Kaya Maghan CISSE et l`empire du Wagadu (8ème s.)
Transcription
Kaya Maghan CISSE et l`empire du Wagadu (8ème s.)
Fiche Thématique Discutons avec Madou ... L’empire du Wagadu, un pays de l’or Kaya Maghan CISSSE et l’’empire du Wagadu (8ème s.) Ma ville de Kita est jumelée avec Marly le Roi, une cité française proche de sa capitale, Paris. Chaque année, un “container” nous parvient par voie de chemin de fer, en provenance du lointain port sénégalais de Dakar. Pensant rendre service, nos amis nous destinent ainsi, par exemple, du matériel scolaire comme des manuels que leurs enfants n’utilisent plus. Mon enseignant, y a relevé deux choses graves, parmi plusieurs. Il les a partagées avec nous : “L’Afrique n’a pas d’histoire” (à part l’Egypte) et “l’Afrique est le plus pauvre des continents”. Son récit de l’histoire du premier grand empire ouest-africain, celui du Wagadu, nous permit de tordre le cou à ces deux idées reçues ! L’empire du Wagadu, une histoire mythique C’est grâce aux fouilles d’archéologues contemporains, aux textes de voyageurs arabes de cette époque et surtout à la tradition orale ancestrale des griots sahéliens, que l’on connaît celui qui fut l’aîné des grands empires africains : le Wagadu (ou Ghana). En effet, outre l’Histoire concrète du Wagadu, ces griots narrent encore le récit légendaire de Sia Yatabéré et du Ouagadou-Bida, le grand serpent génie protecteur du peuple des Soninké. Celui-ci vivait dans une grotte de leur forêt sacrée et recevait, chaque année, une jeune fille en sacrifice. Car c’est à cette seule condition qu’il faisait tomber pluies d’eau et d’or sur le pays, c’est pour cette raison que le Wagadu et ses riches habitants étaient connus de tous comme le pays et les hommes de l’or. Or, un jour, Amadou, le fiancé de la belle Sia promise en sacrifice, trancha la tête du serpent. Toutefois, une tête repoussa. Il la coupa, une autre surgit aussitôt. Amadou dût, finalement, en trancher sept avant que le Ouagadou-Bida ne s’effondre et de s’enfuir de l’empire avec Sia ... tout le peuple les maudissant. A raison, d’ailleurs, parce qu’après la mort du grand serpent, la sécheresse s’abattit sur l’ensemble du territoire, les champs y furent stériles, le bétail y mourut de soif et nombre de Soninké, pour finir, le quittèrent affolés et devinrent nomades. S’il fallait une preuve que la richesse apportée par le OuagadouBida était véritable, la voici : les sept têtes tranchées par Amadou l’amoureux volèrent dans les airs et retombèrent en sept lieux différents. Chacun de ces lieux devint très rapidement l’une des régions aurifères d’Afrique de l’Ouest pourvues de mines disposant de quantités d’or incroyables : le Bambouk, le Bouré, la Falémé, le Galam, le Bondoukou, l’Ashanti, le Lobi. C’est en partie pour elles que vont se battre royaumes et empires africains à venir et, plus tard, comptoirs coloniaux et sociétés occidentales. Programme Clubs Afrique Empire du Wagadu à son apogée ... au XIème siècle Créé par les Soninké (ou Sarakolé), le royaume du Wagadu va se transformer peu à peu en empire, avec la dynastie des CISSE TOUNKARA fondée par Kaya Maghan CISSE au VIIIème siècle. Il le devient grâce à ses richesses en or (“Kaya Maghan”, titre de l’empereur signifie d’ailleurs “maître de l’or”) mais aussi du fait de son organisation et de ses conquêtes. Les voyageurs arabes ne vont-ils pas appeler ce territoire Ghana, déformation de l’un des autres titres de l’empereur : Nwana ou héros de la guerre ? De sa capitale, Koumbi Saleh, l’empereur règne sur un empire, dont l’origine est antérieure à l’ère chrétienne, divisé en provinces et royaumes avec une armée forte de 200 000 hommes. Des gouverneurs, des rois, des ministres l’aident à diriger son peuple comportant trois couches sociales : nobles (commerçants, agriculteurs, aristocrates, ...), hommes de caste (artisans, griots, ...) et esclaves (prisonniers, ...). Il s’appuie sur une économie très développée : l’agriculture prospère au sud, l’élevage au nord ; l’artisanat est qualifié ; le commerce, notamment transsaharien, est florissant (or, peau, céréale, esclave, ...) ; les mines d’or et de fer se révélent intarissables ; les transports se développent. L’opulence de cet empire animiste attire les convoitises de ses voisins musulmans. Dès 1042, des Berbères convertis à l’islam, les Almoravides, entreprennent la conquête du Wagadu. La ville d’Aoudagost est prise en 1057, puis Koumbi Saleh en 1076 mais reprise en 1087. Cependant, le Wagadu se trouve très affaibli et alors débute son lent déclin par un démembrement progressif. Les populations de l’empire hostiles à l’islam, imposé par la force, émigrent vers le Sud ou l’Est. La nation se dépeuple et ses armées se trouvent donc moins puissantes. Ainsi, des royaumes tels ceux du Mali et du Diara prennent la liberté de se détacher de l’empire qui va redevenir un petit royaume. Simultanément, ce qui faisait sa prospérité (commerce, élevage, agriculture, mine) se trouve bien désorganisé. Certains des états vassaux en profitent pour se développer. L’un d’entre eux, le Sosso du grand Soumaoro KANTE s’empare même du Wagadu à l’aube du XIIIème siècle. “L’Afrique est le plus riche continent du monde” a l’habitude de dire l’un de mes enseignants. “On y trouve les plus importantes zones diamantifères, d’immenses mines d’or, de grandes réserves de pétrole, de magnifiques bois précieux ... Mais, rares sont les Africains qui peuvent sinon les exploiter au moins en profiter !” Sources (et pour aller plus loin) : “La légende du Wagadu ...” - Moussa DIAGANA - Ed. Lansman - 1994 “Les chemins de Yélimané” - Bertrand SOLET - Hachette - 1995 “L’empire de Ghana” - Diarra SYLLA - Karthala - 1992 96.104