Revue Soldes fin de séries Jean-Pierre Thibaudat « Libération » 7

Transcription

Revue Soldes fin de séries Jean-Pierre Thibaudat « Libération » 7
Revue
Soldes fin de séries
Jean-Pierre Thibaudat
« Libération » 7 mars 1979
La Belgique, c’est quoi ? Le roué Baudouin, Tintin, Eddy Merks, l’Atomium de 58, la bière et
quelques dissidents. Une nouvelle revue made in Belgium, Soldes Fins de Séries. SFS pour
les clavistes, ramasse par pelletées l’histoire nationale et liquide le stock. Baudelaire et la
Belgique ? Liquidé par Atilla Verheggen à cheval sur son Divan terrible. Tintin ? Il s’appelle
Jean-Pierre Talbot, habite avenue Reine Astrid à Spa, s’est marié et sa petite fille est
championne de natation. En relisant ses aventures, il écoute Kraftwerk mais préfère Léonard
Cohen. Et il décore sa petite Fiat avec des collants du Club Méditerranée. Le voilà notre héros
à houppette. Liquidé. « Je suis un peu tout le monde donc je suis Tintin » c’est ça son cogito.
A la trappe. Et l’Atomium, ce monstre moléculaire qui viole l’espace aérien des piafs
bruxellois ? Depuis 58, il n’en peut plus des effluves de la capitale. Une maladie de peau. Une
sacrée rouille, et comme on n’avait plus de millions pour soigner la chose,il y a eu des
complications. Alors, on solde.SFS rencontre l’inventeur, nvoie un reporter croquer la
déconfiture du monstre, commande un tableau moderne sur le sujet, exprime ses craintes et
reproduit le discours de Baudouin le jour de l’inauguration. Ca, c’est d’l’enquête.
Soldes Fins de Séries, c’est aussi le plaisir de vagabonder à travers la page. Un format quasi
raisin, un papier Darwin 80 g et une encre Siegwerh 995 autorisent quelques audaces et,il en
faut, des redites. Images ordinateurisées, rejetons de Bazooka e de Façade, clins d’œil à la
presse à sensation, on solde, on solde. Ces « nomades du papier », ainsi se nomment-ils,
fôlatre souvent en terrain connu, c’est plus sûr. Le dernier regard n’est pas toujours moderne,
la vieille fiction emplâtre encore quelques pages, bon, mais d’accord, ils sont jeunes de deux
numéros que voulez-vous. Mais questions questions ça y va. « Comment peut-on se libérer de
l’angoisse, c’est-à-dire de l’inhibition de l’action ? » demande SFS au doc. Laborit, caché
derrière la buanderie au fond de son labo d’eutonologie de l’hôpital Boussicaut. « Par le rasle-bol » répond le digne professeur, après 20 ans de recherche. Liquidez, liquidez.
Tout cela fait bien rire « Petit Caca ». Le seul héros de bande dessinée « à la portée de tous ».
Tout le monde peut le dessiner. C’est une invention SFS. Avec mode d’emploi, méthode. J’ai
essayé. Un, j’ai bu. Deux, j’ai bien dessiné. Merci »Petit Caca ».
J-P. T.