Accompagnement du conjoint du cadre venant s`installer dans l`Allier
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Accompagnement du conjoint du cadre venant s`installer dans l`Allier
16 | pratiques RENDEZ-VOUS JURIDIQUE Alice Meunier-Fages JURISTE EN DROIT SOCIAL RÉGIME FISCAL DE LA PRÉVOYANCE Le projet de loi de finances modifie le régime fiscal de la prévoyance avec un impact sur les salaires de 2013 si le texte est adopté en l’état. L ’article 5 du PLF 2014 prévoit que la contribution patronale finançant la complémentaire santé doit être ajoutée à la rémunération nette imposable des salariés ; il est indiqué que cessent d’être fiscalement déductibles les cotisations patronales correspondant à des « garanties portant sur le remboursement ou l’indemnisation de frais occasionnés par une maladie, une maternité ou un accident ». Cette réintégration ne vise que la complémentaire santé et non la prévoyance stricto sensu. Si le texte est adopté en l’état, seront concernées les rémunérations versées depuis le 1er janvier 2013, ce qui pose certaines difficultés pratiques dans la mesure où la loi ne sera publiée que fin décembre. En effet, les bulletins de paye remis aux salariés fin décembre ne pourront pas prendre en compte cette réforme. Donc, si le texte est adopté en l’état, le cumul du salaire net imposable figurant sur le bulletin de paie de décembre sera erroné ; il faudra procéder à des rectificatifs en janvier pour remplir correctement la DADS. Et il faudra prévenir les salariés que ce cumul n’est pas correct et leur remettre en janvier une attestation précisant le cumul du salaire net imposable. Par ailleurs, il ne faudra pas oublier de prévenir les salariés ayant quitté l’entreprise en cours d’année en leur indiquant le nouveau cumul du net imposable. L’exonération d’impôt sur le revenu sous plafond ne concernera que les autres contributions finançant la protection sociale complémentaire, comme les contributions salariales (dont celles sur la garantie frais de santé) et les contributions patronales, sauf celles finançant la complémentaire santé. La limite d’exonération sera revue à la baisse et fixée à un montant égal à la somme de 5 % du plafond annuel de la SS (au lieu de 7 %) et de 2 % de la rémunération annuelle brute (au lieu de 3 %), dans la limite de 2 % (au lieu de 3 %) de 8 fois le plafond annuel. Autant dire que ces modifications vont entraîner de sérieuses complications pour les services de paye des entreprises et les éditeurs de logiciels. Entreprise & Carrières n° 1172/1173 - du 24 décembre 2013 au 6 janvier 2014 POUR ATTIRER LES CADR L’ALLIER ACCOMPAGNE L EMPLOI Les entreprises de l’Allier rencontrent des difficultés à recruter et à retenir les cadres, notamment par manque d’opportunités professionnelles pour leur conjoint. Un dispositif a été mis en place afin de les accompagner. I nterrogées par le Comité d’expansion économique de l’Allier (CEEA) en 2012, près de 60 % des 90 entreprises représentatives du département ont déclaré rencontrer des difficultés à recruter des cadres et des ingénieurs. Les raisons invoquées sont principalement liées à la difficulté d’attirer des profils qualifiés, à un manque d’attractivité du département, mais aussi à la problématique de l’emploi du conjoint, qui fait souvent obstacle à une intégration durable de nouveaux collaborateurs. « Deux sociétés, l’une dans le secteur de la grande distribution et l’autre dans l’agroalimentaire, ont ainsi vu l’un de leurs cadres repartir après dix-huit mois passés dans l’entreprise car son conjoint n’avait pas trouvé un travail à la hauteur de leurs espérances. Pour l’entreprise, c’est une perte à la fois humaine et financière importante », analyse Valentine Laborie, chef de mission promotion et communication au sein du CEEA. Réseau de soutien Cette situation est d’autant plus préoccupante que les besoins des entreprises pour des profils de cadres et ingénieurs ont augmenté ces dernières années, notamment en informatique et en R & D. Afin de les aider à intégrer de nouveaux collaborateurs, le CEEA et ses partenaires – le service CCI mobilité, la Mission accueil Allier, l’Agence régionale des territoires d’Auvergne, avec l’appui technique de l’Apec et de Pôle emploi – ont donc mis en place un réseau des- tiné à favoriser et à soutenir le recrutement et l’accueil des cadres dans l’Allier. Ils se sont inspirés de ce qui se pratiquait dans d’autres départements, par exemple, la Nièvre, où l’agence de développement économique a lancé, en 2012, le service Mobility Nièvre pour aider les nouveaux salariés à obtenir un logement, épauler leurs conjoints dans leur recherche d’emploi et trouver des écoles ou systèmes de garde pour les enfants. Deux cabinets de recrutement ont été missionnés pour prendre en charge les conjoints. Dans l’Allier, l’accent a été mis sur l’accompagnement personnalisé du conjoint, avec la mise en place, mi-octobre, d’un dispositif dédié. Deux cabinets de recrutement, NS Management et RH Conseil, ont ainsi été missionnés pour prendre en charge les conjoints. Sur simple demande des entreprises, pendant le processus de recrutement ou une fois le cadre recruté, son conjoint peut bénéficier d’un accompagnement gratuit de huit heures. Il permet d’étudier dans le détail le projet professionnel de la personne, en lien avec les besoins du territoire, de lui fournir des informations sur les entreprises locales qui peuvent être intéressées par son profil et de lui donner des pistes d’action concrètes pour sa recherche. Enfin, les conjoints sont mis en relation avec des chefs d’entreprise pratiques | 17 I N F O R M AT I QU E R H ES, EUR CONJOINT ou des clubs de dirigeants (club des ambassadeurs de l’Allier, ANDRH Bourbonnais, etc.). « Nous sommes, par exemple, en train d’accompagner la conjointe d’un cadre, qui travaille dans le luxe. Nous avons pu lui fournir des nouvelles pistes de recherche chez des sous-traitants dont elle n’avait pas connaissance », indique Valentine Laborie. Deux mois après son lancement, le dis- Collaboratif Une nouvelle plate-forme d’innovation participative positif bénéficiait déjà à une petite dizaine de conjoints. Par ailleurs, ce levier d’action est complété par des ateliers de recrutement proposés aux entreprises dans différentes villes de l’Allier. Ils visent à aider les DRH ou chefs d’entreprise bourbonnais à améliorer leur sourcing et à professionnaliser leurs pratiques de recrutement. ■ En septembre dernier, Mindjet, éditeur de logiciels de gestion collaborative des projets, fusionnait avec Spigit, entreprise ayant mis au point Spigit Engage, une solution de management des idées, permettant ainsi une couverture complète des processus d’innovation. Suite à cette opération, Mindjet annonce une nouvelle version et la commercialisation de Spigit Engage en France, avec l’ajout de fonctionnalités qui améliorent l’accès aux informations. Les utilisateurs disposent ainsi d’une vue d’ensemble sur les activités, messages, challenges et idées produits sur la plate-forme. GAËLLE PICUT LES SALARIÉS DE CARREFOUR ÉCULLY INVITÉS À S’EXPRIMER SANTÉ AU TRAVAIL Après une injonction de la Carsat, l’hypermarché Carrefour de Lyon-Écully a réuni ses salariés autour des sources de risques psychosociaux. Des solutions concrètes sont, depuis, mises en œuvre. D epuis un an, le groupe Carrefour s’est doté d’une direction santé au travail. Mais l’un de ses plus grands hypermarchés, celui d’Écully, près de Lyon (632 salariés, soit 485 ETP), s’était déjà engagé dans une démarche de réduction des risques. « En 2011, rapporte Gilles Soudarin, ingénieur-conseil de la Carsat, le médecin du travail et les syndicats du magasin m’ont alerté : stress, détérioration des conditions de travail et pilotage incohérent entraînaient une augmentation des AT-MP, notamment ceux dus à des douleurs. Un indicateur alarmant. » Sur injonction de la Carsat, le directeur recrute un infirmier préventeur, Yann Botrel. Mais c’est l’arrivée d’un nouveau directeur, en mai 2012, qui marque l’engagement dans une action plus globale : Claude Bouilloux, ancien RRH d’un autre hypermarché Carrefour, se dit « sensible » aux questions de santé au travail. Il crée un comité de pilotage avec Yann Botrel, la RRH, le médecin du travail et les élus du CHSCT, et demande à un psychologue du travail de la Carsat de l’animer. « Faute, alors, d’outil de diagnostic proposé par notre direction nationale, nous avons tâtonné », explique Pascale Perico, la RRH. Salariés volontaires Grâce à une analyse objective des arrêts de travail par service, ils repèrent cependant les secteurs prioritaires : les caisses, le service après-vente et l’accueil, « les plus soumis au stress lié au contact avec les clients », commente Yann Botrel. Pour chacun d’eux, dix salariés volontaires sont invités à exprimer au comité de pilotage, en toute confidentialité, leurs difficultés quotidiennes. Objectif : les résoudre le plus rapidement possible. « Seules les personnes qui osent généralement parler se sont inscrites », note Corinne Lavaud, secrétaire du CHSCT. Le groupe “caisses” a tenu la première réunion en septembre 2013, avant une restitution – exhaustive et sans citations nominatives –, fin octobre. « À l’avenir, le compte rendu sera fait plus à chaud, commente la DRH, pour que les participants voient rapidement venir les solutions décidées ». Parmi les sujets évoqués par les caissières : des chaises inconfortables et défectueuses, ou encore des problèmes de communication et d’organisation (questions de clients, vérifications de chèques, etc.) qui stoppent le travail et font monter la grogne dans la file d’attente. « De petits cailloux dans les rouages, mais qui mettent les salariés dans une position mentale négative », résume Gilles Soudarin. Pour chacun d’eux, une mesure concrète a été décidée, avec date limite de mise en œuvre et responsable. Pour les chaises, par exemple, il s’agit d’expérimenter des sièges assis-debout, dont un test réussi à la cafétéria était resté sans suite. « Plus la démarche avance, plus les managers sont rassurés, constate Pascale Perico. Au début, ils ont craint que ces réunions servent de purge. Ils comprennent que nous cherchons la cause des problèmes. Mais l’argument de choc pour les convaincre a surtout été le coût des accidents du travail ! » Les volontaires du SAV et de l’accueil se sont réunis fin 2013, avant ceux des rayons produits de grande consommation, « où il y aura davantage de problèmes physiques évoqués, liés au travail dans le froid et la nuit », anticipe Yann Botrel. Il faudra six mois pour entendre tous les services. « Les salariés, y compris les managers, n’ont pas l’habitude de parler santé au travail et prévention, constate la DRH. Il vaut mieux aller lentement, afin que les solutions soient pérennes. » Gilles Soudarin, lui, attend des effets sur les AT-MP. Autoévaluation En attendant, le groupe de pilotage confronte aussi les problèmes évoqués avec une autoévaluation qu’il conduit, à la demande, cette fois, de la direction santé au travail du groupe, à l’aide de la grille GPSST* de l’INRS. Un outil qui permettra, à terme, une comparaison entre magasins. ■ VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE * Grille de positionnement en santé et sécurité au travail. n° 1172/1173 - du 24 décembre 2013 au 6 janvier 2014 Entreprise & Carrières