I/ Les formes du mythe

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I/ Les formes du mythe
Conférence d’Histoire du vendredi 20 décembre 2002 – Sciences-Po Fiche de lecture – Omer Laurin
Garibaldi
de Jérôme Grévy
Introduction :
De par son rôle majeur dans l’Histoire de l’Italie, Giuseppe Garibaldi a fait l’objet
d’innombrables études historiques (bien que le caractère scientifique de certaines puissent être
mises en doute) ; et alors que la vie du « héros des deux mondes » ne semble plus présenter de
zones d’ombres majeures, Jérôme Grévy, historien, maître de conférence en Histoire
contemporaine à l’IUFM de Poitiers et Directeur du Premier cycle de l’IEP de Paris à Poitiers
ainsi que chercheur associé au CHEVS se démarque de l’historiographie garibaldienne en
adoptant une nouvelle démarche mettant en son centre le mythe garibaldien à l’insu du
personnage lui-même.
C’est en tant que spécialiste de l’Histoire politique sous la Troisième République et du
radicalisme que Jérôme Grévy, s’attelant à l’étude de la culture politique des républicains en
Italie a pris connaissance de l’objet d’étude qu’est le mythe garibaldien en tant que matériau
historique évolutif. L’ouvrage intitulé Garibaldi, publié en novembre 2001 découle de cette
approche et relève d’une démarche qu’il convient de souligner.
En effet, celle-ci s’intéresse au problème de l’interprétation historique, partant de la
constatation que Garibaldi fut « tour à tour sacralisé, adulé puis rejeté, banni ». Jérôme Grévy
considère ainsi que c’est le mythe, impact de la vie de Garibaldi sur le plan culturel, qui donne
à Garibaldi sa valeur historique, à l’opposé de ceux qui cherchent à démystifier Garibaldi pour
atteindre la Vérité sur Garibaldi. L’analyse de la démarche adoptée révèle ainsi un véritable
parti pris épistémologique et philosophique qui a renoncé à établir la Vérité dans les faits au
profit de la conception de l’Histoire comme une science ayant pour finalité de donner un sens
aux événements. Et conférer un sens à Garibaldi suppose que l’on dépasse aisément le cadre
strict de sa vie.
L’ouvrage de Jérôme Grévy est divisé en deux parties qui se distinguent par
l’approche qui est faite du mythe : la première intitulée les formes du mythe porte sur
l’évolution du mythe dans sa globalité, alors que la deuxième analyse certains aspects du
mythe et relève d’une approche thématique, sous le titre Enjeux garibaldiens.
I/ Les formes du mythe
Cette partie de l’ouvrage retrace rétrospectivement la vie du mythe, de sa genèse au cours
des premières années de la vie d’adulte de Giuseppe Garibaldi à sa forme actuelle. L’ouvrage
de Jérôme Grévy permet de concevoir cette évolution par période : le mythe, du vivant de
Garibaldi [regroupant les trois premiers chapitres La fabrication du Héros (1835-1859),
L’apothéose (1860-1882) et Le mythe garibaldien hors d’Italie] ; puis l’évolution du mythe
jusqu’à nos jours [regroupant les chapitres Combats pour la mémoire (1880-1907) ; La
transformation des enjeux (1907-1945) ; et enfin les Flux et reflux du mythe (1945-2000).]
C’est en suivant les étapes de sa construction que le mythe révèle sa constitution et peut
être appréhendé.
A/ Le mythe, du vivant de Garibaldi
La naissance du mythe s’apparente à une construction progressive s’étant fondée sur une
conjoncture politique et sociale. Quelle est la part de celle-ci dans la formation du mythe ?
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- L’étude des premières années de la vie de Garibaldi
montre comment les
conditions nécessaires à la naissance du mythe étaient préexistantes chez Garibaldi, ce qui
permet d’affirmer que Garibaldi a pu incarner certaines convictions et certaines valeurs
répandues au sein du mouvement révolutionnaire mazzinien (qui veut une Italie unifiée et
républicaine).
C’est l’exil et la condamnation à mort par contumace découlant de l’échec d’une
mission confiée à Garibaldi par Mazzini qui pose les prémices du processus d’héroïsation en
1834, alors que le jeune homme n’a que 26 ans.
L’historien met en perspective les diverses interprétations quant aux conditions
d’émergence du mythe, révélant l’aspect rétrospectif des travaux biographiques réalisés sur
Garibaldi. C’est l’incertitude même laissée par Garibaldi dans ses Mémoires et le peu
d’informations sur cette époque qui permet la mise en concurrence de plusieurs thèses entre
lesquelles Jérôme Grévy tente de voir clair pour pouvoir apprécier la part de fabrication dans
le mythe. Celui-ci apparaît alors comme une construction réalisée au sein des milieux
révolutionnaires qui voyaient en Garibaldi « un chef potentiel pour la cause de la
Révolution ». De plus le mythe a trouvé d’autant plus d’amplitude et de capacité à se répandre
que « C’est durant son absence que naquit le mythe ».
- Le « héros des deux Mondes »
Le mythe trouve une ampleur internationale à la suite des faits d’armes de Garibaldi en
Amérique Latine (bataille de San Antonio del Salto) et à la suite de la participation de
Garibaldi aux combats en Lombardie contre l’occupant autrichien. La renommée
internationale de ces actions confère au mythe garibaldien son échelle universelle ; et d’autre
part de nouveaux aspects viennent compléter le mythe : le mariage de Garibaldi et la
naissance de Riciotti, puis la mort de sa femme Anita donnent au mythe un aspect humain
voire romantique. D’autre part, l’ampleur des événements et la nouvelle dimensions du mythe
ont suscité des tentatives de récupération du mythe qui ont eu pour effet de le renforcer, en
créant une large adhésion autour du personnage de Garibaldi ; et ce mouvement de sympathie
se répand également à l’étranger avec par exemple en Angleterre une véritable
Garibaldimania. Le mythe se renforce également par le fait que Garibaldi a su dépasser toutes
ces récupérations idéologiques et s’en servir comme tremplin pour mener à bien ses propres
initiatives. L’ouvrage de Jérôme Grévy souligne cette ascension en mêlant étroitement
l’analyse de la vie de Garibaldi et l’analyse du mythe lui-même. Se dégage alors un ensemble
de valeurs propres à Garibaldi qui assoient le mythe (à l’image du « poncho et de la chemise
rouge »). Ces années de la vie de Garibaldi sont analysées comme « porteuses de sens, elles
disaient l’universalité de l’engagement et des valeurs défendues par les révolutionnaires
italiens ».
- L’apothéose du mythe (1860-1882)
Le mythe, devenu autonome et puissant par sa diffusion au travers de nouveaux supports
(biographies, Hymne, représentations imagées) a aussi eu une influence sur les actions de
Garibaldi qui s’en servit pour mener à bien son entreprise d’unifier l’Italie, réalisée avec
l’expédition des Mille. Jérôme Grévy souligne ainsi que « la pression de l’opinion publique
internationale pesa un poids considérable dans la réussite même de l’aventure romanesque ».
Le mythe développe également de nouvelles dimensions en entrant dans une représentation
manichéenne populaire empruntant au romantisme politique. La force du mythe est ainsi
accrue du fait que Garibaldi est concernée comme l’incarnation de la Révolution, ce qui est à
rapprocher du concept de Grand Homme établit par Hegel dans La Raison dans l’Histoire, ce
qui suggère que Garibaldi matérialise la volonté populaire. Le mythe trouve des échos au sein
de tous les nationalismes européens (Hongrie, Bulgarie, Allemagne). Le mythe garibaldien
apparaît alors comme un des grands mythes fondateurs de l’Italie, même si ces fondements
mazziniens semblent largement remis en cause par l’adhésion de Garibaldi à la monarchie
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(rencontre de Teano avec Victor-Emmanuel II). Le mythe vient également être complété par
l’intégration de la vie privée de Garibaldi, apportant les idées de simplicité et d’authenticité.
Ceci implique une relecture totale du mythe. Garibaldi incarne alors l’honneur de la Patrie et
ses arrestations par les autorités lui apportent un statut de martyr.
D’autre part, il faut considérer la nature du mythe : « Homme entier, il fut martyr de la
politique, de la diplomatie secrète, des compromis et des négociations », conception qui
permet au peuple de reconnaître en Garibaldi un des siens, en opposition à Mazzini, Cavour et
Victor-Emmanuel II. Le rapport de Garibaldi à la foule montre l’ambivalence de la nature du
mythe : proximité et démarcation, homme du peuple et héros, vision qui place la vie de
Garibaldi dans le genre romanesque. Sa mort donne ainsi lieu à une communion nationale
autour du personnage largement relayée à l’étranger ; le mythe garibaldien est alors devenu un
élément incontournable de la vie et de la politique italienne et à un moindre degré mondial.
En voulant évaluer la distance du mythe avec la « réalité », Jérôme Grévy reste
néanmoins prisonnier d’une démarche visant à séparer le vrai du faux, et l’on peut douter que
les éléments de « réalité » dégagés puissent s’extraire du mythe. Néanmoins, face à un objet
aussi complexe que le mythe garibaldien, des repères historiques s’avèrent nécessaires.
B/ L’évolution du mythe de la mort de Garibaldi à nos jours (1882-2000)
La mort de Garibaldi marque une étape décisive de l’évolution du mythe : désormais
celui-ci s’appuie sur un objet fini et seuls les problèmes d’appréciation et d’interprétation
semblent permettre au mythe une quelconque évolution. Néanmoins, ces évolutions sont loin
d’être anecdotique en tant que le mythe garibaldien constitue désormais un véritable repère de
la culture politique italienne, impliquant un système de valeurs que les différents mouvements
politiques vont chercher à s’approprier ou à critiquer.
- La période suivant la mort de Garibaldi (1882-1907) donne lieu à un combat pour
la mémoire qui se décline comme le souligne Jérôme Grévy en « rivalités, récupérations et
réappropriations mouvementées ». Le symptôme le plus significatif de ce combat est l’enjeu
de la commémoration : chaque cérémonie ou chaque monument à la gloire de Garibaldi est
porteur d’un sens qui relève d’une interprétation du mythe garibaldien.
En premier lieu l’Etat cherche à se légitimer en s’appropriant le mythe garibaldien et en
conférant au héros un statut de grand homme de la nation, de « génie tutélaire du pays, qui
veillerait sur lui ».
Néanmoins, cette version nationale du mythe est contestée par les différents mouvements
politiques qui veulent s’approprier l’image du héros : ces luttes révèlent l’apparition de
plusieurs mythes coexistants, comme le souligne l’auteur en remarquant que « ce n’est pas le
même homme que les uns et les autres entendaient célébrer ».
D’autre part, la dimension prise par le mythe garibaldien et la volonté de légitimer l’unité
du pays sont à l’origine de la mise en place d’une véritable « religion civique » au sein de
laquelle les pères fondateurs de la nation sont réconciliés. La recherche d’un consensus
s’heurte aux divergences partisanes et la commémoration apparaît essentiellement comme un
révélateur des désaccords.
En soulignant les divergences de commémorations, Jérôme Grévy dresse un tableau des
mouvements politiques de l’époque ; et le mythe garibaldien affirme sa valeur historique en
tant qu’il propose une grille de lecture de l’Italie à cette époque. Il met ainsi en évidence une
société à la recherche de repères, en remarquant que « chaque cité voulut marquer dans
l’espace le témoignage de sa reconnaissance et de son admiration » et que les représentations
du personnage se multipliaient, soulignant l’idée d’une fidélité à la mémoire garibaldienne.
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-La période située entre la commémoration du centenaire de naissance de
Garibaldi et la fin de la Seconde Guerre mondiale donne lieu selon Jérôme Grévy à une
nouvelle dynamique de l’évolution du mythe, avec la mise en place de sens nouveaux
conférés au personnage, « en fonction des nouveaux enjeux du XXème siècle ».
En effet, le mythe garibaldien se trouve déchiré entre des projets politiques très distincts,
dépassant la simple lutte de l’héritage des valeurs. L’analyse de la montée des mouvements
irrédentistes puis fascistes transparaît à travers les nouvelles valeurs attribuées au mythe
garibaldien : l’accent est mis sur le « rapport célébrativo-messianique » qu’entretient le peuple
avec la figure garibaldienne, ainsi que sur la force de la civilisation que celle-ci incarne ; à
l’opposé de la valeur de démocratie universelle soutenue par les opposants à ces mouvements.
Jérôme Grévy souligne cet antagonisme croissant entre les mémoires et montre le double
effet du mythe : à la fois révélateur de la vie politique italienne, et à la fois normatif dans la
mesure où il contribue largement à son évolution, en tant qu’il apparaît comme un enjeu
majeur pour les mouvements politiques de l’époque.
- De 1945 à nos jours, le mythe prend une nouvelle tournure plus démocratique
que nationaliste, légitimant la nouvelle classe politique issue de la guerre (volonté de se situer
dans la continuité du Risorgimento et de trouver un soutien populaire). Jérôme Grévy
souligne cette utilisation du mythe en rattachant ses différentes facettes aux besoins du
régime : «.. on voulut témoigner de l’universalité du personnage en invitant aux cérémonies
officielles les partenaires de l’Italie, mais les commémorations furent en fait un prétexte
culturel pour réaffirmer les liens entre les Etats ». Seules certaines parties du mythe
subsistèrent, et ce, en raison d’une double aliénation : d’une part, l’Etat a utilisé le mythe
selon son utilité, et d’autre part, en réaction, s’est opérée une démystification uniquement
apparente.
Jérôme Grévy pose ici un regard critique sur toute une partie de l’historiographie
garibaldienne qui s’est laissée enfermer dans le mythe comme il le souligne avec « Le
processus ne constitua donc pas à proprement parler une démystification, mais plutôt une
démilitarisation et une déshéroïsation », ce qui lui permet de justifier sa démarche.
C’est paradoxalement cette légitimation du mythe par les historiens qui participe le plus à
le fixer.
L’étude de l’évolution du mythe permet ainsi à l’historien d’appréhender les différentes
facettes le constituant et révèle du même coup la réalité de la vie politique de chaque époque.
Néanmoins, cette approche linéaire ne permet pas de comprendre en profondeur les différents
aspects du mythe, c’est pourquoi l’historien a choisi de compléter son analyse par une
évaluation des enjeux garibaldiens, soit une approche thématique du mythe.
II/ Enjeux garibaldiens
C’est en analysant les thématiques du mythe que l’on peut comprendre la portée politique du
personnage. Jérôme Grévy dégage ainsi trois grands aspects du mythe ayant porté à
controverse et étant à l’origine de la diversité de la figure garibaldienne.
Ce choix découle de l’analyse linéaire du mythe et détermine trois enjeux : De la pureté
en politique, de la religion civique et La République et la guerre. Cette étude nous plonge au
cœur même des valeurs garibaldiennes et apporte des éléments permettant de comprendre la
complexité du mythe.
A/ La nature politique de la figure garibaldienne
On doit considérer la pensée politique de Garibaldi comme étant au cœur de cet enjeu.
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Jérôme Grévy soulève plusieurs interrogations permettant de préciser les différentes
composantes de cette pensée, à savoir comment comprendre les revirements apparents des
positions politiques de Garibaldi et comment comprendre les motivations de son action
politique.
L’auteur s’efforce alors d’analyser comment Garibaldi a su conserver ses propres valeurs
tout en étant instrumentalisé par différents mouvements, tranchant ainsi avec la thèse du
consensus des Pères Fondateurs. Cette interaction lui apparaît comme n’étant pas
contradictoire avec la pureté politique de Garibaldi, s’appuyant sur des déclarations de
l’intéressé ; mais peut-on parler de pureté lorsque Garibaldi brouille consciemment son
message par souci de réalisme ? Ne doit-on pas considérer que la pureté implique une volonté
d’affirmer ses valeurs authentiques ?
La compréhension du consensus historique qui dénature les valeurs garibaldiennes ne doit
pas exclure la responsabilité de l’intéressé.
D’autre part, la pensée garibaldienne trouve une clef d’explication dans les motivations
de l’action de Garibaldi et dans l’origine de celles-ci.
Pour Jérôme Grévy, il semble déplacé d’estimer la pensée garibaldienne comme une
adhésion à une doctrine préexistante ; et à la suite d’une analyse de l’évolution du mythe,
l’historien semble tirer la « véritable » nature du personnage : antidogmatique et
anticonformiste, incompréhensible à travers les « grilles de lecture » existantes. L’auteur
propose alors une analyse issue de l’étude du mythe, qui montre l’efficacité de sa démarche,
même si l’on peut s’interroger sur sa capacité réelle à s’extraire du mythe.
B/ Le rapport de Garibaldi au religieux
La confusion entre religieux et politique pose un problème important pour comprendre le
personnage. On doit en effet considérer le paradoxe d’un anticléricalisme progressif de
Garibaldi et de son érection en véritable figure religieuse civique.
Les nombreuses polémiques à propos des considérations religieuses de Garibaldi
cachent selon Jérôme Grévy une conception tout à fait originale et évolutive, car si
l’anticléricalisme de la fin de sa vie semble avéré, on doit concevoir le sentiment religieux
garibaldien dans sa complexité : à la fois profondément ancré sur le plan spirituel (du moins
au départ), et à la fois fermement opposé aux institutions.
C’est cette idée qui rend cohérent le statut de quasi-divinité du personnage, qui a d’ailleurs
largement servi ses projets politiques, doublé de son aspect « homme du peuple ».
Si Jérôme Grévy soulève à juste titre l’ambiguïté du statut de la figure garibaldienne, on
peut toutefois regretter que cette démarche n’aboutisse pas à des conclusions claires et se
limite au constat qu’ « aucune de ces conceptions n’est totalement fausse, mais aucune ne
suffit à rendre compte de la réalité ».
C/ Le rapport de Garibaldi à la guerre
Jérôme Grévy souligne l’ambiguïté de l’action garibaldienne choisissant des moyens
apparemment antagonistes (les armes) aux valeurs qu’il défend (la paix perpétuelle). Dès lors
quel sens donner à son action ?
Garibaldi semble avoir opté pour une démarche réaliste et progressive, mettant en avant la
réalisation au détriment du choix des moyens. En cela, Garibaldi apparaît comme étant à
l’origine de la position actuelle du gouvernement : « La guerre n’est pas souhaitée, mais elle
est considérée comme un mal nécessaire, lorsqu’il est porté atteinte à des valeurs
fondamentales ».
L’étude du mythe garibaldien révèle également un des précurseurs de l’idée de sécurité
collective en Europe, à travers le mémorandum publié à Naples en septembre 1860.
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Les valeurs garibaldiennes révèlent ainsi une portée universelle qui précise le rapport du
héros à l’usage des armes.
Conclusion :
L’analyse des aspects du mythe garibaldien permet à Jérôme Grévy de souligner les
incohérences d’un certain nombre de formes du mythe, couplant à l’analyse du mythe par sa
construction une certaine volonté d’y voir un révélateur, à la fois des époques auxquelles les
mythes ont vécu et à la fois du personnage en tant que tel.
Cet ouvrage présente ainsi un intérêt en tant qu’il affirme une certaine conception du
travail de l’historien et en tant qu’il apporte par là-même un nouvel éclairage sur un
personnage aussi fondateur et emblématique que Garibaldi. De plus, le problème est posé de
considérer la place des mythes dans la société actuelle, en révélant la notion d’héritage au
cœur de l’analyse historique.
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