Ce livret est leur témoignage.
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sauvons la liberté ! la liberté sauve le reste. Victor Hugo - 1802-1885 Choses vues (décembre 1851) ” au nom de la mémoire 2014 “ la liberté ! 2014 émoire 2014 au nom de la mémoire am el om d un a Ils ont entre 14 et 18 ans. Ils viennent de l’Aude. Ils témoignent de leur découverte, à Verdun, des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Ils témoignent de leurs visites à Paris, au Mémorial de la Shoah et au Panthéon, et de leur participation à la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe. ommaire sommaire s 6/9 Verdun et les champs de bataille de la Grande Guerre 10/15 32/35 Le Mémorial de la Shoah à Paris 36/39 Le village détruit de Fleury-devant-Douaumont Rencontre des élèves avec Roger Fichtenberg, résistant juif 16/19 40/45 20/25 46/51 26/29 52/57 La Tranchée des Baïonnettes L’Ossuaire de Douaumont, nécropole nationale La Citadelle souterraine de Verdun 30/31 Le Centre mondial de la Paix Le ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe Le Panthéon Paroles d’adultes Au nom de la Mémoire 2014 Réalisation : Département de l’Aude Direction des Archives départementales, Direction de la Communication Photos : Yannis Bautrait Marie-José Escaré Monique Jacomi Willy Zurell Impression : Imprimerie de Bourg avril 2015 s e g a n g i témoignages émo t 3 Pour le dix-septième voyage "Au nom de la Mémoire", le Département de l’Aude a amené soixante jeunes élèves audois, du 18 au 21 octobre 2014, à Verdun où ils ont visité le village détruit de Fleury, la Tranchée des Baïonnettes, l’Ossuaire de Douaumont, la citadelle souterraine et le Centre mondial de la Paix. Ils sont également allés à Paris où ils ont visité le Mémorial de la Shoah et le Panthéon. Ils ont pris part au ravivage de la flamme du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Ce voyage a été organisé par le Département avec la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et l’Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance. Ces jeunes élèves avaient tous participé au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Ce livret est leur témoignage. 4 5 Verdun et les champs de bataille de la Grande Guerre Durant 9 mois, 3 semaines et 6 jours, Verdun et sa région furent le théâtre d’une des plus terribles batailles de la Première Guerre mondiale, une des plus meurtrières. Ainsi, entre le 21 février et le 19 décembre 1916, on dénombre plus de 300 000 soldats tués ou disparus (163 000 Français et 143 000 Allemands). En lançant leur offensive en février 1916, les Allemands veulent mettre un terme à la guerre de position et enfoncer les lignes françaises. Mais, en dépit des bombardements intensifs que leur fait subir l’artillerie allemande, l’armée française résiste. L’injonction "On ne passe pas !" devient la devise de la ville de Verdun. Les combats, acharnés, durent 300 jours et 300 nuits. Guerre de tranchées, guerre d’usure où les armées avancent seulement de quelques mètres, perdent du terrain, regagnent quelques mètres, sous la neige ou la pluie, dans la boue. C’est "l’enfer de Verdun". Un déluge d’obus (près de 60 millions) s’abat sur la région, dévastant la zone et transformant durablement le paysage. En décembre 1916, les Français ont repris les positions perdues et les troupes allemandes ont été repoussées sur leurs positions antérieures. 6 Si Verdun n’a pas été une bataille décisive de la Première Guerre mondiale, elle est l’une des plus célèbres et des plus emblématiques. La violence déployée au cours des assauts, l’importance des moyens logistiques mis en œuvre, la volonté manifeste des deux côtés d’anéantir l’adversaire, le nombre considérable de victimes et les destructions massives des lieux font de Verdun un symbole, celui de la guerre totale que se livrent alors la France et l’Allemagne, celui aussi de la résistance française (la "voie sacrée", reliant Bar-le-Duc à Verdun, permet la rotation des régiments français qui, tous, sont venus tour à tour combattre à Verdun). De nombreux monuments, cimetières et nécropoles témoignent de cette bataille et font de Verdun un lieu mémoriel incontournable de la Grande Guerre. Verdun, c'est aussi le lieu symbolique de la réconciliation franco-allemande lorsque, le 22 septembre 1984, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la bataille, François Mitterrand, président de la République française, a pris la main du chancelier allemand Helmut Kohl. 7 La Première Guerre mondiale, son centième anniversaire !! Le temps passe mais le souvenir ne s’éteint pas et ce voyage y contribue. C’est une expérience unique qui restera gravée dans nos mémoires à tout jamais ! Samuel BRUN Collège Saint-Exupéry, Bram Prendre conscience de ce qui s’est passé à Verdun, c’est comprendre la nécessité d’une paix durable et d’une solidarité sans faille. Julie FRANC Lycée Paul Sabatier, Carcassonne C’est vraiment troublant de voir des paysages à jamais métamorphosés par une guerre. Combien de familles ont-elles été brisées ? Juliette TROUIS Collège Les Fontanilles, Castelnaud ary Maxime SOREL Collège Victor Hugo, Narbonne Un jour, j’emmènerai mes enfants à Verdun, afin qu’ils comprennent pourquoi leurs ancêtres se sont sacrifiés. Léo BILHERAN, Lycée Jean Durand, Castelnaudary 8 9 Le village détruit de Fleury-devant-Douaumont Nombreux sont les villages, de part et d’autre de la Meuse, qui, subissant d’incessants bombardements, ne sont plus que ruines. Certains, dans la région de Verdun, sont entièrement rayés de la carte. Six d’entre eux, totalement détruits, n’ont jamais été reconstruits en raison de la présence trop importante de munitions qui n’ont pas explosé : Beaumont-enVerdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux et Louvemont-Côte-du-Poivre. En 1919, ces villages (ainsi que trois autres très partiellement reconstruits : Douaumont, Ornes et Vaux-devant-Damloup) sont reconnus "morts pour la France" et obtiennent la croix de guerre avec palme. Une chapelle du souvenir est érigée dans chacun de ces villages martyrs. En 1914, Fleury compte un peu plus de 400 habitants, vivant principalement de l’agriculture céréalière et de la sylviculture. Le village a été épargné lors de la guerre de 1870. La Grande Guerre voit son anéantissement. Dès 1914, les régiments basés à Verdun passent par Fleury pour se rendre sur les lieux de combat. Ils y cantonnent en 1915 alors que le front s’est fixé quelques kilomètres au nord-est. 10 Le 21 février 1916, la bataille de Verdun est lancée et Fleury reçoit ses premiers obus. Les villageois doivent évacuer, sous la neige. Lorsque les Allemands s’emparent des forts de Douaumont (le 25 février) et de Vaux (le 7 juin), Fleury est désormais sur la ligne de front et devient l’objet d’âpres combats. Le village change ainsi de mains 23 fois durant la bataille entre le 23 juin et le 18 août 1916. Aujourd’hui, le visiteur traverse un paysage vallonné, façonné par les obus, où la forêt a repris ses droits. Les emplacements de l’école et des maisons sont marqués par des bornes. Une chapelle commémorative a été construite sur les ruines de l’église paroissiale. Depuis 1979, elle est dédiée à l’Europe, marquant ainsi la volonté des anciens belligérants de construire ensemble une paix durable. En novembre 2009, une stèle a été érigée à la mémoire des sous-lieutenants du 347e régiment d’infanterie, Henri Herduin et Pierre Millant, exécutés sans jugement à Fleury le 11 juin 1916 pour s’être repliés sur Verdun alors qu’ils étaient à court de munitions et dans l’impossibilité de recevoir des renforts. Ils ne sont réhabilités qu’en 1961. 11 " Pour le devoir de mémoire, je trouve primordial de se souvenir de tous ces villages détruits du nord-est de la France et des anciens habitants qui ont vu en quelques mois leurs lieux de vie réduits à néant. Malgré les trous d’obus, la nature a repris ses droits dans ce lieu bucolique où de nombreux soldats dorment sous terre. Leurs conditions de vie sont terribles à imaginer : maladies, boue, rats, poux et promiscuité. Ce qui m’a choqué, ce sont les soldats fusillés pour l’exemple. Ce conflit a été un déchirement pour tous, militaires et civils." Léo MORILLO Collège Montesquieu, Narbonne Notre-Dame de l'Europe, chapelle de Fleury 12 13 Se retrouver face à un village entièrement détruit montre toute l’horreur de cette Grande Guerre. On peut imaginer ce qu’ont vécu les familles en apprenant qu’ils n’avaient plus de toit, mais on ne ressentira jamais ce que ça leur faisait à l’époque de perdre tout. Blandine HUBERT-ROUALDES Collège Émile Alain, Carcassonne On se rend compte de la violence des combats une fois que l’on voit ce champ de bataille et on se demande comment l’être humain peut en arriver là. Noémie DEMEESTER Collège des Corbières Maritimes, Sigean 14 Il faut que la France continue à s’engager dans la lutte pour la préservation de lieux historiques tels que les mémoriaux ou les villages détruits. Nicolas FERRAS Collège des Corbières Maritimes, Sigean J’ai été particulièrement émue lorsqu’on nous a parlé des soldats fusillés par leurs propres camarades pour avoir quitté le front. Maeve FEYFANT Collège Jean-Baptiste Bieules, Couiza Et moi qui croyais connaître l’histoire de la Première Guerre mondiale, ce n’est qu’en voyant Fleury que je l’ai comprise. Cassie MATHIAS Collège des Corbières Maritimes, Sigean 15 La Tranchée des Baïonnettes "À la mémoire des soldats français qui dorment debout, le fusil en main, en cette tranchée, leurs frères d’Amérique". Cette inscription, gravée sur le frontispice de la porte monumentale qui donne accès à la Tranchée des Baïonnettes, entretient encore aujourd'hui une légende qui ne repose sur aucune réalité historique. Les faits seraient les suivants : en juin 1916, des soldats français du 137e régiment d’infanterie auraient été enterrés vivants dans leur tranchée à la suite d'un bombardement. Ils s'apprêtaient, dit-on, à monter à l'assaut, fusil en main, baïonnette au canon. À la fin du bombardement, seules les baïonnettes émergeaient de la tranchée comblée. Ce récit, propre à faire vibrer la corde patriotique de la presse de l'après-guerre, ne manquait ni de romantisme, ni d'invraisemblance... De fait, il est impossible que la terre soulevée par les obus parvienne à combler ainsi une tranchée. Il est plus vraisemblable de penser que cette tranchée était une tombe collective : en juin 1916, les Allemands lancent, dans le secteur du Ravin de la Dame, une attaque qu’ils font précéder d'un violent bombardement. Les pertes du côté français sont importantes et, lorsque 16 les troupes allemandes investissent les lieux, elles rassemblent les nombreux corps épars et les ensevelissent dans la tranchée. Pour marquer l'emplacement de la fosse commune, des fusils sont plantés, crosse en l'air. À la fin de la guerre, cette "tranchée des fusils" (nom originel) ne manque pas de surprendre les premiers visiteurs, civils et militaires de haut rang, qui ignorent quasiment tout des faits. Ils adhèrent à l’explication donnée : des soldats morts en héros, debout, les armes à la main. Un riche mécène américain, George T. Rand, finance la construction d’un mémorial au-dessus de la tranchée. L’imposant monument, réalisé par l’architecte André Ventre, est inauguré le 8 décembre 1920 par le président de la République française, Alexandre Millerand, et l'ambassadeur des États-Unis, H. Wallace. La porte métallique est l'œuvre d'Edgard Brandt, ferronnier d'art, qui réalise en 1923 le brûloir en bronze qui abrite la flamme sur le tombeau du Soldat Inconnu de l'Arc de Triomphe à Paris. 17 Je me suis bien rendu compte que ces soldats sont morts au combat pour nous permettre de vivre dans un pays en paix. Les seuls mots qui me viennent à l’esprit sont « merci, reposez en paix, et qu’on ne nous y reprenne plus, ces guerres ne servent à rien ». Brandon SIERRA Collège Le Bastion, Carcassonne S’ensuivit un long chemin pavé durant lequel je m’interrogeais sur les horreurs qui s’étaient produites en ce lieu cent ans plus tôt et sur les sombres secrets enterrés juste en dessous de nous. Heureusement, l’humour et les anecdotes du guide réussirent pendant quelques instants à nous faire oublier que la mort rôdait ici. Morgane PERRI Lycée Jean Durand, Castelnaudary La légende raconte que les soldats seraient morts enfouis vivants sous la terre et debout, en brandissant leurs baïonnettes. Le lieu mérite un détour rien que pour son architecture si particulière. Léo MORILLO Collège Montesquieu, Narbonne 18 Ce pays m’a permis de me recueillir, en mémoire des soldats français morts pour la France « qui dorment debout, le fusil en main, dans cette tranchée ». Martine CAROL Lycée Jean Durand, Castelnaudary 19 L'ossuaire de Douaumont, nécropole nationale C’est en parcourant les champs de bataille en 1918 que l’évêque de Verdun, Mgr Charles Ginisty, a l’idée d’ériger cette nécropole où doivent être rassemblés les ossements des soldats tombés dans la bataille et demeurés sans sépulture. La première pierre est posée par le maréchal Pétain le 22 août 1920. Le monument est inauguré par le président de la République Albert Lebrun le 7 août 1932. Son cloître long de 137 mètres abrite les ossements d’environ 130 000 soldats français et allemands non identifiés, rassemblés dans des caveaux correspondant aux 52 secteurs de la bataille de Verdun où ils ont été recueillis. Œuvre des architectes Léon Azéma, Max Edrei et Jacques Hardy, le bâtiment est coiffé d’une lanterne des morts, haute de 46 mètres, offrant une vue panoramique sur le champ de bataille. 20 En contrebas de l’ossuaire, s’étend le "cimetière national" de Fleurydevant-Douaumont. Ici reposent 16 142 soldats français identifiés, dont 592 combattants musulmans. À l’ouest du cimetière, un monument a été érigé en hommage aux soldats de confession juive en 1938. C’est devant l’Ossuaire de Douaumont que, le 22 septembre 1984, le président de la République française François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl, se tiennent main dans la main, honorant ensemble les victimes de la Grande Guerre et marquant ainsi la volonté de réconciliation des deux pays. En février 2014, le nom d’un soldat allemand est pour la première fois gravé sur la voûte de l’édifice, à côté de ceux des combattants français. 21 La tour est également appelée lanterne des morts. 254 marches permettent d'accéder au sommet. 22 23 C’est avec la mémoire que nous faisons vivre une seconde fois ces soldats. Ils font partie de nous, de notre passé ; notre devoir est de leur rendre hommage afin qu’ils ne meurent pas une seconde fois. Laurie GROS Collège Gaston Bonheur, Trèbes Comment ne pas être ému ! On est touché par ce spectacle désolant : des croix, des cimetières et des os. Cela nous montre à quel point cette guerre fut meurtrière. Au point d’anéantir des populations entières. C’est insensé ! Samuel BRUN Collège Saint-Exupéry, Bram Un peu angoissée avant la lecture de la lettre de Poilu, je suis désormais très fière d’avoir pu participer à une telle cérémonie : je m’en souviendrai longtemps ! Soline MOUNSIF Lycée Docteur Lacroix, Narbonne 24 "Le monument était plongé dans un grand silence et nous chantâmes. Durant l’hymne, je me suis senti bizarre, j’avais l’impression que les poilus étaient présents à nos côtés et nous souriaient pour nous dire : « Merci de garder la mémoire de cet enfer vivante pour que cela ne se reproduise plus ». En regardant la statue du poilu et les deux gerbes, je me suis demandé si ces soldats avaient été assez remerciés pour leur bravoure et leur amour de la France." Brandon SIERRA Collège Le Bastion, Carcassonne 25 La citadelle souterraine de Verdun La citadelle haute de la ville surplombe la Meuse depuis 1624. Elle est l’œuvre de l’ingénieur militaire Jean Errard. Elle a été remaniée à la fin du XVIIe siècle par un disciple de Vauban. En 1870, dans le cadre du dispositif de défense de l’ensemble du territoire français pensé par le général Raymond Adolphe Séré de Rivières, l’ouvrage militaire est complété à l’extérieur par un ensemble de forts (Douaumont, Vaux, Souville, etc.), 45 bâtiments au total qui font de Verdun une des principales places-fortes sur la frontière franco-allemande. Depuis la perte de l’Alsace-Moselle en 1871, Verdun n’est plus désormais qu’à 60 kilomètres d’une importante garnison allemande, à Metz. De 1886 à 1893, sous la direction du commandant Guinot, 4 kilomètres de galeries sont creusés sous la citadelle à 16 mètres de profondeur. Les travaux d’agrandissement durant la guerre portent à 7 kilomètres la longueur totale de ces galeries souterraines. Elles ont été un centre logistique de premier ordre lors de la bataille de Verdun et un relais indispensable entre l’arrière et le front. 26 Dès les premiers bombardements allemands, le 21 février 1916, ces galeries deviennent le centre névralgique de la ville : on y trouve les bureaux de l’état-major, les services administratifs civils, des dortoirs, six magasins à poudre et sept de munitions, une boulangerie dotée de neuf fours produisant quotidiennement 28 000 rations de pain, un moulin, des dépôts de vivres, un central téléphonique, une infirmerie, des lieux de divertissement pour les soldats… L’ensemble est éclairé par une usine électrique. Cette fourmilière, active nuit et jour, peut contenir 2 000 hommes. Tous les régiments montant ou descendant du front ne peuvent cependant y séjourner. Le 10 novembre 1920, c’est dans la citadelle souterraine de Verdun qu’est désigné le Soldat inconnu. Depuis chacun des principaux secteurs du front (Flandres, Artois, Somme, Marne, Chemin des Dames, Champagne, Verdun, et Lorraine), le cercueil d’un soldat français non identifié est acheminé, à la demande du ministre des Pensions, André Maginot. Le jeune caporal du 132e régiment, Auguste Thin, est invité à poser un bouquet de fleurs sur l’un d’entre eux. Il s’arrête sur le cercueil n°6, expliquant son choix par l’addition des chiffres de son régiment (1+3+2). Le cercueil est transporté dès le lendemain à Paris, où il repose désormais sous l’Arc de Triomphe. Un parcours de visite a été aménagé dans les galeries de la citadelle souterraine, évoquant la vie des poilus en ces lieux durant la bataille de Verdun. Les huit cercueils, recouverts du drapeau tricolore, sont installés dans une chapelle ardente aménagée dans l’une des galeries. 27 Une expérience vraiment parlante. C’était comme si on y était, là, dans les sous-sols de Verdun, parmi les poilus, au plus près de la Guerre : bien mieux qu’un livre d’histoire ! Soline MOUNSIF Lycée Docteur Lacroix, Narbonne J’avais l’impression d’être dans un film et de voir tout ce que vivaient ces soldats engagés pour la liberté de la nation. Les seuls mots qui me viennent à l’esprit sont : REMERCIEMENTS, MORTS POUR LA PATRIE, HONNEUR, RESPECT, MEMOIRE. Il ne faut jamais que la mémoire cesse de fonctionner car tous ces hommes sont morts pour nous, les enfants, pour les Français, pour la patrie. Brandon SIERRA Collège Le Bastion, Carcassonne 28 Nous avions l’impression de vivre l’horreur de cette guerre. Alannah CAVARROC Collège Joseph Delteil, Limoux La citadelle souterraine nous a transportés au cœur de la Première Guerre mondiale avec un certain réalisme. Cyril TEIXIER, Collège Corbières Maritimes, Sigean Cette guerre a tué et détruit des milliers de personnes, des mémoriaux ont été construits pour ne jamais oublier. Et pourtant aujourd’hui, il y a encore des guerres. Cléa PERRAIS Collège Gaston Bonheur, Trèbes 29 Le Centre mondial de la Paix En 1990, se crée à Verdun l’Association du Centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l’Homme. Ses membres souhaitent offrir au visiteur une autre approche de Verdun : la ville ne doit plus apparaître seulement comme un pôle mémoriel de la Grande Guerre mais comme un lieu symbolique de la réconciliation franco-allemande. À l’occasion du vingtième anniversaire de la bataille, en 1936, 20 000 anciens combattants accompagnés d’une délégation allemande jurent de sauvegarder la paix. En 1966, lors du cinquantième anniversaire, le Livre d’or de la Paix est inauguré à l’hôtel de ville et signé par le général de Gaulle : Verdun s’autoproclame "Capitale de la Paix". Le geste fort de François Mitterrand et d’Helmut Kohl, se recueillant main dans la main à Douaumont en 1984, témoigne de l’amitié retrouvée des deux peuples. C’est dans ce contexte que prend forme l’idée de créer à Verdun un Centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l’Homme. Ce projet ambitieux est installé en 1994 dans le somptueux palais épiscopal, situé à proximité de la cathédrale et du cloître, sur une hauteur qui domine la ville basse. Commencé en 1724 par 30 Robert de Cotte, architecte du roi, le palais est achevé en 1763 par son fils Jules Robert de Cotte. Il subit des dégâts matériels au cours de la Première Guerre mondiale. Classé monument historique en 1920, il fait l’objet de travaux de restauration qui débutent à l’hiver 1926-1927 pour se terminer en 1935. Mgr Ginisty, évêque de Verdun, s’y installe à cette date, redonnant à la demeure épiscopale sa fonction d’origine. Ses successeurs l’occupent sans interruption jusqu’en 1993, date à laquelle Mgr Herriot accepte de rejoindre l’Hôtel d’Anglemont, situé face à la cathédrale, pour permettre l’installation du Centre mondial de la Paix. Défini comme un lieu privilégié d’échange et de rencontre, le Centre mondial de la Paix organise de multiples événements sur le thème de la paix, des libertés et des droits de l’homme : colloques et conférences sur des questions internationales, expositions, manifestations culturelles… En octobre 2014, une exposition était consacrée à la Grande Guerre : on pouvait y découvrir des œuvres picturales, des photographies et des films, des affiches de propagande, etc. Cette exposition sur la guerre nous lance un message de paix et d’amour, semblant nous dire « plus jamais ça !». Morgane PERRI Lycée Jean Durand, Castelnaudary « Que reste-t-il de la guerre ? » est une question pertinente car, un siècle après le début du conflit, nous n’abordons pas le sujet avec les mêmes perspectives. Certes la guerre nous touche directement mais l’exposition que nous avons découverte est résolument tournée vers une vision d’avenir. Caroline THOMAS Lycée Docteur Lacroix, Narbonne Une autre approche de la guerre. Un sentiment troublant et fascinant à la vue des productions artistiques de guerre. Les dessins m’impressionneront toujours plus que les photographies ! Soline MOUNSIF Lycée Docteur Lacroix, Narbonne 31 Le Mémorial de la Shoah à Paris Situé en plein cœur de Paris, dans le quartier du Marais, où la communauté juive est installée depuis près de neuf siècles, le bâtiment a été inauguré en janvier 2005 par le président de la République française Jacques Chirac. Il est une institution de référence en Europe pour l’histoire de la Shoah et s’inscrit dans la continuité du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) et du Mémorial du Martyr juif inconnu. Le CDJC a été créé à Grenoble à l’initiative d’Isaac Schneersohn en avril 1943 pour recueillir les preuves de la persécution des Juifs afin de témoigner mais aussi de demander justice à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Les membres du CDJC parviennent ainsi à mettre la main avant leur destruction sur des archives de Vichy et de l’occupant nazi lors des combats de la Libération. À côté d’un travail d’histoire et de mémoire, le CDJC aide la justice après-guerre, témoignant notamment au procès de Nuremberg. En parallèle, la première pierre du Mémorial du Martyr juif inconnu est posée le 17 mai 1953, à l’emplacement du bâtiment actuel. 32 Le visiteur découvre tout d’abord le parvis du Mémorial, avec ses sept bas-reliefs et le cylindre central symbolisant les cheminées des camps d’extermination. Longeant le parvis, le "Mur des Noms" porte les noms, prénoms et dates de naissance des 76 000 hommes, femmes et enfants juifs déportés de France entre 1942 et 1944. Il a fallu deux ans pour compulser et recouper les différentes sources permettant de dresser cette liste, hélas non exhaustive : listes du service antijuif de la Gestapo, "fichiers juifs", archives de Yad Vashem, documentation du Musée de l’Holocauste de Washington… En 2006, un "Mur des Justes" a été inauguré, portant les noms des 3 376 Français reconnus "Justes parmi les nations" par le Centre Yad Vashem à Jérusalem. À côté de ces noms de femmes et d’hommes qui ont sauvé des Juifs, le village entier du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, est honoré à titre collectif. À l’intérieur du bâtiment, 5 000 m² sont ouverts au public. Une exposition permanente permet d’appréhender l’histoire des Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, dans son contexte européen. Des documents audio-visuels complètent la présentation. 33 Un auditorium de 120 places permet d’écouter des conférences, de projeter des films et d’organiser des rencontres, notamment entre des anciens résistants et déportés et des élèves. Un centre de documentation comprend un centre d’archives (constitué notamment des documents rassemblés par le CDJC), une bibliothèque et une photothèque. Des espaces pédagogiques et une librairie complètent l’ensemble. Enfin, au sous-sol du bâtiment se trouve une crypte, tombeau symbolique des Juifs morts en déportation. En son centre, une étoile de David en marbre noir où reposent les cendres recueillies dans certains camps de la mort. Une flamme éternelle brûle en son centre. À l’arrière, une salle contient les fichiers des Juifs recherchés, arrêtés et internés par l’administration française. Ces documents, propriété des Archives nationales, y ont été déposés en 1997. Ces personnes-là sont de véritables héros et méritent le plus grand respect. Aujourd’hui, nous avons la mémoire pour leur faire honneur. Le devoir de mémoire, c’est la vie. Nous avons assisté à une cérémonie très émouvante dans la crypte au cours de laquelle nous avons cité les noms des résistants et des juifs, originaires de l’Aude déportés aux camps de la mort. Laurie GROS Collège Gaston Bonheur, Trèbes Léo MORILLO Collège Montesquieu, Narbonne Mémorial de la Shoah : émotion - solennité - tristesse - souvenir - honte pour les Français - admiration pour les Juifs. C’est vraiment choquant de voir comment des millions de personnes ont pu suivre un fou furieux prônant la violence et la haine. Comment a-t-il été possible que plus de 6 000 000 de personnes, juives pour la plupart, aient été déportées et assassinées. Heureusement, certaines personnes ont tout tenté pour empêcher ces horreurs de se commettre : ils sont les Justes et les Résistants. Brandon SIERRA Collège le Bastion, Carcassonne Quand je me suis retrouvée devant le mur des noms au Mémorial de la Shoah, j’ai été troublée. Tous ces noms étaient des personnes, 76 000 personnes qui ont vécu l’horreur... Cléa PERRAIS Collège Gaston Bonheur, Trèbes 34 Maxime SOREL Collège Victor Hugo, Narbonne 35 Rencontre des élèves avec Roger Fichtenberg, ancien résistant juif " Pour ce qui me concerne, mon combat dans la Résistance, mon engagement politique, mon engagement d’élu, mon action en faveur de l’école publique, là où l’on forme les citoyens de demain, mon action pour la défense de la laïcité qui garantit la liberté de conscience et nous permet de vivre ensemble harmonieusement, mes nombreuses activités dans les associations d’anciens combattants, en particulier pour transmettre la Mémoire, procèdent de la même démarche. Il s’agit d’un combat pour la défense de la paix et de la liberté, pour la défense des droits et de la dignité de l’Homme. Pour l’édification d’un monde plus éclairé donc plus juste, plus fraternel. En un mot, il s’agit d’un combat pour les valeurs de la République. Ce combat, il faut sans cesse le poursuivre. C’est pourquoi je m’emploie de mon mieux à transmettre la Mémoire lors des démarches commémoratives et c’est pour cela que je me rends fréquemment dans des établissements scolaires et que j’emmène des élèves sur des lieux chargés de mémoire. Il faut témoigner sans cesse. Témoigner de ce que j’ai connu, de ce que j’ai vécu, afin de mettre les jeunes en 36 son parcours de résistant garde contre ces bêtes immondes que sont le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme. Pour leur montrer que la liberté, la démocratie peuvent à tout moment être remises en cause. Militant au mouvement des Éclaireurs Israëlites de France (qui prendra le nom de "Sixième" dans la clandestinité), il intègre la résistance active dès 1942. Certes, ma tâche n’est pas achevée, l’heure du repos n’est donc pas arrivée. Je poursuivrai ma mission aussi longtemps que je le pourrai. Certes, bien des efforts sont encore nécessaires pour que progresse la pensée humaine dont se réclame le radicalisme. Pour que le progrès soit mis au service de l’homme et non l’inverse. Pour que se développe l’esprit de tolérance, ce qu’Alain appelait l’esprit "laïque". Pour que disparaissent les préjugés dont Einstein disait qu’ils sont plus difficiles à désintégrer que les atomes. Pour qu’enfin notre belle devise républicaine : Liberté, Égalité Fraternité ait un sens réel. De 1942 à 1944, son action consiste principalement à cacher des enfants et des adolescents juifs. Nous savons que l’Homme peut vivre avec un cœur artificiel, mais qu’il ne peut pas vivre sans espérance. Alors espérons. " En mars 1944, il s'engage dans l’Armée secrète. En mai, il est affecté à l'état-major des Forces Françaises de l'Intérieur du Lot-et-Garonne sous les ordres du lieutenant-colonel Durandal. Nommé sous-lieutenant, il est chargé de nombreuses missions. Il participe à la libération d'Agen et occupe la préfecture le 19 août 1944. Nommé adjoint au commandant de la prévôté militaire du Lot-et-Garonne, il prend les premières mesures du maintien de l'ordre et du rétablissement des libertés républicaines. Il œuvre depuis de longues années pour transmettre aux jeunes les valeurs républicaines et le travail de Mémoire. Extrait du discours de Roger Fichtenberg lorsqu'il a reçu la Croix d'officier de la Légion d'honneur, le 9 avril 2014 37 Cette rencontre a été pour moi l’apothéose du voyage « Au Nom de la Mémoire 2014 ». J’ai été très touché par l’optimisme et la joie de vivre de Robert Fichtenberg. Il nous a conté son histoire avec beaucoup de passion mais aussi de l’humour. Ce sera sûrement la seule fois que je rencontre un résistant, c’était vraiment formidable d’entendre l’histoire de cette guerre par quelqu’un qui l’a vécue. Morgane PERRI Lycée Jean Durand, Castelnaudary Le témoignage de M. Roger Fichtenberg, un ancien résistant ayant sauvé de nombreux enfants et des juifs, était tout simplement poignant. Ce véritable exemple de solidarité et de courage mérite notre plus grand respect. Cela m’a fait beaucoup de plaisir d’entendre ce témoignage. Même dans l’enfer de la Seconde Guerre mondiale, il y avait des gens qui voulaient aider les juifs même si cela mettait leur vie en danger. Abigail MILNER Collège Jean-Baptiste Bieules, Couiza Cléa PERRAIS Collège Gaston Bonheur, Trèbes Léo MORILLO Collège Montesquieu, Narbonne La moindre petite bonne action faite pendant la guerre représente un grand geste d’humanité et de solidarité. Dorian LAUBIES Collège Gaston Bonheur, Trèbes 38 39 Sous l’Arc de Triomphe, la flamme ne s'éteint jamais Le traumatisme de la Première Guerre mondiale (1,4 million de morts, 3,6 millions de blessés, plus d’un million d’invalides civils et militaires) est tel que les autorités politiques décident, à la fin du conflit, de perpétuer la mémoire des soldats morts pour la France. Le souvenir de leur patriotisme et de leur sacrifice ne saurait s’estomper. Des lieux symboliques tels que Verdun ou Rethondes, les monuments aux morts érigés dans toutes les communes de France doivent aider à préserver cette mémoire. L’Arc de Triomphe à Paris, dont la construction débute au lendemain d’Austerlitz en 1806 pour s’achever en 1836, dédié aux armées de la Révolution et de l’Empire, revêt une forte symbolique militaire. Il n’est donc pas étonnant que ce soit en ce lieu qu’on ait choisi de transférer le 11 novembre 1920 la dépouille du Soldat inconnu, représentant tous les combattants français tombés au champ d’honneur lors de la Grande Guerre. Le 28 janvier 1921, le "Soldat inconnu" est inhumé dans un caveau sous l’arche principale face aux Champs-Élysées. Pendant deux ans, une simple dalle de granit où sont 40 gravés ces quelques mots : "Ici repose un soldat français mort pour la patrie 1914-1918" signale la tombe du Soldat inconnu aux passants. Afin que nul n’oublie, le journaliste Gabriel Boissy suggère en 1923 qu’une Flamme du Souvenir veille nuit et jour sur la tombe sacrée. Le 11 novembre 1923, la Flamme est allumée par André Maginot, alors ministre de la Guerre. Depuis cette date, la Flamme ne s’est jamais éteinte et chaque soir, à 18 h 30 sous l’Arc de Triomphe, une cérémonie solennelle de ravivage y est organisée. La Flamme du Souvenir et le tombeau du Soldat inconnu sont aujourd’hui le symbole du sacrifice de tous ceux qui sont morts sur les champs de bataille pour que nous vivions dans un pays libre. La Flamme est également devenue, depuis la Seconde Guerre mondiale, le symbole de l’espérance dans l’avenir et de foi dans le destin de notre pays. Elle brûle devant le tombeau du Soldat inconnu comme un perpétuel souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour la France. Pour les jeunes générations, participer à la cérémonie de ravivage de la Flamme est avant tout un devoir de mémoire et un geste citoyen. Par leur présence, elles témoignent de leur volonté d’entrer dans la communauté de citoyens dont ils seront bientôt les forces vives. 41 Magnifique cérémonie afin d’honorer ceux qui se sont sacrifiés pour nous. Maxime SOREL Collège Victor Hugo, Narbonne Nous avons participé à la cérémonie du ravivage de la Flamme du Soldat Inconnu. Nous avons chanté la Marseillaise et le chant des Partisans. Un ancien déporté nous a fait l’honneur d’entonner le chant des Marais. J’ai ressenti beaucoup d’émotion. Dorian LAUBIES Collège Gaston Bonheur, Trèbes Chaque élève a déposé symboliquement une rose blanche, puis les gerbes des fleurs avec les élus. Nous avons entonné la Marseillaise et le Chant des Partisans, ce qui fut un grand honneur pour nous. L’émotion fut à son comble lorsque M.Villeret, ancien déporté, vêtu de la 42 Loin vers l’infini s’étendent Des grands prés marécageux. Pas un seul oiseau ne chante Sur les arbres secs et creux. Bruit des chaînes et bruit des armes, Sentinelles jour et nuit, Et du sang, des cris, des larmes, La mort pour celui qui fuit. Ô terre de détresse Où nous devons sans cesse Piocher, piocher Mais un jour dans notre vie, Le printemps refleurira Libre enfin, ô ma Patrie, Je dirai : tu es à moi. Dans le camp morne et sauvage Entouré de murs de fer Il nous semble vivre en cage Au milieu d'un grand désert tenue rayée bleu et blanc, a chanté a capella le Chant des Marais. Léo MORILLO Collège Montesquieu, Narbonne Ô terre d’allégresse Où nous pourrons sans cesse Aimer, aimer Le Chant des déportés ou Chant des marais (en allemand Moorsoldatenlied, "chanson des soldats de marécage", ou Börgermoorlied, "chant de Börgermoor" ou Die Moorsoldaten) est l'adaptation en français d'un chant allemand composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration, pour détenus politiques, de Börgermoor, dans le Pays de l'Ems, en Basse-Saxe. 43 Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne Ohé, partisans, ouvriers et paysans c'est l'alarme Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes... Montez de la mine, descendez des collines, camarades, Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades, Ohé, les tueurs, à vos armes et vos couteaux, tirez vite, Ohé, saboteurs, attention à ton fardeau, dynamite.. C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère. II y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves Ici, nous, vois-tu, nous on marche, nous on tue ou on crève. Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place, Demain du sang noir séchera au grand soleil sur nos routes Chantez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute... Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur la plaine. Le Chant des partisans ou Chant de la libération est l’hymne de la Résistance française durant l’occupation par l’Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale. La musique fut composée en 1941 par Anna Marly, d'origine russe réfugiée à Londres. Les paroles ont été écrites en 1943 par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon qui venaient tous deux de rejoindre les Forces françaises libres. Ce chant fut réintroduit par André Malraux lors de la cérémonie d’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon de Paris le 19 décembre 1964. 44 45 Le Panthéon C’est à Louis XV que l’on doit la réalisation de l’imposant édifice du Panthéon, conçu pour glorifier Sainte Geneviève, patronne de Paris. Commencée en 1764, la construction, confiée à l’architecte JacquesGermain Soufflot, s’achève en 1790. La façade, d’architecture néo-classique, s’inspire du Panthéon romain. Long de 110 mètres et large de 84 mètres, le vaste bâtiment en forme de croix grecque est surplombé d’un dôme culminant à 83 mètres de haut. En 1791, la Révolution laïcise le monument qui devient Panthéon national. Au XIXe siècle, le Panthéon reçoit, au gré des régimes successifs, une affectation tantôt religieuse, tantôt patriotique et la décoration intérieure, riche et hétérogène (scènes de la vie de Sainte Geneviève, monument de Valmy ou de la Convention nationale), témoigne des bouleversements politiques que le bâtiment a traversés. Si les premiers grands hommes y sont inhumés dès la Révolution (Mirabeau est le premier à y être transféré le 4 avril 1791 ; Voltaire y entre le 11 juillet 1791), c’est en 1885, lors des funérailles de Victor Hugo, que sa vocation religieuse est définitivement abandonnée et 46 que le Panthéon devient ce haut lieu de mémoire de la Nation. Actuellement, 71 personnalités sont inhumées au Panthéon. On compte des hommes politiques, des militaires de haut rang, des ecclésiastiques, des écrivains, philosophes et essayistes, des artistes, des scientifiques et des médecins, des architectes, des juristes et des économistes, des résistants… Le dernier à avoir fait son entrée en 2002 est l’écrivain Alexandre Dumas. Une seule femme y a été admise pour ses mérites : Marie Curie (Sophie Berthelot y repose uniquement parce qu’elle et son mari, le chimiste Marcellin Berthelot, ne voulaient pas être séparés dans la mort). De fait, la valeur des femmes devrait, dans les années qui viennent, être mieux prise en considération : en mai 2015, deux grandes figures fémini nes de la Résistance, Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle-Anthonioz, prendront place au Panthéon. 47 " Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration ; avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes ; avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit... L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des Partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas 48 de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France… " Extrait du discours d’André Malraux, prononcé le 19 décembre 1964, lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon 49 50 Je suis admiratif envers ces personnages qui ont fondé la République que nous connaissons aujourd’hui. C’est un lieu d’exception représentant à lui tout seul un symbole de la République. Le Panthéon est un bâtiment imposant mais qui abrite différentes personnalités qui se sont illustrées par leur courage, leur audace voire leur sacrifice. Je pense que le meilleur exemple est Jean Moulin : pionnier de la Résistance qui n’a pas hésité à risquer sa vie pour défendre sa patrie. Au Panthéon, j’ai trouvé la cérémonie très émouvante. Il fallait rendre hommage à Jean Moulin, personnage illustre de la Résistance qui fit preuve d’un grand courage. Samuel BRUN Collège Saint-Exupéry, Bram Camille RAHMANI Collège Antoine Courrière, Cuxac-Cabardès Joao LOPES Collège Montesquieu, Narbonne Le Panthéon est immense, il a une histoire très importante qu’on n’imagine même pas. C’est un lieu sacré, avec tous ces tombeaux de personnes qui ont changé notre histoire. 51 paroles d'adultes 'adultes paroles d Admiratrice de l’énergie que les témoins et acteurs déploient depuis des années pour nous guider dans notre chemin de la mémoire ! Heureuse et fière du relais pris par les enseignants et les jeunes Audois qui nous ont fait partager leurs émotions dans la lecture de lettres, d’hommages à ceux qui ont fait don de leur vie pour notre liberté... Monique JACOMI Directrice Maison départementale des Sports Chargée des voyages "Au Nom de la Mémoire" Le feutre noir qui dissimule une partie du visage, profondément enfoncé du côté droit. L’ombre abrite le miroir de l’Armée des Ombres et le contour préfigure une France combattante. Verdun... 300 jours, 300 nuits d’horreur. Plus de 300 000 hommes français et allemands vont y perdre la vie dans des combats d’une extrême violence. Que reste-t-il aujourd’hui de cette bataille ? L’ossuaire de Douaumont qui rassemble les restes de plus de 130 000 soldats, des cimetières à perte de vue, des paysages défigurés par les millions d’obus tirés. Des traces qui nous empêchent d’oublier de quoi l’homme peut être capable et qui nous invitent à être vigilants face aux nombreux conflits actuels. Audrey BOUCHE Professeur d’histoire-géographie, Collège Gaston Bonheur, Trèbes Françoise FORT Lycée Jules Fil, Carcassonne 52 53 En dix-sept ans d’existence, jamais "Voyage au nom de la Mémoire" n’aura été aussi enrichissant. Les soixante lauréats audois du concours de la Résistance 2014 n’ont pu que le constater. En quarante-huit heures, en effet, ils sont passés des affres de la "Der des Der" aux horreurs de la dernière (en date…). Des trous d’obus de Verdun qui recouvrent, encore de nos jours, les restes de malheureux "poilus" à l’émouvant dépôt, par chacun d’entre eux, d’une fleur sur la tombe de Jean Moulin. Ils ont, en fait, revécu un siècle de monstrueuse bêtise humaine. Ils l’ont revécu, notamment à travers la Shoah et la visite du Centre Mondial de la Paix. Puissent-ils en retenir les leçons et les transmettre aux futures générations. Leur attitude exemplaire, à Paris devant la flamme du Soldat Inconnu - par eux ravivée nous laisse à penser qu’ils sont bien disposés à le faire. Ils signeront, ainsi, leur devoir de mémoire ! Verdun, nom évocateur s’il en est ! Boucherie, tuerie, sauvagerie, Patrie que n’a-t-on commis en ton nom ? Que reste-t-il de la Grande Guerre cent ans après ? Quelle leçon en avons-nous tiré alors que les nationalismes en tous genres montent dans notre Europe qui se voudrait unie ? Souvenirs, émotion mais aussi que d’angoisse quant au futur de nos jeunes ! Willy ZURELL Professeur, École Supérieure La Raque, Lasbordes Jacques ARINO Conseiller général du canton de Carcassonne-Nord 54 55 "Rencontre : un homme âgé sort de sa quiétude pour venir témoigner. Il fait violence à sa modestie pour nous expliquer comment il s’est mis au service de son prochain et de son pays au péril de sa vie. Un monsieur fluet, un charisme immense. Le côtoyer quelques instants est le meilleur vaccin contre le négationnisme. Le Panthéon : se retrouver en présence de Jean Moulin. On oublie la pompe et le décorum du Panthéon et on prend conscience que ce n’est pas qu’un nom dans un livre d’histoire, mais un de nos frères humains qui a offert le sacrifice ultime pour que des gens qu’il ne connaissait même pas recouvrent leur liberté et surtout leur dignité. Verdun : un autel de 15 000 hectares sur lequel on a offert un des sacrifices les plus sanglants de l’histoire : 300 000 hommes. Tout ceci non pas pour un dieu mais pour une valeur : la liberté." Roland TANDOU Professeur d’histoire géographie, Collège Les Fontanilles, Castelnaudary 56 J’ai vu l’enfer. Verdun : deux syllabes qui tonnent la mort. Ici l’enfer est descendu, l’enfer sur terre. Ici l’humanité blessée a cru son sort scellé. Ici martyrisée la jeunesse d’hier est tombée. Ce voyage ne fait que concrétiser cette belle initiative, pensée par Marcel Rainaud il y a 17 ans. Jeunesses ! Écoutez les passeurs de mémoire, abreuvez-vous de leur lecture et de leur témoignage et ne restons pas dans l’indifférence du passé et de l’oubli afin de ne pas retrouver nos noms sur des stèles « mort pour son pays » ! Francine SCHIVARDI Conseillère générale du canton de Ginestas Les regards hagards d’atrocités Devant ces monceaux de camarades assassinés Pour satisfaire quel minotaure ressuscité ? Quel macabre principe d’égalité ? Tous acteurs désignés de cette tragédie Ont laissé ici qui la vie qui la raison Qui la vivante horreur dans une chair meurtrie. Ce sacrifice fut oublié ! Méditons. Pierre FABRE, Professeur d’histoire-géographie, Lycée Jules Fil, Carcassonne 57 Collégiens et lycéens audois auréats 60 jeunes lauréats eunes l 0j 6 du concours national de la résistance et de la déportation Collège Alain Carcassonne Blandine HUBERT-ROUALDES Collège André Chénier Carcassonne Bettina GUEDOKO Marion POLETTE-TEXEREAU Collège Antoine Courrière Cuxac-Cabardès Camille RAHMANI Collège Blaise d'Auriol Castelnaudary Manon CID Maïllys CORREZE Célie LAFON Gabriel AMARAL Angel BANCHEV Manuel GUTIERRES Collège Cité Narbonne Nour BOUNAAS Manon HERRERAS Hugo FRAYSSE Collège des Corbières Maritimes Sigean Noémie DEMEESTER Cassie MATHIAS 58 Théo BOURGEOT Pierre BRUALLA Jules BURGAT Nicolas FERRAS Justin RIO Théo SARDA Cyril TEIXEIRA Collège Gaston Bonheur Trèbes Cléa PERRAIS Valentin GUERBETTE Dorian LAUBIÈS Collège Grazailles Carcassonne Steeven EDDE Collège Jean-Baptiste Bieules Couiza Marie-Jeanne BELKHIRAT Maeve FEYFANT Abigail MILNER Sophie VAN DER MAREL Collège Jeanne d'Arc Carcassonne Axel SAVOLDELLI Collège Jeanne d'Arc Castelnaudary Emmanuel FRENOIS Collège Joseph Delteil Limoux Alannah CAVARROC Chloé CRISTOFARI Collège Le Bastion Carcassonne Yousra ACHAKRA Maëva ROBINET Thomas BONNET Brandon SIERRA Collège Les Fontanilles Castelnaudary Cassandre CROS Amélie PORTES Juliette TROUIS Collège Montesquieu Narbonne Joao LOPES Léo MORILLO Collège Saint-Exupéry Bram Maëlle ROCHER Angeline SANCHEZ Samuel BRUN Martin MONTEIL Collège Victor Hugo Narbonne Bérengère HINGANT Coline VANDERHOOFT Maxime SOREL Lycée Docteur Lacroix Narbonne Soline MOUNSIF Caroline THOMAS Carl HERRERO Mao MAN Lycée Jean Durand Castelnaudary Martine CAROL Anouk LABATUT Morgane PERRI Léo BILHERAN Lycée Jules Fil Carcassonne Laurie GROS Lycée Paul Sabatier Carcassonne Julia FRANC 59 Délégation audoise M. André VIOLA, président du Conseil départemental de l’Aude Mme Gisèle JOURDA, sénatrice de l’Aude M. Jules ESCARÉ, conseiller général du canton de LézignanCorbières M. Régis BANQUET, conseiller général du canton d’Alzonne, président de Carcassonne Agglo M. Jean-Pierre MAISONNADE, conseiller général du canton de Lagrasse M. Jacques ARINO, conseiller général du canton de Carcassonne Nord Mme Annie BOHIC CORTÈS, conseillère générale du canton de Quillan Mme Francine SCHIVARDI, conseillère générale du canton de Ginestas M. André LAJOU, ancien résistant, représentant de l’Union départementale des Combattants volontaires de la Résistance de l’Aude Mme Monique JACOMI, Directrice de la Maison départementale des Sports, chargée des Voyages "Au nom de la mémoire" M. Gaël RAINAUD, étudiant Mme Sylvie CAUCANAS, directrice des Archives départementales de l’Aude M. Yannis BAUTRAIT, Archives départementales de l’Aude Mme Emanuela BURA, Archives départementales de l’Aude Mme Chérifa KHIMOUN, Maison départementale des Sports 60 Mme Audrey BOUCHE, professeur d’histoire-géographie, collège Gaston Bonheur, Trèbes M. Pierre FABRE, professeur d’histoire-géographie, lycée Jules Fil, Carcassonne Mme Françoise FORT, professeur d’anglais, lycée Jules Fil, Carcassonne Mme Valérie GARCIA, Division de la vie des élèves, DSDEN de l’Aude, Carcassonne Mme Ève GUILHOT-CURBILIÉ, professeur d’histoiregéographie, collège Victor Hugo, Narbonne Mme Christine LANNÈS, professeur d’histoire-géographie, collège Le Bastion, Carcassonne Mme Élisa LE GUENNEC, professeur d’histoire-géographie, collège Jean-Baptiste Bieules, Couiza M. Jean-Michel MAGOT, professeur d’électronique, lycée professionnel Jules Fil, Carcassonne Mme Patricia MAGOT, professeur d’histoire-géographie, collège André Chénier, Carcassonne Mme Béatrice NAVARRO, professeur de lettres classiques, lycée Paul Sabatier, Carcassonne M. Roland TANDOU, professeur d’histoire-géographie, collège Les Fontanilles, Castelnaudary Mme Marjan VAN DRIEL, traductrice, établissement d’enseignement agricole "La Raque", Lasbordes M. Willy ZURELL, professeur, établissement d’enseignement agricole "La Raque", Lasbordes 61 Nous tenons à remercier tout particulièrement M. Philippe BELAVAL, président du Centre des Monuments nationaux M. Jacques-Olivier DAVID, Mémorial de la Shoah, Paris M. Roger FICHTENBERG, ancien résistant juif M.Kader ARIF, secrétaire d'État aux Anciens Combattants (9 avril-21 nov.2014) et Mme Charlotte DAMMANE, chef de cabinet Mme Virginie KEISER, directrice de l’Office de tourisme Epic, Verdun M. Pascal MONNET, administrateur du Panthéon M. Jean VILLERET, ancien déporté au camp du Struthof 62 ommaire sommaire s 6/9 Verdun et les champs de bataille de la Grande Guerre 10/15 32/35 Le Mémorial de la Shoah à Paris 36/39 Le village détruit de Fleury-devant-Douaumont Rencontre des élèves avec Roger Fichtenberg, résistant juif 16/19 40/45 20/25 46/51 26/29 52/57 La Tranchée des Baïonnettes L’Ossuaire de Douaumont, nécropole nationale La Citadelle souterraine de Verdun 30/31 Le Centre mondial de la Paix Le ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe Le Panthéon Paroles d’adultes Au nom de la Mémoire 2014 Réalisation : Département de l’Aude Direction des Archives départementales, Direction de la Communication Photos : Yannis Bautrait Marie-José Escaré Monique Jacomi Willy Zurell Impression : Imprimerie de Bourg avril 2015 sauvons la liberté ! la liberté sauve le reste. Victor Hugo - 1802-1885 Choses vues (décembre 1851) ” au nom de la mémoire 2014 “ la liberté ! 2014 émoire 2014 au nom de la mémoire am el om d un a Ils ont entre 14 et 18 ans. Ils viennent de l’Aude. Ils témoignent de leur découverte, à Verdun, des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Ils témoignent de leurs visites à Paris, au Mémorial de la Shoah et au Panthéon, et de leur participation à la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe.