En Toscane avec Juliette Binoche

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En Toscane avec Juliette Binoche
LES SPECTACLES
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En Toscane
avec Juliette
Binoche
La comédienne s’est installée dans
un authentique village toscan pour
un tournage auquel les habitants
participent. Déjà un air de vacances…
ITALIE
Turin Milan
Florence
FRANCE
Lucignano
CORSE
SLOVENIE
CROATIE
BOSNIEHERZEGOVINE
Mer
Adriatique
Rome
Naples
Sardaigne
Mer Méditerranée
Sicile
retraite, le commissariat, l’épicerie,
c’est comme un décor de cinéma. »
Les villageois participent activement au tournage, avec la bénédiction du réalisateur : une serveuse
joue une mariée, l’antiquaire interprète un accordéoniste, les enfants et
les vieux font de la figuration, les
commerçants assurent la cantine ou
rendent des services. Et tout le
monde interpelle Juliette Binoche en
pleine rue, qui se fait un plaisir de
discuter un moment avec chacun,
tandis que la patronne du bar qui
jouxte sa maison lui donne du « Si,
Jouliette ».
Lucignano (Italie)
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
«L
A BINOCHE a
Lucignano » : le
titre s’étale en
grosses lettres à
la Une du journal local, qui ne pouvait pas rater ça.
Juliette Binoche — célèbre ici pour
ses rôles dans « le Patient anglais »
(1996) et « le Chocolat » (2000) —
est en effet installée depuis cinq semaines au cœur de la Toscane. Une
région qui sert de décor naturel à
« Copie conforme », le prochain film
du grand réalisateur iranien Abbas
Kiarostami (Palme d’or en 1997
pour « le Goût de la cerise »), coproduit par le Français Marin Karmitz et
sa société MK2 pour 4 millions d’euros. Un tournage estival dans un
cadre idéal : Lucignano, à 92 km de
Florence, 800 habitants, cinq églises
et au moins deux fois plus de bistrots. Un village médiéval tout en
vieilles pierres, remarquablement
préservé. Et surtout très authentique :
à la différence de nombreux autres
bourgs de Toscane, désertés par
leurs habitants et dont les maisons
sont rachetées par des étrangers, Lucignano voit certes passer quelques
touristes, mais c’est un village vivant,
avec de nombreux commerces, et
des Italiens qui y travaillent.
« Un décor de cinéma »
Du coup, toute l’équipe y est dispersée : Abbas Kiarostami occupe deux
étages avec son fils près de la porte
principale ; le producteur italien est
installé un peu plus haut, à quelques
dizaines de mètres de la maison où
réside Juliette Binoche. « Cela donne
une proximité, une intimité à
l’équipe, souligne la comédienne.
C’est le côté merveilleux de la Toscane, avec sa douceur, sa chaleur, et
une sorte de flamme intérieure qui
date de la Renaissance et que l’on
ressent toujours. Et c’est un vrai village, avec beaucoup de jeunes. Les
gens se marient ici, travaillent ici, et y
restent jusqu’à la fin de leurs jours.
Sur une seule rue, il y a la maison de
LUNDI 13 JUILLET 2009
« C’est un lieu
où on a envie d’inviter
toute sa famille… »
De là à dire que ce tournage ressemble à des vacances, la comédienne franchit le pas. D’autant que
ce film intervient comme une pause
après une période hyperactive à courir le monde pour présenter son
spectacle de danse « In-I » et son exposition de peinture. « Evidemment,
je travaille sur ce film, mais après les
deux ans que je viens de passer, j’ai
l’impression de me reposer, de me
réparer, avoue-t-elle. C’est le tournage idéal. Le silence, ici, est exceptionnel, il y a très peu de voitures, on
n’entend que les cloches des églises,
ça n’est pas désagréable. C’est un
lieu où on a envie d’inviter toute sa
famille, un vrai côté vacances… »
Ajoutez à cela qu’il fait en
moyenne 34 oC dans les ruelles, et
que son partenaire dans le film, le
Britannique William Shimell (Robert
de Niro, Sami Frey puis François
Cluzet avaient d’abord été pressentis), n’est pas acteur mais chanteur
d’opéra : entre les prises, le baryton
entame des airs classiques, quand ce
n’est pas « O Sole Mio », « pour faire
rire les Italiens », plaisante-t-il.
Pour Juliette Binoche, le tournage
va bientôt se terminer, mais pas les
vacances : elle va — « Enfin ! » insiste-t-elle — cesser toute activité durant l’été pour passer du temps en
compagnie de ses enfants. Avant de
reprendre de plus belle à la rentrée :
sur scène pour danser « In-I » en septembre à New York, puis en octobre
au Théâtre Marigny de Paris, où elle
va également filmer son spectacle,
« pour conclure cette aventure par
une trace ». Puis il sera temps de reprendre le chemin des plateaux :
« J’ai un projet avec une réalisatrice
polonaise, Malgorzata Szumowska.
On va tourner en mars, le film s’intitule Sponsoring, et il traite des étudiantes qui se prostituent pour financer leurs études en France. Je joue
une journaliste qui enquête sur ce
sujet… »
Renaud Baronian
LUCIGNANO (ITALIE). Dans ce petit village médiéval, Juliette Binoche tourne « Copie conforme »,
le prochain film du réalisateur iranien Abbas Kiarostami (ici en arrière-plan, montant les marches).
(MK2/LAURENT THURIN NAL.)
Un film idéal pour Cannes ?
«C
OPIE CONFORME », premier long-métrage
entièrement tourné hors de son Iran natal par
Abbas Kiarostami, conte la rencontre fortuite entre un
écrivain anglo-saxon et une antiquaire française en Italie. Cette dernière va rapidement adopter un comportement étrange avec lui : en pleine rue, elle se met à le
tutoyer, agissant comme s’ils étaient mari et femme.
D’abord intrigué, l’homme finit par entrer dans son jeu,
et tout le film suit ce couple étonnant sur une journée.
Cette jolie histoire devrait être achevée rapidement :
Abbas Kiarostami monte chaque soir le film avec son
fils dans sa chambre de Lucignano. Du coup, « Copie
conforme » pourrait être fin prêt dans les prochains
mois. Sauf que… le film semble taillé pour le Festival
de Cannes, dont Abbas Kiarostami, qui y a remporté la
Palme d’or en 1997, est un habitué. Aucun doute
qu’une éventuelle sélection au prochain Festival, avec
Juliette Binoche montant les marches, ferait un coup
de pub idéal à « Copie conforme ». Mais cela reviendrait à bloquer l’œuvre sur une étagère durant des
mois. Drôle de cas de figure.
R.B.
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