Mercier, Louis-Sébastien (1740-1814). Timon d`Athènes, en 5 actes
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Mercier, Louis-Sébastien (1740-1814). Timon d`Athènes, en 5 actes
Mercier, Louis-Sébastien (1740-1814). Timon d'Athènes, en 5 actes, en prose, imitation de Shakespeare, par L.-S. Mercier,.... 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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PARIS. de THÉODORE rue du Bacq, L'an PROSE, GÉRARD N° j.|g. 3.<mc de la République. % P R JE JF A C E, situation trouvé «ans une affligeante a de la suite une tyrannie*, qui pesé sur d'esprit, par ses mandataires les îa France entière, en opprimant et les plus Jk'.èles. Réduit plus purs, les plus courageux, à wnô inaction forcée, j'eus recours à'mon auteur favori, dont je recommençai la lecture; ainsi j'éprouvai la vérité de ce qu'avait dit Ciccron , mie les belles Ici/tes nous au fort de nos adversité*, h K consolent puissamment m'oOrit une TIMON D'AÏ U EN US de Shahespiare XvX ÉTANT foule d'idées et de stntirncns analogues aux miens, et jo résolus fidèle à l'art que j'ai toujours chéri, défaite passer cette pièce sur la scène française. On sr.it com~ bien il est difficile d'assujettir Shakespeare à nos relies théâtrales , et sur-tout au goût sévère d'un'auditoire ce que j'ai taché de faire j parisien. C'est cependant traduction : j'ai composé je ne me suis servi d'aucune et dialogué à ma manière, d après le module que j'avais choisi. Si l'on trouve dans mon imitation quelques ressemblances avec le Dissipateur, c'est que Destau* çhes avait puisé dans le Poète anglais plusieurs intentions dramatiques, et comme la langue au&hisc ét.ic alors presqu'iucounuè aux ^cus de lettres, Utstouïhcs n'en avait rien dit. Timon hommes. d'Athènes était Ah! si quelqu'un surnommé avait.le le haïsseur droit «dlïcux des de les jj PRÉFACE, haïr, ce serait peut-être ceîni qui aurait vécu en France depuis 18 mois, au milieu de tant de scènes de démence et de fureurs, L'histoire en est si effroyable que si l'oji ne se hâte d'en rassembler les témoignages , on la prendra dans dans cens ans pour un roman calomnieux de la nature humaine* Baissons la tète d'avance, eu et d'humiliation devant les «races signe de repentir futures ! Des hommes de. sang [ t ] et de ténèbres au nom de la République une et indivisible, [ comme jadis Jes Théologiens au nom de la Sainte Trinité, ] Ont la sainte coléie d'un grand peuple, en métamorphosé ont corrompu fois , tout-à-la rentable canibalisme, les lois, la langue et la morale; ont cons1,1 politique, piré contre toute espèce de falens, ont proscrit jusqu'aux modération ; [ s ] ont transmots sagesse, humanité, formé enfui la sublime insnrection du 14. Juillet en s Sep» tembre , en 31 Mai : car ces journées là sont absolument les mêmes, Où trouver dans les annales du monde désastreuses p la légisdes époques plus lamentablement lation viciée p^r ces organes impurs, e<t devenue IVffn»» et l'horreur de l'curopc: et qu'ont opéré toutes ces loix [ 1 J Us «'étaient guerci plus de* trento dans l'origine. f t ] Qui fout pensé qu'on ferait «lu terme modéré une injure accréditée. Il n'est que trop vrai cependant que le sang «ppelie le t:ntg ; et que In politique qui OOUMÎIOà le répandre, *cia toujours une politique mspirCe par le crime et oiçléo par dos scélérats. PRÉFACE. draconiennes puissances les trônes iij et qui ennemie*? semblent avoir été dictées par le* eiies n'ont servi qu'à consolider* qu'à protéger la cau-e uc-s rois, qu'à voisins, reculer pour des sièeles peut-être \i hb.eré européenne, le nom Franc n';, si enfin la pinie qu'à déshonorer gaine de la Nation ne sc'fut .luVéc de signaler et tic* proscrite les assassins de la Patrie. [ i j Des holocaustes humains devant la statue de la liberté.' la République et le crime! Monstres, et que ne redressiez-Yous plutôt IMole de Molvcfi Qt c<!îe de IVmVeJîX 'fhcutathcsïLa disparate eut été moins épouvantable. de Mablyi rpvèï les ouvrages de Icuélon, de Condjrcst, do Rousseau de Voltaire, D'hclvctius, et de tant d'autres puhlicistc» humain?, a t'oti pu prêtée l'oreille à la doctrine d'un Robespierre [ Q ] qui voulut Comment faire de sa politique une religion , et ériger en dogmes ses conceptions barbares ; environné de ses jaunis* i! ne sut qu'émettre siires Jacobins, des équivoques f i j Ils parlaient ouvertement do la distraction do !.*i moitié des linoitans do la Franco, pourrit quo l'autre fut l;!<-t\'. C t 3 Ce tyran sombre»»'|ait d'ailleurs l'ignorance per^int'àéc» L'ignorance produit la cruauli', et îa annal.» r.-ptwîrit î'i-,!;? >;!c\ Les esprit* IJOHI'Ssont toujours pris «le tomber dan? le*f?:?iv;n"S, il n'est presque point de sec-!'rat* qui n'ait do s^i nu* i ï *et supérieure. Tel «tait le Même dictateur , qui , pair j^stî.ic-i.* PRÉFACE, îv rêvo~ liberté, égalité, c'était là tout votre lution ; Jongleurs ensanglantés! secret, et c'est ainsi que vous avez commandé et exécuté à la fois tant de massacres inutiles, même aux progrès éternelles sur les mots peuple, de vos absurdes Ouand systèmes. on a vu cette f ;ule de Hérons législateurs , [ et qui n'avaient cependant point de trottes à pcrdie ni à défendre. ] Cette phalange de bourreaux obéissans, ces horribles violations du droit naturel, civil et poli» tique, il faut bien aimer les hommes pour les aimer encore. Je me sens quelques fois soulagé du tourment de ma sensibilité, en pensant que le ciel nous doit un Tacite, qu'il nous l'accordera , sans doute, qu'il naîtra* qu'il est né peut-être, qu'il prend la plume, qu'il peinc'est un Jiujfon dra, mais que dis-je un Tacite,non, qui doit nous décrire les penchans de ces lèaijlatcurs qui portent néanmoins la figure humaine; leurs caractères n'appartiennent qu'à l'histoire naturelle. Les murs qui m'environnaient, les murs de ma prison l'énormité de ses crimes , imagina un jour d'en rendre respousalde l'Etre suprême. Voici quatre vers que l'on a composés sous son règne, Des cieax et de la terre, inclélrônable roî j Nous «s tu retiré la faveur pnlvrucHc ; L'homme n'aura-t-il pins que la rage pour loi ? Ne doit-il plus mourir de aa mort naturelle? GAAA, PRÉFACE, v ils m'ont caché, dérobé .«Vont du moins été favorables, le spectacle des plus grands forfait?, mêlés aux plus les villes détruites comme les hautes extravagances; à conet ce qui est non moins douloureux individus, templer, la stupeur universelle d'un grand peuple armé, et cependant percé de mille coups, à qui on avait dit; Courbez votre tète sous le joug de la terreur, il n'y a et qui hélas ! avait courbé silenplus de justice, cieusement la tête. On pense bien qu'affecté de telles idées, le comique de ma pièce aura du s'en ressentir. Combien il en coûte ! heureusement à la douce philantropie pour renoncer mais j'avoue qu'il y a que je n'y suis pas parvenu, de la faiblesse, de quelque danger a souffrir long-temps et que les des hommes, l'injustice et de la méchanceté misérable» qui n'ont aucune vertu, nous exposent au malheur réel de perdre enfin la nôtre. P B H S O N N A G E S, TIMON, ( Grarul Seigneur dÂtluV.es. ) LUCIDES, j \ Sénateurs,faux amis de Timon, LUCimME, SEMPHRONIUE , } AUTRES^FNATF.UBS. FI.AVII)JAS, Intendant de Timon, A MAKI LIA, Maîtresse de Timon. Ai-CIWADK, Gt'.dral Mîimn. ) ", T1MANPKA, > Courttsannes, PHRYNiA, ) AVÉMENTÉS , Philosophe Cini^ae, BRUTKMON , ) ' . > Esclaves des créanciers de Ttmoi KICOMKDOCLK , ) SPONPKAS , versificateur, PtCTOMANE, Peintre, J/.frRClPE, -J f r , . . -. EUPRHÊME, Créanciers de Timon, > ,,nr...-.« "NOMMAS , ( CfRClDlvS , J AcrRfs CRÉANCIERS. MYRPHON, \ Esclaves de Timon, PÉMOCEDE, ) Vs Vjrtff.ARD Athénien, PÉPUTÊSdu sénat d'Athènes. Un Enfant tous la fi^uro de Cnpidoa, Pc* N; ai plies. .VAI.TIPKS, maître de danse. Pis Musiciens. P« Soldai». ACTE PREMIER, Le Théâtre représente un vaste sallon magnifiquement ornés de guirlandes décorer Des lustres pendent nombre de sièges, très ridu plafond. Un grand d'une longue table qui occupe ches, placés autour derrière laquelle , s'élève un le fond du Théâtre, fauteuil couvert d'un Dais, La table est garnie d$ dont les Athéniens se ser~ tous /es meubles précieux Deux portes dans h voient dans leurs banquets. à l'appartement de fond de la scène communiquent Timon. Deux autres sur chaque côté , en indiquent la sortie. S C E NE PREMIERE. A p i ME NT è s seul. .( Ç< Cinique entre seul, vêtu d'une ttaffè grossière: Les reins ceints a*une large ceinture de cuir ,• la te té • couverte d'un bonnet de peitu d'Ours ; les jambes nues j les pieds dans des sandales ; un bâton noueux a la main. Il considère quelque tems, d'un air hagard, ta uugiufance du sation , et dit ensuite avec le ion d'un* humeur brutale. O \y que UEI.$ apprêt* somptueusement ridicules ! ..... de richesses corruptrices étalées avec une folle A a TIMOND' ATHÈNES, profusion ! ,.,. et pour qui P ils ne tarderont point à venir tous ces flatteurs iampai»s aux pieds de Km* idole : ces artistes qui prostituent letus talcns : ers négoliius qui vendraient leur âme avec leurs brillantes et futiles marchandises; ces magistrats qui, sous la robe cachent i'ame cupide du plus infâme ususénatoriale, de Timon , rier. Voilà pointant ceux que l'opulence accueille , dans son imbécile comme on crédulité, accueillerait des amis, s'il y en avait encore dans ce tandis qu'il avale leur fade encens comme siècle, .,,,. ces adroits escrocs empochent une liqueur spiritucuse, son or, et s'emparent // se légalement de ses biens,,, promène en silence. ., J'ai Go ans. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rij mais je lirai pour la première lois de ma vie, quand je verrai Timon, n'a.oir plus pour io^ement que le tonneau de Diogène ; pour nouret pour couche riture , que les racines de Pvthagore, en silence,,, que le fumier d'Irus., , // se promène Ca éallon n'est à mes yeux qu'une ménagerie , où un orgueilleux propriétaire entretient avec fa-te des renards des rusés, des singes grimaciers , des chats hypocrites, serpens tortueux qui l'enlacent et le pressent pour sueçer jusqu'à la dernière goûte de sa substance. ...» Mais n'emens-je pas ? ,,. Oui, vo;là la foule qui sVv:mce. s «lion , dans ce magnifique Ce torrent va déborder et dans leurs basses fl itterieseuconsi-r celui qu'ils feignent AUom Apémeiués : de regarder comme la Divinité. voici un de tes plus beaux jours ! jouis du seul plaisir dont ton âme soit susceptible , celui de montrer ne voit que les à nud des hommes dont Timon manques. Il va s'asseoir sur la marche d'une des portes. Il s'appuy$ , fur son bdton, après s'être enveloppé de son manteau* DRAME, SCENE 3 U, Pï C T O M A N E , SpOKOÉAS,APKMENTÈS, F. , S K M p H Q N j D E , et IUCULIM LUCIDES, d'auties personnages de différons états. Ils descendent les Marches des portes du sallon, se recon* naissent, s'asseyent ou se promènent et forment entre eux une pantomine au fond du Théâtre , tandis que^ Spondéas et Pictomane occupent le bord de la Scène; P i c T o M A N E un tableau sous le bras. Salut a Spondéas, Il n'y croire l'Homère de nos jours! A P É M E N T È S. croit pas j mais l'autre est assez vain pour y S P ONr>K AS à Pictomane. Salut à Pictomane , le modèle des peintres la vie aux héros. lui, qui redonne A P É M E N TES. La Grèce est bien que de ta façon. à plaindre, de Grèce, si elle n'a des tableaux SPONDÉAS. Courage Apémentès ! tu n'imites pas mal l'Ours qui, à l'entrée de sa tanière fait la grimace aux passaus. '^ APÉME NTÈ'S. Sans les fades panégyriques , tu n'aurais" A point 2, ici TIMON 4 D'ATHÈNES, Vous le d'auberge ni de place dans le char de Timon.... fuiriez s'il était pauvre, comme je vous fuirais si j'étais Timon. PICTOMANE. à Spondéas. Laissons le.... Quand votre Poème l'univers l'attend... jour? parait-il au grand SPONDÉAS. Quand Et votre on chérit tableau? . Vous la perfection... entendez; PICTOMANE. Il n'est pas fini. SPONDÉAS. Difficile à vous même; admirable. ce que j'en ai vu me paraît PICTOMANE. qui vise à l'immortalité Le peintre prenez. ... com- Vous SPONDÉAS. Oui, nous sommes peut-être les seuls qui travaillons réellement pour les races futures, en véritables amans de la postérité.... APÉMENTÊS, Oh I combien elle sera ingrate à part. cette - postérité... PICTOMANE, lt noui poursuit s'éloignant, ce cynique. . . . ;. DRAME. SPONDÉAS. Je ne m'arrête mon point aux petits détails.;., burin toujours audacieux se donne carrière sur la cire de mes tablettes...... Ma veine et intarissable , et ma verve qui, comme l'aigle prend l'essor, vole et s'élève sans laisser d'autres traces..... toujours PICTOMANE. Que le dépit des rivaux.... C'est l'encens du génie. SPONDÉAS. Ah ! Vous venez le respirez aussi à votre PlCTO Si tout le monde tour Con- M ANE. avait vos yeux! 1 SPONDÉAS. Si tout le monde avait comme vous l'oreille sensible ! .... Je vais vous confier, ce que j'ai fait pour T. on. Mais... et vous Pictomane , epte cachez vous-là? un secret Ah! c'est une de ces merveilles qui échappour moi... pent à votre pinceau. et part. Comme ils se caressent, comme ils s'adulent! ! la main au plat iis se déchireront APÉMENTÈS, P i c T o M A N E , à Spondéas , avec une froideur Vous voulez voir encore qu'une faible d'inspiration.... mais forcée. Absolument? Ce n'eu". .... ébauche, que dois uw moment A3 TIMON 6 D'ATHENES, vivement. SPONDÉAS, Voyons, voyons. Il me tarde déjà de rendre homle tableau..... Considérant Oh ! c'cu bien mage là que respire le feu de la Peinture! .... Vous'n'avez Oui, j'en jure ici par le i ieu des pa« votre égal Arts dont vous êtes l'enfant gâté, je ne sais, dans ce ce qui vaut le mieux, de l'ensemble ou du tableau,' détail. A p É M E N T È s, brusquement. l'un que l'autre. Autant P i e T o M ANE, avec un orgueil froid. ne le croiriez peut être pas? eh bien, je vous D'un qu«: j'ai fit cet ouvrage d'un trait.... prot-ste trait ii ne m'a p;is p!us conté. Von? A p K M ENTÉS, Aussi, vaut-il encore brusquement. ce qu'il t'a conté. la foule S P o N » É A S , montrant à voix basse, dans des personnages qui s'entretiennent, les difjérens endroits du sallon. ces flnîs d»1 courtisans qui Vous voyez ce concours, viennent inonder choqua jour son paîaîs? moi, ctans mon Poëmc , j'ai peint cet homme , à qui l'univers bien mérités. La scène est pr »f! gue des homm^es un peu. vaste - s;ûvtz-moi PICTOMASE, Je vous suis. demi distrait. DRAME. 7 SPONDÉAS. Parti du sommet du Parnasse, pour atteindre celui mon.oeil découvre dans \U\G immensité de l'Oiiuipe, dans un eue l'univers, le généreux unique profonde, Timon, qui, comme le soleil répand aussi ces tayons qui feitdisent les terreius les plus arides. 1 A P É M E NT É S. Comme toi et lui par exemple.... devant affamé*. ... Tous deux ci- S P o N D É A s. Et dont la bénigne mon plan ? ... infl lence.... PICTOMANE, élistrait Je ne perds Embrassés par vous ennui. pas un mot.... SPONDÉAS, avec chaleur. les rangs , tous 'es arts , tons les caractères graves ou frivoles, sérieux ou bouffons s'empressent à l'envi do venir déposer aux pieds de Timon, leurs divers lalens, et vous voyez tous les jours, que l'or qu'il répand, attire dans son Palais, jusqu'à la médiocrité. ... li f un s'y trouver.... Depuis le souple fl «tteur, dont îe vidage lélléchit ceiui de son protecteur, jusqu'à aussi devant ce farouche Apémeutès qui. génuflexie Timon , et dont i'orgueii sauvage ne manque- pas d'une sortj d'adresi*. Tous P 1 C X O M A N E. Hélas ! oui. 8 TIMON D'ATHENES, SPONDÉAS. ï! faut y rencontrer ces gens étrangers au Licée, depuis le chansonnier.... au portique, A P É M E N TÉS, faisant un mouvement pour se lever élu seuil de la porte, où il est assis. menteur • je ne sais qui m'empêche que Impudent je ne te fasse courber ton dos servile sous cet instructif bâton.... Toi Poète !... Un futile et éternel arrangeur de mots; va tu n'es qu'un usurpateur de ce beau litre. SPOKDÊAF; Abandonnons cet homme sans goût; que le génie a à soufhir dans ce siècle! Redoublez d'attention. J'ai peint dans mon Poëme , un trône exhaucé sur la cime d'une haute coliîue.... Vous souriez..,, Un moment! lion!... Sur ce trône resplendissant, la fortune est assise. La base de la montagne est dans, tous les eouveitê de lalens, par étage autour de l'enceinte qui se déployent pour genres, xi iiver à la fortune. Au mi'îeii de cette, muhitude dont de tous les regards sont fixés sur \\ souveraineté1 \ ;non',(gne, je représente un personnage sous la"figure de Timon.. La Déesse, de <a main d'Albâtre, kit signe Il monte yess le trône. La r.u personnage d'avancer. Dé'.s-e vei',e aussiuH sur lui ses dons les plus précieux, et soudain changé toute la fouie de ses rivaux oii à ses pieds. esclaves ont rampent A V FM E N T k S . à Spondéas. V -iîà le seul trait de veiité qui se trouve dans ton et je n'en suis pas surpris; tu en as trouvé Poëme, le module dans la bassesse de ton Ame, DRAME SPONDÉAS, c> e\ Pictomane. Maintenant.... Sans flatterie, Là.... Ne trouvez-vous savez, je la déteste.... génie... ? PICTOMANE, car, vou3 le pas ce trait de ironiquement. ce perSublime!.. Oui,ce trône,cette montagne, sonnage qui monte sur la colline , cette Déesse, dont la m in d'albâtre je vous le répète, sublime ! prodigieux. ... A P É M E N T É S. Oh ! qu'ils sont bien faits l'un pour l'autre.... Tous deux nés sans jugement; ilè n'aiment que l'emphase, les de mépriser ce qui est grands mots, et ils affectent ordinaire et tbns la nature. P I C T O M A N E, Je ne Sans vouloir vous aduler.... comment on s'élève à ce degré.... SPONDÉAS, conçois pas , dans le ravissement. Vous voulez parler de l'invent on ; ce n'est rien l'invention ; mais je ne vous ai encore rien dit du style des vers.... J'avoue que j'estime ceux d'Homère, mais de L-raudi seigneurs dW.hèues , dont j'ai souvent fait lefois proteste loge dans mes écrits , m'ont quelque d.uis leurs fastitis, où ils m'invitaient, que les miens.... A P j; M EN r È S. n'a tu pas vu qu'ils étaient Comment, et tei d'orgueil ? ivres de vin. io TTM0N D'ATHÈNES. On entend des fanfares ; un grand nombre d'esclaves entrent >it déposent sur la table , des vases , des des cassolettes pleines fie corbeilles, des Jlambeaux. Crc. éic. tous les personnages se hâtent de parfums, se lever, excepté Apémenics, qui dit : voilà le Soleil à qui, dans le moment Spondéas, tu comparais Timon. Vois comme sa chaleur fait remuer ( Il indique les personnages de la Scène. ) tous ces insectes qui croupissaient dans la fange.... SCENE Les mêmes. TIMON. III. Un esclave de Ventidiaque. Timon, couvert tle vélemens de la plus grande magnitous ceux qui air caressant ficence , salue dun sont de ce sa lion. Ceux-ci s'inclinent d'un air bassement respectueux. La musique cesse. TIM Ce cher Ventidiaque o N , à l'esclave. ! il est emprisonné ! L'esclave. Oui, mon noble Seigneur. Dix talens, forment toute îa somme de sa dette; mais dans ce moment, il est sans la moindre ressource ; ses créanciers sont inexorables. Il ose espérer que votre aminé pour lut voudra bien s'intéresser en sa faveur , auprès de ceux qni ont eu la cruauté de le jetter dans une prison. Sans il n'a plus d'espoir. vous, mon généreux seigneur, DRAME. TIMON. Un ami malheureux ne m'en devient Il m'aime,je n'eu doute pas. L esclave. ii que plus cher. cela , c'est ce dont il me donne cent preuHo!pour ves par jour. Si vous saviez avec quelle effusion de coeur il me parle de vous. A part. S'il allait soupçonner que tout ceci n'est qu'une feinte. Haut. D lignez lui rendre sa libc té; ce bienfait l'attachera à A'ous pour jamais. donnant une bourse à l'esclave. TIMON, Tenez j portez-lui ce faible gage de mon amitié. /'esclave. C'est un coeur que vous vous attachez T i M o N. pour jamais. et nu'il vteiv.ievoir Qu'il soîtlibre d*m un moment, lui-même tout le plaisir que j'éprouve. Ku lui rendant ce qu'il léger service, je prendrai le moyeu d'empêcher sort. Ce n'est ne subisse une seconde fois le'même pas assez selon moi, de relever l'infortuné qu'un coup il fuit encore le soutenir du sort vient de renverser, après sa chiite, et lui procurer le moyen de n'en plus faire une semblable. L'esclave, s inclinant profondément. Seigneur! croyez que toute sa vie sera consacrée à la plus vive reconnaissance.... T l M O N*. !. .. JIÎ l'en dispense. Qu'il De la îvcconuiîsmice s'.icquito, qu'il paye , et moi je veux qu'on me di-ive ni ntre. de hàtcz-vous secourir votre partez, toujours.... TIMON la. L'esclave D'ATHÈNES. sort. TIMON , s'adressant aux autres personnacontinue. ges qui l'entourent, Notre a fait un chapitre sur les divin Théophraste ingrats, il faut qu'il en fasse un sur les bienfaiteurs : sans doute , il nous prouvera, et je le sens, mes amis ! que c'est moins un mérite qu'un devoir, et même un bonheur de l'être. .Tous les personnages témoianenf par leurs gestes , Tadmiration qu'ils feignent d avoir pour ce que Timon vient de dire. A P É M E N T É s, parodiant Timon. Le divin Théophraste a fait un chapitre sur les flatteurs. Il faut qu'il en fasse un sur eeux qui en sont la Il ne manquera dupe.... pas , sans doute, de nous et je le sens, que c'est moins un mérite , prouver, qu'une sotise de l'être. TIMON, à Apémentès, Je vous salue inexorable Apémentès ! les philosophes combattent contre les vices, ou contre ce qu'il leur plaît quelque fors de nommer ainsi; s'il était d'usage de donner à chacun d'eux, comme à nos soldats, un nom sans qtuirticr. on appeleiait Apémentès, caractéristique, A P. É M E N T K S. Et Apémentès nom. se fera toujurs gloire de mériter ce TIMON. Tu as pris là une humeur Tu es trop sauv-ige.... ici !e bien Sois i l'homme. sied ne cependant qui pas venu. DRAME. 13 APÉMENTÈS. Non , je ne veux pas, moi, être le bien venu chez toi ! je viens pour que tu me chasses ; car je prétens de toi et de tes courtisans^ me mocquer aujourd'hui TIMON. Je ne sais pas être le maître dans ma maison. Je t'en conjure, reste; et que mon diuer me vaille tou silertce. APÉMENTÈS. il m'étouffera avant que je Je méprise ton diner.... ne te flatte ... O Dieux! qu'elle foule de parasites Timon , et il ne le voit pas ! je souffre dévorent boire le sang affamées de voir tant de bouches d'un seul homme ; et le comble de la folie, c'est qu'il ne les en caressent que davantage. TIMON. On dit, mes amis, que la colère est une courte est fureur; mais cet homme ( montrant Apémentès.) i .' toujours en colère.... s inclinant. ^ SPONDÉAS, Auprès de vous, TIMON, Allons, je puis tout endurer. parlant qu'on lui dresse a"Apémentès. une table pour lui seul. TIMON Î4 D'ATHENES, S CE ( Les mêmes. NE IV. Un vieillard Le vieillard à Athénien, ) Timon, l'autorité Seigneur! je viens vous supplier d'employer et vos vertus vous votre opulence que votre rang, dans le sénat, pour qu'il interdise, sous les donnent peines les plus sévères, l'entrée de ma maison à Dulimas. au vieillard. TlMON, Quel est ce Dulimas ? Le vieil/are!. C'est un jeune artiste, dont la fortune Jusqu'à présen*, le mérite. Eue ma traité plus n'a point récompensé Je suis riche moi, et je ne veux pan équitablemenf. le quart d'un que ce'Dulimas qui n'a pas eu.propriété, m.< liîîe qui est talent, veuille malgré moi, épouser unique, et qui. ...le plus lard que je pourrai cependant, doit jouir un jour de tout ce que je possède. AH vieillard. TIMON, Ce jeune artiste est-il honnête? Le vieillard. Oh ! à cet égard, j'en conviens; l'honnêteté de ses moeurs, devrait servir de modèle à tous les gens de son âge. C'est une justice que je lui rends volontiers, ainsi qu'aux agrémens d'une figure qui a «éduit ma fille; mais que m'importe à moi tout cela? n'est-ce pas l'argent qui avant tout...... .DRAME. î$ TIMON. De la jeunesse! de la figure, du talent et des moeurs.... Votre fille l'aime sans doute? Le vieillard, et tout plait à cet âge ; alors on sq E'ie est jeune, laisse facilement séduire ; or, c'est à moi d'empêcher Si elle l'épouse malgré moi, je jure pir le Ciel, que que j'irai plutôt chercher un héritier dans la Joule cirante des mendians, que de lui laisser mon bien. TIMON. Dites-moi : quelle sera la dot de votre épouse un homme qui lui convienne ? fille, si elle Le vici .'tard. .mais. ..il faudra bien que je fasse un Sa dot?., effort Je lui donnerai cinq talens le jour de ses noces... et... tout le reste, il faudra bien aussi qu'il lui appartienne un autre jour. TIMON. Vous n'avez donc pas d'autres motifs pour refuser la main de votre fille a cet honnête artiste, à qui elle a déjà donné son coeur, que le défaut de fortune? hé bien, je me plais, moi. à venger le mérite des caprices du coït. Donnez voire fille à Dulîmas. Ce que vous avancerez pour sa dot, sera la mesure de celle que je donnerai à son époux. Je tiendrai la balance entre elle et lui. Le vieillard, à part. Je le tiens. Je voulais que ma fille épousât Dulîmas, mais qu'il fut riche, ! et il le sera. ( haut. )'Seigneur i6 TIMON D'ATHÈNES, je vois combien vous méritez la réputation d'être l'homme le plus généreux de la Grèce, et de faire la conquête votre parole, de tom les coeurs. Donnez-moi et je donne ma jolie enfant à Dulimas. avec joie. TIMON, la voire, et A^oilà ma main; vieillard, donnez-moi que leur étreinte soit le garant sacré du serment que je vous fais de remplir ma promesse ce jour même. Le vieillard. La voilà. ..kmaintenant, il m'en je vous l'avoue; coûtait un peu pour séparer ces deux tourtereaux. Hélas! depuis quelque tems, ils ne battaient plus que d'une leurs tendres aile. Oh ! comme ils vont recommencer adieu noble Timon! roucoulements! je vais trouver votre intendant. ( Spondéas d'un ton chagrin. ) Toutes ses paroles sont des dons. TIMON. Allez.'('il unjouailler. ) Voyons... Le jouailler. Voici un diamant, qi»;. ne peut, le doigt du seigneur Timon. TIMON. Ami, .je veux du rare.. «. certes, orner que votre bijou a souffert du rabais. Comment, Le jouailler. du rabais? seigneur? TIM Oui, à force d'être le prix qu'on l'estime, le prendrai. ON, prisé ; si je vous le payais tout je serais tout à fait ruiné je ' SCENE V " DRAME; SC EN E : ty V. Les mêmes. SPONDÉAS à Timon en lui présentant des tablettes de l'astre qui préside à no^re naï«sance> JLi INFLUENCE sera-t-elle assez heureuse, pour que le seigneur Timon d'un Poème, que je n'ai daigne agréer l'hommage de plaire à entrepris, que dans la glorieuse espérance au mérite de protéger les grands lin homme, qui, talertsj joint celui bien plus rare i de savoir les aprécier. TIMON. Je vous remercie, Spondéas ; mais ma reconnaissance ne se bornera pas à un remerciment stérile. En attendant que j'aie le loisir de me livrer au plaisir de lire à la petite fête que je vais votre ouvrage, assistez donner à mes amis. ( Spondéas salue profondément et se retire dans le fond du s allô n. ) s adressant TIMON Et vous mon ami, que tenez-vous PICTOMANE, C'est un tableau, opulente secourait à Pictomane. là ? s inclinant. dahs îe quel j'ai feint, le mérite indigent.... TI M o N, que la boute Vous avez, feint! j'aurai soin que cette fiction devienne pour vous une réalité. ( A Apemenlès. ) Comment ttouves-tu ce portrait, que je crois reconnaître.... TIMON i8 .„-!: D'ATHENES. APÉ MENTES. Très bon, car il n'a pas fait de mal lui ! ( Timon Fais donc aimer la vertu, ne la rends point souriant. farouche. ( Apemenlès* ) Il faut qu'elle soit ainsi, et non autrement, PICTOMANE î,e cynique animal! s adressant à tous les personnages. Mes amis ! mes dignes amis! qu'il m'est doux de vous voir ici réunis, pour augmenter le çhaime du banquet! ci là ( A Saltidès. ) C'est un peu votre faute, vous, jeune Amarilla dont vous vous étiez chargé de me chez elle un entretien, ne s'est p.is rendue procurer aux offres que vous m'avez dit lui avoir faite?. Que ne fe double, le triple du prix de la comproposieje-vous plaisance? craigniez-vous d'épuiser ma bourse? et dans ce cas ne me resterait-il pas celle de mes amis ? je souri* fois, en pensant, quelque que pour être tout à fait riche, il faudra que je sois ruiné. . SALTIDKS. TIMON, Vous verrez bientôt, des fautes, j'ai du moins seigneur, que, si je commets le talent de les réparer. saluant .T IM ON , fait le tour du sallon\ : personnages, autre, prenant la main'dun quelques mots obligeants à un troisième. TIM O N ," à Hé bien, sénateur, la santé? le conçois; les jours d'orateur, les discussions bruyantes. l'un des adressant &c. ô*c. Lucides. encore .un peu pâte, je les nuits orageuses... "*I? DRAME; t9 A P É M E N T E S. Vous le plaignez; il serait bien fiché de ne pas vociférer à toit et à travers; ses poumons font son ceux qu'il ne peut il fatigue de paroles éloquence; convaincre. TIMON , à un autre* Bon'jour, grand prêtre; vous, qui avez Créé Jupiter, eu lui faisant îa grâce de le reconnaître. A P É M A N T È s. Grand que lui, car nul autre prêtre! dis grand sacrificateuri ne chérit d'avantage l'odeur des victimes. montrant TIMON, Mes amis, voilà Diogene ApémentèSi ressuscité. APÉMENTÈS. Soit. Mais aucuns ma lanterne. de vous autres, ne me fera soufflet T i M o N. Hé, que ferais-tu , si tu étais grand seigneur ? APÉMENTÈS. Ce que je fais à présent de toute mon a me. j je haïrais un grand seigneur, TIMON. Quoi! toi même? APÉMENTÈS. 'diii. ao TIMON D'ATHÈNES, TIMON. Pourquoi? APÉMENTÈS. Pour avoir formé le sot désir d'être un grand Sei* gneur. TIMON. Apémentès, pour la seconde manger avec moi ? APÉMENTÈS. Non, je ue'mange Je sais que mon fois, veux-tu venir les grands Seigneurs.... TIMON. point banquet vaut peu ; mais.... APÉMENTÈS. Je sais qu'il ne vaut pas une de mes pensées. S E M P H R O N I D I , ja'tsant le flatteur. Athéniens ! nous perdons ici un tems précieux, cet A Apè~ homme est en tout l'opposé de l'humanité. mentes. Quoi? sérieusement tu renonces à la fête que donne Timon ? APÉMENTÈS. Tous mes jours sont des jours de fête, quand je de vous autres. J'irais là moi, pour puis me moquer des fripons , et le vin y voir les viandes, gorger échauffer des insensés ? Lucunus. Entrons et prenons notre C'est un ours intraitable. moirfans de Je soutiendrai Timon. des part générosités DRAME. toute la Grèce, égal au sien. que %i la Bouté même n'a pas un coeur Lu ci us. Son inépuisable qui l'environne. bienfaisance se répand L u c u j. h u s. Il porte l'ame un mortel. la plus noble, sur tout ce , qui jamais ait inspiré Lu ci us. Puisse-t-H vivre un siècle dans TIMON, la prospérité. avec modestie. Mes amis ! épargnez moi des éloges que je mérite si peu. Songez que je suis bien plus égoïste que vous à faire piaiâratout ne croyez, cherchant le puisqu'en c'est à moi-même monde, ijue je cherche à en faire; Eli ! puis, quelle vertu trouvez vous en moi, quand je suis un penchant avec lequel je suis né? cessez donc de faire un mérite à la rose du parfum qu'elle répand, et qu'elle ne s'est point donné. PICTOMANE, avec emphase. Athéniens, voilà le sujet du tableau que je veux déposer au lieu le plus apparent du Lycée. SPONDÉAS. Athéniens, écoutez, c'est moi surtout qui dispense Ja gloire, celle qui est immortelle. Mes vers seront plus durables que la pierre et l'airain ; je grave le nom du noble Timon, du temsur la plus haute.colonne ... ple de l'immortalité. B -> %% TIMON D'ATHÈNES, APÉMENTÈS. Courage! courage, soupîes adulateur» ; dardez tontes vos flatteries a la fois ; criblez en ce bon et crédule homme, qui, dans peu, mais trop tard, sentira vos. morsures venimeuses, quand il sortira de la confiance où il sommeille, TIM 0 N, avec allégresse. Mes ami»! vous que mon ceeur appelle de ce nom sacré, avec un si doux attendrissement > vous dai\? qui Allons preje semble jouir d'une nouvelle existence. nez vos places, et que les plaisirs s'asseyent à vos côtés! S A L T i D K s, montrant dit: le siège le plus décoré du fond, mettez-vous à leur tête. Saltidès se Ycus, Timon, tournant ensuit t vc>s le fond du satlon .se frappe dans la main , ci pendant on commence, qtu- le banquet entend fcjcècuttpn de quelques Symphonies. Apcniauès qui s'était levé dans le dialogue précédent, va se t/isseoir sur la marche dune des paries du satlon, tire de sa. poche un morceau de pain , un jlacon il eau, et fait — Tn$on fuit un son repas dan air farouche, signe en se frap* pour que la musique cesse, et Sattitiïs, pan! dans la main, la fait çèss'er.' TIMON, une coupe à la main. Allons y-mes*'amis, que les éan:és que nous allons ne forment autour de nous, qu'un cerV nous porier, C'UÏ tracé par la main da Dieu de la treille et de la Buvons. joie.... DRAME. *3 Des esclaves portent des cruches antiques, remplissent les coupes que leur tendent tous les convives, qui Vive Timon!... s'écrient, qu'il soit honoré et quil Oit il soit riehe\ et qu'il vive !... vive !... Qu'il soit aimé connue nous l ai nions , et qu'il vive l Tous tes convives ; à la santé de Timon. A P E ME K T È s , buvant un verre d'eau. Voici pour moi une liqueur dont la faiblesse assure et amie de U}vcitu, la saiubre- innocence,,Ivm.pure tu n'as jamais renversé l'homme dans la fange !(wo/itrant son pain.) Et cet aliment simple, il m'empêche de perdre la santé , tandis que l'autre m'interdit la son façon, faculté (montrant ) de perdre la raison. le» Dieux que l'on oublie dansTappa» Remercions festins. réildes Les coiîvives, dont on c nfin re de remplir tes couUn bruit confus s^c/eve : pes, s'échauffent par dêgns. on n'entend plus que quelques phrases interrompues par des éclats de rire. APÉMENT BS» Le tumulte qui préside aux banquets fastueux, où les biens les plus rares do la nature, sont plutôt profanés que sentis, me fera de plus eu plus chéiir li C'est une fine volupté que la tempérance. tempérance. Il se lève, se met à genoux, et dit; Dieux'.immortels ! je vo:!5 rends grâce* \me seconde, foi* de vos et sans en désirer de plus grands : je-ne bienfaits, vous demande ni dig-thés, ni richesses; je dédaigne les unes ^ e? n'ai pas besoin des antres. Âccordoz-moi seulement de ne devenir jamais assez insensé pour me fier à un homme, 'marne suc son serment; à i ». fidélité d'une femme, marne sur ses larmes, à la ten- TIMON «14 D'ATHÈNES, dresse de ce -qu'on appelle 5des amis, même, quand ils auraient besoin de moi, Le crime est pour le riche, et moi je vis de racines; mais aussi le pauvre placé «m bas de la montagne, à vu plus d'une fois l'opu» lent du sommet, renversé tête en bas et pieds en haut.,.. Après cette Prière, Apémentès rasseoir à lu place qu'il a choisie, h v c u t Ï ME « Timon f mec se lève, effusion et va se feinte. Ah î seigneur ! si jamais j'étais assez heureux pour ta poitrine..,, // se frappe vous missiez ce que,.., si jamais vous me fournissez î'occa* coeur a l'épreuve! de vous çion que je brûle de trouver, c'est-à-dire, dans toute s i force, la tendre, la vive,ieterT montrer «elle amitié que votre méiite Oui, je m'inspire!... de grâces, j'offrirais un Hécatombe, actions qu'en jure, sur les auteis des Dieux! S £ M P H a o N i p E , gravement, Lucullîmo ! je suis fort mécontent de vous. Car voilà une pensée que vous mv* volez; j'allais précisément, d re la même, chose. * : LUCIDES, plus gravement encore. il nous Consolez v m* Semphronkla, Cette pensée, la volée à tous ; Oui, à tous, n*est-t'il pas-'vrai que nous avions tous la même pensée? l'il* foute de voix s'élève, au milieu des batcme/is de mains et des autres signes de ladulatio.ni C'est vrai.... Vrai !... Oh vrai !... Très vrai !... * DRAME. Lucun. iME, prenant une coupe qu'il fait M remplir. de autant soient santés de nouvelles Allons, que dans ce satlon, libations répandues qui > désormais f sera le"temple de l'amitié,,,. LUCIDES, Et Timon, en sera la Divinité! SPONDÉAS, avec fatuité. que je Quoi que je puisse avouer sans orgueil, \ nu degré assez éminent, le génie de l'expo?ïeâe pfc?M m e?. ce pour ne point m'abaisscr jusqu'à emprunter !e ?!yle a juîfui, je veux bien répéter ici ce que veuî avez dit; ce sacrifice d? mon amour-propre e-r dû, je l'avoue, aux bienfaits dont nous honore tous l«î généreux Timon. P I C T 0 M A N F. Moi, je déclare que je me sépare do vos parole?, afin du transmettre à mais pour employer mes pinceaux, la dernière postérité, le tableau de 1a noble fera iju« nous'donne celui qui en est le héros ... Crjyonl un jour devant les miens; d'Appelles ! vous tomberez et c'est à Timon , que je devrai mou triomphe ! APÉMENTÈS, A part. Le malheureux il prête une oreille indulTimon! Il oublie que quand un gente à C-5 flagorneurs,... intérêt mercenaire nous a fait prostituer la louange, c'est une -tache inélïiçible qui flétrit la gloire et le charma des beaux ans.... Eu vérité, plus j'observe ici , pins je vois que presque lor.te la race humaine n'est qu'une troupe dit singes dressés aux grimaces , m ces singes deviennent des tigrts. %6 TIMON:'D'ATHÈNES, S E M P R o N i p E , dun air pénétré. Mon cher Timon !,., Je souhaite du fond de Varna des ( et j'en jure par Minerve ! ) la continuation que vous méritez si bien, prospérité», par l'usage Je vous tmbiimc que vous cil faites Cependant.... avouerai :,., Que je me suis quelque fois surpris le désir secret d'en voir le cours suspendu , pour que vous, 'limon ! qui connaissez l'autorité suprême que le Sénat croit ne. pouvoir pas me refuser, vous vissiez alors avec quel dévouement p issionné , avec quel zèle bi filant, j'eniploirais celte autorité à vous faire sur le trône de la bienfaisance, remonter que vous et dont un caprice du sort occupez si dignement, vous aurait fait descendre, si,,,. T i M o N , avec la plus affectueuse sensibilité. Q mes bons, nus sincères amis ! Ah!ne doutez pas que \p> Dieux n'ayènt eux mêmes réservé dans l'avenir un jour, où j'aurai,besoin de votre secours. Tlh ! pourquoi entre mille vous auraient-ils choisis, si vous n'étiez p*ts nés pour appartenir de plus autres, près a ce, coeur qui vous aime ?... Oui; je me suis si nous dit souvent : qu'aurions nous! besoin d'amis, Jie devions jamais avoir besoin d'eux ! que seraientils de plus, que des instrumens suspendus ou enferjués dans lent étui, et qui, pleins de sons mélodieux, restent muets, quand on attend d'eux l'accord le plu $ parfait ? Oui, oui, mes digues amis , j'ai aussi, moi, ïormé quelque fois le voeu secret de perdre les richesses et supposant l'événement que je dois à la fortune, arrivé , je m'écriais, dans la. joie de mon coeur..... Aon, je n'ai rien perdu. Car 'quelles richesses sont plus à moi qu'à mes amis ?.. .Douce ! douce illusion , DRAME. vj avant même dont mon coeur éprouve tout le charme, que l'occasion du bienfait soit née! Ah ! voyez les larfait couler,... mes que mon attendrissement APÉMENTÈS. tes larmes Timon! Timon! Et ton or va les suivre.,. Un esclave entre, coulent; ton vin aussi. et dit à Timon, un brillant cortège déjeunes beautés dans Seigneur, à le coutume des Nymphes, demande a contribuer la fête que vous donnez. » > TIM ON} interrompant vivement lesclave, D<?s Nymphes! des Nymphes ! hâte-toi, cours, vole, Ah ! qu'elles entrent !.,, Aux conqu'elles entrent..,. nous mes amis,, Cornus et Bachus, vives. Allons, ont tenu compagnie jusqu'à ce moment. Vénus noua A Apémentès. C'est la Divinité qui conmanquait.... sole tous les êtres; elle répand encore son heaume sur la vieillesse ; son souffle adoucit toutes, les amertumes de la vie. . , A p É ME N T È S , à Timon. En effet, sans Venus, la troupe des'vices ici réunis, Bien ! A part. Vil Saltidêi , n'eut pas été compleite. qui ne corje te reconnais*... Quel homme.respire, ,. rompe ou ue soit corrompu, SALTIDKS, à part. Bon ! voyons maintenant si Aiiiarilla et ses. dignes eu Nymphes, compagnes, <jue j\ii méramorplioîées bien mon attente. rempliront TIMON a8 D'ATHÈNES, SC Les mêmes. EN Un enfant E V I. costumé en Cupidon, L'enfant. UAlUTa toi Timon ! un courrier arrivé ce matin à nous a appris que" tu donnais aujourd'hui Cythère, une fête à tes amis ; ma mère â cru que sa présence l'embellirait. Elle se rend ici avec sa cour. o N, vivement. On lui fera le plus gracieux accueil, TIM L'enfant, arrêtant bel enfant!..; Timon, La voilé, Entre un grouppe de courtisannes habillées en NymVÉNUS , dont elle a phes, Une dettes représente /es attributs, reconnaissant Amqrilla, TIMON, Dieux! c'est elle! c'est Amarilla dont la rigueur inflexible , a refusé l'entretien que je lui demandais, que je souhaitais si vivement. A Saltidès. Je reconnais bien votre amitié dans cette apparition imprévue ! La mienne saura récompenser.... Vous me faisiez hier l'éloge de C2 diamant : je veux qu'il soit un faible gage de la Timon présente une bague à Salreconnaissance.... tidès , qui feint de la refuser, avec une fausse dignité. Seigneur Timon , j'ai cru devoir amener à notre fête;.elle recevra d'elles son plus SALTIDÈS, Arrêtez, les Grâces DRAME %9 et sans leur présence, bel ornement, je crois, à moitié si brillante. elle n'eut pas été TIMON, Belles Nymphes ! les fruits les plus rafraîchissais dans la salle voisine ; daignez choisie vous attendent ce qui vous fera plaisir.... Ordonnez vous-mêmes ici. et SALTIDÈS, accepte la bague, fait un signe, des instruments de musique exécutent lair dun ballet voluptueux, mais décent, à la fin duquel, Ci/piVÉNUS , qui détache sa couronne don couronne pour la placer sur la tête de Timon, dont les Nymde feuillages. phes entourent le siège de guirlandes, Tous les convives applaudirent. LUCIDES. C'est le droit rateurs. de la beauté de couronner ses ado- APÉMENTÈS. Et de les ruiner. TIMON et dit: se lève, tire un écrin de sa poche, Touvre Belle Amarilla ! je n'ai point refusé votre don. // montre la couronne qu'il tient à la main. Vous sentez que sans ingratitude , vous ne pouvez refuser le mien. AMARILLA, s'il Seigneur, vices, l'ingratitude acceptant récrin. fallait qu'un jour j'eusse quelques serait sûrement le dernier. 30 TIMON D'ATHENESj TIMON, « Amarilla. Saltidès du soin de témoigner à vos je chargerai la reconnaissance charmantes compagnes, que je leur vous dois du plaisir qu'elles m'ont procuré, lorsqu'on dans ce sallou * elles en ont fait le temintroduisant ple de Cythêre. APÉMENTÈS. Crains, toi l'antre Timon, qu'il lie devienne aride du repentir! dars peu pour à Timon. LUCIDES, Ouand Jupiter se trouva avec Alcméne, vous savez son cours, que la nuit prolongea pour favoriser les feux de ces illustres amans; vous méritez bien qu'elle ait pour vous cette complaisance. Quant â nous, graves sénateurs, ( et je parle au nom de mes collègues, ) la dignité de noue rang* la décence même, veut que nous immollions nos plaisirs à nos devoirs, qui ,• an sénat, où l'exécudemain matin, nous appellent tion des loix, et le bien de la patrie ont besoin de au sein de nos lumières. Elles pourraient s'obscurcir tant de voluptés ; il e6t prudent de les redouter. Permettez donc, qUe nous retirant.... TIMON, aux sénateurs. C'est malgré moi que j'y consens; mais j'aime à vous voir" dignes des postes honorables que la nation vous à confiés. Vous nous devez de sages loix ; je me ferais un crime d'interrompre votre importante création. A ses esclaves. Allons, vous autres. Mes chevaux, des flambeaux. DRAME, 3Î APÉMENTÈS. Des flambeaux î... Comme s'il craignait qu'Athènes ne fut pas HSSC-Z éclairée sur ses folies !,,, Les sénateurs et autres convives sortent, en faisant à Timon les salutations les plus profondes, Amarilla sort aussi avec ses Nymphes, après que celles-ci ont fait à Timon quelques caresses agaçantes. •. SALTIDÈS, de Timon. en,partant Enflammons ses désirs, en éloignant le moment cfo' Id satisfaire. Haut à Timon qu'il tient à l écart. Seivient de me prévenir, votre Amarilla gneur, que de ses compagnes, voulant éviter la vive jalousie sur la préférence que vous lui avez témoignée, elle croit ne pouvoir vous en manifester sa reconnaissance, que demain, ( à voix basse . dans votre jolie niaison de campagne, où l'amour la conduira cachée sou's le voile du mystère qui doit en augmenter les plaisirs. TIMON. bien que cette jolie maison Ah!Saltidès!assure-lui est désormais la sienne. Dis lui que je m'y rendrai dont cette jeune perau lever de l'aurore demain, sonne a tout l'éclat ; et toi, vas trouver mon intendant, règle avec lui* le petit détail des présens' que et dis à ce vieild'Amatilla, je dois aux compagnes est avare, que lard qui se croit économe pareequ'il je veux que lés choses se fassent noblement. SALTIDÈS,. sort en s'inclinant. TÎMON 32, D'ATHÈNES, SCENE VIL se lève du APÉMENTÈS, qui de la porte* TIMON, seuil TIMON. I »T toi éprouverais si tu n'étais si bourru, Apémentès, mes bornés. aussi ce qu'ils appellent tu APÉMENTÈS. ïe ne veux rien de toi. TIMON. Pourquoi ? APÉMENTÈS. C'est que j'ai un regard qui anéantit ïa magnifidfs riches... cence , la pompe et le triomphe Moi, à de condamne t'énivrer molcsse , de luxe et te je de plaisirs, TIMON. Soit; APÉMENTÈS. Tu seras leur esclave serai toujours libre. C'est moi qui suis et TIMON. On voit partout des personnes libres. APÉMENTÈS DRAME 33 APÉMENTÈS. ainsi J'appelle ni crainte. qui ne connaît celui ni espérance , TIMON. Un tel homme n'existe pas.... APÉMENTÈS. Il existe en moi; nel censeur. car tu y rencontreras ton éter- N. T.IMO dur ! ame de fer, où le sentiment Homme de ne germa jamais ! Tu ne connais pas la bienfaisance à donner, le charme que l'on éprouve à surprendre un ami.... APÉMENTÈS. sont des amis, et tu prodigues Ainsi, des Parasites tes richesses pour de Vaines et perfides grimaces! Oh! si ouverte à est-il possible que l'oreille des hommes aux avis salutaires ! Brusquela flaterie , soit sourde reviendrai sans ma ment, Adieu. ...Je , pareeque de tes sotises , le nombre présence augmenterait encore. TIMON La nature s, eîle t'a refusé FlN par une porte. . un coeur. t'a refusé Aï> È MENTE A toi, , sortant sortant une par une autre. tête. DU PREMIER j \ ACTI. c 34 TIMON A D^AiTHÊNES, C SCENE Le théâtre T E PRE représenté IL M 1ÈRE. une des salles de Timon. de l'appartement FLAVIDUS seul. // s'avance sur le bord de ta scène y en examinant en silence plusieurs hiihis qu'il tire dan t porte feuille, et du emyuc -. ^V 01 LA prés de dix ans que je suis son intendant, et voilà près de dix ans que je lui vois toujours tenir la même conduite ! il ignore que sa bourse se viudc à Il se promené mesure que celle des antres se remplit en silence.: Qui,, le pactole roulerait l'or dans son vaste parc y qui! %vie/idrait encore à bout d'en épuiser les si prodigieusement excédent richesses. Ses',promesses sa fortuite, que tout ce qu'il promet est une 'nouvelle et «sans qu'il s'en apperçoive. dette qu'il contracte, lui donne lin créancier de plus. ( il se Chaque-parole Non, jamais promené en silence. ) Plus j'y réfléchis..... le rendre la nature ne fit un homme aussi bonjour aussi peu inquiet sur l'avenir j si j'avais'1'élotpience do notre Demosthènts, je réussirais sans doute à lui persuader il devrait bien que dans la situation où il se trouve, cle rassembler, les,, débris, de son prendre Tei moyens mais quoique je dise, il ne pourra jamais opulence; se maintenir ni résister au penchant," qui l'entraîne »ms Il ne sentira son déplorable cesse adonner...^. état, d'y remédier.. que lorsqu'il se verra dan3 l'impuissance .>'^\r. BRAME. 35 parlons 'lui 'àveb toute la force que doit N'importe, Il faut que. je, lui/parje, sans iri'intj>ïr<îr' sa-situation, détona, à l'heure' même, où «iLva revenir cle,là .chasse. Car 1 je suis décidé à- lui montrer.,enfin, l'épouvantable liste des créanciers*<qui le poursuivent/../. >QJ>! qui, viennent me les voila, qui, selon leur coutume, ^ \ harceler.... ' : s CE N E '.-.'.'; 11. ' FL A V î D1 AS , B RUT EM 0 N, D U L C 1MADE , N i e o M È D 6 c i. E ,*G A PU i s, et un grand nombre it'esctavès ) envoyés fiât'leurs\pattoiis, créanciers de ' ' : '-' ; Tiinon. V J'r•-( • B R U T E M o N, a ses-camarades.'.j . Ôli! vous avez beau' 4ire! par Hercule! nous verrons si cette fois-çi je jie me' fais' pas pâyêir j'eP savez*vous vous autres! C'est que si mon maître ^ à pourquoi, ,nê reçoit pas, je'reçois-, moi, qui 'Timon .doit, cent coups de bâtori/ôf je Veux cpie Timon paye sa dette, et que mon muîjre/Jie me, paye pas la sienne. ! *: • ~"v avec dbùCèûn L1ULCIMA.DE, Ecoutez, Brutemon.. Je n?ai-pas toujours servi sous J'étais libre autre fois, et j'ai toujours vu un. maître. dans mon état de citoyen, que c'est avec une douce politesse, que l'on gagne dés coeurs.... • < t '•''. .« «,'"'•'B R U T t. M o N, vivement. Et des coups de bâton,...* ,u ' C ai 36 TIMON D'ATHENES, NlCOMEDOCLE. m'a prévenu qu'il ne me mon à moi, patron Quant payera les gages qu'il me doit depuis long-tems, qu'avec l'argent que je lui ferai recevoir de Timon. Et certes, bien plus que.».. cette menace m'épouyante CAPHIS. Moi, mon patron m'a dit : mettez, votre manteau, „ et courez chez le seigneur Timon ; priez-le, mais jusqu'à de me donner de l'aigent. Et qu'un léger l'importunité refus ne vous ferme pas la bonche.... Dites-lui que mes billets crient après moi, et que c'est a mon tour : tous les jours de à me servir de ce qui m'appartient délais et de grâce sont expirés; on m'a toujours remis et par trop de confiance à ses paroles, au lendemain, j'ai altéré mon crédit. J'aime et j'honnore Timon ; mais je ne dois pas me noyer pour l'empêcher de se mouiller et il faut le pied. J'ai besoin d'argent tout-à-1'hcure, Partez, esclave ; offrez-lut que j'en aye tout-à-l'heure.... tin visage qui demande, qui demande inflexiblement* Car je crains bien que le seigneur Timon , qui brille ne soit bientôt nud comme le comme un phénix, Geay de la fable, quand chacun l'aura dépouillé. F L A VID I A S , à part. Vous ne contenez que trop Terribles, paroles!... la vérité.... ( haut ) Mes amis vous serez payés.... de gracé.... t de la modération.... de chasse qui en sonnent On entend des instrumens le retour. FLAVIDIAS, de retour Timon Voilà l'entendrez.... Rangez-vous. à part. de la chasse!... Vous /•;' v DRAME. SCENE 37 III. de en habits Les mêmes. TIMON, ALCIBIADE, d'une suite nombreuse, chasseurs et accompagnés, dans le même costume. aux chasseurs. TIMON, Non, mes braves amis, ie ne souffrirai point que vous épuisiez le reste de vos forces, en contribuant plus long-tems à me3 plaisirs. Après les roui ses que nous dans les forêts, sur venons de faire dans les champs, les montagnes, vous avez besoin tous de repos.... Demain après le petit festin , auquel je vous invite, nous noua remettrons en campagne. vous êtes l'homme unique; mais Général Alcibiade, là ne sont pas celles je sais bien que ces campagnes C'est l'amitié qui plaisent le plus au coeur d'un héros;... dont vous m'hônnorez qui vous a fait.... ALCIBIADE. Ces campagnes, pourquoi pas ? Dès que nous le gibier comme notre ennemi. Eli bien ! regardons le vaincre nous offre du moins l'image des victoires, et la victoire est toujours belle sous qiiclqu'emblêmc ou quelque forme qu'elle se présente.... Adieu Timon; quand il fjudra combattre sous le* enseignes de Diane, de Beilonne ou de Vénus, croyez qti Alcibiade sera toujours à vos côtéi. Vous le savez, j'aime à rivaliser dans tous les genres, parceque je me pique, moi, je ne m'en cache point, dette fidèle an culte de toute» les Déesses, soit qu'elles habkent l'Olympe, les camps TIMON 38 D'ATHENES, otrfer Bosquets. -A- demain après- diner •,- nous-nous et le dard toujours levé remettrons en campagne, Les chasseurs avec Alcibiade, se retirent et -i s'avance sur le bord de iaMscène. NE S CE Les mêmes. TIMON, qui t attendent, >-^ k Timon IV. voyant la foule des créanciers leurs billets à la main,, TIMON... ^UE signifie tout cela? Eh! que me demande donc tout ce monde ? Ces honnêtes gens ont ilsbesoin.de moi ? quel est le service que je peux leur rendre ? D U L c i M A D E, s''inclinant ainsi que tpus les créanciers. mon noble sMgneur. Et voilà Celui de nous payer, la liberté de vos billets que nos patrons prennent vous envoyer^ pour vous supplier de les acquitter. CAPHIS. Votre intendant m'a toujours renvoyé, or seigneur, les Oidres de mon patron portent de m'adresser direct tement à vous. BRUT EM ON. Il faut aussi me payer; le terme est échu , seigneur, Vous ne devez depuis depuis plus de six semaines..... pas l'ignorer. ,;• : •' -DRAME,* \ ' 39 TIMON Vous payer, dites-vous, mes amis? mais cela me semble fort judicieux; mon intendant va vous satisfaire.... Elavidias! vous couuûssez mes moyens, vous savez mes ou demain, intentions, remplissez les donc sur-le-champ, quand cesbrives gens le voudront ; mais pour qu'ils se plaindre de moi, et de ce léger ii'ayent point'à retard , je ne veux pas qu'ils retournent mécontens chez et sans avoir bû à ma santé. ( 1/sort leurs'maître;, vous laisse ce soin. U est après avoir dit, / Flavidias,je étonnant que je me sois vu assailli par des créanciers, de demandes, de billets qui viennent ici m'étourdir pourquoi tous ce* manques, de payemens différés;... affronts à-mon honneur; qu'ils soient promptement mes- bons amis, Adieu, réparés ; je vous l'ordonne. divertissez vous bien.... adieu.,., -Tous les créanciers s'inclinehti SCENE Les mêmes. ' y. • * . ; / • ! , D U L C I M A D E. T J. -u vois bien, Brutemon ! quand je te cl?sais que c'est avec iine ingénieuse politesse , qu'on gagne les ceux de cette espèce s'entend. débiteurs, 'BRUTEMON. Tu as raison, c-t je commence recevrai point de coups de'bâton.... à voir que je ne 4o TIMON Et moi, D'ATHENES, NlCOMÉDOCLE. que je toucherai mes gages. Tous les créanciers entourent flavidiis. à part. FLAVIDIAS, aux créanciers hésitant.... Que leur dirai-je•*.... Etouuz , mes cnfans.... Vous avez mal Écoutez.... sur-tout.... pris votre tems, en venant.... aujourd'hui Timon pour recevoir ce qu'on doit à vos patrons.... dans ce moment est.. ..est embarrassé.... très embarrassé même.... Mais cela ne peut pas durer, vous le concevez attendez bien; allez vous serez satisfaits, car je vois arriver celui.... quelques jours seulement, où... vous serez tous dans le cas de ne plus venir Tout sera fini entre vous et lui... impôt tuner Timon NlCOMÉDOCLE. Voilà qui est clair. Allons annoncer cette bonne nouvelle a nos patrons. Les créanciers se disposent à sortir, Nicornédocle les arrête. Eh mais! attendez donc, attendez santé du seigneur Timon, qui veut à la sienne, pour que la notre se porte donc ça, vous autres?. oubliez-vous mémoire que vous.... Et cette donc!.... que nous buvions mieux? comment, .. Ah! j'ai plus de // tend son bonnet à Flavidias, qui y jette quelques pièces de mon noie, et il ajoute par réflexion. N03 patrons?... qurm 1 ils sauront et Tiiiion. Oh! comme ils vont être joyeux» que tout sera bientôt fini entl'eux // sort avtc tous la autres crlancurt. DRAME. 41 VI. SCENE FLAVIDIAS seul. IVJLE sera-t-il enfin permis de saisir le moment oh et qui l'assiège, loin de la foule intéressée Timon, voudra bien jetter lés yeux sur le tableau que j'ai à lui présenter ? L'infortuné ! il ignore la chiite de sa maison. Son coffre est vuide, ses domaines sonthypotéqués, son crédit se perd; or voyons «1 je ne pourrai point l'engager à sauver les restes de cette immense fortune, qu'il croit encore posséder. Le voici: Dieux! soyez-moi propices ! SCENE T I M ON , VIL FLAVIDIAS. T I M O N , vêtu manifiquemcnt, s'adresse à quelques esclaves dans le fond du théâtre. LLEZ, que chacun de mes présents soient distribué» dans l'ordre que je vous ai prescrit.... A propos: ave/ soin de redoubler le 1101 bre des flacons de vin que Toi, Eupolisv rends-toi j'ai destinés aux musiciens.... dans le moment même chez Chariticlc-s. Tu placeras dans son écurie, quatre de mes chevaux hlancs~dc-lait, et tu lui renouvelleras mes remerciement sur les chien* dont il a bien voulu me faire présent quand, ce nnthi à la chasic, j'admirais leur fine intelligence. Je sais TIMON 4* DJ ATHÈNES „ il leur était attaché. C'est un sacrifice qu'il combien avait à me faire, je le sens bien, il ne s'y est cependant' oh! ce cher Charitidès! il m'aime! j'en pas refusé! suis convaincu .., », ,.., S avançant versFlavidias. | J'ai vu à la Flavidias,.... trçs content de vous.... joie qui brillait sirrl visage dçs gens qui. Vous quittent, que vous les renvoyez satisfaits ..eux et leurs patrons. Ils ont reçu sans doute les sommes que je leur devais.... car ce sont vos afia ires à je ne sais tro'p. comment,.,, vous;... et cela va resserrer les tiens de Bien, bien.... l'amitié qu'ils m'ont toujours témoignée; mon bonheur s'en augmentera.... On dit qu'un tyran souhaitait que toute une République n'eut qu'une tête, pour avoir le plaisir de la couper. Moi, je voudrais aussi que toute la Grèce n'eut qu'une tête., mais ce serait pour la couvrir , s'il était possible, de dons inépuisables levé les mains vers le ciel en soupirant. ( Flavidias ) Honnête tant par tes voeux Flavidias! tu secondes que par tes soins, celui que je forme et que j'ai toujours formé depuis que je méconnais; Cette conformité avec mes ser.timens , augmente l'e^irne que j'ai toujours eue Voici que pour toi. Mais j'ai pensé à une chose.... tu as pâ<sé ta jeunesse au service de mes"paréns ef au mien. Ta b:.rhe qui blanchit annonce qu'il est teins que tu jouisses de l'état heureux qui t'est si légitiment à l'administradû depuis que tu veilles laborieusement tion de nos affaires. Eh bien ! je veux que descendant la placé de l'emploi de mon intendant'pour'occuper de mort ami, tu me cherche» un homme qui, en te ait ta confiance, et a qui je puisse laisser lé remplaçant, Tu soin de gérer le gouvernement de ma maison.... .•::: KIDRAMK/;«: A;""' 43 pleures, Hon Flavidias! te fais-jesie l» peine enform^nt ; ~.-:i.:.;% -.. . u ce projet?— ' '-' !: Ai. tristement. ]*'LXVIDIKS, non ! mais. ...*<.cet mon 'généreux^ rnaîtré^ Non, vous n'en aurez bientôt autre, ce nouvel intendant.... .-..v.u: : i : plus besoin. TIMON. t'en Comment?*".'* plus besoin! mai*nsî^comme:je te veux du! je que que repos yi dois^: pfie,^tu jouis ' d'administet : la ne alors par procurer y qui éprendra • •• '••' '*> *'-^ »" • ."*•-' mes biens ? : .. F h A v i A s , plus tristement. encore ..;«.•»«<; Hélas !. ^. ceux à qui maintenant ils appartiennent. ' ' ; ;l ; [f t. TI M o N gaièttïent: '"''l''. v"'-\ vous avez . nuse vieillard !.... je ^ons vois venir,!...,.. toujours censuré le plaisir intime ; que j'eprpuye, lorsque des coeurs de tous:.ceux je. fais la conquête qui.'m!en* sur eux•-l.es biens que je; vjro.ime.nf,. eu répandant tiens de la fortune mon ami, ce Mus, dis-moi, chêne, qui borne mou avenue et que je t'ai vu si souvent aclmhër, mériterait-il ta .vénération, si, du vaste de ses nombreux il ne couvrait feuiiiage rameaux, clan À li saison, tons cenîc que les ardeurs Imitantes de l'r.té forcent à y venir respirer sous son ombrage? à croire, J'aime Flavidias, que je suis cet arbre ., bienfaisant..... <. . F LAVIDIAS,Tïélas! qu'on vient de couper au pied !... mou cher maître! depuis long-tems, vous le saveur j jo n'ai o^é TIMON 44 U'ATHENES, ma foible voix, pour vous prier vous faire entendre de faire attention à l'énormité des dépenses qui font que vo? dettes grossissent chaque jour. Mais depuis moi, la liste fatale de vos long-tems, j'ai commencé créanciers de tous genres, avec le montant des sommes....* TIMON distrait. A propos.—Il faut, mon vieux ami, que tu donnes tes ordres, pour qu'on prépare ce saîlon, où ce soir, Un jeune artiste doit y faire je donne un concert. exécuter quelques morceaux de sa composition, qu'il a eu la complaisance de me dédier. C'est une occasion de jouir, en faisant de plus connaître son talent au vous savez que je ne les public, et ces occasions-là, J'avais bien pensé à transporter manque jamais.... tout ce spectacle et les spectateurs chez ma fantasque Amarilla, mais je me suis dit. ce serait une augmentation de dépenses, et mon grave intend «nt viendrait à son ordinaire, me faire de longues remontrances.... Allons, de l'économie! de l'économie! Vous voyez bien, Flavidias, que je ne suis pas tout à fait rebelle à vos d'en faire un jour même, leçons. Je me propose mon profit.... FLAVIDIAS Hélas!... , tristement. il n'est plus tems. TIM Vos dettes accumulées., ON légèrement. Mes dettes! Eh bien, que l'on vende quelques unes de mes terres, pour les acquitter. Cela est bien simple Mes dettes! et mes domaines je crois, bien aisé.... donc ! vous dis-je ! DRAME» 45 FLAVIDIAS. Une partie en est déjà vendue, l'autre Ce qui reste de vôtre fortune » n'est pas les créances beaucoup prés, pour remplir chaque jour en amène une foule d'autres qui est engagée. suffisant', à échues,* et vont échoir» TIMON. Tu ne songes donc pas , ami, s'étendent jusqu'à Lacédémone? avec FLAVIDIAS, Ah! mon ftrop étendues jusqu'au voix.... que mes un peu possessions de chaleur. maître! elles généreux Nil, que .... la douleur se seraient étouffe ma 'TIMON. Vous m'étonnez fort! je savais bien que ma dépense mais je ne me pouvait avoir anticipé sur mes revenus, ce point... ne .pourquoi croyais pas arriéré jusqu'à su pro* m'en avez vous pas averti plutôt.... j'aurais mes dépenses tems.... pour un certain portionner FLAVIDIAS. voulu m'entendre, Vous n'avez jamais je vous ai présenté plusieurs fois mes comptes; je les ai mis sous vous les avez toujours en disant vos yeux; rejettes, sur mon honnêteté. que vous vous reposiez entièrement TIMON. Sans doute....je m'en repentir. n'ai, et je n'aurai jamais lieu de 4<T TIMO£\DAAT(HENES,FO-^WilDI AS, -tjNcQti?..; mats .c'est mo.bqui mé, ripent d'avoir obéi...• Ah!?quOiqo'd soit.bien^arjd aujour/d'hui dern'écopter, mon c;her< m^tre$ieiv:voifitf-ppur|AUt Je,mqme,nt j. ,k. ^ppiemsi; qnç; fouine VjQftoiirhgsses np. suffiraient, pas pour payer la moitié de vos créanciers.... TIM La moitié !... tu me tout'à-coup cet orage? 6 N. dirais._ la FLAVID'IAS; vente ! . d ou * vient • Si vous avez le moindre soupçon siiir' mon "administration et sur ma fidélité; citez-moi devant leVjûges les plus sévères, et faites-moi rendre un compte rigoureux,'.:, '''<• - r-.i soumets,... je m'y • • TTlMO^. -.-. :: : : .;.- •.-;,".., , , - . <ii.~y ,:LèvesTtoi. lierre sur la scène tout'peàjsif. Ah! combien de fois, loin de la joie tumultueuse de vos spltndidts festins *, ne iiiêsuis-je pas retiré, la coeur.navre ^ d.\!is.ja^J^u^ei.idj(pit isol^sçlitaire ,,pour y défijoier le f un^é.uftjgejn tië^Voiis/aîsiëz^de vos'nchésses cnjesjyrqdiguamia y^^^ vous Doucement, mon vieux'âmi*. /.. doucement!.... vous féchauffe? pour; yqîre âge : ce ) l'est jjoint là votre ton ordinaire. Cela pourrait vous liuïre. Spngézy. (' , DRAME* 47 F L A;v 1D i A s> «ire. expansion. sentiment homme pardon! que je égaré, parmi si a dont l'abus souvent fut mais déplorable respecte, homme couler mes larmes!.. indignement ...pardon! trompé par des adulateurs qu'il croit ses amis, pa.reequ'jl sent dans, la les vertus dan* leurs qu'il âmes, suppose sienne! par des traîtres qui sourient sous leur masque, même que vos, mains libérale? s'ouvrent; au moment au moment meiri^ pour rassasier leur avare cupidité, ou -leur sourire perfide que vo> esclaves, apperçoïveu^ l'avaient osé...vous et dont •..s'ils avec indignation, seriez vengé sévèrement. TIHOil%ttih Flavidias !;'... je né souffrirai point qu'égaré à votre vous vous permettiez tour, par une injuste défimeè, de la sincérité de* mes amis,de douter uiv moment Et moi aussi je vous dis.- homme trompé ( avec feu. vous^qui, à tout antre par une vieillesse soupçonneuse, des trahisons, quâ moi, feriez* croire qu'il ne suppose dans lame des autres,' que pareequ'il en trouve dana la sienne !.... Mais je sens que je m'échauffe ainsi, et du conseil que je te donnais je veux profiter moi-même tout-à-Vheur<?... calmons nous l'un et l'autre. .Allons, Tu connaîtras bientôt combien tu t'es mépris sur l'état de mes affaires.... riche en amis9 Vas, je suis du'moins et je pins disposer aussi librement de leur fortuné, que se promène àvè'c agitation. je disposais de la mienne.(Jt ) 0 mes amis? mes dignesâniis! enfin, mon .voeu est exaucé! il brille ce jour,'qûTsçra le tïio'mph'éxteTamîtié, de la recourt ûssance, eu de toutes'les'vertus généreuses! Dieux immortels! vous avez voulu je vous remercie! une fois dans nu vie, le plus délicieux que j'éprouvasse des seniimens, de ceux à qui* qelui de tout recevoir TIMON 48 D'ATHÈNES, et ( A Flavidias, j'ai tout donné! qu'il embrasse, qui s'essuyeles yeux.) Bon et honnête vieiîlird ! combien tu vas te repentir de tes injurieux soupçons ! nul bienfait honteux n'a déshonnoré ma main...je n'ai point à avec imprurougir de mes dons; j'ai r)u les prodiguer dence il est vrai, mais je ne les ai jamais prostitués avec aveuglement,.., Songes que je vais r ouvrir en un clin d'ceil les réservoir^ où mon amitié a versé ses bienfaits. ( vers le fond du sallon, ) Holà ! ho ! vous autres ! holà quelqu un Ah ! que n'ont-ils les ailes de Mercure l Des esclaves paraissent. toi chez toi chez Lucullime, Toi, vas chez Lucides, toi chezSemphronide,toi Par Ventidiaque, chez...,( C'est assez, oh oui-, c'est assez! le secours réflexion.) de ces quatre amis me suffira ; ( Aux esclaves.) dites à chacun d'eux que je suis fier de trouver l'occasion leurs services pour quelques sommes dont d'employer demandez leur soixante et quinze talcn>, j'ai besoin; plus ou moins, mais approchant. Un esclave. Vos ordres seront remplis, seigneur. TlMOK vous irez trouver de ma part S'ils étaient absens, tous m'ont un de ces sénateurs...n'importe lequel; ce quYs quelque obligation ; dites leur de m'envoyer auront de superflu ; voilà mon nom et mon seing.... les services que j'ai rendus' à eux, et à la Partez; République.... Les esclaves Oh! comme sortent.. leurs coeurs vont palpiter de joie! j'envie * DRAME. 49 j'envie le moment glorieux où ils vont set trouver!,.. Vous Fhvidia$, sitôt que mes esclaves seront de retour, recevez les sommes qu'ils apporteront, distribuez les à mes créanciers, et souvenez-vous que la perte de Ja fortune n'est rien, de se faire quand on a mérité des amis qui possèdent encore la leur. ( // sort, revient et dit.) Moucher intendant, qui allez cesser de Jetre, mou meilleur souvenez-vous au pour devenir ami, milieu de tout ceci, de mon concert: j'ai îo-uurqué n'était pas nssez ornée, hier, que la salle du banquet assez éclairés ; ayez soin de redoubler le 'nombre des lustres. Renouveliez le* parfums de vos cassolettes, et sur-tout> que les Heurs de vos guirlandes-'soient mieux nouées tt plus fraîchement écloses.v.â tantôt! ( // sort. ) FLAVIDIAS, seul. Des parfums! des fleurs! on en met aussi sur la tombe des morts !.., hélas. V. hélas! ces amis! j'ai bien, tous et d'une Ivoix unanime , peur qu'ils ne répondent qu'ils n'ont point de fonds ^ qu'ils ne peuvent faire ce en sont sffiigés, qu'ils désireraient, désolés, qu'ils Il me semblé' les voir ( Puissè-je les désespérés.... connaître mal. ) secouer îa tête ou la détourner, user de phrases ou de demi-révérences, et entre-coupées accueillir de cette manière les demandes de mon pauvre maître S'il en arrive ainsi, résistera-t-il à ce coup la chimère qui faisait lacharme terrible?., .détrompéliir de sa vie, il ne pourra pardonner à une telle ingratitude.... il en mourra, où ce que-je ne crains je ie connais, Allons cependant pas moins, il en perdra la raison.... exécuter ses ordre*, qui seront sans doute en ce genre, les derniers me donnera.... Ah! mon pauvre qu'il •• . D 50 TIMON maître ! mon yeux. ) D'ATHÈNES, pauvre Fin maître! ou SECOND les ACTI. III. ACTE SCENE ( // sort en s'essuyant PREMIÈRE. Le théâtre représente une rue d'Athènes, dans laquelle on distingue la belle maison de Timon. EUPOIIS, seul. ,1 J UCULIIME n'est pas chez lui • mais voici l'heure où nos sénateurs les plus tardifs, se rendent à l'Aréopage, et sans doute, il passera par cette rue. Qu'il serait ingrat à qui mon maître vient de faire présent ce Lucullime, d'une belle métairie, s'il allait, dans un moment comme celui-ci, refuser de lui prêter la somme qu'il lui demande! une pareille mais comment idée peut-elle me venir dans la tête!.... Allons , Eupoiis, tu n*es qu'un en supposant un tel vice dans l'aine d'un misérable, homme qui, par la noblesie de son rang, est fait pour à nous autres, nous donner, l'exemple de toutes les ^ vertus. On voit bien que tu tiens à la bassesse de ta condition... il que pour être vertueux, ignores-tu, lie suffit pas d'être homme, qu'il faut encore être noble? ainsi l'a voulu non la nature, mais le préjugé.... Mais... cependant.... je sens là.., dans le fond de mon ame, que se présentait si l'occasion de rendre service à mon maître,. ..j'aurais dans la servitude, l'ambition d'imiter la DRAME. noblesse, notre.... %i dont le sang dit-on est bien plus pur que le Voilà Lucullime. SCENE EUPOLIS, II, un athénien. LUCULLIME, LUCULLIME « part, dans le fond. JD o N ! voici un des esclaves de Timon !..,, c'est Je n'ai pas sans doute, dans quelque présent,je gage.... de nos bonnes mes songes, la croyance superstitieuse femmes dans les leurs ; mais je ne peux m'empêcher de me sourire à moi même, quand je me rappelle, que cette nuit, je n'ai rêvé qu'aux bassins d'argent, vases qu'aux aiguières de vermeil, qu'aux superbes la table de Timon, de cristal qui décoraient dms le Il se pourrait faire que banquet qu'il nous a donné.... d'après ma muette admiration , il m'envoyât.... L'athénien, qu'un motif de curiosité porte à écouter. Timon ! je le connais ; voilà la porte de sa maison. il est bon par fois d'être curieux. Le hazard Ecoutons; et nous apprend souvent nous sert quand on l'interroge, des choses dont on peut tirer grand parti. LUCULLIME s'avance* Honnête Eupolis, c'est avec plaisir que je te rencontre dans cette rue. Si tu étais chez moi, je te ferais donner coups de bon vin, pour te témoigner.... quelques se porte le plus respectable, Or ça, dis-moi, comment D a it TIMON D'ATHENES, Je plus accompli des, citoyens d'Athènes, cet homme si noble, si magnifique, ton digue seigneur, ton généreux maître, pour qui tout le monde connaît mon parfait dévouement ? EUPOLIS dtun ton triste. la santé de Timon eu fort bonne, mais Seigneur, sa situation est fort..... dans ce moment-ci, LUCULLIME , avec un feint transport. ravi de le savoir en Oh! combien je suis pénétré, bonne santé ! si tu pouvais deviner quel vif intérêt j'y Mais dis-moi $ que portes-tu là sous ton prends !.... -A manteau? EUPOLIS. rien qu'une cassette vuide. D'honneur, LUCULLIME. Vuide! ( à part. ) Dieux! " * EUPOLIS. Et je viens, au nom de mon maître, prier votre grandeur de la remplir. Il me charge de vous dire qu'il se dans une circonstance dts plus trouve inopinément sérieuses, et qu'il attend que votre amitié veuille bien l'en tirer, en lui prêtant une somme, dont il a le plus pressant besoin. Il ne doute pas même de l'empresset . ment avec le quel..... d'un ton grave. LUCULLIME, Il ne doute pas !... il ne doute pas !... hélas ! le brave seigneur! c'est bien le plus honnête homme, et je l'ai dit.... entre mais, mon cher Eupolis.... toujours il tient un trop grand état de maison ; les gens nous.... Cent fois j'ai diné chez lr.i,»ct censés en murmurent. l'amitié pareeque je lui ai dit la dessus ma pensée, DRAME. 53 m*en faisait uu devoir. Je suis même retourné souper plusieurs jours chez lui, tout exprès pour l'engager à diminuer sa dépense; mais il n'a jaunis von'u suivre mes conseils. Chaque homme a son début ; et le sien est un excès de bonté, à qui l'on pourrait donner un autre nom, si l'on ne devait pis toujours du respect à un uni qui devient malheureux. Ce défaut là devait le hé bien, voilà m^ perdre un jour; je le lui ai prédit; prédiction accomplie! que puis-je faire maintenant pour en empêcher l'effet? Eupolis a trop de sens, trop de raison, pour ne point voir que me rendre à la prière de son maître, ce serait lui fournir de nouveaux" moyens de propager ce défaut, dont j'ai voulu le corriger. Toi, Eupolis, je t'ai toujours regardé comme un homme sage, un homme prudent. EUPOLIS. Votre grandeur veut sans doute plaisanter.... LUCULLIME. tu sais priser ce qui est Non, je te rends justice... et raisonnable... tu ne blâmeras point ma prudence; tiens: pour te prouver combien j'estime toncanactéie, // lui offre quelques pièces de monnoiè. à part. EUPOLIS, L'infâme! il flatte jusqu'à un misérable esclave, dont il prévoit avoir besoin. ( haut ) Ma prudence !.... ma sagesse !.... certes, seigneur Lucullime, vous voulez L'embarras sans cloute vous égayer à mes dépens.... où se trouve mon maître.... LUCULLIME. Je te l'ai déjà dit,Eupolis! tu as un jugement droit, et tu sais conséquemeut que nous ne sommes plus *> 3 j4 TIMON D'ATHENES, dan> le tenis où l'on prétait de l'argent sur une simple parole . .*. aujourd'hui sois discret, ici mes les yeux sur dis à ton maure, que tu ne m'as pas vu : que moi,.,. où des ufuuts par*i précipitamment pour Corimhe, tu comprens,,.. m'appuient.... EUPOLIS indigné. Quoi! vous icfusez de secourir votre amï, et vous osez me proposer de le trahir? ( Il jette fa bourse. ) Voilà votre argent ; je le maudis, et je vous méprise roalgié la dignité dont vous êtes revêtu. Votre robe sénatoriale n'en impose plus au grossier vêtement qui n\e couvre. L'ingrat! il porte encore dans son enomach Ks nn*ts qu'il a engloutis à la table de mon maître , Puissent et lorsque celui ci implore son secours!... ces alimens se changer pour vous, eu poisons!... Voilà le voeu que forme contre un perfide ami, un bon nie que le malheur de sa naissance, et l'injustice de *a socié é, ont rendu esclave, mai» que ses scntime^.s rendent digne d* la libeité. LUCULLIME. Ah! je vois maintenant que tu n'es qu'un bien digue de seivir ton maître. ( Jï sort. ) sot, et EUPOLIS. Il lui manquait la lâcheté d'outrager Timon, après avoir contribué à le ruiner. Dieux ! je^ressens d'avance tonte l'indignation de mon maître. Comment lui annoncer f... entrons. pupolis entre chez Timon, DRAME. L'Athénien $$ seul. Il sort de l'endroit pour écouter, où il s'élai* f ichè Quo» 9 cet athénien dont jVi souvent entendu comparer au soleil qui répand par tout ses la brillante fortune, rayons, est donc éclipsé! voilà donc le fameux Timon mais je n'en suis pas ruiné !,., Je ne sais pourquoi, Oh! quel bruit cette nouvelle ne fera-tells trop fâché.... pas dans Athènes. III, SCENE LUCIDES. L'ATHEKIEN, LUCIDES qui à écouté, à l'athénien. TX i M o N ruiné! l'ami, qui peut vous avoir ou plutôt cet odieux étrange nouvelle, savez vous qu'il y a des risques à courir et qu'en qui débitent d'atroces calomnies, de sénateur, je pouirais dans le moment faire repentir d'oser ainsi flétrir la réputation de mes amis. L'athénien allarmé. Seigneur!... est votre ami..,. ê?re écouté de m'avait d'abord mes yeux vient je n'ignore point que Timon pardon!... encore une fois pardon, si ne croyant personne, j'ai pjrlé du malheur qu'on appris et qu'un fait qui s'est passé sous de me confirmer.' LUCIDES Un fait, appris cetfe mensonge ? pour ceux ma qualité même vous du meilleur dites-vous, inquiet. qui vient de vous confirmer?.;.. S6 TIMON D'ATHÈNES, C'Xpliquer-vous.... expliquez-vous voas m'eftVayez à un point.... donc!... c'est que L'athénien, Dans le moment même, à l'endroit où je vous parle, à un esclave de Timon vient d'annoncer seigneur, la ruine totale de son maître, et de le Lucullime, conjurer même de lui prêter, dans la terrible situation où il se trouve, quelques secours que Lucullime lui a refusés. LUCIDES une feinte colère. Lucullime!... lui a refusé.... refuser un ami qui reclame dam'sa détresse un témoignage d'amitié!., .et Lucullime n'est pas mort de honte!... Combien je rougis d'avoir ce sénateur pour collègue. Ah l pourquoi ne s'esf-il pas adressé à moi? pourquoi douuçr une aussi honorable préférence à Lucullime. Timon! Timon ! avec quelle amertume mon coeur, trop délicat peut-être dans son extrême sensibilité, regrette l'heureuse occasion que vous venez de lui faire perdre!... Mais.. .. serait-ii donc bien vrai que Timon fut totalement Je vais prendre des mesures pour m'instruire ruiné!... Mais je reconnais l'un de ses esclaves par moi môme.... nous allons savoir.... qui me parait bien échauffé! et vous verrez Laissez-moi l'inteiroger, ( A l'athénien.) que vous avez mal compris les discours de Lucu'lime. dans DRAME 57 SCENE LUCIDES, I V. M v R P ir o N hors d'haleine, L'Athénien. tenant une cassette sous le bras. M v R P il o N. u F !,., heureusement, vous voilà, Lucides !,.. J'ai tant couru dans les différem endroits où l'on m'indiquait que je pourrais vous trouver, que je suis tout..,, comme vous voyez. ( Il s'essuyé le front.) Très honoré ouf! seigneur!.,, LUCIDES. Allons, allons , rcprens haleine. M Y R p H o N. Très honoré seigneur! ce petit coffre.... LUCIDES mon maître vous envoyé avec transport. Il m'envoye ! mon cher Myrphon ! il m'envoye !.. ; Oh ! je le reconnais bien la !... ( A l'athénien. ) Vous voyez bien, l'ami, que vous aviez mal comprit; sans moi vous alliez faire courir le bruit... .Ep. dis-moi cependant, cet homme pour qui le Myrphon, que m'envoye-t-il sacrifice de ma fortune serait bien peu de chose? M Y R l» il o N. Il vous offre par mes mains, un service de la plus extrême le moyen de lui rendre un évcneimportance; 18 TIMON D'ATHÈNES, ment qu'il n'a pas prévu, le met dans la nécessité d« vous emprunter une somme que votre amitié pour lui se hâtera sans doute de.... LUCIDES gaiement. Que j'aime mon bon ami Timon, dans les plaisanteries est que son esprit lui inspire! celle-ci par exemple, de l'argent.... excellente .... feindre de m'emprunter Pour la rendre compîette, de lui j'aurais presqu'envie «en prêter, cela ferait une scène vraiment conrque; et qui sait, si quelque Aristophane, ne s'en saisirait pas pour la mettre sur le théâtre? qu'en penses-tu loi, Myrphon? MYRPHON. rien n'est plus sérieux-... Son embarras D'honneur est extrême. si je ne partage pas Pardon, seigneur, la gaieté qui vous anime ; c'est que l'état dép'orable où se trouve mon maure, ne me permet pas de rire. LUCIDES gaiement encore. Comment donc ? mais voilà un talent que je ne te connaissais pas. Tu remplis bien le rôle dont tu r'es chargé. Or ça, remettons à un autre jour, le dénouement de cette comédie. M Y RP H o N très sérieusement. de cette prétendue Je crains bien que le dénouement ne soit funeste à mon maître ! Seigneur,me comédie, croirez vous, si j'en jure p »r tous les Dieux, qnar.d je vous dirai que l'opulent Timon penche vers l'abîme, «t qu'il y tombe si vous ne lui tendez pas la main. DRAME, L'athénien Vous compris 5? à Lucides qui réfléchit. voyez bien pourtant, que je n'avais pas si mal et que..;. les discours de Lucullime', LUCIDES avec humeur. vous auriez mieux f M de passer votre Taisez-vous, chemin, que de vous arrêter dans la rue pour espionner; sans vous, j'aurai; appris p us tard le désastre do mon ami, et c'eut toujours été autant de teins pris sur la Je douteux qu'il me Un éprouver!... (A Myrphon.) dans une si de m eire dégarni, suis bien iruîhcunriix belle orc.tsion qui s'offrait pour montrer toute l'honnêteté de mes sentmeu» ! quel étourdi je suis, d'avoir été jttter mon argent pi*ur acquérir nue malheureuse petite terve le plus il y a dfux jours, et de perdre aujourd'hui moi! cotise à de ma vie.... beau moment Quelle à demander même moi envoyer quelqn'argent j'allais la somme que j'ai à donner Timon pour comp'.ctter aquUinon ; mais pour tout ce pour cette malheureuse Athènes, je ne voudru* qu'il y a de richesses-dans pas à présent l'avoir fait. Recofhm mde-moi à ton maître Je me fl-ute que dans les termes les plus tendres.... je ne perdrai rien de sou estime, lorsqu'il verra finidis lui de absolue où je suis de l'obliger; possibî'iie ïiv* t*art, que je mets au nombre de mes plus giands celui de ne pouvoir lui être utile, comme malheurs, me fera» tu Me le prouKU-iii, je le désirerais.... l'amitié de répéter à Timon mes propres paroles. M Y R P n o x. Oui seigneur.je serai l'écho fidèle de vos expressions.... €o TIMON D'ATHENES, LUCIDES. La reconnaissance! oh? Myrphon, la reconnaissance! c'est le devoir le plus sacré d'un homme juste! c'est le charme le plus délicieux d'un homme sensible ! ( Il sort d'un côté et l'athénien SCENE MYRPHON de fautre. ) V. seul. !. ;. le chien JLi A reconnaissance ! la reconnaissance de mon maître en a plus que lui; et ce chien n'est pourtant qu'un animal !... Quand je pense que Timon à long-tems servi de père à ce Lucides, qu'il a rétabli sa fortune par ses libéralités, qu'il que le logement les vêtemens qu'il porte, les esclaves qui le occupe, et jusqu'à l'argent avec lequel il entretient servent, mie courtisanne, sont tous des dons qu'il doit à la en et qu'il l'abandonne générosité de mon maître .... Je ne conçois se jouant des mots les plus sacrés.... plus rien à la nature humaine. // entre chez Timon. 61 DRAME. VI. SCENE SEMPHRONÏDE et DÉMO ensemble. CÈDE, arrivant avec humeur. SEMPHRONÏDE T pourquoi m'importuner, tous autres? ne pouvait-il pas à â Ventidiaque? Lucullime, et qu'il a délivré de la prison, voilà trois hommes d'enrichir? tout ce qu'ils possèdent. à moi, par préférence s'adresser à Lucides, à ce. Ventidiaque sur-tout qu'une succession vient qui doivent à ton maître DEMOÇÈDÎ. il s'est adressé à tous Hélas! seigneur, tous trois l'ont éconduit.... Prières nulles.... viai. fait malheureusement SEMP trois, et C'est un- H MON I DE. comme J'entends. Ses amis, autant de médecins qu'il appelle l'un après l'autre , l'ont tous abandonné» Et il faut que ce soit moi", qUe l'on charge :de cette cure désespérée? j'ai lieu d'être surpris d'un tel procédé! n'était-ce pas moi qu'il devait implorer le premier dans le besoin qu'il éprouve ? devait-il me reculer assez loin dans son souvenir,pour que je ne fusse plus que le dernier à le secourir? non, Democf de, non, il a tort, ma délicatesse. Une il a outragé conduite pareille en moi ! et comment marque trop peu de confiance n'a-t-il pas senti qu'il n'en fallait pas davantage pour me rendre un objet de mépris dans tout Athènes, et 6% TIMÔN D'ATHÈNES, me faire passer, parmi nos plus illustres citoyens, pouf sans principes, un homme sans sensibilité, moi, qui de mes sentimens , suis connu .j'ose lé pour l'honneur et a dire, jusqu'aux extrémités de la Gièce. Retourne, la froide, réponse de ses amis, ajoute cille«ci; que ne Timon sache s'étant pas adressé à moi le premier, avec la tourbe qui que je ne veux pas être "confondu hantait son palais. ( H sort. ) V II. SCENE ' DÉMO CÈDE seul, reste comme ébahi. merveille ! mon honneur ! ma délicatesse ! me9 il sa de vertu noms de pare profonde quels principes! qu'il ressemble paliciquelle hypocrisie! perversité! sous le voile d'un patriotisme à ceux qui; tement mettent tout un pays en feu; tel est donc le ardent, insidieusement vendu de cet ami politique caractère C'était pourtant sur lui que mon maître à l'intérêt.... formait sa plus solide espérance ; tous ont, déserté, et de ses lu gesses.... Maïs voilà le fruit qu'il recueille ?... C'est la horde infernale de ses créanqu'entens-je ses amis, ils ne ciers. Ils ne sont pas comme eux, l'abandonnent point. Il entre chez Timon. DRAME. SCENE VIII MERCIDE, EUPIIREME, NOLIMAS, ClRCIDKS, et un grand nombre dautres créanciers de Timon, de différens côtés. arrivent j-y. M E R c i D E à part. foule!... Tous ces *^,uELLE bien la mine m'ont allongée, Dissimulons. (Haut.) Bonjour, liazard nous trouvons nous à la gens là, à leur figure d'être mes confrères. Euphrême; par quel porte de Timon ? EUPHRÊME. Je pense, Mercide, que le même objet nous y Je viens ici, à ne vous rien taire, pour rassemble. ' me faire payer. N o L i M A S. En ce cas, mon cher, nous allons donc former une car (Montrant lesautrescréanciets.) société; je pense que le même sujet nous y amené tous / c'est aussi de et je suis pressé. l'argent que je viens chercher, à part. MERCIDE J'aurais Sauraient-ils déjà la ruine de Timon?... en venant ici de meilleure heure! dû les devancer, tout ce monde là. Timon ne pourra jamais contenter Circidès, quelle heure croyèz( Haut. ) Dites-moi, vous qu'il soit? CIRCIDÈS. Mais.... je crois qu'il est près de dix heures. 64 TIMON D'ATHÈNES, NÔLIMAS. si cela est, ne tardons pins à entrer Camarades, chez le seigneur Timon. Il doit être visible. Il a coutume, comme le soleil, de se lever de grand matin. dun ton mysétrieux. EUPHRÊME, Comme le soleil, soit; mais si la course de l'homme comme ceile du Soleil, elle est radieuse, prodigue, ne se renouvelle point chaque jour' dans le même éclat.-... ' NOLIMAS. Qu'est-ce donc qu'il"veut sa course du Soleil. EUPHRÊME, nous faire entendre avec du même ton. '? de crains le flambeau ses beaux jours que je Que ne soit bientôt obscurci; que cette journée-ci ne soit et pour lui et pour nous; et que bien nébuleuse, Timon enfin, naguéreé couronné de fleurs priiitanières, jie voie plus autour de lui, que l'aridité et les glaces de l'hyver. NOMMAS. bien . Euphrême , vous expliquer de Voudriez-vous manière à vous faire encore mieux comprendre? et nous dire ce que vous entendez par votre printtms et voue hyver? i/u même ton. EUPHRÊME, Ce que je voudrais me cacher à moi même. CIRCIDÈS. Non, il faut tout nous dire; il parait, camarades, qu Euphrême a plus souvent lu les livres de nos Poêles, que - DRAME. 6% que ses livres de comptoir : mon confrère en Aritheméselon vous, est la:sscz-!à vos énigmes; Timon, tique, donc ruiné!... EUPIUÊME,, Voilà le mot décisif Tous ensemble. Oh ! Ciel ! Ci»U Ruiné !... Ruiné !,.. Ruiné !.... qui l'eut dit?..i Qui l'eut cru? EUPHRÊME, vous dis-je. Ses amis l'annoncent} Archi.... ruiné, à tout le monde. Tous tes biens sont dissipés; son, et le Sénat l'abandonne. crédit est perdu, avec Tousensemble., Entrons Entrons!... !... des cris. .Entrons!.. Entrons!.. 4 NOLIMAS. Mon billet à moi est de trois mille éçus. Et le votteg C IRC IDES. .De cinq mille. NOMMAS. Cela crie vengeance.... N'est-ce point là son intende son manteau.... dant? il médite de s'enfuir enveloppé Saisissons le, et puis entrons de force. Tous Oui, oui, forçons avec des cris. les verrous et entrons. E : '*& TIM O N-D.f ATlHrÈ SCENE Les NES, IX. EUPOLIS à la porte de Timon, et. ./ f empêchant les créanciers (Centrer. mêmes. EVPO Lis. donc ! arrêtez donc\ RRETEZ où voulez-vous £\. aller avec vos cris de Bachanaîes ?.. .Mon m.iître depuis la trahison de ceux qu'il croyait sef amis, n'est pas en sa tête est bouleversée £tat de parler.à personne; ; sa santé est déwnàSéé. Il veut garder sa maison. ' MERCIDEiî Ji , ; i,i->: donc Ma sotise de n'avoir pas su garde'r Comment le droit de garder invisison, al-gent, lui. donnçrt-elle a ses blement sa maison? elle appartient présentement, créanciers. Par Jupiter, il fa«&a bien que là, ou ailleurs, Je veux l'interroger.... i[paraisse, pour npus^ payer!... ^ ".•;•;;;:: il . Jè'veuVié-Vbîri?.^'^^ EtJPHREME/ Je Dieu point gages à la statue au moi, que semblable déclare, Thern-.e, que j'ai /dans mon jardin, je ne quitte la porte de ton maître, que je n'en aye rtçu les des srommes. qu'il me doit.. ;';' Tous ensemble, Ni moi! Ni moi! Ni moi! les fêtes de Miiicive..,. avec des criV. Ni moi!... J'attendrai ici BRAME. 6% EyppLis. Vous tous qui voulez ressembler au Dieu Therme, imitez donc son silence. Aussi bien tous vos cri» sont inutiles. Je vous ai déjà dit que mon maître est d >.ns un étrange abattement, que sa santé est très altérée, et qu'il est obligé de garder la chambre. ClRC iDès. Malade! malade !... C'est justement pourquoi il faut qu'il nous paye. S'il aiiait mourir pour se tirer d'embarrasi MER c IDE. . \ j i ; -. !t v C'est nous tons alors: qui nous y trouverions; non, de par, tous les Dieux ! non, il me faut mon argent, et *_ \ „,,\ . tout-à l'heure. * Tous ensemble. Moi le mien ! Moi le mien ! Moi le mien ! On entend :'<- (l des voix confuses sortir r .Timon. Au éècoùrs!... Mon maître!... * de la maison Au secours! Au secours !... pauvre maître. de O mon MERCIDE, . Est-ce que le feu prend à- la maison nous manquerait plus que cela ! de Timon! É » il n§ 68 TIMON U'ÂTIÎENES, SC ENE X. Les mêmes. TIMON, dans une espèce de délire, ses vêtemens en désordre, parait à la porte de son appartement , entré Ses esclaves effrayés et Havidias qui fait de vains efforts pour l'empêcher de s'élancer. Le peuple se rassemble. •-.-:•;: :. • TlMQN. - tj JLi A 1 s SEZ-moi!... vous dis-je!... Laissezrmo!, Mes portes se ferment-elles aussi devant moi, comme lecoeur de nies faux amis ? ma maison est-elle devenue la prison funeste de sonmaître? (Il s'avance après s'être dégagé des bras de Flavidias. ) Les monstres !... commp ils ont trahi les devoirs les plus sacrés de l'amitié dont Avec quelle iudiqnité ils je les croyais les modèles!... ont repoussé la main suppliante de celui' qui n'ouvrait jamais les siennes, que pour les combler de hienfiifs!... cruelle de ce coeur déchiré, est derré ÀH! la doiïîetrriaplus forcé d'avouer Douce qu'ils en étaient indignes!... chimère de l'amitié ! vas donc te perdre dans l'ombre et toi, noir specîre deTingra^ des êtres phântastiques; à mes yeux !... Sois une viens la remplacer îttude, des Euménictes , sorMe des. enfers, pour s'attacher à du reste de ma vie ! mes pas, et faire le tourment {A un de ses esclaves. ) Qui sont tous ces gens là, dont les regards sinistres me lancent des flammes?.., Tu te tais!... ( Le prenant'à la gorge. ) Parleras-tu ?... L'esclave Seigneur!... tremblant.. ce sont vos créanciers .... qui, sur le DRAME, 69 .bruit que vos amis font courir, de votre ruine, eu foule, pour.... TIMON troublé. accourent . Mes créanciers!... dis-tu ?... Je ne M$s créanciers, croyais pas en avoir/ et mon coeur se croyait celui de tous ceux que j'aimais! Ah! la foudre en tombant à mes pieds me fait ouvrir les yeux !... Après un silence Oui, je veux aller les trouver ces traîtres, farouche.... ces ingrats ; fussentrils cachés de honte dans le sein de la terre, ils ne soutiendront ils point mes regards; fuiront à mou aspect; le remord les poursuivra, et je un mouvement pour serai Yengé. Marchons. ( Il jail s'éloigner. ) Lès créanciers s y opposent. NoLiMASa leur tête. Vous ne vous éloignerez pas, de par tous les Dieux! nous vous tenons; nous ne vous lâcherons po:nt.... lïous vous garderons à vue, et vigoureusement.... Payez nous! ( Cfioeur des créanciers. ) payez nous!... Nous Nous sommes las d'attendre. attendons.... vivement aux créanciers. FLAVIDIAS, osez-vous humilier ainsi 9 et dans Misérables! endroit public, un homme dont le rang.... CIKC Nous a trompés IDES. ! FLAVIDIAS. Dont i l'opulence.... Non r Nous a ruinés! un M A §. ' " " - Jï 3 • 70 TIMON D'ATWENES, FLAV 1 D 1 AS. Dont le crédit.... EUPHRÉME. E?t entièrement perdu. ( A Timon avec amertume. ). Noble et puissant seigneur! vous, qui dans vos accès de folles prodigalités, donniez tout à ceux à qui vous ne deviez lien, ne donnerez-vous rien a ceux à qui Vous devez tout? voilà mon billet; No LIMA S. kVoici le mien. Un autre. Et le mien, seigneur. CAPHI^S. Et les nôtres, seigneur? TlMONj ; Voyez.... Voyez. avec violence. Eh bien ! couprz ce corps qui me reste, monoyez-le et payez vous! avec ironie. CIRCIDÈS, Le mien" est de cinquante mille > écus. la main sur la poitrine. de mille ce et coeur, cinq que goûtes Poignardez dons une sorte marche vous a servent // ( payer. sang déchirez-moi, d égarement. ) T«;nrz, j'y prenez-moi, clameurs. et finissez vos importunes couses, ME K C 1 DE, aux créanciers. TIMON, Mes compagnpm! écoutez. Vous voyez bien que s*iî était extraviguant quand il était riche, il est encore plus fou depuis qu'il est pauvre j mais j'en jure par Hercule! de sa folie. Voulez-vous je ne serai pas la dupe suivre mon conseil? Formons un cortège, et rendoin» nous tous ensemble chez les juges, pour qu'ils rendent a lui, son bon sens, et à nous, notre argent. . . -v NOL1MA5. Mercide a raison. Moi je ne veux pas quç la justice laisse même un chenet dans ses beaux appaitcmens; Nous verrons quand il sera réduit au pain et a l'eau, sur la paille de sa' prison, s'il ne trouvera point, pour avoir de l'argent, les moyens qn*il a trouvés pour s'emparer du notre. Allons partons. Au revoir, seigneur Timon! des salusortent en faisant ( Les créanciers tations ironiques à Timon. XI. SCENE T 1 M o N absorbé. F L A V I D I A S , les esclaves de\ Timon. aux esclaves. FLAVIDIAS, ENTREZ, vous autres. Je Vous dirai tantôt, lé dans ^"bouleverseparti que voua avez a prendre ment subit. IAS esclaves sortent. ( A Timon, qui sort d'une espèce de rêverie sombre. ) Mon cher maîtie!... TIMON, sens voir Flavidias. Ils m'ont mis hors de moi, les misérables...k Des créanciers! des 'furies.'. .'. Leurs aCcens odieux retentissent 'encore à mon oreille.. C'est un supplice. Ali t TIMON 7* D'ATHÈNES, si j'apprenais à les congédier, à les éloigner.... Si je savais..... Si je prenais ce parti; Pourquoi pas?.*. il est digne d'eux, s'il n'est digne de moi....-(// marche avec agitation. il faut.... ) Oui, oui.... FLAVIDIAS Mon bon qui le suit. maître. TIMOK; en marchant. toujours Oui... c'est le vrai moyeu de leur arracher à tous de le 1e irw?que, eh présence les uns des autres, Monstres! ler:r jetter àr la tête, et de leur crier.... connaissez vous tous, comme enfin je vous connais!..• comme ils doivent l'être. Alors Alors, je îe-t punis,.et ceUc vuiçeaiïct; sera le dernier, p'aisir de ma vie!... li faut" que je le goûte, puis'qn'i's ont versé dans mon â\r.e de pareils tourrnéns.' Qu'on appelle mon intendant. Holà! quelqu'un!... N'ai-je donc là personne? FLAVIDIAS,à Quel égarement! TIMos, Ah! c'est toi!... mon cher Flavidias va trouver Lucides autres convives de ( Haut. part. ) Me voici, seigneur. paraissant plus calme. J'ai hien.de la joie de te voir, !... Ecoute; va trouver Luculiime, et les , Semphroiiide, Ventidiaque, mon dernier banquet. FLAVIDIAS. Eux! ( A part. ) La douleur trouble ses esprits. TIMON. Oui, eux.; se surpasse^... mon cuisinier, préviens qu'il songe à Nous saurons pourvoir a tour te db-jûi DR4ME. ' 73 on propres ne diffère, point, va et dis-leur termes, Que je que je le! invite à se trouver ici ce soir.... veux rire avec enx*de3 allarmes qu'à pu leur donner le bruit que j'ai fait courir moi même, mais par pur amude la chute subite de ma fortune. Dis-leur sement, de leur part , que j'ai regardé comme une plaisanterie le refus qu'ils ont paru faire de me secourir dans ma des dans le tems détresse. Nous sommes prétendue en donner et j'ai voulu, à ma manière, fêtes publiques; en une petite à mes concitoyens, pour me réjouir, Avec un Toi même,( me moquant de leur crédulité! rire forcé. ) Flavidias, ne trouves-tU pas mon invention très jovial*?... à pari. FLAVIDIAS, de plus en plus! (Haut.') Mon Sa tête se dérange *C maître!... pensez-donc que dans ce moment-ci, d'après la scène cjui vient de se passer dans cette rue, même vous ne trouveriez pas le moyen de donner, le repas le plus frugal : hélas! aprè* l'éclat scandaleux de cohue de vos créanciers vient que la bruyante faire..., TIMON. Et toi aussi, mon cher Flavidias !... Quoi ! voudrais-tu que je t'inscrivisse sur la liste de ces amis, qui, revêtus ma vie, nie refuseraient de mes dépouilles, pendant le lutct-uil qui doitm'ensevelir.Net'inquiétc à.mamort, Je me repose sur toi du soin d'exécuter la pas.... commission que je te denue. Je vais de mon coté, ton absence, avec mes esclaves, pendant préparer le projet qui me rit,... les moyens de remplir mais beaucoup. FLAVIDIAS. Mais,.... TIMON 74 D'ATHENES, TIMON, affectant de lajoie. ^ J'ai des ressources .... qui te sont inconnues. Console toi, bon vieillard.... Ecoute; depuis lor.g-tems j'avais enfoui un trésor au pied d'un arbre. Ainsi, j'ai voulu enchaîner de loin, la capricieuse Déesse, parce que Lis sur mon je connaissais ce qu'on apeîlé la fortune....... la tranquillité de iront le fruit heureux de ma provoyance, mon Tu seras tén.oiii de ma nouvelle âme.... Va. ( Il lui parle à t oreille, ) Hâte-toi. opulence,... FLAVIDIAS. Ce calme!... Cette sérénité!... .Est-H redevenu en eflet ce qu'il était..... Dieux! J'auriez-vous favorisé?... Ah! vous lui devez ce miracle, s'il n'est pas encore accompli. Allons, et remplissons sa volonté quelque étrange qu'elle nous paraisse. ACT H. FlK DU TROISIÈME ACTE SCEKE I V. P R E M 1ER E. Le Théâtre représente un des salions de Timàn. Dans le fond est une table préparée pour faire un festin. SEMPHKOSTIDE Cl, LUCULIME, Luci,DÊs, muets . qui,, par leurs., autres sénateurs plusieurs gestes applaudissent à ce que disent les interlocuteurs. LUCULI. IME. ' '.' ï ,| E vous salue, Lucides. Hé bien ! la nouvelle qui «Uarmait si vivement tous les amis de Timon ?! • DRAME. y± LUCIDES. 1 Est fausse, absolument fausse. J'en suis sûr, car son Intendant m'a dit que la fortune de son maître ne fût jamais mieux affermie. Et n'est-ce point là, 11reflet xion que je f.lisais en vous abordant» seigneur Lucullime; je vous jure que je n'ai jainiïs pu croire un moment que Timon fut dans une situation aussi déplorable que celle dont ses adroits esclaves nom faisaient la source la pathétique Depuis quand description. d'un fleuve, tarit-elle en un moment ? abondante L u c u L L i M Z. Quant à moi, j'ai toujours pensé» que Timon avait eu la petite malice de ce donner un plaisir tout nouveau, en essayant de nous rendre dupes de sa feinte \ je vous avoue , que j'ai été catastrophe. Cependant désolé de m'être trouvé dénué de fonds, quand jl ;i dit avoir besoin de mon secours.... Combien il m'eut été doux de lui prouver mon dévouement ! PoUr moi l'amitié est un culte!... Mais je m'appatçois que j'allais faire î'é'ogé de mon coeur, et qui de vous ne le connaît pas? SEMPHKONIDE Malgré le bruit public, j'ai coutume, moi, da ne jwçer que parles faits; et le nouveau festin que Timon nous donne est une preuve.... LUCIDES. en doute. J'avais aussi une Qu'on ne peut révoquer idée confine, qu'il y avait dans tout cela une plaisante erreur. 76 TIM ON D'AT H EN ES, HOMMABanMiiianN SCENE Les mêmes. II. à la porte du sallon. TIMON,paraissant TIM O N, à part. JLJ E S voilà donc !... Qui ne croirait à leurs phisioà leurs airs affectueux ! •.. Et qui ne tromnomies, peraient-ils pas? Ah! calmons les flots que la fureur soulève du fond de ce coeur outragé ! // s'avance vers les sénateurs avec les nwuvemens dune sérénité feinte. ( Haut. ) Dignes Sénateurs ! le sentiment que j'éprouve, en vous voyant ici.... Comment vous portez vousv L u c u L L i M E , gaiement. à merveille, Toujours vous jouissez aussi dune TlMON, quand nous apprenons heureuse santé souriant dun que air forcé. En effet.... Et c'est à vous, mes Oui, ma santé.... où elle dignes amis, que je dois le retour heureux, se tiouve maintenant.... ( A part. ) O tourment !.. # LUCIDES, à part. , Quel est donc ce nouveau ton de voix! Timon semble- avoir le visage couvert d'un voile !... ( Haut. ) Je me flatte, Seigneur, que vou3 n'avez aucun ressentivotre mesment de ce que j'ai été forcé de renvoyer sager, les mains vuides* si vous me l'eussiez adressé deux heures plutôt, c'eut été un bonheur de pouvoir.... DRAMB. TIMON, d'un 77 air contraint. Ah ! ne songez-donc plus à 'cela. N'avez-vous pas deviné dabord que c'était un jeu de ma part ? ( Bas. ) Ah! que je souffre!... ( Haut. ) Çon jour, en venant me voir.... Vous m'obligez Semphronide/ me manque pour vous dire.... Et l'expression SEMPRONIDE. confus de m'être trouvé si pauvre, Je suis vraiment l'autre jour chez moi. lorsque vous envoyâtes TIMON, toujours contraint. Et Croyez Hé ! oubliez donc cela,Semphronide.... et que je vous rends toute la. que je vous connais, justice que vous méritez. SlMPHROKlDE. a dû vous dire que la» votre Démocêde Seigneur! de mon amitié s'est offamsée, de ce que délicatesse feignant d'avoir besoin de vos amis, vous ne vous soyez adressé à moi, qu'après vous être adressé à tous les m'a humiCette préférence, autres. je vous l'avoue, lié. Hé bien, qu'en est-il résulté? J'ai pris le parti d'enla petite trer daii3 vos vues et de jouer un rôle,dans comédie dont vous vous régaliez. J'ai feint à mon tour, mon personnage, un refus. pour bien remplir V TIMON. Ah ! Ah ! Bon ! Vous avez vu tout cela. ...Je ne pouvais attraper tout le monde. Je vous prie, mes amis, que ce souvenir ne vous empêche point de vous livrer à des idées agréables. Le moment vous y invite!, et vous savez que le meilleur festin est nul si la gaieté A ses esclaves.) n'y piéjide.( Apportez tout ù la fois, ?a TIMON D]ATHÈNES, les mets que. j'ai commandés afin qu'il moi-même, le banquet soit distingué, que j'offre, que je donne à mes bons, fidèles, sensibles amis.... «.*«.-'. %:k'.'-. Les esclaves placent sur la table , les plats que Timon leur a fait préparer. ' • *••' Ï LUCIDES* Je deviné. Quoi ! tous les plats sont couverts!... C'est iii;e suiprise agréable que Timon veut nous pré" r*' ' ' • ' ;; '• ; '.''''" parer.', l. SEMPHRONIDE. Festin splendide ! j'en fépohdsj : .' nous surprendra plus. mais dé Sa part rien ne ' * LUCULLIMI. Tout ce que l'argent et^ la saison peuvent procurer, Je le reconnais à ce goût, à cette nous en goûterons.... ' '• • . ' . magnificence!... SEMPHIlONipE. , v. is !... Le patron est toujours ce qu'il Délicieux repas ' a: •*?-.*. :.': ''•"'. '•;' était:'""1f •'< TIMON. • *" • ... ' ' [ - -f , Allons; que chacun prenne place. VOUÎ serez également bien servis, quelque soit celle que tvous occuquelque préféperez. D'ailleurs, pourquoi dqnnerais-je rence à quelques uns de vous autres ? l\e sais-jc pas bien, que vous valez tous, autant les uns que les amies? : -i Lu c uLLIM E,-,-auxsénateurs. =f à jouir des délices d'un banquet où Préparons-nous la générosité du noble Timon ne le cède qu'à, la grâce" DRAME. I avec laquelle pour charmer r 79 il reçoit ses convives....'Tout ici est fait le coeur et les yeux.... également l'appétit, Les convives TIMON s'asseyent. , debout. nos voeux au Ciel..... Adressons d'abord Dieux L'homme est né trop ingrat pour sentir yos immortels! bienfaits. Gardez vous 5, malgré vos présens multipliés, ne les répanrien de leur reconnaissance; d'attendre dez pas tous à la fois, si vous ne voulez pas que vos autels soient déserts. Car si vous étiez réduits à emprunter clts hommes , les hommes renonceraient bientôt au çulta < qu'ils vous rendent.... à Lucuïlime. LvcwÈSybas Quel est donc ce ton mystérieux du Seigneur Timon£ • un air tout différent. ;;;' Je lui trouve aujourd'hui, LucuLLiMi,' <J'ai fait la même TIMON, bas à Lucides. J observation. toujours, debout. bons !1ne faîtes pas que le festin soit plu* I pieux Ni que la gourmandise aimé 'queTiiote qui le donne. Vous lise* dans les coetirsj prenne l'accent de l'amitié... abaissez vos regards sur tons mes ami* qui sorit idl ! Soyez et. soyez, 6 puissances rassemblés; Suprêmes ^ponr eux ce qu'ils sont tous pour moi ! et qtië vos dbhs le fe>tîn auquel ils sont à leur égard soient comme // fait signe à ses eeclâves. Découvrez. invités !... Les esclaves découvrent les plats. . ,o î TI 8<> MO N © ' A T H Ë N E S / SEMPURONIDI. Que veut dire ceci?Tous TIMON, je3 plats sont vuides!.., avec chaleur. Qui, vuides, comme vos âmes, vo3 âmes cadavéreuses , que vous disiez remplies pour moi, de tous les sentimens de l'amitié. Dévorez maintenant, dévorez, troupe affamée ! Beau cercle d'amis de bouche , vils amans de la fortune et de la bonne chère, vains phantômes sans solidité,' loups affables, ours caressants; pûissiez-vous n'assister jamais à d'autres fêtes que celle que vous donne aujourd'hui Timon ; qui vous méprisé.,' vous hait et vous maudit. Où sont donc présentement vos louanges, vos flatteries, vos lâches et dégoutuns mensonvo3 langues ne peuvent plus ges; rien dans l'estomacli. restez muets, étonnés.... Vous fuyez.... aller.,...;Vous ( Tous les convives se lèvent en tumulte. ) Où allezvous donc, mes bons, mes sincères amis? Attendez, attendez, je veux encore vous prêter de l'argent et non vous en emprunter. Quoi! tous en alSarmcs et stupéfaits devant le néjnt des plats. Hé bien vous tous, soyez accablés de mes libéralités. ( // fait un geste , et ses esclaves lèvent toits les plats et menacent de les Lucuilime, jttler à la tête des convives. )...'Honnête Et toi aussi, tendre Lucides!., .ht prens ta pari!... El vous tous, bas toi aussi,généreux Semphronide.... au genou prosterné, ridiesclaves à la tête inclinée, au Palais du riche. . . • cules automates , attachés ou mes valets vous assomment. Fuyez.... LUCIDES, II est devenu troublé et cherchant fou !.. « Mon manteau.... à s enfuir. Où l'ai-je mis ? LUCULLIM& # DRÂlviË fe de mêine. LUCULLIME, Poùvëz-vous expliquer qu'elle est^ cette Navez-vous pas vu ma Toque ? fureur?.i » S S M P H R o NI D E , de même. Elle est inconcevable!... ture ? Les Sénateurs en se rencontrant, se heurtent contre les autres. i.er Sénateur, Et,mon de sortir pas là ma cein- N'avaïs-jc froissé Prenez écharpe? d'ici. par les uns, un autre. donc garde ! Hâtons-nous 3.c Sénateur. Voulez-vous Que ne suis-je loin.... Qu'il est lourd!... 3.e Sénateur. me renverser?, Beau repas !... Ma jambe. m'estropiez Aie !... Aie !... Holà, donc , vous !.. \ 4.e Sénateur. Mon bras. 5.e Sénateur. Ma tête !... 6.e Sénateur. Mon épaule !... à ses esclaves: TIMON, cette meute heurtante,' Chassez,chassez Il n'y a plus ici de proye pour elle. Les esclaves chassent le$ Sénateurs dévorante. et sortent avec eux, F 8i TIMON D'ATHÈNES, avant de sortir. LUCULLIME, Suivez-moi : rendons-nous au sénat ; il vengera front fait à ses plus illustres membres. l'af- WWM .tMMM)Mn SC E N E I I I- TIMON, — __. y seul. —„ ces sénateu périsse ce sénat discordant, toujours prêts à'trahir ou a mentir! Que font-ils? fis et tuent l'homme absolvent l'homicide, probe. Ah! doit être dangereuse pour l'état. que leur ivresse, Mes vins ne les enflammeront plus; lis iront ailleurs fomenter leurs détestables factions. Les voilà ces audacieux hypocrites qui de la liberté ont fait une tête de Méduse. Tous ont fait le mal, ou l'ont souffert lâche// s'arrête un moment : et dit ensuite. Tu ment. Ah ! tu sens pleures , Timon ! Tu pleures !... que la vengauce que tu implores ne te rendra poii.t la douce illusion du sentiment qui fakoït le charme de ta vie ! L'idole que tu adorais est tombée de l'autel ! // se promène en silence, et dit ensuite. IMon ;... La honte d'avoir été trompé par des fljitenrs dont n'humilie mon amour ridicule le point jouet, j'étais ne.soupçonpropre! hélas ! ma crédule inexpérience nait pas dans l'âme des autres, une dureté que je ne trouvais pas dans la miennef Non, l'édifice de ma fortune en s'écroulant, n'ébranle point la feimeté de mon caractère. L'indigence ne m'épouvante pas. Je n'aimais dans cette fortune, que l'heureux pouvoir de la répanle besoin d'aidre sur ceux qui m'ont fait éprouver me voir condam* mer. Mais , cruellement détrompé, u'iL DRAME, 83 ' lié au tourment de ne plus rien aimef !... disQue je? je sens que la douleur, étouffint dans mon coeur, tous les germes d'une passion que j'idolâtrais, va désormais y faire circuler tous les poisons de la haine ; je sens avec effroi que ie suis prêt de l'étendre sur tout H^ïr ! haïr! cela est affreux.... le genre humain.... C'est le seul hélas, qui m'attaMais ce sen&nent,... che encore à la terre ! oui, ne pouvant plus aimer , il faut que je haïsse.... Horrible volupté ! Dieux! Ce n'est qu'en devenant à l'exempte de tous monstre, ceux qui m'entourent, que je deviendrai , je crois moins misérable. // tombe anéanti. SCENE 7 IV. TIMON, ALCIB1ADE. AtciBiADE , fortement agité. Moi dont ce bouclier les a si EXILER!... défendus souvent contre les javelots de l'ennemi ! Les ingrats!Ils ont banni Phocion. M'exiler!... C'éil leur pardonna. tait un philosophe; Alcibiade n'ambitionne point cet effort d'une vertu sublime. Non. Combattre , voilà son plaisir. Vaincre, voilà sa gloire. ef je le remplirai.' Leur Se venger, voilà son devoir.... injuste décret manquait à ma gloire : Oui, j'en jure par ce glaive. Je détruirai la caverne que le peuple trompé appclla si long-tems le temple de la Justice ; La d;3 brigands affamés d'or, de sang et de domination, pilceux de leur concitoyens lent, égorgent ou'flétrissent dont ils redoutent les venus, ou dont ils convoitent F % $4 TIMOND'A^^HÈNES, D'un ton plus calme. Mais dans l'indiles richesses. gnation qui me trouble, j'oublie que je suis chez Timon. dont on public par-tout ... Le voilà le malheureux, le désastre ! // s'avance. Timon, je vous plains bien et je désire que mon amitié sincèrement, T i M o N , se levant très vite. encor mortel ose L'amitié\... en prononcer Quel ma présence ce mot qui fait sur moi, l'effet que produit le blasphème, sur une oreille pieuse.... ALCIBIÀDE. la voix d'Alcibiàde. reconnaissez Instruit Timon, de votre malheur , je suis venu vous apprendre le avant de me rendre mien ; et voUs faire mes adieux, au lieu où le sénat vient de m'éxiler. TIMON. Le Sénat vous exile !... Quoi ! le héros de la Grèce ! Celui dont les trophées ornent les colonnes du temple de Mars*, celui qui couvre Athènes des rayons de sa gloire ! celui ALCIBIÀDE. Mais puisque je vais vivre loin d'eux, ce n'est pas cet aHront est fait pour alluun malheur. D'ailleurs, et pousser mon bras à mer toute mon ^indignation frapper ses coups sur Athènes. Je vais ranimer le couet gagner leur coeurs. rage de mes troupes mécontentes, de nombreux I) y a de la gloire à combattre ennemis; et les guerriers ne doivent pas plus que les Dieux, souffrir qu'on les offense impunément. T i M o N. Dieux immortels ! faites qu'il précipite sa vengeance DRAME. 8f la tête de ces homme pervers, qui craignent le regard de tous ceux qui ne leur\ressemblent pas* sur ALCIBIÀDE. Ma vengeance ne tardera point; ont choisi mon que les immortels l'instrument terrible. TIMON. douce et Quelle harmonie oreille! ... Alcibiàde, tu es descendu des cieux justice, timent de mes vils et cruels \ e\ j'aime â croire bris, pour en être \ \ nouvelle ptentit à mon pour moi je génie de la pour m'amouc&r le châennemis. / I ALCIBIÀDE. Les malheureux Athéniens plongés dns un abîme/ de maux tourneront les yeux vers Alcibkle. Ti-M ON, vivement. Sans doute, joli garçon ! corrige ces irensés d'athéniens, tu es 'né pour châtier Athènes; letsprits y sont facttux qui veuctans le délire; punis ces misérables lent usurper la puissance. Voilà tout ce ue je désire. me flatter ..'. écoute, Alais toi, Alcibiàde,-viendrais-tu l'adversité m'a éclairé; elle-m'a appris à i.i|fairedépéridre que de moi seul toutes mes espaces. ALCIBIÀDE. Je suis ton ami et te plains.... / / T I M O N. / \ ne me Tu ne sais doÊ je diî-tu!... que pas Que veux plu? avoû- d'amis.,*. Des amis îi n'y en a jamais être eu.... laisse-moi car scul^ Va, j j'aimeraisiVnieux j s éloigne. F 3 I / / 86 TIMON D; A THÉ NE S, ALCIBIÀDE. Le poids de Vinfcn tune qui pèse sur sa tête a troublé sa raison. N'ïgravons point ses maux ; et courons étouffer ce foyc' de discordes où sous le faux nom de ennemis d'amis du peur/e 9 sont les plus grands la îibeité publque. Alcibiàde se rfirc en faisant quelques gestes de comun Timon va dans ci s'asseoir , fauteuil, passion la tête pencée dans ses mains. SCENE V. TIMON. FLAVIDIAS, enveloppé dans son manteau. Lis tbciavi de Timon le suivent dans différentes attitudes duloureuses. Il se fait un moment de silence. L' jour ceimence à baisser. La lumière du sailort s affaiblit jer degrés. FLA IDIAS, tristement aux esclaves. \ VA ES «f.fcts, je vous l'ai dt\id-t : Retirez Vous; votre lïe le souvenir doubsut que lui rappeler préocnc' do n-it briilailt qui n'existe, plus pour lui. lourei* yOUr le voyez ,ieut le monde l'abandonne. £ U P O L 1 S. \ • le ^pnde entier aurait ciû Timon si près dsm Qui de sa îiîfiiût' tôt e<t-il peidu, Ne rtstcdésespéré? t-il rien ? FLA VIDI AS. Dans-la sîfuatio» déplorable eu il se trouve,, il ne peut pas même pyer le reste de vos gages. DRAME. MYRPHO 87 N. Une pareille maison renversée!... Un si "éuéreux maître, précipité dans la misère! et nas un seul de ses amis qui tende les mains à son infortune! FLAVIDIAS. \ De même que nous tournons le do\à notre camarade dès qu'il est jetfé dans la fosse, a\i«i ses amis en s'écharaetit tous loin voyant son opulence disparaître, 1 de lui.... D E M 0 c i D E. \ Mai3 nous avons encore tout ce qu'il nus * donné. 1 M Y R P H o N. Sans doute. DEMOCÈDE, \ Eh bien , nous pouvons reconnaître lebonfés qu'il a toujours enii^ pour nous ; notre tour es/enu d'éfre aussi bons que lui, du moins autant que [>us le pouvons. | M Y RP II ON. \ Je fais une réflexion ; peut-être de qu'il/Wiraît recevoir quelque chose de ses esclaves. Ipvdia;, vous qui aviez la garde de sou trésor, vous piiyee ^ndre d'y avoic trouve l'argent que nous allons pus remôr^ D É M o c k D E. \ Bien dit. Qu'il ne sache pa3 mêmejue cela vient de nous. ( // présent* une bourse à Flattas.. ) Teue^ rassemble ÏP»S là dedans c'est nous , que prenez, depuis douze an*.... Ç8 TIMON D'ATHÈNES, Fx A VID l A S , ému et refusant, Ames honnêtes f braves amis ! après tout ce que j'ai vu ici, votre procédé me touche infiniment ; mais •je dirai qu'il m'^oune , et qu'il étonnera beaucoup le jiialheureux Tir/ou. MYRP'HON. y a voulu que nous fussi la fortune Et pourquo/? une classe avilie, eu revanche la sions lé'égué^'dans nature a voul) que nous nous relevassions à notre gré, On voit tant de nobles penser par nos sentons. des esclaves ne pencomme des ketoves, pourquoi seraient-ils pfe aussi comme des nobles ? FLAVIDIAS. Mes honcables amis, encore une fois , je vous en co'.jure , rerez vous. Je vous appuierai quand je croidevant lui. rai que \ck pouvez vous présenter SCENE j X\M O N, V I. FLAVIDIAS. Vf, A v i D I A s, à lui-même. Ce n'est rien encore ; J5 A fortune t renversée.... comment lui aVioncer une plus terrible nouvelle i1 quel moyeu prendri-je , que le sénat pour lui apprendre par le c teret iiiunant qu'il vient de lancer contre lui, à ia soilicitationde ceux qu'il aimait- le plus. ... ' DRAME TIMON, «e levant ?9 de son fauteuil, awère. dit avec une joie Flavidias ! félicite moi. Je souris maintenant avec dédain sur tous les maux qui m'arrivent. Je me réjouis, en pensant qu'il n'est plus au pouvoir du soit, d'eu le nombre. un plaisir qui m'était augmenter J'éprouve avec en bravant sa rigueur, eu U défunt inconnu, fierté, de me porter de nouveaux coups. Je retrouve tout dans le néant de tout. ( // se promène avec un air de satisfaction, ) FLAVIDIAS. en lui montrant l'affreuse vérifé, Eerai-je évanouir, mais la chimère qui, dans ce moment, le tronme, le console? lui arracherai-je le funeste et dernier plaisir dont il croit jouir ? non, jamais je n'aurai ce courage. ( Il s'éloigne. ) T i M o N. Ou vas-tu Flavidias? ... Hélas! tu crains la contaA lui-même. et tu fais bien.... gion de mon malheur, Ma tête a donc le pouvoir de celle de Méduse?elle pétrifie ceux que je regarde ! V i, Fiavidi;is, va , je* ne regrette point ma prospérité,. puisque je uc serai pins environné de vaines peintures, telles que mes faux amis. les larmes aux yeux. A part. FX.AVIDIAS, Ah ! s'ils n'avaient été que faux !.., Faut-il donc que ce soit ma main qui lui arrache le bandeau qui lui cache le plus grand de tous ses malheurs ! TlMO N'. pii'as-tu ? je te l'ai dit, nue je me trouvais "ni dessus des coups du sort. Que je non av«is plus rien à craindre. 90 TIMON Hélas ! vous D'ATHÈNES; FLAVIDIAS, vous trompez î TIMON. Je me trompe!et quel est ce nouveau revers? ... Me voilà déjà fait au malheur. .1 Achève. Fi. AVIDIAS. Le sénat vient de rendre un décret d'Athènes. TIMON. Moi ! et sur quel prétexte ? parle, qui vous chasse F L A v 1 D 1 A s. Sur ce que votre grande opulence à donné l'exemsur ce (pie vous avez hâté les ple d'un luxe nouveau, tandis que votre publique, progrès de la corruption plus grand crime est d'avoir trop enrichi d'artistes , trop fait de bien. Ici Timon tombe dans une espèce de stupeur) et Ftavitiias continue. J'ai vu LuculUme, Lucides, s'empresser à faite prononcer Semphronide, ce décret flétrissant. le lès ai vus étincelans d'une joie remettre dans les mains de v»;s avides créanbarbare, ciers , le pouvoir du se saisir du dernier de vos meubles. Leur cohorte va assiéger votre maison et déjà le peuple assemblé applaudit à leur insolent triomphe. TIMON, la bonté être osera désormais bon, puisque Qui tant d'ingrats. qui fait les Dieux, engendre F L A V I D I A S. Au milieu de ces cri? tumultueux, j'ai traversé la et je viens, ô mon foule, couvert de mou manteau, Tu;:ître , vous demander.... DRAMK. T1 M o N , d'un ton eut me, 91 mats sombre. Dans la fierté d une âme droite et pure, je fuis pour jamais cette ville odieuse, repaire de nus monsHheux amis.,., Des racines, des racines..,. Un désert.... Une bêche et un noyau,,,. Justes Dieux! voilà tout ce qu'il me faut,.,, La mture de l'homme est per* verse; tout est oblique et faux dut» le coeur humain* Maudites soient les fêtes, les sociétés et les assemblées des hommes.,,. Ils se réunissent pour se pervertir. Timon huit et son et se haie luisemblable, méprise ' même. F L A V I D l A S. Ah ! j'accompagnerai vos pas, mon cher et honoré" maître.... Je vous servirai toujours avec le plus foudre Je veux vous suivre.... dévouement.... TIMON. P.ts un seul Non.... Tu es né de la femme.... Jjj ne puis plus rien aimer. Si tu crains mot de plus..., Ne fréquente jamais les mes malédictions.... Fuis..,, Oh ! que l'eset que j J ne te voye plu»,... hommes, pèce humaine est vile ! FIN DU QUA T*RI £ M Ej A CJ I. j% TIMON A S CE D'ATHÈNES, C N E T E V. P li E M I E 11 E. Le théâtre représenta une épaisse foret. On y voit une dt Inquelle se trouve caverne obscure , à t\ntrêe une grosse \nerrc et les habits d'un esclave. T i MO N seul. AcHÉ dans le fond ténébreux de cette caverne, vous échapper, c'est là que je pmurai monstres à idce humaine, plus redoutables pour moi, que les bêtes féroces, dont les sourds rurlsscmens se prolongent dans l'épaisseur de cette foret: habits de la pauvreté, je ne vous quitterai plus. O nuit! accours ; cache moi le genre humain ; cache moi l'homme , cet être hideux; cache moi ses crimes...,(// creuse la terre. ) O terre? cède à mon travail jomiuiier UUG grossière nourriture. Et que l'homme-qui te demande quelque chose de Non, plus, reçoive de toi, les plus violens poisons..,. une grande fortune, l'homme ne peut supporter sans méconnaître sa nature ; c'est ici que je retrouve toute ma dignité, et que je me sens le droit de mépriser, de haïr l'espèce humaine ; c'est d'ici que j'apperçois le torrent des iniquités rouler ses flots impurs dans le sein d'Athènes ; ville abominable î ne perds point tes v;ces ; que la femme adultère la y brave toujours le crime, .'•ous les yeux'même pudeur, en commettant sors du coeur des jeunes de ÎOU époux; chasteté, filles; obéissance, péris dans le coeur des enfans. amour des Dieux, Crainte,' puix, jujtic£y respect, DRAME. 93 bonne foi, subordination domestique , tranquille repos des nuits, union tics concitoyens, éducation, moeurs» vous êtes disparus, vous êtes anéantis et religion; par tous les crimes et les désordres conremplacés traires,.,, Dépositaiies infidèles, plutôt que de rendre et coupez la gorge à tirez vos poignards, l'argent, des compté?. Serviteurs, ceux qui vous demandent volez avec adresse ; vos graves maîtres sont des à la large main, qui pillent au nom des brigands loix. Jeune fiîs débauché, pour jouir dit trésor de arrache de ses mains, ton père trop lent à mourir, et d'un coup parricide, sa béquille veloutée, brise sa tète chauve. Athènes est mûre pour la ruine; Dieux! . Que du moins je sois voici l'instaut de la frapper.. loin de toi, cité détestable, peuple d'êtres toujours L'haleine des'Athéniens insensibles ou féroces..,. est mortelle pour moi; je sens qu'elle me tucrair, ( Il creuse la terre. ) Que vois-je , de l'or ! O métal funeste poison des vertus, tu m'as rendu coirupteur, Voilà pour te chercher encore.... trop malheureux, de quoi faire condamner l'innocent, justifier le coules crimes, et faire calomnier pable , commander les vertus.... Rentre qn terre, et restes-y caché pour Quels jamais, ( // marche. ) M lis qu'euteus-je?... dans ces lieux sauvaqes!. .. Oui vient sons nouveaux encore me tourmenter jusque» dans ie creux de cet antre désert ? ,.. TIMON 94 D'ATHENES, II SCENE VHHYNIA, TIMON, TIMANDRA, des soldais en habit de guerrier, militaires f accompagnent, instrumens AICIBI ADE ALC'IBIAPE et des armés, à sa troupe. sous l'ombre de XV E P o s o N S nous un moment cette foret, ( Aux* tambours. ) Yens, cessez d'épouvanter les échos de te lieu solitaire. ( I!s'avance'. ) Encore tu me verras dans les murs, insolente cité; im jour, aux cent tores; j'arrête les j'y terrafse le monstre proscriptions ; le peuple resphe hbre ii'im joug sanglant, limon. ) Qui c-t ce mortel' dont les ( // apperçoil la pins ufircuso misère? K>t-ce annoncent vétemens aux verges des tyrans de la un esclave r'chappé C'est Timon! l'aréopage? T 1 M ANDR A. Il n'est pas rccoiinaiss.'ibîe. 1*Il R V N I A. Est-ce là cet Adonis d'Athènes, échos répétaient les louanges? T i M A N D n A. Quelle homme, métamorphose certainement. tous fes ! non ce n'est plus le même PllRYNJA. Non, dont DRAME 9S T 1 M 0 N. Je suis toujours le même; mais je n'ai plus d'or, T.; Ou ne m'ùmen plus; c'est ce que je veux, et ce que sur-tout de von?., , Un peu de haine je désire, vous même, pour prix des vérités que je pourrais dire,,., T 1 M A N D a A. ours !.,. Ouel ^ Puavs'i A. Mas il fait peur; il faudra l'enchaîner. TIMON. Le plaisir et la vanité ; voilà vos deux idoles ; c'est à leurs pieds que vous enchaînez et que vous détruisez et jusqu'à la brachaque jour U vérité, l'honneur, caractère , que celui voure. ... Vous n'avez d'autre de vos passions changeantes, que vous empruntez Voilà mon dernier mais toujours funestes à la vertu,... mot,... A D E. AlClBl ses revers ont égaré Pardonne lui, cher Timawlra; J'ai appris avec donlenr sa raison. ( A Timon, comment l'ingrate Athènes oubliant ton mérite et tes grands exploits,... T 1 M O N. Tu fais donc la guerre aux Athéniens? AlCIBlADE. Oui, Timo n , et j'en ai sujet.... T i M o N. Que les Dieux les punissent Tu par le sais, ton épée vie- o6 T î M ON D'ATHÈNES, Les lâches! que n'ont-ils pas enduré î Va, torituse.,.. que ton gîaive n'en épargne pas un seul. Si tes soldats frappent un vieillard malgré ;es cheveux blancs, crois que c'est un infâme usurier. Si le fer atteint la matrone, rien n'est bonnee en elle que ses point de remord, sou coeur est prostitué. vêtemens, A«lorts, suis tes sur-tout ne te etpare p is de ces trompeuses tambours; beautés; par tout, je te le certifie, elles seront plu* fatales que ton épée. P II Jl Y N 1 A, Ecartons nous de cet homme odieux. T 1 M A K D R A. Comment révolution ? a-t-il pu éprouver une aussi étrange ALCHUADE. Nous ne faisons ici que l'aigrir.. ,. Partons, îîattoz, Marchons, vers tambours, préludez à mes victoires..,. et que toute Adieu , Athènes-, cesse,... tyrannie Timon; si je prospère à mon gré, je reviendrai te revoir* TIMON .Te Ven dispense; châtie, châtie seulement, avilie dans nos murs, corrompue, humaine, voudrais, moi, eue l'exterminateur. l'espèce dont je A.LC 1 B ! A DE. le bruit Aux armes! soldats; sonnez, trompettes!que éclatant de vos sons, en se répandant sur notre route, de ceux qui vont avec le nombre tallie, augmente L'immortelle cause de la moi, 'seivir ma vengeance. si long-tems outragée par les plus injustes République, et , DRAME. 97 des hommes,.,, «t les plus méprisables Vengeance ! avec toute ta c'est elle qui doit nous reconcilier Grèce et l'univers, ( Il sort avec ses courtisannes. On dont les sons diminuent à entend une marche militaire, mesure qu'Atcibiade s'éloigne avec ses troupes. ) SCENE TIMON seul, après III. un moment de silence. ,J E respire plus facilement à mesure que ces humains s'éloignent de mou asyle.( Il se promène, ) O nature ! toi dont le sein fécond, enfante et nourrit tout, toi qui, de la même substance dont tu formes le plus odieux de tes enfuis,,,. la couleuvre l'homme.,.. engendres le Serpent le Tigre carnacier, bleuâtre, venimeux, n'as tu pas mis sur le front des pervers, le pourquoi signe dont tu empreins tes créatures les plus abhorrées? il, voit paraître {Pendant qu'il marche, Spondéas et il s'écrie; ) Eucore des hommes!, quand Pictomane, finira la mee humaine? Malédiction sur eux, maUJiction Ce sont des artistes qui me poursuivent. sur.moi! Dieux ! je deviens étranger à moi même; déjà j'éprouve un sentiment à la haine, et là bain© qui ressemble n'était pas faite pour mon coeur. ( Il s'éloigne. ) TIMON VS D'ATHENES, SCENE I V. SPONDÉAS. PICTOMANE, TIMON, A s. S PONDE J E vous le certifie, camarade; ainsi que sa banqueroute la fidélité de. ses, n'était qu'un artifice pour-éprouver dan» amis, de même son infortune n'est qu'apparente une aussi affreuse solitude ; il y a rencontré des trésors. PICTOMANE; Des trésors! serahvil possible? S PONDE AS. C'est un fait certain. PICT Quelqu'avare voleurs.... o M AU E9 à Spondéas, peut-être., qui, que craignant les S P O N D É A s. Vous le verrez encore fleurir dans Athènes, et briller des Tableaux.... les Payer plus opulens.... parmi PICTOMANE. Il ne sera Et des vers. ;.. Le voici..., propos d'aller lui offrir nos hommages. SPONDÉAS. Sans doute..,. Et de ce pas,.., pas mal à a DRAME. $>9 11$ abordent Timon, N'avais'je pas raison de dire que les Dieux n'aban* donneraient et vertueux Timon. Eh! jamais l'honnête mon cher convive, le plus beau, le plus bonjour, des humains! le plus charmant aimable, TIMON. Ah! bonjour, le plus vorace des Vautours. S P o N D É A s, Il est toujours le même,plaisant, facétieux, toujours avec moi une chan* l'homme aux bons mots, J'apporte et toute nouvelle. son à boire, mélodieuse TIMON à part. Les misérables ont sans,doute cru que j'avais retrouvé de l'or,,.. C'est à coup sûr ce Spondéas qui aura fait ce vers de tragédie ; qu'il esi bon en péril d'abdiquer la vertu! SPONDÉAS. ce que j'ai appris ? C'est que le peup'e Savez-vous et les Magistrats assemblés, allaient vous redemander, les honneurs qui vous sont dûs f pour vous accorder honneurs tardifs sans doute ; et voici le projet de Décret que j'ai rédigé en votre faveur : vu que Timon à toujours bien mérité de la Patrie, qu'il a toujours remporté et en un même jour, les prix de tous les exercices, dans les jeux olympiques.,.. TIMON. Fort comme bien! je spectateur. ne m'y suis jamais même trouvé, G % ico TIMON D'ATHENES, SPONDÉAS. Eh! qu'importe? n'étiez-vous pas alors, et n'êtes-vous pas encore maître d'y aller quand il vous plaira ? le détail de vos belles actions? laissez-moi continuer et personne ne nie contredira, je les connais, s TiMONr/ part, Oh! les infâmes! très certainement, de beaucoup d'or. possesseur ils me croyent SPONDÉAS Vit quel aiuiée dernière dans la guerre du Péloponèse, '• il a fait des prodiges de valeur, et passé au fil de Cépée de Spartiates^ ... deux bataillons TIMON. \ Comment cela peut-il se faire?je n'avais point d'armes, m'emôîer avec, alors, et je n'ai'.pu, en conséquence, ' les autres, ; P 1 C T O M A N E. d'être modeste sous les laurier*, Il est beau, Timon, seraient coupables niais vos concitoyens d'ingratitude, s'ils différaient; de envers vous et en vers la Patrie, buriner tant de glorieux exploits. à part. TIMON, Je ne connais pas deux mortels d'un aussi mépri-, » Qu'ils sont bien accouplés!. ..L'un sable caractère... le dernier des peintres, l'autre étoufferait immolerait son rival, son plus malheureux confrère. P 1 CT OMANE, J'ai déjà tracé le dessin du tableau qui sera placé à dans la Citadelle. Votre côté de celui de Minerve, de votre main droite portera un foudre, symbole valeur et de votre éloquence victorieuse. Votre tète sera décorée de rayons éclataus, et de sept couronnes,.,. TIMON. Oh! je n'y puis plus tenir; flateurs, ennuyeux fourbes, hypocrites , lâches , et non moins orgueilleux, vous sentirez toute la pesanteur de mon hoyau.(Illes frappe.) SPONDÉAS. . O crime! ô tyrannie! ô liberté! comment tu oses sur un Poëte fameux, porter la main sur un Citoyen, qui fait chanter tout Athènes; moi i'ame des fêtes va, va, tout mon parti criera avec ma publiques; et le complice Muse, que tu es un conspirateur, soudoyé des ennemis de l'Etat. Nous te verrons bientôt conduire à la potence..,. Scélérat, qui as mis dernièrement le feu à la Citadelle. T I M O N. Mon ami, ta calomnie est bien Citadelle n'a point été brûlée. P 1 G T O M A N E. Insigne public.... voleur, tu t'es enrichi mal-adroite. en pillant La le trésor T î M o j*. Il n'a point été pillé. P 1 G T O M A N E. Il le sera au premier jour par tes conseils, et je dirai qu'on trouvera chez toi tout ce qu'il contenait. iô2 TIMON U'ATHËNES, TIMON en fureur. Vil couple de coquins ! Eh bien ! prenez ceci d'avanctf pour votre bonne découverte. ( Il prend un bâton et les chasse. ) SPONDÉAS. O Dieux ! dans un pays libre ! Il ma cassé l'épaule. Va, va j tu liras la satyre que je prépare contre toi... • Mon te punira.... La postérité style impétueux apprendra.... Pi CTO M ANE. Je suis blessé à là main, moi, le successeur d'Apelles, l'immortaliseur des glorieux martyrs delà patrie; mais de ferai ton portrait au naturel.... Hideux celle-ci je comme toi... TIMON. Scélérats! vous n'abandonnerez pas mon désert, sans être chargés de mes dons.... voilà ce Tenez, f est // vous dû. Us ) qui ( frappe. SCENE TIMON seul, V, jet tant son bâton. JL U I S S E la réception que je leur ai faite , se savoir sans doute leurs dans tout Athènes. Elle empêchera Aucun d'eux, je devenir semblables, m'importunîr. dont crois, n'en sera tenté, pas même cet Apémentés, des d'un ton brutal, la vertu farouche me donnait, leçons dont j'aurais dû profiter. Eh ! qu'il me fuie aussi Dieux! Dieux! lui, cimme je fuis le genre humain; le voilà ! je ne puis l'éviter. ( // se met â travailler. ) DRAME. S C E N E TIMON, 13 VI. APEMENTÈS, APÊMENTÈS, considérant Timon, \j EST Timon qui laboure ici près d'un champr pierreux, Quel cortège! qu'il est différent de l'ancien. Je vois à ses côtés la pauvreté, le travail, la force, la sagesse, la vigueur et la troupe des vertus, enfans du besoin. J'y ai vu le faste, l'arrogance, la sote la folie, la mollesse, la fourberie et mille vanité, autres compagnes de cette espèce, qui s'emparaient du coeur et de l'esprit du prodigue. Avec elles il ne fesait que des fautes. Il estimait tout ce qui est méprisable : il recherchait tout ce qui étoit dangereux pour lui ; il donnait tête baissée dans tous les travers, et les Parasytes ont déjà oublié s'il exista jamais un Timon. TIMON. Tu viens ici m'étaler ton parler. Tu ne méprisais pas enviais. Va, si j'ai renoncé sais-tu pourquoi ? C'est que orgueil. C'est lui qui te fait mes richesses, mais tu les à la société des hommes, je les ai trop chéris, APÊMENTÈS. On m*a rapporté que tu voulais m'imiter, mais cela n'est pas naturel en toi. Qu'est-ce que ta misantropie toute nouvelle? elle est née du changement subit de ta fortune : mais qu'elle renaisse demain, tes ridicules et ta folie renaîtront; or, pour la ressusciter prompte^ .104 TI M Ô N. D'ATH EN E S, ment, sers-toi des moyens dont on s'est servi pour la faire perdre. T 1 M O N. t© Comment? APÊMENTÈS. Deviens à ton tour, faux, fourbe, flagorneur-, traître Retourne dans ta superbe Athènes; après et rampant. sois leur avoir été la dupe de ce troupeau d'adulateurs, cela est facile. Il est .modèle : que dis-je, surpasse-les? encore des Timon dans Athènes. Le nombre des fous y un Apêmentès. abonde. Mais* vainement y chercherais-tu La nature ne recomrr-unce point un caractère comme le mien. Ne t'avise donc pas de vouloir me-contrefaire Si tu n'avais ici, comme le singe contrefait l'homme. haillons que tu portes, que pour pris les grossiers humilier le sot orgueil de tes pareils, je t'approuverais mais songe que ce n'est que par désespoir peut-être; moi choisi le tu as endossé vêlement par que j'ai .que ce'qwe je fais goût; tu ne fais enfin que par humeur, par principe. ÏM'importe; j'ai n v à te voir comme tues, et je sens que je te méprise moins dans l'état où tu es tombé. TIMON. Écoute, Apêmentès? je n'examine point si tu flattes ici à ta manière, jusqu'à l'homme dont tu n'as plus rien à craindre ni à espérer : mais sache qu'il y a une grande distance entre nos caractères. Tu es né dur, intraitable; en portant tu as profané les liviées de la sagesse, tout à l'excès. Dans ta férocité misantropique , tu n'as né dans de eu sacrifices à faire, que parce jamais l'extrême tu as souffert tous les maux de indigence, avec une docilité la nature et ceux de la société, ' ' CRAME. ; t 105 rampante ; mais si, comme moi, dès ton berceau, tti avais été pressé dans les' bras caressahs de la fortune , tu n'aurais jamais souri à ses dons, que pour en faire le plus coupable usage ; tu aurais joui avec orgueil , avec insolence : tu n'aurais pas aimé avec hauteur, comme moi à donner à tous, à réconcilier les frères» divisés, à rétablir h bonne intelligence entre les époux: j'ai regardé l'amitié comme le premier de tous les biens j au?si, ma bienveillance s'étendait-eile à tout le monde, et il suffisait d'être homme pour intéresser mou coeur. Toi, tu n'as connu aucune de ces douces faisons qui marient les âmes sensibles.. .. L'aprelé n'est point la franchise du caractère; la licence, n'est point la cou-> C'est le refuge de tes rageuse liberté du philosophe. aurais-tu été trompé , trahi, toi pareils. Et comment qui, étranger à la société, as constamment repoussé tous les humains ? APÊMENTÈS. Eh ! voilà mon titre de gloire. T I M O N. tes admirateurs, G.irde-le. ou Qui te disputerait Je suis dépouillé de tout, il est tes prosélytes. vrai, mais je le suis sans remord. Me voilà malheureux, mais il me reste le souvenir de ne l'avoir point toujours d'avoir de le été, et sur-tout empêché plusieurs devenir.... APÊMENTÈS. Tu fais encore le fier. T1 M o N. Certes, oui, de n'être pas toi. Je n'ai plus besoin de lés leçons. Mi chute m'en a plus dit en un instant, 166 TIMON D'ATHÈNES, que 'tu [ne pourrais m'en -. l'instruire à mon tour. dire. C'est moi qui pui» APÊMENTÈS. ! toi leur éternel ! des hommes! toi censeur dupe Qui! Eh! tu n'es encore qu'à l'entrée de la longue canière de maux, de mépris, de douleurs et d'opprobres, d'humiliations de toute espèce, qui va s'ouvrir devant toi ! bientôt t'offrir son coeur , Amarilla viendra Saltidés ses danses, ton cuisinier ses festins, ton intendant ses avances, tes créanciers, leurs bourses, tous tes amis leur éternelle amitié. Les pierres de cette caverne ne te garantiront point des traits qu'ils vont lancer contre ta crédulité. Entends-tu d'ici, tous les sarcasmes qui Je vais te les répéter. circulent dans Athènes.... TIMON. Tu le peux. Je suis au dessus de ces traits, au dessus de tout. Je me sens le courage de vivre seul. Chassé de ma patrie, que d'autres versent des larmes Sur ses malheurs ; et qui n'irait pas s'enfoncer dans les forêts, pour éviter l'aspect hideux de tant d'hommes aussi froidement cruel?. Vois-tu le creux de ce rochei ? voilà mon dernier asyle; il deviendra mon tombeau. Mon aversion pour la perfide cruauté est grande , mais en même tems, celui qui n'a rien aimé soulève également mon âme. APÊMENTÈS. Moi, chérir quelqu'un dans la République d'Athènesqui est devenue un repaire de bêtes féroces?... TIMON. Et pourquoi donc en es-tu sorti, Apêmentès ? DRAME io7 APÊMENTÈS Adieu, je te liais. TIMON. il ne restera plus qua Quand de tous les athéniens, toi de vivant, viens me l'annoncer.... alors tu seras le bien venu. SCENE TiMON, VIL les Députés du Sénat d Athènes, d'un nombreux cortège. escortés T 1 M O N. JLVESPIRONS. les Députés.) (Appercevant encore des visages humains ! aux autres. i." Sénateur, S'il l'on m'a bien pas être loin d'ici. indiqué sa retraite, QuoH elle ne doit Ils savancent. T i M o N, de loin. Retirez-vous, n'approchez-pas, ou craignez... ; ; a.e Sénateur. Je le reconnais au son de sa voix : avançons. TIMON. N'avancez-pas! c'est ici mon tombeau; et qui ose $ÀB D ? ATHÈNES ON TIM , les tombeaux? ( A Ventrée de sa caverne ) profaner de là lé voile mort qui lèvera main sacrilège, Quelle *s déjà me couvre.... 3.e Sénateur. Seigneur, Daignez.... Hélas! dans quel état nous vous trouvons ?... i.*r Sénateur. nous vous plaignons. TlMp N. Me plaindre !, je suis bien.... vous et de votre ville. car je suis loin de 3.c Sénateur. Seigneur, le Sénat vous salue par notre voix. T i M o N. Le Sénat !... Que me veut-il ? 3.e Sénateur. une Reconnaissant l'erreur qui lui a fait commettre tl nous envoyé vers vous injustice qu'il veut réparer, pour vous conjurer de revenir à Athènes. Oubliez une «injure dont nous mêmes nous sommes tiés affligés. Le peuple qui, rarement revient de ses préventions, les abjure, sent, avec le besoin qu'il a du secours de Timon, il implore l'indignité de son procédé; votre assistance. Tous confessent que leui ingratitude et poussée trop loin. divers vous fut trop grande, Mais à force d'honneurs accumulés sur votre personne, à ce qu'il espère.*.* il^cffacera, ' * .' DRAME. " TIMON. i .''/ '>•''• io9t ' s Je souffre.a Des honneurs!... votre..vue» Pestesîï vous, auteurs-de tant de maux! Oui! je lie., publiques, le déguise pas, je» souffre ici pour toute la Gièce. .,. \\. •' i.cr Sénateur. ..:'.'.',',.' bien que Seigneur, je crains sarîté altérée. ..1 ''-' T i MON. dans ce déjert votre5 ; =? *.-,;:>- Oui ! je suis malade de dégoïît , de dégoût de ce monde d'où vous avez banni le règne de la justice, mais bientôt je guéris.... des moeurs et des loix.... Il me tarde de voir arriver le jour où je jouirai d'une éternelle santé. \\l f ' tu i" Sénateur. Ne refusés point dé revenir parmi nous? Athènes menace'de vous détruire, que l'armée d'Aléibiade appelle, seigneur, pour la défendre contre les .armes,? de ce rebelle furieux. Vous pouvez tout sur Alcibiade. Serez-vous sourd à la voix de yi»tr.e' Pairie qui implore votre secours ? l ^ Ti MON. Ma Patrie.... elle me fut chère, je m'en sonviens. Mais je irai plus de Patrie, je suie mort à i'univ»rs.; «£ a.e Sénateur Vos concitoyens, vont périr, si; votre vojx toute du crue] point lès attaques puissante ne repousse Alcibiade. : Ti MON. ... x Us vont périr soiis ses coups! Que me font Ieurt* iio TIMON D'ATHÈNES, désastres? quels désastres pourront jamais expier les des forfaits athéniens, et de vous autres, suf-tout, longs Sénateurs? Qui pourrait s'empêcher dé vouer dans son coeur une haine légitime, une aversion sans bornes . aux auteurs de tant de barbaries ; d'ailleurs l'athénien ne fait pas plus d'attention à son bienfaiteur, qu'à de vieilles épitaphes brisées ou effacées par le tems. Qui était plus dévoré que moi de l'amour du bien public? de la fraternité la qui manifestait mieux l'expression plus franche?. . i.M Sénateur Il est vrai. Ti MON. Enfin, quel homme a porté plus la bienfaisance et la générosité ? Q.e Sénateur. ' Nous n'avons pas tous été cruels..,. encore? TIMON* loin que moi, Soyez généreux Non ! je me suis endurci, puis qu'ils l'ont dut bien enfin leur ressembler. voulu. Il 3.e Sénateur Nous n'avons miséricorde. pas tous été vos ennemis. Écoutez la TIMON, Les scélérats! ifs Ils en ont banni jusqu'au nom!... craignent aujourd'hui les plus justes représailles. Allez, je neveux pas quitter ma solitude. Je reste seul ici avec ma. bêche et mon hoyau, pleurant sur vos crimes, et retournant la terre, notre mère commune ; mais satisfait, lit / . -,, dans mon désert, de ne plus être témoin de la prospérité des médians, dont la vue afflige l'homme de bien, DRAME. i.CT Sénateur. 1 nous ne sur ce coeur ulcéré?.. • rien gagnerons Quoi La guerre va rougir de sang les pavés de notre malheureuse ville. TIMON. Eh bien! c'est la suite de tout ce que vous avez vos lobe civiles, toutes ne fait; vos loix politiques, sont-elles pas cruelles?, que doit donc être la guerre? Q.e Sénateur. Vos compatriotes éplorés vous supplient. TIMON. sont ils-encore Mes compatriotes des hommes, Impassibles témoins de après leur lâche indifférence.... mais soit; je leur donnerai un vos nombreux attentats.... secret qui les sauvera tous, oui tous, s'ils le veulent, des fureurs d'Alcibiade. i.er Sénateur. Y Oh ! il s'appaise. a.* Sénateur, Ceci me plaît assez..... J'espère. 3.e Sénateur. Il te rendra.... Écoutons.... J'espère aussi. TIMON. Dites-donc aux Athéniens, et de préférence si jaloux de conserver leur existence, Sénateurs, aux qu'il TIMON ii»' D'ATHENES, fort comy a dans cette forêt, de très beaux arbres, modes pour ceuxjd'entr'eux qui, ëïi se faisant justice, voudront y finir leur destinée : voilà l'offre du dernier service que je peux et que je veux leur rendre. $.er Sénateur. Sortons. Q.e Sénateur. . Nous le verrions • ;^ ' ^ Toute notre •* toujours le même. 3.e Sénateur. eii lui est donc éteinte? espérance ; i.er Sénateur. y et tentons quelqu autre moyen Retournons, l'affreux danger qui nous menace. '= 3,e Sénateur. V Ce. danger^ demande un prompt TIMON, remède; d'écarter; -*s V seul. Soleil ! cache tes rayons ! Dieux !•( Regardant au loin. ) cet astre si beau ! cette terre si magnifique! et l'homme où sont vos si affreux dans ce beau mondé!/Dieux! tonnerres? eh! pourquoi ne les voit-on plus lancer leurs flammes vengeresses contre lés coupables? qui pourra désormais les retenir? eh! que ne feront point le crime insolent,et l'audace effrénée, lorsqu'ils seront assurés dé l'impunité? Dieux! dans ces épouvantables jours, donnez du moins une marque de votre puissance; l'homme n'est plus fait à votre image. Que je. ne vdyc plus lés moeurs cruelles dès athéniens, la mtiltitude des délateurs, la horde des brigands, la foule des assassins, DRAME, 83 et ces nombreux forfaits tous commis, pour comble d'horreurs, au nom sacré de la Patrie. Dieux! délivrez-moi de cette cité si froidement criminelle.... Cette terre me -reste, elle ne saurait m'être enlevée ; et parmi son sein, j'y trouverai les les végétaux qui couvrent et que mon .désespoir poisons qu'elle y tait croître, Oui, vous permettrez, justes Dieux, implore. que ces plantes ( Il cherche parmi parmi sauvages.... celles qui environnent sa caverne. ) Je connais la vertu libératrice de celle-ci. ( Il l'arrache. ) O joie! nature, jeté pardonne de m'avoir fait naître, puisque tu aviaccordé la faculté de ne plus exister. ( Il suce m?a» dément les fruits attachés à la plante. ) C'en est fait; mon destin est rempli. Je sens de la volupté à mourir. J'ai besoin de ne plus voir Athènes et la lumière. Oui! bientôt je ne serai plus témoin des crimes qu'elle a soufferts dans son sein. ( Il s'enveloppe la tête de son s'assied sur la pierre de sa caverne. ) La manteau, mort vient, je la sens, ou plutôt je la savoure. Puisse mon dernier soupir, être celui de tous les médians!... FIN DV CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.