux ni exhibition, pas une once
d’indécence, bien au contraire. Suavement, de bout en bout, La maladie de la mort emporte le spectateur
dans un monde visuel, pictural et sonore hypnotisant. Cette esthétique nous transporte dans des limites où
s’ébattent mortellement et avec raffinement Eros et Thanatos, magnifiés par ces comédiens et leur metteur
en scène.
Isabelle Bou rnat
6
Du 10 Mars 2014, par Nicole bourbon
Rarement un texte de Marguerite Duras aura été si bien mis en valeur dans
un spectacle.
Bercés par la petite musique durassienne, rendue à la perfection par la lecture
qu'en fait Bertrand Farge, le rythme si particulier de l'écrivain, ses redites,
ses phrases courtes, le ton neutre et dépouillé de son écriture si abstraite,
auxquels correspondent parfaitement les mouvements et déplacements lents
des comédiens, nous suivons, subjugués, cette histoire d'un homme qui n'aime
pas les femmes, et qui en paie une pour s'allonger nue la nuit, soumise
à ses désirs. Son incapacité d'aimer c'est cela la maladie de la Mort.
Le collectif "Or normes" nous donne ici à voir un spectacle d'une fulgurante beauté,
transcendant cet étonnant huis-clos, danse claustrophobe entre des personnages en
quête d'authenticité, de communication humaine impossible, jeux de pouvoir aussi
entre deux êtres qui ne font presque rien, au rythme lent et régulier de la mer.
Les musiques électroniques envoutantes, la scénographie superbe et la beauté de
Lydie O'Krongley tout nous enchante et nous émeut et nous regardons ces deux êtres
se côtoyer, tenter de se rejoindre, se séparer encore, sans voyeurisme aucun.
Ils sont « seuls l'un avec l'autre », dans des scènes d'un esthétisme
époustouflant, lente danse de la jeune femme nue ou drapée dans une bâche,
projections vidéos surprenantes.
Un matin, la jeune femme a disparu, nous laissant avec cette conclusion d'un
pessimisme terrible :
« L'amour, vous avez pu [le] vivre de la seule façon qui puisse se faire pour
vous, en le perdant avant qu'il ne soit advenu ».
7
Du 9 Mars 2014, par Ariane Charton, Les Âmes Sensibles.
Un homme et une femme
La Maladie de la Mort de Marguerite Duras n’est pas un texte pour le théâtre. C’est une sorte de monologue fiévreux d’un homme qui
paye une femme pour passer des nuits avec elle dans une chambre d’hôtel située au bord de la mer. Il veut essayer ce qu’il n’est
jamais parvenu à faire : aimer une femme. Aimer un corps de femme. Un monologue fiévreux, poétique, sensuel. Les quelques paroles
de la femme ne forment pas un dialogue tant elles semblent presque venir de l’esprit de l’homme, comme on peut entretenir un
dialogue avec soi-même, contre soi-même, entre ce qu’on est et ce qu’on voudrait être.
L’œuvre a été écrite en 1982. Duras était malade, malade dans son corps, malade dans son cœur aussi face à son compagnon Yann
Andréa, beaucoup plus jeune et attiré par les hommes. Je ne connaissais pas le contexte d’écriture quand j’ai vu LaMa
l
a
d
i
ed
el
aMo
r
t
mise en scène ici par Christelle Derré et représentée au théâtre de Belleville. Je ne connaissais même pas le texte, ayant fort peu lu
Marguerite Duras. Pendant la représentation, j’ai parfois pensé à LaV
o
i
xh
u
ma
i
nede Cocteau. Dans les deux cas, ce sont des textes de
souffrance, d’être malades de la vie, donc de la mort aussi. La vie abandonne cette femme quittée chez Cocteau. La vie abandonne cet
homme anonyme qui erre dans une chambre d’hôtel avec le corps d’une femme qu’il veut soumettre et qui lui échappe, dont le désir lui
échappe et qu’il ne peut combler. L’homme au bout du fil ou cette femme qui dort dans le lit sont l’autre inaccessible, inaccessible faute
d’amour.
Le texte de Duras aurait pu être écrit par un homme, de même celui de Cocteau par une femme. J’ai été frappée de la façon masculine
dont Duras peut parler du corps, de plaisir, du désir féminin perçus par un homme, ou plutôt entr’aperçus. Les hommes savent parler du
corps féminin mais ils le chantent par le filtre de leur propre désir, sans savoir au fond ce que cache cette enveloppe charnelle dont ils
rêvent. Heureusement d’ailleurs. Ce tâtonnement, ces interrogations au lieu de signer l’échec d’une complicité la renforce et alimente
l’espèce de magie sans cesse renouveler que représente la relation amoureuse. Le texte de Duras complexe et riche montre aussi bien
l’envers que l’endroit de cette relation. Soit elle est vouée à l’échec, par incapacité à aimer et par là la condamnation à une solitude
définitive qui a le goût de mort. Soit, la relation joue le jeu de ces mystères du désir et du plaisir que la femme met sous les yeux de
l’homme aveugle.
LaMa
l
a
d
i
ed
el
aMo
r
test un texte riche qui n’est pas toujours simple de suivre d’un bout à l’autre quand on est un spectateur néophyte
comme moi. Mais qu’importe, on est porté par la poésie sensuelle des mots et notre esprit est touché par des bribes de phrase, celles
que chacun de nous a envie de retenir ou qui touchent.
Comme l’indique une note de Marguerite Duras, elle imaginait que son texte pouvait être représenté sur scène. Christelle Derré, qui a
mis en scène l’œuvre, a choisi de mêler au texte, la danse, la musique et la création vidéo. L’ensemble pour un spectacle d’une heure
peut sembler beaucoup. Or, tout fonctionne avec fluidité et sans lourdeur. On reste en permanence dans cette impression de poésie à
la fois irréelle mais aussi en prise avec la chair et le poids du désir.
La femme, incarnée par Lydie O’Krongley, se meut, danse, vit avec grâce, une sorte d’évanescence mêlée à une profonde présence
corporelle. D’abord vêtue d’une robe blanche, pure, presque fantomatique, puis nue et vers la fin se faisant une robe avec une longue
traîne d’une toile sombre. Lydie O’Krongley offre une chorégraphie sensuelle, esthétique mais aussi tragique puisque cette beauté
féminine, ces désirs, ces plaisirs féminins se perdent pour l’homme, qui, comme elle dit, est atteint de la « maladie de la mort ».
Bertrand Farge tourne autour d’elle, autour de ce large socle blanc, à la fois la chambre, le lit mais aussi ce pays inatteignable : l’amour.
Bertrand Farge lit le texte suivant les notes de Duras : « Seule la femme dirait son rôle de mémoire. L’homme, jamais. L’homme lirait,
soit arrêté, soit en marchand autour de la jeune femme. » Il lit en lui, ne peut sortir de lui-même, de son sexe. Bertrand Farge met dans
ce jeu/lecture contemporaine l’intensité qu’il avait mise lorsqu’il avait joué une adaptation de LaCo
nf
e
s
s
i
o
nd
’
u
ne
n
f
a
n
td
us
i
è
c
l
edont j’avais
parlé ici. LaCo
nf
e
s
s
i
o
n, un autre monologue finalement. Le monologue d’un homme qui ne croit pas à l’amour tout en le désirant,
incapable d’aimer une femme particulière pour ce qu’elle est.
La création vidéo, avec des images projetées, évoque le corps de la femme, ses circonvolutions, ses courbes mais aussi, je crois,
celles du destin, de nos vies qui ne sont faites que de courbes qu’il nous faut suivre pour se sentir exister. Ce beau spectacle nous y
invite.
8
!"# "!$%&'$'"#()* "&+
,%%-+
."&&$/''0
.
,&"!
%!
1"'$
'!
"
(%1&$+
-$!/&"#
.!!2
//!!3+
.
4"$$2
(&
5
-&6+
%"(2
+
(/&27"+
"$
%"&$!8&!!%" "9! :;:&$%3%%;
<!";+
"/!2
%"$%"!
"
LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
"
(/+
3""&
9
Du 6 mars 2014, par Simone Alexandre
La maladie de la mort de Marguerite Duras
Spectacle axé prioritairement sur l'esthétisme censé pallier l'absence de sentiments dont dame
Duras fait ici preuve, l'amour sans l'amour ayant besoin de quelques artifices …
En cette époque qui prône la théorie du genre, entendre des mots d'homme prononcés par un
homme mais écrits par une femme, ne dispense pas ceux qui les écoutent de se poser des
questions …
Pour nous ramener à la réalité nous bénéficions de la belle voix mâle de Bertrand Farge, de sa
diction parfaite et de son indéniable présence. Il sera tout à la fois celui qui lit le texte et le
personnage masculin de ce couple d'occasion.
Lydie O'Krongley est la femme qui s'offre à cette expérimentation charnelle.
Nudité et gestuelle subliment le texte qui ressemble à un compte rendu de biologiste faisant part
de ses constatations.
Cette expérience nombriliste dont Duras nous fait part ici, intrigue le spectateur tout en le
maintenant à distance, car l'esprit analytique a par essence la froideur du scalpel.
La femme sera donc ce beau papillon épinglé par celui qui se refuse à tout sentiment sans pour
autant s'interdire des larmes anachroniques.
Il fallait beaucoup d'habillage pour encadrer cette nudité indiscrète et force est de reconnaître que
l'entreprise est réussie. Tous les arts de la scène sont ici utilisés : lumières, sons, vidéo,
chorégraphie et pour conclure, j'ajouterai que la profondeur de certain silence constitue un sublime
hommage à ce qui l'a précédé.
Maintenant, que vous soyez ou non, fan de Marguerite Duras, auteur autant adulé que détesté, je
ne puis que vous inciter à aller assister à cette aventure scénique qui ne saurait laisser quiconque
indifférent.
Simone Alexandre
www.theatrauteurs.com
10
LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
!" #
$$#
#$
!LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
%
%$
##
#
$
!"
# #
&
$
!'%
#
#
$
%#
!(
$
$)*+
!
LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
,
%
$
$
#
!-
#$
#
$!-$$
$
$$
$%.
!
$
#
$$
# #
!-#
#
$#%%/
$!
.
$
#
%
#
!$,
$
#
#
%
!"$
#
,##
#
!
#
$
%$
0!"#$$
#$ !#
#
!
"
$%$
,12
12#!
1$
/
!"#
!"#
0
$2!+3
%
!"
%
#0,
#!"
$
,
#
#
$!4#
!.
&
5"
6#7$
$!
$$
!-
% !"
8#$ #0
$#
$
!"$$
$$
!"$#$$
$
!
"
%
#
$
!"
!
$$%!
$
5"#$
#
$
!9$
#
!9$
#
*$$
!"
#!"
#
#
!
$
$
$
!
$
LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
$$
#
#
%!
##
!
#
#
1
2#$
!:#
(%)*+
$
#
$!;;;;
11
!"#$#
! "
#
"
"
$
!!
!
! !
"!
!"
"
%
""
&LaMa
l
a
d
i
ed
el
amo
r
t
& ! "
!"
"
!
!
&
%
!
"!!
"
"
'!
"
"
( ) &* # "!'"!
&
" !"
$(""
"
!
)"
"'
"
$
&("
&+
,
"$
-.
!"/ " (!
"
""
")
"
""
%
!
"!
!!
"
"!
!'"
%0!1""
!
"
"
"
!!("
!
*!" !
"
"#$#
!
"
""
"
" &'# 2
Co
mp
a
g
n
i
eOrNo
r
me
s
" (" ")
"
12
!"
!"#
!$
$
% &'
"
!(
)'*+
,-./)
0
!
1
(
"2++/3456
7
!
8%+)
)
'+
8
++(!9%('
%
-:9
;
+
+%+
)!'
'<
)
(,
'=
(
)-
'=
%
'%)
%
'
+(+
!
!
)-
%'
)
+'
+
>$?
6@AB%(
%C$A
'!
9%6+(
'
+D>EE'E4/.FGF4H
,-
GI43G
)
,'
13

Documents pareils