3000 écoliers chantent la Suisse
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3000 écoliers chantent la Suisse
LUNDI 9 MAI 2011 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL MUSIQUE [SP] Great Baseballs of Fire Le groupe allemand The Baseballs met le feu à des reprises de Katy Perry ou Rihanna à la sauce fifties. Mieux que les originaux. p. 16 LE MAG [PHOTOS CHRISTIAN GALLEY] = HELVÉTIQUEMENT VÔTRE Comme tous les autres écoliers du canton, les élèves du collège de la Promenade, à Neuchâtel, répètent avec assiduité... [CHRISTIAN GALLEY] CONCERTS SCOLAIRES Les élèves neuchâtelois sur scène dès ce soir et jusqu’au 19 mai. 3000 écoliers chantent la Suisse CATHERINE FAVRE «Là-haut sur l’alpe au blanc sommet, Aux jours anciens de notre histoire, Nos aïeux déjà l’acclamaient...» Malgré quelques rires dans les rangs, les 200 élèves du collège de la Promenade, à Neuchâtel, entonnent d’une voix convaincue les strophes pourtant pas évidentes de «L’hymne neuchâtelois». Comme 3000 autres enfants du canton, ils participent aux concerts scolaires qui débutent ce soir au temple du Bas à Neuchâtel, et se termineront le 19 mai à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds. T-shirts rouges et blancs de rigueur! Cette année, les écoliers chantent la Mère patrie. L’Helvétie de jadis aux alpages fleuris célébrée par «Le petit village», «Te voici, vigneron», «Dans ma chaumière», et la Suisse plus actuelle d’«Helvétiquement vôtre» (Michel Bühler), de «Switzerland Cuisine» (Marie Henchoz), sans oublier quelque «Gäng Rüef de Bruune» aux accents appenzellois et «L’inverno» gorgé des soleils du Tessin. «Vous êtes à l’alpage!» Vendredi, la répétition était un peu particulière pour les élèves de la Promenade qui chantaient sous la direction de Luc Aeschlimann, délégué à l’Education musicale. Le boss du projet «identité.ch» passait en revue les chants appris en classe depuis novembre: – C’est très bien, bravo, mais articulez mieux! Et je ne veux voir personne croiser les bras. Vous êtes à l’alpage, rayonnants...» Rigolade générale avant la reprise en chœur d’un claironnant «Amis, voyez au loin là-bas poindre un petit village...» Leçons de vocabulaire Les artistes en herbe ne sont pas les seuls fans de cet helvétique répertoire, les enseignants aussi semblent apprécier l’expérience. Patrick Koffel, du collège de la Promenade: «On n’a pas tous les jours l’occasion de chanter «L’hymne neuchâtelois»! C’est intéressant de redécouvrir ces chants et les enfants entrent très facilement dans un répertoire pourtant pas forcément accessible, avec des mots de vocabulaire parfois compliqués.» A l’heure du multiculturalisme, on peut certes s’interroger sur le sens à donner à cette Nathan, 8 ans: «Je les chante tout le temps, même sous ma douche, surtout ma préférée «L’inverno». C’est pas des vieilles chansons puisqu’on les chante.» Malou, 7 ans: «Je vais les apprendre à mes copines. Il y a juste «L’hymne neuchâtelois» que j’aime pas trop, ça se voit que c’est vieux à cause des paroles super dures.» Toa, 9 ans: «Quand on chante des chansons suisses on se sent un peu suisse même si on n’est pas né ici. C’est en écoutant les gens que j’ai appris le français; avec les chants en allemand, c’est pareil!» Laetitia, 9 ans: «Je ne trouve pas les paroles difficiles, sauf la chanson en suisse allemand. Mais c’est des mots rigolos, ça me donne envie d’apprendre l’allemand pour comprendre.» Zoé, 8 ans: «La plus belle c’est «L’inverno», mais elles sont toutes bien. J’aime chanter dans toutes les langues même si, en suisse allemand, je ne comprends rien.» Gabriel, 8 ans: «J’adore chanter «nous sommes les enfants heureux de la meilleure des patries» (Hymne neuchâtelois). Moi aussi, je suis heureux en Suisse.» manifestation de patriotisme. Luc Aeschlimann, à l’origine du projet: «Ce plongeon dans le patrimoine musical helvétique a d’autant plus de sens dans une société multiculturelle. C’est un peu de l’essence de l’identité suisse qu’on découvre ou redécouvre.» Avec les grands-parents Ce projet a aussi pour vocation de rassembler les générations. Luc Aeschlimann: «Même si les parents ne savent pas forcément ces chants, les grands-parents, eux, les ont appris dans leur jeunesse. Ils ont du plaisir à fredonner avec leurs petits-enfants, à leur expliquer des mots désuets, à parler de leur époque. Les concerts des écoliers en sont à leur 11e édition, je crois qu’il était temps de présenter un programme typiquement suisse.» £ «IDENTITÉ.CH» C’EST... ... 3000 ÉCOLIERS de tout le canton (écoles enfantines, primaires et secondaires). Entre 280 et 330 choristes par concert accompagnés par l’Orchestre symphonique Neuchâtel, avec des intermèdes de slam et de rap ... 10 CONCERTS du 9 au 14 mai au temple du Bas, Neuchâtel; du 16 au 19 mai à la Salle de musique, La Chaux-de-Fonds. Infos: www.esn-ne.ch ... RÉSERVATIONS Le Passage, 032 717 79 07; L’Heure bleue, 032 967 60 50 LA CHAUX-DE-FONDS Ulysse, poésie sonore, performances enfantines et le Nouvel Ensemble contemporain ont su captiver le public. Aux Amplitudes, la fin de la semaine a été homérique Vendredi soir, les organisateurs du festival Les Amplitudes nous conviaient à une création de Rebecca Saunders intitulée «Molly Bloom ou monologue à deux voix». La salle Ton sur Ton, transformée pour l’occasion en salon d’écoute équipée de transats, a été le lieu d’une étonnante expérience à la croisée de la musique et de la littérature. Le texte tiré d’«Ulysse» de James Joyce, lu simultanément en version originale par Sidney Robb et en français par Patrice de Montmollin, devint le support d’une longue improvisation exécutée par les trois instrumentistes Dragos Tara, Yannick Barman, Teodoro Anzelotti. Ouverture à l’imprévu, surprise des langues Ambiance zen pour le public de «Molly Bloom», vendredi. [RICHARD LEUENBERGER] entremêlées: le public, réceptif et curieux, se laissa guider par ces dialogues imaginaires. Le concert du NEC, samedi au Temple allemand, était consacré à la musique d’ensemble. Pla- cées sous le signe de la lumière, les quatre pièces du programme dévoilèrent les traces irisées ou les brusques éclats d’une matière sonore en mouvement. Dans «dichroïc seventeen», la large palette de résonances chromatiques s’articula autour d’une note unique, accentuant jusqu’à l’extrême les singularités timbriques de chaque instrument. Rebecca Saunders veut ainsi décrire dans ses œuvres l’innommable, une instance en deçà des notes ou des mots. Sa démarche passe d’abord par une esthétique nourrie par l’inquiétude, avant de conclure, ici, avec un chant harmonique joué au piano, dans les contrées paisibles d’une poésie sonore. £ FABRICE DUCLOS SOLFÈGE DU MONDE SONORE C’est dans le cadre du festival Les Amplitudes que Marie Schwab et Dragos Tara ont reconduit samedi à 11h, l’expérience «Iplay» créée il y a quelques semaines à Genève. Mené en collaboration avec le Conservatoire neuchâtelois, «Iplay» explore sans ambages l’univers des sons proposant ainsi aux spectateurs, un véritable moment interactif. Tout commence à l’ouverture des portes. D’entrée de jeu, l’ambiance de «Iplay» souffle un vent d’air frais. Littéralement envoûtées les nombreuses personnes venues assister au concert pédagogique, se pressent. Dans un premier temps, les élèves ont donné vie aux couloirs du Conservatoire. Proches du théâtre musical, les saynètes proposées par les élèves ont accroché le regard, hypnotisant l’espace d’un instant le public. Dans un deuxième temps, les élèves, rejoints par les musiciens du Nouvel Ensemble contemporain ont interprété «Argile», pièce composée par Dragos Tara. Construite autour de sons de la vie quotidienne, l’œuvre insère une troisième dimension dans la relation entre le public et les interprètes. Durant 20 minutes, on se sent véritablement acteur de ce qui se passe. Délivrés de la partition, les élèves ont développé des techniques allant bien au-delà du jeu traditionnel créant par moments, un nouveau solfège sonore.£ LUDOVIC HUGUELET