LE BOURGET EN HUILE Appellation d`autrefois: En 1103, Ecclesia
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LE BOURGET EN HUILE Appellation d`autrefois: En 1103, Ecclesia
LE BOURGET EN HUILE Appellation d 'autrefois: En 1103, Ecclesia de Burgeto, en 1273 in Monte A cus parrochia Borgeti, puis Curatis Burgeti in Monte Acus ; le Bourget en l'Heuille en 1729, enfin plus récemment le Bourget en l'Huille en 1731, le Bourget en l'Hullie, le Bourget en Ullies ... Selon l'abbé Bernard, on doit écrire Bourget en Huille car le nom vient du patois ullie qui signifie aiguille et fait référence à la montagne qui domine le Gelon sur sa rive droite ... Le chanoine Gros, quant à lui, pense que le mot euille, ullie, ne doit pas comporter de h. Habitants: les Bourgerains. Population: 1689: 400 h environ. 1776: 362 h ; 1806: 407 h ; 1848: 497 h; 1911 : 285 h ; 1936: 184 h ; 1975 : 96h; 1982 : 99h. A fait partie de l'évêché de Maurienne avant la Révolution, de l'archiprêté de Chamoux en 1792, puis du canton de La Rochette en 1793, ensuite en 1815 du mandement de Chamoux et à nouveau du canton de La Rochette après 1860. Au civil, faisait partie de la seigneurie et du Comté de l'Huille. Superficie: 679 ha dont 422 en bois. A 12 km de La Rochette, 40 km de Chambéry. Hameaux et lieux dits: Les Berthollets, Blanchets, le chef-lieu, l'Envers, Frasse, Gucher, Mermoz. En remontant le cours du Gelon, on pénètre, après Le Verneil , dans une gorge assombrie de sapins mais , à la sortie, même si les conifères restent proches pour l'altitude, la vue se dégage, une église élancée sur une petite butte semble surveiller un habitat éparpillé en hameaux sur le fond plat et relativement large, au bas de la pente de la montagne de l' Huïle, rive droite , entre des bosquet s de bouleaux, de sapins, d'aulnes. Des résidences secondaires touchent de tons plus clairs le paysage. Cette église qui apparaît encore plus sculpturale sur son dôme bordé de sapin s vue de la route du Pontet, avec pour fond le Massif de la Chartreuse, a une particularité curieuse: c'est bien la seule du diocèse à avoir été dédiée en 1571 à Sainte-Tigris (ou Tigride : Sainte Thècle), celle dont on dit qu'elle ramena en Maurienne les reliques de Saint-Jean Baptiste. Elle était rattachée à la Collégiale de La Chambre après avoir dépendu dès 1103 de l'abbaye de SaintChaffre en Velay et du prieuré de SaintLaurent de Grenoble. Au 12' siècle, le Bourget en Huï1le ne constituait certainement pas une paroisse, mais une section de celle du Pontet, car le curé de cette dernière avait gardé une partie de la dîme du Bourget au Moyen-Age: peut-être s'estelle détachée au 15' siècle: son revenu est alors d'environ 60 florin s. A la visite pastorale de 1571, l'évêque mentionne la présence de livres en parchemin, d'un missel imprimé, constate que tout est décent. Une chapelle est dédiée évidemment à St-Jean Baptiste, l'autre à St-Blaise. Le recteur du patronage des nobles de Poypon est vénérable chanoine de Ravoyria. L'évêque apprécie peu la petite chambre construite à côté de la grande porte, il ordonne de la démolir. A la visite de 1609, tout est lamentable : il faut restaurer la cure, la grange, le choeur; les toitures, la nef, les murs, les fenêtres, le clocher ont besoin de réparations que l'évêque demande à Révérend Maurice Depupet, chanoine de la Chambre, et à son vicaire. Avec la peur de la peste, on restaure vers 1630 l'église et on parle d 'édifier une chapelle à Ste-Anne près de la Frasse au Verney. Cela sera fait en 1654. Mais en 1632 on "interdit les icones noires de la Sainte Vierge Marie" . Le rapport de 1689 parle des deux autels latéraux, celui du Rosaire et celui de St Clair et St Antoine, les trouve en assez bon état mais déplore qu'il n 'y ait pas de sacristie et interdit au curé 499 L'église (cliché M. Messiez). d'exposer à la vénération du peuple la statue qu'on dit être celle de Ste Thècle et celle de St Jean Baptiste: il faut "les remplacer par des images propres et décentes" . D'autres chapelles existent alors à l'extérieur, celles de St Roch et St Bernard, celle de St Pierre aux Liens fondée en 1614 au village des Charvet (devenu les Mermoz) et disparue aujourd 'hui, celle également disparue de Ste Anne et St Cloud au Verney. Les chapelles actuelles sont dédiées à N.D . de Lourdes et N.D . du Bon Secours. Le Bourget en Huille, village longtemps prospère: Longtemps prospère et riche, car sur le territoire de la commune existaient de nombreuses mines. Pierre le Vénérable qui passait en ce lieu pour aller à Rome parle d ' un mi racle: un ouvrier qui extraya it du minerai s'es t trouvé emm uré. Pendant uri an, sa femme a prié et, au jour anniversaire de l'acci dent, il est ressorti vivant... C'est donc qu'on travaillait déjà en galerie au 12' siècle au Bourget en Huïlle el ses mineurs devaient être expérimentés puisqu'en 1291 le Châtelain de La Rochette en envoie quinze à Chambéry. Quatre ans plus tard, il achète par deux fois six quintaux de fer au Bourget et vingt quintaux en 1299 pour la construclion du pont de Chanaz. Mais le fer n 'est pas la seule richesse ... Un arrêt du Sénat de Savoie de 1560 fait mention de fonderies et forges au Bourgel en Huïle et parle de l' usin e fondée par la famille de Castagner, originaire de Gênes. Or, dans cette usine, on traitait les minerais de cuivre, de plomb argentifère et de fer provenant de Malrochet, de La Taillaz et de Presle, comm une voisine. La mine la plus célèbre du Bourget est celle de la Richesse . Sit uée au sommet de la montagne des Hurtières, l'épaisseur du minerai de fer sphat ique lamellaire était d 'environ deux mètres. En partie transformé en fer hydraté ou mine douce, il était brun-jaunâtre et co ntenait fréquemment des rogrions de pyrite de cuivre et de galène à gangue de quartz et de dolomie. Ce fer était parfois envoyé au haut fourneau de St Hugon où il donnait environ 25 0J0 de fo nle. Du côté d'Epierre, il était associé au minerai de St Georges d ' Hurtières. Aux lieux-dits Erveirex, St Joseph, St Hubert, on exploitait a ussi du cuivre pyriteux associé au plomb su lfuré argentifère, mais touj ours mêlé à du fer. Néanmoins, on arrivait parfois à obtenir jusqu'à 30 f1Jo de cuivre. En 1794, le haut fourneau du Bourget en Huïle produisait 100000 quintaux de fonte par an et il y avait en plus une martinette composée de deux forges à ouvrer les outils . L'exploitation se prolongera durant presque tout le 19' siècle puisqu'en 1855 on extrait encore 314 douzaines de bennes de mine blanche ou terreuse qui rapporte la somme de 27444,40 F. En 1857, l'exploration de nouvelles mines est entreprise et en 1883 une concession pour l'exploitation du cuivre, du 500 J plomb et des métaux connexes, fer excepté, est accordée. Les travaux sont concentrés pendant quelques moi s sur le filon de la Perellaz qui paraît avoir une épaisseur de 0,90 m et où l'on trouve des mouches de blende, galène ou chalkopyrite ... Puis ils sont suspendus. Quarante ans plus tard encore, vers 1895, M. Gacon obtient un permis de fouilles sur certaines parcelles du Bourget en Huïlle pour deux ans; il a déjà des permis sur la commune des Hurtières. Il monte la Société anonyme d'exploitation du cuivre et du plomb argentifère du Gelon qui relève des filon s à La Perellaz, au Nanchal, aux Houches, au Reveyret et à la Giorne. Jusqu 'en 1900, celte société ouvre des galeries qui ne donnent que sept à huit tonnes de minerai. Mais, fin 1898, la mine de la Richesse supérieure, appartenant à un sieur Bocquin, est toujours en exploitation. Pourtant ses jours sont comptés. A partir de 1878, l'utilisation des fontes phosphoreuses de Lorraine sonne le déclin des mines de fer manganésifère des Alpes. Elles fermeront les unes après les autres, celles des Hurtières survivant un peu plus longtemps. Une curiosité reste à signaler: c'est la carrière des Etelles (des Etoiles) près du village de Vérollets. La roche est un minerai papyracé, brillant , qui rappelle le papier. Elle a fait naître bien des illusions sur son utili sation éventuelle pour la fabrication du papier. Aujourd'hui la vieille vocation industrielle du village se réduit à l'exploita- La mairie (cliché M. Messiez). tion d ' une partie des bois de la forêt par une grosse scierie locale. On songe aussi, pour l'avenir , à créer un lac avec le verrou glaciaire afin de promouvoir le tourisme estival. Sur le plan rural , le déclin des exploitations (37 en 1955, 41 en 1970, 26 en 1980) va de pair avec la diminution des surfaces agricoles utilisées (225 , puis 83 et enfin 60 ha), celle du nombre des bovins (67, 44 puis 34) et le vieillissement des cultivateurs, aucun n'ayant moins de 35 ans en 1980, alors que l'o n n 'enregi stre aucune naissance en 1979, contre quatre en 1978. Mais l'avenir est-il si sombre? Le Bourget a un site agréable, c'est une commune riche ; elle a un potentiel d ' investissement remarquable avec ses forêt s; un loti ssement de résidences secondaires est en cours de réalisation. On peut donc penser que les éléments sont réunis pour apporter à ce vieux village des activités nouvelles. 501