Mémoire Herault Juliette
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Mémoire Herault Juliette
UNIVERSITE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME LES NOUVELLES PRATIQUES TOURISTIQUES DES JEUNES A DESTINATION DE L’AUSTRALIE. Enjeux et perspectives du Visa Vacances Travail. Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME » (2ème année) Spécialité Economie du Développement Touristique International (EDTI) Par Melle HERAULT Juliette Directrice de mémoire : Mme COUSIN Saskia Membres du jury : ……………………………… :……………………………… :……………………………… Session de septembre 2013 1 "N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît." Henry de Monfreid 2 Remerciements Tous mes remerciements… A ma Directrice de mémoire, Mme Saskia Cousin, pour avoir suivi l’évolution de mon travail depuis le début ainsi que pour ses conseils avisés. A Julie Meunier, pour avoir administré mon questionnaire aux membres du site PVTistes.net et pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je remercie également tous les voyageurs qui ont répondu à ce questionnaire, merci pour votre intérêt dans mon travail. A Conservation Volunteers Australia et plus particulièrement à Steve Bailey qui a eu la gentillesse de me faire découvrir cette organisation et de me permettre de réaliser les entretiens de ce mémoire. A Lidwine Bernardin, pour sa formation tout au long de mon stage qui m’a permis d’appréhender la dimension marketing de ce mémoire et notamment la stratégie de Tourism Australia. Aux professionnels du tourisme australien qui ont répondu à mes interrogations et plus particulièrement à Alison et Amy de Tourism Research Australia. A ma mère pour son aide et son écoute et enfin à Adam, pour sa patience et son soutien tout au long de cette année. 3 Sommaire Introduction ................................................................................................................................ 6 PARTIE 1 : LE TOURISME DES JEUNES ET SES EVOLUTIONS ............................. 12 I. Ethnologie des jeunes voyageurs ................................................................................... 12 A. Identité et mondialisation .......................................................................................... 12 B. Une nouvelle génération ............................................................................................ 15 II. Un tourisme « autrement » ............................................................................................ 17 A. Du concept du Tourisme Alternatif… ....................................................................... 18 B. … à l’émergence de nouvelles pratiques touristiques ............................................... 20 PARTIE 2 : L’AUSTRALIE, BOUT DU MONDE PRISE DES JEUNES ....................... 32 L’Australie, nouvel eldorado des jeunes ...................................................................... 33 I. A. Typologie des jeunes voyageurs en Australie ........................................................... 33 B. Une aventure au bout du monde ................................................................................ 37 II. Le Visa Vacances Travail : Voyager et travailler ...................................................... 41 A. Profil des PVTistes : résultats de l’enquête en ligne ................................................. 44 B. Etude de cas : Conservation Volunteers Australia .................................................... 52 PARTIE 3 : LE TOURISME DES JEUNES EN AUSTRALIE : UNE PERSPECTIVE DURABLE ? ........................................................................................................................... 57 I. Un pays favorable au tourisme des jeunes ................................................................... 57 A. Les jeunes au cœur d’une stratégie économique et touristique ................................. 57 B. Une communication pour et par les jeunes ................................................................ 63 II. Futur des pratiques touristiques des jeunes en Australie........................................... 69 A. Enjeux et limites ........................................................................................................ 69 B. Perspectives ............................................................................................................... 74 Conclusion ................................................................................................................................ 83 4 Bibliographie ............................................................................................................................ 86 Table des annexes..................................................................................................................... 93 Table des matières .................................................................................................................. 108 Résumé ................................................................................................................................... 111 "L'Université n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans les mémoires et thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs" 5 Introduction Les voyages font partie intégrante de notre vie moderne, et ce dès notre plus jeune âge. Des séjours en famille aux premières vacances entre amis, les jeunes réalisent par la suite leur premier grand voyage de manière autonome. A l’heure de la mondialisation, les jeunes sont de plus en plus appelés à voyager dans le cadre de leurs études et par la suite de leur travail. Les jeunes voyageurs d’aujourd’hui ont des attentes et des pratiques touristiques différentes de leurs aînés. Ils sont à la recherche d’un tourisme différent et adoptent de nouvelles façons de voyager. Le voyage ne suffit plus, il devient seulement une composante du séjour. C’est le cas notamment des séjours vacances travail, qui permettent aux jeunes de visiter un pays tout en finançant leur voyage par des petits boulots. Les jeunes veulent découvrir de nouveaux horizons mais aussi s’enrichir personnellement et professionnellement. Où partir ? L’ouverture des frontières et le développement du réseau aérien offrent aux jeunes l’embarras du choix. Alors pourquoi ne pas partir très loin, à l’autre bout du monde ? Nous nous intéresserons au tourisme des jeunes à destination de l’Australie. Ce travail est un peu le reflet de ma propre expérience. L’Australie m’a toujours fasciné, attiré et j’avais comme projet de partir en Australie depuis mon enfance. J’ai réalisé mon rêve quand je suis partie il y a maintenant trois ans, pour un an en Australie, en échange universitaire avec l’Université de Melbourne, dans le cadre de ma dernière année de licence LEA. Pendant cette année, j’ai beaucoup voyagé à travers l’Australie et j’ai eu de nombreuses pratiques touristiques diverses et variées. J’ai également effectué un stage au sein d’une attraction touristique culturelle de la ville de Melbourne, qui m’a ouvert les portes sur l’industrie du tourisme en Australie et permis de mieux comprendre l’environnement touristique. Je suis revenue en Australie l’été 2012 avec un Visa Vacances Travail pour trois mois. J’étais basée à Hobart en Tasmanie, où je travaillais à temps partiel dans un café. Làbas, j’ai pris contact avec l’organisation Conservation Volunteers Australia et je suis allée sur le terrain assister à une journée de volontariat, ce qui m’a permis d’effectuer les entretiens mentionnés dans ce mémoire. Cette année en Australie m’a tellement enrichie qu’il m’a semblé naturel de choisir ce sujet, ayant été moi-même ce jeune touriste, adepte de « nouvelles pratiques ». Choisir le bout du monde quand on a 20 ans : je voulais comprendre pourquoi d’autres jeunes avaient fait ce même choix. 6 L’Australie, bien que choix personnel, est aussi un phénomène d’actualité et attire de plus en plus de jeunes. Avec 1,57 millions de visiteurs internationaux en 2012, les jeunes représentent 26% du tourisme récepteur de l’Australie. Le Visa Vacances Travail est en plein essor et a séduit plus de 200 000 jeunes en 2012. Le tourisme des jeunes a toujours existé mais évolue au fil des années. Dans un contexte socioéconomique difficile, l’expatriation des jeunes est aujourd’hui très médiatisée. Pourquoi les jeunes décident-ils de partir en Australie ? Pourquoi choisir de voyager et de travailler ? Que sont-ils venus chercher et quelles expériences en ont-ils retirées ? Pourquoi, par ailleurs, l’Australie cherche-t-elle à attirer ces jeunes ? Pour quelle raison le pays a-t-il mis en place le programme du Visa Vacances Travail? Quelles sont les conséquences des nouvelles pratiques touristiques des jeunes pour l’Australie ? Suite à ces questionnements, nous nous tournerons vers la problématique et la méthodologie suivante. Problématique L’objectif de ce travail est de comprendre le tourisme des jeunes en Australie à travers ses deux principaux acteurs, à savoir, les jeunes touristes et le gouvernement australien. Quelle articulation entre les motivations des jeunes touristes et celles du gouvernement australien ? Ce sera un double terrain de recherche bien que les jeunes touristes soient l’objet principal de l’étude. Pour cette raison, ce mémoire aura une démarche plus sociologique, anthropologique, bien qu’abordant des thématiques marketing essentielles à la compréhension de ce double terrain de recherche. Ce mémoire se propose donc d'étudier l’adéquation (ou non) entre, d’un côté, les pratiques et les motivations des jeunes touristes, et de l'autre, les attentes et les objectifs du gouvernement australien. Nous nous intéresserons aux nouvelles pratiques touristiques des jeunes, en particulier au Visa Vacances Travail et à la manière dont cette pratique est prise en compte par le gouvernement australien. L’hypothèse de travail est la suivante : les motivations se rencontrent et se complètent. Les deux acteurs agissent l’un sur l’autre et ont besoin l’un de l’autre. L’Australie répond aux besoins des jeunes et les jeunes sont une source de revenus pour l’Australie. L’adéquation serait au niveau d’une pratique aux bénéfices mutuels, ici le Visa Vacances Travail. 7 Méthodologie Afin de répondre à cette problématique, et de vérifier cette hypothèse, nous utiliserons différentes méthodologies de travail, qui par leur diversité, nous permettront de confronter nos éléments de recherche et d’en retenir une analyse critique. Une première phase exploratrice a consisté à une revue de la littérature, en français et en anglais, afin d’obtenir une bibliographie diverse et variée. Les ouvrages et articles scientifiques ont permis d’en savoir plus sur la thématique du sujet, le tourisme des jeunes, qui s’est avéré peu étudié par les auteurs français. Pour en savoir plus sur le tourisme des jeunes en Australie, et connaître le profil et les données chiffrées, nous nous sommes tournés vers des études quantitatives réalisées par différents acteurs du tourisme en Australie. Les études de Tourism Australia sur le segment des jeunes nous ont particulièrement aidées, ainsi que les enquêtes officielles de Tourism Research Australia, qui nous a fourni d’importantes données sur les pratiques des jeunes dans le pays. Les rapports du département de l’immigration nous ont également été d’une aide précieuse pour obtenir les chiffres sur le Visa Vacances Travail. Afin de ne pas avoir comme source unique des données institutionnelles, nous avons mis en place des études qualitatives destinées directement à notre sujet d’étude, les jeunes. - Questionnaire en ligne L’outil formulaire de Google a été choisi pour élaborer un questionnaire en ligne destiné aux jeunes français déjà partis en Visa Vacances Travail en Australie. Les résultats et témoignages recueillis ont permis d’alimenter notre réflexion sur le Visa Vacances Travail en Australie et les motivations des jeunes touristes. Des graphiques ont également été réalisés par la suite et se trouvent dans le dossier d’outils méthodologiques. Le questionnaire comprenait 21 questions dont la majorité était des questions courtes et à choix multiples1. Les questions tournaient autour de trois grandes thématiques : les motivations au départ, les pratiques une fois sur place et le bilan de leur expérience. Grâce à un contact au sein de mon stage en agence de marketing et de communication touristique à Paris, j’ai pu envoyer mon 1 Dossier d’outils méthodologiques, p. 3. 8 questionnaire à Julie Meunier, co-fondatrice du site PVTistes.net qui est depuis 2005 le site de référence du Programme Vacances Travail. Le site répertorie les différents PVT à travers le monde, disponibles aux français et fournit informations et conseils. Il comprend des milliers de membres, anciens, actuels ou futurs « PVTistes2 », qui profitent du site comme d’une plateforme d’échange et d’interaction. Julie Meunier a donc administré mon questionnaire à sa base d’environ 5 000 contacts, par un email personnalisé. Le questionnaire a également été mis en ligne sur le forum Australie du site3. 115 personnes ayant déjà effectué un Visa Vacances Travail en Australie ont répondu au questionnaire. Bien que cet échantillon ne soit pas exhaustif, il a permis de révéler certaines tendances et caractéristiques communes. - Entretiens Lors de mon second séjour en Australie l’été dernier, je suis allée à la rencontre de l’organisation Conservation Volunteers Australia à Hobart, afin d’en savoir plus sur le volontourisme, pratique émergente chez les jeunes. Un entretien avec le manager (Steve Bailey) a permis de comprendre l’organisation et le fonctionnement de CVA4. J’ai assisté à un de leur projet de volontariat au parc de Rosny5, sur les bords de la rivière Derwent, sur la rive est d’Hobart. C’est une réserve urbaine importante, bien située, avec différents points de vue sur la ville. La mission des volontaires était de raser les mauvaises plantes pour que la végétation native puisse pousser. Lors de ce projet, j’ai rencontré les deux volontaires (Tim et Han Jae) et le team leader (Josh) avec qui je me suis entretenue par la suite. Les témoignages recueillis lors de ces entretiens ont permis d’en apprendre davantage sur les motivations de ces volontouristes et a continué d’enrichir notre raisonnement. Concernant les attentes et les objectifs du gouvernement australien, nous avons interrogé Lidwine Bernardin, France Marketing Manager, Tourism Australia. J’ai eu l’opportunité de travailler avec Lidwine Bernardin lors de mon stage dans une agence de communication et de marketing touristique, qui est en charge de représenter Tourism Australia sur le marché français. Elle a pu nous expliquer la stratégie de l’Australie, notamment concernant le segment des jeunes et le Visa Vacances Travail. Enfin, nous avons posé plusieurs questions à 2 Appellation pour désigner les personnes effectuant un Programme Vacances Travail. 3 http://pvtistes.net/forum/vos-impressions/85119-questionnaire-pvtiste-en-australie.html#post754614 4 Acronyme pour Conservation Volunteers Australia 5 Photos en Annexe A 9 Julie Meunier pour s’interroger sur l’état de la concurrence et l’avenir du Programme Vacances Travail. Ce mémoire comportera également une démarche réflexive. « La réflexivité est une démarche méthodologique en sociologie et en anthropologie qui consiste à appliquer les outils de l'analyse à son propre travail ou à sa propre réflexion et donc d'intégrer sa propre personne dans son sujet d'étude. » Lors de mes deux séjours en Australie, avec deux visas différents, mon expérience du pays en tant que jeune touriste a été assez complète et il me semblait donc intéressant d’analyser mes propres pratiques et motivations dans ce mémoire au sein d’une démarche réflexive. Ce mémoire inclura donc aussi bien les opinions des auteurs, chercheurs, des institutions et gouvernements, que le regard des jeunes touristes et de moi-même. Nous aurons l’occasion d’effectuer un tableau comparatif sur les regards croisés des différents acteurs quant aux motivations des volontouristes. Notre réflexion se construira autour de trois parties. Notre première partie servira de cadre théorique où nous définirons notre thématique, le tourisme des jeunes. Nous étudierons son développement, influencé par divers facteurs extérieurs, et ce qui anime cette jeunesse à voyager, à la découverte de soi et des autres. Cette nouvelle génération mondialisée a soif de découverte et d’aventure et recherche un tourisme en phase avec son temps. Elle adopte des pratiques spécifiques qui seront analysées par la suite. Cette première partie révèle une nouvelle volonté des jeunes à voyager utile et cite entre autres, la croissance des séjours vacances travail. Dans une seconde partie, nous aborderons notre cœur du sujet, à savoir les jeunes touristes à destination de l’Australie. Qui sont-ils, que cherchent-ils, que font-ils ? Pourquoi choisissent-ils l’Australie ? Il s’agira d’analyser leur profil, leurs motivations et leurs pratiques. Dans un deuxième temps nous nous focaliserons sur les jeunes qui partent en Visa Vacances Travail à travers l’analyse des résultats du questionnaire en ligne. Une étude de cas sur l’organisation Conservation Volunteers Australia sera également introduite. Enfin, dans une troisième partie, nous étudierons la politique touristique du gouvernement australien. Pourquoi le pays est-il si favorable au tourisme des jeunes ? Que se cache derrière le programme du Visa Vacances Travail ? Nous verrons pour quelle raison et comment 10 l’Australie attire les jeunes touristes, à travers la stratégie de l’office de tourisme d’Australie. Dans un dernier temps, nous évaluerons les limites d’une telle politique, pour les jeunes mais aussi pour le pays et nous nous demanderons si le tourisme des jeunes en Australie est une perspective durable. 11 PARTIE 1 : LE TOURISME DES JEUNES ET SES EVOLUTIONS D’un tourisme élitiste au 18ème siècle, à un tourisme social au 20ème siècle, c’est dans un contexte de mondialisation et d’un monde surconnecté que le tourisme des jeunes évolue aujourd’hui. Les jeunes sont appelés à voyager de plus en plus dans le cadre de leurs études et de leur travail et adoptent des pratiques différentes de leurs ainés. Qui sont ces jeunes grands voyageurs ? Quelles sont ces nouvelles pratiques qui émergent ? Nous baserons notre analyse sur les ouvrages et articles scientifiques mais aussi sur les témoignages recueillis lors des entretiens ainsi qu’à travers une démarche réflexive. I. Ethnologie des jeunes voyageurs A. Identité et mondialisation 1) Difficulté de définition du terme Il convient tout d’abord de définir et de délimiter le terme « jeune ». Le tourisme des jeunes peut se découper en plusieurs segments : les jeunes de 15 à 20 ans, les jeunes de 20 à 25 ans mais aussi les jeunes de 25 à 30 ans. Il peut aussi être divisé entre les enfants et les adolescents et les jeunes adultes (18 ans et plus). La majorité constitue donc un point de clivage. Cependant il est plus difficile de donner une limite supérieure à cette tranche d’âge. L’Insee considère une tranche de 15 à 24 ans mais, par ailleurs, la plupart des cartes donnant droit à des réductions pour les jeunes retiennent la limite de 26 ans. L’OMT identifie le segment de marché constitué de jeunes voyageurs comme celui des touristes (séjournant au moins une nuit) âgés de 16 à 25 ans. Certains pays évoquent même le chiffre de 30 ans pour les étudiants. Selon Desvignes (2003)6, « ce serait donc plus un style de vie et une période de la vie qui définissent ce qu’est le tourisme de jeunes, que des âges qui s’avèrent trop réducteurs ». 6 Desvignes, Claudine. Tourisme des jeunes (16-25 ans). Les Cahiers Espaces, n° 77, 2003. 12 L’Office de Tourisme d’Australie identifie deux secteurs clés du marché touristique des jeunes : les backpackers7 et les jeunes qui se rendent dans un pays pour y étudier une langue étrangère. Ce sont les jeunes âgés de 20 à 34 ans. La limite de la définition est donc assez large et subjective. Nous retiendrons pour notre analyse les jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans, puisque cette tranche d’âge est tout d’abord majeure, plus autonome et mâture et comprend davantage une dimension internationale. Cela correspond également à la tranche d’âge autorisée pour obtenir un Visa Vacances Travail, focus de notre recherche. 2) Un développement influencé par l’environnement externe Le développement du tourisme des jeunes et du tourisme en général est influencé par l’environnement externe et par des facteurs économiques, politiques et socioculturels. La deuxième moitié du 20ème siècle a été marqué par des changements importants dans les domaines de la technologie, des transports et de la communication. Le développement de nouvelles industries comme le tourisme vient combler les nouveaux besoins d’une société postindustrielle. C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que le tourisme prend un essor phénoménal. Arrivée des congés payés, hausse des revenus, changements démographiques, allongement de la durée de vie, baisse des coûts des transports et arrivée du low cost sont autant de raisons à l’origine de la démocratisation du tourisme. Avant le tourisme, y compris le tourisme des jeunes, était réservé à une élite, une certaine classe sociale, du temps du Grand Tour au 18ème siècle. Les changements sociétaux du 20ème siècle ont permis l’émergence d’un tourisme social, pour tous. A cette démocratisation du tourisme liée aux évolutions sociétales, vient s’ajouter la révolution technologique qui a contribué à l’essor du tourisme et du tourisme des jeunes. Internet et le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis une ouverture des frontières. Dans un contexte de mondialisation croissant, l’échange d’informations est devenu plus accessible et rapide. L’ouverture des frontières et le développement des transports notamment aériens, ont favorisé la circulation des personnes et donc l’essor du tourisme. 7 Définition : visiteurs internationaux qui passent une ou plusieurs nuits dans un établissement de type auberge de jeunesse durant leur séjour 13 C’est dans ce contexte que le programme d’échange Erasmus a été crée en 1987. Décision politique, les programmes d’échange universitaire accompagnent le développement du tourisme des jeunes et du tourisme universitaire. Dans une société où les jeunes finissent de plus en plus tard leurs études et ne sont pas pressés de rentrer dans un rythme de travail, on observe l’émergence de « gap year », d’année sabbatique. De plus, le rejet des obligations et des normes conventionnelles poussent les jeunes à partir à la recherche d’une nouvelle expérience, d’une aventure. Les nouvelles technologies jouent un rôle également important. Les jeunes et les étudiants peuvent maintenant obtenir davantage d’informations sur les autres pays et communiquer à l’autre bout du monde. Cette ouverture sur le monde les pousse à vouloir le découvrir. Le monde devient moins inconnu, moins effrayant. Les outils de communication comme Skype permettent aux jeunes de rester connectés avec leur famille et leurs amis, tout en étant dans un pays étranger. A ces facteurs socioculturels, s’ajoutent récemment des raisons économiques. En 2008, le monde a traversé une crise financière et économique sans précédent qui frappe toujours en Europe. Nous assistons à des taux record de chômage, frappant principalement les jeunes. Selon l’OIT, 75 millions de jeunes sont actuellement sans emploi dans le monde. Selon Eurostat, plus d’un jeune sur cinq de la population active en Europe est au chômage et le taux atteint 27% en 2012 en France. Les jeunes voient aussi dans le voyage l’espoir d’une vie meilleure ailleurs et les programmes de Visa Vacances Travail sont de plus en plus sollicités par ces derniers. Ils ne voyagent plus de la même manière et plus pour les mêmes raisons. Le développement du tourisme des jeunes est donc à l’origine de facteurs économiques, politiques et socioculturels. Aujourd’hui, selon l’OMT8, le tourisme des jeunes est un des marchés les plus dynamiques et à la croissance la plus rapide du tourisme mondial. L’OMT estime que 20% des 990 millions de visiteurs internationaux étaient des jeunes voyageurs en 2011, soit près de 200 millions. Selon les prévisions, 300 millions de voyages internationaux sont attendus pour 2020. Le tourisme des jeunes représente également un intérêt économique avec 165 milliards de dollars de recettes générées en 2010. Ils ont moins d’argent mais plus de temps. Par conséquent, quand ils effectuent un voyage, ils partent plus longtemps et donc dépensent plus, paradoxalement. 8 UNWTO, WYSE Travel Confederation. The power of youth travel. AM reports volume two. 14 B. Une nouvelle génération 1) Profil des jeunes touristes Le profil sociodémographique des jeunes voyageurs est influencé par l’environnement externe et les évolutions de la société. Par exemple, la croissance des formations supérieures internationales et la mise en place progressive de programmes universitaires transeuropéens a développé le tourisme des jeunes. Les jeunes sont appelés communément génération Y mais aussi « génération boomerang », « echoboomers » ou « millenials ». Ils sont nés entre 1978 et 1995 et ont donc entre 15 et 32 ans. Au 1er janvier 2011, les jeunes de moins de 25 ans représentaient en France près de 31% de la population soit plus de 20 millions9. Cette génération Y est la génération Erasmus. Elle est polyglotte, sensible à l’espace européen, parle plusieurs langues. La nationalité d’origine perd de son importance au profit d’une nationalité européenne voire internationale. Les jeunes voyageurs ont un niveau d’éducation élevé. Ils sont plus informés avec la montée des nouvelles technologies et la place prépondérante d’internet. Ils sont adeptes du low cost, de l’achat de dernière minute. Ce sont des consommateurs plus spontanés, flexibles, revendiquant une forte autonomie et indépendance. 2) Motivations au voyage Le voyage est un besoin fort pour les jeunes. Ils ont un besoin d’exister, que le voyage semble satisfaire. Les voyages forment la jeunesse dit-on. Avides de liberté, il existe une aspiration très profonde des jeunes à découvrir le monde. Ils pensent partir à l’autre bout du monde pour découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, faire des rencontres. Mais avant tout, ils vont se découvrir eux-mêmes. « Le voyage lointain est un rite de passage muant l’enfant en adulte.10» Selon Suzanne Lallemand, le rite de passage à l’âge d’homme en Occident est le voyage, le plus loin possible des lieux habituels. « Chaque membre tend à se devoir à lui-même la preuve de son unicité et de ses capacités à l’autonomie. » Le voyage prend alors un caractère sacré, quasi nécessaire. Comme la religion avec les pèlerinages, le 9 Source : INSEE, état civil ; estimations provisoires de population au 1er janvier 2011 10 Lallemand Suzanne. Routards en Asie. Ethnologie d’un tourisme voyageur. L’Harmattan, 2010. 15 voyage lointain est une période d’émancipation pour la jeunesse. Lallemand (2010) parle de changement du lien intergénérationnel. La période précédent le départ suscite recommandations, conseils, mises en garde de la part de la famille. Une fois les enfants partis, la peur des parents fait alors place à l’admiration et ils vont finalement laisser au voyage leur rôle d’éducateur. C’est une séparation géographique mais aussi psychologique. L’adolescent ou le jeune adulte quitte son environnement pour partir à l’autre bout du monde. Il quitte son confort, ses habitudes, ses proches, ses repères, sa langue maternelle parfois pour l’inconnu. Mais il semblerait que les jeunes aient besoin de se confronter à l’inconnu, à la vie pour découvrir qui ils sont. Cette émancipation de la famille, cette construction de soi et quête d’autonomie sont autant de motivations au voyage. Le voyage est un moment fort de la vie où l’on se confronte à de nouvelles situations et où l’on doit s’adapter dans ce nouveau contexte. “I feel like I grew old. I experienced life on my own. I learnt to be confident, to accept myself and school doesn’t teach you that.11” Kim Les motivations des jeunes voyageurs d’aujourd’hui sont différentes de leurs aînés. La jeunesse des années 1960 partait en voyage initiatique pour défendre une cause sociopolitique et avait comme idéaux de changer le monde. Aujourd’hui les jeunes, partent avant tout pour se changer eux-mêmes. Conscients de la situation socioéconomique et politique difficile, les jeunes partent avant tout pour la fuir et non pour la combattre. Les routard d’aujourd’hui sont plus nombreux et partent également plus loin. Au-delà de la réalisation de soi, l’ouverture à l’autre est également une motivation principale au voyage. Les jeunes veulent faire des rencontres, découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux comportements. C’est aussi en faisant de nouvelles rencontres que les jeunes en apprennent plus sur eux et sur ce qu’ils étaient venus chercher. 3) Un modèle de tourisme recherché différent « Au 20ème siècle, dans un contexte d’après guerre et dans un objectif de paix, la jeunesse est devenue un élément parmi les plus importants dans la définition même de notre société.12» 11 Dossier d’outils méthodologiques p.14 : entretien avec Kim Tiemann, volontaire à CVA. Traduction : « Je me sens grandie. J’ai expérimenté la vie toute seule. J’ai appris à avoir confiance en moi, à m’accepter et l’école ne t’apprend pas ça. » 16 Selon Desvignes (2003), le pouvoir de la jeunesse représenterait également une force pour l’avenir du tourisme. Quant aux Nations Unies, elles reconnaissent que les jeunes représentent une force majeure pour le développement et le changement social. Les jeunes amèneraient à un changement positif dans le secteur du tourisme et seraient les ambassadeurs d’un tourisme responsable et durable. Aujourd’hui, le tourisme est un des secteurs économiques à la croissance la plus rapide du monde. Mais le tourisme est aussi une « réalité socioculturelle d’envergure mondiale permettant à des groupes entiers de se rencontrer, de se brasser et peut-être de s’exprimer mutuellement.13» Selon Desvignes (2003)14, ils semblent être loin du tourisme de masse et des forfaits standardisés des années 1960. Ils sont à la recherche d’endroits hors des sentiers battus, de sites touristiques non conventionnels. Ils n’ont pas peur d’aller loin, de vivre des expériences d’aventures uniques et de découvrir une langue étrangère. Dans ce nouvel environnement, les jeunes paraissent se soucier d’un développement d’un tourisme équitable respectant pays et populations visitées. Ils seraient également plus sensibles à la protection de l’environnement, de par leur génération plus informée, éduquée, « alerte ». On dit souvent que les jeunes sont les touristes de demain mais sont-ils les initiateurs d’un nouveau tourisme, de nouvelles pratiques ? II. Un tourisme « autrement » Ces dernières années, il y a eu une prise de conscience des limites du tourisme et notamment de ses impacts négatifs sur l’environnement et les populations locales. Face à ce constat, de nouvelles formes de tourisme sont apparues afin de s’opposer à un tourisme de masse. Quel est ce tourisme « autrement » ? Quelles nouvelles pratiques touristiques ce concept a-t-il généré ? L’étude de ces nouvelles pratiques chez les jeunes nous permettra de mieux aborder par la suite notre cœur de sujet. 12 Desvignes, Claudine. Tourisme des jeunes (16-25 ans). Les Cahiers Espaces, n° 77, 2003. 13 Manço, Altay A., Sarlet, Marie M. Tourisme et diversités : facteurs de développement ? Paris, L’Harmattan, 2008. 14 Desvignes, Claudine. Tourisme des jeunes (16-25 ans). Les Cahiers Espaces, n° 77, 2003. 17 A. Du concept du Tourisme Alternatif… 1) Contexte et émergence Depuis plusieurs années on parle d’un nouveau tourisme, plus responsable, plus respectueux de l’environnement et des populations. Ce nouveau tourisme prend plusieurs appellations et n’a pas vraiment de définition officielle. On parle notamment de tourisme alternatif. Le terme alternatif implique une antithèse. Pour Pearce (90), c’est le contraire de ce qui est perçu comme négatif ou néfaste du tourisme traditionnel15. Selon Manço et Sarlet (2008)16, « le tourisme alternatif est né de l’observation des nombreux impacts socioculturels et environnementaux du tourisme de masse » et cherche à les minimiser. En effet, le tourisme exerce des pressions considérables sur l’environnement et participe de ce fait au réchauffement climatique. De plus, le tourisme dans sa distribution inégale des richesses rappelle l’exploitation économique du Sud par le Nord. Une prise de conscience émerge et on se demande alors si l’on peut et si l’on doit encore voyager. Eadington and Smith (1994)17 parlent également de l’émergence des formes alternatives de tourisme. La plupart des analyses reconnaissent que le tourisme prend des formes différentes selon les périodes. La démocratisation du tourisme dans les années 60 aurait ainsi amené le tourisme de masse. Aujourd’hui c’est une nouvelle ère du tourisme qui commence. Butcher (2003)18 dans son livre Sun, sand… and saving the world! parle de moralisation du tourisme. Les touristes de masse à la recherche d’un tourisme sun, sand, sea and sex sont rejetés par les nouveaux touristes moraux qui préfèrent voyager ou faire de la randonnée. La question que l’on peut se poser et si finalement ces touristes moraux sont aussi des touristes de masse ? L’un doit-il exclure l’autre ? 15 Pearce (90) “The contrary to that which is seen as negative or detrimental about conventional tourism.” In Wearing, Stephen. Volunteer tourism: experiences that make a difference. CABI Publishing, Wallingford, 2001. 16 Manço, Altay A., Sarlet, Marie M. Tourisme et diversités : facteurs de développement ? Paris, L’Harmattan, 2008. 17 Eadington, William R., Smith, Valene L. Tourism alternatives. John Wiley and Sons. 1994 18 Butcher, Jim. The Moralisation of Tourism. Sun Sand and . . . Saving the World. London: Routledge, 2003. 18 2) Définitions : Tourisme alternatif mais alternatif à quoi ? Le concept de tourisme alternatif est donc une alternative au tourisme de masse. Il n’y a cependant pas de définition officielle des différents termes liés aux activités touristiques alternatives. Les interprétations du tourisme alternatif par les auteurs sont tout autant diverses que les contradictions entre les différentes littératures. Il englobe cependant plusieurs notions qui correspondent à de nombreuses chartes et codes de conduite établis après le sommet de la terre à Rio en 1992. La Charte du Tourisme Durable de 1995 rappelle que « le tourisme, de par son caractère ambivalent, puisqu’il peut contribuer de manière positive au développement socio-économique et culturel, mais aussi à la détérioration de l’environnement et à la perte de l’identité locale, doit être abordé dans une perspective globale. » Les deux principales notions du tourisme alternatif sont le tourisme responsable et le tourisme durable, désignant l’application des principes du développement durable au tourisme. Le développement durable est défini par l’OMT en 1995, dans la Charte du Tourisme Durable : « le tourisme doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales. » Le tourisme alternatif serait donc l’application d’un tourisme de développement durable. 3) Principaux types de tourisme alternatif Il y a de nombreux termes pour désigner les différents types de tourisme alternatif. Nous en avons choisi quelques uns définis par l’organisme Oxfam19. « L’écotourisme est un tourisme basé sur la découverte de la nature et des cultures traditionnelles qui règnent dans les espaces naturels. Il comporte une part d’éducation et d’interprétation et doit faire prendre conscience de la nécessité de préserver le patrimoine naturel et culturel. Il s’agit d’un tourisme centré sur l’environnement. » « Le tourisme solidaire a pour but d’amener le touriste à une action concrète de solidarité. Cela peut revêtir différentes formes comme le soutien à un projet de développement par exemple. Il s’agit donc ici d’un tourisme participatif, où la première préoccupation est plus 19 http://www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/10/le-tourisme-alternatif-definition-des-concepts/ 19 d’ordre social qu’environnemental. Le choix des partenaires se porte principalement sur les acteurs les plus défavorisés. » « Le tourisme équitable s’inspire des principes du commerce équitable. Il est marqué par une volonté de faire participer des communautés d’accueil, par des prises de décisions démocratiques, des modes de production respectueux de l’environnement et sur une juste rémunération des prestations locales. Il s’agit ici d’un outil de rééquilibrage des rapports commerciaux entre le Nord et le Sud. » « Le tourisme communautaire aussi désigné sous les termes de tourisme indigène ou tourisme autochtone, est une forme de tourisme où ce sont les communautés locales qui gèrent elles-mêmes l’accueil des visiteurs. Ainsi elles gardent le contrôle des activités touristiques sur leur territoire et la majeure partie des bénéfices leurs reviennent. Généralement un hébergement chez l’habitant est proposé ou encore en gîtes tenus par la communauté. Ce type de voyage est l’occasion de partager au plus près la vie des populations locales.20 » Le tourisme volontaire ou volontourisme est généralement classé dans le tourisme solidaire/participatif. Selon Steve Bailey, Manager de CVA Hobart, « c’est une forme de tourisme alternatif, c’est une forme d’écotourisme. C’est du tourisme d’aventure avec une dimension éthique.21» B. … à l’émergence de nouvelles pratiques touristiques Voyager et étudier – voyager et travailler – voyager et faire du volontariat Les jeunes ont de nouvelles façons de voyager. Le voyage ne suffit plus. Les jeunes associent l’utile à l’agréable. L’explication des termes suivants vont nous permettre d’avoir un aperçu des nouvelles pratiques touristiques des jeunes, objet de notre étude. Ce sont aussi des pratiques que j’ai toutes plus ou moins réalisées et que j’ai pu observer durant mes 20 http://www.ecotourisme-magazine.com/tourisme-communautaire-indigene-autochtone/ 21 Dossier d’outils méthodologiques p. 12 : entretien avec Steve Bailey. 20 voyages en Australie et qui me semblent pertinentes et représentatives des nouvelles pratiques touristiques des jeunes aujourd’hui. 1) Backpacking Le terme backpacking a été inventé dans les années 80, en Australie, qui est d’ailleurs la première destination mondiale de backpacking. Un backpacker désigne un voyageur qui sillonne les routes avec son sac à dos. En France, on associe ce terme au routard, qui se réfère à la révolution de mai 68, au rejet d’une société de consommation, matérialiste. En Australie, un backpacker est désigné comme un voyageur à la recherche de modes d’hébergement bon marché, qui est désireux de nouer des contacts avec d’autres voyageurs et avec les populations locales. Plus simplement, les statistiques australiennes définissent un backpacker comme un visiteur international qui passe une ou plusieurs nuits dans un établissement de type auberge de jeunesse durant son séjour. Les auberges de jeunesse sont d’ailleurs désignées par le mot backpacker également. Cette approche du voyage, difficilement catégorisable a été définie par Locker et complétée par Murphy & Pearce en 1995 comme « des touristes jeunes à petit budget, qui prennent de longues vacances, soit avec un visa touristique ou étudiant, soit dans le cadre du visa de vacances et travail »22. Les backpackers ont donc un petit budget et optent pour des logements économiques de types auberge de jeunesse, camping, ferme ou chez l’habitant. Ils sont indépendants et flexibles, ils ne planifient pas leurs voyages. Ils restent en général assez longtemps dans un pays et veulent des vacances actives. Le backpacking est identifié chez certains auteurs comme une pratique alternative de tourisme car ce type de voyage favoriserait les rencontres avec les populations locales et l’interculturalité. - Evolution du terme Les backpackers d’avant ou routards sont identifiés par Cohen (2003)23 comme des « drifters » qui veut dire vagabond. Dans les années 60, 70, ces voyages correspondaient au mouvement hippie et à la révolution de mai 68 en France. Les jeunes rejetaient la société de 22 In FNEGE. Le tourisme en Australie. L’émergence du «backpacking». Etudes sectorielles, 2001. 23 Cohen, Erik (2003): Backpacking: Diversity and Change, Journal of Tourism and Cultural Change, 1:2, 95- 110 21 consommation et défendaient une cause politique. Les jeunes voyageurs d’aujourd’hui sont eux identifiés comme des « backpackers » qui selon Cohen (2003), se basent sur le modèle du « drifter ». Cependant, les backpackers d’aujourd’hui, bien que voulant s’identifier aux routards de l’époque, n’ont plus les même valeurs et attentes. Il y a un paradoxe entre l’imaginaire et les pratiques. La photo en annexe B illustre les différentes représentations du backpacker à travers le regard de la société, des touristes, de la famille, des amis et de soi-même. La société voit le backpacker plus comme le « drifter » de Cohen, un hippie des années 70 alors que les grandsparents se réfèrent aux grands explorateurs. Le backpacker lui-même se voit comme un aventurier à la Indiana Jones. Dans leur imaginaire, les backpackers se considèrent comme de « vrais » voyageurs. Le backpacking est un mode de voyage auquel on associe mobilité et liberté. Les jeunes ne veulent plus être identifiés comme des touristes mais comme des voyageurs. Le mot touriste devient grossier. Ils ne veulent plus être des consommateurs, ils veulent vivre des expériences « authentiques ». Le modèle du « drifter » continue d’alimenter l’imaginaire des backpackers d’aujourd’hui. Cependant, l’environnement externe a changé et le contexte économique, social et politique n’est plus le même que celui des années 70. Bien que voulant croire rejeter une société de consommation les jeunes en sont maintenant les acteurs. C’est ici qu’apparait le terme de flashpackers. Le flashpacker serait le backpacker d’aujourd’hui qui correspondrait plus à notre société contemporaine et aux changements démographiques. Le flashpacker est défini comme étant dans la fin de la vingtaine début trentaine, qui voyage avec une valise et non plus un sac-à-dos, reste dans plusieurs types d’hébergements selon les endroits, a un revenu plus important, se rend hors des sentiers battus et possède un ordinateur et téléphone portable24. Ce seraient donc des voyageurs un peu plus âgés qui font un break dans leur carrière professionnelle. - Des voyageurs indépendants ? Clarke (2004)25 se demande si les jeunes voyageurs, backpackers sont réellement libres. En effet, ce qui était vu comme une activité marginale représente aujourd’hui un segment de 24 Hannam, Kevin., Diekmann, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. TCC, 2010. p2. 25 Clarke, Nick. Free Independent Travellers? British Working Holiday Makers in Australia. In Transactions of the Institute of British Geographers, New Series, Vol. 29, No. 4 (Dec.,2004), pp. 499-509 22 marché et les backpackers sont le fruit d’une stratégie commerciale. Cohen (1973)26 distingue les voyageurs institutionnalisés des voyageurs non institutionnalisés. Il est vrai qu’aujourd’hui il y a une institutionnalisation des pratiques et les backpackers ne sont plus tellement des voyageurs sac à dos sans itinéraire et sans hébergement. On peut observer une tendance à rester entre backpackers dans un hébergement backpack, favorisant les enclaves touristiques. « Je rêvais d'aller en Australie, ça a été une superbe expérience... mais tout est organisé pour les backpackers, c'est un vrai business donc plus de côté "aventure", et au final on reste surtout entre voyageurs même si j'ai pu vivre avec de vrais australiens en faisant du wwoofing »27. Cette jeune femme évoque ce business du backpacking et le côté aventure qui se transforme au final en tourisme de masse. Les jeunes voyageurs ont peur de voyager seuls, ils veulent avant tout avoir une reconnaissance sociale, appartenir à un groupe, se faire des amis rapidement. Pour cela, les backpackers passent souvent par des agences de voyage spécialisées backpackers28 pour obtenir des offres « packagées ». Ils ont alors l’impression de voyager en autonomie mais ils dépendent malgré eux des gros acteurs du tourisme et de leurs stratégies commerciales agressives notamment à travers le marketing et la presse. Selon Hannam et Diekmann (2010)29, finalement, les backpackers ne seraient pas tant des touristes alternatifs mais plutôt une variété de touristes de masse. Cette critique est paradoxale face au désir des backpackers de voyager autrement, de la recherche d’authenticité, de rencontres. J’ai été moi-même ce backpacker à travers l’Australie durant les vacances de l’université. J’ai voyagé dans divers endroits et de manière différente. J’avais en effet un sac à dos, distinction des backpackers et je dormais en auberge de jeunesse ou dans des campings. J’étais à la recherche d’aventure, de liberté. Mais il est vrai que je voulais un minimum de structure et je planifiais mes itinéraires à l’avance. Le terme flashpacker est peut-être en effet plus adapté aux backpackers d’aujourd’hui voulant vivre la grande aventure tout en gardant 26 Cohen, E. (1973). “Nomads from affluence: Notes on the Phenomenon of Drifter-tourism”. International Journal of Comparative Sociology, vol. 14, no. 1-2, pp. 89-102. 27 Témoignage d’une jeune touriste issu du questionnaire en ligne. 28 ie : peterpans, travel bugs 29 Hannam, Kevin., Diekmann, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. TCC, 2010. 23 un minimum de confort et en restant connectés. Pour un de mes voyages je suis passée également par une agence de voyage spécialisée pour backpackers qui avait réservé à l’avance pour notre groupe d’amis les auberges de jeunesse, les transports et les activités comme la plongée une fois sur place. Il est vrai que quand on voyage, on rencontre beaucoup de backpackers et les auberges de jeunesse sont de vraies enclaves touristiques. Mais ce n’est pas pour autant que les backpackers ressentent moins de liberté. Les jeunes backpackers que j’ai pu croiser voulaient surtout faire des rencontres et découvrir le pays. Certains arrivent seuls et voient dans les auberges de jeunesse une maison à l’autre bout du monde qui leur permet de trouver des futurs compagnons de voyage. 2) Le Programme Vacances Travail : le nouveau backpacking ? Le Programme Vacances Travail en français Visa Vacances Travail ou en anglais Working Holiday Visa, est un permis délivré par l’Etat afin d’encourager la mobilité des jeunes qui peuvent à la fois voyager et travailler. Cette formule permet aux jeunes généralement âgés de 18 à 30 ans de financer leur séjour. Le Programme Vacances Travail (PVT) est donc à la fois un visa touristique et un visa travail. Le visa est généralement valable pendant un an. Les pays signataires de ce programme avec la France sont les suivants : l’Argentine, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, le Japon, la Nouvelle-Zélande et Singapour. Des accords sont en cours avec la Russie et Taiwan et les pays d’Amérique Latine y pensent également. Ces accords bilatéraux (sauf pour Singapour) permettent aux jeunes français de se rendre dans ces pays et vice-versa. Le travail temporaire à l’étranger existait déjà auparavant, avant la mise en place de programmes de vacances travail. Dans les années 80, les britanniques ont mis en place des jobs de filles au pair et cela permettait déjà aux jeunes de se payer des vacances. Comme le souligne Julie Meunier, co-fondatrice du site PVTistes.net, le Programme Vacances-Travail est de plus en plus connu et médiatisé. « Les jeunes se rendent compte qu’il n’est pas aussi compliqué que ça de partir travailler dans un pays hors Union Européenne. Le fait que de plus en plus de jeunes partent via le PVT inspire sans doute toujours plus de jeunes et en aide sans doute certains à se jeter à l’eau.30 » Le programme de Vacances Travail semble 30 Dossier d’outils méthodologiques, p. 22 : entretien avec Julie Meunier. 24 convenir aux jeunes d’aujourd’hui et correspond davantage à leurs envies et aux valeurs contemporaines. Les jeunes veulent partir à l’aventure tout en étant encadrés et ce programme offre une plus grande structure. Les jeunes sont aussi conscients de la réalité économique et veulent obtenir une expérience professionnelle à l’étranger tout en renforçant l’apprentissage de l’anglais par exemple. Les motivations des jeunes quant à partir à l’étranger ne sont plus seulement à des fins de loisirs mais aussi à des fins de travail et d’expériences. A la découverte et l’aventure s’ajoute le facteur économique. Si certains auteurs associent le terme flashpackers pour parler des nouveaux backpackers, j’observe les PVTistes comme la nouvelle génération de backpackers de par mon expérience, celle d’amis et de par les témoignages recueillis. C’est un phénomène grandissant dans un contexte socioéconomique mouvant et incertain. Partir en Visa Vacances Travail en Australie m’a permis de trouver un travail dans un café pendant 3 mois. En plus de l’expérience professionnelle, cela permet de subvenir à ses besoins tout en visitant le pays et d’y rester plus longtemps. 3) Volontourisme ou tourisme volontaire Le tourisme volontaire contemporain connait un problème de définition au sein des autres formes de tourisme classées comme “alternatives”. On le distingue aussi mal du volontariat traditionnel. Le problème de définition vient tout d’abord du terme volontourisme ou tourisme volontaire qui combine deux termes. Il faut au préalable définir chacun de ces termes : le tourisme, puis le volontariat. Selon l’OMT, le tourisme est défini comme « l'ensemble des activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu visité. » La définition du volontariat a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 200131 : « En premier lieu, l’action doit être menée sur une base volontaire, du plein gré de 31 UNvolontaires. V Rapport sur la situation du volontariat dans le monde. 2011. 25 l’individu, et non pas comme obligation stipulée a travers une disposition légale, un contrat ou une exigence académique. La décision de se porter volontaire peut bien être influencée par une pression exercée par les pairs, les valeurs personnelles ou encore le sens des obligations d’ordre culturel ou social, mais l’individu doit être en mesure de choisir s’il souhaite s’engager ou pas.» « En deuxième lieu, la récompense financière ne doit pas être le but principal de l’action. Mais le remboursement des dépenses encourues ou des versements assimilables a des allocations, ou encore des paiements en espèces pour couvrir les frais de repas et de transport peuvent se justifier.» « En troisième lieu, l’action à laquelle on se livre doit être pour le bien commun. Elle doit bénéficier, directement ou indirectement, aux personnes qui ne sont pas membres de la «famille» ou du «ménage», ou a une cause. Cependant, la personne qui se porte volontaire en bénéficie normalement aussi.» Wearing (2001) a été l’un des premiers a associé ces deux termes. Selon lui, «le volontourisme est une forme de tourisme éthique qui croît en popularité et qui a été présenté dans la littérature comme une forme de tourisme alternatif qui crée des rencontres basées sur la compréhension et le respect mutuels. 32» - Evolutions Le volontourisme est décrit comme un phénomène récent mais existe en fait depuis des siècles. Les volontaires étaient autrefois envoyés par des organisations religieuses et médicales pour offrir de l’aide médicale, éducative et spirituelle à l’étranger. Dans les années 1900, on voit apparaitre des organisations comme Australian Volunteer Abroad et US Peace Corps. Les organisations se multiplient après la seconde guerre mondiale pour atteindre un pic en 1950. La première organisation internationale de vacances et de conservation de la nature apparait au Royaume-Uni en 1980. En 1990, le taux de volontouristes explose avec plus de 500 000 personnes. Le début du 21ème siècle continue sa progression. Au cours du siècle dernier il y a eu un changement considérable puisque le volontourisme est apparu comme bénéfique à la fois aux hôtes et aux volontaires et ce dans les nations en voie de développement tout comme dans les nations développées. En effet, le volontariat est souvent 32 Wearing, Stephen. Volunteer tourism: experiences that make a difference. CABI Publishing, Wallingford, 2001. 26 associé aux voyages humanitaires. Notre étude se portera sur le volontariat en Australie principalement dans la conservation et la protection de l’environnement. Selon une étude33 réalisée auprès de 300 organisations de volontourisme dans le monde, depuis 1990, le nombre de volontouristes atteindrait 1,6 million chaque année. David Clemmons, le fondateur du site voluntourism.com estime qu’il y a environ 10 000 projets de volontourisme dans le monde. La croissance du volontourisme s’expliquerait par deux facteurs : la croissance du tourisme en général et la croissance du tourisme des jeunes et de leur volonté de faire du volontariat à l’étranger. Bien qu’il soit difficile de quantifier le nombre de volontouristes, l’étude distingue les caractéristiques suivantes : les volontouristes sont majoritairement des filles âgées de moins de 30 ans, étudiantes et aimant l’aventure. - Les volontouristes “Be a traveler, not a tourist. Be a volunteer, not a traveler.34” Les jeunes ne veulent plus être identifiés comme des touristes, ils préfèrent être appelés voyageurs. Mais là encore ce n’est pas suffisant. On retrouve ici le paradoxe soulevé par Jean Didier Urbain dans L’Idiot du voyage35 : « Méprisant ses semblables, ils se méprise luimême ». Les jeunes veulent être acteurs de leur voyage, s’investir, s’engager. Associer tourisme et volontariat est donc l’alternative trouvée pour ne plus être un simple touriste et faire quelque chose de bénéfique pour la société. Selon Uriely & Reichel36 (2000), c’est à travers le volontourisme que les backpackers peuvent trouver cette solution. S’engager socialement ou environnementalement. C’est ici que les jeunes pourraient trouver cette authenticité, cette immersion culturelle tant recherchée. 33 TRAM & ATLAS, Volunteer tourism: a global analysis.2008. 34 In Lyons, Kevin D., Wearing, Stephen. Journeys of discovery in volunteer tourism: international case study perspectives. CABI, 2008. Traduction : « Soyez un voyageur, pas un touriste. Soyez un volontaire, pas un voyageur ». 35 36 Urbain, Jean-Didier. L’idiot du voyage : histoires de touristes. Paris, Editions Payot, 2002. In Hannam, Kevin., Diekmann, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. TCC, 2010. 27 A mon arrivée en Australie je n’avais jamais entendu parler de volontourisme ou de programmes de volontariat. Quand j’y suis retournée pour mes recherches, j’ai découvert l’organisation Conservation Volunteers Australia et était surprise du nombre de jeunes qui s’inscrivaient au programme. Mais il est vrai que les personnes qui se portent volontaires ne sont généralement pas les backpackers des auberges de jeunesse cités auparavant. Les volontouristes ont généralement un projet et sont à la recherche de nature plutôt que de « sea, sun, surf ». 4) Tourisme universitaire Le tourisme universitaire se réfère aux échanges universitaires qui consistent à étudier dans une université étrangère partenaire avec son université d’origine pour un semestre ou deux, aux séjours linguistiques ou encore aux stages à l’étranger. Ces voyages éducatifs et formateurs existaient déjà du temps du Grand Tour et les jeunes aristocrates allaient étudier ou apprendre une langue étrangère dans un autre pays d’Europe. Ces rencontres culturelles et linguistiques sont maintenant de plus en plus communes. En 1987, Erasmus a été crée en tant que programme d’échange entre les établissements d’enseignement supérieur des pays membres de l’Union Européenne. Le but de ce programme est de favoriser les échanges culturels et linguistiques entre les pays de l’Union Européenne ainsi que de renforcer la compétitivité et l’attractivité de cette dernière. La période d’étude varie généralement de trois mois à un an. Au-delà de l’Europe, d’autres programmes ont été mis en place pour favoriser la mobilité universitaire au niveau mondial. Pour cela, les étudiants peuvent obtenir un visa étudiant ou un Visa Vacances Travail qui leur permet d’étudier pour une durée de quelques mois. Selon l’OCDE, il y avait 4,1 millions d’étudiants en mobilité universitaire en 2010 dans le monde.37 Les pays où le nombre d’étudiants en mobilité internationale est le plus élevé en pourcentage de l’effectif dans l’enseignement supérieur sont, l'Australie, l'Autriche, le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la Suisse. Le nombre de jeunes partants faire des études supérieures dans un autre pays a quintuplé au cours des trois dernières décennies, passant de 0.8 million à l'échelle mondiale en 1975 à 4.1 millions en 2010 et a doublé ces 10 dernières années. Cela reflète le phénomène de mondialisation des 37 OCDE, Regards sur l'éducation 2012 : Panorama. Disponible sur : http://www.oecd-ilibrary.org 28 économies et des sociétés mais aussi l'augmentation générale du nombre d'inscriptions dans l'enseignement supérieur. Les jeunes étudiants d’aujourd’hui désirent avoir une expérience à l’étranger. Le tourisme universitaire est un bon moyen pour eux de découvrir un pays tout en étudiant ou en réalisant un stage. Leurs motivations principales sont de découvrir une nouvelle culture, d’apprendre une langue étrangère et d’augmenter les chances de trouver à leur retour un emploi stable et bien payé. Jusqu’alors pratiques anglo-saxonnes, les années de césure sont également de plus en plus courantes en France Pour les jeunes européens, la crise économique est aussi un facteur actuel qui les incite à se rendre dans un pays étranger afin d’acquérir une expérience et de mettre toutes les chances de leurs côtés. Nous assistons à un phénomène grandissant dans ce contexte de crise économique de « la mobilité extérieure ». Les jeunes diplômés s’exilent de plus en plus pour essayer de chercher des opportunités à l’étranger. En Espagne, où le chômage des jeunes atteint des taux record, des jeunes espagnols affirment « On ne part pas, on nous jette ». Le site espagnol du même nom « no nos vamos, nos echan » dénonce « l’exil forcé de la jeunesse précaire ». Selon les responsables du site, il y aurait eu une augmentation de 5,5% d’espagnols vivant à l’étranger depuis la crise économique de 2008. Selon l’Institut National de la Statistique, 302 623 jeunes espagnols de 15 à 20 ans vivaient à l’étranger en 2012, contre 242 154 en 2009.38 Cependant, ces chiffres ne prennent pas en compte les émigrés non déclarés. Quand je suis partie en échange universitaire en Australie pour un an, ma motivation principale était d’aller vivre dans ce pays. La mobilité universitaire est une très bonne combinaison car elle permet d’étudier dans un pays étranger, de découvrir un autre système éducatif dans une langue étrangère mais aussi de découvrir le pays et une nouvelle culture, de s’immerger totalement. Il est vrai que les jeunes sont aussi conscients de leur avenir professionnel et désirent avoir une expérience à l’étranger qu’ils pourront valoriser sur leur CV. 38 Courrier International, n°1176 du 16 au 22 mai 2013, p41 Dossier « Etudiants : toujours mieux ailleurs ». 29 5) Couchsurfing Le couchsurfing désigne une nouvelle forme de tourisme qui consiste à se loger chez l’habitant gratuitement en voyageant. Ce terme vient du réseau Couhsurfing.org qui rassemble une communauté de plus de 6 millions de personnes à travers 100 000 villes dans le monde. Le but de ce réseau international à but non lucratif, créé en 2004 par l’Américain Casey Fenton est de faire du voyage une vraie expérience sociale, un monde meilleur afin d’encourager les échanges culturels, le partage et le respect mutuel. Il s’agit de contacter des inconnus afin de les rencontrer autour d’un café ou de pouvoir dormir sur leur canapé, pendant une ou plusieurs nuits, lors d’un voyage. En 2012, 10,4 millions de personnes ont fait du couchsurfing39. Déjà en 1948, après la Seconde Guerre Mondiale, une organisation similaire appelé Servas, « visait à favoriser la compréhension interculturelle et à construire la paix à travers la multiplication de rencontres de personnes issues de pays différents »40. Même si le concept d’hébergement gratuit existait auparavant, les changements sociaux et économiques ainsi que les avancées technologiques ont multiplié les réseaux sociaux comme couchsurginf.org. Face à une société dominée par les échanges capitalistes, nous assistons en parallèle à une multiplication de sites d’entraide, de partage, de conseils. Cette tendance s’observe également comme nous l’avons vu au domaine du tourisme. La pratique du couchsurfing révèle une volonté de voyager autrement, de découvrir des endroits à travers l’œil de locaux. Selon De Oliveira Bertucci (2009)41, le couchsurfing présente trois caractéristiques similaires au tourisme solidaire dans la mesure où «les touristes vivent au cœur de la ville, logent dans des habitats traditionnels, et partagent le quotidien des autochtones ». Les jeunes constituent la majorité de la communauté couchsurfing. En effet, ces derniers ont moins peur de l’inconnu, ils veulent faire des rencontres et ne se soucient guère du confort et sont donc contents de dormir sur un canapé. Concernant leurs motivations, de nombreux critiques y voient une économie d’argent. En effet le couchsurfing est une activité non monétaire et non marchande, qui est aussi à des fins extra-touristiques. L’économie d’argent 39 https://www.couchsurfing.org/n/about 40 Jonas de Oliveira Bertucci. Lien social et économie d’hébergement gratuit sur Couchsurfing. Revue du MAUSS permanente, 30 octobre 2009 41 Jonas de Oliveira Bertucci. Lien social et économie d’hébergement gratuit sur Couchsurfing. Revue du MAUSS permanente, 30 octobre 2009 30 est bien sûr une de leur préoccupation mais le fait de créer des liens, dans un pays étranger où les repères sociaux ne sont plus présents est également important. L’hospitalité est quand même présente dans la relation entre l’hôte et l’invité puisque la personne accueillant le « couchsurfeur » chez lui est supposée ne rien attendre en retour. Lors d’un de mes voyages en Australie j’ai effectué du couchsurfing avec deux amies. Il est certain que l’économie d’argent est une des motivations principales mais c’est un bon moyen de découvrir la région et d’obtenir les conseils et les bons plans de l’hôte. Contrairement aux enclaves touristiques que sont les backpackers, le couchsurfing permet d’être avec des locaux et de s’immerger dans la vie australienne. Dans ce tourbillon de nouvelles pratiques de tourisme, voulant s’éloigner d’un tourisme de masse, émerge une plus grande prise de conscience globale. C’est dans un contexte de globalisation où les barrières n’existent plus, et de forte internationalisation du capital matériel et humain que des programmes d’échanges internationaux se sont développés et multipliés. C’est notamment le cas des échanges universitaires, des « gap year » mais aussi de programmes de volontourisme. La définition du mot tourisme dans la pratique évolue. Bien que ces nouvelles façons de voyager existaient déjà auparavant à leur manière, c’est avant tout l’émergence d’une volonté chez les jeunes d’associer l’utile à l’agréable. Les jeunes allient tourisme et travail, tourisme et volontariat ou tourisme et études. Les fins d’un séjour ne sont plus les mêmes qu’avant. Nous allons notamment nous intéresser au programme vacances travail, phénomène en pleine expansion dans le monde entier et particulièrement en Australie. 31 PARTIE 2 : L’AUSTRALIE, BOUT DU MONDE PRISE DES JEUNES Figure 1 : Carte de l’Australie L’Australie se situe dans l’Hémisphère Sud à près de 17 000 km de la France. Avec une superficie totale de 7,69 millions de kilomètres carrés, l’Australie est souvent considéré comme un pays ou une île-continent. Elle s'étend sur environ 3 700 kilomètres du Nord au Sud, et sur 4 000 kilomètres d'Est en Ouest, représentant le sixième plus vaste pays au monde. L’Australie est grande comme onze fois la France et l’Union Européenne représente 60% de son territoire (Cf. Annexe C). L’Australie se compose de 6 états et 2 territoires42: l’Australie de l’Ouest, l’Australie du Sud, le Territoire du Nord, le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud, le Territoire de la Capitale Australienne, le Victoria et la Tasmanie. L’Australie comprend 23 millions d’habitants et 80% de sa population vit à moins de 100 kilomètres des côtes et principalement de la côte Est et dans les grandes villes (Melbourne et Sydney). La population est très inégalement répartie car 97% du territoire australien est quasi-inhabitable à cause de ses terres inhospitalières, notamment du désert au centre. L’Australie est aussi la terre des peuples aborigènes dont la culture est riche de 50 000 ans d’histoire. L’Australie possède une faune et une flore unique au monde qui attire les visiteurs du monde entier. Son territoire immense regorge d’espaces naturels très variés connus mondialement, comme la Grande Barrière de Corail classée au Patrimoine Mondiale de l’Unesco, le désert rouge du centre, les forêts tropicales du Nord-Est ainsi que Sydney et son célèbre opéra. 42 Cf. Annexe D. 32 I. L’Australie, nouvel eldorado des jeunes L’Australie apparait depuis plusieurs années comme le nouvel eldorado des jeunes et nous allons donc chercher à savoir pourquoi. Nous aborderons dans un premier temps le tourisme des jeunes en Australie afin d’analyser le profil et l’imaginaire de ces jeunes. Puis nous étudierons les pratiques de ces jeunes une fois sur place et notamment dans le cadre du Visa Vacances Travail. Nous baserons notre analyse sur des études de différents acteurs du tourisme australien ainsi que sur les témoignages recueillis lors des entretiens. Les résultats du questionnaire en ligne administré aux jeunes déjà partis en VVT en Australie nous permettront de mieux comprendre le profil et les motivations des PVTistes. A. Typologie des jeunes voyageurs en Australie 1) Tentative de quantification Selon l’Australian Bureau of Statistics (ABS)43, il y a eu 1 573 330 arrivées internationales de jeunes à destination de l’Australie en 2012. L’ABS définit les jeunes voyageurs comme : « les voyageurs qui ont entre 15 et 29 ans ». Ils représentent 26% des visiteurs internationaux. Les jeunes voyageurs ont tendance à rester plus longtemps, à dépenser plus et à voyager plus largement dans tout le pays que la plupart des autres voyageurs. En moyenne, les jeunes voyageurs dépensent 7 279 $ AUD (environ 5 823€) lors d’un voyage en Australie. Les jeunes touristes rapportent 12 milliards de dollar australien par an à l’économie australienne. Les principales nationalités représentées parmi ces jeunes voyageurs sont les suivantes : la Nouvelle-Zélande (14%), la Chine (10%), le Royaume-Uni et le Japon (8%), les Etats-Unis et Singapour (5%), l’Allemagne, la Corée et la Malaisie (4%) et l’Inde et la France (3%). Concernant leurs motivations, 44% des jeunes à destination de l’Australie viennent en vacances, 18% pour des études et 16% pour rendre visite à des amis ou de la famille44. Parmi ces jeunes touristes, beaucoup sont des backpackers, qui comme nous l’avons vu précédemment sont désignés comme « un visiteur international qui passe une ou plusieurs 43 Tourism Australia. Youth market travel trends. December 2012 44 Visit Friends and Relatives (VFR). 33 nuits dans un établissement de type auberge de jeunesse durant son séjour ». Les derniers chiffres sur les backpackers en Australie proviennent de Tourism Research Australia (TRA) qui publie tous les 4 mois l’International Visitor Survey (IVS). En 2012, 565 000 backpackers se sont rendus en Australie. Ces voyageurs dépensent en moyenne 5 530$ pendant leur voyage. Le marché des backpackers est passé de 452 000 en 2000 à 586 000 en 2010, enregistrant une hausse de 3% tous les ans. Il rapporte environ 3 milliards de dollars par an à l’économie australienne. La crise a fait cependant baisser les résultats de 2011 à 563 000 backpackers. Le marché a redémarré doucement en 2012 pour atteindre le chiffre de 565 000. Selon l’étude de TRA45 de 2009, 60% des backpackers proviennent d’Europe et 68% ont entre 20 et 29 ans. Les activités des backpackers en Australie sont des activités en extérieur liées à la nature ainsi que des attractions touristiques, locales, avec une forte dimension sociale. Les trois-quarts des backpackers se rendent en Australie régionale et notamment dans l’état de la Nouvelle-Galles du Sud, du Queensland et du Victoria. Les backpackers sont principalement attirés par la côte Est de l’Australie, entre Sydney et le Nord du Queensland et se rendent notamment dans les lieux touristiques suivants : Byron Bay, Gold Coast, Noosa, Fraser Island, Whitsunday islands, Magnetic island et Cairns. (Cf. Annexe E) Une autre étude réalisée par TNS en 201146 nous permet d’en apprendre plus sur la typologie des backpackers et des jeunes en général en Australie. Les résultats de cette étude révèlent que la majorité des backpackers proviennent du Royaume-Uni, d’Allemagne et des Etats-Unis. 58% sont des hommes et 42% des femmes. 70% des répondants ont entre 18 et 24 ans. 36% des backpackers ont un Visa Vacances Travail, 35% ont un visa touriste et 5% ont un visa étudiant. Près de la moitié des backpackers interrogés prévoient de travailler en Australie et un-quart d’entre eux prévoient d’étudier. Les états les plus populaires sont le Queensland et la Nouvelle-Galles du Sud. Nous relevons ici l’émergence d’une nouvelle façon de voyager qui est le Visa Vacances Travail. Autant de backpackers ont un Visa Vacances Travail qu’un visa touriste classique. Cette étude ne représente qu’un panel de backpackers (948 répondants sur les 563 000 backpackers en 2011) mais révèle des traits significatifs, notamment par rapport à ma propre 45 Tourism Research Australia. Factsheet Backpackers 2009. 46 TNS. Backpackers uncovered: what do travellers really think of Australia? May 2011 Méthode : 948 voyageurs répondant à la définition du backpacker ont été interrogés. Les entretiens ont été effectué en ligne de 15 minutes chacun, à travers le portail Global Gossip, du 9 au 17 avril 2011. 34 expérience. La côte Est est en effet très prisée des backpackers et des jeunes en général. La plupart des jeunes touristes atterrissent à Sydney car c’est la ville d’Australie la plus connue mondialement et ils restent généralement sur la côte Est pour visiter plutôt que de se rendre sur la côte Ouest qui se trouve loin (4h d’avion) et qui est coûteuse. La côte Est est aussi le fief des backpackers car la fête y est beaucoup présente et les hébergements de backpackers sont multiples. Je me suis rendue moi-même dans tous les endroits touristiques entre Sydney et le Nord du Queensland cités ci-dessus. Durant mes voyages, les nationalités que j’ai pu observer, notamment dans les auberges de jeunesse, étaient des européens (allemands, anglais, français) et des américains. La plupart faisaient une pause dans leurs études. 2) Profil des jeunes voyageurs Dans son étude sur les jeunes47, Tourism Australia identifie le profil culturel des jeunes voyageurs en Australie. Les résultats montrent que les jeunes sont informés, éduqués, innovateurs de nouveaux produits et de nouvelles tendances. Ils acceptent plus facilement le changement. Ils se soucient des causes environnementales et sociales. Les jeunes font attention à leur image et à leur condition physique. Ils aiment découvrir de nouvelles expériences et sont amateurs de sensations fortes et apprécient l’art et la musique. Ils ont un besoin d’appartenance, d’indépendance, de confiance en soi mais aussi de contrôle et de pouvoir. Grâce à l’accessibilité grandissante des destinations et à la réduction du coût des transports, de nombreuses opportunités s’offrent aux jeunes voyageurs. Ces derniers sont influencés par leurs amis, leur famille ou encore des institutions et associations. Le désir des jeunes de voyager est dû à la volonté d’explorer, d’expérimenter, de travailler ou encore d’étudier à l’étranger. Les jeunes seraient plus enclins à aider les autres et à respecter les lieux qu’ils visitent car ils aiment découvrir de nouvelles cultures et interagir avec la population locale. Han Jae48 a été encouragé par exemple par l’institution japonaise CIEE, qui est venue à son université parler de l’organisation Conservation Volunteers Australia et qui lui a donné l’envie de partir en Australie dans le cadre d’un projet de conservation. 47 Tourism Australia. The youth segment. 48 Dossier d’outils méthodologiques, p. 16 : Entretien avec Han Jae Kyeng, volontaire à CVA. 35 Il voulait renforcer son expérience de volontariat, cette fois ci dans l’environnement pour enrichir sa formation universitaire d’ingénieur en environnement et pour son futur métier. Un voyage à l’autre bout du monde s’appréhende différemment des vacances d’été choisies à la dernière minute. Les jeunes qui se rendent en Australie ont fait murir ce projet longtemps à l’avance. - Sources d’informations Les jeunes se renseignent majoritairement sur internet dans la préparation de leur voyage en Australie. En effet, ils utilisent les nouvelles technologies comme source de divertissement mais aussi comme source d’information, de communication et d’échange. Ils attachent beaucoup d’importance aux réseaux sociaux : Facebook, Youtube, Twitter, Instagram. Les blogs sont aussi un nouveau moyen d’échanger sur une destination. Nous retrouvons d’autres site d’influence dans le domaine du tourisme comme : TripAdvisor.com, Couchsurfing.com, Globenotes.com, Travelblog.org, Virtualtourist.com. On observe de nouveaux moyens de se renseigner et d’échanger grâce à internet. Pour ma part, avant de partir en Australie, je m’étais surtout renseignée dans des guides touristiques et j’étais allée voir une agence de voyage pour comparer les prix des billets d’avion. Je n’utilisais à cette époque pas internet comme je l’utilise aujourd’hui. J’ai d’ailleurs créé mon compte Facebook seulement quand j’ai su que j’allais partir en Australie et pour garder contact avec ma famille et mes amis et partager mes photos. Au cours de mon stage dans une agence de communication et de marketing touristique, j’ai pu cependant observer l’utilisation grandissante des nouvelles technologies comme sources d’information. Les jeunes se donnent de plus en plus de conseils sur leurs voyages à travers Facebook. Il y a une multitude de blogs sur l’Australie que les jeunes créent avant, pendant et après leur voyage. La génération Y est définitivement plus informée et alerte qu’avant grâce à internet et aux réseaux sociaux. - Prise de décision Pourquoi l’Australie ? L’une des principales raisons quant au choix de l’Australie comme destination chez les backpackers est que l’Australie est un pays sûr. La sûreté est aujourd’hui 36 une condition sine qua non au départ. Le bouche à oreille est aussi important dans le choix d’une destination. La famille et les amis jouent un rôle crucial, au même titre qu’internet, réseaux sociaux et blogs. Cependant il peut y avoir quelques freins au départ. L’Australie est une destination lointaine et coûteuse. Le dollar australien est fort et les jeunes européens perdent au taux d’échange. Il est vrai que l’Australie c’est le bout du monde. Ce voyage s’appréhende différemment des courts séjours en Europe que l’on a pu faire auparavant. C’est une grande aventure et comme toute aventure mes sentiments au départ basculaient entre appréhension et excitation. Mais je voulais partir seule, c’était mon challenge à moi, une étape importante de ma vie. B. Une aventure au bout du monde 1) Un imaginaire pour motivation « La notion de motivation ne se situe pas sur le plan objectif du réel, mais bien au niveau du désir, de l’imaginaire.» Amirou R. Je me retrouve dans cette citation car ma motivation quant à partir en Australie se situait bien au niveau de mon imaginaire. La distance qui peut être considérée comme un frein représente aussi l’attractivité de l’Australie, qui se situe à plus de 17 000 km de la France. De par sa position, l’Australie représente un « bout du monde » et l’idéalisation est encore plus prononcée. Ce rêve australien, cette terre lointaine, méconnue, avec ses kangourous et ses koalas. Cette envie de partir, elle s’était forgée dans mon imaginaire. L’Australie représentait pour moi un pays de rêve, un eldorado que je voulais découvrir. 37 Figure 2 : Mapping de la perception des jeunes sur l’Australie (TNS, 2011) Le mapping ci-dessus montre que les clichés dominent toujours quant à l’évocation de l’Australie chez les jeunes. En effet, le mot majoritairement cité est « kangourous ». Nous pouvons voir que les mots « sun » « surf » « beach » prédominent également. Les jeunes auraient donc une image d’un tourisme traditionnel « sea surf sun » en Australie. L’Australie reste majoritairement vue comme une destination de rêve. Tout le monde a les mêmes clichés de l’Australie en tête mais c’est ce qui fait la force de son attractivité. Notre imaginaire est inspiré de ces clichés qui peuvent faire ensuite basculer notre envie, notre désir de visiter cet endroit. C’est d’ailleurs ce qu’a fait un couple qui est parti en Australie afin de vérifier les clichés australiens49. L’imaginaire, la représentation d’un lieu peut donner l’envie de le visiter. Ensuite, d’autres motivations peuvent apparaitre, beaucoup plus concrètes comme l’apprentissage d’une langue étrangère. L’enquête de TNS a révélé les motivations suivantes : l’aventure, l’exploration, la nouveauté et la rencontre de nouvelles personnes et de nouvelles cultures. Le « gap year » et le « working holiday » sont également cités. 49 Blog : http://australiawithyou.com/ Facebook:https://www.facebook.com/pages/AustraliaWithYou/215498488591570?hc_location=stream 38 Par ailleurs, certaines motivations, fondées sur un imaginaire, donnent lieu à des attentes de la part des touristes qui ne correspondent pas toujours à la réalité. Josh (team leader à CVA) mentionne que beaucoup de volontaires sont déçus parfois de leur expérience parce qu’ils s’attendent lors des projets à donner à manger aux kangourous et aux koalas. « Le projet d’aujourd’hui à Bonorong Wildlife Park est bien pour ça et c’est d’ailleurs le préféré de Han et de Kim. Il y a un malentendu général. C'est pareil pour les touristes, ils s'attendent à voir des kangourous partout en Australie, c’est comme ça que l’Australie est vue. Il y a un écart entre les attentes et la réalité, car la plupart du temps on retire les mauvaises herbes ou on replante des arbres.50 » Les jeunes à destination de l’Australie sont en quête d’aventure, de changement, de rencontres. Le profil sociodémographique de ces jeunes est celui de la génération Y, une génération informée, éduquée et alerte. Les jeunes savent se renseigner et échanger entre eux. Les réseaux sociaux et les nouveaux moyens de communication démystifient en quelque sorte la destination mais ne la rend pas pour autant moins attractive. Les clichés dominent toujours avec une image de tourisme « sea surf sun » avant de partir. Mais ces clichés sont aussi révélateurs de pratiques. Quelles sont alors les pratiques une fois sur place ? 2) Une pluralité des pratiques ? « Le surf et la plage. Des cadeaux offerts à l’homme. Une sensation de liberté physique totale. » Max Dupain. L’office de tourisme d’Australie définit 7 expériences clés à vivre en Australie : la nature, l’art de vivre sur le littoral, les villes, l’Australie aborigène, les expéditions, l’Outback et la gastronomie. En 2008, Tourism Australia a réalisé une étude51 auprès de jeunes âgés de 18 à 29 ans, venant de Grande Bretagne, de France, de Chine et de Nouvelle Zélande, sur la perception qu’ont les jeunes voyageurs de l’Australie et de l’offre proposée. Les résultats montrent que les jeunes citent en premier lieu la nature comme l’expérience la plus attirante en Australie, suivi de son littoral et de ses côtes, ainsi que les expéditions. L’Australie 50 Dossier d’outils méthodologiques, p.17 : Entretien avec Josh, team leader à CVA. 51 Tourism Australia. Youth Fact Sheet. 2009. 39 aborigène et les villes attirent modérément les jeunes. Quant à l’Outback et la gastronomie, ce sont les expériences qui les séduisent le moins. L’hypothèse est que les jeunes s’intéresseraient majoritairement à un tourisme « sea surf sun ». Pour répondre à cette hypothèse, nous avons récolté les données sur les pratiques des jeunes en Australie auprès de Tourism Research Australia. Le graphique ci-dessous est une synthèse des chiffres récoltés sur les activités des jeunes âgés de 15 à 29 ans en Australie entre 2000 et 2012. Les données sont basées sur l'année financière australienne qui se finit au 30 juin. Figure 3 : Principales activités des jeunes touristes en Australie 100 Activités en extérieur liées à la nature Activités liées à la culture aborigène 90 80 70 Activités sportives 60 Activités culturelles 50 Activités touristiques locales 40 30 Activités sociales 20 10 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Le graphique exprime le pourcentage de jeunes touristes ayant pratiqué les différentes activités sur la totalité des jeunes touristes s’étant rendus en Australie pour chaque année. Il confirme notre hypothèse puisque les activités en extérieur liées à la nature sont une des activités préférées des jeunes touristes (80% des jeunes touristes s’étant rendus en Australie en 2012 ont pratiqué cette activité). L’attrait de l’Australie en tant que destination sea surf sun se confirme et va au-delà des clichés. L’aspect social joue également un grand rôle dans 40 l’expérience des jeunes en Australie. Les activités liées à la culture aborigène sont les moins pratiquées (seulement 17% des jeunes touristes s’étant rendus en Australie en 2012 ont pratiqué cette activité). La question que l’on peut se poser est de savoir si le jeune voyageur peut-être figé dans une catégorie de touriste ? Un jeune en Australie fait-il seulement du tourisme sea surf sun ou seulement du tourisme aborigène ou alors les pratiques sont-elles additionnelles, complémentaires ? Dans ce graphique, une personne qui a fait des activités sportives ou liées à la nature a très bien pu également avoir fait du tourisme aborigène. Pour ma part, je n’ai pas eu un type de pratique mais bien plusieurs. J’ai utilisé un visa étudiant ma première année en Australie et je suis revenue par la suite pour 3 mois avec un VVT. J’ai été une backpacker. J’ai souvent auto-organisé mes voyages et j’ai fait du couchsurfing mais je suis aussi passée par une agence de voyage pour backpackers. Lors de mes voyages sur la côte Est j’ai effectué des activités de nature, de plage, de surf, qui correspondent au modèle sea, sun and surf. Mais lors de mon road trip dans l’Outback, j’ai fait du tourisme dit aborigène52 en allant visiter les sites tels qu’Uluru, en visitant des galeries d’art et en achetant une peinture aborigène. Il est donc difficile de catégoriser un touriste selon ses activités qui souvent en Australie sont très variées. Ici l’objectif n’est pas tant de s’intéresser aux activités de la sorte mais plutôt aux nouvelles pratiques en général. Nous allons nous intéresser maintenant au phénomène du Visa Vacances Travail. II. Le Visa Vacances Travail : Voyager et travailler Le Working Holiday Visa (WHV)53 en Australie a été établi en 1975 dans le but de renforcer les liens et les échanges interculturels avec les pays partenaires, principalement destinés aux jeunes adultes. Il y a deux types de visas : le Working Holiday (sous-classe 417) 52 Le tourisme aborigène est défini comme tel par TRA: participer à au moins une des activités suivantes au cours de son voyage : visiter un site aborigène, expérimenter l’art aborigène ou assister à une représentation aborigène. 53 Visa Vacances Travail en anglais 41 dont l’accord a été signé avec 19 pays partenaires et le Work and Holiday (sous-classe 462) qui a été conclu avec 10 pays partenaires. En voici ses principales caractéristiques. Les pays signataires Le Working Holiday (sous-classe 417) : la Belgique, Chypre, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, Malte, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, Le Royaume-Uni, le Canada, Hong Kong, le Japon, la République de Corée et Taiwan Le Work and Holiday (sous-classe 462) : l’Argentine, le Bangladesh, le Chili, l’Indonésie, la Malaisie, la Papouasie Nouvelle-Guinée, la Thaïlande, la Turquie, les Etats-Unis d’Amérique et l’Uruguay Les conditions d’éligibilité - Etre âgé de 18 à 30 ans - Avoir un passeport en cours de validité - Ne pas être accompagné d’enfants - Etre en bonne santé physique et morale - Disposer d’assez de ressources financières Les personnes postulants au Work and Holiday (sous-classe 462) doivent aussi : - Parler anglais - Etre diplômé de l’université (Bac +2) - Fournir une lettre du gouvernement Il y a également des quotas pour ce type de visa contrairement au Working Holiday (sousclasse 417). Le Working Holiday Visa permet de: - Entrer en Australie dans les 12 mois suivant la délivrance (cela ne peut être prolongé ou reporté) - Rester jusqu'à 12 mois en Australie - Entrer et revenir en Australie autant de fois que le visa est valable - Travailler en Australie pendant six mois avec le même employeur - Etudier pour un maximum de quatre mois 42 Pour l'exercice 2011-12, 214 644 Working Holiday Visa (sous-classe 417) ont été délivrés (184 143 pour un premier WHV et 30 501 pour un deuxième WHV) et 8 348 WHV (sousclasse 462). Pour l’année 2012-2013, on observe déjà une hausse de 25 112 WHV (sousclasse 417) délivrés comparé à la même période de l’année 2011-2012, comprenant une hausse de 20 770 pour un premier WHV et de 4 342 pour une deuxième WHV54. Si l’on rapporte les 214 644 WHV délivrés en 2011-2012 au nombre total de jeunes touristes en Australie en 2012, les jeunes venus en Australie en Visa Vacances Travail représentent 13,7%. Principaux pays d'origine des détenteurs d’un WHV (sous-classe 417) pour 2011-2012 : Royaume-Uni: 41 712 Corée: 32 591 Irlande: 25 827 Allemagne: 22 499 Taiwan: 22 393 France: 20 086 Italie: 9 600 Nous pouvons observer l’évolution de l’attribution des WHV pour chaque année entre 2008 et 2013 (Cf. Annexe F). La baisse de l’année 2009-2010 est la conséquence des répercussions de la crise financière et économique qui a frappé le monde en 2008 et notamment l’Europe par la suite, sachant que la plupart des pays d’origine des détenteurs sont européens. Nous pouvons cependant observer une bonne reprise pour l’année 2011-2012 ainsi qu’un début très prometteur pour 2012-2013. Si l’on observe l’évolution de l’attribution des WHV entre 1983 et 201055, nous remarquons une forte augmentation après l’année 2003-2004. En effet, c’est depuis 2005 qu’un deuxième visa peut être octroyé aux détenteurs d’un Working Holiday Visa (sousclasse 417) s’ils effectuent 88 jours de travail dans une région provinciale d’Australie et dans un secteur spécifique (agriculture, horticulture, sylviculture, exploitation minière, construction et pêche). Il est également possible depuis 2005 de travailler pendant six mois avec le même employeur, auparavant restreint à 3 mois. Selon le graphique en Annexe J, ces changements du WHV ont eu un impact positif sur les arrivées des backpackers effectuant un WHV en Australie. 54 Chiffres enregistrés jusqu’en décembre 2012. Cf. Annexes F, G, H. 55 Cf. Annexe I 43 A. Profil des PVTistes : résultats de l’enquête en ligne Afin de mieux comprendre qui sont ces PVTistes qui partent en Australie pour un an pour voyager et travailler, nous allons nous référer aux résultats et témoignages de notre enquête en ligne. Ce questionnaire56 a été administré aux jeunes déjà partis en Visa Vacances Travail en Australie pour en savoir plus sur leurs motivations au départ, les pratiques une fois sur place et le bilan de leur expérience. 115 personnes ont répondu à ce questionnaire, 60 personnes de sexe féminin et 55 personnes de sexe masculin et tous de nationalité française. Pour l’année 2011-2012, 20 086 français sont partis en VVT en Australie. Bien que cet échantillon ne soit pas exhaustif, il reste cependant représentatif des jeunes français partant en Australie de par la répartition du sexe, de l’âge, des différentes périodes de départ et de la situation avant le départ. Il nous permet de mettre en évidence des tendances significatives et de vérifier ou non nos hypothèses concernant le profil et les motivations des jeunes. Les graphiques synthétisant les résultats recueillis se trouvent dans le dossier d’outils méthodologiques p. 6. Hypothèses : - Les jeunes partiraient en Visa Vacances Travail en Australie pour apprendre l’anglais, découvrir le pays, rester plus longtemps et pour pouvoir financer leur voyage. - Les jeunes en Visa Vacances Travail seraient principalement des étudiants. - La crise économique en France influencerait les jeunes de partir en Visa Vacances Travail en Australie - Les jeunes ne trouveraient pas de travail facilement en Australie - Les jeunes en VVT feraient du fruit picking principalement pour renouveler leur visa et rester une deuxième année - L’Australie répondrait aux besoins et aspirations des jeunes 1) Motivations au départ Pourquoi les jeunes choisissent-ils de partir en Australie et pourquoi partir en Visa Vacances Travail ? Quelles sont leurs motivations ? 56 Dossier d’outils méthodologiques, p. 3. 44 La quasi-totalité des personnes ayant répondu au questionnaire en ligne sont parties entre 2006 et 2012 en Visa Vacances Travail en Australie. Elles avaient en moyenne entre 20 et 25 ans au moment du départ. Concernant leur situation avant de partir en Australie, 44% étaient salariés, 32% étudiants et 8% étaient au chômage. Bien que 32% des personnes étaient étudiantes, notre hypothèse ne se vérifie pas ici puisque la majorité des répondants étaient salariés avant de partir. Les jeunes font de plus en plus de « break », que ce soit dans leurs études mais aussi bien dans leur travail. Les raisons qui poussent les jeunes à partir en Australie et non une autre destination proposant un Visa Vacances Travail sont les suivantes : langue anglaise (69,6%), destination sea surf sun (40%), expériences d’amis (25,2%), pas de quotas (21,7%) et la sureté (9,6%). La langue anglaise est donc l’une des raisons principales de leur voyage en Australie. Les jeunes savent que parler anglais est primordial aujourd’hui et veulent perfectionner la langue dans un pays anglo-saxon. Beaucoup de jeunes ressortent de cette expérience en Australie avec un anglais perfectionné et expriment que c’est ce qu’ils étaient venus chercher. « À la base partie pour "améliorer" (apprendre) l’anglais, j'en suis revenue avec un amour pour cette langue, pour le mode de vie anglo-saxon, pour la "décontraction" face à la vie, à l'emploi... et cette expérience s'est poursuivie par 5 années d'expatriation dans d'autres pays anglo-saxons » Violaine Pourquoi l’Australie et non un autre pays anglophone ? L’absence de quotas joue en faveur de l’Australie contrairement au Canada qui établit un nombre de PVTistes restreint par année. La sureté est aussi un facteur positif pour l’Australie à défaut de l’Afrique du Sud qui peut-être appréhendé comme moins sécurisé. Comme nous l’avons vu précédemment, la famille et les amis jouent un rôle important, tout comme les réseaux sociaux et les blogs. Les expériences d’amis influencent donc la décision de départ. Pourquoi choisir de partir en Australie en VVT ? Les trois-quarts des jeunes (74,8%) décident de partir en Australie en Visa Vacances Travail pour améliorer leur anglais. Pour plus de la moitié d’entre eux, le Visa Vacances Travail est aussi un moyen pour voyager plus longtemps (53%) et s’immerger dans la vie australienne (51,3%). En effet, le visa classique touriste ne permet de rester en Australie que trois mois alors que le VVT dure un an et peutêtre renouvelable une année de plus. Le Visa Vacances Travail est aussi une façon de voyager autrement pour 40,9% d’entre eux. Cette nouvelle pratique touristique permet d’allier 45 vacances et travail et de ne plus se sentir comme un simple touriste. Les jeunes s’immergent dans la vie australienne. Les jeunes veulent partir à l’aventure et découvrir un pays mais ils sont aussi conscients de leur avenir professionnel et de l’opportunité que représente cette expérience à l’étranger. 40,9% d’entre eux partent en Australie en VVT pour avoir une expérience professionnelle à l’étranger, qu’ils pourront valoriser par la suite sur leur CV de retour en France. Notre hypothèse comme quoi les jeunes partiraient en Visa Vacances Travail en Australie pour apprendre l’anglais, découvrir le pays et rester plus longtemps se confirme. « J'ai suffisamment progressé en anglais pour ensuite travailler en Irlande pendant 2 ans et ouvrir mon horizon pro à l'international » Michael 39,1% partent pour faire un break, une année sabbatique. Les « gap year » sont devenus de plus en plus populaires ces dernières années. Nous pourrions penser que cette tendance socioculturelle concerne majoritairement les étudiants mais au vue de notre enquête, 44% des répondants étaient salariés lors de leur départ en Australie. Ces personnes ont donc quitté leur travail pour partir. Le temps d’un travail à vie est révolu. Les jeunes d’aujourd’hui savent qu’ils vont avoir plusieurs emplois au cours de leur carrière professionnelle et ont moins peur d’y renoncer pour vivre une expérience comme celle-ci. Enfin, 34,8% ont cité la raison financière dans leur choix de partir en VVT en Australie. Ce n’est donc pas une des motivations principales, au départ toutefois. Le Visa Vacances Travail est un moyen de financer le voyage en Australie et cela donne aux étudiants par exemple une émancipation et indépendance financière vis-à-vis de leurs parents. En travaillant en Australie, les jeunes bénéficient également d’un salaire plus élevé et d’un taux de change favorable. Une de nos questions de recherche était de savoir si la crise économique en France influence la décision de partir en Australie en VVT. En effet le chômage des jeunes en France atteint plus de 25% alors que l’Australie connait une situation de plein emploi. Pourtant, 80% des personnes interrogées ont répondu négativement à la question « La crise économique en France a-t-elle influencé votre décision de partir en Australie en VVT? » 88 personnes (sur 115) sont parties après 2008, année de la crise financière mondiale. Notre hypothèse comme quoi la crise économique serait un facteur dans la décision de partir en Australie en VVT ne se vérifie pas ici. Seulement 18 personnes (20%) des 88 personnes parties après 2008 ont répondu affirmativement. Pour 80% d’entre elles, la crise économique n’a donc pas influencé 46 leur décision de partir en Australie en VVT. Il est important de noter que seulement 8% des répondants étaient au chômage en France avant de partir en Australie. Cependant, certains PVTistes évoquent la situation économique en France à la fin du questionnaire en ligne. « Mon voyage en Australie m'a permis de découvrir un territoire plus naturel, plus authentique comparé à une Europe fatiguée par le tourisme, la pollution et la crise de l'emploi » Laeticia 2) Pratiques une fois sur place Le Visa Vacances Travail consiste à allier travail et vacances. Mais quelle est la part que les PVTistes consacrent au travail durant leur séjour en Australie et vice-versa pour les vacances ? 36% des PVTistes ont réparti leur temps en Australie entre travail et vacances de manière égale. 32% ont plus voyagé (3/4 de leur temps) que travaillé (1/3 de leur temps) alors qu’à l’inverse 29% ont plus travaillé (3/4 de leur temps) que voyagé (1/3 de leur temps). « Un peu de travail puis un peu de vacances puis un peu de travail ... ou au contraire, un travail long pour enchainer sur de longues vacances. Je voulais travailler en Australie tout en découvrant plusieurs régions, en prenant mon temps. » Delphine Il est commun d’entendre dire qu’il est difficile de trouver du travail en Australie en VVT. Notre enquête cependant révèle que la majorité des PVTistes n’ont pas eu de grandes difficultés à trouver un travail. 20% des répondants ont trouvé en quelques jours un travail, 44% en quelques semaines et 27% ont trouvé en quelques mois. Nous pouvons considérer que quelques semaines pour trouver un travail dans un pays étranger est raisonnable et donc qu’il a été relativement facile pour près de la moitié d’entre eux de trouver un travail. L’hypothèse comme quoi il est difficile de trouver un travail en VVT en Australie est ici nuancée. Près de la moitié des PVTistes ont trouvé un emploi dans le domaine agricole (48,7%) et dans la restauration (45,2%). 20,9% ont trouvé un emploi dans l’hôtellerie et seulement 8,7% dans le secteur commercial. 47 La plupart des PVTistes en Australie travaillent dans le domaine agricole et font notamment du fruit picking. C’est un terme général (englobant plusieurs pratiques – « picking », mais aussi « packing », « pruning », « thining », « planting ») qui consiste à travailler dans le domaine agricole pour une saison ou un mois dans une ferme. Ce sont généralement des pratiques de backpackers et de jeunes en VVT qui passent 3 mois dans une ferme afin de renouveler leur VVT pour une deuxième année. Cela permet de financer son voyage en Australie tout en découvrant le pays. C’est un moyen économique de voyager puisque les jeunes sont souvent logés et nourris. Cela permet également de rencontrer d’autres backpackers du monde entier ainsi que des australiens. Le wwoofing est similaire au fruit picking. Le programme WWOOF (Willing Workers On Organic Farms) a débuté en Angleterre en 1972 et est maintenant présent dans 50 pays. L’Australie a lancé le programme en 1981. Les jeunes s’inscrivent à un travail bénévole dans une ferme qui consiste souvent à couper du bois, ramasser des fruits, s’occuper des animaux en échange du gîte et du couvert. « Je recommande vivement le WWOOFING. Cette expérience m'a permis de: - n'avoir aucunes dépenses pendant des semaines - améliorer mon anglais (immersion totale) - rencontrer des gens formidables (a ce jour considérés comme ma propre famille) - mise en relation pour trouver des logements et boulots - conseils vie pratique » Laurie Ce type de pratiques s’est largement développé depuis la mise en place en 2005 du prolongement du Visa Vacances Travail à condition d’effectuer 3 mois de travail agricole. Ce type de pratique est donc devenu un moyen différent de voyager et de visiter des endroits hors des sentiers battus, moins touristiques, plus isolés. C’est aussi pour cela que le VVT permet de voyager autrement. 61,7% des répondants au questionnaire en ligne ont fait du fruit picking, wwoofing en Australie. Près d’un tiers (31%) des personnes ayant fait du fruit picking/woofing en Australie l’ont fait dans le but de renouveler leur visa. Notre hypothèse comme quoi les jeunes feraient du fruit picking principalement pour renouveler leur visa et rester une deuxième année ne se vérifie pas. 48 Par ailleurs, 5 personnes ont participé au programme Helpx/Helpexchange, qui comme le wwoofing consiste à un travail bénévole dans une ferme, un ranch ou une propriété en échange du gîte et du couvert. 3) Bilan de leur expérience Qu’en ressort-il de cette expérience ? Les jeunes sont-ils satisfaits de leur Visa Vacances Travail en Australie ? Ont-ils fait un deuxième Visa Vacances Travail ? Qu’est-ce que cette année en Australie leur a apporté ? Pour la plupart des jeunes ayant répondu à ce questionnaire, cette expérience a été « magique », « extraordinaire » ou encore « la plus belle année de leur vie ». L’Australie était leur rêve. A la question, « Si vous deviez résumer votre expérience en Australie en 3 mots » voici le mapping qu’il en ressort. Figure 4 : Mapping du bilan d’expériences des jeunes en Australie Les rencontres qu’ils ont pu faire en Australie les ont définitivement marqués tout comme la découverte de ce pays avec sa population, sa culture et ses paysages, mais surtout la découverte de soi. Ils qualifient leur année en Australie comme formatrice, enrichissante et grandissante. 49 « Allez voir ce qui se passe ailleurs, être autonome, ne pas être dépendant des autres, partir à l'aventure... les voyages forment la jeunesse dit-on... en tout cas, je suis rentrée des étoiles plein les yeux et j'ai beaucoup changé ma façon de voir les choses. » Amandine « Ca m'a permis de découvrir qui j'étais. Merci les voyages, Merci l'Australie. » Michael La plupart des répondants ont entre 20 et 25 ans au départ. Nous pouvons supposer que c’est leur premier grand voyage, aussi loin, aussi longtemps. Ils viennent de terminer leurs études et commencent à entrer dans la vie active. Cette phase de transition dans une vie soulève beaucoup de questions. Et c’est en partant au bout du monde que ces jeunes veulent trouver les réponses à leurs interrogations. Travailler, apprendre sur soi-même, s’ouvrir les yeux et l’esprit, se dire que tout est possible, grandir. Notre hypothèse comme quoi l’Australie répondrait aux besoins et aspirations des jeunes se confirme. Pour 76% des répondants, l’expérience du VVT en Australie a complètement répondu à leurs attentes. Pour 21% d’entre eux l’expérience n’a répondu que partiellement à leurs attentes et seulement 3% ont répondu négativement. Pour beaucoup l’Australie a été le pays idéal pour effectuer un PVT. « J'ai toujours rêvé de partir seule, à l'aventure avec mon sac à dos et de découvrir des paysages exceptionnels et de faire de nouvelles rencontres. J'ai trouvé que l'Australie était le meilleur endroit pour réaliser ce rêve. Tout est fait pour favoriser les déplacements et les hébergements à moindre coût. » « Tout est accessible et tout est fait pour le globe-trotteur. Les auberges, le travail accessible, la possibilité de faire un travail sans avoir d'expérience et la possibilité de voyager à travers le pays via des moyens de locomotions accessibles pour tous les budgets. » Clémentine Les PVTistes sont dans l’ensemble très satisfaits d’avoir amélioré leur anglais. Les remarques positives qu’il en ressort sont sur la population et le mode de vie australien : les australiens ont une mentalité différente, ce sont des gens ouverts et accueillants avec un mode de vie plus « cool ». Beaucoup disent avoir fait des rencontres inoubliables, découvert une nouvelle culture, des paysages magnifiques. 50 Certains ont réalisé leur rêve et le VVT en Australie a conduit à une migration. C’est le cas de Laurie, qui a commencé son expérience en Australie en faisant du wwoofing puis qui s’est fait sponsoriser par une entreprise australienne. Grâce à sa détermination, Laurie est toujours dans la même entreprise et elle est actuellement en procédure pour un visa de facto avec son conjoint australien, qui lui donnera l’immigration permanente. D’autres se sont heurtés à des désillusions car ils pensaient trouver un emploi dans leur domaine d’études mais n’ont trouvé que des jobs de backpackers (fruit picking, bar). Une personne parle d’exploitation des jeunes. A cause de leur faible niveau d’anglais, certains PVTistes n’ont pas pu trouver de travail comme ils avaient espéré. L’Australie reste aussi très chère. - Comparaison avec la France Plus que la crise économique citée auparavant, c’est un climat pesant, un malaise général en France que ces jeunes dénoncent. Ils affirment qu’en Australie il y a une simplicité des démarches, un droit du travail beaucoup plus souple qu’en France et surtout une vision moins étroite, plus d’opportunités. « Grâce à ce voyage, j'ai pu réaliser que le système français n'avait pas grand chose à m'offrir dans le sens où si tu n'as pas les bagages (diplômes), tu n'as pas la chance de montrer de quoi tu es capable malgré ta détermination à réussir, et ta motivation. » Clémentine En lisant les commentaires de ces jeunes, un sentiment amer de la France en découle. « Mon seul regret, être revenue en France. » Géraldine « Je voulais vivre autrement, voir un autre monde, me libérer de ma vie française » Roman - 2ème VVT 17,4% des PVTistes ayant répondu à ce questionnaire ont effectué un 2ème Visa Vacances Travail en Australie. Le taux de renouvellement du VVT en Australie chez les jeunes est de 51 18,7% pour l’année 2011-2012, ce qui est très proche du résultat de notre enquête. 17,4% reste tout de même un chiffre significatif de jeunes ayant décidé de passer deux années de leur vie en Australie. Pour certains cette année leur a suffi, ils ont fait le tour de l’Australie, ont travaillé et ont eu ce qu’ils étaient venus chercher. D’autres regrettent qu’un 3ème VVT n’existe pas et on prolongé jusqu’au maximum leur séjour avec un visa touriste de 3 mois au bout des 2 ans. Un certain nombre de PVTistes souhaiterait voir également la limite d’âge passée à 35 ans comme au Canada. L’expérience de ces PVTistes en Australie est dans l’ensemble très positive à tous les niveaux. Ces derniers recommandent cette expérience d’une vie et souhaitent un jour revenir en Australie. J’ai répondu moi-même à mon questionnaire et les résultats se sont avérés assez similaires des tendances exprimées ci-dessus. J’avais 20 ans quand je suis partie pour la première fois en Australie en visa étudiant et 22 ans quand j’y suis revenue avec un Visa Vacances Travail. Mon expérience est différente puisque je ne suis restée que 3 mois en VVT en Australie et je connaissais déjà le pays auparavant. J’étais comme 32% des personnes étudiantes avant de partir et j’ai choisi l’Australie pour sa sûreté, la langue anglaise et ses attraits « sea sun surf ». Pour moi c’était l’occasion de financer mon voyage, d’avoir une expérience professionnelle à l’étranger, d’améliorer mon anglais, de m’immerger dans la vie australienne et de voyager plus longtemps (lors de ma première année). La crise économique en France n’a pas influencé ma décision de partir. J’ai trouvé un travail dans un café au bout d’un mois de recherche à Hobart en Tasmanie où j’étais logée donc je n’avais pas le stress de trouver un travail pour payer mon loyer, ce qui est un problème pour certains PVTistes. Je n’ai pas fait de fruit picking et je n’ai donc pas renouvelé mon visa. Mon expérience en Australie, que ce soit en VVT ou en visa étudiant a complètement répondu à mes attentes et cela a été la meilleure année de ma vie. B. Etude de cas : Conservation Volunteers Australia Dans la lignée du fruit picking, le volontariat est une pratique émergente chez les jeunes en Australie, qu’ils soient en visa touriste, visa étudiant ou visa vacances travail. C’est un travail bénévole, comme le wwoofing ou les programme HelpX. Les volontaires paient 52 l’adhésion au programme de volontariat qui comprend les repas ainsi que l’hébergement dans une maison spécialement arrangée pour les volontaires. En Australie, les programmes de volontariat sont majoritairement des programmes de conservation des terres, de préservation de la faune et de la flore. L’étude de cas porte sur l’organisation Conservation Volunteers Australia, organisation de volontariat leader en Australie. Nous allons nous intéresser au profil de ces volontouristes ainsi qu’à leurs motivations. Conservation Volunteers Australia est une Organisation Non Gouvernementale fondée en 1982 à Ballarat dans l’état du Victoria. L’organisation est à l’origine de l’initiative d’un fermier du Yandoit, Tim Cox, qui avec un petit groupe de personnes, plantaient des arbres le weekend. Conservation Volunteers Australia est aujourd’hui l’organisation de conservation leader en Australasie avec 24 bureaux à travers l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle entreprend plus de 2 000 projets par an, allant d’un jour à plusieurs mois, pour la préservation de la faune et de la flore tels que planter des arbres, protéger les espèces en voie d’extinction, construire des chemins de randonnées, etc. Conservation Volunteers Australia accueille plus de 10 000 volontaires par an à travers le monde. CVA est à la base une organisation de volontariat mais est aujourd’hui considérée comme une organisation de volontourisme puisqu’elle accueille des jeunes internationaux du monde entier, désireux de visiter l’Australie de manière utile et originale. Elle a développé des programmes de vacances et de conservation de la nature qui lient donc volontariat et tourisme. Ces programmes sont destinés aux personnes intéressées par la protection de l’environnement et aimant vivre au grand air, dans des sites préservés et peu visités. Conservation Volunteers Australia a pour cela noué de nombreux partenariats avec notamment Ecotourism Australia, Aboriginal Tourism Association, Australian Volunteers International et Wildlife Tourism Australia. CVA a obtenu de nombreuses distinctions dont l’Ulysses Award en 2011 pour son innovation en tant qu’ONG par l’OMT, l’Ecotourism Award (winner of Sustainable Tourism Awards) en 2009 et le Golden Backpack Award (Best Responsible Tourism Program) en 2007. Le volontourisme a ce conflit d’intérêt de lier volontariat et tourisme. L’organisation qui est avant tout à but non lucratif fonctionne aujourd’hui comme une entreprise commerciale. CVA travaille en partenariat avec les offices de tourisme et les agences de voyage afin de vendre leurs programmes de volontariat au grand public. L’Australie s’en sert maintenant 53 comme argument marketing pour faire venir les jeunes touristes à la recherche d’un tourisme « alternatif ». CVA en tant que ONG et a donc besoin de sponsors pour continuer à exister. Elle est actuellement sponsorisée par 45 compagnies comme the National Australian Bank, Nestlé, Philip Morris, Shell et Vodafone. « Ces compagnies ont leurs propres intérêts commerciaux qui sont parfois en conflit avec les valeurs de l’organisation », souligne Steve Bailey, Manager de CVA à Hobart. 1) Profil des volontaires Conservation Volunteers Australia accueille 10 000 volontaires par an dont 2 000 volontaires internationaux. Si l’on rapporte ce chiffre au nombre de jeunes en Australie, cela représente une part très marginale. Je n’ai pas pu obtenir de données exactes sur les volontaires pour cause de confidentialité. Cependant, Selon Steve Bailey, Manager du bureau de CVA à Hobart m’a fait part des profils sociodémographiques suivants. Figure 5 : Profils sociodémographiques des volontaires de CVA Sexe Volontaires locaux Age 80% hommes / + 50 ans Profession Retraités 20% femmes Volontaires internationaux 70% femmes / 19-30 ans Etudiants 30% hommes Les volontaires internationaux viennent principalement des pays suivants : Corée, Japon, Angleterre, Allemagne, France, Belgique, Canada, Etats-Unis. En Corée et au Japon, beaucoup d’organisations et d’institutions incitent les étudiants à effectuer un programme de volontariat. C’est le cas de Han Jae, jeune coréen de 21 ans, qui a été encouragé par l’institution japonaise CIEE venue à son université parler de l’organisation Conservation Volunteers Australia. Nous retrouvons ici les caractéristiques sociodémographiques des jeunes en VVT en Australie. Les volontaires internationaux ont entre 19 et 30 ans et sont majoritairement des étudiants. Ils proviennent également des pays ayant signé l’accord de Working Holiday Visa 54 avec l’Australie. Il est intéressant de voir que 70% des volontouristes sont des femmes. Selon Steve Bailey, les volontaires locaux sont principalement des hommes car la plupart sont à la retraite et apprécient de faire une activité sociale et de plein air. Concernant les volontaires internationaux, il émet l’hypothèse que les jeunes femmes se soucient davantage des causes environnementales. 2) Motivations des volontouristes Figure 6 : Tableau croisé sur les motivations des volontouristes Selon la littérature : - Auteurs : Wearing (98), Parker (97) et Gazley (01) L’altruisme : vouloir changer les choses, contribuer à la société par des actions bénéfiques - Le voyage : voir le monde, découvrir de nouveaux endroits, paysages, parfois hors des sentiers battus - Le développement des compétences professionnelles : avec l’apprentissage de nouveaux savoir-faire, l’expérience professionnelle - Le développement de soi : se sentir utile, important, sentiment d’appartenance à un groupe, l’interaction sociale Selon le manager : - Vouloir changer les choses, préserver l’environnement, penser au futur Steve Bailey - Découvrir des endroits uniques et des paysages magnifiques - Se sentir utile, important, satisfaction personnelle, faire partie d’un groupe, être encadré, interaction sociale et inter culturalité Selon le team leader : - Une façon économique de voyager Josh - Le pays, le lieu de volontariat est important - Le projet de conservation en lui-même n’est pas leur priorité - Sentiment d’appartenance à un groupe Selon les volontaires : - Partir mais se rendre utile Han Jae - Une façon économique de voyager Kim - Etre encadré, avoir une structure - Ne pas être seule - Découvrir l’Australie - Volontariat pour l’environnement et la nature - Expérience pour futur professionnel 55 Ce tableau croise le regard des auteurs avec celui des différentes personnes au sein de l’organisation CVA que nous avions au préalable interrogées. Cela permet d’avoir une vue d’ensemble pour tenter d’analyser les motivations le plus exhaustivement possible. Nous observons beaucoup de points communs entre les différents acteurs, que l’on peut placer dans les 4 grandes catégories identifiées par les auteurs : l’altruisme, le voyage, le développement des compétences professionnelles et le développement de soi. Les deux volontouristes que j’ai pu interviewer ont été ravis de leur expérience au sein de CVA. Kim m’a confié que c’était la meilleure chose qu’elle aurait pu faire et Han Jae a déclaré se sentir comme chez lui. Nous retrouvons finalement à travers les différentes catégories de jeunes touristes (backpackers, PVTistes, volontouristes) des traits sociodémographiques similaires et des motivations communes, exprimées également dans la première partie. Les jeunes à destination de l’Australie sont des étudiants ou en début de vie active. Ils partent car ils veulent découvrir un nouveau pays, partir à l’aventure au bout du monde mais aussi améliorer leur anglais, avoir une expérience professionnelle à l’étranger. Ils veulent avant tout faire des rencontres et s’immerger dans la vie australienne. Ils en ressortent grandis, ouverts et confiants. L’Australie semble répondre à leurs besoins et à leurs attentes. 56 PARTIE 3 : LE TOURISME DES JEUNES EN AUSTRALIE : UNE PERSPECTIVE DURABLE ? Les jeunes voient en l’Australie une belle terre d’accueil pour une année ou deux. Le pays est vu comme le nouvel eldorado à la mode chez les jeunes. Mais comment le pays réagit-il face à ce phénomène ? Nous nous demanderons pourquoi l’Australie cherche à attirer ces jeunes, à priori à faible revenus, et pour quelles raisons le pays mise sur le programme du Visa Vacances Travail. Il s’agira d’étudier la politique touristique du gouvernement ainsi que la stratégie de l’office de tourisme australien. Nos entretiens nous permettront d’alimenter notre réflexion et de nous poser la question suivante : le tourisme des jeunes en Australie, tendance ou perspective durable ? I. Un pays favorable au tourisme des jeunes A. Les jeunes au cœur d’une stratégie économique et touristique 1) Une volonté du gouvernement - Approche économique L’Australie a l’une des économies les plus performantes au monde. C’est le seul pays de l’OCDE à ne pas avoir connu de récession durant la crise financière et économique mondiale. Elle a d’ailleurs été classée premier pays du bonheur pour la troisième année consécutive selon l’indicateur de qualité de vie de l’OCDE, grâce à la robustesse de son économie et à des critères de santé, de sûreté et de qualité du logement. Depuis les années 2000, la croissance australienne est tirée par le boom minier. Après avoir ralenti, l'économie australienne est repartie à la hausse depuis 2010, affichant une croissance de 3,2% du PIB en 2012 qui devrait se maintenir en 2013 à 3%57. Cette performance s’explique par la politique fiscale incitative du gouvernement, la reprise de la consommation des ménages et surtout par la demande chinoise continue qui soutient les exportations. La dette publique du pays reste basse tout comme le taux d’inflation. Le taux de chômage reste également stable aux alentours de 5%. 57 http://lemoci.com/011-47211-Presentation-generale-Australie.html 57 Le secteur tertiaire représente les trois quarts du PIB mais les secteurs agricoles et miniers sont également très importants et dominent les exportations. L’Australie détient l’une des plus grandes réserves de minerais comme l’uranium. - Approche touristique En 2012, il y a 1 035 millions d’arrivées de touristes internationaux et les recettes du tourisme international se sont élevées à 1 075 milliards de dollars, représentant une augmentation de 4%. L’Asie Pacifique continue d’être la région la plus performante avec une croissance de +7%. L’OMT prévoit une croissance de 3 à 4 % pour 2013.58 L’Australie a enregistré pour l’année 2012, 6,1 millions de visiteurs internationaux, soit une augmentation de 4,6% comparé à 201159. Selon l’OMT, en 2011, l’Australie était classée 42ème en termes d’arrivées internationales de visiteurs et en 8 ème position en termes de revenus avec 31,4 milliards de dollars.60 En 2011-2012, la contribution du tourisme à l’économie australienne s’élevait à 41 milliards de dollars, représentant 2,8% du PIB. L’industrie du tourisme employait 531 700 personnes pour l’année 2011-2012.61 L’Australie présente de bons résultats étant donné la situation économique hors Asie et le dollar australien qui continue d’être fort. Les régions d’Australie les plus touristiques sont Sydney, Melbourne, Brisbane, la Gold Coast et Perth, représentant près de la moitié des dépenses touristiques des visiteurs internationaux. Les 10 marchés les plus importants pour l’Australie sont la Chine, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud, Singapour, la Malaisie, Hong Kong et l’Allemagne.62 Le tourisme en Australie est en hausse quasi continue depuis les années 90 (Cf. Annexe K). Les jeux olympiques de Sydney en 2000 ont contribué à une augmentation de 10,6% des 58 UNWTO, Press release, 28 January 2013 : http://media.unwto.org/en/press-release/2013-01-28/internationaltourism-continue-robust-growth-2013/ OMT, Communiqué de presse, 15 May 2013 : http://media.unwto.org/fr/press-release/2013-05-15/les-recettesdu-tourisme-international-en-hausse-de-4-en-2012-0 59 Australian Bureau of Statistics, latest updated data. 60 Tourism Research Australia. Tourism Industry - Facts & Figures at a glance. September 2012. 61 Tourism Research Australia. Tourism Satellite Account - Summary of key results. 2011-12. 62 Tourism Research Australia. International Visitors in Australia - Quarterly results of the International Visitors Survey. June 2012. 58 arrivées internationales. Par la suite, les attentats du 11 septembre et le SARS ont ralenti la croissance touristique au début des années 2000. Aujourd’hui, la crise économique mondiale n’a pas vraiment touché le tourisme en Australie qui montre toujours une forte résilience comparée au reste du monde. L’Australie fait partie du Commonwealth et est un état fédéral démocratique. Le pays a trois niveaux de gouvernements : fédéral, des états/territoires et local. Le gouvernement australien a développé une stratégie nationale du tourisme à long terme en collaboration avec les états et territoires australiens ainsi qu’avec l’industrie du tourisme. Lancée en 2009, la stratégie a pour but de maximiser les bénéfices économiques nets du tourisme à l’économie australienne en effectuant d’importantes réformes axées sur l’offre touristique. Ces réformes incluent la suppression de barrières règlementaires pour encourager les investissements dans les infrastructures touristiques, remédier au manque de main d’œuvre et de qualifications, améliorer l’accès aérien et mettre en place un programme de recherche du tourisme national. Le Ministre du tourisme australien, Hon Martin Ferguson, a annoncé le 6 décembre 2011, la stratégie nationale du tourisme à long terme, vision 202063. Cette stratégie vient renforcer celle de 2009. Elle a pour but d’accroître les dépenses des touristes à 140 milliards de dollars en 2020. Les 6 objectifs stratégiques sont les suivants : - Augmenter la demande d’Asie et particulièrement de la Chine et de l’Inde - Etablir une capacité digitale compétitive - Encourager l’investissement à travers des réformes règlementaires - Améliorer la capacité des transports touristiques et des infrastructures - Remédier au manque de main d’œuvre et de qualifications des personnes et augmenter la participation de la population aborigène - Augmenter la productivité, la résilience et la qualité de l’industrie - Tourisme et Politique d’immigration La politique touristique de l’Australie est liée à la politique d’immigration du pays. L’Australie cherche aujourd’hui à attirer les jeunes touristes dans son pays pour des raisons économiques mais aussi d’immigration. L’Australie est de par son histoire une nation 63 Tourism Australia. Annual report. 2011-2012. 59 d’immigrants et est aujourd’hui parmi les premiers pays les plus prisés des immigrés. Comme nous l’avons vu, l’un des objectifs de la stratégie tourisme 2020 est de remédier au manque de main d’œuvre et de qualifications des personnes. Pour pallier au manque de main d’œuvre, l’Australie cherche à attirer les jeunes à venir en Visa Vacances Travail afin de combler les 36 000 emplois vacants dans le domaine du tourisme à travers toute l’Australie et notamment les régions les plus reculées. C’est aussi une raison des modifications du visa en 2005 qui permet maintenant aux jeunes de renouveler leur visa pour un an à condition d’effectuer trois mois de travail dans une ferme. Par ailleurs, l’Australie cherche également à attirer les étudiants étrangers pour pallier au manque de main d’œuvre qualifiée. Le pays a assoupli depuis plusieurs années les réglementations et le nombre d’étudiants étrangers a augmenté considérablement. Les immigrations temporaires, plus économiques pour l’état australien, sont actuellement en hausse en Australie. L’immigration permanente quant à elle est plus sélective mais représente une solution non négligeable pour répondre au problème du vieillissement de la population australienne. 2) Tourism Australia et stratégie de promotion Tourism Australia est l’agence du gouvernement australien en charge d’attirer les visiteurs internationaux et d’encourager le tourisme domestique à des fins de loisirs ou d’affaires. Tourism Australia a le statut d’autorité indépendante régi par l’ « Australia Act » de 2004 et le « Commonwealth Authorities and Companies Act » de 2007. L’Organisation est active dans plus de 30 marchés clés. Tourism Australia est principalement en charge du marketing et du développement des marchés. Concernant les autres structures en charge du tourisme en Australie64, il y a le département des Ressources, de l’Energie et du Tourisme qui s’occupe notamment des relations touristiques bilatérales et multilatérales, des visas, du transport, de la sécurité et des taxes. Tourism Research Australia fait partie du département des Ressources, de l’Energie et du Tourisme et est en charge des principales études touristiques. - Image de marque Tourism Australia a su créer une marque forte. Sa stratégie marketing est la différenciation. L’Australie se revendique unique avec son slogan There’s nothing like 64 Cf. Annexe L 60 Australia, L’Australie comme nulle part ailleurs en français. Cette différenciation se base sur les 5 messages clés suivants : - Aventure : l’Australie est une destination d’aventure - Immersion : des vacances en Australie, c’est expérimenter le mode de vie australien - Transformation : des vacances en Australie changent la vie - Accueil : l’Australie est une destination accueillante - Nature : l’Australie offre un environnement naturel unique Tourism Australia a établi sa stratégie de communication sur 7 expériences clés en Australie : nature, art de vivre sur le littoral, villes, Australie aborigène, expédition, Outback et gastronomie. Il est certain que l’Australie a tout intérêt à miser sur ses richesses naturelles puisqu’elle comprend 17 sites inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO dont la Grande Barrière de Corail, Uluru et le Parc national de Kakadu. Le pays possède une faune et une flore introuvables dans d’autres régions du globe. L’Australie est également avant tout la terre du peuple aborigène, la plus ancienne civilisation au monde dont son histoire s’échelonne sur plus de 50 000 ans. Concernant l’art de vivre sur le littoral, plus de 80% de la population australienne vit à moins de 50 km des côtes et le pays est connu pour son art de vivre décontracté, typiquement australien, ses barbecue et ses grands espaces. La population australienne est très regroupée, sur les côtes et dans les villes. En juin 2005, les villes capitales australiennes comptaient 12,9 millions d’habitants, soit environ les deux tiers (64%) de la population australienne. L’Australie joue de ses atouts naturels et culturels et de son mode de vie australien afin d’attirer les visiteurs. Elle veut être représentée comme une destination où règnent la liberté d’esprit et la joie de vivre. - Les jeunes : une cible rentable Tourism Australia a identifié les visiteurs « chercheurs d’expérience » comme marché cible. Ces derniers restent plus longtemps, dépensent plus et de manière plus dispersée à travers toute l’Australie. Les « chercheurs d’expérience » par définition cherchent quelque chose d’unique. Ils sont plus informés, intéressés, curieux, actifs. Ils recherchent des expériences authentiques, différentes, des rencontres interculturelles. Tourism Australia les définit comme des voyageurs « hors des sentiers battus », à l’opposé des touristes de masse. Ce sont des voyageurs de « longue destination » pour qui, les barrières temporelles, spatiales 61 et financières sont moins prononcées. Ils auraient des revenus ainsi qu’un niveau d’étude plus élevés. Parmi ces « chercheurs d’expérience », Tourism Australia identifie différents segments cibles. La famille et les jeunes couples sont des cibles privilégiées mais l’un des ses plus importants segments cibles se trouve être les jeunes âgés de 18 à 30 ans. Les jeunes représentent un quart des arrivées internationales de touristes en Australie et rapportent 12 milliards de dollar australien par an à l’économie australienne. Les jeunes voyageurs ont tendance à rester plus longtemps, à dépenser plus et à voyager plus largement dans tout le pays que la plupart des autres voyageurs. En moyenne, ils dépensent 7 279 $ AUD65 (environ 5 823€) lors d’un voyage en Australie. Les jeunes en Visa Vacances Travail rapportent tout particulièrement à l’économie australienne car ce sont ceux qui dépensent le plus (environ 13 000 dollars). L’étude de TNS66 en 2011 avait révélé que 69% des jeunes interrogés avaient dépensé l’argent gagné en Australie dans le pays. En 2012, plus de 200 000 Visas Vacances Travail ont été délivré, ce qui a été estimé rapporter 2,5 milliards de dollars à l’économie australienne. 1 000 jeunes en VVT créent 6 emplois à temps complet. Ils viennent combler la pénurie de main d’œuvre et les 36 000 emplois vacants à travers l’Australie. En plus de générer des revenus et des emplois à l’échelle nationale, les jeunes en VVT contribuent à booster l’économie régionale et les régions les plus reculées, notamment grâce au travail dans des fermes de trois mois obligatoires pour renouveler le visa. Dans le cadre de la stratégie de développement à 2020, Tourism Australia a identifié un certain nombre de marchés à travers le monde afin de contribuer à favoriser la croissance du nombre de visiteurs internationaux et des dépenses touristiques associées. La France fait partie de ces marchés et l’objectif est d’arriver à générer jusqu'à 1,5 milliard de dollars des dépenses touristiques d’ici 2020. En 2010-2011, Tourism Australia a développé une stratégie à long terme pour attirer les jeunes afin d’atteindre les objectifs. Lidwine Bernardin, Manager Marketing pour Tourism Australia en France déclare : « En réalité Tourism Australia s’intéresse aux jeunes depuis son arrivée sur le marché français fin 2008, mais ce n’est que depuis 2010, qu’elle en a fait sa cible privilégiée. Quand on regarde 65 AUD = abréviation pour « Australian dollar », dollar australien en français 66 TNS. Backpackers uncovered: what do travellers really think of Australia? May 2011 62 les statistiques, les jeunes entre 20 et 34 ans représentent plus de 46 000 visiteurs français en 2012 : soit pratiquement plus de 50 % des visiteurs français en Australie.67 » Le programme du Visa Vacances Travail est depuis le produit touristique privilégié pour attirer les jeunes. L’Australie, grâce au VVT, a fait de cette cible à première vue à faible revenus et à faible pouvoir d’achat, un marché porteur pour l’économie du pays. « Le programme de visa Vacances-Travail a été lancé en 2004 en France et a connu une croissance de 144 % ces dernières années alors que la croissance totale des visiteurs en provenance de la France depuis les 5 dernières années est de 32% (2007 - 2012). La croissance provient bien de ces jeunes, qui sont toujours plus nombreux à vouloir faire un Visa Vacances Travail en Australie. Le Visa Vacances Travail permet aux jeunes de rester plus longtemps sur place et il est vrai que cette cible dépensera plus au cours de son voyage qu’un voyageur en vacances pour deux semaines. » Lidwine Bernardin B. Une communication pour et par les jeunes Comment l’Australie attire-t-elle ces jeunes ? Comment vend-elle le programme du Visa Vacances Travail ? Quelle est la force de ses campagnes marketing ? Dans le cadre de la stratégie de développement à 2020, Tourism Australia a pour mission de lancer des campagnes globales et localisées. En Mai 2010, l’Australie lançait la première phase de sa nouvelle campagne de communication « There’s nothing like Australia ». Tourism Australia a basé sa campagne de promotion sur le vécu des australiens au moyen d’un carte interactive de l’Australie sur le site officiel68. La carte permet d’avoir un aperçu des 3 500 expériences préférées des australiens. Huit australiens sur dix ont affirmé savoir ce qui rendait leur destination unique « comme nulle part ailleurs » et ont déclaré vouloir aider à promouvoir la destination à travers le monde. 67 Dossier d’outils méthodologiques, p. 19 : entretien avec Lidwine Bernardin. 68 www.nothinglikeaustralia.com/fr 63 Tourism Australia utilise ici son propre peuple pour faire la promotion de son pays et montrer en quoi l’Australie est unique et différente. Elle veut miser sur une stratégie de qualité des produits et sur ses expériences. En juin 2012, la deuxième phase de la campagne “There’s nothing like Australia” a été lancée. Depuis lors, Tourism Australia s’efforce de miser sur le digital, les réseaux sociaux et les canaux de communication des leaders d’opinions qui sont devenus primordiaux dans la recherche, la préparation et la réservation de vacances, surtout chez les jeunes. La page Facebook de Tourism Australia69, a dépassé le seuil des 4 millions de fans fin 2012, se positionnant comme la plus importante page Facebook de destination touristique au monde. Elle est la plus suivie sur Google+ et Instagram et elle assure aussi une présence active sur Twitter. 1) The Best Jobs In The World La campagne des Best Jobs In The World a été lancée par Tourism Australia le 4 mars 2013. Après une campagne similaire menée par l’état du Queensland en 2009 pour décrocher le meilleur job du monde, Tourism Australia en partenariat avec six états et territoires du pays, a invité les jeunes du monde entier à participer au concours pour remporter un des six jobs de rêve proposés : Social Party Reporter (Nouvelle-Galles du Sud); Aventurier de l’Outback (Territoire du Nord), Guide Ranger (Queensland); Garde nature (Australie du Sud); Photoreporter Lifestyle (Victoria) et Explorateur gastronomique (Australie de l’Ouest). Chaque job durera six mois et aura une valeur de 100 000 dollars australiens (environ 80 000 €) incluant 50 000 dollars australiens (environ 40 000€) de salaire et jusqu'à 50 000 dollars australiens (environ 40 000 €) de défraiements. Pour être sélectionnés, les candidats devaient faire une vidéo originale démontrant pourquoi ils étaient les meilleurs pour ce job. Cette grande campagne d’une valeur de 4 millions de dollars australiens a fait un énorme « buzz » dans les médias et a remporté un grand succès auprès du grand public. Plus de 330 000 personnes de plus de 196 pays ont exprimé leur intérêt et plus de 40 000 vidéos ont été publiées. La France a été le 4ème marché en termes de candidatures avec plus de 60 000 français ayant postulé. La couverture médiatique française est estimée à près de 5 millions de dollars. Les 6 gagnants ont été annoncés le 21 juin et parmi eux, une française, Elisa Detrez, a 69 Facebook.com/seeaustralia 64 remporté le job de Park Ranger dans le Queensland. Ils commencent chacun leur job de rêve à partir du 1er août. Tout d’abord, la campagne a pour but de promouvoir l’Australie et sa diversité à travers chaque état et territoire. Chaque job permet de promouvoir chaque état et de mettre en avant les expériences de Tourism Australia : Guide ranger et Garde nature pour la nature et les paysages uniques de l’Australie, Explorateur gastronomique pour la gastronomie, Aventurier de l’Outback pour l’Australie aborigène, Photoreporter lifestyle et Social party reporter pour le style de vie. La campagne des meilleurs jobs du monde est surtout une campagne de sensibilisation autour du Visa Vacances Travail, cible qui rapporte beaucoup à l’économie australienne. Seuls les candidats étant éligibles au Visa Vacances Travail (18-30 ans) pouvaient postuler. Pour promouvoir cette campagne, l’Australie a donc mis l’accent sur les réseaux sociaux. Les candidats avaient deux moyens de postuler : soit directement sur le site officiel70, soit à travers la page Facebook de l’Australie. Les partenaires commerciaux pour cette campagne ont été choisis en phase avec le marché des jeunes : Virgin Australia pour la compagnie aériennes, STA Travel - Tour Opérateur leader spécialiste des jeunes – et Monster.com – plateforme en ligne d’offres de travail. Tourism Australia a d’ailleurs crée un mini-site sur Monster.com où les futurs working holiday makers peuvent chercher des jobs qui leur correspondent. Cela permet de rassurer les jeunes quant à trouver un emploi en VVT en Australie. L’Australie mise sur la crise économique mondiale et le taux de chômage élevé chez les jeunes, qui touche sévèrement l’Europe, un de ses plus importants marchés du Visa Vacances Travail. Le taux de chômage des jeunes dans l'Union européenne a doublé par rapport au taux de chômage global en 2012. Selon Eurostat, plus d'un jeune sur cinq de la population active était sans emploi dans le secteur de la main d’œuvre, mais en recherche et disponible. En France, le taux de chômage des jeunes en 2012 était de 27%. Le concours a pour but de séduire davantage de jeunes à faire un break et venir passer des vacances en Australie pour trouver un travail, en profitant du programme visa Vacances-Travail. L’argument fort de l’Australie est sa situation économique qui ne connait pas la crise et le chômage, son bon marché de l’emploi avec plus de 36 000 postes vacants dans le domaine du tourisme et son fort dollar australien. 70 http://www.australia.com/fr/best-jobs.aspx 65 A la suite de cette campagne, Tourism Australia a menée un enquête auprès de 15 000 des 330 000 candidats ayant postulé à l'opération Best Jobs In The World. Celle-ci révèle que 72% d'entre eux ont l'intention de demander un Visa Vacances Travail et 39% l’envisagent sérieusement dans les six prochains mois. Il est encore trop tôt pour analyser les retombées de cette grande campagne de communication, mais il est certain que l’Australie a su faire parler de son pays et de son Visa Vacances Travail. Andrew McEvoy, directeur de Tourism Australia, a déclaré que le succès de cette campagne et les gagnants des best jobs allaient inspirer toute une nouvelle génération de jeunes à venir visiter, explorer et travailler en Australie. Elisa Detrez, avant de remporter le job de Guide ranger dans le Queensland évoque dans une interview le facteur de la crise économique dans sa décision de partir en Australie : « Avec cette crise économique qui nous plombe notre quotidien, on ne peut que rêver d’évasion. L’Australie serait bien sûr un pays idéal où je me verrais bien vivre quelques années, cependant les politiques d’immigration sont très strictes et après un an, ce n’est pas évident de pouvoir y rester. Si le rêve Best Job se réalise, les choses seront différentes et facilitées j’imagine.71 » Nous voyons ici que Elisa est aussi consciente des politiques d’immigration strictes de l’Australie. 2) Utilisation des blogueurs : les jeunes font eux-mêmes la promotion Aujourd’hui les jeunes s’expriment sur les blogs, les forums et les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. La blogosphère a explosé ces dernières années avec des millions de blogs actifs en France. Les marques montrent un intérêt croissant pour les blogs qui vont jouer un rôle déterminant dans leurs stratégies de communication. Selon une étude réalisée par l’agence digitale Outils du web72, près de la moitié des blogueurs sont contactés plus de six fois par semaine par des marques et 90% des blogueurs écrivent un article suite à cette sollicitation. Le profil des bloggeurs influents en France est entre 25 et 34 ans, majoritairement de sexe féminin. La plupart d’entre eux travaillent à côté mais 10% sont des 71 Interview d’Elisa Detrez, finaliste des Best Jobs en Australie ! http://pvtistes.net/australie/interview-delisa-detrez-finaliste-des-best-jobs-en-australie/ 72 Outils du Web, juin 2013. Enquête réalisée en avril-mai 2013 auprès de 150 blogueurs. 66 18 mai 2013 sur blogueurs professionnels. Leurs motivations sont diverses : intérêt du produit, affinité avec la marque, opportunité de tester le produit. Selon eux, les blogs donnent de la visibilité auprès d’un public ciblé et permettent de la crédibilité à une marque Si les grandes marques ont commencé à s’y intéresser, cela n’a pas échappé aux destinations touristiques qui maintenant utilisent ces canaux de communication pour attirer les jeunes. Ces derniers sont maintenant associés au développement de l’image de marque à travers les concours créatifs et ce qu’on appelle le « user generated content73 ». Selon HelmeGuizon & Ottmann (2010), « les moyens privilégiés sont les réseaux sociaux qui sont aux yeux des Y les plus proches d'eux (appartenance) et les plus crédibles (témoignage de pairs)»74. Les jeunes font preuve de plus en plus d’esprit critique à l’égard des médias et des stratégies marketing et de communication. Grâce à la montée d’internet ils ont su se forger leur propre opinion et multiplient les sources d’informations (radio, presse, internet, tv...) Les jeunes font souvent plus confiance en leurs pairs sur des forums ou blogs qu’à des experts ou spécialistes. Pour le sociologue Vincenzeo Cicchelli, les nouveaux médias sont devenus un élément de critique et de survie. Les jeunes produisent également de plus en plus d’informations eux-mêmes. Les blogs de voyage sont devenus une source de référence pour les autres voyageurs et vont au-delà d’un simple guide touristique car ils ont cette plus value qu’est l’expérience du voyageur. Selon Maunier (2008)75, « les individus ont tendance à rechercher de l’information et des conseils auprès de leurs semblables ». La distance qui sépare le touriste de la destination va donc se réduire psychologiquement au regard de l’expérience d’un de ses semblables. Tourism Australia utilise de plus en plus ces influenceurs, leaders d’opinion passionnés que sont les blogueurs. L’utilisation de blogueurs pour faire la promotion d’un pays fait partie de ce qu’on appelle le marketing 2.0. Pour Barabel et al (2010)76, « cette notion définie en réalité le marketing traditionnel a l’heure du Web 2.0, qui lui même intègre la notion de 73 Contenu généré par les utilisateurs 74 Helme-Guizon, A., Ottmann, M. Génération Y et Marketing : Évolution ou révolution? Décisions Marketing, No. 59 (Juillet-Septembre 2010), pp. 83-86, Association Française du Marketing. 75 Maunier Cécile. Les communications interpersonnelles, fondement des nouvelles techniques de communication enmarketing ? La Revue des Sciences de Gestion, 2008/6 n° 234, p. 85-95 76 Barabel Michelet al. Les médias sociaux au service du marketing territorial : une approche exploratoire. Management & Avenir, 2010/2 n° 32, p. 233-253. DOI : 10.3917/mav.032.0233 67 partage sur Internet ». Dans cette communication d’influence, l’usager devient acteur voire ambassadeur. En 2012, dans le cadre de sa campagne sur le marché français, Tourism Australia a sollicité 3 blogueurs77. Ces derniers avaient une présence importante sur les réseaux sociaux (Youtube, Facebook, Twitter) et une grande « communauté78 ». Ils sont donc devenus les ambassadeurs de l’Australie et ont incité d’autres blogueurs à participer à un jeu concours. Cette année encore, pour la campagne des meilleurs jobs du monde, Tourism Australia a sollicité 4 jeunes blogueurs français qui sont en ce moment en Australie en Visa Vacances Travail. Les jeunes blogueurs, sous le nom de « Ma Première Fois En Australie79 » sont devenus partenaires de l’opération et sont allés « tester » le job de Guide Ranger et de Garde nature. Leur « mission » était de publier une vidéo de chaque job sur leur blog et de relayer le contenu sur leur Youtube, Facebook, Twitter et Instagram, afin de faire partager le contenu à leur communauté et de promouvoir la campagne in fine. Dans ce contexte, la cible ou bien destinataire des campagnes marketing de l’Australie devient aussi l’émetteur. En effet, paradoxalement, les jeunes font eux-mêmes la promotion d’un pays qui cherche à les attirer. Si l’Australie en ressort gagnante, quelle est la motivation des jeunes à faire cette promotion ? Les 4 jeunes de « Ma Première Fois En Australie », après avoir été diplômés de Sup de pub Paris, ont décidé de partir en Australie pour un an en Visa Vacances Travail. Leur objectif en créant ce blog est de faire partager en temps réel leur expérience, leurs « premières fois en Australie » et de faire découvrir aux internautes les bons plans. Avant de partir, ces jeunes ont recherché des sponsors pour leur aventure, afin de financer une partie de leur voyage. L’agence de voyage Vacances Australie, l’assurance April International et la marque de bagagerie Bodypack sont devenus leurs sponsors et partenaires, en échange de visibilité sur leur blog. Les jeunes d’aujourd’hui sont éduqués, informés, alertes et participent aux campagnes marketing qui leur sont destinés. Ils seraient donc une cible marketing volontaire. 77 Hugo Tout seul, Le Kemar, La ferme Jérôme 78 Important nombre de fans et de followers 79 http://mapremierefoisenaustralie.com/ 68 II. Futur des pratiques touristiques des jeunes en Australie La stratégie marketing de l’Australie définit à la fois les pratiques des jeunes mais elle s’inspire également de leurs attentes et de leurs pratiques pour établir sa stratégie. L’axe de communication fonctionne et sait attirer les jeunes qui font eux-mêmes la promotion du pays. Nous avons vu que le gouvernement s’intéressait particulièrement à la pratique du Visa Vacances Travail chez les jeunes car celle-ci était source de revenus économiques et partie intégrante d’une politique d’immigration. Mais cette situation n’a-t-elle pas ses limites ? A. Enjeux et limites 1) Un malentendu productif ? Au vue de notre enquête en ligne, de nos entretiens ou encore des études quantitatives, les jeunes semblent très satisfaits de leur expérience en Australie, que ce soit en tant que backpackers, volontouristes ou PVTistes. Outre le surf et le soleil, le pays associe de multiples facettes recherchées par les jeunes, souligne Lidwine Bernardin : « c’est un pays anglophone, où il n’y a pas de problèmes sécuritaires. On peut facilement apprendre l’anglais, étudier et/ou travailler et profiter des richesses de l’Australie pour voyager.80» L’Australie est un beau pays touristique mais représente aussi une économie robuste. Le pays ne connait pas la crise et son plein emploi contraste avec le chômage qui pèse sur les jeunes en Europe. Les jeunes qui partent en VVT trouvent un travail qui est souvent trois fois plus payé qu’en France avec un taux de change en leur faveur. Faire du backpacking en Australie devient compliqué car la vie australienne est très chère. Le VVT permet alors à ces backpackers de pouvoir financer les voyages à travers le pays et de rester plus longtemps. Les modifications du visa en 2005 ont incité les jeunes à venir effectuer un PVT en Australie. Ils peuvent dorénavant rester un an supplémentaire et travailler six mois avec le même employeur. Phénomène à la mode ou non, cette expérience à l’étranger leur apporte un atout considérable dans leur future carrière professionnelle et ils reviennent bilingues en anglais. De plus cette expérience leur apporte rencontres et découvertes ainsi qu’une émancipation et une indépendance financière. 80 Dossier d’outils méthodologiques p. 20. 69 Par ailleurs, le pays a tout intérêt à continuer d’accueillir ces jeunes touristes. Nous rappelons que les jeunes touristes rapportent 12 milliards de dollars par an à l’économie australienne et que les jeunes en visa vacances travail sont ceux qui dépensent le plus. C’est une volonté économique et politique du gouvernement australien. La stratégie touristique est associée à une politique plus vaste d’immigration. Les PVTistes créent des emplois, pallient au manque de main d’œuvre et boostent l’économie régionale. Chabloz (2007)81 parle de « malentendus productifs » selon le concept de Marshall Sahlins, dans la mesure où une situation « implique des objectifs et des logiques différents, mais aussi un accord sur une pratique commune qui apporte à chacun des avantages, parfois au détriment des finalités de la pratique concernée. » Selon elle, « les bénéfices économiques, politiques, culturels et symboliques de cette collaboration font que tous les moyens sont bons pour l’entretenir […] Dans le « malentendu productif », le but est de faire durer une pratique commune collective afin de renforcer les positions des uns et des autres a long terme. » Le tourisme des jeunes en Australie pourrait ici être entendu comme un malentendu productif dans la mesure où les jeunes et le gouvernement australien, bien qu’ayant des objectifs et des logiques différents, s’accordent sur une pratique commune. Ici, le Visa Vacances Travail apporte à chacun des bénéfices économiques, politiques, culturels et symboliques. Cependant, la pratique comporte également ses limites pour chaque partie. 2) VVT, l’envers du décor Les résultats du questionnaire en ligne ont révélé que 76% des personnes étaient complètement satisfaites de leur expérience du VVT en Australie. Cependant, les 21% qui ont été partiellement satisfaits et les 3% d’insatisfaits ont posé des limites à cette pratique. - Limites au travail Comme nous l’avons exprimé, certains PVTistes se sont heurtés à des désillusions, notamment concernant le travail une fois sur place. A cause de leur trop faible niveau d’anglais, les jeunes français ont souvent du mal à trouver du travail. Avec la croissance 81 Chabloz Nadège, « Le malentendu » Les rencontres paradoxales du « tourisme solidaire ». Actes de la recherche en sciences sociales, 2007/5 n° 170, p. 32-47. 70 continue d’arrivées de jeunes du monde entier, une concurrence entre backpackers s’est installée. Il est plus facile pour les anglophones de trouver du travail que les français à cause de la langue. Une française déclare aussi que les asiatiques représentent également une forte concurrence car ils acceptent de travailler dans des conditions pas toujours très favorables, surtout dans le fruit picking. Il devient donc de plus en plus difficile de trouver un travail pour les PVTistes en Australie alors que la vie y est très chère. Julie Meunier, co-fondatrice du site PVTistes.net déclare : « Il y a de plus en plus de jeunes qui se rendent en Australie et du coup, la concurrence est rude, surtout pour les nombreux Français qui ne parlent pas bien anglais. Les témoignages allant dans ce sens se multiplient, même pour des boulots où l’anglais n’est pas important, notamment le fruit picking. Il y a quelques années, c’était assez facile, en se levant tôt et en passant plusieurs coups de fil tous les jours, de trouver un emploi, quitte à prendre un train ou un avion pour rejoindre une région où on recrute. Aujourd’hui, beaucoup de PVTistes témoignent de leurs difficultés et beaucoup semblent rentrer prématurément, même si ça ne semble pas être une majorité de PVTistes.82 » La croissance des arrivées des backpackers coïncident également avec la crise financière mondiale de 2008. Amandine, qui a fait son premier VVT en 20072008, a témoigné dans ce sens83 : « Lorsque j'ai entamé l'année 2009, j'ai vu la différence avec l'arrivée de la crise en France et des milliers de backpackers débarqués dans le pays. » Une autre difficulté pour trouver du travail est la limite du visa à travailler six mois maximum avec le même employeur. Selon Julie Meunier, « c’est un défaut pour ceux qui souhaitent travailler dans leur domaine car ils se disent que des employeurs seront sans doute frileux à l’idée de les embaucher pour six mois seulement.84 » En effet, les entreprises australiennes ne veulent pas perdre leur temps à former des personnes qui vont partir dans quelques mois. Cela soulève un autre problème. Les emplois de backpackers sont ce qu’on appelle des petits boulots dans le domaine agricole ou de la restauration et ne sont pas très valorisants. Certaines personnes espèrent trouver un emploi dans leur domaine d’études et se retrouvent à travailler dans un bar. Il y a un décalage entre les attentes et la réalité, ce qui 82 Dossier d’outils méthodologiques, p. 23. 83 Témoignage issu du questionnaire en ligne 84 Dossier d’outils méthodologiques, p. 23. 71 explique les déceptions. Si les jeunes voient en l’Australie un eldorado au niveau du travail, le pays se sert avant tout des backpackers comme d’une main d’œuvre bon marché. Sylvia Galvao, Consule-Adjoint à Sydney souligne cet aspect : "Le Visa Vacance Travail a comme première finalité de fournir une main d’œuvre bon marché pour les travaux à la ferme et la cueillette. Il n’a pas été conçu pour faciliter l’immigration permanente ni l’emploi dans les autres industries […] Avec la crise en France, un certain pourcentage de ces personnes viennent aujourd’hui "par défaut", plus pour quitter la France que par réel désir de voyager. Ils sont souvent mal préparés, se trouvent limités par la barrière de la langue et peuvent perdre pied s’ils ne sont pas un peu débrouillards85". Dans le cadre de la stratégie tourisme 2020, le programme du Visa Vacances Travail a été l’un des outils trouvés par l’Australie afin de remédier au manque de main d’œuvre. L’immigration temporaire de jeunes voyageurs en Australie a augmenté considérablement, passant de 4 500 demandes de VVT à 22 000 en 10 ans. Cette immigration temporaire est certes économique mais n’est-elle pas ou ne va-t-elle pas arriver à saturation ? Les jeunes, poussés par la crise, espère rester dans le pays par la suite. Mais comme le souligne Sylvia Galvao, le VVT n’a pas été conçu pour faciliter l’immigration permanente. L’Australie se retrouve-t-elle aujourd’hui au piège sa politique touristique et d’immigration ? - Backpackers : entre global et local L’attitude des backpackers français en Australie a récemment fait la une des médias, avec l’apparition du terme « French shopping » pour désigner les français qui volent dans les supermarchés. Amandine, raconte son expérience : « J'ai envie de conseiller à tout le monde d'y aller... malheureusement, ce programme est un peu victime de son succès. En effet, de septembre 2007 à septembre 2008, c'était parfait et lorsque j'ai entamé l'année 2009, j'ai vu la différence avec l'arrivée de la crise en France et des milliers de backpackers débarqués dans le pays, certains aux comportements inadmissibles (vols dans les magasins, tapage nocturne, dégradations diverses...). C’est bien dommage car cela ternit la réputation des français déjà bien amochée et j'ai pu ressentir sur les deux années, un changement de regards des 85 In Le Petit Journal, Edith Nicolas, 14 mai 2013 : http://www.lepetitjournal.com/melbourne/communaute/151924-vivre-en-australie-apres-le-reve-la-realite 72 australiens sur les backpackers... Je ne serais pas surprise... si ce n'est pas déjà fait... que des quotas soient mis en place pour la délivrance des visas.86» Comment les backpackers, toutes nationalités confondues, s’adaptent-ils finalement au sein de la société australienne ? Qu’en pense la population locale ? Le département de l’immigration australienne définit le Visa Vacances Travail en tant que programme qui autorise les détenteurs de profiter de vacances prolongées en Australie tout en finançant leurs voyages par des petits boulots ; et d’établir un contact plus étroit avec la communauté locale. Le programme cherche à favoriser le développement social et culturel des jeunes et à promouvoir la compréhension mutuelle entre l’Australie et les autres nations. Nous avons déjà vu que les backpackers créaient des enclaves car ils restaient entre eux dans des hébergements pour backpackers. L’hypothèse serait donc qu’ils ne se lieraient pas avec la population locale et ne contribueraient pas à la vie de la communauté. Les backpackers sont souvent associés à des jeunes gens bruyants, qui boivent, font la fête, laissent leurs déchets. Afin d’analyser l’impact du tourisme des backpackers sur les communautés, une recherche ethnographique a été menée par l’Australian Research Council, dans six quartiers de Sydney qui sont populaires chez les backpackers 87. Les résultats de cette recherche révèlent la complexité du phénomène du backpacking. 47,2% des résidents ont déclaré que le tourisme des backpackers était un atout pour Sydney contre 37% qui le voit comme un « handicap ». Les témoignages divergent selon les quartiers. 64% des résidents du quartier de Manly trouvent que les backpackers contribuent à l’économie locale alors que 42% des résidents de Bondi n’associent aucuns bénéfices aux backpackers, tout comme 53% des résidents de North Sydney, qui ne voient que des côtés négatifs. Un des résidents de Bondi a déclaré ceci88 : « To me, backpackers just means purposelessness. I mean look at 86 Témoignage issu du questionnaire en ligne 87 Recherche effectuée de 2005 à 2008 comprenant des focus groupes, des entretiens, des discussions et 2 enquêtes en ligne auprès de différents acteurs (résidents locaux, business locaux, industrie touristiques, backpackers, élus municipaux). In Hannam, Kevin., Diekmann, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. TCC, 2010. 88 Mixed Councul Focus Group, 2006 73 them. They just come out here and they’re not actually doing anything. They buy a slab of VB (Australian beer), take it back to the hostel and get absolutely pissed.89 » Cependant, la recherche démontre que les backpackers sont parfois accusés à tort et que ce comportement peut-être tout aussi bien attribué aux étudiants, locaux ou non, et aux jeunes en général. Concernant les nationalités, sont accusées celles en plus grand nombre, ici principalement les britanniques. Un backpacker allemand a lui-même déclaré90 que les anglais et les irlandais étaient ceux qui buvaient le plus et avaient un comportement irresponsable. Un autre problème lié à l’arrivée croissante des backpackers à Sydney est les hébergements illégaux. Les auberges de jeunesse affirment qu’il y a entre 600 et 700 lits à Bondi. Cependant, le nombre de lits illégaux est estimé entre 1 500 et 2 000. Les propriétaires profitent de ces backpackers non exigeants, qui parfois se retrouvent à 20 dans une maison qui fait office d’auberge de jeunesse. C’est le cas de certains fermiers également qui n’offrent pas de bonnes conditions de travail dans le fruit picking et profitent de la main d’œuvre bon marché que représentent les PVTistes. Les Backpackers et les PVTistes symbolisent la complexité de la mobilité, le clash entre le global et le local. Selon Allon et al (2008), le Visa Vacances Travail est un mélange complexe de vacances, de voyage, de travail et de résidence91. Certains PVTistes restent jusqu’à deux ans dans le pays et selon la définition, ne sont plus considérés comme des touristes mais bien des résidents. Qui sont finalement les locaux ? B. Perspectives 1) Etat de la concurrence Afin de s’interroger sur le devenir du tourisme des jeunes en Australie, il est important d’analyser la situation dans les autres pays, notamment les pays « concurrents » désignés par 89 « Pour moi backpackers veut dire inutilité. Regardez-les. Ils viennent ici pour ne rien faire. Ils achètent un pack de VB (bière australienne), le ramènent à l’auberge de jeunesse et se rendent malades. » 90 91 Pyrmont backpacker Interview, 2007. In Hannam, Kevin., Diekmann, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. TCC, 2010. 74 Tourism Australia : le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis. L’Afrique du Sud et les Etats-Unis sont des concurrents car ce sont tous deux des pays anglophones avec des expériences similaires, comme la nature, les grands espaces, l’aventure. Le Canada et la Nouvelle-Zélande sont des concurrents directs au niveau de la même cible, les jeunes en Visa Vacances Travail. En effet, les deux pays proposent un VVT. Nous tenterons de discerner les avantages et les faiblesses du tourisme des jeunes en Australie dans un cadre concurrentiel. Figure 7 : Nombre de Visas Vacances Travail délivrés/accordés aux français en 2012 Australie 20 086 Canada 6 750 Nouvelle-Zélande 6 000 (2011) Japon 1 500 Corée du Sud 2 000 Les pays concurrents que sont le Canada et la Nouvelle-Zélande séduisent également beaucoup de français. Il est important de préciser que le Canada, le Japon et la Corée du Sud ont des quotas de Visa Vacances Travail. Si les quotas sont systématiquement remplis pour le Canada, ce n’est pas le cas du Japon et de la Corée du Sud, notamment à cause de la barrière de la langue. L’Argentine a également lancé son programme de visa vacances travail fin 2011, premier PVT hispanophone et d’Amérique Latine. Le pays a proposé 500 places pour les français en 2012 et le visa est pour l’instant gratuit. L’Argentine représente un futur concurrent potentiel pour l’Australie. Selon Julie Meunier, un certain nombre de français attendent de nouvelles destinations comme l’Amérique Latine. Il est également possible depuis juillet 2013 pour 200 français de se rendre à Hong Kong pour un an. A Singapour, le VVT n’est pas un accord bilatéral et il est destiné aux jeunes de 18 à 25 ans, pour une durée de six mois. La carte en Annexe M présente les différents PVT accessibles aux français dans le monde. La Nouvelle-Zélande a l’avantage d’être un pays plus petit que le Canada et l’Australie et donc d’être parcouru plus facilement. La Nouvelle-Zélande ne propose pas de deuxième VVT et l’âge limite est 30 ans. Le prix du visa est d’environ 105 euros. Par ailleurs, il n’y a pas de 75 restrictions concernant le travail contrairement à l’Australie, qui ne permet pas de rester avec le même employeur au-delà de six mois Cependant la recherche de travail se trouve être également difficile et les salaires sont moins élevés qu’en Australie. La vie reste néanmoins moins chère en Nouvelle-Zélande. Le Canada est connu pour sa course aux PVT avec un chiffre record de 2 jours seulement pour atteindre les quotas français cette année. Les français s’arrachent les visas disponibles chaque automne et beaucoup se rabattent par la suite sur l’Australie qui n’a pas de politique de quotas. L’âge limite a été reculé à 35 ans pour les français pendant que l’Australie refuse toujours d’étendre le visa au-delà de 30 ans. De plus, en mars dernier, le Premier Ministre français a annoncé l’ouverture de 7 000 places supplémentaires dans les prochaines années, portant le nombre à 13 750. L’autre grande nouvelle est l’allongement à deux ans du visa qui serait effectif pour la session d’inscription de novembre 2014. Ce nouvel accord n’est pas encore officiel mais ferait certainement de l’ombre à l’Australie. Par ailleurs, le prix du visa au Canada est d’environ 120 euros et il faut avoir sur son compte en banque 2 100 euros. Concernant le travail, il n’y a pas de restrictions et il est possible de travailler avec autant d’employeurs pour une période de temps indéfinie. Le PVT Canada détient plusieurs avantages sur l’Australie : l’âge limite reculé à 35 ans, l’absence de restrictions au niveau du travail et bientôt l’allongement du visa à deux ans sans obligation de travail dans un domaine spécifique pendant 88 jours. Le Canada a toujours l’inconvénient de posséder des quotas mais si le pays continue d’augmenter le nombre de places, il pourrait représenter une réelle menace. « Sans quota, les chiffres du PVT Canada se rapprocheraient peut-être de ceux du VVT australien. Il est fort probable que les quotas pour l’année 2014 soient revus à la hausse mais le texte officiel de la rencontre entre M. Ayrault et M. Harper il y a quelques mois n’a pas encore été diffusé. Mais nous n’atteindrons sans doute pas les 20 000 PVT accordés. » Julie Meunier Le grand avantage de l’Australie sur ses concurrents est l’absence de quotas. L’Australie est également un pays où il n’y a pas de problème de sécurité et est souvent présenté comme la destination des voyageurs par excellence. L’Australie a une population accueillante et offre une douceur de vivre. Le pays possède une forte image de marque et sait mettre en place des 76 campagnes marketing efficaces pour attirer les visiteurs. Le Canada investit également beaucoup dans la stratégie touristique et les deux pays s’inspirent l’un de l’autre. « Le PVT Canada a le gros avantage d’être un PVT francophone, anglophone ou bilingue, au choix du PVTiste. Les opportunités professionnelles peuvent y être excellentes selon le domaine dans lequel on travail. C’est le gros atout. Ensuite, il est plus ou moins facile d’y rester après un PVT grâce à d’autres permis relativement faciles à obtenir lorsqu’on a une offre d’emploi dans son domaine. Les PVT Australie et NZ sont plus vus comme des PVT voyage, évasion, année entre parenthèse, etc. Le Canada est vu comme un PVT identique aux 2 précédents ET comme un PVT où on peut travailler dans son domaine et bien gagner sa vie. » Julie Meunier Comme le souligne la co-fondatrice du site PVTistes, l’Australie est vue comme un PVT voyage, évasion, année entre parenthèse et le Canada est peut-être appréhendé de manière plus sérieuse, orienté futur carrière professionnelle. Ce qui pouvait représenter auparavant une opportunité, semble de nos jours être une faiblesse face à la crise actuelle et à la volonté des jeunes d’associer l’utile à l’agréable. S’il est plus facile de rester par la suite dans le pays, les jeunes européens à la recherche d’un emploi pourraient préférer cette option. L’Australie reste une destination lointaine, qui nécessite du temps pour en faire le tour et qui est surtout chère par rapport à ses concurrents. Le visa, déjà plus élevé que celui des autres pays, a augmenté de 80 dollars depuis janvier et s’élève maintenant à 290 euros. Cependant, l’avantage, c’est que les jeunes qui travaillent en Australie vont gagner plus d’argent et vont bénéficier du taux de change. 2) Futur du WHV et du tourisme des jeunes en Australie Le Visa Vacances Travail est une réussite et attire des milliers de jeunes chaque année en Australie. Cependant, il comporte certaines limites, notamment au niveau du travail sur place. Nous émettrons des hypothèses sur les problématiques actuelles et futures. Le pays est-il vraiment adapté pour accueillir autant de jeunes en VVT ? L’Australie a mis en place ce programme pour pallier au manque de main d’œuvre et occuper les 36 000 postes 77 vacants dans le tourisme, mais le pays avait-il prévu un tel succès et l’arrivée de plus de 200 000 jeunes chaque année ? Y a-t-il finalement assez de travail ? La population australienne est-elle préparée à recevoir ces jeunes et à les employer au détriment de ses habitants ? Nous avons vu que le nombre de logements illégaux à Sydney augmentait considérablement depuis l’arrivée massive des backpackers. Y a-t-il les infrastructures nécessaires pour loger ces jeunes ? Au final, est-ce un bon investissement ? - Marché de l’emploi australien L’Institut de Melbourne a mené une enquête en 200092 afin d’identifier les raisons pour lesquelles les entreprises australiennes employaient à court terme de jeunes travailleurs internationaux. Sur 24 agences pour l’emploi qui recevaient des backpackers, 19 ont déclaré préférer employer de jeunes locaux. Les employeurs n’ont pas besoin d’attendre le Tax File Number93 des backpackers, nécessaire à l’embauche. Certains déclarent qu’il est plus difficile de contacter les backpackers et de vérifier leur expérience sur leur CV. De plus, ils ne veulent pas former quelqu’un qui ne va pas rester longtemps. A l’inverse, les atouts des backpackers sont la maîtrise d’une langue étrangère, la motivation et la disponibilité. Lors de ma recherche d’emploi en Australie, un certain nombre d’entreprises ont refusé de prendre mon CV car elles ne voulaient pas de personnes en Visa Vacances Travail. Elles m’ont expliqué qu’elles ne faisaient plus confiance aux backpackers qui disaient rester pour au moins 6 mois et qui repartaient au bout de 3 semaines dans une autre ville. Cependant à cause d’un manque de demande, les agences pour l’emploi ont déclaré finalement employer des jeunes en Visa Vacances Travail. Nous avons vu que les jeunes en VVT comblent la pénurie de main d’œuvre et les 36 000 emplois vacants à travers l’Australie. Les emplois destinés aux détenteurs d’un VVT sont des emplois à temps-partiel ou occasionnels. Les jeunes australiens ne veulent pas de ce type de travail. En Australie, les jeunes travaillent tout au long de l’année et il n’y a pas de jobs saisonniers comme en France. L’Australie a donc besoin des backpackers internationaux pour occuper ces postes vacants. De plus, l’enquête a démontré que si la force de travail estimée à 80 000 au moment de 92 Enquête par téléphone, réalisée en avril 2000, auprès d’agences pour l’emploi dans le Territoire du Nord, l’Australie de l’Ouest, le Queensland et le Victoria. In Webster & Harding, The Working Holiday Maker Scheme and the Australian labour market. Melbourne Institute of Applied Economic and Social Research, University of Melbourne. August 2001. 93 Numéro de sécurité sociale. 78 l’étude venait à disparaître, seulement 10 100 des 40 909 postes qui se libéreraient, seraient occupés par les jeunes locaux. Par ailleurs, les jeunes en VVT créent de l’emploi à travers les dépenses qu’ils effectuent dans le pays, estimées à environ 13 000 dollars. Nous rappelons l’étude de TNS en 2011 qui avait révélé que 69% des jeunes interrogés avaient dépensé l’argent gagné en Australie dans le pays. 1 000 jeunes en VVT créeraient 6 emplois à temps complet. Le Visa Vacances Travail semble donc être un bon investissement qui a rapporté 2,5 milliards de dollars à l’économie australienne en 2012. - Recommandations L’absence de quotas est un avantage concurrentiel pour l’Australie, comme le souligne Lidwine Bernardin : « Pour Tourism Australia, ceci est un véritable avantage stratégique face à ces concurrents sur cette cible, comme le Canada qui a des quotas sur le Visa Vacances Travail. Le fait qu’il n’y ait pas de quota permet aux jeunes de partir en Australie tout au long de l’année : ce système est plus flexible et il permet aux jeunes d’organiser au mieux leur départ.94 » Mais le pays ne va-t-il pas devoir revoir sa politique de distribution de visas au vue de la croissance des arrivées et de la concurrence entre backpackers pour trouver du travail ? Un PVTiste témoigne : « Le fait qu'il n'y ait pas de quotas sature le marché du travail de voyageurs prêts à travailler pour rien. » La mauvaise image des backpackers français et autres nationalités auprès de la population australienne peut-elle aussi avoir une répercussion sur la délivrance de visas ? Les jeunes français semblent mal préparés quant à leur séjour en Australie. Le pays leur a été montré comme un eldorado et ils partent avec très peu d’argent en poche, pensant trouver un travail au bout de quelques jours. Si cela était vrai il y a quelques années, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La concurrence est rude et certains jeunes français « déchantent » une fois arrivés. Dans les conditions d’éligibilité au Visa Vacances Travail, il est écrit qu’il faut disposer d’assez de ressources financières et le gouvernement australien recommande d’avoir 5 000 $, soit environ 4 200 €. C’est le cas également pour les assurances voyages. Cependant, il n’y a pas de vérifications, comme le souligne Julie Meunier : « Les modifications qui pourraient être faites, selon moi, ce sont les vérifications à la douane australienne. Beaucoup 94 Dossier d’outils méthodologiques, p. 21. 79 disent partir avec quelques centaines de dollars et ne sont pas inquiets car il n’y a aucune vérification de faite à la douane. Beaucoup d’entre eux risquent de rentrer au bout de quelques semaines et je trouve ça dommage. Pourquoi ne pas travailler quelques mois de plus en France avant de partir pour avoir plusieurs milliers d’euros sur son compte et pouvoir subvenir à ses besoins en cas de recherche de travail laborieuse.95 » Ce manque de vérifications n’est finalement pas à l’avantage du pays, qui devrait renforcer ses contrôles comme c’est le cas au Canada. Une autre recommandation concernant les conditions d’éligibilité est d’instaurer un niveau d’anglais minimum au départ, comme pour les Visas Vacances et Travail sous-classe 417. Bien sûr les jeunes partent dans le but d’améliorer leur anglais, mais le niveau est parfois tellement insuffisant que les jeunes ne peuvent pas trouver de travail, n’arrivent pas à se débrouiller sur place et rentrent prématurément. Une autre suggestion est de mettre en place des cours d’anglais obligatoires au début de leur séjour en Australie afin qu’ils ne perdent pas pieds. La préparation au voyage est donc un élément clé pour la réussite du VVT en Australie. « Le meilleur conseil pour les futurs PVTistes, c'est selon moi de partir préparé : avoir assez d'argent et ne pas partir avec trop d'illusions, l'expérience pourra être magique mais pourra également comporter des moments difficiles, il n'y a pas d'Eldorado, quelle que soit la destination » ; affirme Julie Meunier. Les acteurs du tourisme en Australie doivent mettre l’accent sur cette phase de préparation et d’anticipation afin d’informer au mieux les jeunes voyageurs. En évoquant les limites du VVT, Lidwine Bernardin rétorque : « Encore une fois, nous insistons sur le fait que les jeunes doivent être bien préparés avant de partir. Il est essentiel pour les jeunes d’avoir des économies de côté et de s’être renseigné sur les démarches à faire avant de partir et une fois sur place.96 » Si cela n’est pas suffisant, les autorités australiennes devront alors envisager de renforcer les règlementations du visa. Enfin, nous pouvons nous demander si le gouvernement australien va modifier dans le futur les modalités du visa comme il a pu le faire en 2005 ? Va-t-il y avoir une suppression de la restriction à six mois avec le même employeur afin de se caler sur le modèle canadien ? La suppression des 88 jours de travail spécifique pour le renouvellement du visa semble être peu probable puisque l’une des volontés phares du gouvernement est de pallier au manque de 95 Dossier d’outils méthodologiques, p. 24. 96 Dossier d’outils méthodologiques, p. 21. 80 main d’œuvre. Cependant, la durée va-t-elle diminuer ou augmenter ? Le gouvernement va-til étendre les secteurs de travail spécifique possibles, comme dans le tourisme? La prise en compte de travail de volontariat comme à Conservation Volunteers Australia pourrait être également envisagée. - Une tendance durable ? L’évolution du tourisme des jeunes dépend de facteurs extérieurs, à la fois économiques, politiques et socioculturels. L’avenir du Visa Vacances Travail et du tourisme des jeunes en général en Australie dépend également de ces facteurs. Tout d’abord, les programmes de visa vacances travail des pays concurrents sont à surveiller. Si la crise continue et que le Canada ouvre davantage ses portes aux jeunes, à la recherche d’une échappatoire idéale pour trouver un emploi, nous pouvons prévoir une baisse du tourisme des jeunes en Australie. L’ouverture de PVT en Amérique Latine ou encore aux Etats-Unis, destination très prisée des jeunes, pourrait également changer la donne. A l’inverse, si la crise économique se résout en Europe et que la courbe du chômage des jeunes se redresse, les jeunes vont-ils toujours autant se rendre en Australie en VVT ? Tourism Australia devra-t-elle alors revoir sa stratégie marketing autour des jeunes et du VVT ? Voici la réponse de Lidwine Bernardin, France Marketing Manager, Tourism Australia : « Il y eu 20 100 demandes de visa Vacances-Travail pour l'exercice 2011-12, soit une augmentation de 8,4% par rapport à l'année précédente. Les jeunes qui partent en Australie ne cherchent pas forcément à fuir la crise : ils voient plutôt en l’Australie, une terre d’opportunités où ils peuvent vivre de nouvelles expériences. Tourism Australia a développé une stratégie sur le long terme (2020) : le segment des jeunes sur le marché français est celui qui nous semble le plus propice pour atteindre ces objectifs. Néanmoins, Tourism Australia est toujours à l’écoute des tendances de son marché et de son évolution. Si le profil des voyageurs français venait à changer drastiquement et sur une longue période, Tourism Australia pourrait être amené à réorienter sa stratégie.97» 97 Dossier d’outils méthodologiques, p. 20. 81 Le concept du Visa Vacances Travail fait face à des problématiques actuelles et futures mais ne semble pas être encore arrivé à maturité. Pour Julie Meunier, le Visa Vacances Travail en Australie est une tendance durable. « Le PVT a, je pense, de belles années devant lui98». L’avenir du tourisme des jeunes en Australie dépend-il finalement de celui du VVT ? Selon Lidwine Bernardin, « Le tourisme des jeunes sur le marché français n’est pas encore arrivé à maturité contrairement à d’autres marchés. Je pense que les jeunes vont continuer à voyager en Australie mais peut être que dans les années à venir ils voyageront autrement. Tant que l’Australie offrira l’opportunité de voyager et de travailler à ces jeunes à la recherche de nouvelles expériences, les jeunes voyageurs continueront à visiter cette belle destination.99» Les destinations touristiques sont soumises à des tendances et des phénomènes de mode. Le tourisme des jeunes en Australie n’a cependant pas fini de croître et présente des signes de perspective durable. Malgré les nuances que nous avons émises, l’Australie reste la destination préférée des PVTistes mais aussi celle des backpackers de par son côté aventure, ses grands espaces, sa faune et sa flore uniques et sa population accueillante. Le Canada n’a pas encore officialisé les modifications de son visa et l’Australie va continuer à profiter de sa politique d’absence de quotas pour ramener des jeunes touristes dans son pays. La crise économique et le chômage des jeunes frappent toujours l’Europe et la situation va prendre du temps à être redressée. Les jeunes, poussés par la tendance socioculturelle du « gap year », sont de plus en plus séduits par le programme vacances travail. Nous pouvons supposer que l’Australie a encore des années de « monopole » devant elle, en ce qui concerne le tourisme des jeunes et notamment le programme vacances travail. 98 Dossier d’outils méthodologiques, p. 23. 99 Dossier d’outils méthodologiques, p. 21. 82 Conclusion Le tourisme des jeunes évolue et redéfinit le tourisme qui ne se limite plus aujourd’hui au voyage. Voyager et étudier, voyager et travailler, voyager et faire du bénévolat, voilà autant de combinaisons possibles aux vacances des jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui sont une génération mondialisée. Contrairement à leurs parents ou à leurs grands-parents qui naissaient et restaient toute leur vie dans le même pays, la génération Y est une génération du monde. Les jeunes n’ont plus peur de quitter leurs pays et ils y voient au contraire de nouvelles opportunités. Les années à l’étranger sont devenues un réelle tendance socioculturelle et générationnelle. L’Australie, terre lointaine, terre d’accueil est devenue le nouvel eldorado de ces jeunes. Un séjour synonyme d’aventure, de découverte, de rencontres, de formation, de changement et d’avenir professionnel. Destination d’aventure et d’évasion, l’Australie est aussi un pays anglophone au plein emploi qui représente une échappatoire idéale. Ce mémoire se proposait d’étudier les nouvelles pratiques touristiques des jeunes à destination de l’Australie. Le choix de ce sujet s’est révélé pertinent dans le contexte socioéconomique actuel et face à l’engouement croissant des jeunes pour l’Australie. Le cheminement de ce travail nous a amené à comprendre l’articulation, entre d'un coté, les pratiques et les motivations des jeunes touristes, et de l'autre, les attentes et les objectifs du gouvernement australien. Bien qu’ayant des intérêts propres, les motivations des deux acteurs se rencontrent et se complètent. La stratégie marketing de l’Australie définit à la fois les pratiques des jeunes mais elle s’inspire également de leurs attentes et de leurs pratiques pour établir sa stratégie. L’axe de communication fonctionne et sait attirer les jeunes qui font euxmêmes la promotion du pays. Cette adéquation se retrouve notamment sur une pratique commune aux bénéfices communs, le Visa Vacances Travail. Les jeunes grâce au VVT peuvent rester plus longtemps dans le pays et financer leurs voyages à travers l’Australie. Ce travail leur permet d’obtenir une expérience professionnelle à l’étranger et d’améliorer leur anglais. Lors de leur séjour ils ont l’occasion de rencontrer d’autres jeunes et ressortent grandis de cette expérience. Si l’Australie apporte beaucoup à ces jeunes, ces derniers contribuent également au développement du pays et sont des acteurs de l’économie. Le programme du visa vacances travail est un des éléments clés de la politique touristique de 83 l’Australie qui s’articule à une politique plus vaste d’immigration. Ces jeunes viennent combler le manque de main d’œuvre, notamment dans les régions les plus reculées du pays et ils créent également des emplois en dépensant ce qu’ils ont gagné dans le pays. Les différents outils méthodologiques nous ont permis de répondre à cette problématique et de vérifier notre hypothèse de travail. La revue de la littérature préalable nous a permis de poser le cadre théorique nécessaire à la définition de la thématique du sujet et à l’explication des différents termes. Le but était d’identifier tout d’abord le profil des jeunes, leurs motivations au voyage et leurs pratiques touristiques, de manière générale, puis dans le cadre de l’Australie. Les résultats et témoignages du questionnaire en ligne ont permis de renforcer la position des auteurs mais aussi des études quantitatives réalisées par les différents acteurs de l’industrie du tourisme australien, permettant une plus grande objectivité. Les entretiens avec l’organisation Conservation Volunteers Australia nous ont également appris davantage sur les motivations et les pratiques des jeunes. Le choix d’une méthodologie qualitative semblait pertinent pour cerner notre sujet d’étude sociologique. A travers nos entretiens, les divers documents officiels mais aussi notre questionnaire en ligne, nous avons finalement analysé plus en détails le visa vacances travail, pratique favorite des jeunes en ce moment. Quant aux attentes et aux objectifs du gouvernement australien, nous avons pu mettre en lumière la stratégie touristique et économique cachée derrière le programme du visa vacances travail. Si les deux acteurs semblent y trouver leur compte, nous avons cependant évalué les limites d’un tel programme, notamment concernant les difficultés liées au travail une fois sur place, rencontrées par les jeunes. La confrontation des différents points de vue, tout comme la dimension sociologique et anthropologique associée à celle du marketing, a voulu faire de ce mémoire le plus critique possible. Mon parcours personnel et professionnel a permis de donner une voix supplémentaire à ce travail. Mon expérience en tant que jeune touriste en Australie s’est imbriquée en tant que sujet d’étude sociologique et anthropologique, à celle des autres touristes. Ces opinions croisées ont été une volonté d’enrichir ce travail. Ma formation à l’IREST et mon stage professionnel de fin d’études au sein d’une agence de marketing et de communication touristique m’ont permis de donner cette autre dimension marketing au mémoire. En travaillant sur le compte de l’office de tourisme d’Australie, je me suis familiarisée avec la stratégie touristique du pays et j’ai pu finalement observer le phénomène « de l’autre côté » et cela m’a permis d’avoir une vision complète du tourisme des jeunes en 84 Australie. Si mon aventure au bout du monde en tant que jeune touriste s’est terminée, c’est maintenant professionnellement que j’espère la continuer. Ce travail de recherche et notamment les résultats du questionnaire en ligne sont amenés à être diffusés sur le site PVTistes.net et auprès des répondants qui ont montré un grand intérêt pour ce mémoire. Les résultats seront également présentés à Lidwine Bernardin ; Tourism Australia étant toujours intéressé par l’évolution des tendances de son marché. Bien que ce mémoire comporte un double terrain d’étude, il s’est principalement focalisé sur les jeunes, axe privilégié, pour avoir été moi-même ce jeune touriste. Par conséquent, le point de vue de tous les acteurs australiens n’a pas pu être analysé exhaustivement. La politique du gouvernement et la stratégie marketing de l’office de tourisme ont été abordé mais il serait également intéressant par la suite d’interroger les habitants et les jeunes australiens quant à leur sentiment au sujet des backpackers internationaux. Cela permettrait de réfléchir davantage quant au futur durable, ou non, du tourisme des jeunes en Australie. Concernant le devenir du Visa Vacances Travail et du tourisme des jeunes en général en Australie, nous ne pouvons pas émettre d’affirmations, mais des hypothèses sur les problématiques actuelles et à venir ont été soulevées. Le Visa Vacances Travail est pour l’instant un duo gagnant, mais l’Australie doit surveiller ses concurrents et anticiper la croissance continue de backpackers et des problèmes associés. Bien que la situation semble encore perdurer pendant plusieurs années, qu’en sera-t-il sur le long terme? Quelles sont les prochaines évolutions du tourisme des jeunes ? Une destination en remplacera-t-elle une autre ? Une pratique en deviendra-t-elle une nouvelle ? Ce qui est certain, c’est que la nouvelle génération n’est plus une génération statique. Elle bouge, elle découvre le monde, elle évolue. La génération Erasmus ne se contente plus d’aller dans un pays et de revenir. Certaines jeunes délaissent leur pays d’origine au profit d’un autre pays d’accueil. Le contexte géopolitique et économique sera certainement le facteur clé de l’avenir du tourisme des jeunes et de leur futur choix de destination. Les nouvelles pratiques touristiques des jeunes ont soulevé une problématique complexe. Dans un monde de mobilité accélérée et d’intense connectivité, les déplacements humains s’intensifient, que ce soit à des fins de loisirs, de travail ou d’études. La frontière entre le global et le local, l’habitant et le touriste, est aujourd’hui de plus en plus floue et repoussent les limites de la définition du tourisme. Le tourisme des jeunes met ici en exergue le lien entre tourisme et migration des peuples. 85 Bibliographie Ouvrages AMALOU, Pierre., BARIOULET, Hervé., VELLAS, François. Tourisme, éthique et développement. Paris, L’Harmattan, 2001. BENSON, Angela M. Volunteer tourism: theory frameworks to practical applications. Routledge, 2011. BUCHANAN, Ian., ROSSETTO, Allison. With my swag upon my shoulder. Bureau of Tourism Research, Occasional paper No.24., 1997. BUTCHER, Jim. The Moralisation of Tourism. Sun Sand and . . . Saving the World. London, Routledge, 2003. DESVIGNES, Claudine. Tourisme des jeunes (16-25 ans). Les Cahiers Espaces, n° 77, 2003. EADINGTON, William R., SMITH, Valene L. Tourism alternatives. John Wiley and Sons, 1994. HANNAM, Kevin., DIEKMANN, Anya. Beyond Backpackers Tourism: Mobilities and Experiences. 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Juin 2013. 91 Table des figures Figure 1 : Carte de l’Australie (Source : voyagesdecouvertes.co)…………………………...32 Figure 2 : Mapping de la perception des jeunes sur l’Australie (TNS, 2011)……………….38 Figure 3 : Principales activités des jeunes touristes en Australie……………………………40 Figure 4 : Mapping du bilan d’expériences des jeunes en Australie………………………...49 Figure 5 : Profils sociodémographiques des volontaires de CVA…………………………...54 Figure 6 : Tableau croisé sur les motivations des volontouristes……………………………55 Figure 7 : Nombre de Visas Vacances Travail délivrés/accordés aux français en 2012…….75 92 Table des annexes Annexe A : Une journée de volontariat avec CVA…………………………………………..94 Annexe B : Illustration des différentes représentations du backpacker………………………95 Annexe C : Comparaison du territoire de l’Union Européenne et de l’Australie……………96 Annexe D : Etats et Territoire de l’Australie…………………………………………………97 Annexe E : Lieux touristiques en Australie………………………………………………….98 Annexe F : Nombre total de Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières……………………………………………..99 Annexe G : Nombre total de 1er Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières………………………………………...100 Annexe H : Nombre total de 2ème Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières………………………………………...101 Annexe I : Evolution du nombre de Visas Vacances Travail de 1983/84 à 2007/2008…….102 Annexe J : Impact des modifications du visa en 2005 sur les arrivées des backpackers effectuant un VVT………………………………………………………...103 Annexe K : Evolution du tourisme en Australie de 1990 à 2011…………………………...104 Annexe L : Organigramme des organismes officiels du tourisme en Australie….…………105 Annexe M : Carte des PVT accessibles aux français dans le monde……………………….106 93 Annexe A: Une journée de volontariat avec CVA Parc de Rosny, Hobart, Tasmanie – 15/08/12 Source : photos personnelles En orange : Josh, team leader En jaune : Kim, volontaire 94 Annexe B: Illustration des différentes représentations du backpacker Regards croisés de la société, des touristes, de la famille, des amis et de soi-même. Source : http://www.scoop.it/t/what-i-really-do/p/2093332100/backpacker 95 Annexe C : Comparaison du territoire de l’Union Européenne et de l’Australie L’Union Européenne représente 60% du territoire de l’Australie et l’Australie est grande comme onze fois la France. Source : http://www.gregvoyage.ch/australie.php 96 Annexe D : Etats et Territoire de l’Australie L’Australie se compose de 6 états et 2 territoires : l’Australie de l’Ouest, l’Australie du Sud, le Territoire du Nord, le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud, le Territoire de la Capitale Australienne, le Victoria et la Tasmanie. Source : http://www.guide-australie.com/australie-fiche-d-identite.asp 97 Annexe E : Lieux touristiques en Australie Source : planetware.com 98 Annexe F : Nombre total de Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières Source: Australian Government Department of Immigration and Citizenship, Working Holiday Maker visa program report, 31 December 2012 99 Annexe G : Nombre total de 1er Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières Source: Australian Government Department of Immigration and Citizenship, Working Holiday Maker visa program report, 31 December 2012 100 Annexe H : Nombre total de 2ème Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières Source: Australian Government Department of Immigration and Citizenship, Working Holiday Maker visa program report, 31 December 2012 101 Annexe I : Evolution du nombre de Visas Vacances Travail de 1983/84 à 2007/2008 Source: Jeff Jarvis, Working Holiday Makers and the changing market dynamics of the backpacker industry in Australia 102 Annexe J : Impact des modifications du visa en 2005 sur les arrivées des backpackers effectuant un VVT Source: Jeff Jarvis, Working Holiday Makers and the changing market dynamics of the backpacker industry in Australia 103 Annexe K : Evolution du tourisme en Australie de 1990 à 2011 Facteurs extérieurs ayant influencé les arrivées internationales de touristes en Australie Source : Tourism Research Australia 104 Annexe L : organigramme des organismes officiels du tourisme en Australie Source : OCDE, à partir du Département des Ressources, de l’Energie et du Tourisme, 2012. 105 Annexe M : Carte des PVT accessibles aux français dans le monde Source : http://pvtistes.net/le-pvt/ 106 Table des entretiens Nom Steve Bailey Entreprise Conservation Volunteers Australia Fonction Manager, Hobart office Modalités Entretien en face-à-face Lieu Hobart, Tasmanie Date 13/06/12 Durée 40 min Kim Tiemann Conservation Volunteers Australia Volontaire internationale Entretien en face-à-face Rosny (Hobart), Tasmanie 15/08/12 15 min Han Jae Kyeng Conservation Volunteers Australia Volontaire international Entretien en face-à-face Hobart, Tasmanie 16/08/12 15 min Josh Conservation Volunteers Australia Team leader Entretien en face-à-face Hobart, Tasmanie 16/08/12 30 min Julie Meunier PVTistes.net Co-fondatrice du site Entretien par email Paris 10/07/13 Lidwine Bernardin Tourism Australia c/o Article Onze Tourisme France Trade & Marketing Manager Entretien en face-à-face Paris 107 / 12/07/13 1H Table des matières Remerciements ........................................................................................................................... 3 Sommaire ................................................................................................................................... 4 Introduction ................................................................................................................................ 6 Problématique............................................................................................................................. 7 Méthodologie ............................................................................................................................. 8 PARTIE 1 : LE TOURISME DES JEUNES ET SES EVOLUTIONS ............................. 12 I. Ethnologie des jeunes voyageurs ................................................................................... 12 A. Identité et mondialisation .......................................................................................... 12 1) Difficulté de définition du terme............................................................................ 12 2) Un développement influencé par l’environnement externe ................................... 13 B. Une nouvelle génération ............................................................................................ 15 1) Profil des jeunes touristes ...................................................................................... 15 2) Motivations au voyage ........................................................................................... 15 3) Un modèle de tourisme recherché différent ........................................................... 16 II. Un tourisme « autrement » ............................................................................................ 17 Du concept du Tourisme Alternatif… ....................................................................... 18 A. 1) Contexte et émergence ........................................................................................... 18 2) Définitions : Tourisme alternatif mais alternatif à quoi ? ...................................... 19 3) Principaux types de tourisme alternatif.................................................................. 19 … à l’émergence de nouvelles pratiques touristiques ............................................... 20 B. 1) Backpacking ........................................................................................................... 21 - Evolution du terme .................................................................................................... 21 - Des voyageurs indépendants ? ................................................................................... 22 2) Le Programme Vacances Travail : le nouveau backpacking ? .............................. 24 3) Volontourisme ou tourisme volontaire .................................................................. 25 - Evolutions .................................................................................................................. 26 - Les volontouristes ...................................................................................................... 27 4) Tourisme universitaire ........................................................................................... 28 5) Couchsurfing .......................................................................................................... 30 108 PARTIE 2 : L’AUSTRALIE, BOUT DU MONDE PRISE DES JEUNES ....................... 32 L’Australie, nouvel eldorado des jeunes ...................................................................... 33 I. A. Typologie des jeunes voyageurs en Australie ........................................................... 33 1) Tentative de quantification .................................................................................... 33 2) Profil des jeunes voyageurs ................................................................................... 35 - Sources d’informations .............................................................................................. 36 - Prise de décision ........................................................................................................ 36 B. II. Une aventure au bout du monde ................................................................................ 37 1) Un imaginaire pour motivation .............................................................................. 37 2) Une pluralité des pratiques ? .................................................................................. 39 Le Visa Vacances Travail : Voyager et travailler ...................................................... 41 Profil des PVTistes : résultats de l’enquête en ligne ................................................. 44 A. 1) Motivations au départ ............................................................................................ 44 2) Pratiques une fois sur place.................................................................................... 47 3) Bilan de leur expérience......................................................................................... 49 - Comparaison avec la France ...................................................................................... 51 - 2ème VVT ................................................................................................................. 51 B. Etude de cas : Conservation Volunteers Australia .................................................... 52 1) Profil des volontaires ............................................................................................. 54 2) Motivations des volontouristes .............................................................................. 55 PARTIE 3 : LE TOURISME DES JEUNES EN AUSTRALIE : UNE PERSPECTIVE DURABLE ? ........................................................................................................................... 57 I. Un pays favorable au tourisme des jeunes ................................................................... 57 Les jeunes au cœur d’une stratégie économique et touristique ................................. 57 A. 1) Une volonté du gouvernement ............................................................................... 57 - Approche économique ............................................................................................... 57 - Approche touristique ................................................................................................. 58 - Tourisme et Politique d’immigration ........................................................................ 59 2) Tourism Australia et stratégie de promotion ......................................................... 60 - Image de marque ....................................................................................................... 60 - Les jeunes : une cible rentable ................................................................................... 61 B. Une communication pour et par les jeunes ................................................................ 63 1) The Best Jobs In The World .................................................................................. 64 2) Utilisation des blogueurs : les jeunes font eux-mêmes la promotion .................... 66 109 II. Futur des pratiques touristiques des jeunes en Australie......................................... 69 A. Enjeux et limites .............................................................................................................. 69 1) Un malentendu productif ?..................................................................................... 69 2) VVT, l’envers du décor.......................................................................................... 70 - Limites au travail ....................................................................................................... 70 - Backpackers : entre global et local ............................................................................ 72 B. Perspectives ..................................................................................................................... 74 1) Etat de la concurrence ............................................................................................ 74 2) Futur du WHV et du tourisme des jeunes en Australie ......................................... 77 - Marché de l’emploi australien ................................................................................... 78 - Recommandations ..................................................................................................... 79 - Une tendance durable ?.............................................................................................. 81 Conclusion ................................................................................................................................ 83 Bibliographie ............................................................................................................................ 86 Table des figures ...................................................................................................................... 92 Table des annexes..................................................................................................................... 93 Annexe A: Une journée de volontariat avec CVA ............................................................... 94 Annexe B: Illustration des différentes représentations du backpacker ................................ 95 Annexe C : Comparaison du territoire de l’Union Européenne et de l’Australie ................ 96 Annexe D : Etats et Territoire de l’Australie ....................................................................... 97 Annexe E : Lieux touristiques en Australie ......................................................................... 98 Annexe F : Nombre total de Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières ............................................................ 99 Annexe G : Nombre total de 1er Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières ............................................................... 100 Annexe H : Nombre total de 2ème Visas Vacances Travail sous-classe 417 attribués en 2011-2012 et évolution sur 5 années financières ............................................................... 101 Annexe I : Evolution du nombre de Visas Vacances Travail de 1983/84 à 2007/2008 ..... 102 Annexe J : Impact des modifications du visa en 2005 sur les arrivées des backpackers effectuant un VVT .............................................................................................................. 103 Annexe K : Evolution du tourisme en Australie de 1990 à 2011 ....................................... 104 Annexe L : organigramme des organismes officiels du tourisme en Australie ................. 105 Table des entretiens ................................................................................................................ 107 Table des matières .................................................................................................................. 108 Résumé ................................................................................................................................... 111 110 Résumé Le tourisme des jeunes évolue et redéfinit le tourisme qui ne se limite plus aujourd’hui au voyage. La génération Y adopte de nouvelles pratiques touristiques et associe l’utile à l’agréable au cours de son voyage. Le Visa Vacances Travail apparait alors comme la combinaison idéale. L’Australie, terre lointaine, terre d’accueil, est le nouvel eldorado des jeunes à la recherche d’expériences personnelles mais aussi professionnelles. Si l’Australie apporte beaucoup à ces jeunes, ces derniers contribuent également au développement du pays et sont des acteurs de l’économie. Elément clé de la stratégie touristique, le gouvernement australien mise sur le programme du visa vacances travail qui répond à une politique plus vaste d’immigration. Ce mémoire traite de l’adéquation entre les motivations des jeunes touristes et celles du gouvernement australien, au niveau d’une pratique aux bénéfices mutuels, le Visa Vacances Travail. Mots clés : Tourisme des jeunes, Australie, Backpackers, Visa Vacances Travail, Tourism Australia, Stratégie touristique, Manque de main d’œuvre ******* Youth tourism is evolving, redefining tourism which is no longer simply about travel. Generation Y embraces new tourism practices to make their trips useful as well as enjoyable. The Working Holiday Visa appears then as the ideal combination. Australia, distant, welcoming land, is the new Eldorado for young tourists looking for personal as well as professional experiences. Australia meets the needs of young tourists but also benefits from their contribution to the development of the country and economy. The Australian government is focusing on the Working Holiday Visa Program as a key element of the tourism strategy in conjunction with the broader immigration policy. This thesis demonstrates the balance between the motivations of the young tourists and that of the Australian government, developing a mutually beneficial practice, the Working Holiday Visa. Key words: Youth tourism, Australia, Backpackers, Working Holiday Visa, Tourism Australia, Tourism strategy, Skills shortage 111 UNIVERSITE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES DU TOURISME LES NOUVELLES PRATIQUES TOURISTIQUES DES JEUNES A DESTINATION DE L’AUSTRALIE. Enjeux et perspectives du Visa Vacances Travail. DOSSIER D’OUTILS METHODOLOGIQUES Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne MASTER PROFESSIONNEL « TOURISME » (2ème année) Spécialité Economie du Développement Touristique International (EDTI) Par Melle HERAULT Juliette Directrice de mémoire : Mme COUSIN Saskia Membres du jury : ……………………………… :……………………………… :……………………………… Session de septembre 2013 1 Table des outils méthodologiques I. Outils méthodologiques concernant les motivations et les pratiques touristiques des jeunes…………………………………………………………………………………………..3 1.1 Questionnaire en ligne…………………………………………………………………3 1.2 Analyse graphique des résultats ………………………………………………….……6 1.3 Entretiens……………………………………………………………………………..12 - Steve Bailey, Conservation Volunteers Australia………………………………...12 - Kim Tiemann, Conservation Volunteers Australia……………………………….14 - Han Jae Kyeng, Conservation Volunteers Australia……………………………...16 - Josh, Conservation Volunteers Australia…………………………………………17 II. Outils méthodologiques concernant les attentes et les objectifs du gouvernement australien………………………………………………………………………………….….19 2.1 Entretiens……………………………………………………………………………..19 - Lidwine Bernardin, Tourism Australia …………………………………….….…19 - Julie Meunier, PVTistes…………………………………………………………..22 2 I. Outils méthodologiques concernant les motivations et les pratiques touristiques des jeunes 1.1 Questionnaire en ligne Ce questionnaire a été administré aux jeunes français déjà partis en Visa Vacances Travail en Australie pour en savoir plus sur leurs motivations au départ, les pratiques une fois sur place et le bilan de leur expérience. 3 4 5 1.2 Analyse graphique des résultats 115 personnes ont répondu à ce questionnaire ; 60 personnes de sexe féminin et 55 personnes de sexe masculin. Pour l’année 2011-2012, 20 086 français sont partis en VVT en Australie. Bien que cet échantillon ne soit pas exhaustif, il reste cependant représentatif des jeunes français partant en Australie, de par la répartition du sexe, l’âge, les différentes périodes de départ et la situation avant le départ. Les graphiques suivants permettent de synthétiser les témoignages recueillis. Quel âge aviez-vous lors de votre départ? 25 20 15 10 5 0 30 29 28 27 26 25 24 23 22 21 20 19 18 La plupart des jeunes partant en Visa Vacances Travail en Australie ont entre 20 et 25 ans, ce qui correspond à la fin des études supérieures et au début de la vie active. Une seule personne est partie à 18 ans, âge minimum pour partir en VVT, alors que 6 personnes sont parties à 30 ans, âge maximum pour postuler au VVT en Australie. Nous pouvons imaginer que les personnes atteignant l’âge limite veulent utiliser ce visa avant de ne plus pouvoir partir. 6 Quelle était votre situation avant de partir en Australie? 16% Etudiant(e) 32% 8% Salarié(e) Au chômage Autre 44% Il est surprenant ici de voir qu’il y a un nombre plus élevé de salariés que d’étudiants. En effet, nous pourrions penser qu’il est plus facile pour un étudiant de partir au cours ou à la fin de ses études pendant un an en Australie, n’ayant aucune obligation. Cependant, 44% ont quitté leur travail pour vivre cette expérience. Plusieurs personnes qui ont répondu « Autre », effectuaient déjà un PVT dans un autre pays, notamment au Canada. Pourquoi avez-vous choisi l'Australie et non une autre destination proposant un PVT (Programme Vacances Travail) ? Sureté Pas de quotas Expériences d'amis 9,6% 21,7% 25,2% Destination sea surf sun 40,0% Langue anglaise 69,6% L’une des motivations principales est la langue anglaise. Les jeunes savent à quel point il est important de maîtriser l’anglais de nos jours et veulent donc partir dans un pays anglophone. L’Australie est aussi célèbre pour son soleil, ses plages et ses surfeurs et cet 7 imaginaire donne envie de partir aux jeunes. Aujourd’hui, les amis et la famille tout comme les réseaux sociaux et les blogs ont une influence grandissante dans la décision de visiter un pays. L’absence de quotas pour les Visas Vacances Travail en Australie incite également des jeunes qui par exemple n’ont pas pu en obtenir pour le Canada. La sureté reste un facteur moins déterminant, peut-être considéré comme un acquis. Quelle est la raison qui vous a poussé à partir en Australie en Visa Vacances Travail? Pour financer votre voyage Pour faire un break/année sabbatique 34,8% 39,1% Pour voyager autrement 40,9% Pour avoir une expérience professionnelle à l’étranger 40,9% Pour s'immerger dans la vie australienne Pour voyager plus longtemps 51,3% 53,0% Pour améliorer votre anglais Parmi les raisons qui ont poussé les jeunes à partir en Australie en Visa Vacances Travail, nous retrouvons l’anglais, déjà cité auparavant et largement prioritaire. Plus de la moitié des répondants trouve que le VVT est un bon moyen de voyager plus longtemps et de financer leur voyage pour plus d’un tiers. Contrairement à un visa touriste qui autorise à rester 3 mois dans le pays, le VVT permet de ne plus être simplement un touriste mais de s’immerger dans la vie australienne et de voyager autrement. Conscients de leur avenir dans un contexte de mondialisation, les jeunes partent pour améliorer leur anglais mais aussi pour avoir une expérience professionnelle à l’étranger. Enfin, plus d’un tiers des personnes sont parties dans le cadre d’un break, année sabbatique. 8 74,8% La crise économique en France a-t-elle influencé votre décision de partir en Australie en VVT? A quelle date avez-vous débuté votre Visa Vacances Travail en Australie? 25 80% 20 15 10 20% 5 0 oui non Nous observons sur le graphique de droite que la plupart des personnes sont parties en Australie de 2006 à 2012. Pour faire un rapprochement avec la crise économique mondiale, nous avons comptabilisé 88 personnes (sur 115) parties après 2008, année de la crise financière. Sur ces 88 personnes, seulement 18 (20%) ont répondu affirmativement à la question du graphique de gauche. Pour 80% d’entre elles, la crise économique n’a donc pas influencé leur décision de partir en Australie en VVT. Au cours de votre séjour, quelle a été la part de votre temps consacrée au travail comparé aux vacances? 2% 1% 0%/100% 29% 32% 25%/75% 50%/50% 75%/25% 100%/0% 36% Il est intéressant de voir ici comment les PVTistes ont réparti leur temps de travail et leur temps de vacances pendant leur année en Australie. Nous pouvons discerner trois types de PVTistes : ceux qui répartissent leur temps de travail et de vacances de manière égale, ceux 9 qui voyagent plus qu’ils ne travaillent et à l’inverse ceux qui travaillent plus qu’ils ne voyagent. Dans quel(s) secteur(s) avez-vous trouvé un travail? Commercial 8,7% Hôtellerie 20,9% Restauration 45,2% Agricole 48,7% Sans très grande surprise, nous observons que la plupart des PVTistes trouvent un travail dans le domaine agricole et dans la restauration qui sont les jobs les plus répandus en Australie pour les personnes ayant un Visa Vacances Travail. Il est plus difficile de trouver un travail qualifié quand on détient ce type de visa en Australie. Avez-vous fait du fruit picking/woofing en Australie? 61,7% 38,3% oui non Comme nous l’avons vu, près de la moitié des PVTistes (48,7%) trouve un emploi dans le domaine agricole. Le fuit picking et le wwoofing sont très populaires auprès des jeunes en VVT et des backpackers. Depuis 2005, le gouvernement australien permet aux jeunes en VVT de renouveler leur visa à condition qu’ils aient effectué 3 mois de travaux agricoles. 10 L’Australie, manquant de main-d’œuvre a trouvé un bon argument pour faire travailler ces jeunes dans des fermes de régions reculées. Dans le cadre de notre enquête, près d’un tiers (31%) des personnes ayant fait du fruit picking/woofing en Australie, l’ont fait dans le but de renouveler leur visa. Votre expérience du VVT en Australie a t-elle répondu à vos attentes? Oui complétement Oui partiellement non 3% 21% 76% Les résultats de ce questionnaire révèlent une expérience très positive du Visa Vacances Travail en Australie. Dans l’ensemble, les personnes sont extrêmement satisfaites de leur séjour en Australie et le recommande à tous. Avez-vous fait un 2ème VVT en Australie? 17,4% oui non 82,6% Même si les PVTistes ont été ravi de leur VVT en Australie et ont souhaité à un moment le renouveler, plus de 80% ne l’auront finalement pas fait. Le taux de renouvellement du VVT 11 en Australie chez les jeunes est de 18,7% pour l’année 2011-2012, ce qui est très proche du résultat de notre enquête. 17,4% reste tout de même un chiffre significatif de jeunes ayant décidé de passer deux années de leur vie en Australie. 1.3 Entretiens Entretien - Steve Bailey Organisation : Conservation Volunteers Australia Interlocuteur : Steve Bailey Fonction : Manager, Hobart office Date : 13/06/12 Lieu : CVA office, Hobart, Tasmanie Durée: 40 minutes Mode: Face-à-face 1) On the Conservation Volunteers website, in the news section, there is an article of Sarah Nicholson « Holidays with human touch » published in the Sunday Telegraph the 3rd of November, which quotes Joanne Davis, Conservation Volunteers Australia’s Naturewise program manager, who says that 85% of those now travelling with the organization are female. What is the profile of the volunteers in general? (Age, sex, occupation) “I would say that for overseas volunteers it is yes mostly female, from 19 to 30 year old, students or uni degrees people. The local volunteers are older and mostly men.” 2) What do you think is the motivation of young people to volunteer in this programme? “I’d say it is looking at the future, preserve our environment. It empowers people. They want to make a difference.” Do you think it is also a self-centered action? “Not so much, for example, local people mostly focus on their local environment but they also think of the big picture.” 3) How do you train them? 12 “First of all, there is no experience required, no prerequisite to know about environment. We employ team leaders who are going to manage the volunteers and communicate about the mission and brief them about safety and general issues in Tasmania.” 4) What do you think they get from this experience? What about intercultural relationships? “First, interactions with people, being part of a team, doing something, then yes the mix of cultures. But also the fact of going to places they wouldn’t see if they were for example on a bus. This is what we call a grassroots experience, the real key. They go to great locations like national parks or isolated beaches, even sacred aboriginal sites like in the Northern Territory usually not allowed to white people. So this is a personal rewarding and satisfying experience because they make a difference. This is the thing about volunteering, people are really motivated.” 5) Do you think Conservation Volunteers is a form of alternative tourism? How would you describe alternative tourism? “Yes it is. It is a form of ecotourism. It is adventure tourism but with an environmental ethic. It is the tourism of tomorrow. The fact that they come back to check what they have done 2 years ago for example is also very important. This kind of natural adventure attracts young people, like wwoofing quite popular among backpackers.” So what about backpackers, would you say that it is mostly the profile of the volunteers? “Not only but yes we have backpackers. They come to us when they want something organized for a change. We have a volunteer house where they pay a bit and in exchange they have food and participate to projects with us.” 6) How could we make young people more aware of Conservation volunteers and to a larger extent alternative tourism? “We have a woman who deals with nature tours and cooperates with Tourism Australia. We have also someone who goes around the world to promote our product to mainstream tourism like travel agencies and to students as well. But as we are a non governmental organization we don’t have lots of money for marketing. However it works thanks to the good network between young people. There is a Facebook site. Word of Mouth is our most important promotion. It is also related to the different locations and Tasmania for example like NewZealand is well-known because it is an island, because of its landscape. When people watch the news about demonstrations against logging that made them to want to check the place and to help protecting the forest.” 7) Why do you think Australia is a world leading country for this type of tourism? 13 “Australia is famous for its natural environment and its wildlife, very diverse. It is what attracts young people to come here.” 8) What about your role in Conservation volunteers? “I work for Conservation volunteers for 14 years now. I am from Hobart but I worked in the office of Canberra and in New-Zealand as well. I am the one who looks for projects and manage the leader team.” 9) Do you know other people I could talk to? “Sam Robinson at the office in Sydney is a good person to talk to regarding our partnerships.” Entretien – Kim Tiemann Organisation : Conservation Volunteers Australia Interlocuteur : Kim Tiemann Fonction : Volontaire Date : 15/08/12 Lieu : Rosny, Tasmanie Durée : 15 minutes Mode : Face-à-face Profil de mon interlocutrice : Kim est une jeune allemande de 19 ans, volontaire à Conservation Volunteers Australia à Hobart. Elle est en Australie depuis 3 semaines et reste en tout 6 semaines en Tasmanie. Elle a fini le lycée et va commencer une formation d’infirmière à son retour. Elle a commencé son premier projet avec CVA à Launceston, au Nord de la Tasmanie et est maintenant à Hobart jusqu’à la fin de son séjour. 1) What made you join CVA? What are your motivations? “I wanted to go away but doing something at the same time. Also, it is a cheap way of travelling. I didn’t want to be on my own and I wanted something a bit organized unlike backpacking so I looked on internet and I found CVA.” 2) Why Australia and why Tasmania? 14 “I wanted to discover Australia and Tasmania because of its nature, I don’t like big cities.” 3) Is tourism an important part of your motivation? “It is the first reason because I wanted to discover Australia but the environment is also important and linked to my decision of joining CVA.” 4) Do you see it as a one-time involvement act or is there continuity? “It is the first time I do something like that but I would like to do it again in 3 years time maybe again during a study break.” 5) Do you have different tourism practices? You do voluntourism but what about mainstream tourism and the traditional backpacker activities (beach, surf…)? “I mostly like adventure and nature. For example, this weekend I went to Mount Wellington1.” 7) How can we encourage more this kind of tourism? “People are afraid of this way of travelling. The thing is that people don’t know about it, they don’t have enough information. I found it hard to get informed myself and I didn’t know for example I could do CVA not only in Tasmania.” 8) What do you get from this experience? “I feel like I grew old. I experience life on my own. When I first arrived, my plan was late I had to stay an extra unexpected night in Singapore, it was hard. I was homesick at the beginning but it went better and better and now I think it is the best I could have done. I learnt to be confident, to accept myself and school doesn’t teach you that.” 9) What about intercultural relationships? “It’s great because you meet different people: overseas but also locals. At the beginning I didn’t like the fact that I was the only young girl with older local guys, I found it weird but now I think it’s actually good. With CVA I have my own time, I do what I want to do but I am also a member of a group and that is important.” 10) Have you been well prepared/trained/informed about this project? 1 Montagne près d’Hobart 15 “At the very beginning in Launceston they explain you why you’re here and what the project is about. You don’t really know what you’re doing at the beginning and it’s a bit hard but you learn day by day little by little.” 11) Do you know other volunteers I could talk to? “Yes. Han Jae Kyeng.” Entretien – Han Jae Kyeng Organisation : Conservation Volunteers Australia Interlocuteur : Han Jae Kyeng Fonction : Volontaire Date : 16/08/12 Lieu : Conservation Volunteer House, Hobart, Tasmanie Durée : 15 minutes Mode : Face-à-face Profil de mon interlocuteur : Han Jae est un jeune coréen de 21 ans, volontaire à Conservation Volunteers Australia à Hobart. Il est en Australie depuis 2 semaines et il part dans 2 jours. Il n’est resté qu’en Tasmanie. Han Jae fait des études d’ingénieur en environnement au Japon. [Il a mentionné au début de l’entretien que son anglais n’était pas très bon donc j’ai essayé d’adapter mes questions en conséquence et de lui expliquer les différents termes.] 1) What made you join CVA? What are your motivations? “I’ve already volunteered in Japan after the earthquake and I wanted to have another volunteer experience, this time more related to the environment for my major. The Japanese Institution CIEE came to our uni and talked about CVA.” 2) Why Australia and why Tasmania? “Australia because of CVA and Tasmania because my teacher is from Tasmania University and he said that it was a good place for volunteering, for the nature and the environment.” 3) Is tourism an important part of your motivation? 16 He didn’t understand the word tourism so I changed it for “travel” but he said that his main motivation was the environment volunteer experience for his degree and the fact of doing something for other people. 4) Do you see it as a one-time involvement act or is there continuity? It is the second time he volunteers and he said that he met a Japanese friend here who recommended him a good organization in Japan for volunteering so he’ll probably volunteer again. 5) What do you do the weekend? “We went to Mount Wellington [as mentioned Kim] and to the Hasting caves2. Nature is important to me.” 6) Are you happy with your experience? Do you like being with different people? “I am very happy. It is different to meet people from western countries as I come from Asia but it’s great, people are friendly and I met different people from overseas and locals so different cultures. Josh and Kim are like family and I feel good here at the house.” 7) What was your favorite project? “Today, the Bonorong Wildlife Park3.” Entretien – Josh Organisation : Conservation Volunteers Australia Interlocuteur : Josh Fonction: Team leader, Conservation Volunteers Australia, Melbourne office Date : 16/08/12 Lieu : Conservation Volunteer House, Hobart, Tasmanie Durée : 30 minutes Mode : Face-à-face 2 Grotte près d’Hobart 3 Parc naturel près d’Hobart et un des projets de volontariat de CVA 17 Profil de mon interlocuteur : Josh est team leader au sein de Conservation Volunteers Australia à Melbourne. Il a été envoyé en Tasmanie pour un projet de 2 mois. A Hobart, il est l’intermédiaire entre les partenaires de CVA (comme Rosny Landcare) et les volontaires. Il s’occupe surtout de la sécurité. Il travaille pour CVA depuis 8 mois. Il a étudié les sciences de l’environnement à l’Université de Melbourne et a ensuite suivi la formation de CVA pour devenir team leader. Il travaillait auparavant dans la photographie et la publicité et a voulu changer de domaine et contribuer à la protection de l’environnement. 1) Would you define CVA as volunteer tourism? [Surprised] “No I don’t think of tourism at all, just volunteering. Is it? If yes, I didn’t have any idea!” He mentioned that a lot of volunteers are disappointed sometimes about their experience at CVA because they expect to give food to kangaroos and koalas. The project at Bonorong Wildlife Park is good for that and it is besides the favorite of Kim and Han Jae. There is a gap between expectations and meets cause most of the time we plant trees or do weeding. 2) Do you think it is because CVA doesn’t inform the volunteers correctly beforehand? “No I think it’s a general misunderstanding. It’s like tourists; they expect to see kangaroos everywhere in Australia so it is how Australia is generally perceived.” 3) Why do you think there are more young females from overseas and more old men from here? “It is true that regular volunteers are older men and I think it is due to the social aspect. The common bond they have with other men, the same kind of work. The fact of being active, most of them are retired, they like outdoors, gardening so they already know what we are doing. I don’t really know for young girls. Maybe the way we advertise it?” 4) What do you think is the motivation of overseas volunteers? “It is a cheap option to see a country. Conservation is lower in their priorities. The location is important. It is also confiding and reassuring to be with other people like them. There are more overseas volunteers in Melbourne or in big cities/touristic areas. A lot from Hong Kong also before.” 18 II. Outils méthodologiques concernant les motivations de l’Australie 2.1 Entretiens Entretien – Lidwine Bernardin Organisation : Tourism Australia c/o Article Onze Tourisme Interlocuteur : Lidwine Bernardin Fonction: France Trade & Marketing Manager Date : 12/07/13 Lieu : A11 Tourisme, Paris Durée : 1 heure Mode : Face-à-face 1) Pourquoi Tourism Australia cible les jeunes depuis 2010-2011 ? « En réalité Tourism Australia s’intéresse aux jeunes depuis son arrivée sur le marché français fin 2008, mais ce n’est que depuis 2010, qu’elle en a fait sa cible privilégiée. Quand on regarde les statistiques, les jeunes entre 20 et 34 ans représentent plus de 46 000 visiteurs français en 2012 : soit pratiquement plus de 50 % des visiteurs français en Australie. Tourism Australia ne s’est pas simplement reposé sur les statistiques, de nombreuses études post campagnes, et « focus group » ont été conduites afin de mieux comprendre la perception des voyageurs français envers la destination. » 2) Pourquoi cette stratégie autour du VVT? « Le programme de visa Vacances-Travail a été lancé en 2004 en France et a connu une croissance de 144 % ces dernières années alors que la croissance totale des visiteurs en provenance de la France depuis les 5 dernières années est de 32% (2007 - 2012). La croissance provient bien de ces jeunes, qui sont toujours plus nombreux à vouloir faire un Visa Vacances Travail en Australie. » « Le Visa Vacances Travail permet aux jeunes de rester plus longtemps sur place et il est vrai que cette cible dépensera plus au cours de son voyage qu’un voyageur en vacances pour deux semaines. 19 Environ 89% des voyageurs doté d’un visa Vacances-Travail ont entre 20 et 29 ans. Ils appartiennent donc à notre cœur de cible et le Visa Vacances Travail offre beaucoup plus de possibilités qu’un visa de tourisme classique. » 3) Selon vous, quelles sont les motivations des jeunes français partants en VVT en Australie ? « Les jeunes français sont avant tout à la recherche d’une nouvelle expérience. L’aventure, la nature, les opportunités qu’offre la destination ont su séduire ces jeunes. Ce pays associe de multiples facettes qui sont recherchées par cette cible : outre le soleil, c’est un pays anglophone, où il n’y a pas de problèmes sécuritaires. On peut facilement apprendre l’anglais, étudier et/ou travailler et profiter des richesses de l’Australie pour voyager. » 4) Si la crise économique se résout en Europe et que la courbe du chômage des jeunes se redresse, Tourism Australia va-t-elle revoir sa stratégie marketing autour des jeunes et du VVT ? « Il y eu 20 100 demandes de visa Vacances-Travail pour l'exercice 2011-12, soit une augmentation de 8,4% par rapport à l'année précédente. Les jeunes qui partent en Australie ne cherchent pas forcément à fuir la crise : ils voient plutôt en l’Australie, une terre d’opportunités où ils peuvent vivre de nouvelles expériences. » « Tourism Australia a développé une stratégie sur le long terme (2020) : le segment des jeunes sur le marché français est celui qui nous semble le plus propice pour atteindre ces objectifs. Néanmoins, Tourism Australia est toujours à l’écoute des tendances de son marché et de son évolution. Si le profil des voyageurs français venait à changer drastiquement et sur une longue période, Tourism Australia pourrait être amené à réorienter sa stratégie. » « Ce choix de cible est propre à la France, d’autres marchés clés ont eux aussi leur cibles prioritaires en fonction du profil de chaque marché. » Les jeunes reviennent en général très satisfaits de leur expérience en Australie. Cependant le Visa Vacances Travail a aussi ses limites et certains jeunes dénoncent l’envers du décor : « J'ai envie de conseiller à tout le monde d'y aller... malheureusement, ce programme est un peu victime de son succès. En effet, de septembre 2007 à septembre 2008, c'était parfait et lorsque j'ai entamé l'année 2009, j'ai vu la différence avec l'arrivée de la crise en France et des milliers de backpackers débarqués dans le pays, certains aux comportements inadmissibles (vols dans les magasins, tapage nocturne, dégradations diverses...). C’est bien dommage car cela ternit la réputation des français déjà bien amochée et j'ai pu ressentir sur les deux années, un changement de 20 regards des australiens sur les backpackers... Je ne serais pas surprise... si ce n'est pas déjà fait... que des quotas soient mis en place pour la délivrance des visas. 4» « Encore une fois, nous insistons sur le fait que les jeunes doivent être bien préparés avant de partir. Il est essentiel pour les jeunes d’avoir des économies de côté et de s’être renseigné sur les démarches à faire avant de partir et une fois sur place. » 5) La mauvaise image des français en Australie peut-elle avoir une répercussion sur la délivrance de visas aux français ? « Le fait qu'il n'y ait pas de quotas sature le marché du travail de voyageurs prêts à travailler pour rien.5 » « Ce sont deux choses bien distinctes : les visas sont gérés par le gouvernement australien (Department of Immigration and Citizenship) et Tourism Australia n’a aucune influence sur la délivrance des visas. » « La réputation des Français a été mise à mal dans plusieurs articles parus dans les médias. Néanmoins, il ne faut pas faire de généralités sur le cas Français. » 6) Pensez-vous qu’il faudrait mettre en place des quotas ? « Pour Tourism Australia, ceci est un véritable avantage stratégique face à ces concurrents sur cette cible, comme le Canada qui a des quotas sur le Visa Vacances Travail. Le fait qu’il n’y ait pas de quota permet aux jeunes de partir en Australie tout au long de l’année : ce système est plus flexible et il permet aux jeunes d’organiser au mieux leur départ. » 7) Selon vous, quel est l’avenir du tourisme des jeunes en Australie ? « Le tourisme des jeunes sur le marché français n’est pas encore arrivé à maturité contrairement à d’autres marchés. Je pense que les jeunes vont continuer à voyager en Australie mais peut être que dans les années à venir ils voyageront autrement. Tant que l’Australie offrira l’opportunité de voyager et de travailler à ces jeunes à la recherche de nouvelles expériences, les jeunes voyageurs continueront à visiter cette belle destination. » 4 Témoignage issu du questionnaire en ligne 5 Témoignage issu du questionnaire en ligne 21 Entretien – Julie Meunier Organisation : PVTistes.net Interlocuteur : Julie Meunier Fonction: Co-fondatrice du site internet PVTistes.net Date : 10/07/13 Mode : Email 1) Comment expliquez-vous l’engouement des jeunes (français) quant à effectuer un PVT dans un pays étranger ? « Les PVTistes ont des motivations qui peuvent beaucoup varier. Certains ont l’envie de découvrir l’un des pays du PVT depuis des années. Le PVT leur offre la possibilité d’y voyager et d’y travailler sans faire de longues démarches. Certains sont des globe-trotters, nous sommes actuellement en train d’interviewer un PVTiste qui en est à son 5e PVT ! D’autres partent avant de commencer à travailler car ils se disent qu’après, ils n’auront peutêtre pas l’occasion de le faire. D’autres voient le PVT comme une opportunité de faire une pause dans leurs études ou dans leur carrière, d’améliorer leur anglais, de découvrir les différences professionnelles dans leur domaine entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil, etc. Les années de césure sont de plus en plus courantes en France, c’est un phénomène qui ne cesse de s’amplifier (auparavant, c’était surtout une pratique anglo-saxonne). D’autres partent justement pour enrichir leur parcours professionnel d’une expérience intéressante pour les recruteurs, à l’international. Cela dépend des pays et des domaines qui recrutent dans chacun des pays du PVT. Les derniers, je dirais, sont ceux qui partent pour s’installer à plus long terme, en sponsorship en Australie ou en tant que résident permanent au Canada par exemple. Ils testent la vie dans le pays avant d’essayer d’y rester plus longtemps. » « Le Programme Vacances-Travail est, lui aussi, de plus en plus connu et médiatisé : les jeunes se rendent compte qu’il n’est pas aussi compliqué que ça de partir travailler dans un pays hors Union Européenne. » « Le fait que de plus en plus de jeunes partent via le PVT inspire sans doute toujours plus de jeunes et en aide sans doute certains à se jeter à l’eau. » 2) Selon vous, est-ce un phénomène de mode ou une tendance durable ? « Je dirais que c’est une tendance durable. L’expatriation est une chose, le PVT en est une autre. Partir un an avant de faire des études supérieures ou de commencer sa carrière ou faire une année sabbatique d’un an par exemple, surtout avec un permis/visa aussi facile à obtenir, 22 c’est une opportunité accessible à tous. 18 ans ? 30 ans ? Diplômé ? Sans diplôme ? Carrière lancée ? Au chômage ? Il n’y a aucun critère de ce type qui entre dans ligne de compte et tout le monde peut y avoir accès. Le PVT a donc, je pense, de belles années devant lui, d’autant que de plus en plus de jeunes Français semblent intéressés par une année à l’étranger. » 3) Quel est le pays le plus populaire chez les français pour partir en VVT ? « Le pays qui attire le plus de jeunes Français est, loin devant les autres, l’Australie avec environ 20 000 PVTistes en 2012. Le PVT (Permis Vacances-Travail, on ne parle pas de Visa pour le Canada) Canada étant soumis à quota, seuls 6 750 jeunes Français peuvent en bénéficier chaque année. Il est fort probable que les quotas pour l’année 2014 soient revus à la hausse mais le texte officiel de la rencontre entre M. Ayrault et M. Harper il y a quelques mois n’a pas encore été diffusé. Mais nous n’atteindrons sans doute pas les 20 000 PVT accordés. Sans quota, les chiffres du PVT Canada se rapprocheraient peut-être de ceux du VVT australien. » 4) Quels sont les atouts/limites de l’Australie par rapport aux autres pays? « Les atouts : tout dépend de ce que l’on souhaite vivre pendant son PVT. Si on souhaite voyager dans le pays, l’Australie est un endroit magique pour ça. Acheter une voiture ou une van ou, comme je l’ai fait car je n’avais pas de permis de conduire, faire du covoiturage et passer des nuits dans des cars, c’est vraiment super. L’Australie est le PVT de rencontres par excellence, avec des Australiens et avec des voyageurs venus du monde entier. Il y fait beau la majorité du temps. Bref, c’est un PVT qui épanouit beaucoup. Ca a été mon cas et le cas de beaucoup de PVTistes que j’ai rencontrés. » « Les limites : le fait de ne pouvoir travailler que 6 mois pour un même employeur peut être un défaut de ce PVT mais quand on pense qu’avant, c’était 3 mois, on se dit que c’est déjà mieux. D’autre part, ça « force » un peu les gens à bouger, à voir du pays donc c’est un défaut/qualité. Ca reste un défaut pour ceux qui souhaitent travailler dans leur domaine car ils se disent que des employeurs seront sans doute frileux à l’idée de les embaucher pour 6 mois seulement. » « L’autre inconvénient majeur, qui n’existait pas lorsque j’étais en Australie en 2007, c’est qu’il y a de plus en plus de jeunes qui se rendent en Australie et du coup, la concurrence est rude, surtout pour les nombreux Français qui ne parlent pas bien anglais. Les témoignages allant dans ce sens se multiplient, même pour des boulots où l’anglais n’est pas important, notamment le fruit picking. Il y a quelques années, c’était assez facile, en se levant tôt et en passant plusieurs coups de fil tous les jours, de trouver un emploi, quitte à prendre un train ou un avion pour rejoindre une région où on recrute. Aujourd’hui, beaucoup de PVTistes témoignent de leurs difficultés et beaucoup semblent rentrer prématurément, même si ça ne semble pas être une majorité de PVTistes. » 23 « C’est moins facile qu’avant mais c’est encore faisable. Il ne faut pas hésiter à changer de régions, à quitter les régions surpeuplées par les PVTistes et pourquoi pas opter pour du WWOOFing ou du HelpX en cas de pénurie de jobs. Cela permet de vivre une vie à l’australienne, de découvrir de nouveau savoir-faire et de côtoyer une majorité de locaux. » 5) Beaucoup de personnes évoquent la limite d’âge à 30 ans pour postuler au VVT en Australie et aimeraient voir passer la limite à 35 ans comme au Canada. Quelles modifications du VVT Australie préconiseriez-vous? « Ah, le VVT Australie jusqu’à 35 ans, ça en ferait des heureux ! Si la restriction des 6 mois pouvait disparaître, pas mal de gens seraient contents, à part peutêtre les Australiens, ce que je comprendrais. » « Les modifications qui pourraient être faites, selon moi (et j’en mettrai sans doute plus d’un en colère), ce sont les vérifications à la douane australienne. Beaucoup disent partir avec quelques centaines de dollars et ne sont pas inquiets car il n’y a aucune vérification de faite à la douane. Beaucoup d’entre eux risquent de rentrer au bout de quelques semaines (ça a été le cas de quelques personnes qui participent sur notre forum) et je trouve ça dommage. Pourquoi ne pas travailler quelques mois de plus en France avant de partir pour avoir plusieurs milliers d’euros sur son compte et pouvoir subvenir à ses besoins en cas de recherche de travail laborieuse. » « J’ai lu un article ce matin, dans lequel un couple expose ses difficultés. Beaucoup de leurs remarques étaient pertinentes mais l’une d’entre elle m’a gênée : ils ont dit avoir eu un accident de voiture et d’avoir été dans une situation inconfortable car ils étaient partis sans assurance. Dans le texte de l’accord visa vacances-travail signé entre la France et l’Australie, une assurance voyage est exigée, mais sur le site du gouvernement australien, elle est simplement « highly recommended ». Nous avons souvent des échos de drame et je pense qu’il serait nécessaire que pour ce visa, comme c’est le cas de tous les autres PVT, des vérifications soient faites au niveau des économies et de l’assurance. » 6) On parle en ce moment de l’envers du décor du VVT en Australie. Quelles comparaisons pouvez-vous faire des expériences des PVTistes des différents pays et notamment des pays concurrents (NZ, Canada) ? « La NZ attire moins de jeunes, environ 3 000 ou 4 000 par an donc on en entend moins parler, aussi bien pour ses côtés positifs que pour ses côtés négatifs. Le pays a été moins vendu que l’Australie par les médias, du coup il est moins « cassé ». L’Australie et le Canada ont été présentés comme des Eldorados par les médias et les 2 pays en subissent aujourd’hui les conséquences avec des articles parfois très durs. » « Je sais que la recherche de boulot peut aussi être difficile en Nouvelle-Zélande et que les paies sont moins élevées qu’en Australie. Mais le pays a l’avantage d’être beaucoup plus petit 24 que l’Australie, il est donc facile de découvrir tout le pays sans se dépêcher ou se ruiner en frais de transport. » « Mais c’est un PVT pour lequel on n’entend pas qu’il y a « trop de Français » comme c’est le cas en Australie. » « Le PVT Canada a le gros avantage d’être un PVT francophone, anglophone ou bilingue, au choix du PVTiste. Les opportunités professionnelles peuvent y être excellentes selon le domaine dans lequel on travail. C’est le gros atout. Ensuite, il est plus ou moins facile d’y rester après un PVT grâce à d’autres permis relativement faciles à obtenir lorsqu’on a une offre d’emploi dans son domaine. Les PVT Australie et NZ sont plus vus comme des PVT voyage, évasion, année entre parenthèse, etc. » « Le Canada est vu comme un PVT identique aux 2 précédents ET comme un PVT où on peut travailler dans son domaine et bien gagner sa vie. » 7) Quel est selon vous l’avenir du PVT en Australie et dans le monde ? « J’imagine qu’il va y avoir d’autres PVT, notamment en Amérique latine et un certain nombre de Français attendent ces nouvelles destinations. » « Pour que le PVT Australie reste une réussite, il serait sans doute intéressant que des vérifications régulières soient faites au niveau des économies des voyageurs (même si certains savent très bien voyager avec peu d’argent, c’est ça qui est dérangeant, certains prévoient de faire du WWOOFing, de camper, etc. et n’auront pas besoin d’autant d’argent que les autres). » « Mais c’est vrai que ce serait dommage qu’après avoir fait vivre des années inoubliables (comme ça a été mon cas) à des milliers de jeunes, ce PVT soit perçu comme un plan galère qui ne vaut pas la peine d’être vécu. » « L’idée de permettre un 2nd WHV aux personnes qui travailleraient dans le tourisme et pas uniquement dans le fruit picking, pourrait être une très bonne idée ! » 25 Le Visa Vacances-Travail en Australie Un duo gagnant ? Juliette HERAULT Etudiante en Master 2 Economie du Développement Touristique International (EDTI) IREST - Université Paris 1 Panthéon Sorbonne ([email protected]) Le Visa Vacances-Travail a attiré plus de 200 000 jeunes en Australie en 2012. Véritable engouement du moment, cette nouvelle façon de voyager permet aux backpackers de rester plus longtemps dans le pays tout en finançant leur séjour. Si l’Australie représente un eldorado pour ces jeunes, ces derniers rapportent eux des milliards de dollars au pays chaque année. Moteur de l’économie régionale et créateur d’emplois, l’Australie n’est pas prête de faire l’impasse sur son Visa Vacances-Travail. Face à la tendance socioculturelle du « gap year » et au contexte économique actuel, l’Australie n’a jamais autant attiré les jeunes. Le pays a tout à offrir à cette nouvelle génération avide d’aventure et d’expériences, et ce n’est sans compter son Visa Vacances Travail. Le département de l’immigration australienne définit le Visa Vacances Travail (VVT) en tant que programme qui autorise les personnes de 18 à 30 ans à profiter de vacances prolongées en Australie tout en finançant leurs voyages par des petits boulots. Ce dernier a pour objectif de favoriser le développement social et culturel des jeunes et de promouvoir la compréhension mutuelle entre l’Australie et les autres nations. Mis en place en 1975 avec trois pays signataires, le 1 programme a connu une croissance exponentielle. Il compte aujourd’hui 19 pays partenaires et 214 644 visas ont été délivrés en 2011-2012 (184 143 pour un premier VVT et 30 501 pour un deuxième VVT). L’année 2012-2013 affiche déjà un début très prometteur. On retrouve parmi les principaux pays d’origine des détenteurs du VVT, le Royaume-Uni, la Corée, l’Irlande, l’Allemagne, Taiwan et la France, avec plus de 20 000 jeunes. Le programme du Visa Vacances Travail a été lancé en 2004 en France et a connu une croissance de 144% ces dernières années. Qu’est-ce qui attire autant ces jeunes ? Une enquête menée auprès de jeunes français déjà partis en Visa Vacances Travail en Australie, a révélé les motivations de ces jeunes pour cette nouvelle pratique (Cf. graphique)i. Conscients de leur avenir dans un contexte de mondialisation, les jeunes partent pour améliorer leur anglais mais aussi pour avoir une expérience professionnelle à l’étranger. Contrairement à un visa touriste qui autorise à rester trois mois, les jeunes peuvent dorénavant rester de un à deux dans le pays et financer leurs voyages à l’aide de petits boulots. Le VVT correspond à cette nouvelle génération de backpackers qui ne souhaitent plus être de simples touristes mais bien des acteurs de leur séjour. L’étude révèle que la majorité des jeunes ont entre 20 et 25 ans et sont des étudiants ou en début de vie active. Plus des trois-quarts des PVTistesii reviennent extrêmement satisfaits de leur séjour en Australie, synonyme d’aventure, de découverte, de rencontres, de formation, de changement et d’avenir professionnel. Motivations des jeunes Pour financer le voyage Pour faire un break/année sabbatique Pour voyager autrement Pour avoir une expérience professionnelle à l’étranger Pour s'immerger dans la vie australienne Pour voyager plus longtemps Pour améliorer l'anglais PROMOTION ET STRATEGIE TOURISTIQUE L’Australie a une image de marque forte et une stratégie marketing basée sur la différenciation : There’s nothing like iii Australia . Cette stratégie définit à la fois les pratiques des jeunes mais elle s’inspire également de leurs attentes et de leurs pratiques pour établir son axe de communication. Forte de ses atouts naturels et culturels et de son mode de vie australien, l’Australie sait faire rêver les jeunes. Sa dernière campagne marketing proposait d’ailleurs de remporter les six meilleurs jobs du monde ! La campagne, d’une valeur de 4 millions de dollars australiens, était avant tout une campagne de sensibilisation autour du Visa Vacances Travail. 2 34,8% 39,1% 40,9% 40,9% 51,3% 53,0% 74,8% Pari réussi pour l’Australie qui a su faire parler d’elle et déclencher un « buzz » médiatique. Plus de 330 000 personnes de plus de 196 pays ont postulé aux six meilleurs jobs du monde. La France a été le 4ème marché en termes de candidatures avec plus de 60 000 français ayant exprimé leur intérêt. Une jeune française a finalement décroché un des six jobs de rêve et sera Guide Ranger dans l’état du Queensland pendant six mois, pour un salaire équivalent à 80 000 euros. Belle vitrine pour l’Australie qui mise sur la crise économique mondiale et le taux de chômage élevé chez les jeunes, qui touche sévèrement l’Europe, un de ses plus importants marchés du Visa Vacances Travail. L’Australie est « vendue » aux jeunes comme un eldorado, un pays au plein emploi qui représente une échappatoire idéale. Le Ministère du tourisme australien a établi en 2011 la stratégie nationale du tourisme à long terme, vision 2020, dont l’objectif est d’accroître les dépenses des touristes à 140 milliards de dollars. L’Australie a enregistré pour l’année 2012, 6,1 millions de visiteurs internationaux et 31,4 milliards de dollars de dépenses touristiques. Les jeunes représentent quant à eux un quart des arrivées internationales de touristes en Australie et rapportent 12 milliards de dollars australiens. Les jeunes en Visa Vacances Travail rapportent tout particulièrement à l’économie australienne (2,5 milliards de dollars) car ils restent plus longtemps et dépensent davantage. A travers leurs dépenses, estimées à 13 000 dollars, les jeunes créent de l’emploi. 1 000 jeunes en VVT créeraient 6 emplois à temps complet. Afin de répondre à l’un des six objectifs de la stratégie à 2020, l’Australie cherche à attirer les jeunes à venir en Visa Vacances Travail afin de pallier au manque de main d’œuvre. Le pays a donc augmenté les immigrations temporaires au sein de ses frontières, pour accroître les bénéfices économiques du tourisme et soutenir son marché de l’emploi. MARCHE DE L’EMPLOI AUSTRALIEN Afin de combler la pénurie de main d’œuvre et les 36 000 emplois vacants à travers le pays et notamment les régions les plus reculées, l’Australie a besoin des backpackers internationaux pour occuper ces postes vacants, délaissés par les jeunes locaux. Une étudeiv a démontré que si la force de travail que représentent les PVTistes venait à disparaître, seulement un quart des postes qui se libéreraient, seraient occupés par les jeunes australiens. Les modifications du Visa Vacances Travail en 2005 sont à l’origine de cet objectif. Les jeunes peuvent maintenant renouveler leur visa pour un an à condition d’effectuer 88 jours de travail dans une région provinciale d’Australie et dans un secteur spécifique (agriculture, horticulture, sylviculture, exploitation minière, construction et pêche). Le fuit picking et le wwoofing sont devenus très populaires auprès des backpackers, pour le plus grand plaisir de l’Australie. Dans le cadre de l’enquête auprès des jeunes déjà partis en VVT, 45% des français 3 ont trouvé du travail dans le domaine de la restauration et 49% dans le domaine agricole. Près d’un tiers (31%) des personnes ayant fait du fruit picking/woofing ont déclaré l’avoir fait dans le but de renouveler leur visa. Selon Weller et al (1999)v, les employeurs proposent du travail à temps partiel ou occasionnel pour obtenir une plus grande «flexibilité numérique» selon les fluctuations du marché qui varient selon les saisons, les jours et les heures. Les PVTistes sont destinés à ce type de travail à temps partiel ou occasionnel. Ils ne peuvent également travailler plus de six mois avec le même employeur. Si la plupart des jeunes sont satisfaits de leur expérience du VVT en Australie, certains PVTistes rencontrent des difficultés pour trouver du travail une fois sur place. Certaines entreprises sont réticentes à former des backpackers car ils ne restent pas longtemps sur place. A cause de leur trop faible niveau d’anglais, certains français ont souvent du mal à trouver du travail. La croissance continue d’arrivées de jeunes du monde entier a également installé une concurrence entre les backpackers. Si les jeunes voient en l’Australie un eldorado et espèrent trouver un emploi dans leurs domaines d’études, le pays se sert avant tout des PVTistes comme d’une main d’œuvre bon marché. Le Visa Vacances Travail est un outil pour faciliter l’immigration temporaire et non permanente. UNE TENDANCE DURABLE ? L’Australie n’est pas le seul pays à proposer un Visa Vacances Travail. Les concurrents directs de l’Australie sont le Canada et la Nouvelle-Zélande mais des pays comme le Japon, la Corée du Sud, et plus récemment l’Argentine, sont également à surveiller (Cf. tableau). Le Canada commence tout particulièrement à faire de l’ombre à l’Australie. Véritable course aux PVT, les français s’arrachent les places limitées chaque année. Le PVT Canada détient plusieurs avantages sur l’Australie : l’âge limite reculé à 35 ans, l’absence de restrictions au niveau du travail et bientôt l’allongement du visa à deux ans sans obligation de travail dans un domaine spécifique pendant 3 mois. Le Canada a toujours l’inconvénient de posséder des quotas mais si le pays continue d’augmenter le nombre de places, il pourrait représenter une réelle menace. Si l’Australie ouvre ses portes à l’immigration temporaire, sa politique migratoire permanente est beaucoup plus stricte. A l’inverse, il est plus facile de rester au Canada à la suite de son PVT et de pouvoir travailler dans son domaine. Face à la crise actuelle et la volonté des jeunes de faire une carrière à l’internationale, cela pourrait jouer en faveur du Canada. Le gouvernement australien va-t-il modifier dans le futur les modalités du visa Etat de la concurrence Nombre de VVT délivrés/ accordés aux français en 2012 Australie Canada 20 086 (2012) 6 750 (quotas) Augmentation à 13 750 places dans les prochaines années Prix du Conditions Durée du visa d’éligibilité visa Conditions de travail 1 an renouvelable Travailler jusqu’à 6 2 ans sous mois avec le même conditions employeur 290 18-30 ans 120 18-35 ans 1 an Pas de restrictions Allongement à 2 ans pour 2014 NouvelleZélande 6 000 (2011) 105 18-30 ans 1 an Japon 1 500 (quotas) Gratuit 18-30 ans 1 an Corée du Sud 2 000 (quotas) Gratuit 18-30 ans 1 an Argentine 500 (quotas) Gratuit 18-30 ans 4 1 an Postes permanents interdits Secteurs interdits : bars et boîtes de nuit Secteurs interdits: divertissement, droit (avocat), médecine, aviation, journalisme, ingénierie et enseignement Pas de restrictions pour s’aligner sur la concurrence ? Le grand avantage de l’Australie sur ses concurrents est l’absence de quotas. Mais le pays ne va-t-il pas devoir revoir à long terme sa politique de distribution de visas au vue de la croissance des arrivées et de la concurrence entre backpackers pour trouver du travail ? Le Visa Vacances Travail est pour l’instant un duo gagnant, à la fois pour les jeunes et pour l’Australie. Chabloz (2007)vi parle de « malentendus productifs » selon le concept de Marshall Sahlins, dans la mesure où une situation « implique des objectifs et des logiques différents, mais aussi un accord sur une pratique commune qui apporte à chacun des avantages, parfois au détriment des finalités de la pratique concernée. » Le tourisme des jeunes en Australie pourrait ici être entendu comme un malentendu productif dans la mesure où les jeunes et le gouvernement australien, bien qu’ayant des objectifs et des logiques différents, s’accordent sur une pratique commune. Ici, le Visa Vacances Travail apporte à chacun des bénéfices économiques, politiques, culturels et symboliques. Cependant, la pratique comporte également ses limites. L’Australie doit surveiller ses concurrents et anticiper la croissance continue de backpackers et des problèmes associés. **** Malgré ces réserves, le Visa Vacances Travail en Australie présente des signes de perspective durable. L’Australie demeure la destination préférée des backpackers, de plus en plus séduits par le programme du visa vacances travail. Le pays va continuer à profiter de sa politique d’absence de quota tout en s’appuyant sur sa stratégie marketing touristique pour ramener des jeunes touristes dans son pays. Moteur du développement économique du pays, l’Australie n’est pas prête de faire l’impasse sur son Visa Vacances Travail, qui semble encore avoir de belles années devant lui. ■ ___________________________________________________________________________ v In Webster & Harding, The Working Holiday Maker Scheme and the Australian labour market. Melbourne Institute of Applied Economic and Social Research, University of Melbourne. August 2001. vi Chabloz Nadège, « Le malentendu » Les rencontres paradoxales du « tourisme solidaire ». Actes de la recherche en sciences sociales, 2007/5 n° 170, p. 32-47. i Questionnaire en ligne auprès de 115 jeunes partis en VTT en Australie. In Herault, Juliette. Les nouvelles pratiques touristiques des jeunes à destination de l’Australie. Enjeux et perspectives du Visa Vacances Travail. 2013. ii Appellation pour désigner un détenteur d’un Programme Vacances Travail iii L’Australie comme nulle part ailleurs en français iv Webster & Harding, The Working Holiday Maker Scheme and the Australian labour market. Melbourne Institute of Applied Economic and Social Research, University of Melbourne. August 2001. 5