BULLETIN de SANTE du VEGETAL FRANCHE COMTE
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BULLETIN de SANTE du VEGETAL FRANCHE COMTE Bulletin N° 7 – Semaine 20 – 3 pages Pluies du 09 au 15 mai : Sur la semaine écoulée, le vignoble jurassien a été inégalement arrosé : Relevés pluviométrie, stations Interval (int), Météo France et pluviomètre viticulteurs (*): Maynal Orbagna (int.) Gevingey* Montmorot L’Etoile (int.) Le Vernois* Passenans* Pupillin (int.) 12/05 0 mm 4 mm 4,5 mm 1,2 mm 2 mm 21 mm 3 mm 2 mm 3 mm 1 mm 1,2 mm 1,5 mm 2 mm Arbois Montigny* 1 mm 1,5 mm 3,6 mm 11,2 mm 14 mm Les Arsures (int.) 14/05 15/05 1,5 mm 4 mm 9,6 mm 6,5 mm 10 mm 8 mm 9 mm 1,5 mm 1,5 mm 6 mm 4 mm Total du 10 au 16 1,5 mm 11 mm 15,1 mm 8,9 mm 13,5 mm 31 mm 12 mm 9,5 mm 15,8 mm 15,5 mm 17,5 mm 12 mm Prévisions du 18 au 24 mai Les prévisions ont repris un caractère optimiste : soleil et chaleur devraient être au menu des prochains jours avec une montée en gamme des températures et de nouveaux records de chaleur annoncés (29 à 30°C !). Une tendance orageu se semble se profiler à l’horizon de la fin de semaine. Indice de confiance : 3/5 Source Météo France Stades La fraîcheur de ces derniers jours a permis de ralentir un peu le rythme de développement de la végétation. Néanmoins, bon nombre de parcelles sont maintenant proches de la période de floraison (12-14 feuilles) ou présentent les premières fleurs. Dans les quelques situations de Chardonnay les plus précoces, le stade début floraison est atteint. Dans les secteurs les plus tardifs, le stade 9-11 feuilles est le plus régulièrement noté. Les fortes chaleurs annoncées pour la semaine à venir devraient à nouveau stimuler la pousse. La floraison devrait ainsi s’engager dans de nombreux secteurs. Le niveau de précocité est toujours semblable à 2007 et l’année 2011 conserve encore près de 3 semaines d’avance par rapport à 2010. Parcelles les plus précoces Tous les cépages Début floraison Bulletin de Santé du Végétal N°7 – 17 Mai 2011 Les premières fleurs sont régulièrement observées Parcelles les plus tardives Chardonnay de Haute-Saône 9 à 11 feuilles étalées 1ères fleurs 1 Mildiou Situation au 16 mai 1ères taches Suite à la petite contamination du 3 mai, de très rares foyers ont été découverts fin de semaine dernière sur gourmands ou feuillage principal sur différents secteurs (L’Etoile, Gevingey, Vilette, et Mesnay). Cette sortie de tache négligeable, voire nullesur le secteur Centre confirme bien la très faible intensité de la contamination détectée par Milvit sur le poste de Montmorot. Par contre, Milvit n’avait détecté aucune contamination sur le poste d’Arbois. En effet, lors de la pluie du 27 avril, les températures étaient considérées comme limites, et la pluie du 3 mai inférieure à 2mm. Cependant, les taches trouvées sur le secteur d’Arbois correspondent à des coteaux exposés plein sud. La contamination viendrait probablement des pluies du 27 avril où les températures étaient supérieures à 10.5°C sur ces sols réc hauffés. Etat sur les contaminations en cours : Pluies du 12 au 15 mai: la probabilité de réalisation de contaminations lors de ces pluies est évidemment plus forte là où il y a eu plusieurs épisodes pluvieux et où les cumuls d’eau ont été les plus importants. Cela concerne principalement les secteurs Centre et Nord. Le Sud-Revermont pourrait être aussi concerné même si localement, ces pluies ont été très faibles (1.5 mm à Maynal). Si des contaminations ont effectivement eu lieu lors de ces pluies, la sortie de taches correspondante devrait débuter à partir de la fin de cette semaine (autour du 21 mai). La situation Mildiou est actuellement très saine, puisqu’à l’exception de 4 foyers isolés, la maladie n’a pas été détectée au vignoble au moment où la floraison va débuter dans bon nombre de parcelles. Cependant, la situation est susceptible d’évoluer dans certains secteurs à partir de la fin de cette semaine. Les premiers symptômes significatifs pourraient marquer le début de l’épidémie dans les situations les plus concernées par les pluies des 12-15 mai. La recherche de foyers primaires et leur localisation est déterminante pour cerner le démarrage de l’épidémie au vignoble. Oïdium Une majorité des parcelles observées reste indemne d’oïdium. Cependant, on note une évolution dans quelques rares situations en secteurs historiques. En témoins non traités, le niveau d’attaque maximum est de 3%. En situations traitées, dans les rares parcelles concernées la fréquence d’attaque est le plus souvent inférieure à 5% et seule 1 cas atteint 7%. Symptôme sur face inférieure de feuille, sec du conditions météo Pour le Mildiou, tout comme pour l’Oïdium et le Black-Rot, nous entrons à partir de début floraison, dans la période de grande sensibilité des inflorescences aux contaminations. Une vigilance accrue devra être apportée lors de cette période délicate. Black-rot – Rougeot parasitaire - Black-Rot : En Côte d’Or, la maturité des périthèces est acquise suite aux dernières pluies des 11-12 mai. - Rougeot : aucun symptôme identifié pour le moment. Comme nous l’avions précisé dans nos derniers bulletins pour ces deux maladies, des contaminations sont maintenant susceptibles de se produire lors de chaque événement pluvieux. L’apparition des taches correspondantes aura alors lieu 15 à 20 jours après la date de contamination. Botrytis Cf Note Nationale Botrytis 2011 joint au BSV Vers de Grappe Bulletin de Santé du Végétal N°7 – 17 Mai 2011 2 Les vols de tordeuses de 1 ère génération sont terminés en tous secteurs. 50% des parcelles du réseau ne présentent aucun glomérule, dont une seule parcelle avec un maximum de 10 glomérules pour 100 inflorescences. Des chenilles de cochylis sont le plus souvent identifiées à l’intérieur de ces glomérules. Les attaques de tordeuses sont parcellaires. Des comptages réguliers doivent être réalisés dans les parcelles où les boutons floraux sont bien séparés et où la floraison est engagée. A partir de ces stades, les symptômes sont alors bien visibles et un état des lieux précis peut être réalisé. En secteurs précoces ces comptages doivent débuter dès cette semaine. En situations tardives on attendra la semaine prochaine. Le seuil d’intervention est fixé à 50-60 glomérules pour 100 grappes. Glomérule avec la chenille de Cochylis Cicadelle Verte Les observations réalisées sur le réseau BSV en secteurs précoces laissent apparaître pour l’instant une faible présence de ce ravageur. En effet, 70% des parcelles ne présentent pas de cicadelle verte, 1 seule parcelle atteint 100 larves pour 100 feuilles. Le ère seuil fixé en 1 génération à 100 larves pour 100 feuilles se veut très sécuritaire. De nouveaux comptages intégrant les situations tardives seront réalisés la semaine prochaine pour préciser la situation. Larve de cicadelle verte Cicadelle Flavescence Dorée - Lutte Obligatoire Rappel : • Les premières larves de cicadelle de la flavescence dorée ont été observées sur le vignoble le 02 mai. Depuis, en lien avec des températures élevées, les éclosions se sont poursuivies sur un rythme élevé. • Conformément à la réglementation, une lutte obligatoire contre la cicadelle de la Flavescence dorée doit être mise en oeuvre dans les cas suivants : - En parcelles de vignes mères de greffons et de porte-greffes une première intervention dirigée contre l'insecte vecteur est conseillée sur la période du 30 mai au 03 juin. - En pépinières : la lutte doit débuter dès maintenant et la couverture insecticide sera maintenue jusqu'à la disparition complète des adultes. Pour plus d’informations sur les maladies et ravageurs, nous vous invitons à vous reporter au guide de la viticulture durable de Bourgogne accessible sur : http://www.sl.chambagri.fr/votre-vignoble-et-votre-vin/95-guide-technique-viticulture-durable-de-bourgogne ou directement : http://fr.calameo.com/read/0002002449e2bd5ddc468 Bulletin édité sous la responsabilité de la Chambre Régionale d’Agriculture de Franche-Comté et rédigé par la Société de Viticulture du Jura en collaboration avec la Chambre d’agriculture de Côte d’Or et le SRAL Bourgogne, à partir des observations réalisées par : Société de Viticulture du Jura – Coopérative Terre Comtoise – Interval-Vignoble Guillaume Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à la parcelle. La CRAFC dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les viticulteurs et agriculteurs pour la protection de leurs cultures et les invite à prendre ces décisions sur la base d'observations qu'ils auront eux-mêmes réalisées sur leurs parcelles et/ou en s’appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques. Bulletin de Santé du Végétal N°7 – 17 Mai 2011 3 NOTE NATIONALE GESTION DE LA RESISTANCE POURRITURE GRISE DE LA VIGNE 2011 Cette note a été rédigée par un groupe de travail réunissant des représentants de la Direction Générale de l’Alimentation – Sous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux (DGAl-SDQPV), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), de l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et des Chambres d’Agriculture. DEVELOPPEMENT DE LA POURRITURE GRISE ET SCHEMA GLOBAL DE PROTECTION La pourriture grise est causée par un champignon, Botrytis cinerea qui a la caractéristique d’être extrêmement polyphage (on le retrouve sur environ 200 plantes cultivées ou sauvages). Il est capable de se développer aussi bien en saprophyte sur des débris végétaux, qu’en parasite aux dépens d’une plante vivante. Sur la vigne, tous les organes verts peuvent être attaqués (inflorescences, feuilles, rafles). Néanmoins, c’est au niveau des baies que les attaques sont les plus dommageables. Elles provoquent des pertes quantitatives et qualitatives et rendent difficile la conduite des vinifications. Les grappes peuvent être contaminées par le champignon à plusieurs périodes et selon différentes modalités : - A la floraison, le champignon peut se maintenir et se développer à la base de l’ovaire, à la limite du réceptacle de la fleur. Il est également capable de se développer sur les capuchons floraux sénescents et représente ainsi une source majeure d’inoculum à ce stade. Les baies ne sont en général plus réceptives jusqu’à la véraison, sauf en présence de blessures concomitantes à une période pluvieuse. - A partir de la véraison, la contamination peut s’effectuer soit par des conidies au niveau de blessures ou micro-blessures (tordeuses de la grappe, intempéries, zone péristomatique,…) soit par du mycélium installé sur des débris végétaux présents au niveau des grappes. La maladie s’exprime essentiellement à partir de la véraison et son développement s’effectue par création de nouveaux foyers puis par extension de foyers existants (contaminations de baies de proche en proche). A ce stade et jusqu’à la récolte, le développement de la maladie est fortement conditionné par la météorologie, notamment les précipitations, surtout à l’approche de la maturité des baies. Par ailleurs, pour un scénario météorologique donné, l’expression de la maladie est très fortement influencée par les facteurs de situation tels que le type de sol, de sous-sol, la topographie, le matériel végétal (cépage, clone, porte-greffe), et les pratiques culturales telles que la fertilisation azotée, le mode d’entretien des sols, la conduite de la vigne (palissage, écimage, ébourgeonnage, effeuillage, …). Compte tenu de la précocité potentielle des contaminations, du fort impact des conditions météorologiques de fin de saison et de l’absence de modèle de prévision opérationnel, la stratégie de protection ne peut être que préventive. Elle comporte deux volets : - La mise en œuvre de mesures culturales destinées à diminuer la sensibilité parcellaire à la pourriture grise. Elles ont pour principaux objectifs de réduire la vigueur des ceps, favoriser l’aération de la végétation et limiter les blessures (quelle que soit leur origine) occasionnées aux baies. - Une stratégie globale de protection. Compte tenu de l’extrême variabilité des symptômes entre années et entre parcelles et des risques de résistance et de résidus, l’organisation de la protection doit être raisonnée en fonction de la sensibilité parcellaire et du risque acceptable pour le viticulteur. Présence de botrytis Risque Jamais ou presque Faible (parcelle peu ou pas sensible) De temps en temps Moyen (parcelle sensible) Régulièrement Fort (parcelle très sensible) UN PREALABLE INDISPENSABLE : LA PROPHYLAXIE La prophylaxie doit s’appliquer, quel que soit le risque parcellaire. Elle peut suffire en cas de risque faible, sinon elle peut être complétée par une lutte chimique. Les mesures prophylactiques visent à : - Limiter la vigueur de la vigne par un raisonnement, dès la mise en place de la vigne, du choix d’un porte-greffe adapté et éventuellement du cépage et du clone. Sur une vigne en production, la vigueur peut se maîtriser par la diminution des apports (notamment azotés) et par l’enherbement permanent (spontané ou maîtrisé) : en fonction des possibilités techniques et de la diminution de vigueur recherchée, la largeur de la bande enherbée pourra être modulée. Note nationale pourriture grise de la vigne 2011 1/2 - Bien aérer les grappes par une taille et un mode de palissage qui assurent une répartition homogène des grappes. L’ébourgeonnage, le rognage, l’effeuillage, et éventuellement l’éclaircissage permettent d’éviter l’entassement de la végétation. - Limiter les blessures des baies par une maîtrise correcte des vers de la grappe et de l’oïdium lors de fortes pressions afin de diminuer les portes d’entrée du champignon dans les baies. - Mais aussi, limiter les blessures engendrées lors des opérations d’effeuillage en effectuant les réglages adéquats du matériel utilisé. GESTION DE LA RESISTANCE AUX ANTI-BOTRYTIS Le plan de surveillance de la résistance du botrytis est organisé par la DGAl/SDQPV ainsi que le CIVC pour le vignoble champenois. Les analyses sont réalisées par le laboratoire de l'Unité Résistance aux produits phytosanitaires de l'Anses de Lyon et l’INRA. Les suivis effectués sur l’ensemble des vignobles français montrent que cinq familles chimiques sont concernées par la résistance spécifique (résistance à une seule famille chimique). La résistance au fenhexamid est maintenant présente dans toutes les régions viticoles. En Champagne, Bourgogne et Beaujolais (également Pays de Loire en 2008 mais pas de prélèvement en 2010), des souches résistantes sont repérées dans une grande majorité de parcelles et, dans ces dernières, leur fréquence se situe en moyenne entre 25 et 30 % avec des maxima qui atteignent parfois les 90%. A ce jour, l'efficacité au vignoble du fenhexamid ne semble pas affectée. En Champagne, la résistance au boscalid a été découverte en 2007 ; depuis elle a fortement progressé. En 2010, environ un tiers des parcelles champenoises sont concernées par ce phénomène ; cependant, la fréquence des souches résistantes est encore faible. Pour la première fois en 2010, des cas isolés de résistance au boscalid ont été identifiés en Bourgogne, Beaujolais et dans les vignobles du SudOuest. La résistance multiple (MultiDrug Resistance ou MDR) est décelée dans de nombreux vignobles à des fréquences parfois proches de 50%. Toutefois, comme les facteurs de résistance des souches de type MDR sont faibles à moyens, les baisses d’efficacité de la protection chimique semblent limitées en pratique. Jusqu’à présent, les recommandations d’emploi des fongicides anti-botrytis, basées sur la limitation d’utilisation de chaque famille chimique ont fait leurs preuves. Quelle que soit la stratégie, l’emploi d’un seul produit par famille chimique et par an est impératif. De plus, l’alternance pluriannuelle pour toute famille chimique est fortement recommandée pour les substances actives concernées par la résistance spécifique. Cette mesure s’impose tout particulièrement en cas d’intervention unique. Détection en France, en 2010, de souches résistantes ou à sensibilité réduite Résistance Résistance multiple spécifique (MDR) Groupes ou familles chimiques Substances actives Anilino-pyrimidines pyriméthanil, mépanipyrim, cyprodinil oui oui Benzimidazoles thiophanate-méthyl oui oui SDHI (Carboxamides) boscalid oui oui Dithiocarbamates Hydroxyanilides thirame fenhexamid non oui non oui Dicarboximides iprodione oui oui Phénylpyrroles fludioxonil non oui Pyridinamines fluazinam non oui LUTTE BIOLOGIQUE Toujours en complément des mesures prophylactiques mais avec une efficacité variable et limitée, il est possible d’utiliser une spécialité à base de Bacillus subtilis notamment en agriculture biologique ainsi qu'en complément de la lutte chimique. Cette spécialité n'est actuellement pas touchée par les phénomènes de résistance. Note nationale pourriture grise de la vigne 2011 2/2