COMMUNIQUÉ DE PRESSE ChRIStIaN hIDaka « Desert stage »

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE ChRIStIaN hIDaka « Desert stage »
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Christian Hidaka
« Desert Stage »
Exposition du 14 mai au 4 septembre 2016
Vernissage le vendredi 13 mai 2016
Christian Hidaka, Trobairitz, 2015
Parcourue de réminiscences et d’énigmes, l’œuvre
de Christian Hidaka traverse avec une grâce singulière l’histoire de la peinture, pour en révéler une
lecture cérébrale et charnelle, à puissance égale.
Les recherches de l’artiste portent sur le langage
figuratif et la représentation du plan pictural :
elles tentent la synthèse de deux références,
d’un côté la peinture de la Renaissance, soumise
à l’influence de la géométrie euclidienne et à la
structure du cadre ; de l’autre, le développement
illimité de l’espace, et l’absence de point de fuite
que l’on retrouve dans les paysages calligraphiques chinois anciens, ou dans l’espace numérique.
Sa dernière série, présentée en partie à la galerie
Michel Rein en 2015 et enrichie pour l’exposition
au Grand Café, poursuit l’exploration des espaces
construits. À Saint-Nazaire, l’artiste expérimente
une nouvelle forme de langage spatial, et déploie
sa peinture en trois dimensions. Pour la grande
salle du rez-de-chaussée, il développe dans tout
l’espace les éléments d’une peinture récente, intitulée Trobairitz, véritable toile de fonds de l’exposition. La prolifération picturale se poursuit dans
la petite salle, où Christian Hidaka multiplie les
jeux perceptifs entre la toile et son prolongement
sur la surface du mur. Cette profusion contraste
avec la proposition faite à l’étage du centre d’art :
épuré, l’accrochage inventorie l’imagerie de l’artiste. Présentées dans un dispositif architectural spécifique, les toiles y sont disposées comme
des objets magiques, déclencheurs de visions.
Le terme Trobairitz désigne une femme troubadour, le mot provençal trobar signifiant à la
fois trouver et composer. Au centre de la toile
exposée à l’étage trône un personnage qui rap-
pelle les troubadours de la peinture italienne et
les Arlequins de Picasso, notamment celui créé
pour Parade en 1917. Pour Christian Hidaka, l’Arlequin personnifie le thème de la non-linéarité, et
celui-ci combine plusieurs enveloppes, plusieurs
registres de représentation. Ce corps est déjà
l’incarnation d’une relecture : un collage temporel
et stylistique.
La toile trouve son inspiration dans l’Art de mémoire (Ars memoriae), appelé aussi méthode
des loci ou méthode des lieux : pratiquée depuis
l’Antiquité, cette procédure mnémotechnique est
basée sur le souvenir de lieux déjà bien connus,
auxquels on associe par divers moyens les éléments que l’on souhaite mémoriser. Trobairitz
aurait une fonction similaire : assemblage d’espaces reliés comme des énigmes, la composition
se lit comme les différentes pièces d’une même
bâtisse mentale, hantée par l’histoire de l’art et
les origines de la peinture.
Trobairitz multiplie les références : Piero della
Francesca, Pablo Picasso et Henri Matisse, mais
aussi Juan Gris ou Fernand Léger. En utilisant la
projection oblique, Christian Hidaka isole certains fragments de leurs tableaux, les importent
et intègrent dans ses propres espaces imaginaires.
Autour de l’arlequin-troubadour, les éléments
symboliques gravitent en apesanteur, travaillés comme des corps sans épaisseur : un arbre
emprunté à Matisse, un buisson ardent pixellisé,
une geisha, un paon posé sur un volume géométrique et des personnages qui rappellent la Renaissance italienne. L’artiste dilate l’espace pictural, le structure par les pavements, les arcades,
les fragments d’architecture traités comme les
strates feuilletées d’un décor. L’œil est happé par
la répétition de certains motifs : la grille, le cercle,
comme une métaphore du cycle de vie, et enfin la
scansion des ombres au sol. C’est aussi le temps
que l’artiste déploie : une double horloge donne le
tempo en écho, tandis qu’au premier plan passe
une petite tortue, animal connu pour être en
Chine l’allégorie du monde.
comme on couperait un tableau au scalpel pour
l’ériger presque scientifiquement dans l’espace.
Au Grand Café, l’artiste active les points de vue
sur l’espace pictural, ménage les accès de l’autre
côté du miroir, vers un ailleurs peuplé de surfaces
en suspens, complétées d’échappées murales.
Dans cette peinture de seuils, proche à certains
égards des toiles métaphysiques de Giorgio De
Chirico, le public est invité à pénétrer.
En fond de scène, un arc-en-ciel reconstitue le
Tetrachromatikon. Inventé par les Grecs anciens
et consacré par les grands maîtres de la Renaissance, ce système chromatique utilise seulement quatre pigments de base : la terre rouge,
la terre jaune, le blanc et le noir. Picasso explora
cette technique de mélange de couleurs toute sa
vie, et la fit évoluer de manière très personnelle.
À la suite du maître espagnol, Christian Hidaka
revisite la dynamique tétrachrome et sa palette
douce et lumineuse, servie ici par un mélange
d’huile et de tempera.
Théâtre de l’imaginaire et de la mémoire, l’exposition s’apparente aussi à certains environnements numériques, paysages immersifs où tout
est aplatissement, légèreté, dématérialisation.
Christian Hidaka invite le public à déambuler
dans ce vaste display, comme s’il voulait briser
le quatrième mur à la manière de Brecht1, et resserrer les liens entre acte théâtral et perception
picturale.
Dans la version de Trobairitz qu’il déploie dans
l’espace, Christian Hidaka modifie un élément
clef de la toile originale : le personnage phare de
la composition, la Trobairitz, manque à l’appel. Le
titre de l’exposition, Desert Stage (Scène vide),
prend alors tout son sens. L’espace semble mis
en attente, comme en veille entre deux actes en
l’absence de son protagoniste principal. Grâce à
cette vacance, le visiteur a toute liberté de devenir acteur de la composition, de s’inventer en
prospecteur de fiction picturale.
Pour cette œuvre, Christian Hidaka s’est imprégné de théâtre. L’artiste est fasciné par certains
tableaux de la Renaissance — dont La Dormition
et L’Assomption de la Vierge, de Gerolamo da
Vicenza — qui représentent des manifestations
théâtrales en plein air avec une nouvelle approche de l’espace pictural. Il s’inspire également
des premières collaborations entre la peinture
moderne et la performance théâtrale, dont Dada
et les cubistes furent les grands acteurs.
L’exposition du Grand Café explore ainsi les possibilités d’un va-et-vient symbiotique: comment
l’événement théâtral informe la représentation
picturale et comment la représentation picturale
ré-informe l’événement théâtral ?
Cette conception de la peinture élargie à la notion d’espace scénique n’est pas le monopole de
Christian Hidaka : on pense aux mises en scènes
baroques de Jim Shaw, aux dispositifs théâtraux
d’Ulla von Brandenburg ou Karina Bisch, ainsi qu’aux tableaux vivants de Paulina Olowska.
Mais Christian Hidaka procède différemment,
Desert Stage sera aussi l’occasion pour l’artiste
d’offrir carte blanche à des comédiens, performers, musiciens ou danseurs qui mettront librement en perspective cet univers où coïncident
expérience et peinture.
Eva Prouteau
—
Notes
1- L’expression « briser le quatrième mur » fait référence
aux comédiens sur scène qui s’adressent directement
au public puis, au cinéma, quand des acteurs le font
au travers de la caméra. Cette rupture figure parmi
les principaux procédés de distanciation théorisés
par Brecht : l’adresse au spectateur, le jeu des acteurs
depuis le public, les changements à vue, etc. — des
procédés qui rompent le pacte tacite de croyance, et
produisent un fort effet d’étrangeté.
Commissaire de l’exposition
Sophie Legrandjacques, directrice du Grand Café
- Centre d’art contemporain de Saint-Nazaire
INFORMATIONS PRATIQUES
PROCHAINES EXPOSITIONs DU GRAND CAFÉ
JOURS ET HORAIRES D’OUVERTURE
- du 14 mai au 26 juin :
Ouvert du mardi au dimanche de 14:00 à 19:00
et les mercredis de 11:00 à 19:00
- du 28 juin au 4 septembre :
Ouvert du mardi au dimanche de 11:00 à 19:00
Entrée libre
AU GRAND CAFÉ
OLIVE MARTIN & PATRICK BERNIER
du 7 octobre au 31 décembre 2016
Le Grand Café
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Contact presse
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Depuis plus de 10 ans, Patrick Bernier et Olive
Martin tracent un chemin singulier dans la création contemporaine, où la coopération avec
l’autre est au centre de toute action et constitue à la fois une méthode de travail et un sujet.
Les artistes envisagent ainsi leur exposition au
Grand Café comme un temps de travail et de
rencontre, à la croisée de routes insolites reliant
Saint-Nazaire, Dakar et la Chine.
Ils bénéficieront en parallèle d’une exposition
dans le cadre du programme Satellite du Jeu de
Paume à la Maison d'Art Bernard Anthonioz de
Nogent-sur-Marne du 08 septembre au 05 novembre 2016.

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