Le syndrome du lapin d`Alice.

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Le syndrome du lapin d`Alice.
Le syndrome du lapin d’Alice.
Par Franck Damée – novembre 2011
http://www.conjugueursdetalents.com
"En r'tard, en r'tard,
J'ai rendez-vous quelqu' part
Je n'ai pas l' temps de dire au r'voir
Je suis en r'tard, en r'tard..."
En juin 2011, j’ai invité les adhérents d’un hub1 de la plateforme Viadeo à s’exprimer sur
la frénésie et l’accélération des rythmes qui s’emparent de notre société :
« La guerre des répondeurs est déclarée, fourbissez les BlackBerrys et sur vos
agendas glacés, faites chauffer les gommes arabiques ! Avez-vous remarqué
combien il est de plus en plus difficile de prendre date pour un rendez-vous
professionnel ? De joindre un client au téléphone... De tenir le calendrier d'un
accompagnement... Plus on dispose de moyens de communication et d'outils de
gestion du temps, plus on repousse la décision et le passage à l'action. Cela ne
signifie pas que l'on ne fait rien : on est bien loin du "Aujourd'hui peut-être, ou alors
demain... Ce sacré soleil me donne la flemme..." chanté par Fernand Sardou.
Le tube de ce début de millénaire est plus ancien encore, et c'est DJ Lapin Blanc
qui le mixe : En r'tard, en r'tard, j'ai rendez-vous quelqu' part, je n'ai pas l' temps de
dire au r'voir, je suis en r'tard, en r'tard...
La frénésie dont l'homme du 21ème siècle est victime (consentante ?) lui donne
l'illusion d'être (sur)actif sans jamais bouger. Il vibre sur lui-même comme un athomme (ou comme un téléphone cellulaire) Prévert nous avait pourtant mis en
garde : le temps nous égare, le temps nous étreint... Le temps nous est gare, le
temps nous est train. »
Cette frénésie que j’ai pu observer dans les nombreuses entreprises où je suis
intervenu en tant que coach et/ou formateur, je l’ai nommée « le syndrome du lapin
d’Alice2 » Certes, le rongeur de Lewis Caroll est rapide à courir, mais sait-il après quoi ?
Ainsi la direction d’un grand groupe français m’a un jour demandé d’intervenir auprès
de ses cadres afin de leurs apprendre à déléguer et transférer leur travail à leurs
collaborateurs… Et d’intervenir également auprès des collaborateurs pour qu’ils
http://www.viadeo.com, hub « Idemedi@ Conjugueurs de talents », discussion « Thème de juin : le syndrome du lapin
d'Alice »
2 A ne pas confondre avec le syndrome d'Alice au pays des Merveilles, forme de céphalée qui provoque un dédoublement de
l'identité ainsi qu’une sensation de flottement du corps dans l'espace. Les symptômes reconnus sont des hallucinations
responsables de microsomatognosie (sensation d’une partie du corps réduite, des petites jambes par exemple) ou de
macrosomatognosie (sensation de grossissement d’une partie du corps, une tête énorme par exemple).
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sachent résister à la pression et dire NON. Curieux paradoxe que de donner à chacun
des rames pour tirer le navire dans deux directions opposées…
Lorsque j’ai lancé cette discussion sur le net en juin dernier, je n’ai pas été jusqu’à
définir le syndrome que j’avais nommé. Je prends aujourd’hui la peine de le faire avec
la même application scientifique et la même exigence d’exactitude que celles que
déploie la médecine moderne lorsqu’elle traite des maladies qui affectent l’être humain.
Qu’est-ce qu’un syndrome ? Le site e-sante.futurasciences.com3 définit le syndrome comme « un groupe
de plusieurs symptômes caractéristiques d'une maladie
déterminée et constituant une entité clinique
reconnaissable » Ainsi, un syndrome est usuellement
présenté sous la forme d’une table de symptômes qui,
associés, permettent de fonder le diagnostic. Le
syndrome est établi si, par exemple, le sujet manifeste
11 symptômes sur les 18 proposés par la table. J’ai
ainsi établi une liste des symptômes qui me semblent
les plus représentatifs du syndrome du lapin d’Alice.
Chers lecteurs, je vous invite à cocher au passage les
items qui vous concernent personnellement !
Il vous arrive de regarder votre montre (ou une horloge) plus de 3 fois en moins
d’un quart d’heure.
Vous faites systématiquement partie des derniers (les 10% derniers) à arriver à
une réunion (ou à rejoindre un groupe pour déjeuner ou faire une activité)
A table, vous faites systématiquement partie des premiers (10% premiers) à finir
leur assiette.
En voiture ou à moto, vous vous autorisez à dépasser la limitation de vitesse
lorsqu’il y a urgence et que vous estimez que c’est sans risque.
Vous courrez ou pressez le pas exagérément au moins une fois chaque jour de
la semaine.
Vous vérifiez vos messageries téléphoniques et mails plus de 10 fois par
journée.
Vous exprimez votre manque de temps à quelqu’un au moins une fois par jour (je
n’ai pas le temps, tu vois bien que je suis débordé, etc.)
Vous déplacez ou reportez au moins un rendez-vous chaque semaine car vous
êtes dans l’incapacité de l’assurer (rdv professionnel ou personnel)
Il vous arrive au moins 3 fois par mois de faire des journées de travail de plus de
10 heures.
Vous annulez au moins deux fois par mois un engagement personnel à cause du
travail (famille, amis, sport, loisirs…)
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Vous vous excusez au moins 5 fois par mois de ne pas avoir tenu un
engagement, d’être arrivé en retard, d’avoir oublié un rendez-vous, etc.
Un de vos proches vous a reproché il y a moins d’un mois votre manque de
disponibilité.
Vous n’avez pas passé une heure complète éveillé sans rien faire de productif
(rêvasser, déambuler dans un parc ou un musée, écouter de la musique, lire un
livre…) depuis plus d’un mois.
Vous n’avez pas épuisé votre quota de congés payés ou de RTT l’année
dernière, ni l’année précédente.
Vous avez régulièrement (au moins un soir sur deux) une activité productive
moins de 30 minutes avant d’aller vous coucher (consultation des messageries,
lecture d’un rapport, travail sur ordinateur…)
Vous ressentez régulièrement des tensions au niveau du dos et/ou vous avez
des troubles gastriques réguliers et/ou vous avez des maux de tête récurrents.
Faites les comptes ! Si vous vous reconnaissez plus de 11 symptômes sur les 16
proposés, vous êtes sans doute victime du syndrome du lapin d’Alice…
Mais peut-être ne vous sentez-vous pas, tout comme moi, concerné par cette drôle de
maladie… D’ailleurs, je ne suis pas en train d’écrire les dernières lignes de cet article un
jour férié à 23h50, la veille de publier ma newsletter…
merci de n’utiliser ce texte qu’avec l’autorisation de l’auteur - Franck Damée - [email protected]
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