Histoire de l`OSE - Les grandes figures Valentine CREMER
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Histoire de l`OSE - Les grandes figures Valentine CREMER
Histoire de l’OSE - Les grandes figures Valentine CREMER Saint Pétersbourg 1895 - Paris 1983 Valentine est née le 29 avril 1895 à Saint-Petersbourg. Son père, Maxime Vinaver, avocat, fut élu député à la première Douma et était l’un des dirigeants du parti «cadet» (constitutionneldémocrate). Sa mère, Roza Khischine, était la fille d’un riche industriel, marchand de la première guilde, établi à Moscou. Valentine fit ses études de médecine à Petrograd pendant la guerre. Elle rejoignit l’association d’étudiants sionistes, alors clandestine, He-haver, où elle se lia avec l’un de ses membres, Israel Vilentchuk. Ses parents, hostiles au sionisme, s’opposèrent au mariage. Pendant la Première guerre mondiale, elle rejoint l’OZE pour porter secours aux Juifs du duché de Courlande. Accusés d’être pro allemands, ils sont déportés en masse en 1915. Des équipes volantes de l’OZE encadrent les convois de milliers de Juifs déplacés au gré des batailles le long du front. Le Martyrologue du peuple juif en Russie (extraits) par le Dr Valentina Cremer « L’équipe mobile, à laquelle j’appartenais, a été formée et envoyée le 13 mai 1915 dans la région de Sventsian-Outsian, où l’action de répression féroce du général Yanouckevitch a frappé de plein fouet la population juive Voir son article en russe « Le martyrologue des Juifs » dans In Fight for the Health of the Jewish people (50 years of OSE), New York, 1968 ahurie. L’armée russe, en battant la retraite, maraudait sans scrupule les juifs, se livrant à une véritable compétition de cruauté avec les cosaques. La mission de chaque équipe mobile durait deux ou trois mois et s’achevait par l’envoi de quelques trains avec les juifs rescapés dans les villes autorisées en dehors de la zone de sédentarisation. L’enquête auprès des victimes des pogroms, souvent ruinés par les militaires déchainés, la rédaction des rapports et surtout les recherches des documents pour la commission spéciale de la Douma d’Etat ont été une vraie épreuve pour la jeunesse universitaire inexpérimentée. (…) Tous les jours, devant nos yeux, passait un vrai fleuve des personnes torturées, humiliées et terrifiées, dont la plupart étaient des simples travailleurs, pères des familles nombreuses, arrachés de leurs foyers et livrés à leur cruel destin. Certains parmi eux, suite aux horreurs vécues, perdaient la mémoire, d’autres, écrasés par la réalité » terrifiante, n’étaient pas capables d’appréhender ce qui leur est arrivé. Je me souviens d’un juif de l’âge moyen qui a perdu sa femme et ses enfants. Il n’a pas été capable de se souvenir du prénom de son épouse et de décrire les apparences de ses cinq enfants. » Lors de la Révolution, elle participa à la prise du palais d’hiver en tant qu’infirmière du groupe sioniste formé par Joseph Trumpeldor. Elle épousa le 23 juin 1918 l’ingénieur Michel Cremer à Alushta en Crimée, où sa famille s’était repliée, fuyant l’avancée des bolcheviks. Son père ayant été nommé ministre des affaires étrangères du gouvernement régional de Crimée, elle ne quitta le pays qu’au dernier moment, le 10 avril 1919, sur le «Nadejda» en direction de Constantinople. Après une escale à Athènes, elle arriva à Nice où naquit sa fille unique Nathalie le 5 juin 1919. Valentine s’établit alors à Paris où elle acheva sa spécialisation à La Pitié-Salpêtrière dans le service du prof. Delherme. Ce fut surtout le prof. Abrami qui fut son maître. Il était chef de service de médecine interne à l’hôpital Ambroise-Paré et elle resta sa plus proche collaboratrice pendant toute sa vie, le suivant à l’hôpital de la Charité puis à Broussais. Elle passa un certificat d’électro-radiologie et parallèlement à ses activités hospitalières, elle ouvrit un cabinet de consultation radiologique privé. Elle rejoint la branche française de l’OSE dès sa création en 1934, se mobilise pour organiser l’arrivée des enfants seuls après la Nuit de cristal. C’est à cette occasion qu’elle entre en contacte avec Jenny (Germaine) Masour et Andrée Salomon. Membre du comité de direction de l’OSE en 1939, elle fut active d’abord à Paris sous l’occupation à l’hôpital Rothschild, puis aux côtés du professeur Eugène Minkowski pour mettre sur pied un circuit clandestin de sauvetage d’enfants. En 1942, elle rejoint la direction de l’OSE à Montpellier. Afin de pouvoir être en contact plus direct avec les enfants cachés, elle apprit alors le yiddish, qu’elle ne connaissait pas, ayant été élevé dans une famille assimilée et russophone. Elle se réfugia après l’invasion de la zone sud à Menthon-Saint-Bernard en Haute-Savoie, dans la maison que son père avait acquise avant la Révolution et où il était décédé en 1926. Elle y passa la fin de la guerre. Elle continua cependant à participer au travail de l’OSE à Lyon, lors des rencontres périodiques qui eurent lieu chez René Borel jusqu’en mai 1944. En 1946, elle participa avec Maurice Brener à la première mission d’inspection des Juifs du Maroc et de Tunisie pour le compte de l’Union-OSE. Son rapport détaillé sur l’état des populations est à l’origine du travail de l’OSE dans ces pays. Elle est morte à Paris en septembre 1983. Katy Hazan (tous droits réservés) Voir In Fight for the health of The Jewish People, Union OSE, New York, 1968, dr Valentine Cremer, l’Union-OSE en Afrique du Nord